La Presse Bisontine 160 - Décembre 2014

Mensuel d'informations de Besançon et du Grand Besdançon

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Mensuel d’information de Besançon et du Grand Besançon www.presse-bisontine.fr DÉCEMBRE 2014 N° 160

CONSEIL RÉGIONAL DE FRANCHE-COMTÉ QUAND LES HAUTS SALAIRES EXPLOSENT EN TOUTE DISCRÉTION… UN RAPPORT SYNDICAL MET AUSSI LE DOIGT SUR LES INÉGALITÉS HOMMES-FEMMES QUI SE CREUSENT

L’ÉVÉNEMENT en p. 6 et 7

PORTRAIT p. 43 Besançon compte sur Anne-Mathide Miss France le 6 décembre

LE DOSSIER

p. 20 à 25

Au cœur des associations de solidarité Des milliers de Bisontins dans la galère

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Rédaction : “Les Éditions de la Presse Bisontine” - B.P. 83 143 - 1, rue de la Brasserie - 25503 MORTEAU CEDEX - Tél. 03 81 67 90 80 - Fax : 03 81 67 90 81 - redaction@groupe-publipresse.com

LA TWEETOSPHÈRE BISONTINE

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La Presse Bisontine n° 160 - Décembre 2014

Inégalités On tape volontiers sur le secteur privé quand il s’agit de dénoncer des pratiques relatives aux salaires. Salaires bas, inéga- lités hommes-femmes… On met sur le dos des entrepreneurs tous les maux. Et si l’État, le grand donneur de leçons, regardait d’abord à sa porte ? C’est-à- dire dans la fonction publique et égale- ment, plus près de nous, les collectivités territoriales ? L’actuel gouvernement a même créé un ministère ad hoc pour trai- ter de ces questions, notamment de l’inégalité entre les hommes et les femmes et tenter de remédier à ces distorsions toujours aussi criantes. Car les écarts de salaires entre hommes et femmes ne se réduisent pas, les hommes gagnant tou- jours 24 % de plus que leurs homologues féminines. Imaginons aussi que 12 % des métiers en France ne sont toujours pas mixtes et que les femmes ne repré- sentent que 30 % des créateurs d’entreprises dans notre pays. Les quelques femmes touchant un très haut salaire atteignent péniblement 64 % du salaire masculin pour une fonction strictement identique. Il n’est pas besoin de fouiller dans le fonctionnement des entreprises privées pour relever ces inégalités, qui existent aussi naturellement. Plus près de nous, dans la fonction publique terri- toriale, l’exemple du Conseil régional de Franche-Comté est frappant. Dans cette collectivité, un syndicat qui dénonçait depuis des années l’opacité de cette ques- tion a obtenu une étude précise sur les salaires. Il en ressort notamment que plus on monte dans l’échelle des salaires, moins on trouve de femmes. Neuf agents perçoivent un salaire supérieur à 8 300 euros par mois et parmi ces neuf, aucune femme… Pire : l’ancienneté dans cette collectivité n’explique pas à elle seu- le les grands écarts de rémunération constatés où primes et gratifications hors salaires font varier les rémunérations de manière étonnante. Pour les syndicats, la pilule a d’autant plus de mal à passer que consigne serait donnée aux chefs de services de limiter les avancements des agents. Ce focus sur une étude syndica- le qui n’était pas censée être rendue publique illustre toute l’ambiguïté des dis- cours égalitaristes que les pouvoirs publics servent à tour de bras pour se donner bonne conscience. Mais il y a bien loin de la réalité aux actes et c’est trop sou- vent ceux qui donnent la leçon aux autres qui oublient de s’appliquer à eux-mêmes les règles prônées. Est-il besoin de rap- peler que le principe d’égalité salariale hommes-femmes est inscrit dans le marbre de la loi depuis plusieurs décennies ? Jean-François Hauser Éditorial

LES TWEETS DU MOIS ASTRONOMIE

CANADA Le Parc Micaud à Besançon sous des airs canadiens au coeur du mois d’octobre. C @cec__39 · 2 h

“L’Écho de la Boucle”, blog bisontin, trouve un lien entre la sonde Rosetta et Besançon. Il fallait oser. l’Écho de la Boucle @EchodelaBoucle - 12 nov. { B@TRD CŗTMD FQNRRH£QD DQQDTQ CD O@Q@L¤SQ@FD K@ RNMCD ʘ1NRDSS@ RD ONRD › PTDKPTDR JHKN - L£SQDR CD !DR@M¢NM ʖ

AUTOMNE Mention spéciale pour les agents de la Ville… qui en plus d’avoir la main verte ont de bonnes idées. Besançon @villedebesancon · 24 oct. +D ƦDTQHRRDLDMS @TSNLM@K CDR PT@QSHDQR CD ʘ!DR@M¢NM DRS K@MB¤ ʖ #¤BNTUQDY KDR SG¤ - L@SHPTDR GSSO VVV ADR@MBNM EQ HMCDW OGO O @QS>HC CDS@HK(C ş

SANTÉ La campagne de dépistage du Sida à Besançon. Elliot Reid-like @ElliotReid_MD - 12 oct. "DBH MŗDRS O@R TMD OHODş -H TMD HMBHS@SHNM @T C¤OHRS@FD CT B@MBDQ CD K@ OQNRS@SD L@KFQ¤ KDR @OO@QDMBDRʖ ʘ!DR@B

SPORT Les élus Europe-Écologie les Verts ont voté contre une subvention à un club de boxe. Réactions. besagora @besagora - 6 nov. 4MD ENHR CD OKTR @T ʘ",ADR@B KDR ¤KTR #EELV ENMS K@ LNQ@KD K@ ANWD BŗDRS L@K FÊTES Le ruban de l’hôtel de Ville de Besançon sujet à com- mentaires. nathalie @nathdebesac "ŗDRS QDO@QSH ONTQ KD FQNR MĎTC SNTS LNBGD ʘADR@MBNM

TRAM Première véritable collision entre un tram et une voi- ture, le 14 novembre à Besançon. Heureusement, sans faire de blessés. macommune.info @maCommune - 14 nov. BBHCDMS CD ʘSQ@LV@X › ʘADR@M¢NM › G @U@MS KD ONMS CD K@ 1¤OTAKHPTD /@R CD AKDRR¤

est éditée par “Publipresse Médias”- 1, rue de la Brasserie B.P. 83 143 - 25503 MORTEAU CEDEX Tél. : 03 81 67 90 80 - Fax : 03 81 67 90 81 E-mail : redaction@groupe-publipresse.com S.I.R.E.N. : 424 896 645 Directeur de la publication : Éric TOURNOUX Directeur de la rédaction : Jean-François HAUSER Directeur artistique : Olivier CHEVALIER Rédaction : Édouard Choulet, Thomas Comte, Jean-François Hauser. Responsable publicité : François ROUYER au 06 70 10 90 04 francois@groupe-publipresse.com Imprimé à I.P.S. - I.S.S.N. : 1623-7641 Dépôt légal : Novembre 2014 Commission paritaire : 0217I79291 Crédits photos : La Presse Bisontine, A. Scaranello, Réseau Entreprendre.

