La Presse Bisontine 184 - Février 2017

Mensuel d'informations de Besançon et du Grand Besdançon

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Mensuel d’information de Besançon et du Grand Besançon www.presse-bisontine.fr FÉVRIER 2017 N° 184

LE SOCIALISME EST-IL MORT À BESANÇON ?

l À QUELQUES JOURS DES PRIMAIRES DE LA GAUCHE, l DES MILITANTS NE RENOUVELLENT

PAS LEUR ADHÉSION AU P.-S., l JEAN-LOUIS FOUSSERET SOUTIENT EMMANUEL MACRON

L’entente était encore cordiale au P.-S. au lendemain de l’élection présidentielle de 2012. Jean-Louis Fousseret accueillait alors François Hollande à Besançon.

l’événement en p.18 à 23

p. 8

p.6 et 7

circulation

l’événement

Une partie de la rue de Belfort va passer en voie unique

Christine Bouquin On mène la vie dure à la présidente du Doubs

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Rédaction : “Les Éditions de la Presse Bisontine” - B.P. 83 143 - 1, rue de la Brasserie - 25503 MORTEAU CEDEX - Tél. 03 81 67 90 80 - redaction@publipresse.fr - www.presse-bisontine.fr

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La Presse Bisontine n° 184 - Février 2017

L’actualité bouge, les dossiers évoluent. La Presse Bisontine revient sur les sujets abordés dans ses précédents numéros, ceux qui ont fait la une de l’actualité de Besançon.

Démolition Comment une décision politique, dic- tée par des considérations tactiques et politiciennes sous couvert d’une pseudo-efficacité, a contribué à sabor- der l’équilibre de nos territoires et pire, à créer des tensions infinies, voire des drames humains. Cette décision por- te un nom, c’est la loi N.O.T.R.E. com- me Nouvelle Organisation Territoriale de la République. C’est elle qui a révi- sé le périmètre des nouvelles régions. C’est encore elle qui a bouleversé le paysage des intercommunalités. En ce début janvier 2017, des petites com- munautés de communes rurales ont disparu - inefficaces a-t-on argué - et avec elle, ce dont personne n’a jamais parlé, des dizaines de salariés, certes réaffectés dans d’autres collectivités pour ceux qui ont la chance d’être mobiles, ou simplement laissés en bord de route à leur destin. C’est encore cette loi qui a redistribué les cartes entre les collectivités territoriales au nom d’une plus grande clarté et d’une meilleure efficience. Les dégâts sont là encore nombreux, se passant dans l’indifférence quasi générale. C’est cet- te même loi N.O.T.R.E. qui a notam- ment contribué à la liquidation en fin d’année dernière de Développement 25, l’agence économique du Doubs. Et avec elle, les salariés ballottés depuis des mois entre incertitudes sur leur sort et désespoir lié à la fin tragique de leur aventure professionnelle. Dans certaines communautés de communes au périmètre augmenté parfois en dépit de toute logique de territoire - rappe- lons l’incongruité de Loue-Lison qui s’étale de Mouthier-Hautepierre à Arc- et-Senans aux portes du Jura -, des agents territoriaux ne savaient même pas en arrivant dans leurs nouvelles fonctions au 1er janvier où ils seront affectés ni quelle sera la nature de leur mission ! Cette réforme mal ficelée a enfin eu comme conséquence dra- matique de mettre à dos les territoires les uns contre les autres alors qu’ils avaient mis des années, le temps néces- saire, à apprendre à travailler ensemble pour le bien commun. C’est donc à une opération de démolition territoria- le que l’on assiste là sous le regard effaré des élus locaux, la circonspec- tion des administrés et le désarroi de milliers d’agents en France. On est en présence ici, certes pas de la plus médiatisée, mais sans doute de la pire réforme du quinquennat Hollande. ■ Jean-François Hauser Éditorial est éditée par “Publipresse Médias” - 1, rue de la Brasserie B.P. 83143 - 25503 MORTEAU CEDEX Tél. : 03 81 67 90 80 - Fax : 03 81 67 90 81 E-mail : redaction@publipresse.fr S.I.R.E.N. : 424 896 645 Directeur de la publication : Éric TOURNOUX Directeur de la rédaction : Jean-François HAUSER Directeur artistique : Olivier CHEVALIER Rédaction : Édouard Choulet, Thomas Comte, Jean-François Hauser. Ont collaboré à ce numéro : Céline Garrigues, Sarah George, Marie Rousselet. Contact pub : François ROUYER au 06 70 10 90 04 Imprimé à Nancy Print - I.S.S.N. : 1623-7641 Dépôt légal : Janvier 2017 Commission paritaire : 0220 D 80130 Crédits photos : L.P.B., Diocèse de Besançon, A. Malthey, P. Nogueira, J.-C. Sexe - Ville de Besançon.

Tous les mois, retrouvez la rubrique “Retour sur info”. Le Japon a eu les yeux tournés vers Besançon

D epuis le 4 décembre, un véritable feuilleton - sordide - s’est noué autour de la disparition de Narumi Kurosaki à Besançon. “L’affaire Narumi” comme elle est désormais appelée est suivie de très près au Japon. Narumi Kurosaki, c’est cette étudiante japonaise de 21 ans élève au Centre de linguistique appliquée (C.L.A.) de Besançon, annoncée morte par le parquet de Besançon mais dont le corps n’avait, à l’heure où nous bouclions ces lignes, pas été retrouvé. Une ques- tion revenait sur toutes les lèvres : est-on certain de sa mort ? “Pensez à la famille” relate un journaliste japonais. Selon la procureure de la République, “un faisceau d’indices ne laisse plus de place au doute.” C’est son ex-petit ami, un Chilien rencontré au Japon, qui est le principal suspect. Une enquête est ouver- te à Besançon pour “assassinat présumé”. À Besan- çon, de nombreux médias japonais informent quasi quotidiennement depuis la mi-décembre. C’est le cas

de la télévision publique N.H.K. : “L’affaire est très suivie au Japon” , confirme le journaliste qui couvre l’événement avec deux autres collègues pour la même chaîne. S’ils sont polis, les Japonais avouent leur incompréhension : “Ce qui est incompris, c’est que Narumi soit annoncée morte alors que nous n’avons pas le corps. Au Japon, on n’annonce jamais une mort sans le corps. Cela ne passe pas” explique le journaliste dont le reportage faisait le 4 janvier enco- re la une du média nippon (notre photo). Certains par- lent français, d’autres sont venus avec des inter- prètes. La veille, le 3 janvier, soit quasiment un mois après la disparition de la jeune femme, la procureure de la République de Besançon tenait une conférence de presse devant une trentaine de journalistes. Une sal- le d’audience était réquisitionnée pour accueillir les caméras. Edwige Roux-Morizot a une nouvelle fois écarté la

