La Presse Bisontine 186 - Avril 2017

Mensuel d'informations de Besançon et du Grand Besdançon

2, € 80

Mensuel d’information de Besançon et du Grand Besançon www.presse-bisontine.fr AVRIL 2017 N° 186

l L’AFFAIRE DES SOUPÇONS D’EMPOISONNEMENT DANS LES CLINIQUES. l LE SERVICE DERMATO DU C.H.R.U. SUSPECTÉ DE PRESCRIRE TROP DE CHIMIOTHÉRAPIES. l LES MENACES SUR UN SERVICE SUR FOND DE GUERRE DES PRATICIENS. LES SCANDALES DE LA SANTÉ À BESANÇON

l’événement en p. 6 à 8

le dossier p. 20 à 27 Plan local d’urbanisme intercommunal La fronde des maires du Grand Besançon

économie p. 36 L’exemple de R. Bourgeois Robotisation et industrie du futur à Besançon

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Rédaction : “Les Éditions de la Presse Bisontine” - B.P. 83 143 - 1, rue de la Brasserie - 25503 MORTEAU CEDEX - Tél. 03 81 67 90 80 - Fax : 03 81 67 90 81 - redaction@groupe-publipresse.com

RETOUR SUR INFO - BESANÇON

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La Presse Bisontine n° 186 - Avril 2017

Les Passages Pasteur bientôt remplis à 100 %

L’actualité bouge, les dossiers évoluent. La Presse Bisontine revient sur les sujets abordés dans ses précédents numéros, ceux qui ont fait la une de l’actualité de Besançon. Tous les mois, retrouvez la rubrique “Retour sur info”. Avec “Lé Mô Doubs”, le cœur du Centre Saint-Pierre bat encore

Insondable Les soupçons qui pèsent depuis une semaine sur un anesthésiste bisontin aux compétences pourtant saluées par ses pairs a jeté l’émoi au sein de la commu- nauté médicale tout entière et bien au- delà, sur l’ensemble de la population de la région. Car chacun a pu se dire en apprenant avec effarement ces chefs d’accusation qu’un tel drame aurait pu tomber sur soi ou sur un membre de sa famille. L’heure n’est pas venue de vouer aux gémonies ce praticien tant que la justice et les enquêteurs n’ont pas ter- miné leur minutieux travail de recherche des preuves. En la matière et quel que soi l’effroi dans lequel sont replongées les familles des victimes, et particulière- ment celles des deux personnes décé- dées, la présomption d’innocence est plus que jamais à rappeler. On a vite tendance à fouler du pied ces précautions, empor- té par la légitime émotion que suscite ce genre d’affaires. La même présomption d’innocence doit d’ailleurs prévaloir en ces temps électoraux pour d’autres affaires qui hélas ont occulté jusqu’ici le débat et dévoient la nécessaire confrontation d’idées à laquelle tout le monde devrait aspirer. Cette parenthèse “politique” étant refermée, l’actualité judiciaire qui a secoué le monde de la santé met en lumière un autre paradoxe du fonctionnement de notre système de soins. Aucun protoco- le, aussi poussé soit-il, aucun système de sécurité aussi exigeant que les auto- rités sanitaires l’imposent, ne saura hélas faire barrage à l’intervention humaine. En cette affaire sordide, pour peu que les soupçons d’empoisonnement soient révélés, il apparaît que la multiplication des normes, des obligations, voire des lourdeurs administratives en matière de protocole de soins, le tout sous la sur- veillance étroite d’une autorité rigoureuse comme l’Agence régionale de santé, n’em- pêchera jamais le dérapage humain. Les scandales sanitaires qui ont émaillé l’ac- tualité, de l’affaire du sang contaminé aux errements de certains laboratoires pour des raisons purement mercantiles cette fois comme dans le sombre procès du Médiator, ont tous mis en lumière les errements, plus ou moins dramatiques, du facteur humain. En matière de san- té, comme de sécurité en général, le risque zéro n’existe pas, hélas. Les pauvres victimes et leurs familles font les frais à leur insu de ce paradigme sans doute insoluble. Les ressorts insondables de l’âme l’humaine ne seront jamais maî- trisables à 100% par quelque norme que ce soit. ■ Jean-François Hauser Éditorial

