La Presse Bisontine 182 - Décembre 2016

Mensuel d'informations de Besançon et du Grand Besdançon

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Mensuel d’information de Besançon et du Grand Besançon www.presse-bisontine.fr DÉCEMBRE 2016 N° 182

UN PHÉNOMÈNE EN PROGRESSION “MOI, LISE, 21 ANS, JE ME PROSTITUE POUR PAYER MES ÉTUDES” ENQUÊTE SUR LA “NOUVELLE” PROSTITUTION À BESANÇON

l’événement en p. 6 et 7

point de vue p. 4 L’archevêque de Besançon Les immigrés sont “une richesse pour la France”

le dossier p. 18 à 22 15 nouvelles communes LE GRAND BESANÇON POUSSE LES MURS

Rédaction : “Les Éditions de la Presse Bisontine” - B.P. 83 143 - 1, rue de la Brasserie - 25503 MORTEAU CEDEX - Tél. 03 81 67 90 80 - redaction@publipresse.fr - www.presse-bisontine.fr

RETOUR SUR INFO - BESANÇON

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La Presse Bisontine n° 182 - Décembre 2016

L’actualité bouge, les dossiers évoluent. La Presse Bisontine revient sur les sujets abordés dans ses précédents numéros, ceux qui ont fait la une de l’actualité de Besançon. Tous les mois, retrouvez la rubrique “Retour sur info”. “La Petite ferme des Vaîtes” a déjà 90 fermiers associatifs

Les Vaîtes démarrent

Claque L’élection de Donald Trump à la tête de la première puissance mondiale est une grande claque à tous les idéo- logues et penseurs autoproclamés, journalistes et éditorialistes inclus, qui n’ont eu de cesse de présenter l’hom- me tantôt comme un avatar d’Achille Zavatta, une sorte de clown pathé- tique, tantôt comme un Hitler en puis- sance. Les mêmes commentateurs omniscients continuent de voir ici en France en Nicolas Sarkozy un dicta- teur et en Jean-Luc Mélenchon un joyeux pacifiste… Il n’est pas question ici de considérer Donald Trump com- me un président comme les autres, loin s’en faut. Son inexpérience autant que ses discours de campagne sou- vent ahurissants laissent encore dubi- tatifs. De là pourtant à le réduire au rang d’ignare simpliste et va-t-en-guer- re est sans doute une lourde erreur. De France, aucun analyste n’a su cap- ter l’âme profonde de ses Américains qui, avant les outrances, ont remar- qué chez Trump cet esprit de conquê- te et d’entreprise qui caractérise cet- te nation depuis deux cent cinquante ans. Aucun commentateur n’a perçu non plus que cet homme, au langage fleuri, parlait comme ces millions d’Amé- ricains. Cette élection renvoie natu- rellement à la figure de ceux qui pré- tendent ici en France accéder à la fonction suprême le parallèle doulou- reux que Marine Le Pen elle-même s’est empressée d’établir entre les deux élections de part et d’autre de l’At- lantique : un candidat anti-système qui parle au peuple des oubliés. Si ce parallèle fait tant peur ici en France, c’est qu’aucun des candidats qui se bousculent au portillon n’a été en mesu- re jusqu’ici de livrer une vision cré- dible et à long terme de la France. Et que tous naviguent en fonction de la boussole que constituent les sondages. Si l’élection américaine a montré une seule chose, c’est qu’aucun électeur, où qu’il soit, ne se détermine plus en fonction de quelque consigne, d’où elle vienne. Les candidats qui ne veu- lent pas d’un scénario à la Trump en France sont prévenus : celui qui sau- ra d’ici le printemps redonner une vraie vision de son avenir à la France évi- tera peut-être que survienne ici une mauvaise surprise et que le déclinis- me ne l’emporte. ■ Jean-François Hauser Éditorial est éditée par “Publipresse Médias” - 1, rue de la Brasserie B.P. 83143 - 25503 MORTEAU CEDEX Tél. : 03 81 67 90 80 E-mail : redaction@publipresse.fr S.I.R.E.N. : 424 896 645 Directeur de la publication : Éric TOURNOUX Directeur de la rédaction : Jean-François HAUSER Directeur artistique : Olivier CHEVALIER Rédaction : Édouard Choulet,Thomas Comte, Jean-François Hauser. A collaboré à ce numéro : Sarah George. Contact publicitaire : François ROUYER au 06 70 10 90 04 Imprimé à Nancy Print - I.S.S.N. : 1623-7641 Dépôt légal : Novembre 2016 Commission paritaire : 0220 D 80130 Crédits photos : L.P.B., A.-L. David, A.T.M.O., Geoide, J. Renard, Montres Lornet, Prioriterre, B. Rheims.

Nicolas Bodin, François Grether, Jean-Louis Fousseret, lancent la phase concrète du projet d’éco-quartier.

D ans la rue Anne-Frank à Besançon, trois cochons nains, deux chèvres, un lapin, deux oies de Guinée, des chèvres naines, des poules… s’en donnent à cœur à joie dans leurs enclos flambant neufs fabriqués par les membres de l’association “La petite ferme des Vaîtes”. Depuis notre visite en juin, suivie d’un article (La Presse Bisontine N° 178), le terrain situé au cœur du futur éco-quartier, qui n’était à l’époque qu’un vaste pré tondu est devenu une mini-ferme associative au cœur de la vil- le où des bénévoles se relaient chaque jour pour soigner les animaux, les rentrer dans le poulailler, ou récupérer les œufs pondus. Samedi 29 octobre, sous les derniers rayons de soleil de l’automne, l’association a organi- sé une journée portes ouvertes à laquelle une bonne centaine de personnes a participé dont des élus bisontins. Besançon a en effet signé une convention avec l’association pour qu’el- le utilise cet espace. Lors de cette journée, fai- re découvrir l’association, les animaux, les pro- jets, les bénévoles. “Nous sommes aujourd’hui