thèse du suicide ou de la fugue. “On en attendait beaucoup. Rien n’a été dit. On va sans doute quitter Besançon. Nous avons déjà des équipes au Chili” nous indiquait le confrère japonais. La procureure n’a rien dévoilé : une discrétion “pour le bien de l’en- quête” dit-elle. Le caractère “envahissant et inquié- tant de son ex-petit ami chilien rencontré au Japon” a tout de fois été révélé. À sa famille, la jeune nippone déclarait se sentir bien à Besançon. Elle avait d’ailleurs un nouveau petit ami. Le fameux soir du 4 décembre, elle a dîné avec son “ex” dans un restaurant à Ornans comme l’attestent des caméras de vidéosurveillance. Pourquoi ce der- nier est-il venu à Besançon ? Pour régler ses comptes ? Recoller les morceaux ? Un cri a été entendu en plei- ne nuit dans la chambre étudiante de la jeune fem- me par d’autres résidents universitaires sur le cam- pus de la Bouloie à Besançon. Le tribunal ne confirme pas la présence de sang vers une sortie de la rési- dence universitaire. Depuis, plus une trace de la jeune femme alors que son ex-petit ami chilien aurait quitté la région dès le 7 décembre en prenant un avion depuis l’aéroport de Genève pour son pays. Un mandat d’arrêt interna- tional a été prononcé à son encontre. Les Japonais présents à Besançon avouaient mardi 3 janvier au soir se poser la question de savoir s’il fallait ou non encore rester ici : “On se marche sur les pieds ici et nous n’avons pas plus d’informations ici qu’au Japon. Je crois qu’il faut attendre davanta- ge du Chili” conclut un reporter. Sans commune mesure avec le malheur que vit la famille de Narumi, l’affaire porte préjudice au C.L.A. qui n’a - évidemment - rien à se reprocher. Une cel- lule d’aide psychologique au C.L.A. et au campus a été mise en place. ■ Le site Internet de la télévision publique japonaise N.H.K. publie régulièrement des articles. En haut à droite, Narumi en photo.

L’affaire “Narumi” tient en haleine de nombreux médias japonais. Ici, le 3 janvier, ils posaient des questions à la procureure de la République de Besançon.

U n nez qui coule, de la fièvre, des éternuements. Ces symptômes liés à la grippe ont touché de nombreux Bisontins. “L’épidémie de grippe présente dans toute la métro- pole est fortement installée en Bour- gogne-Franche-Comté depuis fin décembre, avec un nombre de consul- tations en forte augmentation et un nombre d’hospitalisations croissant” concède l’Agence régionale de santé de Bourgogne-Franche-Comté. L’ensemble des acteurs de santé étaient, mi-janvier, toujours sollicités pour assurer la meilleure prise en charge des malades qui ont consul- té leur médecin ou parfois directe- ment le service des urgences du C.H.R.U. de Besançon par exemple. “Plusieurs services d’urgences de la région se trouvent en difficulté face à cet afflux” indique l’Agence régio- nale de santé. À Besançon, le service accueil des urgences a noté une augmentation de plus de 10 % de l’activité. “Dans 50 % des consultations aux urgences, il y a eu hospitalisation. La prise en charge était donc assez importante” annonce le C.H.R.U. de Besançon. Les médecins et l’ensemble des pro- fessionnels de santé libéraux restent mobilisés, pour favoriser au maxi- mum la prise en charge ambulatoire des malades et ne recourir à un éta- blissement de santé que pour les situations d’urgence le nécessitant. L’A.R.S. rappelle qu’il faut en pre- mier lieu solliciter son médecin trai- tant, ou la maison médicale de gar- de en appelant le 15. Pour éviter la propagation des virus, il est par ailleurs recommandé de limiter les visites dans les services hospitaliers ou de se ren- seigner auprès de l’établissement au préalable. ■ 10 % d’activité en plus aux urgences du C.H.U. Pour des symptômes liés à la grippe, consultez votre médecin plutôt que le service des urgences demande l’A.R.S.

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L’INTERVIEW DU MOIS

La Presse Bisontine n° 184 - Février 2017

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ÉCONOMIE

Dominique Roy, le président de la C.C.I. du Doubs “Nous devons changer

de modèle économique”

L a Presse Bisontine : Lors des récentes élections, la C.C.I. du Doubs a été renou- velée à plus de 70 %. Ce besoin de renouvellement était nécessaire ? Dominique Roy : Il nous a surtout per- mis d’atteindre la quasi-parité entre hommes et femmes puisque nous comp- tons désormais 18 femmes et 22 hommes au conseil d’administration de la Chambre. Sachant que dans l’in- dustrie, à peine 10 % des chefs d’en- treprise sont des femmes, c’est une réelle performance et c’est très bien d’avoir pu impliquer autant de femmes. L.P.B. : En tant que président, vous avez été réélu à l’unanimité. Vous n’aviez pas envie de passer la main ? D.R. : Si je suis reparti pour un man- dat de cinq ans, c’est pour mettre en œuvre tous les projets que nous n’avons pas pu activer ces trois dernières années à cause des ponctions de Bercy sur le budget des C.C.I., et notamment le pro- jet d’implantation à Pontarlier. L.P.B. : Rappelez-nous le contexte ? D.R. : Un an et demi après mon arrivée à la tête de la Chambre, nous avons été frappés par la trajectoire trienna- le de Bercy qui a abouti à une première ponction de 2 millions d’euros, puis une seconde de 8 millions sur nos réserves financières. La technique du gouvernement a été de piquer dans les nique Roy souhaite changer la gouver- nance de cette institution souvent critiquée par les acteurs de l’écono- mie. Explications. Réélu à la tête de la Chambre de commerce et d’industrie du Doubs, Domi-

Dominique Roy a été réélu à l’unanimité président de la C.C.I. du Doubs pour un mandat de cinq ans.

