La Presse Bisontine 182 - Décembre 2016

8 BESANÇON

La Presse Bisontine n° 182 - Décembre 2016

ENVIRONNEMENT

Gestion des déchets

Interrogations autour des deux fours d’incinération L’usine d’incinération de Besançon brûle les ordures ménagères et alimente le réseau de chaleur de Planoise. Le Sybert, en décembre, décidera s’il condamne les deux fours ou réhabilite le plus récent.

S i les deux fours d’inciné- rations de Besançon-Pla- noise venaient à s’arrê- ter simultanément, 8 400 logements du quartier et des Hauts-du-Chazal pourraient être privés de chauffage. 36 000 tonnes d’ordures ménagères et 3 000 de boues d’épuration devraient être traitées hors du département. Ce scénario, le Sybert veut l’éviter. Il doit choi- sir parmi plusieurs options, et vite, car le four le plus récent (créé en 2002) est à l’image d’une voiture de course : il est très performant mais tombe en pan- ne. Le premier, datant de 1976, est une 2 C.V. C’est solide, mais la performance en termes de production de chaleur est moindre. Ajouter à cela les besoins de maintenance de l’ou- til industriel on comprendra que le processus d’incinération des déchets tient à un fil. À la moindre panne, tout est remis en question. Un cabinet d’études a rendu un rapport sur l’état des fours, du bâtiment, situé à Planoise. Il en ressort plusieurs hypothèses : “Les élus du Sybert auront à se prononcer en décembre sur l’ar- rêt du plus vieux four avec tra- vaux d’amélioration sur celui datant de 2002 ou, autre option, un arrêt total en 2021 de la tota- lité” présente Catherine Thié- baut, présidente du Sybert. Sans anticiper le vote des élus,

arrêter les deux fours paraît com- pliqué. Le Sybert a en effet l’obli- gation de reprendre à ses adhérents les ordures ména- gères qui ne peu- vent être recy- clées. Si l’usine fermait, elle devrait achemi- ner les déchets dans un autre site. Le prix de la tonne passerait à 250 euros alors qu’elle est fixée

fois les travaux réalisés, pour- rait fonctionner jusqu’en 2032. 7 millions d’euros d’investisse- ment seraient nécessaires. Les filtrations évitant le rejet de dioxine, “elles sont aux normes, rappelle la présidente. Nous attendons toutefois la promul- gation de nouvelles normes.Nous aurons alors un an pour faire un diagnostic et trois ans pour réaliser les travaux.” Le Sybert a mis en place un pro- gramme de surveillance de l’im- pact de son usine d’incinération sur l’environnement, en mesu- rant notamment les dioxines, les furanes et les métaux lourds (cadmium, plomb,mercure) dans les lichens : les prélèvements sont réalisés par une société spécialisée chaque année afin de pouvoir établir un suivi tem- porel. Les analyses sont effec- tuées par le laboratoire agréé. 99,9 % des polluants sont fil- trés et retenus. Ce programme de surveillance est complété par des analyses de dioxines et de furanes dans le lait de vache prélevé à moins de 3 km autour de l’usine d’incinération. n E.Ch.

7 millions d’euros seraient

néces- saires.

actuellement à 102 euros. Le Grand Bisontin verrait alors sa facture exploser (lire l’encadré). Programmée depuis 2008, la fermeture du four de 1976 n’a pas encore été réalisée. Heu- reusement, le poids à traiter diminue. “Depuis 2009, les ordures ménagères sont passées de 230 kg à 153 kg par an par habitant” poursuit Catherine Thiébaut. Le plus vieux four pourrait poursuivre sa route jusqu’en 2021 et le second, une

4 euros sur la facture Le coût de la facture d’incinération augmentera en 2017 pour les Grands Bisontins (et adhérents du Sybert) de 4 euros (+ 2,5 %). Le coût d’une tonne incinérée passera à 122 euros. n

L’avenir des fours se joue en ce moment.