“U ne offre de logements pour tous dans un écrin de verdure” , voilà comment la Ville définit le futur éco-quartier des Vaîtes qui a fait couler beaucoup d’encre durant près de 15 ans. “Jamais un projet n’avait autant suscité de réunions” concède le maire qui a fait dernièrement face à la critique des élus d’op- position lors du conseil de novembre. Jacques Grosper- rin et Pascal Bonnet (Les Répu- blicains) rappelant que Besan- çon bétonnait alors que la vacance de logements gran- dissait. “Sans oublier les craintes pour les maraîchers qui béné- ficieront de moins d'ensoleille- ment en raison des habitations” soulignait Pascal Bonnet. Ce à quoi le maire répond sur le terrain. Lundi 14 novembre, en présence de l’urbaniste Fran- çois Grether, il s’est rendu aux Vaîtes, non loin de l’arrêt du tram pour présenter le projet suivi d’une réunion d’informa- tion avec les riverains. 1 150 logements sur 23 hec- tares seront créés là “avec la volonté de préserver un cadre bucolique” insiste le maire. L’as- sociation “Les Vaîtes” qui a long- temps contesté le projet et notamment le rachat des prix des terrains jugera. Deux rues, à modes doux, traverseront l’es-

90 adhérents” se réjouit le président Vincent Abellanet. Ce jour-là, les bénévoles avaient préparé une soupe bio, réchauffée par un feu de bois, des animations, découvertes d’es- pèces, en présence d’élus de la ville. Le fonctionnement de la mini-ferme sur cet espace de 2 000 m 2 se base sur la coopéra- tion et la solidarité. Des codes sont délivrés aux adhérents pour qu’ils puissent se rendre dans les enclos. Renaud Lapprand qui a lan- cé le projet veille au grain. Les projets se mul- tiplient : “Nous avons déjà proposé un atelier (atelier hérisson à destination des enfants) et nous comptons multiplier ces propositions (ate- lier nichoirs, atelier hôtel à insectes, ateliers crochet, poterie, etc.). Chaque vendredi, ce sont des enfants autistes de l’I.M.E. L’Essor qui s’occuperont des soins (nourriture, eau et nettoyage)” explique Renaud. La “petite” fer- me deviendra grande. ■

pace d’est en ouest. Le chemin du Vernois, qui passe devant les serres des maraîchers, sera aménagé. Premiers travaux en mars. Livraison des espaces publics et des premiers pro- grammes de logements en 2019. Le nouveau groupe scolaire (qui se situera à l’angle du chemin du Vernois et de la rue de Brû- lefoin) ouvrira ses portes à la rentrée 2021. “Nous nous sommes appuyés sur le quar- tier existant, avons préservé la colline verte des Bicquey avec jardins familiaux, espaces de jeux, récupération de l’eau de pluie… Les logements s’insé- reront le long de la ligne de tram- way” présente François Gre- ther, l’urbaniste. “On veut de l’habitat varié : 20 % seront en logement social, une autre par- tie à la vente en deçà des prix du marché” poursuit Jean-Louis Fousseret, accompagné de Nicolas Bodin, adjoint à l’urba- nisme. Prix raisonnable, c’est quoi ? “Environ 2 500 euros le m 2 ” répond un promoteur. Trois sociétés se sont positionnées pour acheter des lots à Terri- toire 25. Selon nos informations, un terrain se vendait 250 euros le m 2 hors taxes en surface plan- cher aux futurs promoteurs. À 2 km du centre-ville, le quartier maraîcher va posséder des com- merces. ■

La Petite ferme des Vaîtes : www.fermedesvaitesblogwordpress.com

“La ferme des Vaîtes” réunit de nombreux Bisontins autour du projet associatif. Bientôt, elle sera entourée des futures constructions de l’éco-quartier.

Renseignements : www.lesvaites.fr

La police municipale descend dans la rue

M ercredi

salaires, nos retraites de misè- re qui ne tiennent pas compte de nos primes.” Aux questions sociales s’ajou- te celle de l’armement qui est une demande forte de la part des agents à Besançon. Mais sur ce point, le maire, Jean- Louis Fousseret, est inflexible. “Lors des attentats de Nice, le premier qui a tiré sur le camion fou, c’est un policier munici- pal” argumente le représentant syndical justifiant ainsi l’im- portance d’autoriser les poli- ciers municipaux à porter une arme à Besançon. Les agents en uniforme le veulent ainsi pour assurer leur propre sécu- rité et celle de la population dans un contexte où se pro- page l’insécurité. En manifestant, les policiers municipaux espèrent obtenir des engagements de la part

16 novembre, les policiers municipaux ont manifesté à

Besançon devant la préfectu- re. Les agents sont descendus dans la rue comme partout en France à l’appel du Syndicat F.O. Police Municipale rejoint à Besançon par le S.N.P.M. (Syndicat National des Policiers Municipaux). Las d’être consi- dérés comme faisant partie d’une “sous-police”, ces hommes et ces femmes, employés par les mairies, atten- dent d’être reconnus à la hau- teur de leur engagement quo- tidien au service des habitants dont ils assurent, à leur niveau, la sécurité. Leurs revendica- tions sont multiples “et tou- chent tous les problèmes qu’on rencontre” lance un délégué du S.N.P.M. “Il y a nos petits

Les policiers municipaux se sont réunis devant la préfecture le 16 novembre.

vraiment l’impression de ne pas exister” déplore le représen- tant du S.N.P.M. Le chemin sera long pour ces agents qui veulent faire évoluer la police municipale. ■

des pouvoirs publics, comme les policiers nationaux en ont obtenu récemment. En effet, le ministère de l’Intérieur va déga- ger une enveloppe globale de 225 millions d’euros pour l’achat

de nouveaux équipements à destination des forces de l’ordre. “L’article sur la légitime défen- se a été aménagé pour la Poli- ce nationale. Il ne nous concer- ne même pas. Nous avons

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L’INTERVIEW DU MOIS

La Presse Bisontine n° 182 - Décembre 2016

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RELIGION

L’archevêque de Besançon “Les immigrés sont une richesse pour la France”

