La Presse Bisontine 123 - Juillet-Août 2011

Mensuel d'informations de Besançon et du Grand Besdançon

Mensuel d’information de Besançon et des cantons d’Audeux, Boussières, Marchaux, Quingey et Roulans JUILLET-AOÛT 2011 N° 123 2, 20 €

DOSSIER SPÉCIAL TOURISME LES MYSTÈRES DE SAINT-JEAN La cathédrale de Besançon comme vous ne l’avez jamais vue… l l j i

LE DOSSIER en p. 22 à 27

SOCIÉTÉ L’événement p.6 et 7 LE MUSÉE COURBET PRIVÉ DE TABLEAUX Alors que le nouveau musée Courbet d’Ornans ouvre ses portes, la polémique entre l’Institut Courbet et le Conseil général resurgit, au détriment des visiteurs. Le point.

PORTRAIT p.20 Jean-Louis Fousseret reste serein face à la critique

Réf.50016 99,5 49,75 € Réf.50410 79 39,50 €

• Jean «KAPORAL»

Usé

• Sac «LEVIS»

Ecru Noir

• Chaussure «CONVERSE» Réf.51541 39,5 19,75 € • Chemisette «MCS Marlboro » Blanc-Bleu Réf.49878 79 39,50 € • T-Shirt «SCHOTT» Blanc Réf.51828 29,5 14,75 € • Bermuda «BLEND» Turquoise Réf.50233 45 22,50 € • T-Shirt «KAPORAL» Camou Réf.50070 44 22,00 €

23,50 € 32,50 € 47,50 € 22,50 € 11,50 € 14,00 €

• Polo «CONVERSE»

Usé

47 65 95 45 23 28

Réf.50362

• Chemisette «KAPORAL» Blanc-Parme Réf.51856

• Pant toile « LOIS »

Noir

Réf.51898

49,5 24,75 €

• Robe « LOLA ESPELETA » Noir

Réf.50329

• Robe « SMASH »

Rouge

Réf.51839

• T-Shirt « BLEND SHE » Marin

Réf.50255

• T-Shirt « RED SOUL »

Fuschia

Réf.49961

*du 22 juin au 26 juillet 2011

Rédaction : “Les Éditions de la Presse Bisontine” - B.P. 83 143 - 1, rue de la Brasserie - 25503 MORTEAU CEDEX - Tél. 03 81 67 90 80 - Fax : 03 81 67 90 81 - redaction@groupe-publipresse.com

RETOUR SUR INFO - BESANÇON

2

La Presse Bisontine n° 123 - Juillet-août 2011

La renouée du Japon pousse à la Gare d’eau

L’actualité bouge, les dossiers évoluent. La Presse Bisontine revient sur les sujets

Symbole Sʼouvre avec cette traditionnelle édi- tion de lʼété une période naturelle- ment plus propice à la flânerie et aux découvertes, rendue possible aussi par les innombrables initiatives prises ici et là, par les collectivités locales mais aussi et peut-être surtout par un tissu associatif qui se mobilise pour faire vivre le territoire lorsque les autochtones le quittent. Lʼété franc- comtois offre à destination des esti- vants en escale dans notre région une palette vraiment large de curiosités. Il est un endroit en Franche-Comté qui reste indéniablement le phare tou- ristique de la région avec ses 270 000 visiteurs annuels, cʼest la Citadelle de Besançon. La forteresse de Vauban estampillée depuis trois ans du label de lʼUnesco dispose, outre son parc zoologique, dʼune curiosité que sou- vent les visiteurs négligent : le musée de la Résistance et de la Déportation. Ouvert à lʼinitiative de lʼancienne dépor- tée bisontine Denise Lorach, ce lieu de mémoire vient de se trouver une nouvelle conservatrice qui entrera en fonction en octobre. La procédure serait passée totalement inaperçue si cette conservatrice nʼétait pas… de nationalité allemande. Une Alleman- de à la tête du musée de la Déporta- tion, ce symbole fort ne fait hélas pas que des heureux. Certains de ceux qui, comme des milliers dʼautres Fran- çais ont subi lʼhorreur des camps dʼinternement et dʼextermination se scandalisent de cette nomination. On ne peut les blâmer puisque leurs cica- trices sont encore béantes. Dʼautres, ils sont a priori les plus nombreux, se félicitent au contraire, estimant que ce symbole fort contribue à définiti- vement exorciser les fantômes du pas- sé. Ils étaient les mêmes visionnaires à promouvoir dès la sortie du deuxiè- me conflit mondial des opérations de jumelages avec des villes allemandes hier ennemies. Sur un site retenu par lʼUnesco, lʼinstitution qui symbolise au mieux lʼuniversalité du monde, quel signe plus fort pouvait-on envoyer à ceux qui doutent encore des bienfaits de lʼEurope ? Il en est un qui dépas- se tous les autres, sans doute le plus palpable aussi, cʼest la paix et la tolé- rance que sait insuffler cette inven- tion supranationale. Le grand mérite de la construction européenne, sʼil en est un au moins. Jean-François Hauser Éditorial

Le théâtre Bacchus est enfin reconnu par la ville abordés dans ses précédents numéros, ceux qui ont fait la une de l’actualité de Besançon. Tous les mois, retrouvez la rubrique “Retour sur info”.

encore avancer les choses et trouver plus de liens avec la ville afin de pérenniser le théâtre” se félicite Jean Pétrement, responsable de Bac- chus. Et ce n’est pas tout. La troupe va se pro- duire à trois reprises au ThéâtreMusical deBesan- çon dont la première est annoncée le 3 novembre avec la pièce “Proudhon modèle Courbet” qui rencontre un véritable succès au point que le texte sera édité. “ Tout cela va dans le sens d’une reconnaissance de Bacchus à Besançon obser- ve Jean Pétrement. On rencontre le succès à Avignon, on joue à Dijon, aux États-Unis, c’était tout de même un comble de ne pas être recon- nu dans cette ville.” Les choses s’arrangent. Mieux vaut tard que jamais.

I l y a un an, la troupe du théâtre Bacchus était à deux doigts de faire ses valises. Elle était presque résignée à quitter la rue de la Vieille-Monnaie à Besançon où elle réside. En proie a des difficultés financières,ellenesavaitpascombiendetempselle pourraitencorehonorersonloyer.Aujourd’hui,latem- pêteestpassée.Latroupeestrestéedanssesmurs. Si tous les problèmes financiers ne sont pas encore réglés, la situation s’est améliorée. Tout d’abord, la fortemobilisation des amis de Bacchus a porté ses fruits. Mais surtout, les relations se sont détendues avec la ville de Besançon dont la troupe sollicitait l’aide.“ Nous avons signé une convention avec la municipalité. Une subvention de 15 000 euros a été votée à l’unanimité. On peut espérer faire

La renouée du Japon étouffe toute la végétation alentour.