L a Presse Bisontine a consacré de nom- breux sujets au centre commercial Saint- Pierre à Besançon, en partie vidé de ses boutiques. Sur l’aile gauche, au premier éta- ge, résiste Lé Mô Doubs, bar et restaurant. Depuis 8 ans, Pierre Filippa et sa compagne Marianne font vivre ce lieu les midis du lundi au vendredi avec le restaurant et ses repas faits maison, le soir avec les cours de danses de salsa, tango argentin et même le dimanche après-midi avec les très prisés “thés dansants” par une soixantaine de seniors. Le gérant a fait du site le poumon d’un centre Saint-Pierre étouffé par d’anciennes charges de copro- priété bien trop lourdes. Elles ont fait fuir cer- tains investisseurs. Aujourd’hui, Pierre est tou- jours fidèle au poste. Il ne compte pas ses

heures mais ne cache pas les difficultés liées à l’histoire de ce centre commercial. “Mais les gens nous le rendent bien” dit-il entre deux airs de salsa. Ce soir-là, près de 200 personnes de l’association “Un instant, un plaisir” auront dansé de 21 heures à 2 heures du matin. Deux autres associations en font de même les autres jours de la semaine si bien qu’il y a toujours une lumière allumée. “Un cœur bat ici, des gens qui travaillent (4 personnes), de l’am- biance. C’est vrai qu’on colle souvent l’image du centre Saint-Pierre vieillot. Mais venez !” lance le patron. En 8 ans d’exercice, pas de problème avec des clients trop alcoolisés. L’établissement respecte la charte de la vie nocturne voulue par la Ville. “Lé Mô Doubs” apporte de la douceur à Saint-Pierre. ■

Prochaines installations : la salle de sport Basic Fit et le magasin Only dans la dernière grande cellule vide.

H & M n’a pas prévu de fermer ses portes aux Passages Pasteur, pas plus que Mango. Les rumeurs, insidieuses, la S.E.D.D. les balaie et se veut au contraire rassurante. “Klépierre indique que la fréquentation des Pas- sages Pasteur est 20 % supé- rieure à l’année dernière” note l’aménageur S.E.D.D., en ajou- tant : “Il faut trois ou quatre ans pour qu’un tel centre com- mercial trouve sa vitesse de croisière.” La S.E.D.D. annon- ce même que “les 100 % de commercialisation seront bien- tôt atteints.” La grande cellu- le de 1 300 m 2 qui est restée vide depuis l’ouverture des Passages Pasteur sera en effet bientôt louée, mais après avoir été scindée en deux cellules.

C’est une salle de sport bap- tisée “Basic Fit” qui prendra la plus grande partie de cette sur- face, avec une entrée côté pla- ce Pasteur. Une boutique de 150 m 2 complétera l’offre, à l’enseigne “Only” (mode fem- me). Une fois cette grande cel- lule remplie, il restera à rem- placer l’enseigne de boissons “Bubble break” “qui ferme car elle n’a pas trouvé son public” ainsi que la cellule encore vide face à Bershka. “L’idée est de regrouper les deux pour n’en faire qu’une. Nous avons de bonnes touches. Tout sera réglé d’ici juin” assure la S.E.D.D. À ce moment-là, la commercia- lisation des Passages Pasteur sera terminée, un peu plus d’un an et demi après l’ouverture du centre commercial. ■

Pierre Filip- pa, gérant du

bar-restau- rant Lé Mô Doubs au centre Saint- Pierre à Besançon, lors de la soi- rée salsa du jeudi. Une résidence connectée pour les personnes âgées