RETOUR SUR INFO - BESANÇON

La Presse Bisontine n° 160 - Décembre 2014

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La justice condamne Toufik le colleur d’affiches

L’actualité bouge, les dossiers évoluent. La Presse Bisontine revient sur les sujets abordés dans ses précédents numéros, ceux qui ont fait la une de l’actualité de Besançon. Tous les mois, retrouvez la rubrique “Retour sur info”. Charte des bars : ne pas se voiler la face

U ne lectrice de La Presse Bisontine, habitante du centre-ville, réagit à l’article publié sous le titre “l’alcool coulera-t-il toujours à flot ?”. Il faisait sui- te à la publication par la Ville de Besançon de sa nou- velle charte de la vie nocturne. Selon cette habitante, les mètres cubes de verre et autres bouteilles ramas- sées le vendredi matin par les services de la mairie ne sont en aucun cas imputables aux bars. “C’est mal connaître la vie nocturne… Le vrai problème, ce sont les magasins qui vendent de l’alcool” dit-elle. Pas faux. Jus- tement, dans la charte de la vie nocturne, un arrêté muni- cipal et préfectoral a été adopté stipulant que les com- merces de type épicerie ne peuvent plus vendre d’alcool à partir de 22 heures “En revanche, nous n’avons aucu- ne possibilité d’interdire les grandes surfaces, admet Danièle Poissenot, adjointe à la sécurité et à la tranquillité publique. Mais rappelons que ces commerces sont dans l’obligation de ne pas vendre d’alcool aux mineurs. Cet- te obligation n’est peut-être pas toujours respectée.” Pour apprécier les changements de comportement déviants du jeudi soir, encore un peu de patience.

Sur sa page facebook, Toufik a réagi à cette condamnation, estimant que c’est la “liberté d’expression de chacun” qui est mise en question.

“après avoir collé des supports politisés sur les gouttières et les réverbères du centre-ville. Malgré une pratique courante, y compris des plaignants, mais jamais répri- mée, un manque criant et connu des supports légaux, des sommes délirantes réclamées, et une absen- ce totale de moyens personnels, les vautours ont décidé d’aller jus- qu’au bout de leur élimination.” Toufik de Planoise estime que der- rière sa condamnation, c’est “la liberté d’expression de chacun qui est ainsi en question.” Le blogueur a lancé une souscription pour l’aider à payer sa dette augmentée des frais d’avocat.

L e 14 novembre, le tribunal a condamné Toufik de Planoi- se dans l’affaire qui l’opposait à la municipalité. La mairie repro- chait au jeune blogueur “libertai- re et indépendant” d’avoir pla- cardé des affiches de façon sauvage dans les rues de la ville au cours de l’année 2013. Pour cela, Toufik de Planoise a écopé de soixante-dix heures de travail d’intérêt général, et a été condam- né à verser 160 euros de dom- mages et intérêt. L’intéressé a réagi sur sa page face- book en publiant un communiqué dans lequel il ne mâche pas ses mots. Cette condamnation tombe

“Les problèmes ne viennent pas (que) des bars” dit en substance une lectrice.

Cercueils en cellulose : le combat continue

À GRANDS NOEL PAS

L es premières crémations avec un cercueil en “car- ton” ont eu lieu dans notre région. Pas encore à Besançon, comme le souhaite ardemment Chantal Thevenin, qui se bat depuis six ans pour que les opé- rateurs de pompes funèbres l’acceptent. C’est à Lure que ça s’est passé. Un premier pas vers une reconnaissance plus large du cercueil en cellulose ? C’est ce que la Bisontine espère. Dans son combat, elle a obtenu récemment une avancée avec un courrier du ministère de l’Économie dans lequel le chef de cabinet de la secrétaire d’État à la consommation confirme que “les cercueils en cellulose, dès lors que ce matériau a été agréé par le ministère de la San- té, peuvent être légalement com- mercialisés par les opérateurs funéraires et utilisés pour la cré- mation.” Sur Besançon, seules les pompes funèbres gérées par Emmanuel Tattu, rue de Belfort, proposent ce genre de cercueils dits écologiques. La lettre minis- térielle poursuit en précisant que “les entreprises funéraires qui feraient obstacle aux dernières

AU CŒUR DU CENTRE H I STOR I QUE

Marché de Noël PLACE DE LA RÉVOLUTION 21 novembre Marché de Noël des Métiers d’Art PLACE DU HUIT SEPTEMBRE 28 novembre Voyage au Pays du Père Noël PROMENADE GRANVELLE 6 décembre Marché Solidaire de Noël 204 1$ 2 (-3ɟ ,.41 10 décembre

> 24 décembre > 24 décembre

La Bisontine Chantal Thevenin (à gauche) continue à mili- ter pour le cercueil dit écologique (photo archive L.P.B.).

> 24 décembre > 21 décembre

volontés du défunt en n’acceptant pas ce type de cer- cueil seraient passibles de sanc- tions pénales.” Malgré cette missive, les deux crématoriums de l’agglomération bisontine refusent toujours les cercueils en cellulose. Le responsable du crématorium situé dans le quartier Saint-Claude attend un courrier du ministère de l’Intérieur avant d’obtempérer. Derrière ces refus, il y a évi- demment des considérations

économiques. Tandis qu’il faut débourser au moins 800 euros pour un cercueil traditionnel en bois, un cercueil écologique ne coûte que 240 euros. Si cet- te possibilité satisfait les familles à petits budgets, elle ne fait évidemment pas les affaires des opérateurs de pompes funèbres qui continuent à ne jurer que par le cercueil en bois. Chantal Thevenin, après six ans de combat, ne lâche pas l’affaire.

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L’ÉVÉNEMENT INÉGALITÉS SALARIALES : LE RAPPORT QUI ACCUSE

La Presse Bisontine n° 160 - Décembre 2014

L'enquête sur l'égalité professionnelle hommes-femmes à la Région Franche-Comté, révélée par un syndicat, montre que les salaires des cadres ont explosé des dernières années. En 2004, le plus haut salaire était de 6 000 euros nets. Il était au-delà de 10 000 euros nets neuf ans plus tard. La Région conteste ces chiffres venus pourtant d'un cabinet diligenté par ses soins.

