La Presse Bisontine 184 - Février 2017

ÉCONOMIE 30

La Presse Bisontine n°184 - Février 2017

14 éoliennes à l’Ouest bisontin ENVIRONNEMENT Développement éolien Pouilley-Français, Lantenne-Vertière, Corcondray et Mercey-le- Grand accueilleront un parc éolien. Le projet est déposé sur le bureau du préfet. Si tout va bien, elles tourneront en 2020.

P ouilley-Français bordé à sa droite par l’autoroute A 36, à sa gauche par la route nationale, traver- sée par la voie ferrée et une conduite de gaz, devrait d’ici 2020 accueillir cinq éoliennes sur son territoire. “Nous en avons informé la population en

Val Saint-Vitois (disparue au 1 er janvier) renaît de ses cendres. Les études de vent ont confir- mé la viabilité du parc baptisé “Doubs Ouest Énergies” : 5,9m/s à 100 mètres d’altitude. Trois autres communes sont concernées : Lantenne-Vertiè- re (6 éoliennes), Corcondray (1) et Mercey-le-Grand (2). Le dos- sier a été déposé fin décembre sur le bureau du préfet duDoubs. Porté par la société Opale basée à Fontain, ce parc ne semble - pour l’instant - pas subir la fron- de des habitants. “Mon conseil municipal a voté à bulletin secret. À 13 voix pour, 2 contre, il a vali- dé le projet” indique Thierry Malesieux, maire de Lantenne- Vertière. Pour ces communes, la manne financière est importante, de l’ordre de 60 000 euros par an pour Lantenne et 83 000 euros pour Pouilley-Français (avec la part C.A.G.B.). Toutefois, l’ar- rivée dans l’agglomération de Pouilley-Français change la don- ne fiscale… “Nous sommes effec- tivement en discussion avec l’ag- glomération de Besançon pour

décembre dernier lors d’une réunion publique” indique le maire Yves Maurice. Plusieurs questions sont revenues : quid des nuisances sonores, de l’ap- port financier, de la pollution visuelle ? Ce projet, initié par l’ancienne communauté de communes du

Le vent mesuré sur cette colline de Pouilley-Français est “suffisant” dit l’étude.

Le premier étant l’environne- ment : “ Au rythme de consom- mation actuel, le pétrole va arri- ver à épuisement d’ici 50 ans, le gaz d’ici 60 ans, le charbon d’ici 110 ans. C’est une alternative, pas la seule, mais j’estime qu’il ne faut pas rater le train en marche de l’énergie renouve- lable” déclare Yves Maurice. Même son de cloche du côté de Thierry Malesieux à Lantenne- Vertière qui revient de Perpi- gnan où il a visité un parc éolien : “Je préfère des éoliennes plutôt qu’un rang de plots d’une cen- trale nucléaire à léguer aux géné- rations futures.” ÀPouilley-Français, les éoliennes seront installées à environ 800 mètres des habitations. Elles produiront l’équivalent de la consommation de 23 000 foyers par an. Villers-Buzon, voisin, sera dédommagé. Les pales pour- ront être bridées en cas de fort vent afin d’éviter le dépasse-

ment sonore autorisé. “Je rap- pelle que le développement et l’installation des éoliennes se font sans aucun frais pour les communes” ajoute le premier magistrat de Pouilley-Français. L’enquête publique débutera en juin ou en septembre. Si aucun recours n’est déposé, les pre- miers travaux pourraient avoir lieu en 2019. Les pales devraient tourner en 2020, “ce qui ferait de nous le premier parc duGrand Besançon” conclut Yves Mauri- ce. Les opposants aux éoliennes martèlent de leur côté leur mes- sage : la Franche-Comté n’est pas lemeilleur endroit pour déve- lopper l’éolien. Le vent serait, selon eux, trop discontinu. L’éner- gie produite rejoindra le poste électrique de Saint-Vit. Les éoliennes arriveront, elles, par l’autoroute grâce à la création d’une sortie spécifique. n E.Ch.

récupérer davantage de fiscali- té” explique le maire qui ne compte pas avoir les désagré- ments visuels sans la contre- partie financière. Lantenne-Ver- tière et Corcondray qui sont inclus dans la communauté du Val Marnaysien sont, eux, assu- rés de recevoir 50 %. “Des inves- tisseurs sont prêts à mettre de l’argent sur notre territoire. Il faut réfléchir pour que cet inves-

tissement soit du gagnant- gagnant au pro- fit de la collec- tivité” poursuit Thierry Male- sieux. À écouter les élus, la manne financière n’est que le deuxiè- me argument qui les pousse à accueillir ces moulins à vent.