dans les deux mois à venir sur cette question. Clairement, les gens sont inquiets parce qu’ils n’ont pas de visi- bilité sur leurs missions. Il est clair que les conditions de travail ne sont plus aussi favorables qu’elles ont pu l’être dans le passé. L.P.B. : Sur le plan économique, comment appréhendez-vous 2017 ? D.R. : L’année 2017 reste fragile. Je suis toujours un peu inquiet par rapport aux années électorales qui ne sont jamais euphoriques. En plus, l’écono- mie marche à la confiance et on ne peut pas dire qu’on ait eu des marques de confiance ces dernières années. 2017 ne devrait pas être une année avec de vraies perspectives de consommation ou d’investissement. Il y a tout de même des motifs de satisfaction avec l’im- mense succès de la Peugeot 3008 qui se répercute sur tout le territoire avec de beaux projets d’investissement sur le site de Sochaux. Il y a aussi ce bal- lon d’oxygène pour Alstom qui nous conforte ici pour Ornans. Ma princi- pale source d’inquiétude concernerait plutôt le commerce de proximité en centre-ville. À Besançon, on n’a pas encore retrouvé le niveau d’activité de l’avant-tram. Heureusement il y a enco- re des zones qui échappent à cette situation. C’est le cas bien évidemment dans le Haut-Doubs où le commerce de centre-ville reste florissant. L.P.B. : Un mot de la Suisse ? D.R. : La Suisse a toujours connu des fluctuations, mais il y a aussi des cycles longs et là, il semble qu’on ait affaire à un cycle long. On assiste peut-être aussi à un changement de modèle côté suisse. n Propos recueillis par J.-F.H.

fiées ? D.R. : Si la loi de finances passait en l’état, les C.C.I. étaient à nouveau ponction- nées de 60 millions d’euros sur le plan national. Nos res- sources de fonction- nement sont basées à hauteur de 60 % sur la ressource fiscale : C.F.E. et C.V.A.E. issues de l’ancienne taxe professionnelle. Cette ressource avait baissé de 37% ces der- nières années. Je sou- haite désormais tra- vailler avec les intercommunalités du Doubs, notamment en signant des conven-

en termes d’évaluation des pollutions, à l’emplacement des anciens ateliers municipaux. Et donc, ce projet a buté contre ces fameux problèmes de finan- cement liés aux ponctions de l’État sur notre budget. Mais avec la nouvelle équipe, nous relançons ce projet, mais en moins coûteux. Nous cherchons désormais un bâtiment existant à amé- nager. L’objectif est maintenant d’al- ler vite. Je souhaite que l’acquisition de ce bâtiment, voire les travaux d’amé- nagement, puissent se faire en 2017. L.P.B. : L’heure n’est-elle pas plutôt à la régio- nalisation ? L’échelon départemental a-t-il encore un sens pour la C.C.I. ? D.R. : Le niveau régional sert à définir des stratégies, à développer l’innova- tion, les expertises. Mais les territoires resteront les niveaux les plus perti- nents pour agir. C’est la raison pour laquelle j’ai fait valider courant 2016 l’idée d’une présence différente de la C.C.I. sur les territoires et d’une gou- vernance différente. L.P.B. : Et par quoi cette nouvelle gouvernan- ce va-t-elle se traduire concrètement ? D.R. : Jusqu’à maintenant, on a une C.C.I. dirigée depuis Besançon, avec un président, un bureau, qui organi- se des Assemblées générales quatre ou cinq fois dans l’année. Je souhaite désormais avoir une implication des élus au quotidien sur leur territoire. Pour moi, l’utilité de la Chambre, c’est d’anticiper les besoins des entreprises, les accompagner sur leur territoire. C’est la raison pour laquelle nous avons défini sept grands périmètres dans le Doubs, correspondant aux différents S.C.O.T. (schémas de cohérence terri- toriale) et j’ai fait désigner un chef de file référent pour chaque secteur qu’on

appelle désormais des G.E.T. (groupe- ments d’entreprises territoriales). Pour le Grand Besançon, ce sera moi, pour le Haut-Doubs pontissalien, ce sera Thierry Pétament, pour le Haut-Doubs Horloger Philippe Gille, Lucile Cadrot- Bertin pour les Portes du Haut-Doubs, etc. L.P.B. : Quel sera leur rôle ? D.R. : Il sera de rassembler de maniè- re informelle quelques entreprises emblématiques de leur territoire, et quelques élus, de manière à organiser régulièrement des réunions par rap- port à des sujets émergents. L’idée est d’être impliqués en amont et pas après coup. Comme sur le projet éolien du Doubs central où on n’a pas été asso- ciés en amont et c’est regrettable. Je souhaite donc changer de méthode. L.P.B. : Que vous inspire le taux de participa- tion très faible lors des dernières élections à la C.C.I. : 11,5 % seulement ? D.R. : Plus une Chambre a un périmètre large, plus ce taux est faible. Il a été d’à peine 3 % à Paris, et de 20 % dans le Territoire de Belfort. Cela signifie que la Chambre semble toujours éloi- gnée des préoccupations des chefs d’en- treprise. Les gens ont l’air désenchantés de tout car en France, le chômage est endémique et que de fait, on a ainsi l’impression que toutes les structures associées à l’emploi ne servent à rien. La C.C.I. n’y échappe pas. Un de mes principaux objectifs est bien d’amener à prouver toute notre utilité sur ce ter- ritoire. L.P.B. : Avant le vote de la loi de finances 2017, les syndicats exprimaient toutes leurs craintes concernant l’avenir des C.C.I. et la pérennité des emplois. Ces craintes sont-elles justi-

poches de ceux qui avaient la chance d’avoir des réserves. Tout cela pour verser au tonneau des Danaïdes de l’État… Cette méthode a litté- ralement marqué un coup d’arrêt à tous nos grands projets, notam- ment celui de créer un centre de compétences horloger au sein de la C.C.I. L.P.B. : Le projet de construi- re une antenne de la C.C.I. à Pontarlier a également été abandonné ? D.R. : L’idée était d’ins- taller une présence de la Chambre dans le Haut-Doubs dans un bâtiment bien visible, dont les étages auraient été consacrés à un centre de formation pour répondre aux besoins du bassin d’em- ploi. Nous avons d’abord été confrontés à un terrain compliqué

“On assiste à un changement de modèle côté suisse.”