Enquête

L’égalité “hommes femmes” vire à la bataille de chiffres

Les très hauts salaires

explosent à la Région

D epuis 2009, le syndicat C.F.D.T. à la Région Franche-Comté n’a cessé de dénoncer l’opa- cité du bilan social dans cet- te collectivité qui emploie 466 agents au siège à Besançon et environ 1 300 sances. Dans le même temps, des efforts sont demandés aux salariés situés en bas de l’échelle. Retour sur 10 ans de bilans sociaux. 9 hommes perçoivent plus de 8 300 euros bruts par mois à la Région Franche-Comté… contre aucune femme. Un directeur perçoit environ 10 000 euros nets par mois. Le syndicat C.F.D.T. s’insurge face à ces inégalités crois- (soit environ 4 000 nets et 6 000 nets) De 7 500 à 8 300 euros bruts : (soit 6 000 euros et 6 640 euros nets) De 8 300 à 10 000 euros bruts : (soit 6 640 à 8 000 euros nets) De 10 000 à 12 500 euros bruts : (soit 8 000 à 10 000 euros nets) Au-delà de 12 500 euros bruts :

l’ère Jean-François Humbert, deux agents (hommes) gagnaient entre 6 000 et 7 500 euros à la Région, soit 4 800 euros nets et 6 000 euros nets. Ce sont en général des postes à res- ponsabilité de directeur général. Douze ans plus tard, quatre hommes margent désormais entre 10 000 et 12 500 euros par mois (bruts). Un autre dépasse les 12 500 euros mensuels (bruts), soit environ 10 000 euros nets. “Le fossé ne fait que se creuser entre le plus haut et le plus bas salaire, s’in- surge la porte-parole de la C.F.D.T. En 2002, l’écart entre le plus haut salaire est de 5,7 fois le plus bas. En 2013, cet écart est de 8,6 fois plus.” Pire, le fossé se creuserait encore davantage entre hommes et femmes. La preuve, une fois encore, par les chiffres : aucune femme ne touche plus de 8 300 euros bruts, contre neuf hommes. “Les trois agents féminins qui ont de 7 500 à 8 300 euros le doivent à une ancienneté de plus de 20 ans dans la collectivité” ajoute Domi- niqueAubry-Frelin qui dénonce aujour- d’hui la nouvelle politique en matière de recrutement. “Auparavant (N.D.L.R. : avant 2010 et la présidence de Marie- Guite Dufay), les candidats aux postes à responsabilité trop gourmands n’étaient pas retenus. On refaisait alors un appel d’offres” explique la syndicaliste. Ce n’est plus le cas… à son grand dam. À la décharge de la collectivité, rien ne l’empêche de se doter de personnes com- pétentes quitte à les payer beaucoup plus. Et revoir les salaires en fonction de l’inflation… “C’est vrai, admet la

dans les lycées. Cinq ans plus tard, l’acharnement finit par payer. Le syn- dicat dévoile l’étude sur l’égalité pro- fessionnelle hommes-femmes, croisée avec les bilans sociaux. La Région a en effet obligation de rendre publique ces données liées à l’égalité hommes- femmes dans les collectivités que le syndicat jugeaient opaques depuis l’ar- rivée de Marie-Guite Dufay. “C’est pire que ce l’on pouvait imaginer, commente Dominique Aubry-Frelin, secrétaire de la section C.F.D.T. à la Région. En 2009, le choix de l’opacité par la Région est total. Elle affichait que 52 agents étaient au-dessus de 4 000 euros (23 hommes et 29 femmes), ce qui lui évi- tait de montrer que les vrais très hauts salaires vont aux hommes et de préci- ser leur montant exact” précise cette dernière. Les chiffres contenus dans l’enquête parlent d’eux-mêmes : en 2002 sous

Dominique Aubry-Frelin, secrétaire de section au syndicat C.F.D.T., et Denis Thierry, secrétaire adjoint.

jeu de dupe qui créerait un climat délé- tère même si la Région Franche-Com- té propose des quotas beaucoup plus intéressants en matière d’avancement que notre voisin bourguignon. En Franche-Comté, un agent de caté- gorie C (bas de l’échelle) a en effet 100 % de chance d’avancer s’il remplit deux conditions : l’ancienneté et un avis favorable de son supérieur hié- rarchique. Ce ne serait pas tout à fait le cas en Bourgogne. Si le climat social paraît orageux, élec- trisé par le gel du point d’indice des agents depuis 2010, le syndicat n’ou- blie pas les avancées obtenues enmatiè- re de revalorisation de toutes les primes de manière à ce que toutes bénéficient dumaximumde primes prises en comp- te pour la retraite (2004) ou encore l’alignement des primes des agents des lycées sur celles des agents du siège (2007-2009). E.Ch.

confédération des travailleurs, mais celui qui gagnait 7 500 euros en 2004 (le plus haut salaire de l’époque) devrait gagner 8 657 euros en2013 (et non12 500 comme c’est le cas désormais).” L’ancienneté n’explique pas à elle seu- le les écarts de rémunération au sein des catégoriesA etA+ : le salairemoyen mensuel est plus élevé pour ceux arri- vés les cinq dernières années que les autres. La Région s’explique assez faci- lement : elle a dû incorporer des agents de l’État, au statut plus favorable. La pilule a d’autant plus de difficultés à passer “que la Région cherche à faire des économies sur les avancements et promotions de ses agents” avance la C.F.D.T., ce que nie farouchement la Région (lire l’interview page suivante). Dans les faits, le syndicat explique “qu’il est demandé aux chefs de servi- ce et gestionnaires de mettre des “avis défavorables” aux agents afin de limi- ter l’avancement ou la promotion.” Un

Détail des salaires (en brut) De 5 000 à 7 500 euros bruts :

19 hommes et 19 femmes

8 hommes et 3 femmes

4 hommes, aucune femme

4 hommes, aucune femme

1 homme.

La Presse Bisontine n° 160 - Décembre 2014

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“Les salaires annoncés sont faux” Enquête La Région charge le cabinet qui a réalisé l’étude Selon la Région Franche-Comté, le cabinet en charge de l’étude, payé 30 000 euros, s’est trompé dans le mode de calcul. Elle admet toutefois que les inégalités hommes-femmes sont présentes et explique comment elle peut les gommer. En charge des ressources humaines, Patrick Bontemps désamorce la bombe.

