La Presse Bisontine 183 - Janvier 2017

Mensuel d'informations de Besançon et du Grand Besdançon

Pains, bûches et créations pour les fêtes

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JANVIER 2017

Mensuel d’information de Besançon et du Grand Besançon www.presse-bisontine.fr

N° 183

BESANÇON, PLAQUE TOURNANTE DE LA DROGUE

l DES SAISIES RECORDS EN FIN D’ANNÉE l LES DERNIERS CHIFFRES DE LA DÉLINQUANCE l LA PROCUREURE DE LA RÉPUBLIQUE PROMET DES MESURES

le dossier en p. 20 à 24

p. 35

l’événement p. 6 et 7 Le personnel encore dans l’incertitude Fusion des Régions : un an déjà… et toujours des questions

polémique

Le nouveau parc éolien condamne une zone d’activités

jusqu’au 25/12

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BESANÇON - CHATEAUFARINE - PONTARLIER

Rédaction : “Les Éditions de la Presse Bisontine” - B.P. 83 143 - 1, rue de la Brasserie - 25503 MORTEAU CEDEX - Tél. 03 81 67 90 80 - redaction@publipresse.fr - www.presse-bisontine.fr

RETOUR SUR INFO - BESANÇON

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La Presse Bisontine n° 183 - Janvier 2017

Le C.H.R.U. condamné dans le procès amiante

L’actualité bouge, les dossiers évoluent. La Presse Bisontine revient sur les sujets abordés dans ses précédents numéros, ceux qui ont fait la une de l’actualité de Besançon. Tous les mois, retrouvez la rubrique “Retour sur info”. Ne banalisons pas la prostitution

Renouveau Survolté, habité, transcendé, dopé, transfiguré, possédé… On ne sait pas quel terme employer tant le final du grand meeting d’Emmanuel Macron fut pour le moins déroutant. Sur la forme, il est clair que l’ambitieux trentenaire habite désormais pleinement la fonc- tion de candidat à la présidentielle et ceux qui en doutaient encore savent désormais qu’il ira jusqu’au bout, voi- re au-delà… Au point d’éliminer de la finale et Marine Le Pen, et les socia- listes soudainement un peu plus enco- re ringardisés ? Pourquoi pas. Le can- didat Macron, sur lequel rappelons-le le maire de Besançon a misé dès le départ, semble peut-être commencer à incarner ce que les Français sou- haiteront sans doute en cette année 2017 : le renouveau. On l’a vu en cas- cade ces dernières semaines. Ils n’ont plus voulu d’un ancien président de la République : exit Nicolas Sarkozy. Ils n’ont pas souhaité voir revenir un reve- nant : dehors Alain Juppé. Ils ont fait comprendre au président de la Répu- blique lui-même qu’il allait se faire éjec- ter de la compétition : ce dernier a pré- féré s’auto-exclure dans un exercice de hara-kiri inédit sous la Vème Répu- blique. Ce que veulent les Français désormais, ce sont sans doute de nou- velles têtes. En cela Emmanuel Macron aura de fait beaucoup plus de crédit que Manuel Valls qui devra porter com- me une croix l’héritage de cinq ans de hollandisme, ce vieux socialisme du XXème siècle dont les citoyens ont compris qu’il n’avait pas su évoluer avec son temps. Ce souci de renou- veau ira-t-il néanmoins jusqu’au bout ? En ce cas, ni Manuel Valls ni François Fillon ne pourront paraître comme les meilleurs garants d’un renouvellement. Pas plus qu’une Marine Le Pen aux discours éculés ou un Jean-Luc Mélen- chon qui rejoue le même numéro d’ac- teur. Mais plus que le renouveau des visages, c’est le renouveau du discours et surtout des actes qu’attendent désor- mais des Français qui, quoi qu’on en dise, sont toujours aussi passionnés par la politique et la chose publique. Ce à quoi ils aspirent, ce sont d’abord des candidats qui tiennent, avant, pen- dant et surtout après la campagne un discours de vérité, de sincérité, de trans- parence, d’honnêteté. Ce petit jeu a déjà fait plusieurs victimes, rayées du paysage politique national alors qu’elles tenaient les premières loges. En moins d’un mois, la politique française a été toute chamboulée. Les Français veu- lent de l’air frais. ■ Jean-François Hauser Éditorial est éditée par “Publipresse Médias” - 1, rue de la Brasserie B.P. 83143 - 25503 MORTEAU CEDEX Tél. : 03 81 67 90 80 - Fax : 03 81 67 90 81 E-mail : redaction@publipresse.fr S.I.R.E.N. : 424 896 645 Directeur de la publication : Éric TOURNOUX Directeur de la rédaction : Jean-François HAUSER Directeur artistique : Olivier CHEVALIER Rédaction : Édouard Choulet, Thomas Comte, Jean-François Hauser. A collaboré à ce numéro : Sarah George. Contact publicitaire : François ROUYER au 06 70 10 90 04 Imprimé à Nancy Print - I.S.S.N. : 1623-7641 Dépôt légal : Décembre 2016 Commission paritaire : 0220 I 80130 Crédits photos :L.P.B.,Agir Solidarité F.C., Archi.Tech,S. Durbic,E. Eme,Région B.F.C.,L. Tyger, C.Guinchard,C.Dudoubs,J.-C. Sexe/Besançon.

Les syndicats se battent depuis des années pour que la question de l’amiante soit jugée (photo archi- ve L.P.B.).

L e Tribunal correctionnel de Besançon vient de condamner le Centre hos- pitalier régional universitaire à une amende de 40 000 euros avec sursis dans le procès qui l’oppose à 53 de ses agents des services techniques, logistiques et de sécurité. Constitués en partie civile, ces agents ont enga- gé une procédure judiciaire contre leur employeur pour “mise en danger de la vie d’autrui par exposition aux poussières d’amiante et à un risque de mort ou d’infirmité permanente.” Ils ont été exposés à cette matiè- re nocive lors des travaux de désamiantage et de mise en sécurité incendie du bâtiment historique de l’hôpital Minjoz. Après six années de procédu- re, la justice a rendu un verdict en “demi-teinte” selon l’inter- syndicale C.F.D.T., C.G.T., F.O., S.U.D., du centre hospitalier qui soutient les agents dans leur combat. La sanction de 40 000 euros est inférieure aux 60 000 euros requis par la pro- cureure, et à la peine maxima- le de 75 000 euros. Néanmoins, selon l’intersyndicale, “cette sanction pénale est symbolique à plus d’un titre. C’est en effet la première fois qu’une juridic- tion pénale condamne pour de tels faits un établissement public” précise-t-elle dans un commu- niqué. Elle indique ensuite que “si cette condamnation permet

