La Presse Bisontine 183 - Janvier 2017

BESANÇON

La Presse Bisontine n° 183 - Janvier 2017

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Propreté des rues : quel constat à Besançon et ailleurs ? RECHERCHE Des milliers de photos réalisées Deux chercheurs de l’Université de Franche-Comté ont enquêté durant trois ans sur la propreté des rues. Leur travail a fait l’objet d’une publication cette année dans la revue “Espaces et sociétés”.

“Nous voulions

casser cette idée que les villes françaises sont plus propres que celles du Maroc, elles-mêmes plus propres que celles du Sénégal”, remarque l’enseignant- chercheur Christian Guinchard.

M égots, chewing-gums, sacs plastiques, déchets ména- gers…croisent souvent notre chemin le long des trottoirs. Ancrés dans le contexte urbain, ils se fondent dans le décor et notre quoti- dien. Une situation que ces chercheurs bisontins ont souhaité analyser dans le cadre d’un grand programme de recherche lancé par le ministère de l’Environnement en 2009. Christian Guinchard et Laetitia Ogor- zelec du laboratoire de sociologie et d’anthropologie (L.A.S.A.) se sont ain- si intéressés à “ce lieu où vit la moitié de l’humanité : la ville” , et plus spéci- fiquement la rue, en collaboration avec Jean-François Havard, chercheur en science politique à l’Université de Hau- te-Alsace. “Nous nous sommes rapidement ren- du compte que les déchets n’étaient pas qu’un simple petit enjeu de politique urbaine” , remarque Christian Guin- chard. Leur enquête se base sur une recherche comparative entre deux villes

françaises : Besançon et Mulhouse, une ville marocaine : Mohammedia (dans la banlieue de Casablanca) et une ville sénégalaise : Rufisque (dans la banlieue de Dakar), qui ont des carac- téristiques communes. Très vite, il en ressortira des premiers constats étonnants comme cette faus- se image généralisée de l’incivilité. “Les gens ne cherchent pas à jeter n’im- porte quoi, n’importe où” , retient le sociologue. La présence de déchets étant le plus souvent “due au fait que

les équipements sont pleins, ou qu’ils sont inexistants.” La perception morale autour des déchets tendrait aussi à prouver qu’il n’y a pas tant d’incivilités que cela. “Dans toutes les villes étudiées, la vision du déchet était immédiatement asso- ciée à un responsable, com- me la conséquence de quelque chose qui n’a pas lieu d’être.”

de photo-élucidation” au cours des- quels des personnes étaient invitées à commenter les images. La valorisation des résultats scienti- fiques a débuté en 2012 et a inspiré au Maroc la mise en place d’un pro- gramme d’amélioration de la propre- té des rues dans ses grandes villes. Rien en revanche du côté sénégalais ou français. n S.G.

Plusieurs photographies ont été prises par l’équipe scientifique sur le terrain, ce qui a également donné lieu à des réactions surprenantes de la part des passants. “Certains étaient très fâchés, notamment à Mohammedia. Les gens se sentaient attaqués en tant qu’habi- tants de la rue ou même de la ville.” À Mulhouse aussi, les chercheurs ont dû faire face à des réticences, de la part des responsables locaux cette fois,

“vis-à-vis de cette espèce de fantasme anthropologique selon lequel, la sale- té, c’est l’autre.” Une question sensible et qui constitue un vrai enjeu locale- ment. “La désignation d’un coupable autour des déchets débouche sur un mécanisme sacrificiel.” Pour appuyer son enquête, l’équipe scientifique a aussi fourni des appa- reils photo aux habitants et a réalisé des entretiens basés sur la “technique

“La saleté, c’est l’autre.”

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