La Presse Bisontine 123 - Juillet-Août 2011

BESANÇON 20

La Presse Bisontine n° 123 - Juillet-août 2011

VIE MUNICIPALE

Face à la critique

Jean-Louis Fousseret, maire heureux Les critiques à son égard sont parfois sévères, surtout lorsqu’elles sont formulées par des personnalités de son

D ans un coin de son bureau, entre les dossiers qui s’empilent, Jean- Louis Fousseret garde à portée de main les dernières lettres qu’il a reçues. Elles sont signées de Bisontins et de personnes qui hier enco- re étaient étrangères à la ville jusqu’à ce qu’elles décident de venir s’y ins- taller pour des raisons multiples. Les auteurs ont pris le temps de se fendre d’un courrier, de plusieurs pages par- fois, pour dire au maire tout le bien qu’ils pensent de Besançon. Ces messages de sympathie et d’encouragement ne sortent pas de l’intimité du bureau du premier magis- trat. L’élu pourrait en faire usage pour faire taire les persifleurs qui pensent au contraire que Besançon est mal gérée, qu’elle n’a pas l’étoffe d’une capi- tale régionale ou qu’elle dort d’un som- meil si profond que le réveil promet d’être douloureux. Et bien non, ces lettres qu’il prétend posséder par cen- taines n’ont pas vocation à être ren- dues publiques. S’il arrive à Jean-Louis Fousseret de lire un extrait de ce “livre d’or” en conseil municipal comme ce fut le cas lors de la séance de juin, c’est pour essayer d’écourter des débats inter- minables piqués de rengaines colpor- tées par l’opposition : “Vous manquez de ceci, vous manquez de cela…” C’est aussi une manière de rappeler aux élus de tous bords qu’ils devraient être les premiers à être fiers de leur ville alors qu’ils s’égosillent à la dénigrer. Le mai- re utilise ces écrits de Monsieur Tout- le-Monde avec parcimonie pour éviter en plus que ses détracteurs ne le taxent de se complaire dans “l’autosatisfaction” après l’avoir accablé. La critique ne doute de rien, elle habille tout et jamais ne se tait. Jean-Louis Fousseret en a pris son parti. En tren- te ans de vie publique, s’il s’était lais- sé intimidé, il ne serait pas arrivé là où il est. La critique fait partie du jeu. Plus l’ambition est forte et plus elle se déchaîne. La politique n’est pas une mer calme, balayée par les alizés, où croisent les bateaux de plaisance. L’élément est instable, impitoyable. “La critique est normale. Je dirais même qu’elle est utile. Il faut être blindé mais ne pas être imperméable. Ce qui n’est pas bon, c’est quand elle est outran- cière et qu’elle ne repose sur rien. Pour ma part, la critique, je l’entends, quel- le que soit la personne qui l’émet. Si elle est justifiée, il faut en tenir comp- propre camp. Mais elles ne suffisent à entamer ni son enthousiasme ni son ambition pour la ville.

Jean-Louis Fousseret pourrait prendre sa retraite d’élu, mais ce moment-là n’est pas encore venu… (photo Ville de Besançon).

Ce qu’il dit de lui…

avance.” Un dossier qu’il estampille volontiers d’une mention “courage politique” car s’il avait écouté les scep- tiques, il n’aurait pas défendu ce projet structurant. Ce que le maire acceptemal, c’est que la conduite de la vil- le soit systémati- quement torpillée, dans ses moindres faits et gestes par l’opposition munici-

une fausse polémique par presse inter- posée. “Je n’ai pas de complexe d’infériorité, ni de supériorité rectifie- t-il. Je suis conscient des atouts de cet- te ville et de ses faiblesses. Je travaille pour que ses faiblesses deviennent des atouts.” Il saura quoi répondre à qui- conque tentera de lui tenir la dragée haute. Le grand dessein que Jean-Louis Fous- seret a pour Besançon est à l’opposé de ce qu’insinuent les critiques. L’initiateur de la métropole Rhin-Rhô- ne affirme être dans la logique de l’ouverture et pas du repli. “J’ai peut- être le tort de ne pas assez communi- quer sur ces sujets” confie l’élu. L’enjeu n’est pas celui de Besançon seulement mais d’un territoire qu’il convient de valoriser au niveau économique, cul- turel, universitaire ou encore du trans- port. “Nous devons prendre ce qu’il y a de mieux à Besançon et à Dijon pour avoir un espace visible à l’échelle euro- péenne et mondiale. C’est mon ambi- tion. Nous ne pouvons pas ignorer non plus Belfort et Montbéliard. Nous ne sommes pas concurrents mais com- plémentaires. Besançon a aussi un avantage considérable, c’est qu’elle est directement connectée à la Suisse via le Haut-Doubs.” Venir à bout de ce grand projet se fera par étapes. “J’ai rencontré François Rebsamen. Nous avons convenu qu’il travaillerait à renforcer son agglomé- ration avec les villes proches, et que j’en ferais de même à Besançon en me rap- prochant des villes comme Pontarlier, Dole ou Lons-le-Saunier. Ensuite, nous trouverons un maillage entre ces pôles. Je suis dans une stratégie d’union pour conquérir, et pas de défiance.” Jean- Louis Fousseret s’est mis au travail. Le projet “Besançon centre Franche- Comté” est sur les rails. Il s’agit de construire un territoire intermédiai- re fort autour de la capitale régiona- le entre la Bourgogne et le Nord Franche-Comté. Ce qui manque aujourd’hui à Jean- Louis Fousseret, c’est une envergure politique. Il lui manque un mandat national pour rejoindre le gotha pari- sien et retrouver des personnalités comme le sénateur Rebsamen ou le