aux agents d’obtenir la juste reconnaissance de leur statut de victime, elle ne saurait être une victoire absolue.” En effet, pour obtenir une indemnisation, les victimes qui vivent désor- mais avec “la crainte de déve- lopper des pathologies très inva- lidantes liées à la contamination” doivent se tourner maintenant vers la juridiction administrati- ve. Enfin, l’intersyndicale esti- me que la sanction de 40 000 euros prononcée à l’en- contre du C.H.R.U. “est la consé- quence d’une législation inadap- tée et non dissuasive.” Le centre hospitalier a décidé de faire appel de ce jugement afin de “clarifier la situation.” L’établissement de santé rap- pelle qu’il est engagé depuis 2009 dans un chantier d’am- pleur de désamiantage et de mise aux normes. Il précise enfin que sa détermination à mener à bien cette opération dans les meilleures conditions est intac- te. Le C.H.U. est soutenu par la Fédération Hospitalière de Fran- ce dans sa décision de faire appel. La F.H.F. souligne de son côté que “de nombreux bâti- ments publics et privés présen- tent des risques liés à la pré- sence d’amiante. La gestion de ces risques est une probléma- tique particulièrement complexe, notamment en site occupé” com- me c’est le cas à Besançon. Affaire à suivre. ■

L e Mouvement du Nid à Besançon s’in- quiète de la banalisation faite autour d’un témoignage, comme celui de cette étu- diante, apporté dans le n° 182 de La Presse Bisontine, et de “la valeur incitative que cela peut avoir auprès des personnes les plus fra- giles.” S’appuyant sur une enquête réalisée auprès des étudiants par l’Amicale du Nid avec l’Uni- versité Paul-Valéry à Montpellier entre 2009 et 2012, la délégation bisontine insiste sur les multiples facteurs fragilisant en amont et après l’entrée en prostitution “qui sont les mêmes que chez les non-étudiant(e)s.” Si la paupéri- sation joue un rôle, il faut aussi tenir compte de l’histoire personnelle de l’individu (expé- riences traumatiques, dévalorisation de soi- même…) et de son environnement (ruptures familiales, addictions…). L’hypersexualisation et les rapports de dominance homme-femme dans nos sociétés participeraient aussi du phé- nomène. Cette enquête montpelliéraine pro- pose une photographie des représentations de la prostitution parmi les étudiant(e)s. Les répondants représentent 10 % de la popula- tion totale de cette université, constituant un échantillon représentatif selon l’Observatoire de la vie étudiante. Il en ressort pour 80,2 % d’entre eux que la prostitution occasionnelle n’est pas un moyen acceptable d’arrondir ses fins de mois. 63% voient également dans l’ac- te prostitutionnel, une violence. En pratique, 4 % des répondants sont pour- tant concernés (déclarant avoir déjà accepté de l’argent ou autre chose contre un acte sexuel) et 23 % connaissent des personnes ayant connu un risque de prostitution. Si le phéno- mène est marginal, il ne faut donc pas non plus le minimiser. “Les étudiant(e)s prostitué(e)s sont soumises

au même type de fragilité que les autres”, pré- vient le Mouvement du Nid, “et pour nous, il paraît compliqué de s’en sortir.” Le gain d’ar- gent facile favorisant l’engrenage. Sur ce point également, la délégation bisonti- ne trouve “inapproprié et choquant” de parler de  “salaire.” L’enquête menée à Montpellier précise d’ailleurs que plus d’un étudiant sur deux (60,2 % des interrogés) estime qu’il ne s’agit pas d’un métier. La question de la pros- titution étudiante étant souvent associée direc- tement et uniquement à celle de la précarité. Une journée de sensibilisation, organisée en 2013 à Besançon, à destination du personnel du C.R.O.U.S. et du service de médecine pré- ventive, a permis de donner des éléments d’in- formation pour repérer et accompagner au mieux une personne en situation de prostitu- tion ou ayant des comportements à risque. ■

Comme ici en 2013, deux psychosociologues ont abordé la prostitution étudiante avec le personnel du C.R.O.U.S. et de médecine préventive de Besançon.

Le premier habitat participatif va démarrer aux Chaprais

T rois ans après notre pre- mier article, le programme ambitieux d’habitat parti- cipatif “La Pernotte” rue de l’Égli- se dans le quartier des Chaprais va débuter. “Le permis de construire a été déposé fin novembre. C’est une étape-clé” résume Anthony Lecomte, futur résident de ce programme immo- bilier pas comme les autres. Depuis le printemps 2013, un groupe de citoyens, au départ plus d’une cinquantaine, s’est réuni à l’initiative de l’associa- tion du Café des Pratiques pour construire un programme où les habitants partageront des locaux comme la buanderie, le local vélo, la chambre d’ami, ou enco- re l’atelier bricolage. Objectifs :

encourager les liens entre voi- sins, et employer des matériaux plus sains, tout en maîtrisant les coûts de construction. Ce pro- jet, c’est le leur. Chacun appor- te sa touche. Comme pour tout projet, il y a des hauts et des bas, sans comp- ter le départ de futurs habitants en cours de route pour des rai- sons personnelles. Mais quoi qu'il en soit, le noyau dur reste soudé. Ensemble, le groupe va investir 2,2millions d’euros dans ce bâtiment de 11 logements. “Il reste un appartement F3 à vendre, de 59 m², avec place de parking, terrasse de 10 m², cave de 3 m² pour 165 000 euros” précise Anthony Lecomte. Familles, familles monoparen-

tales, personne seule, retraité, personnes en situation de han- dicap, jeunes et anciens se retrouveront dans cet immeuble à l’horizon fin 2018. “Les pre- miers travaux débuteront au printemps 2017” explique les futurs propriétaires qui ont appris à se connaître. Deux logements sociaux sont également prévus “pour favoriser la mixité socia- le.” Tous les plans sont prêts. L’impact environnemental est annoncé comme réduit : terre cuite en façade, isolation bio- sourcée, solaire thermique, récu- pération d’eau de pluie… La persévérance de chacun por- te ses fruits à l’heure où ce pro- jet inédit dans la région se concrétise. ■

Au Café des Pratiques (rue de Belfort), réunion publique de présentation du projet d’habitat participatif la Pernotte.