“Les craintes pour l’emploi sont légitimes.”

tions avec elles pour leur fournir du conseil plutôt qu’elles fassent appel à d’autres cabinets ou agences. Je sou- haite que le rapport entre nos res- sources fiscales et nos autres recettes liées à notre activité s’inverse. Que le rapport 60-40 devienne 40-60. Nous devons changer de modèle économique. Nous devons passer d’une Chambre consommatrice de ressources fiscales à une Chambre génératrice de recettes. Au sujet des craintes concernant l’em- ploi, elles sont légitimes.Avec les ponc- tions passées, nous avons dû par exemple fermer une de nos deux écoles de formation. L’évolution des effectifs sera liée à nos besoins futurs et à nos moyens. Je pense que certains effec- tifs seront supprimés sur le plan régio- nal, d’autres redéployés sur les terri- toiresmais à condition que les territoires aient les moyens en face. Tout se joue

BESANÇON

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Phenomen veut réenchanter l’heure avec des montres audacieuses HORLOGERIE Design vs technique : et si on ne choisissait pas ?

Cet ingénieur formé au design , qui a un temps travaillé à l’élaboration de concept-cars chez P.S.A., a longtemps attendu de la part des marques hor- logères “un peu plus d’excitation visuel- le.” Mais “la plupart se sont reposées sur leur acquis et leurs modèles sont sensiblement les mêmes en 1960, 2000 ou aujourd’hui.” Avec Olivier Gamiette, également desi- gner et ingénieur mécanique de for- mation, l’horloger Bruno Laville et un spécialiste des composants horlogers, Emmanuel Meyer, il crée donc l’en- treprise Phenomen, qui va d’abord pas- ser 18 mois au sein de l’incubateur à Témis. L’équipe se fait rapidement remarquer en sortant un ouvrage en octobre 2015, présentant ni plus ni moins qu’une trentaine de concepts horlogers. Des dessins de montres audacieuses, axées sur le design et la créativité, qui bou- leversent les codes classiques de l’hor- logerie habituée à la plus grande confi- dentialité. Avec l’idée que “ce n’est pas grave si on s’en inspire ou si on subti- lise les idées.” Il y en a apparemment bien d’autres en stock. Le renouveau horloger tel qu’ils le conçoivent passe aussi par là. “Nos concepts vont dans des directions extra- vagantes, sans retenue. On va sans dou- te trop loin sur certaines montres, pas assez ou maladroitement sur d’autres, mais on explore…” Bien mal leur en a pris puisqu’on dit

Donner l’heure, oui… Mais en créant une émotion visuelle. C’est le pari un peu fou que se sont lancé quatre entrepreneurs à Besançon autour d’une nouvelle marque horlogère.

C’ est une révolution. En tout cas, ça y ressemble beaucoup dans le milieu très fermé et séculaire de l’horlogerie. “On veut réenchanter la face de l’heure,

regarder notre montre parce qu’on la trouve belle et parce qu’on l’aime et plus seulement pour y lire l’heure” , explique Alexandre Meyer, le dirigeant fondateur.

Phenomen veut s’appuyer sur l’expertise bisontine et jouer la carte du Made in France dans la mesure du possible, certains composants ayant du mal à se trouver. Ici, Olivier Gamiette, designer et ingénieur mécanique.

industrie horlogère suisse plus en dif- ficulté que ce qui avait été anticipé.” L’un de ses partenaires techniques hel- vètes est notamment en liquidation judiciaire. Elle prévoit toujours cependant de pré- senter un premier développement d’ici la fin 2017. D’ici là, ils ne seront peut- être plus que deux ou trois à porter le projet. “La prise de risque et les visions n’étant pas les mêmes pour chacun de nous, mais il y a d’autres moyens de collaborer” , résume Alexandre Meyer, qui compte bien s’offrir le temps du développement. “Nous avons des objets ambitieux et on se fera les maîtres du temps pour bien les faire.” n S.G.

dans les couloirs que l’ouvrage a atter- ri sur le bureau des grands décision- naires. Des réactions d’enthousiasme, de gêne ou de surprise éveillent aus- si la toile. La question du prix inter-

roge surtout. Les contraintes techniques alliées au design ren- chérissant sur les coûts. “On parlera en plusieurs milliers d’eu- ros” , concède Alexandre Meyer. En pépinière depuis cet automne, l’entre- prise se confronte éga- lement à la réalité éco- nomique et “à une

Un premier modèle d’ici fin 2017.

Les modèles développés par Phenomen devraient être de petites séries.

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L’ÉVÉNEMENT

La Presse Bisontine n° 184 - Février 2017

CHRISTINE BOUQUIN : DUR, DUR D’ÊTRE PRÉSIDENTE…

Un budget 2017 construit dans un contexte financier qui n’a jamais été aussi tendu, une fin d’année marquée par la fin tragique de Développement 25, l’agence de développement économique du Doubs, une candidature aux législatives que tout le monde n’a pas compris, un changement de directeur de cabinet… Ce début d’année est plutôt agité pour une Christine Bouquin malmenée par son opposition mais qui se présente pourtant combative comme jamais.

l Analyse Changement de dir’cab La présidente fait front Alors qu’un budget 2017 particulièrement compliqué a été

Réaction “Je n’abandonnerai jamais le navire” La Presse Bisontine : Vous entendez certaines critiques qui vous sont adressées ? Christine Bouquin : C’est légitime que des gens se posent des questions dans un contexte particulièrement difficile comme en ce moment. Et avec les difficultés que traversent nos collectivités, des choses peuvent vite monter en épingle. J’ai profité de la cérémonie des vœux décentralisés aux agents le 5 janvier à Pontarlier pour leur dire que jamais je n’abandonnerai le navire. L.P.B. : Vous tenez fermement la barre ? C.B. : Évidemment. Le projet C@p25 est maintenant sur les rails, le budget pluri-annuel est validé et voté, la réorganisation des services est engagée. Quoi qu’il arrive, je suis présidente encore pour au moins plusieurs mois et je resterai de toute manière conseillère départementale. Il y a une patronne, avec une équipe autour d’elle, et tout se passera comme prévu. De grands défis nous attendent. L.P.B. : Que répondez-vous à ceux qui pensent que votre passage à la tête de ce Département est éphémère ? C.B. : Je réponds que je ne vais pas partir de cette maison, quel que soit le scénario des législatives. Cela fait 15 ans que je travaille pour cette collecti- vité. Ce n’est pas comme si j’avais fait un passage d’une année. L.P.B. : Si vous êtes élue députée en juin, c’est Annick Jacquemet qui vous succédera ? C.B. : Rien n’est arrêté, il n’y a eu aucune décision de prise à ce sujet-là. Nous n’en sommes même pas au début de la campagne des législatives. Il y a tant de dossiers à gérer avant. n Recueilli par J.-F.H.