EN BREF

ENVIRONNEMENT Une campagne expérimentale La qualité de l’air “choux” surveillance

Don du sang L’Office Municipal des Sports et l’Établissement Français du Sang invitent sportifs et amateurs de sport à s’engager et mobiliser leur entourage pour sauver des vies. Un challenge est mis en place permettant d’encourager les dons du sang en équipe : athlètes, dirigeants, bénévoles, membre de clubs… sont attendus nombreux à venir donner leur sang mercredi 30 novembre de 16 heures à 20 heures au Palais des sports. Le principe est simple : les laurie.oliveira@efs.sante.fr ou prennent directement rendez-vous sur www.rendezvousefs.fr, rubrique “Challenge sportifs bisontins”. L’objectif est de passer la barre des 100 dons. Deux parrains seront là : le motard Vincent Philippe et le boxeur Khedafi Djelkhir. Rens. au 03 81 61 57 04 ou au 06 37 68 24 01. Chanson française) se produisent dimanche 20 novembre à 17 heures au Grand Kursaal de Besançon au profit de la lutte contre Alzheimer, la sclérose en plaques, la polio et d’autres handicaps. Entrée 20 euros (gratuit moins de 12 ans). clubs s’inscrivent en adressant un mail à “Les Marchands de bonheur” (chanson

Pour mesurer la qualité de l’air, l’association Atmo Franche-Comté et la Ville de Besançon utilisent actuellement des choux qui ont la particularité d’accumuler les particules polluantes. Cette campagne de bio-surveillance est expérimentale et va durer deux mois.

C ertains végétaux ont des propriétés inattendues. C’est le cas du chou qui est utilisé actuellement à Besançon pour évaluer la qualité de l’air à différents endroits de l’agglomération comme aux abords des axes routiers, au centre-ville ou à proximité d’un site industriel. Au total, une dizaine de lieux sont placés en ce moment sous bio-surveillance de ces senti- nelles végétales dont les feuilles couvertes d’une couche de cire naturelle ont la particularité de capter les particules pol- luantes de l’air telles que les hydrocarbures générés par le trafic automobile. Les choux mis dans des pots afin d’éviter leur contamination par le sol, sont en place pour une durée de deux mois. L’opération originale est menée à titre expérimental par l’as- sociation Atmo Franche-Com- té, spécialisée dans le contrô- le de la qualité de l’air, en partenariat avec la Ville de Besançon. “Cette technique est

déjà appliquée dans d’autres régions comme le Limousin où elle est souvent utilisée pour faire des études autour de sites industriels” souligne Élise Dar- lay d’Atmo Franche-Comté. En Allemagne, ce mode de bio-sur- veillance pour mesurer la pol- lution atmosphérique fait même l’objet d’une norme, ce qui n’est pas - encore - le cas dans notre pays. Dans deux mois, les feuilles des choux bisontins exposés aux particules polluantes seront envoyées en laboratoire pour être ana- lysées. “Les Une cartographie des endroits les plus sensibles.

Les choux d’ornement, plantés à dix endroits différents de la ville, captent les particules polluantes de l’air.

informations délivrées par les feuilles de choux permettront d’estimer la concentration de telle ou telle particule polluante dans l’air, elles seront insuffi- santes pour établir un histo- rique précis des pollutions sur la période donnée. En cela, l’uti- lisation de la bio-surveillance est complémentaire aux équi- pements technologiques

déployés par Atmo Franche- Comté pour donner un état quotidien et détaillé de la qua- lité de l’air à Besançon. “Les choux donnent toutefois des indications sur les impacts potentiels que ces polluants peuvent avoir sur l’environne- ment et sur la santé des êtres vivants. Dotés d’une capacité à accumuler certains polluants

de l’air, ils sont particulière- ment intéressants pour en étu- dier les impacts sur les éco-sys- tèmes” remarque Élise Darlay. Il faut attendre maintenant la fin de la campagne et les pre- mières analyses pour tirer les premières conclusions de cet- te expérience réalisée pour la première fois à Besançon. n

résultats vont nous permettre d’établir une cartographie des endroits les plus sensibles et de dégager des tendances” ajoute Élise Darlay. Si les

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