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L’INTERVIEW DU MOIS

La Presse Bisontine n° 183 - Janvier 2017

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POLITIQUE

Mireille Péquignot après la disgrâce “J’ai mené un combat qui m’a semblé juste”

L a Presse Bisontine : L’élue munici- pale d’opposition (2008-2014) et ex- conseillère régionale (2010-2015) a- t-elle définitivement tourné la page de la politique ? Mireille Péquignot (ex-Les Républicains) : Dans la vie, il ne faut jamais dire jamais. Je suis attentive à ce qui se passe autour de moi. L’action, je la mène dif- féremment. L.P.B. : Justement, que faites-vous ? M.P. : Je mène une action associative depuis 2007 en tant que présidente de “Halte discriminations” qui accom- pagne les demandeurs d’emploi, les créateurs-repreneurs d’entreprise. L’ob- jectif étant de tendre la main à des personnes qui ont envie de s’en sortir. L.P.B. : Un cas précis pour comprendre ? M.P. : Les personnes que nous accom- pagnons peuvent être victimes de dis- criminations. Elles sont multiples : ne pas avoir un réseau familial pour des personnes arrivant en France, cela se ressent au niveau du réseau profes- sionnel, être handicapé, une femme, un jeune… Pour certaines, les portes ne s’ouvrent pas facilement. J’ai des exemples : celui de Diogène Sebiyege. Il est Rwandais, est arrivé sans par- ler un mot de français. Nous l’avons aidé : aujourd’hui il a créé sa société d’audiovisuel à Besançon-Palente et décroche des marchés (3 salariés) ou encore l’exemple de femmes comme Sylvie Jeannin (Syl’optic). Nous lui Évincée de la vie politique locale, condamnée pour diffamation envers le maire de Besançon, Mireille Péquignot se mobilise dans une association luttant contre les formes de discriminations et qui remet des demandeurs d’emploi sur le marché du travail.

Mireille Péquignot,

présidente de l’association Halte discrimi- nations, met son réseau à disposition des demandeurs d’emploi.

way “low-cost” fabriqué par la société espagnole C.A.F. au détriment du tram- way fabriqué par Alstom, l’un des fleu- rons de l’industrie franc-comtoise qui à l’époque des faits employait près de 4 000 personnes dans notre région (Ornans et Belfort). Je rappelle que la société espagnole C.A.F. qui a vendu le tramway à la C.A.G.B. n’a jamais employé un seul salarié franc-com- tois ! L.P.B. : Était-ce une façon d’exister médiati- quement ? M.P. : Non. Je me suis battue de toutes mes forces pour dénoncer le choix de la société C.A.F. qui à mes yeux était un non-sens économique, écologique et social. Les sous-traitants et les demandeurs d’emploi régionaux res- teront les grands oubliés de ce projet financé entièrement par l’argent public, par nos impôts (budget global : 250 mil- lions d’euros environ). L’absence d’une telle analyse économique et sociale sur le projet du tramway bisontin méri- tait d’être critiquée. L.P.B. : A vous écouter, vous étiez la porte- parole des Bisontins ! M.P. : Je n’ai jamais attaqué les per- sonnes mais les projets et les idées. Je suis fière d’avoir mené ce combat qui me semblait juste. À quoi cela aurait- il servi d’être élue et rester muette de peur de déplaire ? Mon rôle en tant qu’élue n’était-il pas très justement de relayer les inquiétudes et les frus- trations des Bisontins ? L.P.B. : Vous n’avez donc pas digéré le juge- ment… M.P. : Je ne le commenterai pas ! Selon le jugement auquel vous faites allu- sion, je cite : “… C.A.F. a mis à dispo- sition de ladite communauté, à titre gratuit, une maquette représentant une moitié de tramway de Besançon… Il n’est pas discuté que cette maquette avait une valeur de l’ordre de 400 000 euros… en tronquant son

sur votre rôle dans l’association ? M.P. : Je m’interroge. L’emploi et la lut- te contre les discriminations sont pré- sentés par tous comme de véritables priorités des politiques à la fois locales, régionales et nationales. Nous orga- nisons le plus grand forum de la diver- sité de Bourgogne-Franche-Comté sur les thématiques de l’emploi et la créa- tion d’entreprises. Ce forum réunit entre 400 et 500 personnes à Besan- çon à chaque édition. LaVille de Besan- çon ne nous finance pas. Heureuse- ment que l’État (D.R.J.S.C.S., D.I.R.E.C.C.T.E., Préfecture de région) et des partenaires privés comme le Crédit Agricole, la Mutuelle Médico- Chirurgicale M.M.C., Façades bison- tines, et bien d’autres nous aident. L.P.B. : Quand aura lieu le prochain forum ? M.P. : La 8 ème édition du forum de la diversité de Bourgogne-Franche-Com- té aura lieu le 13 avril 2017 à la Chambre de Commerce et d’Industrie du Doubs à Besançon. C’est une mani- festation qui rapproche le monde de l’entreprise et la population au sens large. On y trouve plusieurs espaces : job-dating, création-reprise d’entre- prises, des conférences, des témoi- gnages d’entreprises qui dévoileront leurs bonnes pratiques en matière de lutte contre les discriminations et de promotion de la diversité en entre- prise. L.P.B. : Politiquement, vous aviez fait 1,6 % aux dernières législatives. Serez-vous candi- date en juin prochain ? M.P. : J’avais obtenu un résultat com- parable à celui de candidats se pré- sentant sous la bannière du MoDem ou de l’U.D.I. Être élu, c’est l’un des moyens pour aider nos concitoyens, les représenter, les tirer vers le haut. Quant à savoir si je serai à nouveau candi- date, je n’y songe pas. Je suis déjà bien occupée par mes différentes activités. n

municipal sur le dossier de la culture avait été raillée, il était inaudible. Quel souve- nir avez-vous gardé de la sortie ce jour-là de l’ensemble du conseil municipal ? M.P. : Je m’y étais pré- parée. Je savais à quoi m’attendre. J’ai aussi été soutenue par celles et ceux qui pensaient comme moi, qu’il fallait mettre un terme à la politique culturelle éli- tiste, très coûteuse et inefficacemenée au sein de la ville à l’époque. Le cas de Sonorama reste- ra le plus emblématique avec à la clé des Bison- tins méprisés et abusés, les acteurs culturels locaux écartés et igno- rés, des commerçants bisontins escroqués !