Nous demandons à nos agents de coucher simple- ment le buisson” explique le Conseil général qui n’utilise plus de produits phytosani- taires. Le Département mène actuellement des expériences sur le secteur de Pontarlier où 14 sites de renouée du Japon ont été identifiés. “Les agents fauchent manuelle- ment la plante et conduisent les déchets à la déchetterie. A priori les taches se rédui- sent, mais la renouée est loin d’être éradiquée.” Le problè- me de cette plante hyperré- sistante, qui pousse vite, est que son développement se fait au détriment de la bio- diversité car elle étouffe les autres végétaux. Quelques pieds de renouée du Japon ont été découverts à la Gare d’eau, signe que la Fallopia japonica n’a pas fini de colo- niser le bord de nos rivières.

A vec ses larges feuilles pointues et ses petites fleursblanches,larenouée du Japon est une jolie plante. Maisnevousfiezpasauxappa- rences : la Fallopia japonica est redoutable. Au départ plante d’ornement, elle a colo- nisé progressivement le bord de nos rivières. On la retrou- ve aussi le long des routes et dans le jardin de particuliers. Aujourd’hui, sa prolifération est telle qu’elle est considé- rée comme une espèce inva- sive préoccupante. Elle se propage et il est très difficile de l’éradiquer. Les services techniques du Conseil général du Doubs qui entretiennent les routes ont reçu des consignes précises lorsqu’ils découvrent un foyer de renouée du Japon. “Ils ne doivent pas broyer cette plan- te avec leur machine au risque de favoriser sa prolifération.

Il y a un an, les amis de

Bacchus étaient mobilisés pour

trouver une solution aux problèmes financiers.

Le premier radar

pédagogique est posé

des secteurs accidentogènes non couverts par des radars fixes en recherchant une bon- ne répartition géographique” précise la préfecture du Doubs. Selon la préfecture, l’impact des radars fixes est indéniable mais le poids des habitudes est là. “Les conducteurs lèvent le pied à l’annonce des radars et réaccélèrent ensuite : l’intérêt initial (réduire significativement la vitesse) s’est dissipé” note la préfecture, d’où l’intérêt de retirer les panneaux de signa- lisation. Les 16 radars fixes implantés dans le Doubs ont flashé 84 322 conducteurs. Depuis le retrait mi-mai du panneau annonçant le radar fixe de Châteaufarine, le nombre de véhicules flashés n’a pas forcément augmenté et reste, en moyenne, aux envi- rons de 150 par semaine. Le produit total des amendes s’est élevé à 470 millions d’euros en France l’année dernière.

C omme elle avait été convo- quée pour assister il y a un an à la pose des pan- neaux annonçant les radars, la presse a de nouveau été conviée par le préfet pour assister au montage du tout premier radar pédagogique le 16 juin dernier à Besançon-Châteaufarine. Radar qui remplace justement… le panneau annonçant le vrai radar répressif. La valse des panneaux a donc commencé dans le Doubs où les 15 pan- neaux restants seront démon- tés un à un d’ici mars prochain à raison d’un à deux retraits par mois, et seront remplacés par des radars pédagogiques “prio- ritairement en amont des radars automatiques” et ce, à partir de la fin octobre, “dès conclu- sion du marché national (appel d’offres). L’étude en cours por- te sur le déploiement de 30 à 50 radars pédagogiques sur les routes du Doubs, en amont des radars fixes existant ou pour

est éditée par “Les Éditions de la Presse Bisontine”- 1, rue de la Brasserie B.P. 83 143 - 25503 MORTEAU CEDEX Tél. : 03 81 67 90 80 - Fax : 03 81 67 90 81 E-mail : redaction@groupe-publipresse.com Directeur de la publication : Éric TOURNOUX Directeur de la rédaction : Jean-François HAUSER Directeur artistique : Olivier CHEVALIER Rédaction : Édouard Choulet, Frédéric Cartaud, Thomas Comte, Jean-François Hauser, Thomas Mourey. Agence publicitaire : Sarl BMD - Tél. : 03 81 80 72 85 François ROUYER - Portable : 06 70 10 90 04 Imprimé à I.P.S. - ISSN : 1623-7641 Dépôt légal : Juin 2011 Commission paritaire : 1112i80130

Le radar pédagogique de Châteaufarine est le deuxième à être posé en France depuis la décision du comité interministériel.

Crédits photos : La Presse Bisontine, Théâtre Musical, Ville de Besançon.

L’INTERVIEW DU MOIS

La Presse Bisontine n° 123 - Juillet-août 2011

4

POLITIQUE

Une pro-Aubry Barbara Romagnan en route pour les législatives

L a Presse Bisontine : Comment réagis- sez-vous par rapport à l’évolution de l’affaire D.S.K. ? Barbara Romagnan : Mal. Contrairement à ce que les enquêtes d’opinion ont l’air de dire, cette affaire a des effets dévas- tateurs sur la classe politique et sur les rapports des gens à la politique. Déjà que l’image des politiques était sérieusement dégradée, à tort ou à rai- son, cette affaire ne fait que l’aggraver. Et au-delà du drame humain, cette histoire est une vraie caricature avec d’un côté l’homme blanc et puissant qui peut s’offrir ce qu’il veut et de l’autre la jeune femme noire et pauvre qui subit. Une image déplorable des dérives de notre société. L.P.B. : Et en tant que femme ? B.R. : J’ai été particulièrement choquée du décalage d’expressions dans les opi- nions émises. Par le fait qu’on a trop oublié le fait que, s’il y a une pré- somption d’innocence, il y a aussi une présomption de légitimité de la paro- le de la victime présumée. En France, il y a un viol tous les trois quarts d’heure ou toutes les heures et seulement une femme sur dix porte plainte, tout sim- plement parce que sa parole est décré- dibilisée d’emblée. Ensuite, il faut arrê- ter de dire que parce qu’un homme est très intelligent, il ne peut pas com- mettre ce genre de choses, comme si un violeur devait être forcément black ou arabe. Les violences sexuelles concer- nent toutes les couches sociales. Enfin, il est impensable de sortir des énor- mités comme l’a fait Jack Lang en disant qu’il n’y avait pas mort d’homme, c’est simplement affreux. L.P.B. : Donc que D.S.K. soit hors course, ça ne vous perturbe pas plus que ça ! C’était le poulain par exemple de Jean-Louis Fousse- ret, ce n’était pas le vôtre ? B.R. : Non, je n’ai jamais soutenu la candidature éventuelle de D.S.K. Je pense que si elle se déclare, Martine Aubry ferait une bonne candidate. Elle a eu notamment le mérite de remettre les gens collectivement au travail, non seulement les socialistes mais aussi les syndicats, le monde associatif… Elle a eu aussi le mérite de faire voter aux socialistes le non-cumul. Après le calamiteux congrès de Reims, Marti- ne Aubry a aussi réussi à mobilier les troupes et à retrouver un minimum d’humilité. Elle incarne une dimen- sion humble, modeste. Elle peut enfin contribuer à redonner de la crédibili- té au personnel politique. C’est néces- saire parce que j’estime qu’on n’a jamais eu autant besoin de politique que main- tenant, pour tenter de contrer le libé- ralisme économique. législatives de 2007, elle s’aligne à nouveau en juin prochain. Avec un discours qui se veut franc et direct. La conseillère générale P.S. du canton de Planoise est une des valeurs montantes de la gauche bisontine. Après avoir frôlé l’élection aux

