La Presse Bisontine 183 - Janvier 2017

RETOUR SUR INFO - BESANÇON

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La Presse Bisontine n° 183 - Janvier 2017

Le C.H.R.U. condamné dans le procès amiante

L’actualité bouge, les dossiers évoluent. La Presse Bisontine revient sur les sujets abordés dans ses précédents numéros, ceux qui ont fait la une de l’actualité de Besançon. Tous les mois, retrouvez la rubrique “Retour sur info”. Ne banalisons pas la prostitution

Renouveau Survolté, habité, transcendé, dopé, transfiguré, possédé… On ne sait pas quel terme employer tant le final du grand meeting d’Emmanuel Macron fut pour le moins déroutant. Sur la forme, il est clair que l’ambitieux trentenaire habite désormais pleinement la fonc- tion de candidat à la présidentielle et ceux qui en doutaient encore savent désormais qu’il ira jusqu’au bout, voi- re au-delà… Au point d’éliminer de la finale et Marine Le Pen, et les socia- listes soudainement un peu plus enco- re ringardisés ? Pourquoi pas. Le can- didat Macron, sur lequel rappelons-le le maire de Besançon a misé dès le départ, semble peut-être commencer à incarner ce que les Français sou- haiteront sans doute en cette année 2017 : le renouveau. On l’a vu en cas- cade ces dernières semaines. Ils n’ont plus voulu d’un ancien président de la République : exit Nicolas Sarkozy. Ils n’ont pas souhaité voir revenir un reve- nant : dehors Alain Juppé. Ils ont fait comprendre au président de la Répu- blique lui-même qu’il allait se faire éjec- ter de la compétition : ce dernier a pré- féré s’auto-exclure dans un exercice de hara-kiri inédit sous la Vème Répu- blique. Ce que veulent les Français désormais, ce sont sans doute de nou- velles têtes. En cela Emmanuel Macron aura de fait beaucoup plus de crédit que Manuel Valls qui devra porter com- me une croix l’héritage de cinq ans de hollandisme, ce vieux socialisme du XXème siècle dont les citoyens ont compris qu’il n’avait pas su évoluer avec son temps. Ce souci de renou- veau ira-t-il néanmoins jusqu’au bout ? En ce cas, ni Manuel Valls ni François Fillon ne pourront paraître comme les meilleurs garants d’un renouvellement. Pas plus qu’une Marine Le Pen aux discours éculés ou un Jean-Luc Mélen- chon qui rejoue le même numéro d’ac- teur. Mais plus que le renouveau des visages, c’est le renouveau du discours et surtout des actes qu’attendent désor- mais des Français qui, quoi qu’on en dise, sont toujours aussi passionnés par la politique et la chose publique. Ce à quoi ils aspirent, ce sont d’abord des candidats qui tiennent, avant, pen- dant et surtout après la campagne un discours de vérité, de sincérité, de trans- parence, d’honnêteté. Ce petit jeu a déjà fait plusieurs victimes, rayées du paysage politique national alors qu’elles tenaient les premières loges. En moins d’un mois, la politique française a été toute chamboulée. Les Français veu- lent de l’air frais. ■ Jean-François Hauser Éditorial est éditée par “Publipresse Médias” - 1, rue de la Brasserie B.P. 83143 - 25503 MORTEAU CEDEX Tél. : 03 81 67 90 80 - Fax : 03 81 67 90 81 E-mail : redaction@publipresse.fr S.I.R.E.N. : 424 896 645 Directeur de la publication : Éric TOURNOUX Directeur de la rédaction : Jean-François HAUSER Directeur artistique : Olivier CHEVALIER Rédaction : Édouard Choulet, Thomas Comte, Jean-François Hauser. A collaboré à ce numéro : Sarah George. Contact publicitaire : François ROUYER au 06 70 10 90 04 Imprimé à Nancy Print - I.S.S.N. : 1623-7641 Dépôt légal : Décembre 2016 Commission paritaire : 0220 I 80130 Crédits photos :L.P.B.,Agir Solidarité F.C., Archi.Tech,S. Durbic,E. Eme,Région B.F.C.,L. Tyger, C.Guinchard,C.Dudoubs,J.-C. Sexe/Besançon.

