La Presse Bisontine 184 - Février 2017

BESANÇON 10

La Presse Bisontine n°184 - Février 2017

MUSÉE

Visite de chantier Le musée des Beaux-Arts entrevoit la lumière

Visite du chantier du musée des Beaux-Arts et d’archéologie à Besançon où 400 m 2 de baies vitrées viennent d’être posées. Ouverture au public fin 2018.

Un musée en chantier jusqu’à fin 2018.

D ifficile de reconnaître l’ancien musée des Beaux-Arts et d’ar- chéologie de Besan- çon, place de la Révo- lution. Depuis sa fermeture pour travaux de rénovation le 14 avril 2014, suivie du déménagement des collections dans les réserves externalisées d’autres musées, les ouvriers s’affairent. La pous- sière et le bruit des machines ont remplacé l’ambiance calme et feutrée. Après la démolition de certains murs, planchers, l’enlèvement de poutres en bois moisies, pla- ce donc à la rénovation avec une

après avoir été incrustés dans des cadres métalliques par l’en- treprise Obliger, les verres Made in Saint-Gobain se sont élevés dans le ciel bisontin pour être posés sur le toit de l’édifice. “Leur mission est d’apporter de la lumière naturelle” rapporteAdel- fo Scaranello, l’architecte. 440m 2 de vitres ont été posées. Un tra- vail colossal, minutieux. Pour l’instant, les délais de chan- tier n’explosent pas : la réou- verture aura 4 mois de retard sur le calendrier prévisionnel (fin 2018, sans doute novembre). “Nous avons eu quelques sur- prises notamment sur des plan- chers à l’étage. C’étaient des chapes et non une dalle armée” concède un technicien. Il a donc fallu renforcer tout cela. La rénovation totale coûtera “11 millions d’euros toutes dépenses confondues” annonce Catherine Thiébaut, adjointe en charge des bâtiments à Besançon. C’est 1million de plus que la note annoncée. Mais le lieu promet d’être grandiose. “Nous avons notamment abais- sé toutes les fenêtres sur deman- de des élus pour que, depuis l’ex- térieur, on voie ce qui se passe dans le musée. Cela donnera au visiteur l’envie d’y entrer” pro- met l’architecte qui a notam- ment conçu le musée de l’Ab- baye à Saint-Claude (2008) où le musée Camille-Claudel à Nogent-sur-Oise. L’enjeu est de renforcer l’at- tractivité grâce à un nouveau parcours muséographique valo- risant les collections bisontines

Une réfection du sol au plafond.

nouvelle char- pente, de nou- veaux sols, murs et plafonds. Depuis son der- nier réaména- gement décidé en 1963 à la sui- te de la donation Besson et inau- guré en 1970 par l’architecte Louis Miquel, le musée n’avait connu aucune rénova- tion ! Bref, il était temps. Mercredi 21 décembre, le chantier vivait unmoment fort : la pose d’im- menses baies vitrées.Venus en convoi excep- tionnel depuis Miserey-Salines

“3 600 m 2 de surfaces disponibles.”

et à la création de nouveaux espaces d’expositions tempo- raires et de médiation. “C’est un des plus grands musées de Fran- ce, le 3 ème , l’un des plus anciens dans sa création (legs de Jean- Baptiste Boisot aux bénédictins de la ville en 1694) avec des col- lections intéressantes notam- ment ces dessins exceptionnels qui seront dans un premier temps mis en valeur au musée. Il fau- dra faire vivre ces œuvres pour que les Bisontins et au-delà de la Franche-Comté viennent visi- ter ce lieu de façon régulière” évoque Patrick Bontemps, adjoint en charge de la culture à Besançon. Le lieu pousse les murs : 3 600 m 2 de surface uti- le seront disponibles (environ 50 % supplémentaires). Vive- ment l’ouverture. n E.Ch.