Barbara Romagnan enseigne la philosophie au lycée agricole de Dannemarie- sur-Crète.

règles. Le problème en France, c’est que si ça ne fait pas trente ans qu’on fait de la politique on n’est pas tou- jours reconnu. Il faudrait donc une loi applicable à tous qui limite le nombre de mandats. En politique, c’est com- me en matière de consommation, on se nourrit de ce dont on a besoin, puis on doit penser aux autres. L.P.B. :Vous qui vivez à Planoise, qui êtes une élue de Planoise, comment jugez-vous l’évolution de ce quartier ? B.R. : Il va plutôt dans le sens d’une dégradation mais ce n’est pas parce qu’il serait plus une zone de non-droit qu’avant. C’est qu’en France, comme à Planoise, il y a de plus en plus de repli sur soi, de méfiance, moins d’ouverture. Ici, on n’a pas attendu la crise pour avoir des difficultés mais il est clair que ce repli sur soi dégrade le quotidien d’un quartier comme Pla- noise. L.P.B. : Comment se sentent traités les habi- tants de Planoise ? B.R. : Les habitants réclament parfois plus de présence, car la présence, poli- cière ou autre, c’est une action en soi. Les gens ont parfois l’impression qu’on se moque d’eux et que si au centre-vil- le il y avait des rodéos de scooters, on mettrait moins de temps à les faire cesser. L.P.B. : Un mot pour terminer à propos du débat sur l’assistanat, le R.S.A. ? B.R. : On a entendu beaucoup de contre- vérités sur ces sujets. Le R.S.A., c’est à peine 43 % du S.M.I.C. Pour les étran- gers non communautaires, le délai pour y prétendre est de 5 ans de rési- dence en France contrairement à ce qu’on a pu dire. La contrepartie, dans une société riche comme la France, c’est justement ce devoir d’assistance. Des tricheurs et des feignants, il y en a partout et ce n’est pas le propre des pauvres. Je ne défends pas l’assistanat, mais l’assistance, oui. Aux gens fra- giles qui ne peuvent pas travailler pour diverses raisons, on leur doit l’assistance. Propos recueillis par J.-F.H.

relation de proximité quel que soit le man- dat que l’on exerce. J’estime aussi que la proximité n’a pas que du bon car on confond parfois la proximité et le clientélisme. Il faut savoir garder une cer- taine distance et je pen- se que l’on n’est pas contraint au motif que l’on est homme ou fem- me politique de devoir répondre à chaque situation particulière. Mais il faut savoir tra- vailler au plus près avec les gens dont le métier est d’être au quotidien dans la proxi- mité. Il y a une nuan- ce. En politique, il est nécessaire qu’il y ait de la place pour

élection présidentielle ? B.R. : Ce sera de retrouver la recette du “comment vivre ensemble” à l’heure où les différences de salaires n’ont jamais été aussi grandes. Un des enjeux de cette campagne sera de proposer de réformer l’impôt de manière à per- mettre de retrouver une vraie marge économique. Comment comprendre que la France, qui est encore dans les 10 premières puissances du monde, soit capable de laisser 15 millions de pauvres ou de personnes qui risquent de tomber dans la pauvreté ! Une vraie réforme fiscale, c’est la clé de la pro- chaine présidentielle. L.P.B. : Vous avez été secrétaire nationale du P.S. chargée de la rénovation. Une expérien- ce dont vous ne semblez pas avoir gardé un souvenir impérissable ? B.R. : On m’a proposé ce poste parce qu’aux yeux du parti j’étais de celle qui pouvait incarner cette idée de réno- vation. J’ai occupé ce poste de 2005 à 2007. J’ai laissé tomber simplement

L.P.B. : C’est votre côté rebelle et indépen- dant ? B.R. : Non, mais je pense qu’on dit les choses plus librement, ça n’a rien à voir avec un membre d’une équipe municipale qui est tenu par l’équipe justement. L.P.B. : On n’a donc aucune chance de vous voir figurer en bonne place sur une liste lors des prochaines municipales ? B.R. : Je n’exclus rien du tout. Il y a une dimension honorable d’être un des représentants de sa ville mais ce n’est pas ma priorité. Je suis bien dans mon mandat d’élue locale et de militante socialiste. L.P.B. :Votre priorité alors, c’est plutôt un man- dat de député à côté duquel vous êtes passé très près en 2007 ? B.R. : Je viens de faire part en effet à mes camarades socialistes de mon sou- hait de poursuivre ce que j’avais enta- mé avec eux en 2007. Ce sont les mili- tants qui décideront en novembre.Mon expérience depuis 2008 à Planoise, mon score de 2007, tout cela me don- ne, je pense, une certaine légitimité. Je suis prête et décidée, sans oublier que dans tous les cas, il vaut mieux avoir en politique deux doigts d’humilité. L.P.B. : Françoise Branget que vous affronte- rez certainement l’an prochain ne fait-elle pas correctement son travail ? B.R. : Françoise Branget fait ce qu’elle a à faire, le mieux qu’elle peut. Je n’ai aucun reproche personnel à lui faire. L.P.B. : Vous qui êtes une farouche partisane du non-cumul, quelle serait votre décision en cas d’élection au Palais Bourbon ? B.R. : Je me mettrais évidemment en conformité avec ce que j’ai toujours dit en quittant mon autre mandat. C’est important que les mots aient du sens en politique. L.P.B. : Le risque d’un mandat unique de par- lementaire, c’est de perdre pied avec la proxi- mité, non ? B.R. : Je pense qu’on peut être dans une

“La proximité n’a pas que du bon.”