“Sans aucun frais pour les communes.”

Pouilley- Français veut des garanties financières avec la C.A.G.B. par rapport aux retombées fiscales.

AGRICULTURE Une profession en souffrance Agriculteurs en difficulté : 200 dossiers déjà traités dans le Doubs Peu sont ceux qui acceptent d’en parler, pourtant plusieurs exploitants agricoles sont en proie à un réel mal-être. Une conférence-débat était organisée à ce sujet début décembre à Dole par Solidarité Paysans Bourgogne-Franche-Comté.

“C e n’est pas facile d’être agriculteur et de travailler seul aujourd’hui. Il faut être pointu partout et si quelque chose ne va pas, cela peut vite être l’escalade.” Ferjeux Cour- gey, président de l’association partenaire des agriculteurs en difficulté du Doubs (A.P.A.D. 25), rattaché à Solidarité Paysans, sait de quoi il parle.Voilà un peu plus de 20 ans qu’il tente de répondre à des situations de détresse variée. Ils sont une vingtaine de béné- voles dans le département, sou- vent eux-mêmes agriculteurs comme lui, techniciens ou issus du milieu, à proposer leur aide. “Nous intervenons en binôme, on fixe un rendez-vous et on fait un

constat.” Suivant les urgences à traiter, l’association peut ensui- te aller négocier avec les créan- ciers, apporter une écoute ou accompagner à la prise de déci- sion. Mais la plupart du temps, “les paysans n’osent pas en parler.” Les 200 dossiers traités depuis la création de cette association

courrier” , souligne Ferjeux Cour- gey. Deux liquidations judiciaires ont dernièrement été accompa- gnées. Manque de revenus, trop gros investissements, contraintes de travail, pression familiale…Les difficultés sont variées, même si les cas d’impayés “allant de 30 000 à 100 000 euros” revien- nent le plus souvent. Comme cette personne qui voulait s’ins- taller mais qui a acheté trop cher par rapport au moyen de pro- duction, ou cette autre qui s’est retrouvée seule à gérer à lamort de ses parents. “On est pris dans une course à la rentabilité, on est poussé au productivisme tout en travaillant avec du vivant (la terre, les animaux, nous-mêmes). Il y a des annuités tous les mois

Plus de 150 participants étaient réunis lors de la conférence à Dole. L’importance de l’apport d’une réponse le plus en amont possible des difficultés a été rappelée.

à nos questions, mais selon les statistiques, 70 % des personnes accompagnées par Solidarité Paysans parviennent à mainte- nir leur activité. En région, une cellule de prévention a égale- ment été mise en place via la M.S.A. (joignable au 03 81 65 63 19) et la ligne Agri’écoute est accessible 24 heures sur 24 au 09 69 39 29 19. n S.G.

à payer, beaucoup de charges et celui qui va gagner sa vie va réin- vestir dans du matériel pour s’y retrouver fiscalement et ça fait boule de neige.” À quoi s’ajoute un système concurrentiel. L’association de soutien dans le Doubs est d’ailleurs née aumoment de l’at- tribution des quotas laitiers pour lutter contre les injustices. “J’ai choisi de m’investir à ce moment- là contre les pénalités et le fait

que les petits producteurs ne soient pas prioritaires dans la réattribution” , précise Ferjeux Courgey. Et personne ne semble épargné, y compris dans la zone A.O.C. “Il y a des paysans en dif- ficulté dans le comté aussi” , assu- re le président, en raison des coûts de fermage plus élevé, du prix des fermes et des coûts de production. Il ne s’est pas trouvé d’agricul- teurs qui veulent bien répondre

dans le Doubs en 1992, avec les suicides, ne seraient que la face visible de l’iceberg. “Beau- coup ne nous appellent pas, on nous dit simple- ment que le voi- sin vamal ou on nous envoie un

La zone de l’A.O.C. comté

également concernée.

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