L a Presse Bisontine : Vous étiez début novembre à Lourdes pour la conférence annuelle des évêques de France où le thème de la pédophilie constituait un des sujets majeurs. Le problème est tel qu’il méritait toute une semaine de discussions ? Jean-Luc Bouilleret : Ces moments de réflexion, arti- culés autour de la pénitence, du jeûne et de la prière ont été très forts pour nous tous. Car nous n’avions sans doute pas mesuré suffisamment l’importance d’écouter les victimes,mêmes quand des faits datent de plusieurs décennies. Depuis le début des années 2000 pourtant, un gros tra- vail avait été engagé par la conférence des évêques de France mais la nécessité d’entendre les vic- times n’avait pas été suffisamment prise en comp- te. C’était un des objets des discussions cette année. Je crois qu’on a réellement perçu la détres- se des victimes quand elles ont été agressées et détruites à cause d’abus sexuels. L.P.B. : Des mesures concrètes ont été décidées ? J.-L.B. : Oui, notamment la mise en place d’un dis- positif d’accueil qui peut se déclencher dès qu’il y a la moindre alerte sur un cas et le renforce- ment des rapports avec l’autorité judiciaire. A été mise en route aussi une commission d’ex- pertise indépendante basée à Paris destinée à conseiller les évêques dans l’évaluation des situa- tions litigieuses. Des progrès réels ont été faits pour qu’à l’avenir plus aucun cas ne reste sans réponse.Tout cela a fait ressurgir des souffrances, souvent anciennes et toujours aussi difficiles à vivre pour les victimes. L.P.B. : Vous avez été personnellement confronté en tant qu’évêque, lorsque vous étiez à Amiens, à un cas de prêtre pédophile. La question vous touche particulièrement ? J.-L.B. : J’avais en effet vu le procureur de la Répu- de l’actualité : la pédophilie dans l’Église et la question sensible des migrants. Réaction. Jean-Luc Bouilleret, l’archevêque de Besançon, aborde deux sujets “chauds”

Monseigneur Jean-Luc

Bouilleret a sou- haité relayer for- tement dans son diocèse l’appel lancé par le Pape François en 2015 au sujet de l’accueil (photo A.-L. David)

tion sensible. Les agressions d’ordre sexuel proviennent la plupart du temps de fractures psychologiques qui concernant indistinctement autant les personnes célibataires que les personnes mariées. Cer- tains agresseurs sont parfois aus- si d’anciens agressés. Il y a aussi ces derniers temps l’influence d’In- ternet qui contribue parfois à créer des situations douloureuses. Le mariage n’est certainement pas là pour pallier ce genre de problème et cette question du mariage des prêtres peut être discutée, mais en dehors de ces considérations. Le problème des agressions sexuelles est avant tout une question de com- portement individuel. L.P.B. : L’Église est trop souvent montrée du doigt selon vous ?

sur le territoire. Le diocèse de Besançon a même embauché un salarié pour se consacrer à temps plein à cette question. Nous avons vraiment pris à bras-le-corps la question des migrants et il y a une très belle mobilisation de l’Église locale, en lien avec les associations locales et les autorités préfectorales. Il y a une très belle mobilisation, qui ne fait pas de bruit, mais faire le bien ne fait pas de bruit… L.P.B. : Que vous inspirent ces partis politiques qui veu- lent faire voter des motions contre l’accueil des migrants ou ces élus qui ne veulent pas de migrants sur leur terri- toire ? J.-L.B. : Ces attitudes me choquent. Il ne faut pas faire croire que la France accueille des centaines de milliers de migrants. Il y a eu beaucoup plus d’immigration dans d’autres périodes de notre histoire récente et j’estime, on le prouve en ce moment, que nos capacités d’accueil sont enco- re possibles. Maintenant, il est nécessaire de se poser la question de lamanière dont on les intègre dans la société française. Les études les plus sérieuses ont montré que les immigrés, par leur apport, ont toujours constitué une richesse pour la France. Les acteurs politiques entretiennent la confusion autour de ces questions. Ce qui s’est passé récemment aux États-Unis avec l’élection de DonaldTrump risque d’interpeller encore plus autour de cette question. Je conçois que le mon- de de la responsabilité politique est toujours un peu compliqué, mais pour nous, chrétiens, les migrants sont nos frères en humanité. L.P.B. : L’accueil doit-il être inconditionnel ? J.-L.B. : Bien sûr que non. Nous sommes là pour accueillir, mais aussi et surtout pour favoriser l’intégration, par des cours de français, des temps de fraternité, etc. Nous ne sommes pas dans le discours, mais complètement dans l’action. Com- me résumait le Pape François, les priorités sont d’accueillir, d’accompagner, de discerner, d’inté- grer. L.P.B. : Les fêtes de fin d’année approchent : avec de moins en moins de prêtres et de fidèles, l’Église est-elle vrai- ment en crise ? J.-L.B. : Je dirais plutôt que l’Église est en muta- tion. Il faut qu’on trouve, avec plus de laïques impliqués, le chemin du témoignage. Que chaque chrétien ose dire sa foi, sans l’imposer, mais en proposant son témoignage. On est dans ce grand mouvement d’évangélisation. L’Église vit actuel- lement des changements fondamentaux, elle fait non pas sa révolution, mais sa mutation. n Propos recueillis par J.-F.H.

blique pour une telle affaire, alors même que les éléments que j’avais en ma possession étaient très minces. La famille m’avait juste dit qu’il s’était peut-être passé quelque chose et je l’avais donc signalé. Aujourd’hui, ce prêtre a été réduit à l’état laïc, il n’est plus prêtre. L.P.B. : L’Église est souvent stigmatisée pour ces pro- blèmes récurrents. Le mariage des prêtres, qui après tout sont des hommes comme les autres, n’est-il pas une des solutions ? J.-L.B. : J’assiste depuis que je suis à Besançon à la rentrée judiciaire du tribunal et je constate que la plupart des agressions de ce type se font au sein même des familles, avec des gens mariés. La question du mariage ou du célibat n’a donc à mon sens que peu de rapports avec cette ques-

“Faire le bien ne fait pas de bruit.”

80 nouvelles demandes d’aide tous les mois E n complément des disposi- tifs de l’État relayés ici par la préfecture du Doubs, tout déboutés de leur demande d’asi- le, mais dont les conditions de vie précaire nécessitent un devoir d’humanité.

note Maryse Fischer, du C.C.F.D. Cette mobilisation autour des migrants concerne déjà près de 700 bénévoles qui accueillent, hébergent, offrent le couvert, sou- tiennent les migrants dont la plu- part viennent des Balkans. Essen- tiellement ceux dont l’État ne s’occupe pas car ils ne provien- nent pas de pays considérés à risques. “38 familles ont déjà été hébergées, soit environ 115 per- sonnes, pour un total de 15 300 nuitées. Nous recevons chaque mois 80 nouvelles demandes d’ai- de” note Nicolas Oudot, coordi- nateur de la Pastorale des migrants. La mobilisation s’ouvre désormais également aux réfugiés de Calais. “Il faut qu’on assure à ces per- sonnes des conditions de vie qui leur permettent de se retourner, même si leur demande d’asile a déjà été refusée” ajoute Antoine Aumonier du Secours catholique. “Quand on voit des enfants de 2 ou 3 ans à la rue, il n’est plus question de savoir s’ils ont droit à l’asile ou non. Il s’agit de détres- se humaine” complète le frère Jacques Jouët du mouvement “Welcome aux Buis”. n