l’émotion, mais surtout pour la raison. Depuis que je milite et que j’ai unman- dat, j’essaie de me garder de rapports trop personnels. Il y a un mot qui me paraît très important, c’est celui de décence. L.P.B. : Qui sont vos modèles locaux en poli- tique ? B.R. : Je suis très reconnaissante aux gens qui sont capables de décider à un moment qu’il est sage pour eux d’arrêter. Car je sais à quel point c’est dur de le décider. Je pense par exemple à Pau- lette Guinchard à l’Assemblée Natio- nale ou à Annie Roy-Ménétrier au Conseil régional par exemple, ou enco- re quelqu’un comme Joseph Pinard. Ce sont des gens qui ont fait leur part de travail et qui se retirent dignement. L.P.B. : Le contraire d’un Jean-Louis Fousse- ret qui postule à nouveau aux législatives ! B.R. : Non, je n’ai pas dit que je ne com- prenais pas quelqu’un comme lui qui n’a pas envie d’arrêter car il estime qu’il a encore des choses à défendre. Il y a une dimension à évaluer par rap- port aux limites qu’on se fixe. Il faut être capable de se fixer soi-même les

parce que je me sen- tais inutile à cette fonc- tion et je n’ai jamais eu les moyens de faire ce que j’avais à faire. Je n’étais sans doute pas taillée pour ce gen- re de fonction. L.P.B. : En 2008, vous avez choisi de briguer un poste de conseillère générale,une fonction pas vraiment “pal- pable” en milieu urbain, plutôt que de vous posi- tionner auprès du maire de Besançon. Pourquoi ? B.R. : J’ai choisi les can- tonales parce que c’est plus facile d’être libre et autonome dans le cadre d’un mandat comme celui-ci qu’au sein d’une équipe municipale, même si sur le principe je suis favorable au scrutin de liste à la proportion- nelle.

“Un violeur devrait être forcément

black ou arabe ?”

L.P.B. : Quel sera le principal enjeu de cette

BESANÇON

La Presse Bisontine n° 123 - Juillet-août 2011

5

François Marcot,

NOMINATION Musée de la Résistance Débat autour de la nouvelle conservatrice allemande Symbole de paix pour les autres, affront pour les autres, l’arrivée d’une jeune allemande à la tête du musée de la Résistance de Besançon suscite la controverse. Réactions et commentaires.

président de l’association des amis du musée et Pier- re Rolinet ancien déporté, se félicitent de l’arrivée d’une

Allemande à la tête du musée de la Résistance.

D epuis quelques semaines, ce qui ali- mente la controverse, ce n’est pas le fait que le nouveau conservateur du musée de la Résistance de Besançon soit une femme de quarante ans. Ce qui fait débat au sein de la famille des anciens résistants et des déportés, ce sont ses origines. Gaby Sonna- bend estAllemande, et elle pren- dra ses fonctions début octobre. “ Si ma mère était encore de ce monde, je suis sûr qu’elle serait ravie de cette idée. Elle a tou- jours pensé que les jeunes géné- rations n’étaient pas respon- sables des agissements de leurs pères” estime Jean-Paul Lora- ch, le fils de Denise Lorach, la fondatrice de ce musée. Sa nomination va dans le sens d’une Europe fédérée et unie qui se réveille en paix depuis soixante-cinq ans. Les frontières sont tombées,mais pour un cer- tain nombre de ceux qui ont souffert du nazisme, l’arrivée d’une Allemande à la tête du musée de la résistance est un

pense que cette question aurait mérité un débat, alors seulement je me serais plié à une décision collective.” PhilippeMathieu, le directeur de la Citadelle, com- prend que ce choix puisse cho- quer des gens. “ Mais ce n’était pas le but” dit-il. Lorsque laVil- le a lancé l’appel à candidatures, elle s’est interrogée sur l’opportunité d’ouvrir également le recrutement à desAllemands en sachant qu’une telle décision pourrait susciter des réactions.

affront. Qu’importe son âge et son passé. “ Je suis outrée. Ils auraient pu attendre cinq ans aumoins que l’on soit tousmorts. Cette femme a beau être jeune et n’avoir pas connu la guerre, par respect pour ce que nous avons pu vivre, ils auraient pu attendre. Car il y a unmur entre nous et les jeunes générations. Ce mur est celui de la déporta- tion” s’offusque une femme dont le mari été déporté. Depuis la guerre, elle n’a eu le courage de retourner qu’une seule fois en Allemagne, au nom du souve- nir, et n’a jamais pardonné les tortures infligées à son époux et aux autres. “ Nous sommes d’autant plus touchés que nous avons été mis devant le fait accompli” déplore BernardWeil, 93 ans, ancienmembre des ser- vices spéciaux de la France Libre. Il ajoute : “C e qui me trouble dans cette affaire, c’est d’avoir appris cela par la rumeur publique, comme s’il y avait quelque chose à cacher. Je déplo- re que personne n’ait pris un minimum de précautions. Je

qu’ils n’oublient pas. Même meurtri, il est toujours resté ouvert à l’Allemagne, décidé à ne pas faire l’amalgame entre la cruauté du nazisme et un pays voisin qui aurait lui aus- si à se reconstruire et à assu- mer ces heures sombres. “ Mes enfants faisaient allemand pre- mière langue au lycée” lance-t- il sur le ton de la boutade. Pier- re Rolinet n’a pas cultivé l’amertume après la guerre. “ Nous, l’Europe, nous l’avons construite dans les camps. Il y avait 37 nationalités au Stru- thof. Il faut avoir un but dans la vie et le but c’est de vivre en paix. Pour vivre en paix, il fal- lait se dire que les Allemands n’étaient pas tous des nazis.” L’ancien déporté ne tire pas un trait sur l’histoiremais en ayant gardé une main tendue vers l’Allemagne, il a œuvré pour le “ plus jamais ça.” T.C.

ne peut rien contre les passions. Du point de vue de la raison, nous sommes 70 ans après le début de la guerre. Trois géné- rations plus tard, penser que c’est une citoyenne allemande qui va participer à une entre- prise collective dans laquelle on dénonce le nazisme et on vante l’idéal humaniste de la Résis- tance, c’est justement une forme de victoire des résistants. Nous sommes tournés vers l’Europe et nous devons nous donner une histoire commue fondée su la mémoire.” Résistant et déporté à l’âge 20 ans au Struthof, Pierre Rolinet, 89 ans aujourd’hui, travaille lui aussi dans cet esprit d’ouverture. Il se félicite de l’arrivée de Gaby Sonnabend aumusée. Pourtant, il n’a pas oublié la souffrance des camps.Président des anciens du Struthof, il est le premier à témoigner et à faire partager son histoire aux jeunes pour

phie d’ici 2015.“ Nous avons reçu une quarantaine de dossiers. Quatre ou cinq candidats ont été convoqués pour un entretien. Il s’est avéré que c’est une Alle- mande qui était la plus compé- tente pour le poste. Avec elle, nous espérons intégrer des connaissances historiques sur plusieurs sujets et apporter un nouveau regard sur cette pério- de de souffrance. Ce regard vu par une Allemande dans tout le processus est très important. Il faut y voir une volonté de s’ouvrir au point de vue de l’autre.” C’est sans doute sous cet angle de la tolérance qu’est perçue cette nomination par les jeunes géné- rations. François Marcot, pro- fesseur d’histoire à l’Université et président de l’association des amis du musée de la Résistan- ce, comprend lui aussi les pas- sions qui s’expriment autour de ce sujet, mais il faut les dépas- ser pour construire l’avenir.“ On

“ Cela a été mûri, réfléchi, et pensé dans une volonté de construire la paix. Cet état d’esprit est aussi un objectif fonda- teur de l’Unesco” poursuit Philippe Mathieu. La Ville a sauté le pas pour le symbole et par- ce que cela corres- pondait aussi à un souhait de déve- lopper une nou- velle muséogra-

“Cela a été mûri, réfléchi.”