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L a Presse Bisontine : Expliquez pour- quoi la Région Franche-Comté a com- mandé une enquête sur l’égalité pro- fessionnelle homme-femme ? Patrick Bontemps : Le but premier de cet- te étude commandée au cabinet doit nous permettre de voir où la collecti- vité se positionne en matière d’égali- té entre les salariés hommes et femmes (N.D.L.R. : ce genre d’études a été ren- due obligatoire par loi). C’est un sujet important, dans l’air du temps, qui a mobilisé l’ensemble des partenaires sociaux avec lesquelles nous avons tra- vaillé dans le cadre de réunions de dia- logue social. L.P.B. : Venons-en au fait. L’enquête démontre que des hauts fonctionnaires de la catégorie A +,primesconfondues,dépassentles10 000euros bruts par mois, voire 12 500 euros bruts pour une personne.Alors que la Région demande des efforts aux agents en gelant le point d’indice (depuis 2010), cela paraît choquant. P.B. : Il n’y a, à la Région, pas de salai-

re au-dessus de 8 300 euros…

L.P.B. : Faut-il en déduire que le cabinet Ges- te recruté par la collectivité après un appel d’offres a mal fait son travail ? P.B. : L’erreur de ce cabinet d’études est d’avoir repris le salaire brut qui com- prend le salaire indiciaire et le salai- re indemnitaire : il a rajouté une deuxiè- me fois l’indemnitaire, d’où cette erreur. Les chiffres sont faux. L.P.B. : Donnez-nous les “vrais” chiffres ! P.B. : Ils n’ont pas vocation à être ren- dus publics. Nous rendrons compte de cette étude au moment où elle sera ter- minée. Nous étions dans la phase de restitution aux partenaires sociaux (N.D.L.R. : les partenaires sociaux en ont pris connaissance le 2 octobre). Nous attendons les conclusions pour établir ensuite établir un cahier pour l’égalité hommes-femmes. Cette enquê- te parle d’égalité.

sens, bien au contraire. Le syndicat ment. Les partenaires sociaux en demandent toujours plus, ce qui est compréhensible mais nous devons maî- triser nos dépenses de fonctionnement. En raison du “glissement vieillesse technicité” (G.V.T.), la charge salaria- le augmente d’1,5 % par an à la Région. Pour preuve, nous avons permis à un agent (féminin) de la D.R.H. qui rem- plissait les conditions d’obtenir son avancement alors que son cas n’avait pas été présenté en C.A.P. L.P.B. : Concrètement, vous voulez démontrer que le dialogue social existe et qu’il est pré- sent en Franche-Comté… P.B. : Oui, il existe. Et il n’y a aucune consigne pour donner des avis défa- vorables. Nous laissons même la pos- sibilité à des agents C (bas de l’échel- le) d’accéder à l’échelon B à la demande des syndicats. C’est un avantage sala- rial supplémentaire et pour la retrai- te. Cela nous coûte 300 000 euros par an et nous avons été obligés de limi- ter ce passage à 15 % (la Région comp- te environ 1 300 agents des lycées et 466 au siège à Besançon.). Propos recueillis par E.Ch.

la filière, la catégorie ou encore le grade) et la part indemnitaire (les primes). Ces indemni- tés sont soumises à la loi. L.P.B. : Comment sont fixées les primes et pourquoi ont- elles évolué positivement ces dernières années ? P.B. : Les primes peuvent aller de 20 à 35 % du

L.P.B. : La Région conteste-t-elle le fait que les hommes bénéficient des plus hauts salaires ? P.B. : Sur les hauts salaires, il y a effec- tivement une inégalité entre hommes et femmes que nous tentons de gom- mer mais qui ne peut pas l’être rapi- dement (il faut attendre des départs en retraite pour que le poste vacant de direction puisse être repris par une femme). Sur un poste similaire, un D.G.A. homme et un D.G.A. femme auront le même salaire. L.P.B. : Comment se compose le salaire d’un fonctionnaire et comment attribuez-vous les primes ? P.B. : Il y a la part indiciaire (la grille indiciaire décrit la rémunération bru- te mensuelle selon le cadre d’emploi,

“Le syndicat ment” affirme Patrick Bontemps.

salaire. Les primes indemnitaires sont présentées en assemblée plénière. Nous avons incorporé de nouveaux agents venus de l’État qui bénéficiaient du régime de l’État (offrant une meilleu- re rémunération). Pour recruter à cer- tains postes, il a fallu s’aligner en com- pensant avec le régime indemnitaire. L.P.B. : Selon le syndicat C.F.D.T., il a été deman- dé aux chefs de service et aux gestionnaires d’émettre des “avis défavorables” afin de limi- ter les avancements mais aussi pour s’aligner sur le modèle bourguignon en vue de la fusion. Est-ce vrai ? P.B. : Je démens formellement. Il n’y a eu aucune instruction donnée en ce

Patrick Bontemps, élu en charge des ressources humaines, conteste les chiffres avancés par le syndicat.

Zoom “S’ils se sont trompés, alors tous les agents C sont au S.M.I.C., chose impossible !”

L e syndicat C.F.D.T. veut prouver sa transparence, lui qui n’a fait que reprendre les chiffres offi- ciels délivrés par le cabinet. “La Région nous dit que la part indemni- taire a été rajoutée deux fois. D’accord, mais cela voudrait dire que l’erreur n’a été faite que sur les 10 plus hauts salaires ! Car dans le cas contraire, tous les agents de la catégorie C sont au S.M.I.C., ce qui est impossible” répond la représentante du syndicat. Pour établir une moyenne, on ima- gine qu’il faut des agents au-dessus du S.M.I.C. et d’autres rémunérés en dessous de ce seuil, ce qui est légalement impossible. Le syndicat

se montre perplexe quand à la stra- tégie de défense de la Région d’au- tant que “la Région n’a pas apporté de correctif au tract de la C.F.D.T. publié… depuis le 2 octobre. C’est donc avec quelque raison que nous estimons n’être que strictement trans- parents” dit le syndicat. Le tract C.F.D.T. a en effet été transmis avant sa mise en ligne le 7 novembre (com- me l’est tout tract avant diffusion). “L’administration a le pouvoir de blo- quer un écrit syndical uniquement dans la mesure où il serait injurieux ou diffamatoire… or notre publica- tion n’a pas été bloquée” conclut la C.F.D.T.

Commentaire d’un syndicat bourguignon “En Bourgogne, le dialogue social est bon”

E n Bourgogne, le bilan social est beaucoupmoins poussé que celui qui est mené en Franche- Comté.Aucune enquête n’a été engagée sur l’égalité professionnelle hommes-femmes chez nos voisins jus- qu’à présent. Seulement une enquête liée à la vie au travail a été réalisée. “Nous ne possédons même pas la four- chette des salaires au sein de notre col- lectivité, témoigne Joël Baeza, syndi- caliste bourguignon (C.F.D.T.). Mais je peux dire que le dialogue social est bon en Bourgogne. Nous venons par exemple de mettre en place une mutuelle pour tous. Il y a eu une très bonne écoute” tient-il à préciser. Quant à l’avancement en grade pré- tendu moins bon en Bourgogne, le syn- dicaliste se montre prudent. “Nous

- dont 5 femmes réparties aux res- sources humaines et à la formation - composent le reste de l’organigram- me. Si la Bourgogne possède une mutuelle, la Franche-Comté dispose d’une protection sociale complémen- taire depuis janvier 2013 qui a permis à 318 agents de bénéficier de la cou- verture prévoyance et à 96 de la cou- verture santé. 1 236 agents des lycées bénéficient des chèques-déjeuners. Un programme pluriannuel de titulari- sation des agents a été mené. L’an der- nier, 11 agents ont ainsi été nommés fonctionnaires stagiaires. Ils étaient 91 agents non-titulaires. En 2013, la Franche-Comté a déboursé 71,6 mil- lions d’euros pour le salaire de ses agents, un chiffre en augmentation de 1,5 %.