J.-L.B. : L’institution ecclésiale est toujours la plus attaquée sur ce sujet. Mais au fil des années et des décennies, on s’aperçoit aussi que les ques- tions de pédophilie ou d’agressions sexuelles concernent hélas toutes les grandes institutions : l’Éducation nationale, le sport, etc. Dans l’Égli- se, ce genre de faits est beaucoup plus souvent évoqué parce que l’impact médiatique est plus fort. Cela doit néanmoins renforcer notre exi- gence à l’exemplarité. L.P.B. : Autre question sensible actuellement, celle de l’ac- cueil des migrants (voir l’encadré ci-dessous). Quel rôle doit jouer l’Église localement ? J.-L.B. : Sur cette question, Les paroles de Jésus dans l’Évangile de Matthieu retentissent avec force : “Car j’avais faim, et vous m’avez donné à manger, j’avais soif, et vous m’avez donné à boi- re, j’étais un étranger, et vous m’avez accueilli, j’étais nu, et vous m’avez habillé, j’étais malade, et vous m’avez visité, j’étais en prison, et vous êtes venus jusqu’à moi !” C’est naturellement un devoir pour nous d’être impliqués sur cette ques- tion. Notre fondement à nous est dans la migra- tion. Abraham, notre première référence, était un Chaldéen errant. Sur cette question, la Pas- torale des migrants du diocèse de Besançon fait un travail formidable, depuis plusieurs années déjà et bien avant que cette question soit aussi prégnante en France. L.P.B. : Comment organisez-vous l’accueil ? J.-L.B. : C’est en route depuis trois ans et depuis, une vingtaine de collectifs se sont mis en place

une organisation s’est mise en place parallèlement dans le dio- cèse de Besançon, au sein de la Pastorale desmigrants qui regrou- pe, outre les instances ecclésiales, un réseau d’associations qui agis- sent dans le domaine social : Secours catholique, C.C.F.D., C.I.M.A.D.E., réseau “Welcome en France”, etc. Tous ensemble, ils organisent depuis plus d’un an l’accueil de migrants, souvent

Une vingtaine de collectifs sont ainsi nés ces derniers mois sur le territoire du diocèse de Besan- çon (Doubs et Haute-Saône) et de nombreuses paroisses orga- nisent régulièrement desmoments d’accompagnement fraternels. “Il y a un élan à susciter. Toute per- sonne sensible qui a une fibre humaine et qui veut porter un acte de solidarité peut nous rejoindre”

À gauche, Nicolas Oudot, de la Pastorale des migrants. Au centre, Antoine Aumonier du Secours catholique. À droite, frère Jacques Jouët du réseau “Welcome aux Buis”.

Les personnes intéressées par l’accueil peuvent joindre le 03 81 25 28 13

BESANÇON

La Presse Bisontine n° 182 - Décembre 2016

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ARMÉE

Coopération internationale

À Besançon, c’est un général britannique qui commande

Nick Nottingham est le premier général anglais à diriger des militaires français dans le cadre

Son parcours L e général Nottingham, 49 ans, père de deux garçons (13 et 16 ans), débute sa carrière en 1989 dans le Royal Anglian Regiment (infanterie). Il a suivi en France la filière d’ex- cellence de formation des offi- ciers supérieurs : école de guer- re, Centre des hautes études militaires et Institut des hautes études de Défense nationale. Il a été chargé de l’analyse stra- tégique de la sécurité et de la défense dans le cadre du Livre Blanc (2010) dans son pays. Il est ensuite affecté à Lille com- me officier de liaison britan- nique. En 2013, il est muté à l’E.M.A.T., où il sert comme chef de la Division relations inter- nationales. Nommé général de brigade à l’été 2016, il est affec- té à Besançon comme général adjoint 2 de la 1 ère Division. n

d’une coopération unique en France. Il est le bras droit du général Lesimple à l’état-major de la 1 ère Division.

Le général anglais Nick Nottingham dans la cour de la caserne Ruty à Besançon

I l aime tous les fromages fran- çais. “Avec une préférence pour le mont d’or” avoue le militaire british dans un français parfait.Dans son bureau situé à l’état-major de la 1 ère division quartier Ruty à Besan- çon, le treillis de Nick Nottin- gham dénote : c’est celui de l’“army” britannique. Le jour- nal anglais Daily Telegraph titrait même avant son arrivée à Besançon : “Sacre bleu !” Nick sourit lorsqu’on lui rapporte cet- te anecdote publiée dans ce quo- tidien britannique qui rappel- le dans cet échange inédit que nos deux pays se sont souvent opposés au cours de l’histoire. Mais le général étranger, dénom- mé Brigadier dans son pays, ras- sure en précisant qu’il est venu

Besançon. La qualité de vie est excellente, les gens ouverts. On est proches de la Suisse, de l’Al- lemagne.” Le général reste prudent quant à la comparaison entre armée française et anglaise, admet- tant tout de même que les deux armées de terre sont parmi les plus puissantes d’Europe mais qu’elles font face aux mêmes problèmes comme l’investisse- ment en matériel. “Nous avons les mêmes fardeaux” juge-t-il. Seule véritable différence de codes entre les deux forces armées : “la bouffe du midi” s’amuse-t-il. Le général, ouvert, souriant, apporte ce fameux fleg- me anglais en capitale comtoi- se. Rafraîchissant. n E.Ch.

l’U.E.” Cet échange s’inscrit dans la logique des accords de Lancas- ter House (novembre 2010) ren- forçant la coopération franco- britannique dans le domaine de la défense. Des accords qui pré- voient notamment la création, en 2016, d’une force expédi- tionnaire commune interarmées (Combined Joint Expeditiona- ry Force - C.J.E.F.), susceptible d’être engagée dans des opéra- tions bilatérales ou une coali- tion internationale. S’il ne connaissait pas la région avant son arrivée, Nick alias Nicholas, l’a adoptée. “J’avais visité le sud-ouest de la France comme le touriste anglais moyen, la Bretagne pour y naviguer… mais c’est la première fois à

mière. Rappelons tout de même qu’en 1916, le général Joffre avait commandé des divisions anglaises lors de la bataille de la Somme opposant les forces franco-britanniques aux troupes

“servir la France” même si c’est bien sa gracieuse majesté qui verse la solde du militaire. Conjointement, un officier fran- çais est en Angleterre dans le cadre de cet échange. Un détail ne trompe pas sur la veste kaki, c’est l’écusson de la 1 ère division collé sur la manche gauche. Depuis août, le général a pris ses quartiers à Besançon comme adjoint au général Lesimple qui dirige cette divi- sion composée de 25 690 hommes à travers toute la Fran- ce, pas seulement à Besançon. L’Anglais a plusieurs missions dont celles de gérer la prépa- ration opérationnelle, l’entraî- nement des hommes, les rela- tions internationales. Son arrivée et ce partenariat sont une pre-

allemandes. “Nous sommes avec la France des alliés de long terme. Un général français est en Angleterre dans le même temps” poursuit l’officier. Le Brexit va-t-il changer la donne ? “Non, car c’est un accord bilatéral France- Angleterre qui ne concerne pas l’O.T.A.N. ou

“Venu pour servir la France.”