L’ÉVÉNEMENT

La Presse Pontissalienne n° 141 - Juillet 2011

6

projet.” Le président est le premier à regretter que le musée et ses visiteurs puissent faire les frais de la situation. Il est le premier à regretter que cette association puisse priver le musée d’un certain nombre de tableaux. “L’Institut se fait plaisir, mais il est à côté de l’objectif qu’il défendait au départ” iro- LE MUSÉE COURBET PRIVÉ DE TABLEAUX DE COURBET… Frédéric Mitterrand, le ministre de la Culture, fera le déplacement pour inaugurer le nouveau musée Courbet d’Ornans le 1 er juillet. Ce projet important porté par le Conseil général du Doubs doit devenir un lieu culturel majeur de notre département. Mais les tensions regrettables qui subsistent entre l’Institut Courbet propriétaire de 26 tableaux et la collectivité viennent ternir l’hommage rendu au peintre par le Conseil général à travers ce musée. Car la plupart de ces tableaux ne seront pas visibles dans ce lieu, mais ils iront enrichir des expositions extérieures. Le président Jeannerot espère désormais que la sagesse finira par l’emporter. C’est écrit dans la convention Liste des œuvres prêtées par l’Institut Courbet au Conseil général La convention précise que l’Institut Courbet s’engage à ce que ses œuvres soient présentes dans le Musée trois semaines avant l’inauguration qui est fixée le 1er juillet. - La Loue à Ornans (peinture par Gustave Courbet) - Le passage du gué (peinture par Gustave Courbet) - Le rétameur (peinture par Gustave Courbet) - Une papeterie à Ornans (peinture par Gustave Courbet) - La Loue à Scey-en-Varais (peinture par Gustave Courbet) - La fagotière (peinture par Chérubino Pata) - Bon port 1877 (peinture par Chérubino Pata signé Courbet) - Courbet à la pêche (peinture par François-Louis Français) - Les bords de la Rêverotte près de Gigot (peinture par Émile Isenbart) - Les chasseurs rustiques (peinture par Jean Cornu) - La Loue à Ornans (peinture par Paul-Désiré Trouillebert) - Portrait présumé de Jules Dupré (peinture par Gustave Courbet) - Portrait de Félix Bracquemond (peinture par Gustave Courbet) - La dame à la mouette (plâtre par Gustave Courbet) nise l’élu. Ce musée dont un des pères fondateurs est Robert Fernier, avait en effet été créé pour faire rayonner Courbet dans sa ville natale. Le pré- sident Jeannerot ne désespère pas que dans cette affaire la sagesse finisse par l’emporter. T.C.

CONSEIL GÉNÉRAL La lassitude du président Jeannerot Le musée mérite mieux qu’une polémique Claude Jeannerot, le président du Conseil général du Doubs, déplore la position de l’Institut Courbet qui semble vouloir faire cavalier seul sans se soucier du nouveau musée d’Ornans alors qu’il est propriétaire de 26 tableaux importants du peintre qui pourraient y être exposés.

L e nouveau musée Courbet à Ornans est inauguré vendredi 1 er juillet par Frédéric Mitter- rand, ministre de la Culture. Le site ouvrira ses portes au public sur une exposition majeure qui réunira des œuvres du peintre Gustave Cour- bet et du sculpteur Auguste Clésinger. Le message du Conseil général est clair : ce lieu doit devenir un point d’ancrage important de la culture de notre département. “L’intérêt d’avoir un grand et beau musée qui a en plus

rences persistent des querelles tenaces et interminables de passionnés qui se sont accaparés Courbet au point de compliquer l’entreprise du Conseil général qui a construit un projet autour du peintre baptisé “Pays de Courbet, pays d’artiste.” Le trouble-fête est l’Institut Courbet, propriétaire de 26 tableaux, qui semble vouloir faire cavalier seul sans se sou- cier du musée d’Ornans. L’Institut persiste dans sa volonté de pouvoir disposer comme il l’entend des Cour- bet qu’il a en sa possession quitte à ce que ce nouveau lieu d’exposition en pâtisse. Une position qui énerve,mais qui déçoit surtout Claude Jeannerot. “Ces chi- cailleries me fatiguent. Je suis agacé que l’on me parle de l’Institut le jour où on inaugure un magnifique musée de 2 000 m 2 .” Le président du Conseil général espérait que tout allait ren- trer dans l’ordre depuis la publication du rapport de la Chambre régionale des Comptes qui a permis de mettre à jour la gestion de l’association et les rapports qu’elle entretenait avec le Département qui la subventionnait largement. La C.R.C. a relevé notam- ment un trop-perçu d’argent public au crédit de l’Institut de 300 000 euros, lequel a acquis des œuvres avec l’aide de la collectivité. Des tableaux dont il revendique désormais la propriété. Compte tenu de cet excédent, le Conseil général s’attendait à un geste de la part de l’Institut au moins à la hau- teur de cette somme pour repartir ensuite “sur des bases apaisées avec une coopération” rappelle Claude Jean- nerot. Il imaginait que l’Institut ait l’élégance d’offrir un tableau de sa col- lection au Conseil général. “Je n’ai pas demandé d’argent, je n’ai d’ailleurs pas les moyens juridiques de le faire” dit- il. Or, l’Institut ne semble pas disposé à faire un geste à destination de celui qui était un de ses principaux finan- ceurs. “J’avais la naïveté de croire que l’Institut Courbet se réjouirait de notre

le label “Musée de France”, c’est de s’inscrire dans des réseaux. Ainsi nous travaillons déjà à de futures exposi- tions comme Courbet et Cézanne. Pen-

dant la fermeture du Musée des Beaux-arts de Besançon, les tableaux de Courbet seront à Ornans” annonce Clau- de Jeannerot, président du Conseil général du Doubs. Mais derrière les appa-

“L’Institut se fait plaisir.”

Claude Jeannerot est déçu (photo archive L.P.B.).