Q uand on passe d’un stu- dio non rénové à un autre, le contraste est saisissant. D’un côté un loge- ment des années soixante-dix avec les équipements d’époque et la déco à l’avenant. De l’autre, un studio aux dernières normes, sans seuil, avec douche à l’ita- lienne et toutes les commodi- tés d’accès pour les personnes à mobilité réduite, et, pas for- cément visibles à l’œil nu, des équipements qui font toute la différence. “Ces studios dispo- sent de sols intelligents” résu- me Richard Garito, le directeur général des Salins de Bregille. L’association bisontine a enta- mé la rénovation complète de sa résidence Notre-Dame, éta- blissement d’hébergement pour personnes âgées autonomes. Six des soixante-douze loge- ments ont déjà été rénovés, mais

pas de n’importe quelle maniè- re. “Les sols de ces logements sont connectés à des capteurs, de manière à faciliter la détec- tion de chutes et alerter le per- sonnel d’accueil 24 heures sur 24. Le système permet aussi à chaque lever de déclencher un chemin lumineux pour faciliter l’accès aux différentes pièces.” Ces équipements devraient être étendus à tous les futurs stu- dios rénovés, faisant de la rési- dence Notre-Dame, la premiè- re résidence autonomie à proposer en France ce systè- me totalement innovant qui allie le confort, la sécurité et l’ac- cessibilité. L’investissement glo- bal oscillera entre 3 et 4 millions d’euros selon l’équipement nécessaire à installer dans les studios. “Nous avons réalisé ces six premiers logements pour avoir un retour d’expérience rapi-

est éditée par “Publipresse Médias” - 1, rue de la Brasserie B.P. 83143 - 25503 MORTEAU CEDEX Tél. : 03 81 67 90 80 E-mail : redaction@publipresse.fr S.I.R.E.N. : 424 896 645 Directeur de la publication : Éric TOURNOUX Directeur de la rédaction : Jean-François HAUSER

Le directeur général des Salins de Bregille Richard Garito (à gauche), le président Philippe Cadrot à côté, et les clubs-services de Besançon qui ont participé au financement.

Directeur artistique : Olivier CHEVALIER Rédaction : Édouard Choulet,Thomas Comte, Jean-François Hauser. Ont collaboré à ce numéro : Céline Garrigues, Sarah George. Contact publicitaire : François ROUYER au 06 70 10 90 04 Imprimé à Nancy Print - I.S.S.N. : 1623-7641 Dépôt légal : Mars 2017 Commission paritaire : 0220 D 80130 Crédits photos : L.P.B., C.I.A.D., Éclaireurs laïques de F.C., Entre-Temps, Héritage Virtuel, Tudo Bem, J. Varlet, J.-M. Viala.

de et ainsi pouvoir ajuster l’in- vestissement pour les autres studios. Mais toute la résiden- ce sera rénovée, avec la créa- tion de nouveaux espaces de convivialité” termine Richard

Garito. L’âge d’entrée des rési- dents dans un tel établissement ne cesse de reculer, d’où la nécessité d’adapter ces loge- ments à l’autonomie. La durée moyenne de séjour, elle, conti-

nue de baisser. Elle était de 8 ans et demi il y a une vingtaine d’années. Elle n’est plus que de trois ans et demi car les rési- dents entrent de plus en plus tard. ■

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Membre du SNEC syndicat National de l’Equipement de la Cuisine

L’INTERVIEW DU MOIS

La Presse Bisontine n° 186 - Avril 2017

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ÉCONOMIE

Les deux élus chargés du tourisme “Les touristes sont étonnés et agréablement surpris”

Thierry Morton (adjoint chargé du patrimoine à la ville, à gauche) et Jean-Yves Pralon, vice-président à la C.A.G.B. en charge du tourisme.

