La Presse Bisontine 182 - Décembre 2016

LE GRAND BESANÇON 26

La Presse Bisontine n° 182 - Décembre 2016

NOVILLARS

Bonne nouvelle pour l’économie locale

87 millions d’euros pour la centrale biomasse ! Excellente nouvelle pour la papeterie de Novillars avec la création d’une chaufferie à cogénération biomasse. L’énergie produite par le bois créera de l’électricité verte et réduira les coûts d’exploitation de l’usine d’ici 2019. 70 emplois sauvegardés, 30 créés.

I ls n’ont jamais lâché le mor- ceau. Les dirigeants de la papeterie de Novillars et la société Cogénération Bio- masse Novillars (C.B.N.) voient leurs efforts - enfin - récom- pensés. Après la liquidation en 2012 puis le redémarrage le 2 septembre 2013 grâce à l’ap- port de 2,5 millions d’euros par l’entrepreneur Fadi Gemayel, les dirigeants ont patienté de longs mois pour finalement obte- nir le 25 octobre dernier, à Paris, un accord de plusieurs grandes banques finançant la création d’une centrale cogénération bio- masse. 87 millions d’euros sont arrivés sur le compte de C.B.N. ! Le lendemain, les ordres de ser- vice étaient passés aux entre- prises retenues pour lancer ce projet unique tant par son enver- gure que par sa technicité. Dès décembre, les premiers coups de pioche seront donnés. De grandes entreprises de tra- vaux publics de type Eiffage, en sous-traitance avec Bonnefoy T.P., profiteront de ce chantier d’envergure. Car pas moins de 87 millions d’euros seront inves- tis ici ! C’est le plus grand projet de ce type dans le Grand Est de la France. Un pied de nez pour les mauvaises langues qui le pen-

saient abandonné. “Grâce à une histoire d’hommes, nous n’avons jamais baissé les bras. Le pro- jet a certes été gelé lorsque la papeterie de Novillars a été liqui- dée mais il a de suite été relan- cé à son démarrage.Avec le temps, je peux dire que nous avons eu le temps de penser à tout, presque jusqu’à la taille des boulons de la future centrale” explique Fré- déric Joseph, directeur général de C.B.N., filiale du groupe Akuoenergy basée à Paris qui gère déjà deux centrales cogé- nération biomasse en France mais aussi des parcs éoliens et solaires. La papeterie de Novillars est intimement liée à cette construc- tion. Elle est d’ailleurs action-

an (la consommation annuelle de 105 600 personnes) qui seront acheminés sur le réseau. L’autre partie de la vapeur sera utili- sée par la papeterie distante de quelques mètres pour fabriquer le papier carton. “Cela assure le maintien de l’activité de notre papeterie et offre de véritables perspectives d’avenir car le gaz représente notre deuxième sour- ce de coût de production. Il sera remplacé par la vapeur. Cela nous permettra d’être encore plus présents sur un marché mon- dial en croissance. Pour le per- sonnel de l’usine, c’est également un formidable espoir !” se réjouit Laurent Grenier, directeur géné- ral de la papeterie qui collecte des cartons usagers dans la région pour les recycler. Ce der- nier a remplacé Gérard Las- serre parti à la retraite. Rap- pelé par les salariés pour remettre le paquebot à flot, il fut un artisan de la remise en marche de la papeterie. Les col- lectivités locales avaient égale- ment suivi en 2013 pour per- mettre le redémarrage à l’heure où les banquiers se montraient frileux en signant des prêts. Bonne pioche. Outre de l’emploi direct, de nom- breux emplois indirects décou- leront. Des transporteurs ache-

Frédéric Joseph, directeur général de C.B.N., sur l’emplacement de la future centrale biomasse.

mineront le bois. L’usine assu- rera des débouchés à la filière bois qui va écouler ses surplus. Des études ont démontré que la ressource en bois était suffisan- te en Franche-Comté pour assu- rer l’approvisionnement. Au sujet d’éventuelles nuisances, le directeur de C.B.N. rassure les riverains : “Nous avons surin- vesti pour réduire bruit notam- ment dans l’espace de broyage qui est bunkérisé.” Seule de la vapeur d’eau ressortira de cette centrale “au cercle vertueux unique. L’eau rejetée passe en effet dans une rhizosphère et est reje- tée propre dans le Doubs.” Pour la papeterie deNovillars,ce seront 30 tonnes de CO2 en moins par an. Un bémol : le coût de la construc- tion s’avère élevé car la centra- le respecte la zone sismique et le plan de protection des risques d’inondation (P.P.R.I). “On ne peut pas gagner sur tous les tableaux, résume Frédéric Jose- ph. En revanche, nous sommes dans une région où la ressource en bois est suffisante.” Avec la cogénération, la papete- rie espère cartonner. Le secteur

du papier d’emballage carton est chaque année en progression de 2 %. Novillars possède de l’em- ploi “vert” et durable… n E.Ch.