La Presse Pontissalienne n° 141 - Juillet 2011

7

PRISE DE POSITION Il prend la défense de l’intérêt public Jean-Louis Simon part en guerre contre l’Institut Courbet

L’ancien secrétaire de l’Institut Courbet estime que la majorité des tableaux dont l’association revendique la propriété reviennent de droit au Conseil général qui vient d’investir 9 millions d’euros dans un musée dédié au peintre.

l’exception peut-être des cinq qui figurent dans une conven- tion de prêt signée avec le Conseil général. Or, les œuvres que possède l’Institut sont majeures. Le nou- veaumusée Courbet sera incom- plet si seuls les 26 tableaux du Conseil général sont exposés pendant que ceux de l’Institut iront enrichir les expositions du monde entier. “Le musée d’Ornans sera dégarni de moi- tié. Il y a trois ans, 17 Courbet ont été envoyés au Japon pour les besoins d’une exposition. De nombreux visiteurs mécontents l’ont fait remarquer dans le livre d’or” rappelle Jean-Louis Simon qui veut éviter que ce musée n’ait finalement de Courbet que le nom. “Il y auramoins de Cour- bet dans le nouveau musée de 1 600 m 2 que dans l’ancien qui en faisait 340” ironise-t-il. Pour faire partager sa vérité, Jean-Louis Simon a préparé une lettre qu’il diffusera avant l’inauguration du musée d’Ornans le 1 er juillet. Il parle au nom du peintre dans ce cour- alors qu’on donne une œuvre. Aujourd’hui, on ne comprend plus l’attitude du Département. Or, je rappelle que notre voca- tion est d’enrichir le patrimoi- ne Courbet et de travailler en bonne intelligence avec le Conseil général. Je constate que nous ne sommes pas partis sur des relations franches alors que nous avons fait preuve de modération et de souplesse, et que nous avons signé une convention de mise à disposition d’œuvres. L.P.P. : Redoutez-vous que cette affai- re qui dure finisse par se régler au tri- bunal ? F.L. : Je ne redoute rien. J’ai la possibilité de saisir le tribunal administratif non pas à propos des 300 000 euros,mais pour les 114 000 euros qui ne sont pas versés alors que la subvention a été votée. Je préférerais de loin une conciliation pour que l’on parle de tout cela entre personnes responsables. Je n’ai pas d’autre ambition que de trouver le che- min de la coopération. Quand je dis que nous sommes indignés, c’est parce que pour l’instant nous ne sommes pas respectés. L.P.P. : Dans le cadre de la convention, vous prêtez 14 œuvres au musée pour l’ouverture,dont six peintures de Cour- bet sur les 26 que vous possédez. Pour- quoi si peu ? F.L. : Nous prêtons celles qui nous ont été demandées, tout sim- plement. L.P.P. : Où sont les autres œuvres ? F.L. : L’Institut ayant une collec- tion privée, il peut la gérer com- me il veut. Ces œuvres ont été acquises sans l’aide du Conseil

J ean-Louis Simon n’est pas étranger au conten- tieux qui oppose aujour- d’hui le Conseil général à l’Institut Courbet. L’ancien secrétaire de l’association qui a rompu les ponts avec elle se démène aujourd’hui pour que le Département du Doubs récu- père les tableaux de Courbet qui selon lui reviennent de droit à la collectivité puisqu’elle a contribué à les financer. Il contes- te donc la propriété de la majo- rité des œuvres de l’Institut Courbet qui la revendique. “On peut démontrer que c’est bien avec de l’argent public qu’elles ont été acquises. La Chambre régionale des comptes a ouvert une porte en publiant un rap- port sur l’Institut dans lequel

elle indique que comptablement les tableaux ont été achetés avec des subventions. Il faut main- tenant terminer le travail. Je prétends que seuls trois Cour- bet appartiennent à cette asso- ciation” observe-t-il. Jean-Louis Simon se dit “porteur de vérité” dans ce dossier tout en recon- naissant volontiers que le Conseil général a manqué de vigilance. Il est “parti en guer- re contre l’Institut.” Sûr de lui, il ne lâchera rien. L’amateur de culture se bat pour le nouveau musée d’Ornans dans lequel le Conseil général vient d’investir 9 millions d’euros. La situation qu’il dénonce est que l’Institut Courbet peut disposer comme bon lui semble des 26 tableaux qui lui appartiennent, à

Jean-Louis Simon, président de l’association “Chez Cour- bet” se dit “porteur de vérité” dans ce dossier.

l’atelier du peintre. Dans le cadre de cette association, Jean-Louis Simon travaille enfin à la mise en place d’un espace Courbet à la Tour-de-Peilz en Suisse où a séjourné le peintre. T.C.

querelles intestines. Il a fondé également l’association “Chez Courbet” qui devrait inter- venir dans l’animation de visites exceptionnelles au nouveau musée. Il a créé une pièce de théâtre qui sera jouée dans

rier qu’il a intitulé “Lettre ouver- te de Gustave Courbet à se vrais amis,raresmais fidèles,àOrnans et à Flagey”. Jean-Louis Simon espère ainsi marquer les esprits et remettre l’art au cœur du débat pollué par d’interminables

COMMENTAIRE

François Lépine “On ne comprend plus l’attitude du Conseil général” Le président de l’Institut Courbet se dit

re que l’on vient de faire quatre expositions à Valence, Barcelo- ne, Saint-Domingue et Paris qui ont rencontré un vrai succès. Il y a eu 18 000 spectateurs à la fondation Bismarck à Paris !

général. Celles qui l’avaient été ont été restituées au Départe- ment en 2006 suite à la com- mission Bézard. Mais je le répè- te, nous prêterons volontiers les œuvres qui nous ont été deman- dées. Nous préparons une expo- sition à Pékin,de lamêmemaniè-

l’inauguration du musée ? F.L. : Je m’interroge. Je pense que Jean-Jacques Fernier sera pré- sent. Mais s’il n’y a pas de ges- te nouveau de la part du Dépar- tement, je ne suis pas certain d’être là. Propos recueillis par T.C.

“choqué” par la décision du Conseil général qui demande à l’association culturelle de lui reverser un trop perçu de subvention de 306 000 euros. François Lépine annonce que l’Institut n’a pas l’argent.