expression de toute référence à la natu- re exacte du “cadeau”, à savoir la maquette, Élisabeth Péquignot a fait preuve de démesure dans l’expression… De telles imputations… sont diffama- toires…” L.P.B. : Estimez-vous avoir été seule contre tous ? M.P. : J’ai reçu le soutien de quelques élus bisontins et régionaux, attachés à la liberté d’expression, toutes sensi- bilités confondues. De nombreux citoyens de Besançon, Belfort, Mont- béliard, Ornans, quelques salariés d’Al- stom, m’ont également adressé des messages de soutien. J’en garde un souvenir ému. J’ai payé très cher la défense de notre industrie régionale, nos emplois et la liberté d’expression. L.P.B. : Cela vous a coûté votre place et de l’argent. Combien avez-vous déboursé ? M.P. : 20 000 euros environ. L.P.B. : Cela vous incite-t-il à moins démar- rer au quart de tour ? M.P. : Je ne peux m’empêcher de sou- rire car ces mêmes élus qui m’ont cri- tiquée étaient les premiers à s’élever pour soutenir Alstom en septembre dernier lors du plan de licenciements annoncé à Belfort. Les élus de terrain ont le devoir d’anticiper, de dire les choses, de tirer la sonnette d’alarme, au nom du peuple. L.P.B. : Qu’est-ce qui vous a fait le plus de mal ? M.P. : Tout d’abord la souffrance de mes enfants qui ont vu leur mère traînée dans la boue et se retrouver devant un tribunal comme une criminelle. Par ailleurs, être “marginalisée” par cer- taines personnes de ma famille poli- tique, a été une grande déception. Heu- reusement, je n’étais pas accrochée à un siège ou un poste. J’ai simplement défendu mes idées, mes convictions.

“Certaines de mes propositions

raillées à l’époque ont été reprises.”

avons facilité un finan- cement ou encore Nace- ra Kaddare (boulange- rie). L’association sert de caution. Elle est le tiers de confiance. L.P.B. : C’est plus concret que la vie politique… M.P. : Pouvoir aider, c’est une satisfaction mais le combat n’est jamais gagné. Le volet finance- ment est le nerf de la guerre.Tout le monde ne rêve pas de devenir chef d’entreprise mais pour celui qui veut être sou- tenu, nous l’aidons. L.P.B. : En 2013, vous avez été poursuivie pour diffama- tion pour avoir sous-entendu que Jean-Louis Fousseret avait reçu un cadeau à 400 000 euros de la part de C.A.F. (la maquette du tram). Regrettez-vous ? M.P. : Je suis fière d’avoir dénoncé le choix du tram-

“J’ai payé cher la défense de notre industrie.”

L.P.B. : Des motifs de satisfaction ? M.P. : Concernant le dossier transport, je note avec satisfaction que l’entre- prise espagnole C.A.F. n’a pas enre- gistré le succès commercial espéré en France.Avignon et bien d’autres agglo- mérations françaises, à l’instar de Dijon, ont toutes fait le choix d’Alstomau nom des emplois et de la préservation de notre industrie. Pour ce qui concerne le dossier culturel, certaines de mes propositions raillées à l’époque ont été reprises et mises en application. J’avais proposé de redynamiser les visites de la Citadelle grâce à la réalité aug- mentée. Cette proposition avait été raillée. Deux ans plus tard, j’ai eu vent d’un projet de visite de la citadelle repo- sant sur la réalité virtuelle. J’avais éga- lement proposé que les artistes locaux et régionaux soient plus étroitement associés au projet culturel de Besan- çon.

Propos recueillis par E.Ch.

L.P.B. : Votre passé a-t-il des répercussions

L.P.B. : Votre première intervention au conseil

BESANÇON

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Propreté des rues : quel constat à Besançon et ailleurs ? RECHERCHE Des milliers de photos réalisées Deux chercheurs de l’Université de Franche-Comté ont enquêté durant trois ans sur la propreté des rues. Leur travail a fait l’objet d’une publication cette année dans la revue “Espaces et sociétés”.

“Nous voulions

casser cette idée que les villes françaises sont plus propres que celles du Maroc, elles-mêmes plus propres que celles du Sénégal”, remarque l’enseignant- chercheur Christian Guinchard.

M égots, chewing-gums, sacs plastiques, déchets ména- gers…croisent souvent notre chemin le long des trottoirs. Ancrés dans le contexte urbain, ils se fondent dans le décor et notre quoti- dien. Une situation que ces chercheurs bisontins ont souhaité analyser dans le cadre d’un grand programme de recherche lancé par le ministère de l’Environnement en 2009. Christian Guinchard et Laetitia Ogor- zelec du laboratoire de sociologie et d’anthropologie (L.A.S.A.) se sont ain- si intéressés à “ce lieu où vit la moitié de l’humanité : la ville” , et plus spéci- fiquement la rue, en collaboration avec Jean-François Havard, chercheur en science politique à l’Université de Hau- te-Alsace. “Nous nous sommes rapidement ren- du compte que les déchets n’étaient pas qu’un simple petit enjeu de politique urbaine” , remarque Christian Guin- chard. Leur enquête se base sur une recherche comparative entre deux villes

françaises : Besançon et Mulhouse, une ville marocaine : Mohammedia (dans la banlieue de Casablanca) et une ville sénégalaise : Rufisque (dans la banlieue de Dakar), qui ont des carac- téristiques communes. Très vite, il en ressortira des premiers constats étonnants comme cette faus- se image généralisée de l’incivilité. “Les gens ne cherchent pas à jeter n’im- porte quoi, n’importe où” , retient le sociologue. La présence de déchets étant le plus souvent “due au fait que

les équipements sont pleins, ou qu’ils sont inexistants.” La perception morale autour des déchets tendrait aussi à prouver qu’il n’y a pas tant d’incivilités que cela. “Dans toutes les villes étudiées, la vision du déchet était immédiatement asso- ciée à un responsable, com- me la conséquence de quelque chose qui n’a pas lieu d’être.”

de photo-élucidation” au cours des- quels des personnes étaient invitées à commenter les images. La valorisation des résultats scienti- fiques a débuté en 2012 et a inspiré au Maroc la mise en place d’un pro- gramme d’amélioration de la propre- té des rues dans ses grandes villes. Rien en revanche du côté sénégalais ou français. n S.G.