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L’ÉVÉNEMENT La Presse Bisontine n° 182 - Décembre 2016 LES NOUVELLES FORMES DE PROSTITUTION À BESANÇON

Alors que la loi en matière de prostitution s’est récemment durcie, le fléau continue à sévir, à Besançon comme ailleurs. À l’occasion de la journée pour l’élimination des vio- lences faites aux femmes, La Presse Bisontine s’est penchée sur ce phénomène en pleine évolution, avec, ici aussi, une nouvelle forme de prostitution qui touche également le milieu étudiant. Deux pages pour comprendre.

l État des lieux Une nouvelle législation pénalise les clients Pourquoi la prostitution a-t-elle encore cours à Besançon ?

Ce 25 novembre célébrera la journée internationale pour l’élimination des violences à l’égard des femmes, avec une soirée spéciale organisée la veille au Kursaal autour de la prostitution.

H arcèlements, manipulations psychologiques, agressions physiques… La violence intègre aussi le champ de la prostitution et on a tendance à trop l’oublier malheureusement comme le rappelle la délégation du Doubs du Mouvement du Nid. “Il y a encore beau- coup de méconnaissance à ce sujet” , constate Marion Beauvois, déléguée départementale. “On entend souvent dire que si elles le voulaient, les pros- tituées pourraient faire autre chose, alors que le système prostituteur est beaucoup plus complexe.” En service civique à l’association, Claire Koenig ajoute : “Elles ne sont que l’intermé- diaire entre proxénète et client. Elles ont souvent subi des violences et des manipulations en étant enfants et sont conditionnées par leur passé. Beaucoup, par nécessité, envoient l’argent à leur

se fait par équipe de deux plusieurs soirs par mois et permet “de créer un lien, une parole, une écoute.” L’associa- tion les accompagne aussi sur rendez- vous dans leurs diverses probléma- tiques (accès aux soins, démarches administratives, conseils juridiques…) après une demande personnelle oumise en relation par les travailleurs sociaux. Un difficile travail de prévention s’opè- re parfois face aux préjugés et aux réti- cences même des prostituées. “Les Bul- gares et les Africaines refusent notamment la contraception, car ce n’est pas naturel à leurs yeux et elles croient qu’elles ne pourront plus avoir d’en- fants ou qu’elles vont grossir.” Reste tout un volet d’actions dédié à la sortie de la prostitution et la réinser- tion professionnelle. Trois anciennes prostituées continuent aujourd’hui d’être accompagnées, même si en la matière “on a l’impression parfois de bricoler” , avoueMarionBeauvois. “L’État se décharge vraiment sur les associa- tions, il serait bien qu’on ait plus de moyens.” L’arrivée de la nouvelle législation contre la prostitution début 2016, après deux ans et demi de débats parlemen- taires, devrait toutefois permettre de faire bouger les lignes. C’est en tout cas ce qu’espère l’association. Outre la pénalisation du client (et non plus de la prostituée pour racolage passif com- me jusqu’ici), les femmes qui s’enga- gent à en sortir pourront obtenir un accompagnement social et un titre de séjour de 6 mois. “Un temps qui nous paraît très court, il ne suffit pas de les retirer du trottoir, il y a tout un pro- cessus de reconstruction” , nuance l’as- sociation. Les clients, jusqu’ici ignorés par le sys- tème législatif, devront, eux, s’acquit-

famille restée au pays.” Reconnu d’utilité publique et comme O.N.G. par l’O.N.U., le Mouvement du Nid compte à ce jour 31 délégations en France. Celle duDoubs, installée aujour- d’hui au 2, rue de la Bibliothèque à Besançon, existe depuis 1988 et est

“Nous avons déjà vu une personne enceinte de 7 mois en activité et probable- ment de jeunes mineures parmi la population roumaine avec des papiers falsifiés” note Claire Koenig, du mouvement Le Nid à Besançon.

animée essentiellement par des bénévoles, qui “sont de plus en plus dif- ficiles à trouver”, nous pré- cise-t-on au passage. L’as- sociation de terrain est toujours à la recherche de bonnes volontés. Elle agit auprès des pros- tituées en allant à leur rencontre dans la rue, sur les lieux de rencontre à Besançon, ou bien en les accueillant directement à sa permanence. Le contact

En cas de récidive, des stages de sensi- bilisation.

85 % de prostituées étrangères et de jeunes clients décomplexés “N ous rencontrons majoritairement des personnes originaires d’Europe de l’Est (surtout Bulgares et Roumaines) ou d’Afrique (Nigérianes, Came- rounaises). À Besançon, il y a aussi quelques Françaises qui n’ont jamais appartenu à des réseaux et qui, pour certaines, ont un âge avancé” , constate Marion Beauvois. Ces dernières années, leurs sorties les ont aussi amenés à rencontrer des trans- sexuels et il existerait des lieux de prostitution masculine, connus comme lieux de rencontres gays. Est-ce à dire que le phénomène prend de l’ampleur ? Diffi- cile à dire, “le problème étant qu’un réseau fait place à un autre, même si cer- tains ont été démantelés en 2015-2016.” Du côté de la clientèle, on retrouve à la fois des pères de famille qui “veulent autre chose et dissocient la sexualité des sentiments” , mais aussi de très jeunes clients “à qui on vend partout le corps objet et la satisfaction du plaisir immédiat” , d’après Claire Koenig. n

ter d’une contravention de 1 500 euros qui pourra être portée à 3 500 euros en cas de récidive, assortie d’un stage de sensibilisation à la façon des délin- quants de la route. “Mais on sait déjà qu’il n’y aura pas de chasses aux clients, il ne faut pas se leurrer.” Les chiffres et statistiques autour des affaires de stupéfiants semblant occuper davan- tage les forces de l’ordre d’après les échos de terrain. n S.G.

