La Presse Bisontine 161 - Janvier 2015

Laurent Devèze Directeur de l’ISBA

qu’une école supérieure d’art est tou- jours de plain-pied dans son territoire

et dans ce qui en fait son« actualité », même, ou plutôt parce que justement elle fait profession de «contemporain».

graphisme dans tous ses états celle-ci a fourni à l’ISBA. l’occasion de rappeler

Mais plus encore peut-être que cette expé- rience qui permettra aux lecteurs de se familiariser davantage aux potentiels du

que vous tenez en vos mains s’affirme, sans fausse modestie, « collector », autre façon d’échapper au tourbillon de l’actualité.

se sont invités en salle de rédaction et ont pu participer à la naissance de ce numéro exceptionnel.

cial, volontiers rétrospectif, offrait à nos jeunes créateurs l’occasion de saisir une

quement sans systématisme ni ligne imposée. Et c’est ainsi que le numéro

Un journal à garder comme on conserve- rait le souvenir d’une rencontre unique entre de jeunes graphistes et une entre- prise de journalisme rétrospectif.

enseignants de graphisme à l’ISBA., qui, en choisissant ce thème du numéro spé-

Parfois déconcertant, imposant des efforts de lectures inhabituels, ou, au contraire,

du journal et au généreux brio d’Anaïs Maillot et de Thomas Bizzarri, tous deux

un travail plastique, une œuvre contem- poraine à apprécier comme une sculp- ture, ou une installation qui possède sa propre nécessité.

jet d’âpres discussions et d’échanges, jamais «enjoliveurs» nos graphistes

jouant sur la facétie d’une découverte ludique, le journal devient, à sa manière,

Sortir de ce paradoxe fut possible grâce à l’amicale complicité de toute l’équipe

Mise en page, format, caractères typogra- phiques, sélection des rubriques, rien n’a été laissé au hasard et tout à fait l’ob-

actualité moins brûlante car déjà triée par le tamis de la mémoire collective.

Devenue quasi déjà historique, l’actualité alors se laisse davantage traiter graphi-

qui deviendra le vrai contemporain au sens de celui qui exprime son temps,

alors que dans un même mouvement, il s’inscrit bien quelque part en un temps donné.

tions : comment faire œuvre et en même temps se sentir vraiment dans le présent, en restant attentif à ses convul- sions, même les plus passagères ?

Est actuel l’écume du monde, ce qui se succède comme les unes, sans perdre

sion à s’emparer de l’actualité sans pour autant l’illustrer ou la caricaturer.

tenter de rapprocher deux termes qui, si l’on veut bien y être attentif, ne sont pas synonymes, loin s’en faut, à savoir l’actuel et le contemporain.

comme la forme la plus prestigieuse de la musique des Lumières. C’est lui

le créateur qui souhaite s’inscrire dans ce que Braudel appelait la longue durée

d’une période en profondeur, ce qui en dit l’essence, alors même que celle- ci peut ne pas être reconnue en son temps.

L’actuel voyait par exemple défiler des concerts de salons par centaine tandis

La Presse Bisontine nous a en somme confrontés à nos propres contradic-

que Mozart œuvrait dans une margina- lité relative alors qu’il resterait pourtant

écrite une occasion à rencontrer un plus vaste public et aussi une occa-

remettre en perspective ; au contraire, est contemporain ce qui rend compte

interrogation : celle du débouché du design graphique qui voit en la presse

Or cette dernière problématique est de loin la plus aiguë puisqu’il s’agit de

un instant, ce qui court derrière l’évé- nement pour le relater, l’analyser, le

au besoin en brusquant celui-ci. Si Telemann faisait la une, Mozart écrivait l’Histoire en quelque sorte.

Ainsi, l’actuel et ses effets d’engouement ou de mode peuvent-ils parfois heurter

L’ISBA et la Presse Bisontine

supérieur des beaux-arts a immédia­ tement répondu favorablement et avec enthousiasme.

Lorsque la Presse Bisontine nous a demandé de participer à la publi- cation de ce numéro spécial l’Institut

naires aux quotidiens d’aujourd’hui, ce style, cette personnalité, se traduit

Mais plus encore que cette estimable tra- dition, se pose aujourd’hui une double

En effet, et depuis ses origines, le graphisme entretient avec la presse une histoire en forme d’étroit compagnonnage.

bref par un ensemble d’incarnations imprimées qui rendent sensible et au premier coup d’œil l’identité de l’organe de presse considéré.

de Théophraste Renaudot de rapporter l’actualité, or, des Gazettes révolution-

précisément graphiquement : par la typographie, le titre, la mise en page,

Un journal c’est une ligne éditoriale, une «manière» comme l’on disait au temps

Made with FlippingBook flipbook maker