La Presse Bisontine 183 - Janvier 2017

LE GRAND BESANÇON 28

La Presse Bisontine n° 183 - Janvier 2017

FRANOIS

Avec le réseau “Welcome en France”

Des habitants ouvrent leurs portes aux migrants “N’ayons pas peur d’offrir l’hospitalité” est le message lancé par des habitants de Franois et Serre-les-Sapins qui hébergent depuis quelques mois des demandeurs d’asile.

Pour Marie- Madeleine, qui offre l’hospitalité de bon cœur, “nous n’avons pas de mérite à être nés dans un pays sûr. Cela nous donne même plus de devoirs !”

2 5 familles ont sponta- nément fait le choix d’of- frir gîte, couvert ou tout simplement une aide au quotidien (déplacement, collec- te de vêtements…) à ces per- sonnes qui sont dans le besoin. Un geste bénévole qui fait sui- te à un constat : le manque de place en centres d’accueil de demandeurs d’asile. “En sep- tembre 2016, on en comptabili- sait 25 300 sur l’ensemble de la

France pour 80 000 demandes” , précise Marie-Madeleine Gui- raud, qui fait partie des familles hébergeuses à Franois. Le collectif, composé essentiel- lement de retraités, est regrou- pé depuis novembre sous l’as- sociation “Welcome Franois Serre” (qui est rattachée au réseau national éponyme). “On s’est lancé avec C.C.F.D.-Terre Solidaire.” Après s’être informés auprès

des principaux acteurs en région, et avoir participé à une réunion au cours de laquelle un réseau de familles de Grenoble sem- blable au leur est venu témoi- gner, ces Grands Bisontins ont hébergé leurs premiersmigrants. Mais qui accueillir en priorité ? C’est la C.I.M.A.D.E. et le Col- lectif de défense des droits et libertés des étrangers (C.D.D.L.E.) qui ont fait le lien entre eux. Pour l’instant, trois familles avec un enfant et un célibataire ont déjà été héber- gés à tour de rôle sur une pério- de de trois semaines maximum. “Déjà engagés dans d’autres acti- vités bénévoles, nous avions convenu qu’on assurerait ce rou- lement pour le confort de tous et le meilleur accueil possible” , précise Marie-Madeleine. Cette enseignante à la retraite a toujours eu la culture du béné- volat. Investie depuis 10 ans à la maison de la Grette, elle y donne des cours de français aux étrangers et les aide à prépa- rer des examens avec l’associa- tion “Agir solidarité Franche- Comté”. Et quand on lui demande pour-

Des vies menacées et en danger En attente de la réponse pour sa demande d’asile, le Kosovar actuellement hébergé chezMarie- Madeleine trouve dans cet accueil, un soulagement. Le Kosovo étant de nouveau reconnu comme un pays sûr par la France, l’obten- tion des papiers est plus difficile qu’auparavant. Le jeune homme aurait pourtant fui un système de mafia et de vendetta avec beau- coup de mariages forcés. Des situations que Marie-Made- leine a aussi à cœur de défendre. “Au sein de notre collectif, on est persuadé qu’on ne quitte pas son pays sans raison. Pour certains, il y a un réel danger alors qu’on entend souvent dire qu’ils vien- nent juste pour les allocations.”

quoi elle a choisi de les héber- ger, Marie-Madeleine nous cite le poète latin Terence : “Je suis un homme, et rien de ce qui est humain ne m’est étranger.” Elle y voit aussi un engagement poli- tique et social. “Savoir que des

remercier ces hébergeurs. “Quand quelqu’un donne, c’est bien qu’il puisse recevoir en échange.” Le plus souvent, chacun s’aide ainsi mutuellement en bonne entente, en préparant à man- ger, en faisant les courses ou le ménage. “Comme dans une vraie famille.” Certains de ces migrants sont aussi devenus bénévoles à la Banque alimen- taire ou aux Restos du cœur. Toutes les bonnes volontés sont bien sûr les bienvenues. Des familles de Pirey, Dannemarie et Vieilley ont rejoint dernière- ment le collectif. n

gens vivent dans une voiture épave depuis quatre mois, je trou- ve ça inhumain !” Certains migrants ont pris l’habitude de l’appeler “maman” avec dérision ou même “Malou”. Une réelle complicité s’est créée entre eux. “Nous sommes dans une relation de confiance” , note un jeune Kosovar arri- vé il y a six mois en France. Celui-ci pré- fère rester anonyme mais a souhaité témoigner pour

Comme dans une vraie famille

S.G.

Contact : Association “Welcome Franois Serre” 8, chemin de la Dinde, 25770 Franois. Tél. : 03 81 59 92 25

Quelque 140 migrants participent à des cours d’alphabétisation avec l’association Agir solidarité Franche-Comté (photo Agir Solidarité Franche-Comté).