bon trio” assure Christine Bouquin. Mais c’est sans doute sa décision de se présenter aux législatives de juin prochain qui cause à la présidente Bou- quin le plus de déboires, au sein même de la maison Doubs. Certains agents, l’accusent de vouloir “fuir le navire” et se disent déçus. Au sein même du par- ti Les Républicains auquel Christine Bouquin a adhéré à nouveau en vue de cette investiture aux législatives, quelques réserves sont également émises : “On lui reproche d’avoir davan- tage fait le bilan de l’action de son pré- décesseur que d’actions depuis deux ans. Et elle aurait sans doute dû faire le ménage au sein des cadres du Dépar- tement qui travaillaient à l’époque Jeannerot. Qu’elle ait choisi un nou- veau directeur de cabinet va peut-être faire bouger les lignes. Il lui est repro- ché maintenant de courir deux lièvres à la fois. Il va surtout se poser la ques- tion de sa succession car si François Fillon est élu, il ne reviendra pas sur le non-cumul des mandats. Mais cela, c’est une autre affaire…” estime ce cadre du parti. Faisant front, sans jamais se départir de sa combativité, la présidente Bou- quin traverse ces épreuves successives sans ciller. Nul doute que les reproches qui lui sont faits la touchent.Mais dans la tempête, elle continue à ternir fer- mement la barre. n J.-F.H.

voté, la présidente du Conseil départemental essuie les critiques de son opposition, normal, et d’une partie des agents du Département encore interrogatifs sur sa décision de se présenter aux législatives de juin.

D ur, dur d’être présidente d’un exécutif départemental au moment où la loi N.O.T.R.E. bouleverse les missions des collectivités territoriales et où l’État continue à promettre du sang et des larmes aux présidents de ces même exécutifs avec des dotations toujours en baisse. Signe de ces difficultés : le Département du Doubs est désormais éligible au nouveau fonds d’urgence débloqué par l’État pour pouvoir assu- mer le paiement du R.S.A. Dans ce contexte particulièrement tendu, la présidente et ses équipes ont réussi à boucler un budget en rognant sur les dépenses (voir en page suivante). Le douloureux épisode de la liquida- tion de l’agence Développement 25 aura marqué la fin d’année avec des salariés sur le carreau qui n’admet- tent pas d’être les victimes expiatoires de la loi N.O.T.R.E. L’affaire, montée en épingle, est désormais entre les mains des avocats. “Raison pour laquel- le je ne ferai pas plus de commentaires” note Christine Bouiqn, tout en préci-

sant que “nous continuons à tout fai- re pour que l’ensemble des salariés aient une solution.” Le changement récent de directeur de cabinet - Philippe Pichery remplace Daniel Benazeraf - met de l’eau au moulin de ceux qui trouveraient que

Christine Bouquin a bien du mal à tenir la barre duDépartement. Sur ce point, la prési- dente est droite dans ses bottes : “J’ai confié à Daniel Benazeraf la mission de gérer la nouvelle agence d’ap- pui au territoire. Il n’était pas question de laisser vacante cette place longtemps. Le recrutement de Phi- lippe Pichery s’est fait rapidement. Avec Gilles Da Costa, Phi- lippe Pichery et moi- même et moi-même, nous formeront un très

“Elle n’a pas fait le ménage au sein des cadres du Département.”

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Un budget en baisse pour la première fois l Conseil départemental Les contraintes financières du Département ont obligé Christine Bouquin à présenter un budget en baisse. Une première depuis cinquante ans. L’heure est bien à la rigueur.

Le directeur de cabinet change de fonction l Communes Une nouvelle taxe en raison de la loi N.O.T.R.E. L’aide aux communes en matière d’assistance informatique et juridique coûte depuis le 1 er janvier 0,60 centime par habitant. Daniel Benazeraf prend la tête de l’A.D.@.T.

Budget primitif 2017

lions d’euros “pour rembourser la dette contractée par le précédent exé- cutif” souligne Christine Bouquin. 24millions, c’est l’équivalent du prix de construction d’un grand collège neuf tout équipé. “Cette dette est une pierre dans notre sac à dos. C’est un mur de 260 millions d’euros alors qu’il était de 20 millions seulement en 2004” ajoute M me Bouquin. La réponse de l’opposition a été assez cinglante par la voix deMartineVoi- dey qui dénonçait “une plaidoirie à charge” contre la gestion précéden- te du président Jeannerot, citant à son tour des incohérences dans la gestion actuelle de la droite : “Vous avez bien trouvé les moyens pour dégager 600 000 euros pour la sali- ne d’Arc-et-Senans sur trois exer- cices budgétaires.Toutes proportions gardées, vous annoncez que vous blo- quez 105 000 euros pour des achats d’encarts publicitaires.Vous dépen- sez des sommes énormes pour vous payer les conseils de cabinets d’études. Additionnées, ces sommes atteignent 1,2 million d’euros.”

A. D.@T. : un nouvel acronyme appa- ru depuis le 1 er janvier dans le Doubs. Il désigne l’Agence de Développement et d’Appui au Territoire. Cet établissement public administratif composé de 9 personnes, basé à Fort Grif- fon à Besançon, est la conséquence direc- te de la loi N.O.T.R.E. Avec la perte de la clause de compétence générale, la collectivité ne peut en effet plus assurer “gratuitement” l’assistance informatique et juridique des communes duDoubs comme elle le faisait jusqu’à pré- sent. Toutes en profitaient sauf Besançon, Montbéliard,Métabief, la communauté de communes du Grand Pontarlier, Valenti- gney, Audincourt, Sochaux, qui disposaient de services internes pour gérer ce servi- ce. L’impôt des habitants du Doubs payait ce service, ce qui n’est plus possible depuis 2017, d’où la naissance de l’A.D.@T. et le grincement de dents de certains maires de communes qui perçoivent cette contri- bution comme une nouvelle ligne à inclu- re dans leur budget. Il en coûte 0,60 cen- time par an et par habitant (hors taxes) plus un forfait à l’année de 100 euros. “Les communes devront délibérer pour indi- quer ou non leur adhésion. Il y a poten-