ENTRETIEN Le nouveau directeur “Créer une histoire de l’art à partir de nos collections” Arrivé en octobre dernier, Nicolas Surlapierre est le nouveau directeur des musées de Besançon. Quels sont ses objectifs, ses missions ? Réponse.

contemporain. J’ai vécu dans des musées différents, sortis du sol comme le musée Matisse qui était un bijou dans le Cam- brésis, ou celui de Lille où nous avions des problématiques car nous étions à 20 minutes de Lille mais dans un cam- pus universitaire. À Belfort, c’étaient des lieux éclatés. À Besançon, ils sont dans la Boucle. L.P.B. : Quelle sera la portée du lieu ? N.S. : Le musée aura des visées inter- nationales, nationales, régionales, locales. On possède l’une des plus grandes col- lections d’art en France, la cinquième. J’espère que le Journal desArts qui publie le classement des musées nous placera en bonne position après l’ouverture. Ce n’est pas tant la place qui m’intéresse mais c’est une visibilité et montrer l’effort de la collectivité. C’est légitime. Cemusée, ce n’est pas de l’esbroufe. Il y a une vraie collection : on peut créer une histoire de l’art à partir de nos collections bisontines. L.P.B. : Quel sentiment vous anime à un an de l’ouverture ? N.S. : C’est une mission exaltante, l’am- biance est très bonne à Besançon. C’est passionnant d’avoir un outil comme celui- là. n Propos recueillis par E.Ch.

serons entre 65 et 70. L.P.B. : Quelle est votre mission ? N.S. : Elle est simple. Nous devons réac- tualiser le projet scientifique comme le demande l’État. Nous devons dire quel- le ambition nous voulons donner à ce musée, ce que l’on racontera, pour qui le raconter, et comment dans ce projet les équipes trouvent leur place. L.P.B. : Avez-vous répondu à ces ques- tions ? N.S. : Je suis en train d’y répondre. D’ici le printemps, je rendrai le projet scienti- fique et culturel. Il faut réfléchir à la stra- tégie de ce musée. Il faut que l’on tra- vaille avec cette localisation de centre-ville, travailler sur la problématique de cemusée de collectionneurs. J’aimerais rappeler que c’est le premier musée de France créée en 1694 avec une orientationmuséo- graphique très claire de l’abbé Boisot. Si on n’est pas le premier musée (on pen- se au Louvre), on est en tout cas le plus ancien. L.P.B. : Son enracinement au centre- ville est un atout ? N.S. : J’aimerais montrer que ce musée est un outil de proximité pour les visiteurs en partant du plus ancien pour aller au

N icolas Surlapierre (45 ans), ex- directeur des musées de Belfort depuis 2009, a pris la tête des musées de Besançon le 1 er octobre. Il succède à Emmanuel Gui- gon, parti diriger le musée Picasso de Barcelone. Il a rédigé une thèse sur le thème “Les artistes allemands en exil en France de 1933 à 1945 : histoire et ima- ginaires”, est devenu directeur adjoint au musée Matisse du Cateau-Cambrésis et a dirigé le musée d’arts modernes à Lil- le-Métropole. La Presse Bisontine : Quelle est votre spécialité ? Nicolas Surlapierre : Je suis vingtié- miste (spécialiste du contemporain). Cela complète bien l’équipe scientifique car

nous avons des spécialistes du XVI ème , XVII ème siècle, de l’archéologie, des des- sins. L.P.B. : Lorsque l’on arrive dans un musée chantier, arrive-t-on à se pro- jeter dans son nouvel outil de travail ? N.S. : C’est un bâtiment faussement com- plexe. Ce qui est compliqué, c’est l’ap- port de Miquel en 1970. Ce qui est plus difficile, c’est de découvrir une collection que vous maîtrisez en partie, ou pas d’ailleurs. Il faut se plonger dans les dos- siers scientifiques. L.P.B. : Quid des équipes ? N.S. : Il y a des questions managériales, d’équipe, à réfléchir. Nous sommes une petite cinquantaine. À l’ouverture, nous

Nicolas Surlapierre, nouveau directeur des musées de Besançon.

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