Jean Rosselot, leader U.M.P. de l’opposition municipale “Jean-Louis Fousseret n’a pas de vision” “Jean-Louis Fousseret est de bonne volonté, travailleur sans doute, républicain, assurément… mais il manie trop l’invective vis-à-vis des élus de l’opposition. Cependant, le plus grand drame pour une ville- capitale régionale comme la nôtre, c’est qu’il n’a pas de vision, qu’il n’anticipe pas les grandes mutations. Ses propres amis politiques, chefs des grandes collectivités comme lui, le lui font remarquer : “pas d’ambition” selon Yves Krattinger, président du Conseil général de Haute-Saône, “complexé” pour François Rebsamen, le maire de Dijon !… Humiliation et désespoir pour notre ville ?… C’est à craindre !…”

“Je suis dans une stratégie d’union.”

pale, laissant croire que l’herbe serait plus verte ailleurs. Alors il ne se gêne pas pour renvoyer avec fermeté Jean Rosselot, le leader U.M.P. et ses aco- lytes à leurs études lorsqu’il juge que les allégations qu’ils portent sur l’action de la majorité sont infondées. Ce prin- cipe de vouloir déconstruire à tout prix tout ce qui se construit ne mène à rien selon Jean-Louis Fousseret. Chaque élu a un rôle à jouer pour faire avan- cer Besançon. “J’apprécie les gens qui ont des idées” dit-il. Une qualité qu’il a reconnue en NicoleWeinman, qui l’a rejoint dans la majorité alors qu’elle faisait partie de l’opposition. “Si demain Jean Rosselot arrêtait de passer son temps à me glisser des peaux de bana- ne sous les pieds je lui confierais peut- être des missions, sur le patrimoine par exemple.” Mais l’avocat trublion rompu aux joutes verbales n’est pas disposé à abdiquer. J.R. se régale, se gausse même, lors- qu’il puise dans la presse des critiques à l’égard de Monsieur Fousseret, à plus forte raison lorsque celles-ci sont émises par des socialistes. Récemment, Fran- çois Rebsamen, le maire de Dijon a déclaré qu’il fallait que “Jean-Louis Fousseret sorte de son complexe d’infériorité.” Une critique âpre, inat- tendue, déplacée voire incroyable pour le maire de Besançon, parce qu’elle vient de son voisin dijonnais avec lequel il veut bâtir l’avenir. Fair-play , il répond néanmoins : “On ne me fera pas me fâcher avec François Rebsamen.” Pas question pour le maire d’entretenir

député Moscovici. Le maire de Besan- çon et président de la communauté d’agglomération a pris conscience que Paris est devenu le centre névralgique des affaires pour les collectivités. Il ne regrette pas le choix qu’il avait fait il y a cinq ans de ne pas se présenter aux législatives pour se consacrer qu’à la ville et à l’Agglo mais il reconnaît qu’il a ses limites. “Ce n’est pas un problè- me personnel, mais c’est un problème d’efficacité. Il est nécessaire aujour- d’hui de peser au niveau national pour défendre nos intérêts. Quand je veux des crédits pour le tram, c’est à Paris que les choses se passent et pas à Besan- çon.” Alors oui, il sera candidat à la candidature socialiste pour les pro- chaines élections législatives sur la deuxième circonscription. C’est une échéance qui approche. Un nouveau combat pour retrouver une fonction de député (il l’a déjà été de 1997 à 2002), et peut-être une étape de plus dans la carrière politique de Jean-Louis Fousseret. Il continue son parcours d’homme de gauche, une gauche dont il a embrassé les valeurs dès son plus jeune âge grâce à son père qui était un militant associatif et syn- dical. “Quand je suis né dans cette vil- le je n’étais pas programmé pour être maire. J’y ai grandi, j’y vis et j’y ter- minerai ma vie.” Technicien de for-

mation, salarié d’une entreprise amé- ricaine, il aurait pu évoluer jusqu’à la retraite dans le privé, moins exposé aux critiques certes, mais avec d’autres soucis. Le destin en a décidé autre- ment. Sa rencontre avec Robert Schwint “qui m’a fait confiance et à qui je dois beaucoup” a été décisive pour le condui- re là où il est. À 64 ans, il aurait l’âge de déposer les armes mais il n’en a pas l’envie. Il s’amuse comme Robert Schwint s’amusait déjà à son époque lorsqu’il entend les bruits de couloir sur celui ou celle qui pourrait lui succéder dans le fauteuil de maire. “Pour être maire, il faut avoir envie de le faire. Quand je me lève, je vais dans ma ville, tra- vailler pour ma ville. Je ne vais pas au boulot ! Pour moi, c’est un plaisir. Mal- gré les critiques, je suis un maire heu- reux car Besançon change et est tour- née vers l’avenir. Ce ne sont pas les maires qui décident de qui leur succé- dera, mais la valeur et le travail. Un jour, ce moment arrivera mais il n’est pas encore venu.” Les candidats qui convoiteraient la fonction peuvent toujours lui écrire une lettre pour faire partager à Jean- Louis Fousseret leur vision de Besan- çon. Il la glissera dans un coin de son bureau. Elle n’en sortira pas, promis… T.C.

te. Je revendique même le droit à l’erreur” admet Jean-Louis Fousseret qui n’a pas de honte d’avoir fait machine arrière sur différents dossiers. Il cite en exemple le tramway qui devait initialement passer au centre-ville. “J’aurais pu m’entêter. Mais j’ai entendu la critique de l’État, j’ai pris une autre voie et le projet

“Je mourrai dans cette ville.”

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