n’avons aucun détail nous permettant de comparer l’avancement des agents” dit Joël Baeza. La région Bourgogne comptait une femme directrice géné- rale des services. Elle a été remplacée par un homme. La collectivité emploie 3 directeurs généraux adjoints

(hommes) et une direc- trice adjointe femme. Dans l’encadrement, on dénombre 20 directeurs et 20 directrices. En Franche-Comté, un directeur général des services dirige la Région. Il est assisté de 4 D.G.A. dont une fem- me intégrée au service formation et dévelop- pement. 14 directeurs

D’ après nos informations, confirmées par Patrick Bontemps, les deux Régions dans le cadre de la fusion vont créer un Observatoire com- mun des ressources humaines. Pour l’instant, Bourgogne et Franche- Comté ont leurs propres spécificités, leur propre système d’avancement en terme d’évolution de salaire, de chèques-déjeuners, de primes… Franche-Comté et Bourgogne auront un “Observatoire commun des ressources humaines”

“Pas de détails pour comparer l’avancement des agents.”

L’INTERVIEW DU MOIS

La Presse Bisontine n° 160 - Décembre 2014

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POLITIQUE

Jean-Claude Duverget “Cette fusion des régions n’est pas une vague idée d’utopiste”

Il a co-piloté le Comité des sages mis en place par Marie-Guite Dufay pour réfléchir à la fusion de la Bourgogne et de la Franche-Comté. L’ancien élu U.M.P. sort de sa réserve et livre son point de vue sur l’union prochaine de ces deux territoires.

L a Presse Bisontine :Vous êtes à l’U.M.P. Pour- quoi avoir accepté de co-piloter le Comité des sages mis en place par Marie-Guite Dufay pour réfléchir au projet de fusion des régions Bour- gogne-Franche-Comté ? Jean-Claude Duverget : Si j’ai accepté de co- piloter ce comité en tant que membre de l’U.M.P., c’est parce que j’ai senti que nous n’étions pas dans un raisonnement tradi- tionnel de clivage. Chacun d’entre nous avait une expertise que nous avons mise volontiers au service de cette réflexion de fusion. Dans ce groupe, il y avait des ten- dances diverses. Certains n’étaient pas favorables à la fusion, d’autres préféraient le rapprochement avec l’Alsace, et d’autres encore avec la Bourgogne. Nous étions tous des gens libres, il n’y avait d’enjeu pour aucun des 18 membres du conseil qui ont travaillé sur ce projet ces derniers mois. Nous avons eu du mal à nous quitter. L.P.B. : Vous avez participé aux quatre réunions publiques en Franche-Comté qui avaient pour thè- me la fusion. N’avez-vous pas eu le sentiment que ce sujet paraissait aussi confus qu’injustifié pour beaucoup de personnes ? J.-C.D. : Il y a, c’est vrai, un manque de clar- té dans l’esprit du public pour savoir qui fait quoi entre la Région, le Département et la Ville. J’observe une méconnaissance des compétences de chacune de ces collec- tivités et de l’histoire de nos territoires. J’ai d’ailleurs eu l’occasion de préciser lors des réunions publiques dans lesquelles je suis intervenu, que l’idée d’un regroupe- ment de la Bourgogne et de la Franche- Comté est très ancienne. Cela fait 160 ans qu’on en parle ! Ce n’est donc pas une décou- verte. Tous ceux qui depuis, en France, ont imaginé des regroupements ont, dans leur majorité, proposé la fusion de la Bourgogne et de la Franche-Comté, avec en marge, la Nièvre et le Territoire-de-Belfort. Je pré- cise d’ailleurs, qu’en 1955, lorsqu’Edgar Faure (il est alors président du Conseil des ministres) qui porte l’idée régionale (elle va donner naissance aux 22 régions) fait la Franche-Comté, c’est une surprise car ce territoire, contrairement aux autres, compte moins d’1 million d’habitants. Sans la volonté de cet homme politique, il n’y aurait peut-être jamais eu de région Franche-Comté séparée de la Bourgogne. L.P.B. : Quels sont les points forts de cette fusion ? J.-C.D. : L’enseignement supérieur est un point fort. La future université Bourgogne- Franche-Comté qui deviendra une com- munauté d’universités, est un exemple du fonctionnement de la future grande région

les filières techniques où il y a trop peu d’élèves en Bourgogne et en Franche-Com- té, il n’est pas impensable de les regrou- per dans un lycée avec internat et ainsi sauver des formations techniques. Un autre exemple, en économie, on peut organiser un travail commun de recherche entre le pôle compétitivité véhicule du futur de l’aire urbaine Belfort-Montbéliard et le pôle performance automobile de Magny- Cours. Ce n’est pas le même nom, mais la philosophie est la même. Cette fusion des régions n’est pas une vague idée d’utopiste. Elle peut peser sur un certain nombre d’éléments de la vie quotidienne des gens, des salariés, des entreprises. L.P.B. : Une des questions récurrentes à laquelle les élus régionaux n’apportent pas de réponse est de savoir si la fusion va générer des économies. Qu’en dit le Conseil des sages ? J.-C.D. : Ce que nous pensons, c’est que les économies ne sont pas inenvisageables. Il y a des doublons entre les deux régions. Ils doivent être analysés pour être ensui- te supprimés. Il n’y aura par exemple plus qu’une seule préfecture, qu’un Conseil régio- nal, et les services du rectorat se regrou- peront. Quelle différence y a-t-il entre la gestion des lycées opérée par la Bourgogne ou par la Franche-Comté ? Je n’en vois aucune. C’est lamême chose pour les agences de développement économique, un secteur dans lequel des doublons existent. Ce qui importe, c’est de mettre en place sur ce nouveau territoire un dispositif capable d’apporter une réponse rapide aux entre- prises afin de favoriser l’implantation de sociétés et le développement industriel. L.P.B. : La Bourgogne est-elle le meilleur partenai- re pour la Franche-Comté ? J.-C.D. : Oui, car les relations établies depuis 1955 sont telles qu’on ne rencontre pas les mêmes liens avec d’autres régions. À par- tir de là, je vois naître à plus long terme l’idée du Grand Est à partir d’une coopé- ration nécessaire entre le bloc solidaire Bourgogne-Franche-Comté, et le bloc soli- daire Alsace-Lorraine-Champagne-Arden- ne. Car en l’état, ni la région parisienne, ni la région lyonnaise n’ont d’intérêt à coopérer avec nous. L.P.B. : Ces deux régions se ressemblent-elles ? J.-C.D. : Notre cohérence est dans notre res- semblance. La Bourgogne comme la Franche-Comté ont une population rura- le importante. Elles sont faiblement peu- plées et ont la même problématique à résoudre pour animer le tissu rural. Ensuite, dans ces deux régions, la popula- tion vieillit plus vite que dans d’autres régions. Il y a plus de gens qui quittent ces territoires que d’autres qui s’y installent. C’est une difficulté que nous devrons résoudre collectivement. Ce qui se passe au niveau de l’université est révélateur. Dijon perd des étudiants par rapport à Lyon et Paris. En Franche-Comté, sur un cursus univer- sitaire de 5 ans, on observe que 4 000 étu- diants quittent la région pour poursuivre leurs études ailleurs s’ils ne trouvent pas ici un cursus complet. Il est indispensable que la Bourgogne et la Franche-Comté s’entendent pour valider un maximum de masters pour attirer les étudiants. L.P.B. : Des élus du Territoire-de-Belfort voudraient que leur département soit rattaché à l’Alsace plu- tôt qu’à la Bourgogne. N’y a-t-il pas un danger à voir la Franche-Comté démantelée ? J.-C.D. : Historiquement, le Territoire-de- Belfort est le dernier département à avoir rejoint la Franche-Comté (décret de 1960, décision confirmée en 1982 dans le cadre des lois de décentralisation). Ce territoire