Une guerre contre les femmes ? C laudine Legardinier, journalis- te, parlera du tort que la pros- titution fait aux femmes lors de la soirée conférence-débat organisée par le Nid, ce 24 novembre au Grand Kursaal, à 20 heures. n

Mouvement du Nid, 2 rue de la Bibliothèque à Besançon. Tél. : 03 81 83 02 03- E-mail : franchecomte-25@mouvementdunid.org

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l Prostitution

“Jolie fille de passage à Besançon” Le nouveau phénomène des “sex tours” À Besançon comme ailleurs, on trouve de plus en plus d’annonces de personnes proposant leurs services via Internet. La prostitution de rue qui ne représente que 30 % de la prosti- tution globale*, n’est ainsi que la face visible de l’iceberg.

I l suffit d’un tour rapide sur la toi- le pour se rendre compte de l’am- pleur du phénomène. Sonia, “nou- velle femme de passage” , propose “ses services complets de relaxa- tion” , Michely, “belle trans brunette bré- silienne de passage” invite à l’appeler quand on veut, Lina, “première fois dans votre ville” est à disposition de “messieurs courtois et respectueux” … Toutes ces annonces sont en accès libre sur le site Vivastreet avec la recherche “Escort girl Besançon” et ce malgré l’in- terdiction explicite dans les conditions générales d’utilisation de publier une annonce “proposant des massages sen- suels, sexuels ou érotiques” , des photos “nues ou à caractère sexuel” ou des “pro- positions de services dénudés, sexy ou autre.” Et il n’est bien sûr pas la seule porte d’entrée sur ce phénomène de prosti- tution via Internet. “Une grande majo- rité des personnes se prostitue désor- mais par le biais d’Internet et dans les bars à hôtesses et salons de massages” ,

toile qui représente 62 % de la prosti- tution globale au niveau national (lais- sant donc 30 % pour la prostitution de rue et 8 % à “l’activité indoor” : salons de massage, bars à hôtesses…) s’ex- plique en partie par une adaptation des réseaux aux nouvelles législations. La loi Sarkozy du 18 mars 2003 qui pénalisait jusqu’ici le racolage passif, obligeait en effet les prostituées à davan- tage se cacher et la nouvelle loi de 2016 irait dans le même sens vis-à-vis des clients. À ceci près qu’un volet de cette der- nière loi prévoit qu’il soit plus compli- qué de mettre en ligne ces annonces. Les fournisseurs d’accès Internet devront désormais empêcher ces sites (souvent implantés à l’étranger) d’accéder à leurs services. Affaire à suivre donc. n S.G.

précise le Mouvement du Nid dans son rapport d’activité 2015 qui a vu se déve- lopper localement le principe des “sex tours”. Il s’agit de jeunes femmes, hommes ou transsexuels, la plupart du temps d’ori- gines étrangères, tenus par des réseaux. Ils sont régulièrement déplacés de vil- le en ville à travers toute la France. “L’annonce paraît avant même qu’ils ou elles arrivent sur place, on leur don- ne un téléphone prépayé. On arrive à unmode de fonctionnement industriel” , explique Marion Beauvois, la déléguée départementale de l’association. Le problème étant qu’il y a peu de moyens d’actions. “On nous a déjà sollicités en sortie de garde à vue, on leur a fourni une nuit d’hôtel et un billet de train.” Ce phénomène serait largement faci- lité par les hôtels où l’on peut payer automatiquement par carte (sans récep- tionniste) et “aussi fortement encoura- gé et favorisé par certains sites Inter- net” , d’après le Mouvement du Nid. Relativement récent, cet accès sur la

* D’après une étude Prostcost, menée en partenariat avec le Mouvement du Nid et Psytel.

Les annonces locales fleurissent sur certains sites Internet.

l Universitaire

L’équivalent d’un salaire à la fin du mois

Elle suit des cours à la faculté de Besançon, tout en étant escort-girl Lise a trouvé ainsi une façon d’assurer son indépendance financière. Très confidentielle, la prostitution étudiante reste taboue et serait largement sous-évaluée.

S i elle a davantage lieu dans les grandes villes, cette forme de prostitu- tion touche aussi la pro- vince. Et bien que les motiva- tions relèvent généralement plus de l’amélioration du niveau de vie que de la vraie précarité, la paupérisation des étudiants joue bien sûr un rôle. Comme le don- ne justement à voir le filmd’Em- manuelle Bercot, “Mes chères études”, tourné en partie au centre-ville de Besançon et tiré d’un vrai témoignage. On y voit une jeune fille aux prises avec son choix, lourd de conséquences, mais devenu nécessaire pour elle durant cet- te période de vie où on ne touche pas de salaires et où les dépenses peuvent être nombreuses (loge- ment, mutuelle santé, frais d’ins-

cription, transport…) d’autant plus si on n’est pas boursier. Selon les chiffres, le passage par la relation sexuelle tarifée concer- nerait entre 20 000 et 40 000 étudiantes. Pour notre étudian- te bisontine, Lise (prénom d’em- prunt), il en va autrement. La jeune femme, qui a accepté de témoigner sous couvert d’ano- nymat, s’est lancée il y a deux

l’heure et 100 euros la demi-heu- re et ne se considère pas pros- tituée, mais “escort.” “Parfois, on ne fait que parler ou je leur fais des massages.” Le premier contact se fait par téléphone, via une annonce sur Internet, puis c’est elle qui fixe le rendez-vous dans un hôtel. “Je les appelle 30 minutes avant pour leur envoyer l’adresse.” Lise avoue faire très attention au préalable à leur voix, leur attitude et s’intéres- ser à leur profil par mesure de sécurité. Mais la réalité ne correspond pas forcément avec ce qu’elle avait craint ou imaginé. “Je pen- sais les gens moins respectueux et ce métier plus dévalorisant et j’ai au contraire l’impression de leur servir dans leur vie.” La plu- part de ses clients sont des chefs

Lise a en moyenne un client par jour, cinq jours sur sept (photo d’illustration).

ans “pour pouvoir louer un appartement et devenir indépen- dante financière- ment.” Âgée aujour- d’hui de 21 ans, elle connaissait une amie à l’époque “qui le fai- sait et qui gagnait beaucoup d’argent.” Elle facture ses pres- tations 150 euros de

Un rendez- vous par jour.

