La Presse Bisontine 161 - Janvier 2015

LE GRAND BESANÇON 42

La Presse Bisontine n° 161 - Janvier 2015

Pollution : les lignes commencent à bouger ENVIRONNEMENT Rivières du Doubs

La ministre de l’Écologie Ségolène Royal a missionné un expert qui vient appuyer les mesures déjà engagées. Des actions concrètes arrivent. Les résultats devraient suivre...

Dans le cadre dʼune mission spé- cifique confiée par lʼAgence de lʼEau, le Conseil général et le Conseil régional, lʼUniversité a procédé notamment à lʼexploitation dʼun échantillon de données de la Ville de Besançon prises àChe- necey-Buillon en essayant dʼidentifier lʼorigine des pollutions à lʼazote et au phosphore qui y sont mesurées. Il en ressort que les flux dʼazote et de phosphore calculés à Chenecey-Buillon sont très variables dʼune année à lʼautre, que les concentrationsmoyennes journalières en nitrates semblent légèrement diminuer ces dix der- nières années. Les nitrates sont très clairement le marqueur de la pollution agricole. La suite des travaux prévus dans le programme de lʼU.F.R., en lien avec le programme de métrolo- gie qui va se mettre en place et sous la coordination du profes- seur Humbert sʼattachera àmieux comprendre les mécanismes de transferts de lʼazote et du phos- phore et lʼimpact sur la faune aquatique des polluants toxiques détectés dans les sédiments et les matières en suspension. Quelle qualité d’eau pour les Bisontins ?

L’ hiver, les pêcheurs plient les gaules. Les truites, elles,terminent de frayer sur les bancs de graviers du Doubs, de la Loue, du Des- soubre. Doit-on s’attendre au printemps prochain à voir de nouveaux poissons morts com- me cela est le cas depuis 5 ans ? Trop tôt pour répondre.Une cho- se est certaine : une prise de conscience est née que ce soit dans la Loue, le Doubs franco- suisse ou le Dessoubre. La preu- ve par les faits le 6 décembre dernier lors de la conférence départementale de S.O.S. Loue et rivières comtoises au sein de laquelle des dizaines de per- sonnes, que parfois tout oppo- se, se sont réunies. Ensemble, elles ont travaillé ces six der- niers mois et exposent leurs tra- vaux visant à redonner des cou- leurs à nos rivières. Premier élément, de taille, l’arrivée d’ÉricVindimian, expert du ministère de l’Écologie et du développement durable chargé d’une mission d’appui auprès du préfet du Doubs. Sa présence est l’une des conséquences du ren- dez-vous du 10 octobre dernier entre Ségolène Roya et le pré- sident du Conseil général du

Doubs Claude Jeannerot ainsi que le préfet du Doubs Stépha- ne Fratacci. L’homme a pumesu- rer que le dialogue entre agri- culteurs et défenseurs de l’environnement s’est noué. Le cercle s’est agrandi avec la pré- sence des pêcheurs et de spé- léologues. “Il ne faut pas attendre d’annonces fracassantes mais nous travaillons dans un bon rythme. Les résultats se mesu- rent à plus long terme” a expo- sé le président du Conseil géné- ral Claude Jeannerot le 6 décembre dernier. Voici les principales mesures. - Les annonces agricoles. Dou- ze points ont été soulevés par Vincent Fuster pour le groupe agricole (qui regroupe agricul- teurs et défenseurs de l’environnement). Il détaille les plus importantes : “L’une des mesures du groupe agricole est de privilégier les plans d’épandages individuels plutôt que ceux des cartes communales.” Des mesures pour la moderni- sation des bâtiments seront enga- gées, avec une utilisation plus rigoureuse des produits phyto- sanitaires. Un recensement des fosses vides ou sous-utilisées sera réalisé. Elles pourraient

servir de stockage d’appoint au printemps et en hiver. - Le lait à comté. Le président du Comité Interprofessionnel du Gruyère de Comté Claude Vermot-Desroches a annoncé une nouvelle mesure. Il s’agit de limiter la productivité de chaque exploitation qui travaille pour la filière comté. “La croissance de chaque exploitation ne devra jamais excéder 10 % par rapport à une année de référence (entre 2008 et 2012). Pour aug- menter sa production, la filière devra recruter de nouveaux pro- ducteurs dans la zone A.O.P. (à volume de lait constant).” Cette décision fait débat dans la pro- fession dans le contexte de la fin des quotas laitiers (2015). - L’assainissement. Autre nou- veauté attendue : une régle- mentation mise en place par les services de l’État pour limiter les rejets de toutes les stations d’épuration, petites et grandes, en zone karstique. Un plan de soutien est mis en place par le Conseil général du Doubs. Déjà onze opérations sont program- mées dans le Doubs. - Les études scientifiques. Le laboratoire Chrono-Environne- ment de l’Université de Franche-

La conférence sur la Loue et les rivières comtoises a fait le plein de participants le 6 décembre dernier. Elle a permis de détailler les mesures prises en faveur de notre eau.

Comté a présenté des premiers éléments mais c’est seulement au printemps prochain que les scientifiques devraient publier des études traitant de l’influence des phosphates,nitrates etmicro- polluants sur la qualité des eaux. L’objectif est également de rendre accessible à tous l’ensemble des données scientifiques collectées. - La pêche. Suite aux mortali- tés de début d’année dans le Des- soubre, la fédération départe- mentale de la pêche du Doubs a présenté les résultats de l’inventaire piscicole mené cet- te année. Les principales conclu- sions sont les suivantes : si la dégradation de l’état de l’ombre commun est nette, l’évolution de la population de la truite fario est non significative. Il est impos- sible de déterminer la part de

la responsabilité des événements de mortalités piscicoles de début d’année sur l’état constaté des populations piscicoles. Il est sug- géré de mettre en place des sui- vis quantitatifs afin de mieux comprendre l’impact sur les popu- lations des différents paramètres déterminants. - La pédagogie. Le pôle karst devrait quant à lui mener des actions pédagogiques. Samedi 13 décembre, le sénateur Mar- tial Bourquin transmettra à la ministre Ségolène Royal la péti- tion des deux collectifs (S.O.S. Loue et rivières comtoises et S.O.S. Doubs Dessoubre) forte de 72 256 signatures.Elle deman- de l’adaptation des normes à la fragilité des rivières karstiques de Franche-Comté. E.Ch.

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