La Presse Bisontine 182 - Décembre 2016

A g e n d a

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La Presse Bisontine n° 182 - Décembre 2016

HISTOIRE

LIVRE

Le prêtre fusillé assis à Chamars, le mort-vivant de Battant… L’historien local André Badot publie des récits historiques authentiques et insolites. Beaucoup sont méconnus.

C’ est un pavé. Et pourtant, le livre que publie André Badot est tout sauf indi- geste. L’historien local, très pointilleux dans la véracité des faits dévoilés, a rédigé un ouvrage de 900 pages où il suffit de se référer à la table des matières pour tomber sur un fait historique alléchant. “Cela peut paraître disparate, admet l’auteur. Mais dans cet ouvrage, se trouvent des récits historiques, c’est-à-dire recueillis sur place de la tradition écrite ou orale. Ils ont été contrôlés et enrichis par de nombreuses recherches. Ils ont la parti- cularité d’être insolites” dit l’auteur. Auteur de nombreux livres, l’ancien professeur d’allemand au collège de Valdahon, aujourd’hui à la retrai- te, a compilé des années passées aux archives pour synthétiser des histoires méconnues à Besançon. La première, qui a retenu notre attention, est l’histoire du prêtre fusillé assis à Besançon. En 1792, un décret condamne à la déportation tous les prêtres ayant refusé de prêter le serment civique. Jean-Claude Perrin, alors en résiden- ce à Flangebouche, s’enfuit. Il sera poursuivi. Un gendarme lui tire une balle dans la jambe (22 janvier 1798). 24 heures après, il est “jugé”. “Quand on vint le chercher, on le conduisit par le bras hors de la prison et, en raison de ses

blessures, on le porta au supplice dans une chai- se à porteurs.Au fond de Chamars, face à Chau- danne, près du bastion, l’abbé Perrin, les yeux bandés et assis sur une chaise, ne put achever le Miserere qu’il récitait, quand les balles le fau- chèrent. Il était 2 h 30 le 17 février 1798” nar- re l’auteur. Autre anecdote, celle de Jacques Henriet. Ce fils d’un allumeur de réverbère de la rue Bat- tant a eu un parcours atypique, comme l’eut son père Eugène. Repéré par le patron de l’im- primerie où il travaillait comme apprenti typo-

graphe à Besançon, il le prit en affection et lui permit de suivre des études pour devenir méde- cin. Jusque-là, rien d’exception- nel. La destinée de son fils, Jacques, le fut davantage : il fut chirurgien créateur de la clinique Saint-Pierre de Pontarlier, séna- teur du Doubs durant 20 ans, auteur de la proposition de loi sur la vaccination obligatoire contre la poliomyélite…Une expé- rience acquise avec les meilleurs chirurgiens à Strasbourg et en Allemagne (en 1933), période de la montée du nazisme. Il publie-

Une deuxième cour d’assises à Besançon.

André Badot publie “Chez nous en pays comtois, récits historiques insolites”.

ra “Les incertitudes de la jeunesse intellec- tuelle allemande” qui lui causa bien des sou- cis au moment de la Libération. À découvrir cette destinée extraordinaire d’un fils d’allu- meur de réverbère bisontin. D’autres récits insolites évoquent “les filles- mères de Bellevaux”, un mort-vivant à Battant (page 814), les calamités météorologiques à Besançon (en 1775) qui ont notamment conduit à créer une deuxième cour d’assises car les méfaits se développaient (page 563), les assu- rances pour éviter le service militaire (page 660)

ou encore le curé d’un village qui entretenait des relations surprenantes avec l’archevêque de Besançon (page 245). André Badot propose de découvrir l’histoire locale autrement avec la rigueur en prime. n E.Ch. “Chez nous en pays comtois, récits historiques insolites” disponible en librairie ou au 03 81 56 24 33

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