L.P.P. : Vous serez là le 1 er juillet pour

L a Presse Pontissalienne : Le Conseil général du Doubs demande à l’Institut Courbet de lui reverser 306 000 euros, une somme identifiée par le rapport de la Chambre régionale des comptes comme un trop perçu par votre asso- ciation. Comment réagissez-vous ? François Lépine : La demande qui nous est faite est injuste et elle ne tient pas compte de tout ce que l’Institut Courbet a donné en temps au musée d’Ornans par le biais de son conservateur Jean-Jacques Fernier qui est toujours inter- venu bénévolement. Ce qui me choque, c’est qu’on nous deman- de de verser ces 300 000 euros en 2012, en lien avec le rapport de la Chambre régionale des comptes. Et bien je dis non, car tout d’abord nous n’avons pas cette somme en caisse. Je ne peux pas donner de l’argent que je n’ai pas. Ensuite, nous ne sommes pas coupables. Ces excé- dents n’ont pas servi à se payer des banquets mais des œuvres de Courbet. L.P.P. : Ces 306 000 euros accumulés sur une dizaine d’années sont pour- tant bien le résultat d’une différence entre le montant des subventions que vous demandiez au Département et vos véritables besoins ? F.L. : Toutes les associations fonc-

tionnent comme cela. Cette dif- férence de 306 000 euros a été gardée par l’Institut faute d’une grande précision de notre part dans nos demandes de subven- tions, mais aussi faute de suivi de la part du Conseil général. Il a manqué de rigueur et main- tenant il nous punit. Je suis indi- gné. La Chambre régionale des comptes dit que cette somme est de la responsabilité du Conseil général. Elle ne nous demande pas de la lui restituer. L.P.P. :Vous dites ne pas pouvoir payer. Il semble pourtant qu’en 2007,l’Institut affichait des fonds propres de 1,4 mil- lion d’euros et une trésorerie de 536 000 euros ? F.L. : Par rapport à la situation actuelle de l’Institut,nous n’avons plus cet argent. L.P.P. : Par ailleurs, le Conseil général a bloqué pour l’instant les subventions qui concernent l’Institut. Quelle lectu- re faites-vous de cette décision ?

ACQUISITION 150 000 euros “Les Amoureux dans la campagne” rejoint la collection de l’Institut

D ébut janvier, l’Institut Courbet a acquis un nouveau tableau de Gustave Courbet. Il vient enri- chir sa collection qui compte désormais 26 œuvres du peintre d’Ornans. Le tableau s’appelle “Les amoureux dans la campagne” (65 x 80) qui a coûté 150 000 euros. Cette acquisition a été “entièrement financée” par les “propres res- sources” et les “aides mécé- nales” de l’Institut rappelle celui-ci sur son blog . Sans doute a-t-il jugé bon de le pré- ciser à une époque où des voix s’élèvent contre l’Institut afin qu’il restitue au Conseil géné- ral des œuvres qui auraient été acquises avec l’argent de la collectivité. “Les amoureux dans la cam- pagne” qui fit “l’affiche de la dernière exposition en 2007 au Musée Courbet” ne sera pas visible dans l’immédiat à Ornans. Ce tableau a ven- du par un collectionneur qui est par ailleurs membre de

“Les amoureux dans la campagne”, 26 ème tableau de l’Institut Courbet.

“Je suis indigné.”

F.L. : La subvention est de 114 000 euros. Cette somme a été votée. Mais elle est bloquée par une sor- te de préalable du Conseil général qui souhaite que l’on ver- se le trop-perçu ou

pour Gustave Courbet en exil en Suisse, “le souvenir du bon- heur, une idylle de jeunesse, vécue trente ans auparavant, avec Lise, son amoureuse dont il avait gravé le nom sur le tronc du chêne qui abritait leurs émotions à Flagey.”

l’Institut. Cette œuvre roman- tique importante “était conser- vée sa vie durant par Juliet- te Courbet qui la légua à ses amies Mesdames de Tastes et Lapierre qui s’en séparèrent qu’en 1934.” L’Institut préci- se encore que cette œuvre est

BESANÇON

8

La Presse Bisontine n° 123 - Juillet-août 2011

MONTRAPON Programme immobilier rue Viancin “Les petites voix se sont tues” Les travaux d’urbanisation du terrain ont commencé.

Le chantier de construction démarre sur ce terrain situé au carrefour entre la rue Viancin et

te l’élue.À l’écouter, c’est l’histoire du pot de terre contre le pot de fer qui s’est jouée là. Même si aujourd’hui son combat contre l’urbanisation de ce terrain est perdu, Martine Jeannin conti- nue de ne pas ménager son pro- pos à l’égard de ce projet qu’elle critique. “ Cet espace rempli d’arbres aurait pu être trans- formé en jardin public pour les habitants du quartier. On enlè- ve de la verdure dans un secteur déjà très bétonné. Je remarque d’ailleurs que personne chez les écologistes de la ville n’a bougé. Autant pour défendre les arbres fichus du quai Veil-Picard ils sont montés au créneau, autant là on ne les a pas entendus” dit- elle, taclant le camp des Verts. Martine Jeannin est amère. Elle

74 logements vont être construits sur le site Viancin autrefois orné de grands arbres. Conseillère municipale d’opposition et habitante du quartier, Martine Jeannin ne décolère pas.

l’avenue de Montrapon.

vit cette affaire comme un échec personnel dénonçant une poli- tique de la ville cherchant à “ imposer du logement à tout prix partout où les occasions se pré- sentent.” Ce dossier prend fin avec la construction de plus de 70 loge- ments sur ce terrain. La socié- té immobilière Cirmad Est en bâtit 62, tous destinés à de la location. 39 seront d’ailleurs acquis par Grand Besançon Habitat, et les 23 restants par un bailleur social bisontin. “ La livraison de la première tranche

est prévue en juillet 2012 et la seconde en novembre de lamême année” précise la Cirmad Est dont le siège est basé à Maxé- ville en Lorraine. Sur une parcelle adjacente, Grand Besançon Habitat va construire également une mai- son-relais de 12 studios. Elle accueillera des personnes pré- sentant des troubles du com- portement et à l’autonomie limi- tée. Cet établissement spécialisé sera géré par l’association Pré- sence. T.C.

D epuis son balcon, Martine Jeannin a une vue plongeante sur le terrain de la rue Viancin où

s’affairent les engins de chan- tier. Bientôt, sous ses fenêtres, à la place des grands arbres qui ornaient les lieux, elle aura des logements. “ Les petites voix se

sont tues” soupire la conseillè- re municipale d’opposition qui pendant plusieurs années s’est opposée à ce projet de construc- tion qui borde l’avenue de Mon- trapon. 460 habitants avaient même fini par signer une péti- tion en signe de contestation. En vain. “ Nous ne sommes jamais allés très loin dans notre rébellion. Les gens du quartier qui sont des personnes très simples n’ont pas osé affronter la machine municipale” regret-

URBANISME

Noms de rues : deux femmes pour douze hommes

Pas de parité pour les rues baptisées La Ville de Besançon a créé 17 nouvelles rues et places. Résultat : deux rendent hommage à des femmes alors que douze hommes sont honorés. Explication du service culturel sur cette parité difficile à respecter.

Perspective du programme immobilier réalisé par la Cirmad Est. La construction se déroulera en deux phases. Un local commercial accueillera au rez-de-chaussée une pharmacie. (Architecte Michel Morel).