Plusieurs photographies ont été prises par l’équipe scientifique sur le terrain, ce qui a également donné lieu à des réactions surprenantes de la part des passants. “Certains étaient très fâchés, notamment à Mohammedia. Les gens se sentaient attaqués en tant qu’habi- tants de la rue ou même de la ville.” À Mulhouse aussi, les chercheurs ont dû faire face à des réticences, de la part des responsables locaux cette fois,

“vis-à-vis de cette espèce de fantasme anthropologique selon lequel, la sale- té, c’est l’autre.” Une question sensible et qui constitue un vrai enjeu locale- ment. “La désignation d’un coupable autour des déchets débouche sur un mécanisme sacrificiel.” Pour appuyer son enquête, l’équipe scientifique a aussi fourni des appa- reils photo aux habitants et a réalisé des entretiens basés sur la “technique

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L’ÉVÉNEMENT

La Presse Bisontine n° 183 - Janvier 2017

BOURGOGNE-FRANCHE-COMTÉ, UN AN APRÈS…

Pile un an après la fusion des deux anciennes Régions Bourgogne et Franche-Comté, qu’en est-il du fonctionnement au quotidien de la nouvelle entité administrative et politique ? Inquiétude des agents, explosion des frais, autant de questions qui agitent encore le personnel et les élus. Confrontation des points de vue. Un ras-le-bol palpable Les agents n’ont toujours pas digéré la fusion Les agents territoriaux de la nouvelle Région l Analyse

à Dijon, les frais de repas et de dépla- cement doivent être pris en charge. “On nous a annoncé que ce serait la règle et maintenant on s’aperçoit que la règle a évolué entre-temps et que les trajets Besançon-Dijon ne feraient peut- être sur le temps personnel. Là enco- re, on est dans le flou” poursuit Domi- nique Aubry-Frelin. Le principe du travail en site distant, validé, sera éva- lué dans deux ans et révisable tous les ans. Autre motif d’inquiétude des agents territoriaux. Afin de préparer au mieux les muta- tions à venir et recueillir l’avis des agents, la Région a mis en place un système de “remue-méninges” qui consiste à recueillir les suggestions des agents pour l’amélioration de l’or- ganisation de travail. L’idée, louable, n’a pas les résultats escomptés selon les syndicats : “J’ai l’impression qu’on est passé du “Cause toujours” au “Fer- me ta gueule” . Beaucoup d’agents se sont impliqués dans ce remue-méninges et ils commencent à s’apercevoir que ça ne servira à rien. Ils nous ont ven- du le concept en disant qu’ils feront de la co-construction alors que c’est déjà tout tracé” se désole un autre agent. La représentante syndicale C.F.D.T. termine avec dépit : “Des agents nous disent : “Je n’avais jamais pris de cachets jusqu’à maintenant. Mainte- nant, je prends des anxiolytiques…” Ce n’est pas ça la fusion que nous sou- haitons…” Des rencontres intersyndicales pré- vues d’ici la fin de l’année devaient donner le ton des prochaines semaines au sein d’une institution régionale bouleversée par cette réforme avant tout politique, et dont ils subissent tous les conséquences. n

Bourgogne-Franche-Comté - environ un millier de personnes - sont toujours dans le flou quant à l’organisation de leur travail. Les syndicats dénoncent “une intenable attente.”

“L e bilan de la fusion tient en un mot : c’est le bor- del…” Triviale,mais avec le mérite d’être claire la remarque de Dominique Aubry-Fre- lin, déléguée syndicale C.F.D.T. au Conseil régional Bourgogne-Franche- Comté. “Je vais demander une prime de Kleenex à la direction pour distri- buer à tous nos collègues désemparés qui ne savent pas ce qu’ils deviendront. Jusqu’à maintenant, on a toujours tour- né autour du pot et ce qu’il y a dans le pot, ce n’est pas terrible ” poursuit-elle pleine d’amertume. La représentante syndicale dénonce tour à tour “l’inte- nable attente des agents, la solitude des cadres, l’explosion des équipes, l’évo-

définis, que le projet de mandat soit adopté (N.D.L.R. : il devait l’être à la séance du 16 décembre), que les poli- tiques publiques soient définies, etc.” , si bien, poursuit le syndicat, que “les services support n’en peuvent plus, les services opérationnels attendent des politiques publiques claires à mettre en œuvre.” Dans la pratique, ces der- niers mois, “cette situation aboutit à une prise en charge managériale très contrastée de l’annonce des organi- grammes, certains directeurs ne sem- blant plus en mesure d’assurer le “ser- vice après-vente” et laissant la charge de la communication aux bruits de couloir, aux mails dans le meilleur des cas ” poursuit l’organisation. En pratique, les services sont en plei- ne réorganisation et la plupart d’entre eux doivent “rendre des postes.” “Je fais partie du service relations publiques, rattaché à la direction de la commu- nication et au cabinet. On est donc rat- tachés au site de Besançon. La nou- velle organisation prévoit que cette direction comprenne 8 agents à Dijon et 20 à Besançon. S’il n’y a pas de mobi- lité forcée, dans les faits, on devra bou- ger. Mon service passe en bi-site. Du coup,mon poste sera peut-être sur Dijon, peut-être sur Besançon. On nous pré- pare à une vie de Parisien. Si j’ai fait le choix d’habiter à Besançon, ce n’est pas pour avoir une vie de Parisien. On est tous dans l’incertitude” résume

Maryline Dinette, agent territorial à Besançon avec Dominique Aubry-Frelin, secrétaire de la section C.F.D.T. du Conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté.

lution des missions et de leurs moyens, l’urgence d’un règlement du travail en site distant…” De tout cela, la C.F.D.T. en a fait part à Marie-Guite Dufay, la présidente de la Région, dans une lettre ouverte adressée le 17 novembre dernier. “Depuis deux ans, les agents attendent que les élections régionales soient passées, que le nou- vel exécutif soit en place, que les directeurs soient nommés, que les chefs de service soient nommés, que les postes à rendre soient

“On nous prépare à une vie de Parisien.”

Maryline Dinette, agent territorial. Ils sont environ un millier comme elle à attendre que soit définitivement arrê- té le mode de fonctionnement des ser- vices à la Région. Pour les 3 000 agents des lycées, la fusion ne changera rien à leur quotidien. Les tensions s se cris- tallisent donc sur un millier d’agents environ (550 en Bourgogne et 450 en Franche-Comté). Avec ce bouleversement et l’attraction centrifuge de Dijon pour certains ser- vices, le milieu associatif, culturel et sportif notamment ne cache pas non plus ses inquiétudes. De nombreuses réunions se passent désormais à Dijon,

“où on ne voit plus personne de Franche- Comté. Trop loin, trop compliqué pour eux” observe un cadre. “Les agents qui sont en face-à-face direct avec les par- tenaires extérieurs comme les asso- ciations ou les étudiants pour les bourses par exemple passent leur temps à repousser leurs réponses. Voilà un an que Marie-Guite Dufay est élue et on est toujours dans le flou le plus com- plet !” s’indigne un autre agent. La question de la résidence adminis- trative des agents inquiète toujours les syndicats. Si un agent a sa rési- dence administrative à Besançon par exemple et qu’il est envoyé en mission

J.-F.H.