l Histoire En 1870, l’industriel Jean-Baptiste Weibel, propriétaire d’une usi- ne de pâte à bois à Kaysersberg (Haut-Rhin), décide d’établir une usine de papeterie sur le territoire français à Novillars. Ouverture en 1882. l Biomasse Le ministère de l’Écologie, du Développement durable avait rete- nu en 2011 le site du Doubs comme 14 autres projets de biomas- se en France dès 2011. Cette sélection lui permet de vendre à E.D.F., à un tarif avantageux pour la l’électricité produite sur pla- ce. La biomasse (hors biocarburants) représente plus du tiers du potentiel de développement des énergies renouvelables en Fran- ce à l’horizon 2020. l Bois 150 000 tonnes de bois ou résidus de bois seront acheminées ici. Ouverture Début Phase test à l’automne 2018. Mise en phase industrielle le 1 er janvier 2019. Recrutement du personnel fin 2017. l Investissement. Environ 50 millions d’euros seront investis dans la chaudière, la turbine, la tuyauterie. Environ 10 millions d’euros pour le génie civil. Le reste dans l’électricité, la manutention du bois…

naire du projet. 150 000 tonnes de bois (par an) arri- veront de 100 kilomètres à la ronde. Le bois sera coupé ou broyé puis ache- miné dans une immense chau- dière. La vapeur passera dans une turbine qui pro- duira 150 000 mégawattheures d’électricité par

Un bémol : le coût de la construction.

THISE

Immobilier Est-ce à une commune d’être agent immobilier ?

Vif débat au sujet de l’achat d’appartements par la mairie pour les relouer ensuite. Certains y voient une façon de construire un patrimoine. D’autres dénoncent des dérives.

D ans les “petites” communes, le conseil municipal ressemble souvent à une chambre d’en- registrement. Pas àThise. Les 23 conseillersmunicipaux ont Zoom Le projet de réseau de chaleur retoqué Thise a (ou plutôt avait) le projet de créer un réseau de chaleur. Surprise, le conseil municipal a voté contre ! Le constat était le suivant : 3 bâtiments concentrent à eux seuls presque la moi- tié de la facture de chauffage de la com- mune : école maternelle, école primai- re et complexe gymnase-salle d’animation. Les chaudières sont anciennes. 402 900 euros avaient été prévus dans un plan de financement pour acheter une chaudière unique ali- mentée par le bois déchiqueté issu de la forêt communale. Il faudra trouver une nouvelle alternative. n

souvent unmot à dire.Après six démis- sions en l’espace de 9 mois, les élus ont vivement débattu sur un point qui sem- blait pourtant acté d’avance.À une voix près, après un vote à bulletin secret, le projet de rachat de 4 appartements (en plus des 5 déjà en sa possession) dans une bâtisse située 24, rue de Besançon, jusque-là propriété d’une banque, a bien failli ne jamais se faire (11 voix pour, 10 contre, 1 abstention). Pourquoi ? Par- ce qu’une partie des élus a suivi le long argumentaire de Roger Masson, nou- vel arrivant au conseil municipal pour remplacer le départ après démission d’un autre (lire la rubrique Retour sur information). “Est-ce la vocation d’une commune d’acheter avec l’argent du contribuable des logements. Est-ce uti- le ? J’ai tendance à penser que non” dit le nouveau conseiller municipal. PourThise, deux arguments sont avan- cés dans cet achat d’environ 300 000 euros : posséder du logement conventionné pour respecter la loi du nombre de logements sociaux et second argument, “ces logements rapporteront. Ils seront amortis” poursuit Marie-Pier- re Petitot, adjointe en charge de l’ur- banisme. Damien Couval va dans son

Les apparte- ments acquis par la mairie de Thise, rue de Besançon.

sens : “C’est un emprunt productif” dit- il. Ce que conteste Roger Masson : “Ce n’est pas notre boulot d’être agent immo- bilier. Qui va gérer la location ? On ne comprend pas sauf si le motif avoué est de choisir les personnes qui viendront loger ici.” Pour Loïc Alain, adjoint aux finances, ce projet d’achat de 9 appartements rapportera à la commune : “Nous aurons

un montant de charges de l’équivalent de 2 300 euros par mois pour un total de loyers à 3 500 euros.Même sans sub- ventions, cela passe, ce qui veut dire que cela ne grevera pas la commune dans ses autres projets.” Thise argumente et motive son achat en lien avec des taux d’intérêt bas. Ce que ne croit pas ledit élu : “Cet achat correspond à un endet- tement de 800 euros par Thisien. C’est

élevé d’autant que la loi ne nous impo- se pas de construire du logement social.” Suite à cet achat, des travaux seront entrepris pour rénover les logements et les rendre plus économes. Problème : le projet était de les relier au futur réseau de chaleur, un projet abandon- né ! n

E.Ch.

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