tiellement 750 clients. Cela nous permet donc de négocier le prix et la maintenan- ce des logiciels…qui coûteraient beaucoup plus cher à une seule commune.Nous allons apporter une plus-value avec de la déma- térialisation” explique Daniel Benazeraf, ancien directeur de cabinet de présiden- te du Département et nouveau directeur de cette agence présidée par Christine Bouquin. Le Doubs a d’ailleurs offert une dotation de base de l’ordre de 500 000 euros. Il s’est engagé à verser une subvention de 50 % du coût de l’A.D.@T. 9 personnes tra- vaillent ici. Un responsable informatique doit encore être embauché. Le budget de cette structure avoisine le million d’euros par an dont la moitié est apportée par les cotisations. Les E.P.C.I. et syndicats pour- ront également y souscrire. La loi N.O.T.R.E. dont l’un des objectifs est de rationaliser les structures a créé de fait d’autres entités. Une nouvelle usi- ne à gaz ? À écouter les responsables, ce service est indispensable : il permet de gérer les budgets, gère la composition des listes électorales… dans les communes. “C’est un service dont on ne peut se pas- ser” admet un élu. L’A.D.@T. promet d’être réactive. n

“N ous sommes clairement en situation d’asphyxie financière.” Le ton de Christine Bouquin n’était pas vrai- ment à la détente lors de la session budgétaire duConseil départemental d’avant Noël le 19 décembre der- nier. Comme 40 autres départe- ments de France, le Doubs est éli- gible au fonds d’urgence pour le versement du R.S.A. Avec un budget primitif 2017 à 541 millions d’euros, “pour la pre- mière fois depuis plus de 50 ans, nous présentons un budget primitif dont le volume est en baisse” souli- gnait la présidente de l’exécutif départemental lors de cette séance de fin d’année. Motif : des recettes de fonctionnement en baisse de 5 %, tout comme les dépenses. “Pour équi- librer ce budget primitif, nous avons inscrit 25 millions d’euros d’em- prunts. Sur le plan des économies, nous sommes à l’os.” Cet emprunt qui creuse une dette déjà abyssale qui oblige chaque année le Dépar- tement à trouver près de 24 mil-

Malgré les critiques, la majorité a défen- du la construction de ce budget 2017 qui permet, selon Christine Bouquin, “d’engager les réformes dont nous avons besoin dans un contexte jamais vécu de mémoire de conseiller départe- mental.” n J.-F.H.

“Des sommes énormes pour payer des cabinets d’études.”

Le vote du budget en fin d’année dernière s’est fait dans la douleur au Conseil départemental.

l Collectivité Conséquence de la fin la compétence économique Les salariés Développement 25 continuent à mettre la pression

L’agence économique du Doubs a fermé au motif que la compétence économique n’est plus une compétence départementale. Les 11 salariés licenciés dénoncent des mensonges. L’affaire ira-t-elle plus loin ?

Une partie des salariés

L e travail des ex-“Développe- ment 25” a souvent été loué par les entreprises du Doubs, petites ou moyennes. Elles y trouvaient des conseils et des aides en matière d’accompagnement écono- mique. Depuis la liquidation judiciai- re prononcée le 7 décembre dernier, 11 salariés sont sans emploi. Désormais, à eux de demander de l’aide. Les entre- prises départementales, elles, se tour- neront vers l’Agence régionale de déve- loppement (Région). Les anciens collaborateurs de l’agen- ce créée en 2006 sont sortis de leur Les salaires en question ? Développement 25 disparaît-il parce que les salaires étaient trop élevés ? Sont-ils une des causes de difficul- tés de reclassement dans d’autres structures ? Aucune des parties n’y répond. Le plus haut salaire avoisi- nait par exemple les 9 000 euros par mois. n

silence et dénoncent les mensonges dont ils se disent victimes. La Presse Bisontine avait d’ailleurs consacré un article en novembre dernier pour annon- cer la fermeture de l’agence. Selon les agents, le Doubs aurait pu les sauver en poursuivant la mission comme le font 80 % des autres dépar- tements comme la Savoie, l’Allier, la Moselle, le Haut-Rhin, le Bas-Rhin ou encore les Ardennes, grâce à des modi- fications statutaires de gouvernance et de financement. Ce que le Département conteste for- mellement au motif que “la loi N.O.T.R.E. l’en empêche.” Et la Prési- dente Christine Bouquin de rappeler “que le Département n’est pas l’em- ployeur des salariés de Développement 25 mais qu’il a engagé de nombreuses démarches pour permettre le reclasse- ment, que l’assemblée générale de Déve- loppement 25 a décidé à l’unanimité la dissolution de l’association ou enco- re que la commission permanente a débloqué à titre exceptionnel le verse- ment d’une avance de 50 000 euros pour le paiement des acomptes de salaires de décembre.” La réponse de l’exécutif a irrité le per- sonnel qui s’est fendu de deux com- muniqués intitulés : “Une présidente

désemparés de Développement 25 lors de l’assemblée plénière de décembre au Conseil départemental à Besançon.

effacer nos années d’implication professionnelle pour le Doubs” conclut le porte-paro- le. Parmi les salariés licenciés, une per- sonne a été embauchée au syndicat mixte T.H.D. (très haut débit), et deux personnes ont été approchées pour rejoindre le Département au titre du suivi des allocataires R.S.A. travailleurs indépendants. La Région “a ouvert 6 postes. Les candidatures peuvent être déposées” rappelle la Bourgogne- Franche-Comté. Insidieusement, la loi a créé de la cas- se sociale. Les anciens de Développe- ment 25 ne sont pas brisés. Ils pro- mettent de se faire entendre en 2017, année électorale. n E.Ch.