En matière de tourisme, Besançon ne chute pas mais ne décolle pas non plus. Le futur schéma touristique, le premier porté par l’Agglomération, se veut ambitieux même s’il débute par une hausse (légère) de la taxe de séjour. Interview croisée de Thierry Morton, Jean-Yves Pralon, les deux chargés du dossier à la Ville et à l’Agglomération et Jean-François Girard le président de l’office de tourisme.

fonction des catégories d’hébergeurs. Nous sommes d’ailleurs bien moins chers que d’autres collectivités. L.P.B. : Quels touristes atti- rons-nous ? T.M. : On a un socle de Belges, d’Allemands, de Suisses mais on sent que commencent à arri- ver des Italiens, des Espagnols. Ils restent en moyenne 2,5 jours. On voudrait faire mon- ter ce chiffre à 3 ou 4. L.P.B. Ne manque-t-il pas encore et toujours un évé- nement de rayonnement national à Besançon ? T.M. : C’est à double tranchant.Vous pouvez avoir un grand événe-

puisque la communauté d’aggloméra- tion a grandi. On veut travailler sur plusieurs niches avec par exemple créer un espace d’accueil touristique dans la zone des Prés-de-Vaux pour répondre à une demande non satisfaite pour l’ac- cueil des bus, pouvoir vendre des pro- duits régionaux… L.P.B. : N’est-ce ce pas une idée reprise à la droite qui avait émis cette hypothèse en 2014 ? T.M. : Non, c’est parti d’un constat. Si les chauffeurs de bus sont mal accueillis, ils reviennent moins facilement. L.P.B. : Victor Hugo, on l’a oublié ? T.M. : Pas du tout. Victor Hugo a une place unique dans la ville. On y a construit une maison : ce lieu doit être un lieu de vie pas seulement autour d’une maison-mémoire - car il n’y a pas vécu si longtemps que cela - mais un lieu où développer les idées, la phi- losophie, et son œuvre. Tout cela doit être montré. On veut le pérenniser avec des expositions, des présentations d’œuvres. L.P.B. : D’autres pistes ? J.-Y.P. : Des offres “packagées” ciblées pourront être mises en œuvre, l’objec- tif sera de proposer des offres sur-mesu- re pour chaque segment de clientèle. Nous allons créer une aire pour les camping-cars à Besançon en plus de celle de Canot. La base multi-activi- tés d’Osselle sera l’un des projets phares. Nous voulons renforcer la profession- nalisation des acteurs du tourisme par la formation. Un label “Qualité tou- risme” sera mis en œuvre à l’échelle du Grand Besançon. n Propos recueillis par E.Ch.

L a Presse Bisontine : Beaucoup d’élus, de professionnels, annonçaient de nombreuses retombées touristiques grâce à l’arrivée de la L.G.V. et l’ins- cription au patrimoine mondial de l’Unesco de la Citadelle de Besançon. Admet- tez-vous que le bilan n’est pas à la hauteur des attentes ? Thierry Morton : On ne peut pas dire qu’il n’y a pas eu d’effet ! Ces retombées, on commence à les sentir dans la durée. L’Unesco nous a permis par exemple de lever des fonds et la progression de visiteurs à la Citadelle est notable avec une moyenne de visiteurs entre 250 000 et 280 000 personnes. La L.G.V. n’a peut-être pas donné toutes les espé- rances mais elle nous draine de nom- breux touristes, notamment dans les périodes de juin, juillet, septembre. Quant à l’image de la ville, elle a beau- coup changé avec le tram. L.P.B. : Le bilan de fréquentation touristique 2016 est tout de même médiocre… T.M. : Il est contrasté, même si le tou- risme rapporte 120 millions d’euros au territoire. On a subi la météo au printemps qui impacte directement l’envie de bouger et ce climat de tor- peur avec les attentats qui ont refroi- di de nombreux touristes étrangers. C’est mitigé car nous n’avons pas per- du tant que cela puisque la fréquen-