Il ne fait aucun doute pour Jean-Claude Duverget que la Bourgogne et la Franche-Comté ont intérêt à fusionner et réparer peut-être ainsi une sorte d’anomalie de l’histoire.

a depuis longtemps des échanges nourris avec la Haute-Alsace. On ne peut pas ima- giner que tout s’arrête demain avec la fusion des régions. Dans ce projet, il y a au contrai- re des axes de coopération à encourager entre le pôle métropolitain de l’Aire Urbai- ne, et Mulhouse et Strasbourg. Ce sera le rôle de la future région de favoriser ces échanges. S’ils sont perçus comme une menace, les réflexions vont se raidir avec le Territoire-de-Belfort. Cela ne serait pas souhaitable d’autant que la Région n’a pas toujours été très adroite avec ce départe- ment ces quarante dernières années. J’entends ceux qui souhaitent que l’Aire Urbaine et le Territoire rejoignent l’Alsace. Mais à mon sens, tout détricotage de la Franche-Comté par le nord serait un risque d’échec pour la fusion. Il est important de donner des garanties aux Belfortains qui sont bien en Franche-Comté, et éviter sur- tout que les départements entrent en résis- tance contre ce projet. L.P.B. : Qui de Dijon ou de Besançon sera la future capitale régionale. Au regard du rapport de force entre les deux villes, il ne fait aucun doute pour beaucoup de monde que ce sera Dijon. Qu’en pen- sez-vous ? J.-C.D. : Il faut résoudre en effet ce problè- me de la capitale régionale. Les Bisontins ne peuvent pas accepter que Dijon soit la seule capitale affichée. Mais Dijon seule n’a pas suffisamment de poids pour peser face à Lyon et Strasbourg. Par conséquent, Dijon et Besançon peuvent être gagnantes si ces deux agglomérations se répartissent les tâches de commandement, les tâches politiques et administratives de Bourgogne- Franche-Comté. Cela signifie au préalable que les présidents des deux régions se met- tent autour d’une table avec les maires des deux villes et les préfets, pour analyser lucidement la répartition, sur le terrain, des pouvoirs politiques des régions, des pouvoirs décentralisés de l’État. La répar- tition des pouvoirs nous permettra de par- tir d’un bon pied dans cette fusion. L.P.B. : Quelle tournure vont prendre les relations tissées entre la Franche-Comté et la Suisse dans le cadre de la fusion ? J.-C.D. : La Suisse est une chance offerte à la Bourgogne. L’idée commence à mûrir. La Franche-Comté a beaucoup d’avance dans la coopération transfrontalière. Cet- te frontière politique est en train d’être supplantée par les territoires de projets communs. Grâce à cette fusion, je pense que l’on peut entrer dans une nouvelle époque en ce qui concerne les relations transfrontalières.

L.P.B. : La mise en place de la future région risque d’être longue. Tout commencera à partir des élections de décembre 2015... J.-C.D. : Notre comité pense qu’il faudra prendre le temps des choses. Une man- dature de six ans sera néces- saire pour mettre en place la véritable région Bour- gogne-Franche-Comté. Les élections auront lieu dans un an dans huit départe- ments au lieu de quatre. Il y aura des passages obli- gés comme l’élaboration d’un contrat de plan État-Région Bour- gogne-Franche-Comté. L.P.B. : Ne faut-il pas craindre que les Bourguignons qui seront majoritaires dans le futur conseil tirent la couverture à eux ? Ce réflexe est humain après tout. J.-C.D. : Nous avons mis l’accent sur le risque des ego des élus locaux plus enclins à défendre leur propre territoire que l’intérêt de la Bourgogne-Franche-Comté. Effecti- vement, c’est une question humaine. On ne pourra pas empêcher, au moins les pre- mières années, certains réflexes de Bour- guignons et de Francs-Comtois. L.P.B. : On ne sait pas à ce jour quelles seront les compétences détaillées des futures régions, ni les moyens financiers dont elles disposeront. Ce flou ne décrédibilise-t-il pas ce projet de fusion ? J.-C.D. : Tant que nous ne connaissons pas les compétences futures des régions, et les financements dont elles disposeront, on ne sait pas comment seront armées ces régions. Seront-elles autorisées à lever des impôts dans un contexte de baisse des dotations d’État ? Nous n’avons pas la réponse. La question de fond est celle de la décentra- lisation. Si nous parvenons à disposer d’une masse financière 5 à 6 fois supérieures à celle dont on dispose actuellement grâce à la fiscalité, nous changerons directement d’échelle. En effet, lorsqu’on compare le budget des régions en France à celui des régions en Allemagne par exemple, on s’aperçoit qu’il est 8 à 9 fois inférieur. Il faut que nos régions soient lisibles dans l’espace européen. Le problème n’est pas celui du nombre d’habitants, mais de la capacité à s’afficher et à être reconnu. En effet, tant que les inconnues autour des compétences et des financements ne sont pas levées, il y aura des craintes et des réticences vis-à-vis de la fusion. Propos recueillis par T.C. “La Région sera-t-elle autorisée à lever des impôts ?”

Bio express Formation : géographe 1986 - 2010 : conseiller régional. Un premier mandat avec Edgar Faure. Vice-président à l’aménagement du territoire de 1989 à 2004. 1995 - 2001 : conseiller municipal à Besançon 2014 : Co-pilote du comité des sages. Il publie en décembre : “La Franche-Comté avec la Bourgogne, chronique d’une fusion décidée depuis 160 ans” (éditions Sékoya).

dans beaucoup d’autres domaines. Nous ajoutons les forces mais nous ne les dis- solvons pas. On additionne les atouts de l’un et de l’autre pour que Bourgogne- Franche-Comté soit plus for- te que la Bourgogne seule et que la Franche-Comté seu- le. Cela se vérifiera aussi dans le domaine de la san- té. Les C.H.R.U. de Dijon et de Besançon ne vont pas fusionner. En revanche, grâ- ce au regroupement des deux régions, ils vont pouvoir continuer à développer les coopérations. Dans le secteur des trans- ports ferroviaires, on peut espérer une meilleure inter- connexion des réseaux gérés par la nouvelle région pour que le service gagne en effi- cacité. Dans l’éducation cet- te fois, en particulier dans

“Il y a des doublons entre les deux régions.”