mentales pour créer un manque de liquidité durant la liquidation amiable) afin de nous placer en liquidation judi- ciaire et aux A.G.S. (régime de garan- tie des salaires) alors que nous sommes de fait des employés indirects du Doubs” expliquent les salariés par la voix de leur porte-parole. Une action au tribunal est-elle envi- sagée ? “Nous ne souhaitons pas, pour la majorité d’entre nous, aller au tri- bunal administratif, ni même aux Pru- d’hommes, bien que nous soyons cer- tains de gagner. Nous ne voulons pas avoir œuvré pour notre territoire et au final coûter aux contribuables. Nous souhaitons voir se mettre en place de véritables reclassements et/ou à défaut voir s’appliquer des licenciements selon nos statuts conventionnés. Nous n’ac- ceptons pas d’être ainsi bafoués et voir

ne devrait pas dire ça” daté du 5 jan- vier et “Répéter un mensonge n’en fait pas une vérité”. Les mots sont durs. Ce sont ceux d’un personnel sur la touche : “Nous sommes en colère en rai- son de deux points, dit le collectif. Le premier : la fermeture décidée politi- quement sans raison apparente mais justifiée par la loi N.O.T.R.E., prise en alibi, et la Région considérée comme fautive, prise en bouc émissaire. Cette manœuvre politicienne ne résout pas pour autant notre cas sur le plan social. Le second : cette fermeture a été orches- trée par un assèchement budgétaire organisé (budget réduit pour 2016 ne couvrant pas la masse salariale, blo- cage des subventions F.S.E. dues au titre des actions 2014-2015 au sein des services du Doubs, retard de paiement des soultes de subventions départe-

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Le bas de la rue de Belfort en voie unique CIRCULATION Aménagement de voirie Une des deux voies disparaît pour laisser place à des bandes cyclables entre la rue Chopard et la rue des Chaprais. Bouchons en vue ? Le stationnement, lui, sera gratuit les 15 premières minutes en phase test. Changement en mars.

Circulation sur une voie rue de Belfort au printemps pour davantage de sécurité pour les piétons et pour laisser la place aux modes doux.

L ongtemps, le sujet de la circulation et du station- nement au bas de la rue de Belfort est arrivé sur la table. Ou plutôt sur la route. D’un côté, les commerçants aga- cés du nombre trop faible de places de stationnement, de l’autre des cyclistes complète- ment oubliés, des piétons obli- gés de traverser rapidement les passages cloutés pour éviter les

voitures lancées parfois à vive allure… quand celles-ci ne sont pas engluées dans un ralentis- sement. Le service voirie et déplacement lance une profonde refonte du bas de la rue de Belfort. Chan- gement prévu en mars. “Le pre- mier changement de taille consis- te à supprimer une des deux voies de circulation pour laisser la place à des bandes cyclables”

annonce Marie Zehaf, adjointe en charge de la voirie à Besan- çon. Le projet a d’ailleurs été présenté aux riverains et aux commerçants. Cette suppression de la deuxiè- me voie entre la rue Chopard et la rue des Chaprais (environ 300 mètres à hauteur de la Pos- te) permettra également de créer quelques places de stationne- ments (non loin de la rue du Château rose) et en supprime d’autres (à l’angle avec la rue Chopard). Les deux bandes cyclables pourront être emprun- tées dans les deux sens (mon- tant et descendant). Des commerçants s’inquiètent : “On craint une baisse de trafic et une perte de 30 % de notre clientèle. Les automobilistes évi- teront de passer ici par crainte des bouchons” émet le fleuriste du “Jardin de Lily” rue de Bel- fort. Afin de les contenter, une expérimentation sur le sta- tionnement gratuit pour une durée de 15 minutes est lancée. “Si cela fonctionne, nous l’éten- drons peut-être au centre-ville… sachant que les 59 premières

Marie Zehaf. Cela ne poserait donc pas de problème de supprimer une voie sur le premier tronçon. La Vil- le n’a toutefois pas osé suppri-

minutes en parking souterrain sont déjà gratuites” indique le service déplacement. Une voie en moins, c’est forcé- ment moins de place pour les automobiles circulant en direc- tion de la gare ou de l’avenue Carnot. Doit-on s’attendre à de nouveaux bouchons ? Selon la mairie, la circulation a déjà dimi- nué de 25 % ici grâce notam- ment (mais pas que) au tram- way. “Pour ce qui est de créer des bouchons, c’est peu probable car le nombre de véhicules par jour du lundi au vendredi est passé de 16 670 en 2009 avant le tram- way à 12 290 en 2015” indique

s’allonger entre la rue Suard et la rue des Chaprais” dit un uti- lisateur du bus. Lors de la rencontre avec les élus, le fonctionnement sur le système de feux tricolores au bas de la gare Viotte a été évo- qué rapporte l’associationVivre aux Chaprais qui milite pour l’animation dans le quartier. Ce point noir du secteur aux heures de pointe n’a pas été résolu. L’idée de créer une voie mon- tante par les Glacis pour rejoindre la rue de Vesoul a été abandonnée pour des raisons techniques. n E.Ch.

mer la deuxième voie entre la rue des Chaprais et l’avenue Carnot. Devant les res- taurants rapides, les cafés, elles res- tent (environ 200 mètres). “Pour les usagers des bus des lignes 4, 10, 11 et 20, le temps de trajet risque de

“La circulation a diminué de 25 %.”

Besançon a prévu de nouveaux passages piétons et places de stationnements. D’autres sont supprimés (image Ville de Besançon).

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Ouvert le lundi de 14h à 19h. Du mardi au samedi de 9h30 à 12h et de 14h à 19h. 2 ADRESSES À BESANÇON: CHATEAUFARINE & VALENTIN

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MUSÉE

Visite de chantier Le musée des Beaux-Arts entrevoit la lumière

Visite du chantier du musée des Beaux-Arts et d’archéologie à Besançon où 400 m 2 de baies vitrées viennent d’être posées. Ouverture au public fin 2018.

Un musée en chantier jusqu’à fin 2018.

D ifficile de reconnaître l’ancien musée des Beaux-Arts et d’ar- chéologie de Besan- çon, place de la Révo- lution. Depuis sa fermeture pour travaux de rénovation le 14 avril 2014, suivie du déménagement des collections dans les réserves externalisées d’autres musées, les ouvriers s’affairent. La pous- sière et le bruit des machines ont remplacé l’ambiance calme et feutrée. Après la démolition de certains murs, planchers, l’enlèvement de poutres en bois moisies, pla- ce donc à la rénovation avec une