risme, des professionnels, on peut enco- remieux faire en développant lamarque “Besançon” comme produit. L.P.B. : Vous dites donc que le prochain sché- ma touristique (2017-2023) doit recréer une marque. N’est-ce pas encore une nouvelle usine à gaz que nous allons créer, coûteuse de surcroît ? T.M. : Je suis clair là-dessus : ce n’est pas une marque au sens création de logo. C’est une marque au niveau mar- keting. C’est une marque de territoi- re que chacun pourra vendre. L.P.B. : L’Agglomération a repris le 1 er jan- vier la compétence tourisme et décide d’aug- menter la taxe de séjour, payée par le touris- te. Un mauvais signe ? Jean-Yves Pralon : Elle augmente, certes, mais de façon mesurée. C’est + 20 cen- times par nuitée pour un hôtel trois étoiles soit 1,20 euro, 50 centimes pour un quatre-étoiles soit 1,70 euro. Cet argent collecté est intégralement réin- vesti dans le tourisme. Je rappelle que la collectivité va investir près de 30 mil- lions d’euros dans les années à venir entre la réfection du Moulin Saint- Paul, la création de l’espace aqualu- dique, la plage d’Osselle, une salle d’es- calade… Il faut comprendre que les collectivités ne peuvent pas tout fai- re. Cette hausse est progressive et en

tation a baissé de 30 %dans les grandes métropoles, de 10 % sur le territoire national et à Besançon de 5 %. On peut être déçu de la saison 2016 car elle est inférieure à 2015 mais elle reste supé- rieure à 2013 et 2014. On est en pro- gression. L.P.B. : Les professionnels du secteur croient au potentiel bisontin ? Jean-François Girard : Oui, j’en veux pour preuve le nombre de chambres d’hô- tels qui se sont créées lors du dernier schéma (2010-2016). Nous sommes passés de 1 400 à 1 850 chambres avec une offre de qualité en trois étoiles à Besançon. Les hôteliers nous font

“Nous sommes pas- sés de 1 400 à 1 850 chambres.”

ment qui vous rapportera sur le moment. Finalement, Besançon, c’est une richesse, pleine d’atouts, une mul- tiplicité d’événements. C’est ça qui est recherché par les tour-opérateurs : pou- voir faire du vélo, du bateau, pouvoir visiter un site patrimonial, visiter une exposition. L.P.B. : Quid de la satisfaction ? T.M. : Il n’y a pas de décalage promes- se-réalité : les touristes sont étonnés et agréablement surpris. L.P.B. : Que nous réserve ce fameux plan tou- ristique 2017-2023 ? T.M. et J.-Y.P. : Nous voulons discuter avec tous les acteurs du territoire

confiance. Je ne connais pas un hôtel qui ait bais- sé. Les nuitées ont aug- menté en passant de 350 000 à 450 000. L.P.B. : Le travail du précé- dent schéma paye, c’est ce que vous dites. On a l’im- pression que Besançon est la meilleure. Autosatisfac- tion ? T.M. : Le travail porte ses fruits. Je suis per- suadé qu’en réunissant les forces de l’agglomé- ration, de l’Office de tou-

“Le secteur pèse 120 millions d’euros.”

BESANÇON

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POLITIQUE

Qui sont les “Marcheurs” bisontins ?

Les “Macronistes” bisontins en ordre de marche Le mouvement En marche 25 se structure dans le Doubs et accueille de plus en plus d’adhérents. Les réunions et les actions sur le terrain se multiplient, et les Marcheurs sillonnent les villes du Doubs pour tracter et convaincre.