La Presse Bisontine n° 183 - Janvier 2017

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l Réaction La D.G.S. et l’élu en charge du personnel “D’ici mars, tout le monde sera rassuré” Valérie Chatel ets la nouvelle directrice générale des services de la Région Bourgogne-Franche-Comté. C’est elle, sous la responsabilité politique du vice- président Michel Neugnot, qui se charge de la réorganisation complète des services. Interview croisée.

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L a Presse Bisontine : Un an après la fusion, beaucoup d’incertitudes demeurent sur les conséquences du rapprochement des deux régions en matière de personnel, et de coûts de fonctionnement notamment. Com- ment l’expliquez-vous ? Michel Neugnot : Il y a d’abord tout un travail qui a été effectué et dont on ne parle jamais, c’est la convergence des politiques publiques à laquelle nous aboutissons en cette fin d’année. Il s’agissait d’harmoniser les règlements

d’intervention, en définir de nouveaux en intégrant les engagements pris par Marie-Guite Dufay lors de sa cam- pagne. Il y a eu à préparer également l’intégration de nouvelles compétences pour la Région avec le secteur écono- mique, renforcé, le secteur de la mobi- lité et des transports qui nous a ame- nés à travailler avec les huit Départements composant la Région. Ensuite en effet, il y avait à régler tou- te la question des moyens humains que l’onmet en face de ces compétences

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en comité technique. D’ici mars, tout le monde sera rassuré. L’objectif res- te par ailleurs de chasser tous les dou- blons. L.P.B. : Et comment la chasse aux économies de fonctionnement va-t-elle s’organiser pour éviter les dérives en matière de frais de dépla- cement ? En favorisant le travail en site dis- tant, le télé-travail ? V.C. : Nous sommes justement en train de réfléchir à la présence territoriale la plus optimale. Il est vrai que durant la première année, on s’est beaucoup déplacé. Ces coûts n’ont pas encore été précisément chiffrés.Mais dans le cadre du prochain budget on réfléchit déjà à la manière de réaliser des économies, en louant certains bâtiments. La Région sera également associée au futur pôle administratif Viotte lancé par l’État. L’actuel site Bregille du Conseil régio- nal déménagerait par exemple dans ce pôle Viotte qui par ailleurs per- mettra d’optimiser les déplacements et les réunions de par sa position géo- graphique. Pour le reste, les services travaillent et travailleront de plus en plus à distance, des réunions s’orga- nisent à mi-chemin entre Dijon et Besançon et on travaille sur un servi- ce de co-voiturage avec l’État. Nous sommes encore dans le temps de l’éva- luation. n

nées de la fusion. Il y avait deux atti- tudes possibles : soit une personne décidait seule en haut de la pyrami- de, soit on construisait les choses dans le dialogue. C’est cette option que l’on a choisie et il est logique qu’elle pren- ne un peu de temps. Pour la plupart des entreprises privées, une fusion- absorption dans un rapport 60-40 se digère en plusieurs années. Là, ça fait neuf mois, depuis que le nouvel exé- cutif est en place et depuis l’arrivée en février de notre nouvelle D.G.S. Les délais sont raisonnables. L.P.B. : Le personnel s’impatiente, les syndi- cats dénoncent le malaise grandissant des agents toujours dans l’incertitude. Que leur répondez-vous ? Valérie Chatel : Concernant les ressources humaines, nous avons sur pied un plan de déploiement dès le mois d’avril en commençant par définir 5 grands pôles. En juin, nous avons validé les 27 direc- tions. Puis en octobre est venu le temps de définir les différents services. Les chefs de service viennent d’être nom- més et vont s’attacher maintenant à positionner les équipes, voir s’il n’y a pas de doublons, à moderniser les pra- tiques de chacun. Tout sera terminé d’ici le printemps prochain. Nous sommes dans un calendrier honorable, comparé à d’autres régions. En paral- lèle, on a lancé les “remue-méninges” qui permettent à tous les agents de se

mobiliser pour faire des propositions de modernisation de leur poste de tra- vail. La loi N.O.T.R.E. nous donnait deux ans pour harmoniser notre poli- tique R.H. Tout le monde aurait vou- lu que le 3 janvier dernier on dise : “Voilà comment ça va se dérouler.” C’est évidemment impossible. L.P.B. : Alors pourquoi certains agents ont-ils si peur de ne pas pouvoir conserver leur pos- te ? M.N. : La présidente a pris l’engage- ment dès le départ que personne ne serait obligé de déménager et que tout le monde retrouvera une place. Ceci n’a pas changé. Les incertitudes sont facteurs d’inquiétude, je le conçois. On est vigilant à ce qu’il y ait dans tous

les services une condui- te concertée et trans- parente. Quand on a tranché les pôles, les syndicats avaient des inquiétudes sur les directions. Quand on a tranché les directions, ils avaient des inquié- tudes sur les services et maintenant que les services sont arrêtés, ils s’inquiètent pour les agents. C’est normal, mais à chaque fois ils sont rassurés et les décisions sont validées

“La Région sera associée au futur pôle administratif Viotte.”

Michel Neugnot et Valérie Chatel sont les vrais ordonnateurs de la fusion des services et du rapproche- ment des pratiques entre les deux anciennes Régions.

Propos recueillis par J.-F.H.

L’opposition dénonce, sans les chiffrer, l’explosion des coûts l Réaction Une interpellation le 16 décembre Pour le groupe Union des Républicains,

nités était rendue possible par le fait que la Région en fusion- nant, changeait de “strate” démo- graphique. “Rien n’obligeait en revanche l’exécutif à proposer d’aligner les indemnités sur le taux maximal” rappelle la droi- te républicaine dont le groupe avait voté contre cette mesure il y a pile un an. Au coût monétaire en fonction- nement, il faut également ajou- ter le coût en temps utile, qui est, lui, difficilement quanti- fiable. Certains directeurs et chefs de service passent depuis un an énormément de temps dans les transports, notamment entre Besançon et Dijon “et c’est toute l’efficience de la Région qui s’en ressent.” Une réunion de 2 heures à Dijon pour un chef de service de Besançon et c’est toute la journée qui est “per- due”. La fusion, pour l’instant, n’a pas que du bon en matière d’efficacité au quotidien. n

devait refaire une demande offi- cielle en séance publique le 16 décembre” ajoute le groupe d’opposition qui a commencé à faire ses propres calculs, esti- mant que “pour les seuls allers- retours Dijon-Besançon en train, cela représente déjà plusieurs dizaines de milliers d’euros par semestre, entre 40 000 et 50 000.” Toujours dans les surcoûts liés à la fusion, l’opposition pointe également la refonte et l’har- monisation des différents logi- ciels (financier, gestion des déli- bérations, etc.) “qui s’élèvent facilement à plusieurs centaines de milliers d’euros” estime le représentant de la droite. Pour l’instant, le seul surcoût notoire lié à la fusion que l’op- position a été en mesure de chif- frer précisément, “ce sont les 3,3 millions d’euros (montant chargé) que représente la haus- se des indemnités des élus, sur la durée du mandat.” Rappe- lons que cette hausse des indem-

de la Droite et du Centre, la fusion des deux Régions n’a toujours pas apporté la moindre économie d’échelle, au contraire