qui y est contraint.” Lise refuse les jeunes. Elle a en moyenne un rendez-vous par jour, cinq jours sur sept. Ce qui lui per- met de se faire un salaire à la fin dumois “de 1 500-2 000 euros voire plus” , et souhaite conti- nuer jusqu’à la fin de ses études, “car ça m’aide beaucoup.” “Mais je ne pourrais pas et je ne

voudrais pas faire ça toute la journée comme d’autres filles” , concède-t-elle. C’est là que com- mence la dérive à son sens. Luci- de, elle reconnaît enfin et anti- cipe déjà sur le fait que sa future profession ne lui apportera pas une rémunération équivalen- te. n S.G.

d’entreprises, des indépendants, propriétaires de restaurants… Il s’agit souvent d’hommes mariés, entre 30 et 50 ans, qui n’ont plus de rapports sexuels avec leur femme. “Certains préfèrent se tourner vers les étudiantes comme moi pour les aider, plutôt que vers quelqu’un qui se fait maquer et

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ENVIRONNEMENT

Gestion des déchets

Interrogations autour des deux fours d’incinération L’usine d’incinération de Besançon brûle les ordures ménagères et alimente le réseau de chaleur de Planoise. Le Sybert, en décembre, décidera s’il condamne les deux fours ou réhabilite le plus récent.

S i les deux fours d’inciné- rations de Besançon-Pla- noise venaient à s’arrê- ter simultanément, 8 400 logements du quartier et des Hauts-du-Chazal pourraient être privés de chauffage. 36 000 tonnes d’ordures ménagères et 3 000 de boues d’épuration devraient être traitées hors du département. Ce scénario, le Sybert veut l’éviter. Il doit choi- sir parmi plusieurs options, et vite, car le four le plus récent (créé en 2002) est à l’image d’une voiture de course : il est très performant mais tombe en pan- ne. Le premier, datant de 1976, est une 2 C.V. C’est solide, mais la performance en termes de production de chaleur est moindre. Ajouter à cela les besoins de maintenance de l’ou- til industriel on comprendra que le processus d’incinération des déchets tient à un fil. À la moindre panne, tout est remis en question. Un cabinet d’études a rendu un rapport sur l’état des fours, du bâtiment, situé à Planoise. Il en ressort plusieurs hypothèses : “Les élus du Sybert auront à se prononcer en décembre sur l’ar- rêt du plus vieux four avec tra- vaux d’amélioration sur celui datant de 2002 ou, autre option, un arrêt total en 2021 de la tota- lité” présente Catherine Thié- baut, présidente du Sybert. Sans anticiper le vote des élus,

arrêter les deux fours paraît com- pliqué. Le Sybert a en effet l’obli- gation de reprendre à ses adhérents les ordures ména- gères qui ne peu- vent être recy- clées. Si l’usine fermait, elle devrait achemi- ner les déchets dans un autre site. Le prix de la tonne passerait à 250 euros alors qu’elle est fixée

fois les travaux réalisés, pour- rait fonctionner jusqu’en 2032. 7 millions d’euros d’investisse- ment seraient nécessaires. Les filtrations évitant le rejet de dioxine, “elles sont aux normes, rappelle la présidente. Nous attendons toutefois la promul- gation de nouvelles normes.Nous aurons alors un an pour faire un diagnostic et trois ans pour réaliser les travaux.” Le Sybert a mis en place un pro- gramme de surveillance de l’im- pact de son usine d’incinération sur l’environnement, en mesu- rant notamment les dioxines, les furanes et les métaux lourds (cadmium, plomb,mercure) dans les lichens : les prélèvements sont réalisés par une société spécialisée chaque année afin de pouvoir établir un suivi tem- porel. Les analyses sont effec- tuées par le laboratoire agréé. 99,9 % des polluants sont fil- trés et retenus. Ce programme de surveillance est complété par des analyses de dioxines et de furanes dans le lait de vache prélevé à moins de 3 km autour de l’usine d’incinération. n E.Ch.

7 millions d’euros seraient

néces- saires.

actuellement à 102 euros. Le Grand Bisontin verrait alors sa facture exploser (lire l’encadré). Programmée depuis 2008, la fermeture du four de 1976 n’a pas encore été réalisée. Heu- reusement, le poids à traiter diminue. “Depuis 2009, les ordures ménagères sont passées de 230 kg à 153 kg par an par habitant” poursuit Catherine Thiébaut. Le plus vieux four pourrait poursuivre sa route jusqu’en 2021 et le second, une

4 euros sur la facture Le coût de la facture d’incinération augmentera en 2017 pour les Grands Bisontins (et adhérents du Sybert) de 4 euros (+ 2,5 %). Le coût d’une tonne incinérée passera à 122 euros. n

L’avenir des fours se joue en ce moment.

EN BREF

ENVIRONNEMENT Une campagne expérimentale La qualité de l’air “choux” surveillance

Don du sang L’Office Municipal des Sports et l’Établissement Français du Sang invitent sportifs et amateurs de sport à s’engager et mobiliser leur entourage pour sauver des vies. Un challenge est mis en place permettant d’encourager les dons du sang en équipe : athlètes, dirigeants, bénévoles, membre de clubs… sont attendus nombreux à venir donner leur sang mercredi 30 novembre de 16 heures à 20 heures au Palais des sports. Le principe est simple : les laurie.oliveira@efs.sante.fr ou prennent directement rendez-vous sur www.rendezvousefs.fr, rubrique “Challenge sportifs bisontins”. L’objectif est de passer la barre des 100 dons. Deux parrains seront là : le motard Vincent Philippe et le boxeur Khedafi Djelkhir. Rens. au 03 81 61 57 04 ou au 06 37 68 24 01. Chanson française) se produisent dimanche 20 novembre à 17 heures au Grand Kursaal de Besançon au profit de la lutte contre Alzheimer, la sclérose en plaques, la polio et d’autres handicaps. Entrée 20 euros (gratuit moins de 12 ans). clubs s’inscrivent en adressant un mail à “Les Marchands de bonheur” (chanson

Pour mesurer la qualité de l’air, l’association Atmo Franche-Comté et la Ville de Besançon utilisent actuellement des choux qui ont la particularité d’accumuler les particules polluantes. Cette campagne de bio-surveillance est expérimentale et va durer deux mois.

