La Presse Bisontine 183 - Janvier 2017

BESANÇON 14

La Presse Bisontine n° 183 - Janvier 2017

ÉCONOMIE

Commerce fragile mais très prisé Librairies cherchent repreneurs Quatre commerces indépendants de Franche-Comté sont dans une volonté de transmission et trois autres l’envisagent dans le cadre de futurs départs en retraite. Avis aux intéressés.

D ans le milieu, on médiatise peu le fait qu’une librairie soit à vendre pour éviter les questionnements sur une supposée mauvaise santé financière. Impossible donc de dévoi- ler l’identité des librairies concernées, si ce n’est celles qui l’ont fait savoir comme la librairie Nicod àValentigney ou la librairie Siloë Chevassu à Besan- çon (voir notre zoom). Trois autres se situent dans le Jura, une en Haute-Saône et une dans le Haut-Doubs. Si certaines d’entre elles anticipent un peu cette transmission, c’est bien sûr par prévoyance, sachant que cela peut mettre du temps, de quelques mois à un ou deux ans selon les cas de figure. “On est sur un commerce relativement fragile avec une importante concur- rence autour des chaînes culturelles, d’Amazon, du livre numérique… et

Autre problème : les facteurs écono- miques plutôt défavorables. “C’est un des commerces qui a le résultat net le plus faible à la fin de l’année, de l’ordre de 1 %.” Sachant qu’une librairie se rachète à un tiers de la valeur de son chiffre d’affaires, à quoi il faut ajou- ter l’achat du stock “qui peut parfois coûter cher.” Or, diverses aides existent de la part de la Région, du Centre national du livre ou de l’A.D.E.L.C. avec notam- ment des prêts à taux zéro et des sub- ventions pour les porteurs de projet. “Depuis plusieurs années, les pouvoirs publics apportent leur soutien et sont très à l’écoute de l’évolution du mar- ché de la librairie et de la production éditoriale.” Il existe aussi un C.R.L. ou une association dédiée dans chaque région pour l’accompagnement et la professionnalisation des libraires. Ce qui fait que le commerce de la librai- rie se porte quand même plutôt bien. “Sur ces cinq dernières années, nous avons eu plus d’ouvertures que de fer- metures” , confirme David Finot. Le contexte concurrentiel les pousse aussi à se renouveler et se réinventer ce qui ne va pas sans déplaire à son public. n S.G.

avec des lecteurs de moins en moins nombreux” , constate David Finot, char- gé de mission au Centre régional du livre (C.R.L.) de Franche-Comté. Pourtant, les librairies attirent avec “l’image d’un métier passion, où on

Silöe Chevassu possède le plus grand rayon de livres sur les religions de l’Est de la France. Son directeur se donne jusqu’à fin 2017 pour trouver un repreneur. Après, il envisagera

s’épanouit et on trans- met.” Les candidats à la reprise ne sont généra- lement pas issus du milieu du livre. “Ils envi- sagent une totale recon- version.” Ce qui peut poser problème quand on doit “gérer plusieurs métiers en un.” “Il y a la gestion d’entreprise, la communication, l’ani- mation… Le fait de connaître les livres et d’en parler à ses lecteurs ne suffit pas aujourd’hui” , explique David Finot.

Plus d’ouvertures que de fermetures en 5 ans.

toutes les solutions.

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Les Bisontins verront-ils perdurer leur “librairie catho” comme ils ont pris l’habitude de l’appeler ?

Zoom La plus ancienne librairie de

Besançon en vente à 270 000 euros S ur le départ à plus de 60 ans passés, le directeur de la librairie Silöé, Pier- re Chevassu, a entamé les démarches il y a un an et vient de publier une annonce à l’argus commerce et entreprise. Le fonds de commerce bison- tin du bout de la Grande rue est affiché à 270 000 euros (plus un stock à 80 000 euros) pour une surface totale de 225 m 2 , dont 154 m 2 dédiés à la vente. Créée en octobre 1966 par son père, elle a été longtemps spécialisée en littéra- ture religieuse, avant de s’ouvrir “il y a une quinzaine d’années à la littérature généraliste et jeunesse.” Seule une librairie à Épinal, anciennement rattachée au G.I.E. Silöé, et une enseigne à Dijon se positionnent sur le même créneau. Ce qui laisse donc “une zone de chalandise assez large et un vrai potentiel de déve- loppement” , d’après son directeur qui a déjà reçu cinq candidatures. “Deux sont très intéressantes et concernent des personnes qui travaillaient déjà dans le livre.” L’une de la région parisienne et l’autre de Franche-Comté. Bien sûr, Pierre Chevassu aimerait que la librairie conserve sa spécificité et ses deux employés. L’un des deux porteurs de projet s’y serait engagé, avec même le maintien de son nom actuel. Reste à savoir s’il sera en capacité financière pour investir d’abord, et ensuite tenir, car comme le rappelle Pierre Chevassu, “il ne faut pas chercher à s’enrichir quand on est libraire, et être avant tout un bon gestionnaire.” n

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