EN BREF

LA VÈZE

L’aérodrome privé de vols hors-Schengen

L’aérodrome perd de l’influence L’État interdit depuis novembre aux avions hors-Schengen d’atterrir à La Vèze. Un coup dur. Dernièrement, un organe transporté d’Angleterre pour l’hôpital a été dérouté. Les businessmen, eux, atterrissent à Dole.

Restos du cœur Les Restaurants du Cœur du Doubs organisent le mardi 7 février 2017, au Kursaal de Besançon, leur 6ème Dîner gastronomique solidaire. Ce jour-là, plusieurs grands chefs de la Région mettront bénévolement leurs talents à la disposition des Restos afin de préparer un repas gastronomique. 240 convives pourront le déguster. La participation de 95 euros par personne comprend l’apéritif, le repas “haut de gamme”, les vins, le café, des friandises et l’animation. Chaque repas acheté permettra d’offrir 95 repas aux bénéficiaires des “Restos”. L’édition 2016 avait permis de financer plus de 20 000 repas. Réservations avant le 20 janvier. Rens. 03 81 41 92 11 ou au 06 88 86 96 22. Restos (bis) Avec la carte Avantages Jeunes, 1 don + votre coupon = des repas pour les bénéficiaires des Restaurants du cœur. Le Crédit Mutuel et la Région Bourgogne- Franche-Comté financeront l’équivalent de 3 repas pour chaque coupon reçu. Les Restos du cœur sont particulièrement à la recherche de jeux, jouets, vêtements enfants, matériel d’équipement pour bébé, produits de toilette… Ces dons et les coupons peuvent être remis dans un centre des Restaurants du cœur ou dans une structure Information

C e jour-là, un avion immatriculé dans les pays de l’Est est posé sur le tarmac de l’aé- rodrome de la Vèze. Il a dépo- sé 8 hommes d’affaires venus assister à un congrès à Besan- çon deux jours durant. Par chance, le commandant a pu se poser ici parce qu’il avait décollé de Tarbes et ne trans- portait que des passagers fran- çais. S’il était venu d’Angle- terre ou d’un pays “hors

pour nous les jeunes pilotes” témoigne Édouard (22 ans), pilote chez DomergueAviation et détenteur de la formation de pilote de ligne à l’instar de sa collègue Alice Rouillot, chef pilote (23 ans). La Vèze n’est pas le seul aérodrome concer- né. Courcelles-lès-Montbéliard l’est également mais aussi Saint-Tropez… qui vit gran- dement de l’arrivée des Russes et autres. L’aérodrome vézois n’avait rien vu venir. Les élus, et notam- ment la C.A.G.B. qui dirige cet espace, ont bien tenté de plai- der leur cas. En vain pour le moment. Cela prive l’aérodro- me de 150 à 200 vols par an. “Pour nous, c’est une perte éco- nomique. Pas plus tard qu’une semaine avant la décision de l’État, j’allais chercher des pièces en Angleterre pour les transporter en France” témoigne Claude Domergue. L’État cherche, lui, des écono-

Pour les jeunes pilotes d’aviation d’Alice, Édouard, Julien (de gauche à droite), cette décision est un mauvais coup.

Schengen”, l’at- terrissage aurait été refusé ! Pourquoi ? “Par- ce que depuis le 1er novembre, l’État a retiré à l’aérodrome les vols hors-Schen- gen. Il n’y a plus de contrôle doua- nier possible. C’est un mau- vais coup surtout

mies. Concrètement, un avion étran- ger doit se poser à Dole, les passagers poser le pied à ter- re, passer en zone de dédoua- nement, pour ensuite pouvoir repartir et aller se poser à La Vèze par exemple. Une perte de temps. “Un organe qui venait d’Angleterre, destiné à l’hôpi- tal de Besançon a dû être posé à Dole…” témoigne un avia- teur. Le syndicat du Marais prési-

dé par Ludovic Fagaut rap- pelle “ qu’il existait déjà un sys- tème dérogatoire pour accueillir la zone de dédouanement” explique l’élu qui y voit un frein pour le développement écono- mique et à l’installation de futures entreprises dans le Grand Besançon. Quant à l’extension de la pis- te et la déviation de la route départementale 246 qui a coû- té la bagatelle de 300 000 euros en 2012 (supporté par le syn-

dicat de l’aérodrome), cela res- semble à un gaspillage même si l’aérodrome estime qu’elle était nécessaire en raison des nouvelles normes. Une chose est certaine : il était envisagé de couper des arbres pour per- mettre l’atterrissage de plus gros avions. Ce projet ne décol- lera jamais. Au bonheur de ceux qui préservent le marais de Saône et de La Vèze. n E.Ch.

L’extension de la piste avait coûté 300 000 euros.

Jeunesse de la région. Rens. 03 81 21 16 10.

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