S existe la ville de Besançon ? Lors du dernier conseil municipal (jeu- di 16 juin), le conseil municipal vote la dénomination de voies, ronds-points et places à Besançon. Constat : dix-sept lieux baptisés… et seulement deux rues à la gloire de femmes. Bienve- nue à Louise Blazer et Simone Michel- Lévy dont les noms seront apposés pour desservir la voie de desserte du lotisse- ment des Tilleroyes. Le chiffre, implacable, n’a rien de machiste. L’explication est purement historique. “ Ce n’est pas de l’ostracisme, encore moins du machisme” , lâche Lionel Estavoyer du service cultu- rel de la ville de Besançon coupant court à toute éventuelle fausse interprétation. Il ajoute : “ L’explication est historique car davantage d’hommes ont accédé à la recon- naissance par le passé. Il faudra plusieurs années pour que la parité arrive aussi pour le nom des rues et que des femmes aient ainsi droit à une reconnaissance” dit-il. Louise Blazer (1891-1966) fut une résis- tante et médaillée des Justes. Elle s’occupa de prisonniers, réfugiés et famille juive dès 1940 avant d’être déportée à Gaggenau, camp dépendant du Struthof. Libérée en 1945, elle créa à son retour l’association

nationale des anciennes internées et dépor- tées de la Résistance. Simone Michel-Lévy est née dans le Jura. Cette rédactrice dans l’administration des P.T.T. à Paris entre dans un réseau de faux papiers. En 1943, elle tombe dans un guet- apens monté par la Gestapo. Arrêtée, elle est transférée dans un camp puis travaille dans une usine d’armement où la résistan- te continue la lutte en sabotant. Elle sera pendue. “À proximité de rues rendant hom- mage à Sœur Marcelle-Baverez et à Mar- guerite-Marchand, ce choix paraît justifié” argumente le service culturel de la ville. La loi interdisant de baptiser le nom d’une place avec celui d’une personne vivante réduit les choix. Le casse-tête revient sou- vent, aussi vite que l’urbanisation gran- dit. “ Nous avons, c’est vrai, de plus en plus de difficultés à trouver des noms, d’autant que nous cherchons une cohérence dans les quartiers” admet l’historien de la Vil- le. En effet, Besançon n’accroche pas le nom d’un maraîcher à côté de celui d’un résistant pour une évidente histoire de cohérence. Pour rendre service à la Ville, aux Bisontines de devenir célèbres. E.Ch.

Tram : une rame Pasteur Comme les rues, les rames de tramway seront baptisées. Ainsi, Jean-Louis Fousse- ret a dévoilé le nom de Pasteur pour lʼune dʼentre elles. Les nouvelles rues et places de Besançon. Voie de desserte du bâtiment F.C.I. : Armand Barthet (journaliste) et rond-point Sully Prudhomme (poète) Ensemble immobilier aux Tilleroyes : Rue Charles-Edouard Guillaume (Prix Nobel de physique), rue Abraham-Louis Breguet (horloger) Lotissement secteur chemin de la Clairière : rue du camp (en lien avec le camp royal établi en 1674 lors du siège de Besançon par Louis XIV). Place à la combe Saragosse : Place du triangle (pour sa forme triangulaire). Lotissement aux Montboucons : André Vincent (Artiste), Jean Simon Berthelemy (artiste) Clairs-Soleils : place des Lumières (vote avec le conseil consultatif des habitants). Lotissement Essarts lʼAmour : Marcel Pagnol, Antoine de Saint-Exupéry, Shakes- peare. Lotissement Grands Montboucons : Georges Monneur (conseiller municipal mort

pour la France), Mathias Ullmann (idem). Voie à Planoise : Francis Wey (écrivain).

BESANÇON

9

La Presse Bisontine n° 123 - Juillet-août 2011

CONTENTIEUX Cuisine centrale Jean Rosselot en appelle au préfet Le leader de l’opposition a écrit au préfet pour qu’il saisisse la Chambre régionale des Comptes afin qu’elle fasse “ toute la lumière” sur l’épineux dossier de la cuisine centrale.

J ean Rosselot n’y va pas avec le dos de la cuillè- re. Fin avril, le leader de l’opposition municipale a adressé au préfet Christian Decharrière, une lettre pour lui demander de saisir la chambre régionale des comptes pour “ qu’elle fasse objectivement tou- te la lumière” sur le dossier de la cuisine centrale. On le sait, en 2008, la munici- palité a investi 6millions d’euros dans une cuisine ultramoder- ne, imaginée par un cabinet pari- sien. Une fois opérationnel, cet équipement situé en retrait de la rue Jouchoux devait permettre à la collectivité de concocter chaque jour 5 000 repas desti- nés aux enfants des écolesmater- nelles et primaires de Besan- çon ainsi que 500 autres pour les enfants des haltes-garderies et des crèches. Grâce à cet outil, la ville allait pouvoir se sépa- rer des trois anciennes cuisines qui avaient besoin d’être réno-

vées. Mais voilà, le matériel dernier cri n’a jamais fonctionné et les trois cuisines sont toujours en service. Depuis, la ville est enga- gée dans un contentieux judi- ciaire pour tenter d’établir les responsabilités dans une affai- re qui tourne au fiasco technique et financier. Il y a deux mois, le tribunal administratif a missionné un expert chargé de déterminer les

raisons pour les- quelles la cuisi- ne centrale ne fonctionne pas. Il devrait rendre son rapport à la fin du mois de juin. Au regard de la situation qui dure et des sommes enga- gées, Jean Ros- selot demande des explications.

“De la transparence démocra- tique.”

Jean Rosselot : “J’ai lancé une bouteille à la mer.”

“ L’ampleur du sinistre, l’enjeu en termes de bon emploi des fonds publics, l’incompréhension, pour chacun de nos concitoyens, face à un échec technique aussi patent, total, n’exige-t-il pas, à l’heure où l’opinion souhaite plus de par- ticipation, de transparence, une

clarification ?” écrit-il au préfet qui le 18 juin ne lui avait pas encore répondu officiellement. “ J’ai lancé une bouteille à lamer” déclare le leader de l’U.M.P., en espérant bien qu’elle finira entre les mains des magistrats de la Chambre Régionale des Comptes.

Selon Monsieur Rosselot, leur expertise permettrait de répondre aux questions qu’il pose, tout en garantissant “ transparence” et “ impartialité.” “ Peut-être que la Chambre conclura que la ville a été abusée de bout en bout par des entreprises. Peut-être qu’elle

dira que la ville s’est trompée. Mais au moins nous saurons. Quand il y a en jeu 6 millions d’euros, j’estime qu’il faut au moins informer les contribuables. Cela s’appelle de la transparen- ce démocratique.” T.C.

Made with FlippingBook Learn more on our blog