après avoir été incrustés dans des cadres métalliques par l’en- treprise Obliger, les verres Made in Saint-Gobain se sont élevés dans le ciel bisontin pour être posés sur le toit de l’édifice. “Leur mission est d’apporter de la lumière naturelle” rapporteAdel- fo Scaranello, l’architecte. 440m 2 de vitres ont été posées. Un tra- vail colossal, minutieux. Pour l’instant, les délais de chan- tier n’explosent pas : la réou- verture aura 4 mois de retard sur le calendrier prévisionnel (fin 2018, sans doute novembre). “Nous avons eu quelques sur- prises notamment sur des plan- chers à l’étage. C’étaient des chapes et non une dalle armée” concède un technicien. Il a donc fallu renforcer tout cela. La rénovation totale coûtera “11 millions d’euros toutes dépenses confondues” annonce Catherine Thiébaut, adjointe en charge des bâtiments à Besançon. C’est 1million de plus que la note annoncée. Mais le lieu promet d’être grandiose. “Nous avons notamment abais- sé toutes les fenêtres sur deman- de des élus pour que, depuis l’ex- térieur, on voie ce qui se passe dans le musée. Cela donnera au visiteur l’envie d’y entrer” pro- met l’architecte qui a notam- ment conçu le musée de l’Ab- baye à Saint-Claude (2008) où le musée Camille-Claudel à Nogent-sur-Oise. L’enjeu est de renforcer l’at- tractivité grâce à un nouveau parcours muséographique valo- risant les collections bisontines

Une réfection du sol au plafond.

nouvelle char- pente, de nou- veaux sols, murs et plafonds. Depuis son der- nier réaména- gement décidé en 1963 à la sui- te de la donation Besson et inau- guré en 1970 par l’architecte Louis Miquel, le musée n’avait connu aucune rénova- tion ! Bref, il était temps. Mercredi 21 décembre, le chantier vivait unmoment fort : la pose d’im- menses baies vitrées.Venus en convoi excep- tionnel depuis Miserey-Salines

“3 600 m 2 de surfaces disponibles.”

et à la création de nouveaux espaces d’expositions tempo- raires et de médiation. “C’est un des plus grands musées de Fran- ce, le 3 ème , l’un des plus anciens dans sa création (legs de Jean- Baptiste Boisot aux bénédictins de la ville en 1694) avec des col- lections intéressantes notam- ment ces dessins exceptionnels qui seront dans un premier temps mis en valeur au musée. Il fau- dra faire vivre ces œuvres pour que les Bisontins et au-delà de la Franche-Comté viennent visi- ter ce lieu de façon régulière” évoque Patrick Bontemps, adjoint en charge de la culture à Besançon. Le lieu pousse les murs : 3 600 m 2 de surface uti- le seront disponibles (environ 50 % supplémentaires). Vive- ment l’ouverture. n E.Ch.

ENTRETIEN Le nouveau directeur “Créer une histoire de l’art à partir de nos collections” Arrivé en octobre dernier, Nicolas Surlapierre est le nouveau directeur des musées de Besançon. Quels sont ses objectifs, ses missions ? Réponse.

contemporain. J’ai vécu dans des musées différents, sortis du sol comme le musée Matisse qui était un bijou dans le Cam- brésis, ou celui de Lille où nous avions des problématiques car nous étions à 20 minutes de Lille mais dans un cam- pus universitaire. À Belfort, c’étaient des lieux éclatés. À Besançon, ils sont dans la Boucle. L.P.B. : Quelle sera la portée du lieu ? N.S. : Le musée aura des visées inter- nationales, nationales, régionales, locales. On possède l’une des plus grandes col- lections d’art en France, la cinquième. J’espère que le Journal desArts qui publie le classement des musées nous placera en bonne position après l’ouverture. Ce n’est pas tant la place qui m’intéresse mais c’est une visibilité et montrer l’effort de la collectivité. C’est légitime. Cemusée, ce n’est pas de l’esbroufe. Il y a une vraie collection : on peut créer une histoire de l’art à partir de nos collections bisontines. L.P.B. : Quel sentiment vous anime à un an de l’ouverture ? N.S. : C’est une mission exaltante, l’am- biance est très bonne à Besançon. C’est passionnant d’avoir un outil comme celui- là. n Propos recueillis par E.Ch.

serons entre 65 et 70. L.P.B. : Quelle est votre mission ? N.S. : Elle est simple. Nous devons réac- tualiser le projet scientifique comme le demande l’État. Nous devons dire quel- le ambition nous voulons donner à ce musée, ce que l’on racontera, pour qui le raconter, et comment dans ce projet les équipes trouvent leur place. L.P.B. : Avez-vous répondu à ces ques- tions ? N.S. : Je suis en train d’y répondre. D’ici le printemps, je rendrai le projet scienti- fique et culturel. Il faut réfléchir à la stra- tégie de ce musée. Il faut que l’on tra- vaille avec cette localisation de centre-ville, travailler sur la problématique de cemusée de collectionneurs. J’aimerais rappeler que c’est le premier musée de France créée en 1694 avec une orientationmuséo- graphique très claire de l’abbé Boisot. Si on n’est pas le premier musée (on pen- se au Louvre), on est en tout cas le plus ancien. L.P.B. : Son enracinement au centre- ville est un atout ? N.S. : J’aimerais montrer que ce musée est un outil de proximité pour les visiteurs en partant du plus ancien pour aller au

N icolas Surlapierre (45 ans), ex- directeur des musées de Belfort depuis 2009, a pris la tête des musées de Besançon le 1 er octobre. Il succède à Emmanuel Gui- gon, parti diriger le musée Picasso de Barcelone. Il a rédigé une thèse sur le thème “Les artistes allemands en exil en France de 1933 à 1945 : histoire et ima- ginaires”, est devenu directeur adjoint au musée Matisse du Cateau-Cambrésis et a dirigé le musée d’arts modernes à Lil- le-Métropole. La Presse Bisontine : Quelle est votre spécialité ? Nicolas Surlapierre : Je suis vingtié- miste (spécialiste du contemporain). Cela complète bien l’équipe scientifique car

nous avons des spécialistes du XVI ème , XVII ème siècle, de l’archéologie, des des- sins. L.P.B. : Lorsque l’on arrive dans un musée chantier, arrive-t-on à se pro- jeter dans son nouvel outil de travail ? N.S. : C’est un bâtiment faussement com- plexe. Ce qui est compliqué, c’est l’ap- port de Miquel en 1970. Ce qui est plus difficile, c’est de découvrir une collection que vous maîtrisez en partie, ou pas d’ailleurs. Il faut se plonger dans les dos- siers scientifiques. L.P.B. : Quid des équipes ? N.S. : Il y a des questions managériales, d’équipe, à réfléchir. Nous sommes une petite cinquantaine. À l’ouverture, nous

Nicolas Surlapierre, nouveau directeur des musées de Besançon.

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