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BESANÇON 10

L e c h if f re

Des agressions gratuites, en pleine rue SÉCURITÉ La violence progresse Les services de police de Besançon observent une augmentation de 25% des violences faites aux personnes. Des histoires malheureuses qui pour certaines s’achèvent au service des urgences du C.H.U.

C’ est en millions d’euros les retombées économiques engendrées par le tourisme dans le Doubs en 2014. 5 200 personnes sont employées dans le secteur du tourisme dans 2 200 entreprises. L’activité hôtelière se maintient à un niveau constant depuis 2004. Sur les dix dernières saisons, la durée moyenne de séjour dans les campings est à la baisse, alors que le nombre d’arrivées et de nuitées est glo- balement stable depuis le milieu des années 2000. L’hiver approche et le ski avec : le chiffre d’affaires du ski alpin et nordique dans le Doubs a généré 4 millions d’euros.

S i la délinquance, dans son ensemble est en baisse de 16% à Besançon, les services de poli- ce observent une recrudescen- ce de la violence aux personnes de l’ordre de 25% sur les dix derniers mois. “On remarque qu’il y a un problème d’alcool dans un certain nombre de faits de violence. Mais ces actes ne sont pas tous commis sur fond d’alcoolisation. Il y a aussi le cas d’individus qui vont frapper gratuitement une personne. On fait la nuance entre des gens qui se bat- tent entre eux mais qui se connaissent, et un agresseur qui va s’en prendre

giques. “Elle a été choquée. Elle hésite désormais à sortir le soir dans Besan- çon” raconte un proche. Les agressions sont parfois plus violentes. Il y a quelques mois, tard dans la nuit, au centre-ville, un homme a été passé à tabac à la batte de baseball ! Selon nos informations, la victime ne connais- sait pas ses agresseurs. Ces histoires malheureuses s’achèvent au service des urgences de Besançon. Sans avoir établi de statistiques pré- cises, les équipes soignantes notent une augmentation du nombre des agres- sions violentes. “Définitivement oui, cela fait deux à trois mois qu’il y a une recrudescence des agressions en ban- de. Ce sont des gens qui se font agres- ser par quatre ou cinq individus. Il y a des coups de couteau, des coups de barre de fer. Ce qui surprend, c’est l’inattendu, ces agressions sont gra- tuites. C’est une violence d’un autre ordre. La nouveauté, c’est l’injustice et l’inconnue. Se faire agresser sans rai- son provoque un traumatisme moral chez les victimes. Certaines ne s’en sor- tent pas” observe le professeur Lau- rent Obert, chirurgien orthopédique, chef du service orthopédie et trauma- tologie. Une à deux fois par semaine, les urgences traumatologiques accueillent des victimes d’agression violente. Les services de police estiment qu’il ne faut pas “noircir le tableau. Dire que le centre-ville devient impraticable à cause de la violence, ce n’est pas vrai.

Mais une personne peut toujours être à la merci d’un voleur, d’un agresseur. Nous avons pris en considération les marqueurs de violence pour renforcer notre vigilance sur le terrain que l’on occupe.” Le nombre des interpellations et le taux d’élucidation ont d’ailleurs augmenté indique l’Hôtel de Police de la Gare d’Eau. T.C.

sans raison à quelqu’un qu’il ne connaît pas” notent les bureaux de la Gare d’Eau. Être au mauvais endroit au mauvais moment, la mésaventure est arrivée récemment à une jeune femme. Alors qu’elle sor- tait d’un bar du centre- ville après minuit avec des amies, elle a été prise à partie par un groupe de trois individus. Après l’avoir insultée, l’un d’eux l’a frappée. Prévenue, la police est arrivée suffi- samment vite sur les lieux pour interpeller l’auteur des coups. Mais pour la victime, au-delà des contu- sions, l’agression a laissé des séquelles psycholo-

“Elle hésite désormais

Une à deux fois par semaine, le service des urgences traumatolo- giques prend en

à sortir le soir.”

charge des personnes victimes

d’une agres- sion violente.

SOCIAL

Personnes majeures ou mineures Sexualité, contraception, la réponse au bout du fil Le Point Écoute Régional sexualité,

D u lundi au vendredi, une psychologue et une conseillère conjugale répondent aux appels téléphoniques qui arrivent au Point Écoute Régional à Besan- çon. Ce service créé par l’Agence

Régionale de Santé (A.R.S.) ren- seigne des personnes de tous les âges sur des questions de sexua- lité, de contraception et d’interruption volontaire de grossesse. “Les appels sont ano- nymes. On sait juste si la per-

sonne est majeure ou mineure. Les questions les plus fréquentes portent sur la marche à suivre pour une interruption volon- taire de grossesse. Il y a aussi des demandes sur la procédu- re de dépistage à la suite d’un rapport sexuel à risque. Nous avons aussi des filles inquiètes parce qu’elles ont oublié de prendre leur pilule. Les ques- tions sur les pratiques sexuelles sont plus rares” détaille le Point Écoute Régional. La plupart des appels sont localisés sur Besan- çon et sa région. En 2013, le P.E.R. en a reçu 253 dont 175 venaient de personnes majeures et 78 de mineurs. “Nous sommes sur la même tendance en 2014” précise encore le service. Le dialogue qui s’instaure au téléphone entre la personne en attente de conseils et le pro- fessionnel spécialisé dans les questions de sexualité, d’I.V.G. et de contraception est aussi l’occasion, en fonction des situa- tions, de faire de la prévention. “On rappelle par exemple qu’il faut une contraception afin

d’éviter la contraception d’urgence.” Mais il arrive aus- si qu’au bout du fil des gens soient désemparés. “Oublier sa pilule, ça peut arriver à toutes les filles. On peut relativiser. En revanche, lorsqu’il s’agit d’une I.V.G., il nous arrive d’avoir au téléphone des per- sonnes en pleurs. D’autres sont plus calmes et sont déjà prêtes à entrer dans une démarche de soin” détaille le Point Écoute Régional. Ce service est dans son rôle lorsqu’il indique à un interlo- cuteur les structures spéciali- sées les plus proches de chez lui où il trouvera une prise en charge adaptée à sa situation : médecin, hôpital, centre de pla- nification. Les choses sont par- fois plus compliquées en milieu rural. “Les gens peuvent être assez démunis surtout lorsqu’il s’agit de mineurs. Ils ne veu- lent pas forcément aller voir le médecin de famille. Certains se replient sur Internet.” Mais rien ne vaut le conseil avisé d’un professionnel.

contraception, I.V.G., conseille au téléphone les personnes qui ont des questions par rapport à l’un ou l’autre de ces thèmes.