L a délocalisation d’une séance plénière de la Région Bourgogne- Franche-Comté en novembre dernier à Nevers a été l’occasion de cristalliser une partie des critiques des opposi- tions. Le groupe F.N. emmené par Sophie Montel avait carré- ment boycotté la séance, pré- textant le trop grand éloigne- ment de certains élus pour se rendre dans le Nivernais. Il ne faut en effet pas moins de 4 h 30 pour parcourir les 350 km qui séparent par exemple Belfort de Nevers.À 40 centimes le kilo- mètre remboursé, c’est tout de même 140 euros de frais de déplacement pour un seul élu et une seule réunion ! Le groupe d’opposition emme-

né par François Sauvadet n’est pas allé jusqu’au boycott, tout en pestant lui aussi contre cet- te forme de gabegie. Il y aurait selon les représentants de l’op- position environ 450 allers- retours en train Dijon-Besan- çon par mois, mais “il est très compliqué de mettre la main sur des données chiffrées officielles

(billets de train, remboursements de frais kilomé- triques, rem- boursements péage autorou- te, repas, etc.).” C’est la raison pour laquelle “le groupe U.R.D.C., par la voix de son président,

“Environ 450 allers-retours en train Dijon-

Besançon par mois.”

François Sauvadet devait interroger l’exécutif le 16 décembre sur les surcoûts liés à la fusion.

J.-F.H.

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La Presse Bisontine n° 183 - Janvier 2017

Du gagnant-gagnant entre le B.B.C. et la J.D.A. SPORT Basket et business au B.B.C. Le Basket Besançon Club se restructure en nouant un partenariat prometteur avec le club de Pro A de la J.D.A. Dijon. Un club affaires est créé. Les jeunes joueurs bisontins profiteront, eux, de l’encadrement professionnel.

L’ après-midi, sous les paniers de la salle annexe du Palais des Sports à Besançon, les jeunes basketteurs ont ouvert grands leurs yeux. JacquesAlin- gué, 2,01 m pour 100 kg enfi- lait les shoots avec ses compères Marc Judith, ailier (1,93 m) et le meneur dijonnais Axel Julien (1,85 m). Ces basketteurs pro- fessionnels en Pro A avec l’équi- pe de Dijon ont joué le jeu. Le soir, ils étaient avec leur club,

la J.D.A. (Jeanne d’Arc) Dijon, pour participer au lancement du “Basket Business Club”, un club “affaires” interne au B.B.C., mais qui se veut être connecté, ou en réseau avec les clubs d’af- faires dijonnais gravitant autour de la J.D.A. Plombé par des difficultés finan- cières (- 33 000 euros fin 2015), le Besançon Basket Club remon- te la pente avec Catherine Rabut, ancienne présidente de retour aux affaires : “J’avais démis-

sionné en mars. J’avais posé des conditions, elles n’ont pas été acceptées. Je ne pouvais laisser les gamins seuls avec ce risque que le club arrête… Pour être attractif, tout sport a besoin d’une vitrine de proximité” rappelle la présidente à l’origine du rap- prochement avec le club dijon- nais et qui a initié au plan local un partenariat avec Thise-Deve- cey et le BesAC pour les équipes de jeunes. Tout est parti d’un appel du club bourguignon au Conseil dépar- temental du Doubs. Ce dernier a émis son désir de se rappro- cher d’un ou des clubs bisontins pour nouer un partenariat. Ludo- vic Fagaut, élu en charge des sports, a joué le rôle d’entre- metteur. Il a délivré les contacts. Catherine Rabut et son équipe ont fait le reste. Mercredi 30 novembre dans les locaux de la C.C.I. du Doubs à Besançon est donc né le “Bas- ket business Club” en présence de Thierry Degorce, président de Dijon Basket et de la socié- té Iserba (1 000 employés). “C’est

Catherine Rabut et Thierry Degorce avec des joueurs de l’équipe de Pro A et des féminines : B.B.C. et J.D.A. travaillent main dans la main.

revient. Si les enfants ont pu se rendre à un match de Pro A à Dijon, ils vont surtout bénéfi- cier “ d’une passerelle avec nos cinq entraîneurs de haut niveau qui apporteront leur expérien- ce” ajoute Damien Dubresson, de la J.D.A. Économiquement, le B.B.C. a tout compris : il explique que de nombreuses entreprises franc- comtoises (mais pas que) cher- chent à étendre leurs activités vers la Bourgogne. “Le sponso- ring sportif et les clubs affaires sont des moyens parmi d’autres de développer les relations d’au- tant que les matches de Pro A sont de plus en plus télévisés et attirent. Le Basket Business Club

utile d’associer nos forces d’au- tant que la Ligue Bourgogne- Franche-Comté fusionnera en 2020” rapporte le président voi- sin qui voit une façon de tou- cher des entreprises bisontines

doit permettre au B.B.C. de se positionner vis-à-vis de cette cible, sans avoir pour ambition de faire beaucoup d’ombre aux autres clubs bénéficiaires de ce sponsoring de proximité” ajou- te Catherine Rabut. Le B.B.C. attend un apport financier de l’ordre de 20 000 à 30 000 euros. “Au premier retour, nous sommes optimistes” dit le club qui embauche un commercial pour développer le réseau en lien avec Dijon. Le cinqmajeur de l’équipe J.D.A.- B.B.C. prend forme. C’est un retour, par la petite porte certes, dans l’arène nationale du bas- ket. n E.Ch.

désireuses de communiquer. Mais pas que : “On apporte aus- si un projet spor- tif, poursuit-il. Les jeunes seront repérés, enca- drés.” L’équipe féminine sera renforcée. Côté basket bisontin, c’est l’odeur de la Pro A qui

“20 000 à 30 000 euros espérés.”