Les syndicats se battent depuis des années pour que la question de l’amiante soit jugée (photo archi- ve L.P.B.).

L e Tribunal correctionnel de Besançon vient de condamner le Centre hos- pitalier régional universitaire à une amende de 40 000 euros avec sursis dans le procès qui l’oppose à 53 de ses agents des services techniques, logistiques et de sécurité. Constitués en partie civile, ces agents ont enga- gé une procédure judiciaire contre leur employeur pour “mise en danger de la vie d’autrui par exposition aux poussières d’amiante et à un risque de mort ou d’infirmité permanente.” Ils ont été exposés à cette matiè- re nocive lors des travaux de désamiantage et de mise en sécurité incendie du bâtiment historique de l’hôpital Minjoz. Après six années de procédu- re, la justice a rendu un verdict en “demi-teinte” selon l’inter- syndicale C.F.D.T., C.G.T., F.O., S.U.D., du centre hospitalier qui soutient les agents dans leur combat. La sanction de 40 000 euros est inférieure aux 60 000 euros requis par la pro- cureure, et à la peine maxima- le de 75 000 euros. Néanmoins, selon l’intersyndicale, “cette sanction pénale est symbolique à plus d’un titre. C’est en effet la première fois qu’une juridic- tion pénale condamne pour de tels faits un établissement public” précise-t-elle dans un commu- niqué. Elle indique ensuite que “si cette condamnation permet

aux agents d’obtenir la juste reconnaissance de leur statut de victime, elle ne saurait être une victoire absolue.” En effet, pour obtenir une indemnisation, les victimes qui vivent désor- mais avec “la crainte de déve- lopper des pathologies très inva- lidantes liées à la contamination” doivent se tourner maintenant vers la juridiction administrati- ve. Enfin, l’intersyndicale esti- me que la sanction de 40 000 euros prononcée à l’en- contre du C.H.R.U. “est la consé- quence d’une législation inadap- tée et non dissuasive.” Le centre hospitalier a décidé de faire appel de ce jugement afin de “clarifier la situation.” L’établissement de santé rap- pelle qu’il est engagé depuis 2009 dans un chantier d’am- pleur de désamiantage et de mise aux normes. Il précise enfin que sa détermination à mener à bien cette opération dans les meilleures conditions est intac- te. Le C.H.U. est soutenu par la Fédération Hospitalière de Fran- ce dans sa décision de faire appel. La F.H.F. souligne de son côté que “de nombreux bâti- ments publics et privés présen- tent des risques liés à la pré- sence d’amiante. La gestion de ces risques est une probléma- tique particulièrement complexe, notamment en site occupé” com- me c’est le cas à Besançon. Affaire à suivre. ■

L e Mouvement du Nid à Besançon s’in- quiète de la banalisation faite autour d’un témoignage, comme celui de cette étu- diante, apporté dans le n° 182 de La Presse Bisontine, et de “la valeur incitative que cela peut avoir auprès des personnes les plus fra- giles.” S’appuyant sur une enquête réalisée auprès des étudiants par l’Amicale du Nid avec l’Uni- versité Paul-Valéry à Montpellier entre 2009 et 2012, la délégation bisontine insiste sur les multiples facteurs fragilisant en amont et après l’entrée en prostitution “qui sont les mêmes que chez les non-étudiant(e)s.” Si la paupéri- sation joue un rôle, il faut aussi tenir compte de l’histoire personnelle de l’individu (expé- riences traumatiques, dévalorisation de soi- même…) et de son environnement (ruptures familiales, addictions…). L’hypersexualisation et les rapports de dominance homme-femme dans nos sociétés participeraient aussi du phé- nomène. Cette enquête montpelliéraine pro- pose une photographie des représentations de la prostitution parmi les étudiant(e)s. Les répondants représentent 10 % de la popula- tion totale de cette université, constituant un échantillon représentatif selon l’Observatoire de la vie étudiante. Il en ressort pour 80,2 % d’entre eux que la prostitution occasionnelle n’est pas un moyen acceptable d’arrondir ses fins de mois. 63% voient également dans l’ac- te prostitutionnel, une violence. En pratique, 4 % des répondants sont pour- tant concernés (déclarant avoir déjà accepté de l’argent ou autre chose contre un acte sexuel) et 23 % connaissent des personnes ayant connu un risque de prostitution. Si le phéno- mène est marginal, il ne faut donc pas non plus le minimiser. “Les étudiant(e)s prostitué(e)s sont soumises