C ertains végétaux ont des propriétés inattendues. C’est le cas du chou qui est utilisé actuellement à Besançon pour évaluer la qualité de l’air à différents endroits de l’agglomération comme aux abords des axes routiers, au centre-ville ou à proximité d’un site industriel. Au total, une dizaine de lieux sont placés en ce moment sous bio-surveillance de ces senti- nelles végétales dont les feuilles couvertes d’une couche de cire naturelle ont la particularité de capter les particules pol- luantes de l’air telles que les hydrocarbures générés par le trafic automobile. Les choux mis dans des pots afin d’éviter leur contamination par le sol, sont en place pour une durée de deux mois. L’opération originale est menée à titre expérimental par l’as- sociation Atmo Franche-Com- té, spécialisée dans le contrô- le de la qualité de l’air, en partenariat avec la Ville de Besançon. “Cette technique est

déjà appliquée dans d’autres régions comme le Limousin où elle est souvent utilisée pour faire des études autour de sites industriels” souligne Élise Dar- lay d’Atmo Franche-Comté. En Allemagne, ce mode de bio-sur- veillance pour mesurer la pol- lution atmosphérique fait même l’objet d’une norme, ce qui n’est pas - encore - le cas dans notre pays. Dans deux mois, les feuilles des choux bisontins exposés aux particules polluantes seront envoyées en laboratoire pour être ana- lysées. “Les Une cartographie des endroits les plus sensibles.

Les choux d’ornement, plantés à dix endroits différents de la ville, captent les particules polluantes de l’air.

informations délivrées par les feuilles de choux permettront d’estimer la concentration de telle ou telle particule polluante dans l’air, elles seront insuffi- santes pour établir un histo- rique précis des pollutions sur la période donnée. En cela, l’uti- lisation de la bio-surveillance est complémentaire aux équi- pements technologiques

déployés par Atmo Franche- Comté pour donner un état quotidien et détaillé de la qua- lité de l’air à Besançon. “Les choux donnent toutefois des indications sur les impacts potentiels que ces polluants peuvent avoir sur l’environne- ment et sur la santé des êtres vivants. Dotés d’une capacité à accumuler certains polluants

de l’air, ils sont particulière- ment intéressants pour en étu- dier les impacts sur les éco-sys- tèmes” remarque Élise Darlay. Il faut attendre maintenant la fin de la campagne et les pre- mières analyses pour tirer les premières conclusions de cet- te expérience réalisée pour la première fois à Besançon. n

résultats vont nous permettre d’établir une cartographie des endroits les plus sensibles et de dégager des tendances” ajoute Élise Darlay. Si les

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SOLIDARITÉ Elle recherche des bénévoles La Croix Rouge démultiplie ses missions Si les formations aux premiers secours restent le cœur de métier de l’association locale, d’autres interventions sont réalisées par les bénévoles : aide alimentaire, visite de prison, cours d’alphabétisation et de cuisine… La Croix Rouge recrute.

D ans une petite pièce du 19, rue Rivotte, un bénévole, veste de la Croix Rouge sur le dos, écrit les réponses sur un petit tableau blanc. Aujourd’hui, la leçon paraît simple : elle décline le verbe être au présent de l’indicatif. Face à lui, trois “élèves” d’un jour. Tous trois sont des migrants et suivent attentivement les cours d’alphabétisation dispensés par ce bénévole car ils savent que la maî- trise de la langue française sera un des sésames indispensables à leur éven- tuel accueil durable en tant que deman- deurs d’asile en France. Cette activité, assez peu connue, est une des multiples missions de la Croix Rouge Française dont la délégation du Doubs regroupe quelque 130 bénévoles répartis dans les six unités locales du département, dont la plus importan- te, celle de Besançon. On voit souvent les bénévoles de la Croix Rouge assu- rer la sécurité des manifestations publiques et les premiers secours en cas de problème. On connaît moins les autres volets de leurs activités au quo- tidien. “C’est vrai que les gens sont éton- nés par la diversité de nos missions. C’est en matière de formation aux pre- miers secours que nous manquons le plus de bénévoles, surtout depuis que cette mesure a été généralisée dans tous les collèges en classe de troisième, mais nos besoins sont nombreux” observe Christian Jacquet, le président de la délégation du Doubs. D’où la campagne d’adhésions à la Croix Rouge qui s’éta- lera jusqu’à la fin de l’année. Les autres activités de la Croix Rou- ge sont sans doute plus discrètes. Outre ces cours d’alphabétisation - 70migrants concernés -, il y a la distribution ali- mentaire qui profite “à 300 familles

Comme ces trois migrants à Besançon, ils sont près de 130 chaque année à bénéficier de cours d’alphabétisation à la Croix Rouge.

chaque semaine” précise Pierre Par- guel, le vice-président de l’unité loca- le de Besançon. “La distribution se pas- se dans nos locaux de Rivotte, ainsi qu’à Planoise, rue de Cologne.” Ce ser- vice n’est pas uniquement urbain. “Des “tournées” démarrent actuellement sur

tion. À Besançon, ce sont plutôt des ate- liers en rapport avec le lien familial afin que les pères ne perdent pas le lien avec leurs enfants” poursuit M. Par- guel. La Croix Rouge de Besançon s’ap- prête également à gérer quelques peines éducatives genre T.I.G., en lien avec les éducateurs locaux. Le “vestiaire” (distribution de vêtements), les cours de cuisine (une autre nouveauté) qui contribuent eux aussi à leur manière à remettre du lien social, complètent la panoplie. La Croix Rouge est également partie prenante de la Maison de vie de Saint- Ferjeux qui accueille des malades en soins palliatifs, et de la Maison de pla- cement judiciaire de la rue de Belfort, une structure destinée à placer les jeunes mineurs dans des familles d’ac- cueil. en urgence, agir dans la durée, c’est bien le credo de la Croix Rouge, ici aussi. n

le Haut-Doubs, autour de Frasne et de Levier” ajoute Robert Edme de l’unité locale de Pon- tarlier. La visite de détenus fait également partie des activités de la Croix Rouge. “À la maison d’arrêt de Montbéliard, nous mettons en place des actions à caractère culturel avec des pro- grammes axés sur la réintégration et la lut- te contre la radicalisa-

La distribution alimentaire

pour 300 familles.

Les élections pour renouveler les instances dirigeantes de la Croix Rouge dans le Doubs auront lieu en janvier. À droite, Christian Jacquet, le président départemental.

ANI WELL MAD

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STEPHANE GUILLON

JEU 26 JANV MICROPOLIS - Besançon

JEU 26 JANVIER KURSAAL - Besançon

SAM 28 JANV KURSAAL - Besançon

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Besançon

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SAM 11 FÉV THÉÂTRE LEDOUX - Besançon

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