Le basketteur professionnel dijonnais Axel Julien ici à l’entraî- nement avec

un jeune du B.B.C.

JUSQU’AU 24 DÉCEMBRE

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La Presse Bisontine n° 183 - Janvier 2017

BANQUE Le siège régional Le Crédit Agricole lance les grands travaux Un des plus gros chantiers de rénovation du centre-ville démarre en 2017 : la réfection totale du siège régional du Crédit Agricole avenue Cusenier, pour 30 millions d’euros.

A près le départ de l’hôpital, de la faculté, du conservatoire, celui du Crédit Agricole et de ses 275 agents aurait été sans doute un coup fatal pour les commer- çants et restaurateurs du centre-vil- le. C’est donc aussi un choix straté- gique, pour le bien du centre-ville, que les dirigeants du Crédit Agricole ont opéré en refusant de déménager le siè- ge régional dans une quelconque zone périphérique. “Nous avions besoin d’avoir un siège à la hauteur des ambi- tions de Besançon et des nôtres. Ce siè- ge social avait 43 ans. Nous nous enga- geons à construire un nouveau siège pour les 40 prochaines années” résu- me Élisabeth Eychenne, la directrice générale du CréditAgricole de Franche- Comté.

Les travaux de reconstruction de ces immenses locaux démarreront au second semestre de l’année 2017. Le bois et le verre domineront dans ce bâtiment que ses concepteurs pro-

mettent “entre énergie zéro et énergie positive.” C’est le cabinet Archi.Tech de Serge Fer- rini qui a été choisi par le jury, finalement pré- féré au parisien Bou- chaud et au Pesmois Bernard Quirot. “Nous avions un vrai défi tech- nique à relever : celui d’insérer un bâtiment architectural dans l’en- vironnement historique du centre-ville de Besan-

La banque conservera la totalité de ses effectifs au centre-ville.

La création d’un vaste atrium central a été un des éléments majeurs qui ont emporté la décision de faire appel a u cabinet bisontin Archi.Tech

La façade du futur siège utilisera largement le verre et la pierre (images Archi.Tech).

donc la totalité de ses effectifs au centre- ville. Ce déménagement s’étalera entre juin et septembre prochains. Les tra- vaux de dépollution, de déconstruction et de reconstruction du site Cusenier démarreront dans la foulée pour une livraison du nouveau bâtiment “fin 2019.” n J.-F.H.

“20 millions pour les travaux propre- ment dits, 5 millions pour le désa- miantage et 5 millions pour les tra- vaux d’aménagement des anciens locaux Monoprix et le déplacement provisoi- re de nos 275 agents sur les sites Dide- rot et Monoprix” détaille la directrice générale. Pendant la période des tra- vaux, la caisse régionale conservera

çon, tout en donnant la priorité à l’ef- ficacité énergétique et au confort d’usa- ge. Le travail réalisé sur l’attique per- met en plus de gagner 1 200 m 2 de surface utile supplémentaire, portant à 8 700 m 2 la surface totale future” indique Serge Ferrini. Le budget de cette profonde rénova- tion atteint les 30 millions d’euros.

COMMERCE

Depuis 1935 Le magasin Roger s’apprête à baisser le rideau

Une institution du commerce local va fermer ses portes à la fin du mois de janvier. Créée par Roger Lévy et reprise depuis de génération en génération, la boutique de la Grande rue n’a pas résisté à la mutation du commerce.

I l y a des symboles comme ça…Et peut-être une loi des séries. Après l’annonce de la fermeture du restaurant Bar- thod rue Bersot (le magasin de vins poursuit toujours son acti- vité), celle d’Interprix rue Mon- cey, c’est une autre institution, installée à la même adresse depuis 1935, qui est sur le point de fermer définitivement ses portes au centre-ville de Besan- çon. Avec la fermeture de Roger- habilleur conseil programmée fin janvier, c’est un peu de l’âme du commerce local qui s’en va. Point de nostalgie pourtant dans le discours de Joëlle Bloch qui a repris l’affaire en 1985, suc- cédant à son père Roger Lévy qui avait créé la boutique. “C’est la vie. Le commerce continue sa mutation, c’est un fait. Il faut aller de l’avant” commente Joël- le Bloch, en ajoutant que “le commerce de centre-ville a cer- tainement un bel avenir, les gens

reviendront en ville. Mais nous n’avons pas les moyens d’at- tendre cette mutation.” Pour son fils, David Giannella, qui lui a succédé à la tête du magasin il y a six ans, un fatalisme teinté d’optimisme est également de mise : au printemps prochain, il lancera une nouvelle activité liée à la vente de prêt-à-porter et de vêtements sur-mesure à domicile.“Si la clientèle ne vient

a pu, mais aujourd’hui ce n’est plus possible, il y a trop de contraintes” résume David Gian- nella. Plusieurs facteurs expli- quent cette décision : une fré- quentation du centre-ville en baisse, l’accessibilité à la Boucle rendue plus compliquée, les tra- vaux du tram, le déménagement hors du centre-ville de sites com- me l’hôpital, les facultés et le conservatoire et d’autres élé- ments comme “le fait de dévier les automobilistes à Saône sur la voie des Mercureaux nous a fait perdre beaucoup de clients, notamment les Suisses qui sont dirigés tout droit sur Château- farine” note Joëlle Bloch. “Gérer une telle surface multi-marques de 200 m 2 , en indépendant, c’est devenu impossible” ajoute David Giannella qui a vendu les murs et le pas-de-porte à unmarchand de biens. D’ici la fin du mois de janvier, David Giannella et ses trois sala- riés seront encore occupés par

plus à nous en ville, on a déci- dé d’aller à elle” résume le diri- geant. Qu’est-ce qui explique qu’après 80 ans de longévité, cet- te institution du prêt-à-porter soit contrainte de mettre un terme à son his- toire ? “On a tenu tant qu’on

Un nouveau challenge professionnel

pour David Giannella.

Joëlle Bloch et David Giannella s’apprêtent à dire adieu à leurs clients. 80 d’histoire se referment bientôt.

le grand déstockage organisé au magasin du 73, Grande rue depuis la fin novembre. Ensui- te, le responsable démarrera une nouvelle vie professionnel-

le, suivant pour cela les ten- dances actuelles des modes de consommation. Pour lui, c’est un nouveau challenge profes- sionnel qui s’ouvre. Pour les

Bisontins, c’est un peu de leur histoire qui disparaît avec la fermeture d’un des plus anciens commerces de la ville. n J.-F.H.

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