au même type de fragilité que les autres”, pré- vient le Mouvement du Nid, “et pour nous, il paraît compliqué de s’en sortir.” Le gain d’ar- gent facile favorisant l’engrenage. Sur ce point également, la délégation bisonti- ne trouve “inapproprié et choquant” de parler de  “salaire.” L’enquête menée à Montpellier précise d’ailleurs que plus d’un étudiant sur deux (60,2 % des interrogés) estime qu’il ne s’agit pas d’un métier. La question de la pros- titution étudiante étant souvent associée direc- tement et uniquement à celle de la précarité. Une journée de sensibilisation, organisée en 2013 à Besançon, à destination du personnel du C.R.O.U.S. et du service de médecine pré- ventive, a permis de donner des éléments d’in- formation pour repérer et accompagner au mieux une personne en situation de prostitu- tion ou ayant des comportements à risque. ■

Comme ici en 2013, deux psychosociologues ont abordé la prostitution étudiante avec le personnel du C.R.O.U.S. et de médecine préventive de Besançon.

Le premier habitat participatif va démarrer aux Chaprais

T rois ans après notre pre- mier article, le programme ambitieux d’habitat parti- cipatif “La Pernotte” rue de l’Égli- se dans le quartier des Chaprais va débuter. “Le permis de construire a été déposé fin novembre. C’est une étape-clé” résume Anthony Lecomte, futur résident de ce programme immo- bilier pas comme les autres. Depuis le printemps 2013, un groupe de citoyens, au départ plus d’une cinquantaine, s’est réuni à l’initiative de l’associa- tion du Café des Pratiques pour construire un programme où les habitants partageront des locaux comme la buanderie, le local vélo, la chambre d’ami, ou enco- re l’atelier bricolage. Objectifs :

encourager les liens entre voi- sins, et employer des matériaux plus sains, tout en maîtrisant les coûts de construction. Ce pro- jet, c’est le leur. Chacun appor- te sa touche. Comme pour tout projet, il y a des hauts et des bas, sans comp- ter le départ de futurs habitants en cours de route pour des rai- sons personnelles. Mais quoi qu'il en soit, le noyau dur reste soudé. Ensemble, le groupe va investir 2,2millions d’euros dans ce bâtiment de 11 logements. “Il reste un appartement F3 à vendre, de 59 m², avec place de parking, terrasse de 10 m², cave de 3 m² pour 165 000 euros” précise Anthony Lecomte. Familles, familles monoparen-

tales, personne seule, retraité, personnes en situation de han- dicap, jeunes et anciens se retrouveront dans cet immeuble à l’horizon fin 2018. “Les pre- miers travaux débuteront au printemps 2017” explique les futurs propriétaires qui ont appris à se connaître. Deux logements sociaux sont également prévus “pour favoriser la mixité socia- le.” Tous les plans sont prêts. L’impact environnemental est annoncé comme réduit : terre cuite en façade, isolation bio- sourcée, solaire thermique, récu- pération d’eau de pluie… La persévérance de chacun por- te ses fruits à l’heure où ce pro- jet inédit dans la région se concrétise. ■

Au Café des Pratiques (rue de Belfort), réunion publique de présentation du projet d’habitat participatif la Pernotte.

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