La Presse Bisontine 182 - Décembre 2016

BESANÇON 16

La Presse Bisontine n° 182 - Décembre 2016

RECHERCHE Systèmes de sécurité Une start-up classée “secret-défense” Grégory Gille a créé l’entreprise Geoide. Basée dans l’hôtel d’entreprise de Témis, elle travaille dans le domaine très secret du renseignement militaire à destination des forces spéciales de l’armée.

vaient pas de solution car le marché que ces solutions représentent est insi- gnifiant et n’intéresse pas les indus- triels. C’est un peu la même problé- matique que pour les maladies rares que les grands laboratoires délaissent parce qu’elles ne sont pas rentables pour eux” illustre l’entrepreneur. C’est donc sur cette petite “niche” que se positionne le créateur dont les outils sont destinés aux forces spéciales de l’armée, ces troupes formées des meilleures unités de chaque armée. Pour elles, le Bisontin d’adoption a imaginé des systèmes ultra-sophisti- qués destinés à assurer la sécurité des transmissions et des communications. “Par exemple entre un pilote d’avion de chasse allemand et un char espa- gnol, en temps réel et en utilisant le même langage. L’O.T.A.N. notamment a besoin de ce genre d’outils qui n’exis- taient pas. Notre travail, c’est d’ame- ner de la sécurité à ces forces spéciales” indique Grégory Gille sans en dire plus sur sa technologie de pointe. S’il a décidé de s’installer à Besançon, c’est parce que cet homme originaire d’Orléans a trouvé ici “un incubateur qui m’a apporté le coaching dont j’avais besoin pour trouver des soutiens finan- ciers. La politique de Témis Innova- tion, c’est de prendre le meilleur de ce qu’ils voient avec du potentiel, contrai- rement à d’autres incubateurs qui accueillent des entreprises déjà mûres qui servent un peu de vitrines pour eux. Ici, ils s’impliquent vraiment à fond dans chaque dossier.” La société Geoi- de créée en juillet 2015 a été la seule de Bourgogne-Franche-Comté à gagner cette année le concours I-lab, un concours national d’aide à la création d’entreprises. La petite start-up bisontine a fait du chemin depuis sa création. Parmi ses premiers clients, Grégory Gille comp-

Grégory Gille sur le salon professionnel international Milipol, spécialisé dans la sécurité

P our l’instant, il vit le destin de tous les start-uppers de Fran- ce : des journées de travail à ral- longes, quasiment sept jours sur sept, pour un salaire encore modes- te. Grégory Gille connaît la règle : depuis deux ans, il est à ce rythme et s’il continue avec tant de ferveur, épau- lé par une équipe de deux autres per- sonnes désormais salariées de l’en- treprise Geoide, c’est parce qu’il sait

que les procédés qu’il a mis au point et dont il garde jalousement secret le contenu trouveront dans les mois et les années à venir les clients qui lui assureront son développement et sa pérennité. C’est sur le campus de Témis Innova- tion que Grégory Gille a mûri et déve- loppé son concept. “J’étais militaire. Sur le terrain, je me suis aperçu qu’il existait des problématiques qui ne trou-

intérieure des États.

te le service achat de l’O.T.A.N. ou enco- re le géant Thalès. Certification du produit, procédure d’exploitation, uti- lisation : les produits estampillés Geoi- de ont reçu la certification “Sécurité holistique”, c’est-à-dire globale, de ses

suivi de nos clients. L’objectif étant d’avoir une vingtaine de clients 100 % satisfaits, plutôt que 1 000 clients satis- faits à 80 %. On cultive cette qualité d’élitisme” ajoute l’entrepreneur. Grégory Gille, 36 ans, était entré dans l’armée “pour relever le challenge du bug de l’an 2000.” Passionné précoce de l’informatique - à 11 ans il pro- grammait ses premières lignes de code -, il a renforcé ses compétences tech- niques au sein de l’armée, jusqu’au diplôme d’ingénieur. Il veut aujour- d’hui rendre à l’armée ce qu’elle lui a apporté, tout en réussissant le chal- lenge personnel de faire fructifier sa petite entreprise. La prochaine levée de fonds qu’il s’apprête à engager lui servira à embaucher de nouveaux col- laborateurs. “Il nous manque encore un peu plus d’1 million d’euros.” n J.-F.H.

clients. “Tous les tests effectués ont été concluants, confirme le gérant. Ce qui lais- se entrevoir d’autres développements dans le secteur plus large de la défense.” À moyen terme, c’est- à-dire d’ici quelques mois, Grégory Gille espère avoir autour de lui “une équipe de 10 à 15 salariés pour assurer notre recherche et développement et le

“Une vingtaine de clients 100 % satisfaits.”

Un des prototypes développés par la start-up bisontine.

SOCIÉTÉ

Première expérience à l’étranger Deux jeunes Bisontins partis à la conquête de la Nouvelle-Zélande Ils ont 25 et 27 ans et ont décidé de partir à l’aventure de l’autre côté du globe pour y monter un stand ambulant et proposer chaque jour dans la rue un nouveau dessert bio et sa recette.

A deptes du“Do it yourself”, Chloé Lefrant et Alexis Baufle ont créé leur propre outil de travail une fois arrivé sur place il y a deuxmois, après avoir mûri leur projet en France. Le couple s’est installé à Nelson, une petite vil- le nichée entre mer et montagne sur l’île du Sud de Nouvelle- Zélande, inspiré par l’expérien- ce de leurs amis et “le rythme de vie décontracté.” “On s’étonne toujours en voyant les habitants marcher pieds nus, dans la rue,au supermarché,sous la pluie, et à toutes les saisons” , note Chloé. “Ils sont également très détendus dans leur façon de communiquer. Il n’est donc pas rare que les employeurs, les pro- priétaires, les banquiers… envoient des S.M.S. plutôt que de téléphoner. C'est surprenant, mais tellement plus facile.”

Leur projet, ils ont décidé de le monter ici, à plus de 19 000 kilo- mètres de la France, parce que les démarches y étaient plus simples. “On a la possibilité de cuisiner depuis chez nous par exemple, ce qui est interdit en France.” Mais aussi pour avoir “moins peur de l’échec.” “Dans un lieu qu’on ne connaît pas, il y a plus de facilité à se lancer !” , avoue la jeune femme.

Bank, pour financer le matériel de cuisine, les fournitures pour le stand et la licence les autori- sant à vendre dans les rues néo- zélandaises. Un peu plus de 3 400 euros ont été récoltés. Pour le reste, ils feront avec leurs compétences mutuelles. “Chloé a toujours adoré faire pleins de choses de ses mains : du gra- phisme, cuisiner… et je voulais me rendre dans un pays anglo- phone” , explique Alexis. Avec leurs diplômes en poche (lui a une licence L.E.A.anglais-espa- gnol et elle, une licence et un master dans la communication), ils tentent ainsi une nouvelle expérience tout en confiant à ter- me vouloir retourner vivre en France. Leur visa travail leur permettra de rester un an sur place, voire plus en cas d’exten- sion. n S.G.

Leur stand, ils l’ont baptisé “À fleur de rue”, avec l’idée d’aborder la rue de manière différente en invitant les citadins à s’arrêter et à flâner. Avant leur départ, les deux Bisontins avaient lancé une campagne de finan- cement participatif, via Kiss Kiss Bank

3 400 euros récoltés sur Internet.

Alexis et Chloé, ici devant la rue principale de Nelson, se sont accoutumés à la vie néo-zélandaise.

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