La Presse Bisontine 161 - Janvier 2015

A g e n d a

La Presse Bisontine n° 161 - Janvier 2015

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“La culture ne s’acquiert pas, elle se conquiert” À 33 ans, le fondateur de la société de production de spectacles N.G. Productions est un acteur majeur de l’animation culturelle à Besançon. Selon lui, la capitale régionale a des atouts mais il lui manque encore un grand événement. SPECTACLE - HAMID ASSEILA

L a Presse Bisontine : La crise, tout du moins la morosité, a gagné un certain nombre de secteurs économiques. Est-ce le cas dans le spectacle vivant ? Hamid Asseila : Dans le contexte actuel, le spectacle vivant se com- porte plutôt bien d’une manière générale, y compris à Besançon. Notre activité est un peu com- me un vol long courrier. On prend de l’altitude, on plane, il y a des turbulences, mais l’essentiel est d’atteindre l’objectif. Nous y par- venons dans tout ce que l’on emploie parce qu’on s’en donne les moyens. J’ai créé cette entre- prise il y a 8 ans. Si je m’étais enfermé dans la morosité, je n’y serais pas arrivé. L.P.B. : Quand tout va moins bien, la culture reste une bouffée d’oxygène ? H.A. : Le problème est que les Bisontins comme beaucoup de Français devraient arrêter de regarder la télévision qui les déprime. Entre la crise, le chô- mage, évidemment que les choses sont compliquées. Mais la cul- ture et l’emploi sont les deux leviers pour avancer. La culture ne s’acquiert pas, elle se conquiert. Il faut être curieux, aller cher- cher l’information, bouger, lire. Dans la période que nous tra- versons, c’est elle qui va nous rendre plus grands, c’est elle qui nous élève et nous sort ainsi de la morosité ambiante. Elle est une échappatoire. Cela vaut pour chacun d’entre nous quelle que soit sa situation. Ma crainte est que la France qui est une réfé- rence culturelle sur le plan inter- national finisse par perdre de sa splendeur. Louis Pasteur consi- dérait que le plus beau mot de la langue française est “enthou- siasme”. Le pauvre doit se retour- ner dans sa tombe en ce moment.

plus petite date.

Maalouf en novembre au Kur- saal, un artiste qui est à la frontière du jazz (salle plei- ne N.D.L.R.). Nous sommes très fiers de l’avoir produit, comme nous sommes très fiers de produire Lau- rent Gerra ou le Lac des Cygnes par le Ballet de Saint- Pétersbourg.

L.P.B. : Connaissez-vous l’impact de la culture et plus précisément du spec- tacle vivant sur l’économie d’une ville ? H.A. : La culture est le troisième acteur économique en Europe. Elle génère plus d’argent que le secteur de l’automobile ! En Fran- ce, les chiffres officiels indiquent que chaque euro dépensé dans l’achat d’un billet produit 1,50 euro de retombées économiques. Cela signifie que lorsqu’une personne achète une place de concert à 30 euros, elle peut dépenser 45 euros en ville, dans les res- taurants, dans les bars, etc. L.P.B. : Que répondez-vous à ceux qui disent que l’offre culturelle manque de diversité à Besançon ? H.A. : Je leur réponds qu’il se pas- se des choses à Besançon. J’en ai assez que l’on prétende le contrai- re. Il y a deux théâtres, un C.D.N., un Festival international des Jeunes chefs d’orchestre. Il y a la Rodia, qui est une des S.M.A.C. (scène des musiques actuelles) les plus actives de France, le musée du Temps, le musée des Beaux-arts, j’ajouterais encore la Citadelle et nous qui program- mons des spectacles à Micropo- lis, au Kursaal. L’offre culturel- le est plutôt large à Besançon. Mais on en veut toujours plus. On n’est jamais assez rassasié de culture. L.P.B. : Où vous situez-vous parmi les acteurs culturels de la place ? H.A. : Comme nous sommes une entreprise privée, nous n’avons pas le même rôle que la S.M.A.C. ou que les scènes nationales qui sont des structures subvention- nées. Nous, nous visons en prio- rité le grand public lorsqu’on pro- duit un spectacle. Il nous arrive aussi d’aller sur des choses plus pointues. Ce fut le cas quand nous avons programmé Ibrahim

L.P.B. :Alors, tout va pour le mieux dans cette ville ! H.A. : Ce qui coince à Besançon, ce sont les restaurants. C’est diffi- cile de trouver un endroit de qua- lité ouvert après 22 heures où l’artiste pourramanger.Il manque à l’évidence un chef étoilé. L.P.B. : Vous produisez des spectacles au Zénith de Dijon. Est-ce qu’il ne manque pas une pareille salle à Besan- çon ? H.A. : Engager des millions d’euros dans la construction d’une salle de 5 000 places assises aurait été une aberration à Besançon. Dis- poser d’un tel équipement pour 3 ou 4 concerts de pointures inter- nationales par an n’a pas d’intérêt. S’il y avait 100 000 habitants de plus sur l’agglomération, je ne dirais pas cela. Personnellement, je préfè- re de plus petites salles avec une programmation aussi importante que diversifiée.Actuellement, on programme 60 % de nos spec- tacles à Besançon et le reste à Dijon, Dole et Montbéliard. L’année prochaine, nous passe-

“Ma crainte est que la France finisse par perdre de sa splendeur.”