Beaucoup de questions portent sur l’interruption volontaire de grossesse.

Point Écoute Régional sexualité, contraception I.V.G. Tél. : 0820 209 127 Du lundi au vendredi de 10 heures à 18 heures

BESANÇON 12

La Presse Bisontine n° 160 - Décembre 2014

EN BREF

RÉHABILITATION Livraison deuxième trimestre 2015 Les locaux Mory-Ducros transformés en cellules commerciales Les 6 000 m 2 d’entrepôt de l’ancien transporteur de la rue Albert-Thomas à Besançon vont être réhabilités pour y implanter des commerces de gros principalement.

Hommage Deux agents de la Ville sont décédés courant octobre. Une minute de silence en mémoire de Myriam Vernier et Benoît Gouyer a été respectée lors du dernier conseil municipal. Le mystère Courbet Samedi 13 décembre, à 15 h 20, sera diffusé sur France 3 un documentaire intitulé “Mais qui êtes-vous Monsieur Courbet ?” À travers ce film réalisé par Isabelle Brunnarius et Laurent Brocard, on cerne l’être humain Gustave Courbet, “pour mieux comprendre la peinture de cet artiste pétri de contradictions et précurseur de l’art moderne.” Les auteurs ont cheminé sur les traces du peintre pour nous aider à comprendre sa personnalité complexe. Ils sont passés par la vallée de la Loue, pays natal de l’artiste, avant de se rendre en Suisse au bord du lac Léman où il s’est exilé à la fin de sa vie. Ce documentaire tente de percer le mystère Courbet. À découvrir en complément deux expositions sur Gustave Courbet : au Musée Rath à Genève jusqu’au 4 janvier et à la Fondation Beyeler Riehen-Bâle jusqu’au 18 janvier.

L es anciens locaux du transpor- teur Mory-Ducros à Besançon vont être réhabilités rue Albert- Thomas. Ils étaient vides depuis que l’entreprise a fermé ses portes il y a un peumoins d’un an (65 salariés licen- ciés), à l’exception d’une partie qui est louée. C’est un investisseur alsacien qui a repris l’ensemble immobilier de 16 000 mètres carrés. Dans cette emprise fon- cière se trouve “un bâtiment de 1 500 mètres carrés sur trois niveaux avec des

Les anciens locaux Mory-Ducros sont repris par un investis- seur alsacien.

bureaux, et un entrepôt de 5 934 mètres carrés” précise Joël Delbart, responsable à Besançon de l’agence Desaulles-C.B.R.E. spécia- lisée dans le conseil en immo- bilier d’entreprise qui suit la transaction. Le chantier de rénovation sera achevé au deuxième semestre 2015. Les locaux qui vont répondre aux nou- velles normes énergétiques

“À partir de 300 mètres carrés.”

seront prêts à l’emploi pour les futurs occupants. “Nous sommes dans une démarche qualitative de réhabilitation. On travaille par exemple sur les ouver- tures afin de capter au maximum la lumière du jour et de limiter ainsi la consommation électrique.” Le site sera scindé en plusieurs parties pour accueillir plusieurs enseignes. “L’actuel entrepôt sera divisé en cellules commerciales à partir de 300 mètres car-

fessionnels auraient déjà fait savoir qu’elles étaient intéressées pour occu- per une partie des locaux et continuer ainsi à se développer. Les prix de loca- tion varient entre 60 euros et 80 euros le mètre carré en fonction de la situa- tion de la cellule commerciale. En parallèle, Desaulles-C.B.R.E. est engagé sur d’autres projets de rénova- tion dont la restructuration des locaux du transporteur Jeantet à Témis.

rés. Les quais de chargement seront entiè- rement repris” poursuit Monsieur Del- bart. Évidemment, il ne s’agit d’installer des commerces de détail rue Albert-Tho- mas. “On pourra implanter là du com- merce de gros, de l’activité pour les entre- prises du bâtiment par exemple. Cette rue est de toute façon dédiée aux pro- fessionnels.” Deux sociétés dont une du bâtiment et l’autre spécialisée dans la distribution de matériel pour les pro-

QUARTIERS

Vie commerciale Clairs-Soleils : l’éclaircie commerciale Un boucher, un boulanger et des professionnels de santé se sont récemment installés dans

L a place des Lumières dans le quartier des Clairs- Soleils à Besançon n’est plus dans l’ombre. En février 2013, La Presse Bison- tine s’était rendue sur place pour évoquer les problèmes des locaux commerciaux vacants. La Ville et la S.E.D.D. avaient décidé de créer, dans le cadre du Programme de rénovation urbaine, des cellules commer- ciales. Boudées car jugées trop chères ou trop grandes, elles ont depuis trouvé preneur dans ce quartier qui pâtit - toujours - d’une mauvaise image mal- gré un climat désormais apai- sé. Un boulanger s’est installé début octobre après une bou- cherie au début de l’été. Le magasin Spar, première loco-

des locaux que la S.E.D.D. peinait à louer place des Lumières. Les habitants apprécient mais l’équilibre demeure fragile.

motive commer- ciale, a été repris par un jeune couple… qui quit- te l’espace pour gérer un magasin en Mayenne après un an de service. “Nous ne partons parce que nous ne nous plaisions pas mais parce que Casino nous pro- pose de gérer un magasin avec un chiffre d’affaires plus important” explique Jean-Pier- re Debreuille, gérant du Spar.

L’enseigne sera

Jean-Pierre et Delphine Debreuille quittent le magasin Spar des Clairs-Soleils mais gardent d’excellents souvenirs.

reprise par un autre gérant..”

Avec Delphine, sa femme, ils ont su apporter un nouveau service, nouer des relations avec leurs clients en s’impliquant dans la vie associative et sco- laire du quartier. “Ils vont man- quer” résume un fidèle client. Venus du Nord de la France, ils ignoraient tout de Clairs- Soleils. “On a trouvé un quar- tier calme et chaleureux. Mais les prix pratiqués ici ne cor- respondent pas à la clientèle. Il

s’installer ici en juin dernier. Ouvert tous les jours, son local lui plaît “mais les affaires sont calmes” dit-il. Ce n’est pas pour autant qu’il baisse les bras. Quant à la boulangerie située en haut de la place des Lumières, elle a rouvert (après les actes de vandalisme). Une infirmière, un médecin, un psy- chanalyste, sont installés au cœur du quartier. E.Ch.

faut un discount. Nous avons su faire venir du monde en pro- posant par exemple un café à 70 centimes” confie le gérant qui a quitté Besançon avec sa famille jeudi 19 novembre. L’enseigne sera reprise par un autre gérant du groupe Casi- no. Vides jusque-là, deux cellules attenantes à la supérette sont ouvertes. Fadel Kerbouche a quitté Montrapon pour

Fadel Kerbouche, nouveau boucher installé place des Lumières.

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