L.P.B. : Est-ce le même public qui va voir Laurent Gerra, le Lac des Cygnes ou Thomas Fersen ? H.A. : Non, ce sont des publics très différents. Mais avec une pro- grammation diversifiée ou touche au final 99,99 % des Bisontins. Il y en a pour tout le monde ! Que vous soyez un hard-rocker ou un amateur de chanson française, vous serez forcément touché par un de nos spectacles. L.P.B. :Vous dites devoir vous battre en permanence pour faire venir des grands spectacles à Besançon. Quel est le pro- blème ? H.A. : Je suis l’ambassadeur de Besançon auprès des producteurs parisiens. Si je n’étais pas à Besançon, les spectacles des grosses tournées parisiennes ne se feraient pas étape ici. Ils iraient à Dijon ou à Montbéliard. Nous vendons les salles bisontines auprès des producteurs, nous leur vendons la ville, les hôtels, et surtout le public de qualité qui est une spécificité bisontine. Huit artistes sur dix nous disent qu’ils ont trouvé ici leur meilleur public. J’ai signé le concert pour le 9 octobre 2015 de Souchon et Voulzy. Je me suis battu pour les faire venir. Besançon sera leur

tif. Je dirais qu’entre le Zénith de Dijon et l’Axone, Micropolis propose le meilleur rapport en terme d’accueil, d’équipement et de jauge. Il manque peut-être quelques places assises. Mais je rappelle qu’il y a 6 500 places debout. L.P.B. : Il ne manque donc pas de sal- le à Besançon comme on l’entend dire parfois ? H.A. : En ce qui me concerne, le problème ce n’est pas le nombre de salles, puisqu’il y en a sept à Besançon. Ce qui est compliqué, c’est de trouver la bonne jauge. La Rodia par exemple, dispose d’une salle de 900 places. Cer- tains diront que c’est suffisant. Pour ma part, l’idéal aurait été de pousser sa capacité à 1 200 places. Chacun voit midi à sa por- te. En cela, je ne veux pas jeter la pierre aux collectivités qui investissent dans les salles car il est très difficile de trouver la jauge idéale. L.P.B. : En revanche, il manque peut- être un événement culturel fort ? H.A. : À l’évidence oui. Par com-

paraison, l’offre culturelle dans une petite ville comme LaRochelle qui accueille les Francofolies, est 3 à 4 fois supérieure à celle de Dijon ou de Besançon. Néanmoins à Dijon, le Zénith qui cartonne fait rêver. À Montbé- liard et Belfort, il y a les Euroc- kéennes, le F.I.M.U., l’Axone qui font rêver. Besançon a une autre ligne culturelle. Il y a le festival de musique, la Rodia qui fonc- tionne très bien, Micropolis où la programmation est variée, nous avons des scènes nationales qui proposent des spectacles d’excellente qualité. Combien de Dijonnais, de Strasbourgeois et de Suisses viennent assister à des spectacles à Besançon ? Des gens de Metz ont fait le dépla- cement pour voir Thomas Fer- sen. Malgré tout, il manque un grand événement culturel qui fédérerait les Bisontins et qui participerait au rayonnement de la ville. Besançon franchirait un cap. Il y a tout pour faire de belles choses ici. Je fais partie du syndicat des producteurs. On sait que la capi- tale comtoise a un public pour

rons à 70 %. 80 % des tournées qui passent par Besan- çon sont produites par N.G. Produc- tions. L.P.B. : Malgré tout, Besançon n’est-elle pas sous-équipée compa- ré à Montbéliard qui a l’Axone ? H.A. : Nous n’avons pas à rougir face à l’Axone. C’est une belle salle qui est surtout connue pour accueillir de l’événementiel spor-

“Je rêverais de produire Renaud.”

FABRICE ÉBOUÉ

ARNAUD DUCRET

MADELEINE PROUST

LE LAC DES CYGNES CELTIC LEGENDS

FRANCK DUBOSC

ABBA MANIA

SAM. 21 FEV 2015 20h00 MICROPOLIS BESANÇON

MER. 04 MARS 2015 20h30 MICROPOLIS BESANÇON

JEU. 19 MARS 2015 20h30 MICROPOLIS BESANÇON

SAM. 28 MARS 2015 20h30 MICROPOLIS BESANÇON

SAM. 07 FEV 2015 16h00 THÉÂTRE LEDOUX BESANÇON 20h00

JEU. 29 JANV 2015 20h30 KURSAAL BESANÇON

MER. 04 FEV 2015 20h30 KURSAAL BESANÇON

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