N é en avril 2016, le mouvement En Marche 25 d’Emma- nuel Macron vient de franchir le cap des 1 050 adhérents. Une montée en puissance régulière, appuyée par une cadence soutenue de

responsable de la mobilisation dans le Doubs, et conseiller municipal au sein de la majo- rité bisontine. En marge des réunions publiques et tractage sur le ter- rain, les 18 comités locaux (Mor- teau, Maîche, Ornans, Mont- béliard…) organisent régulièrement des débats thé- matiques sur les grandes ques- tions sociétales. Soit une cen- taine d’événements tout confondus organisés depuis la naissance du mouvement. Ces initiatives locales, idées, craintes… sont ensuite relayées au siège, puis décortiquées et analysées. “On nous a suffi- samment reproché de ne pas avoir de programme, reprend le militant. Mais ce program- me ne nous a pas été imposé, nous l’avons construit collecti- vement à travers les remontées des comités locaux et réunions publiques. Tous les marcheurs sont des promoteurs du mou- vement.” Objectif de ces réunions publiques : “Que les nouveaux adhérents puissent se rencon- trer physiquement, se connaître, échanger et faire en sorte qu’ils s’investissent dans le mouve-

réunions hebdomadaires et son lot d’accueil de nouveaux adhé- rents. “Il y a une vraie dyna- mique et un engagement citoyen de personnes qui veulent aller au-delà des clivages, autour de ce leader charismatique” s’en- thousiasme Guerric Chalnot,

Ils verraient bien Macron président… D e la gauche, du centre, de la droite… Les supporters d’Em- manuel Macron viennent d’horizons bien différents. “Nous avons des sympathisants du P.-S., mais aussi de tout bord. On ressent cette véritable diversité” commente Guerric Chalnot, responsable de la mobilisation dans le Doubs. À l’instar de ce professeur d’université à la retraite, ex-U.D.Iste convaincu par la vision européiste d’Emmanuel Macron : “Il est le seul à développer ce thème de l’Europe. Macron fait la synthèse entre les idées du Centre européen, du Centre gauche, du Centre droit, dans la lignée de Jean-Jacques Servan-Schreiber, Gaston Defferre… Tout une histoire qui se concrétise aujourd’hui.” Monsieur D., salarié dans un cabinet d’expertise-comptable, ancien adhérent au P.-S., vient également de rejoindre les troupes macro- nistes, “séduit par la vision sociétale” du leader. Ce professionnel de santé, quant à lui, est un ancien sympathisant du MoDem. Com- me les autres, il a été séduit par les idées progressistes d’Emma- nuel Macron, mais se demande s’il saura peser en débat télévisé face à Marine Le Pen en cas de second tour. En attendant cette hypothétique échéance, le candidat vient de dévoiler son pro- gramme de 27 pages, d’inspiration sociale-libérale. n

Une trentaine de participants pour cette réunion d’accueil des nouveaux adhérents.

personnes aux parcours diffé- rents. “Nous arrivons à nous entendre, nous portons le même projet, çamarche !” assure Guer- ric Chalnot. Du côté des adhé- rents, les profils sont également variés (jeunes, seniors, actifs…) même si le gros des troupes vient du P.-S. et du centre (U.D.I. et MoDem). Si la droite dure est moins représentée, les nou- veaux ralliements ont été séduits par le côté progressis- te et européiste d’Emmanuel Macron. n C.G.

dans les rues…, tractage, por- te-à-porte, collage… Un mee- ting d’Emmanuel Macron est d’ores et déjà annoncé à Besan- çon, mais la date reste à confir- mer. La venue de Corinne Lepa- ge, soutient d’Emmanuel Macron, est également annon- cée en réunion publique. La grande famille recomposée des Macronistes est hétérocli- te, avec comme premier sou- tient le maire de Besançon Jean- Louis Fousseret, fidèle parmi les fidèles. L’équipe de cam- pagne du Doubs réunit seize

ment” relate Alexandra Cordier, référente d’En Marche dans le Doubs. Un cap est franchi depuis février avec l’in- tensification

Une centaine d’événements

des actions en zones urbaines et rurales : lan- cement des actions sur le terrain, opéra- tions “kiosque”, c’est-à-dire la présence de stands visibles sur les places,

a déjà été organisée.

L’ÉVÉNEMENT La Presse Bisontine n° 186 - Avril 2017 LES SCANDALES DE LA SANTÉ À BESANÇON

L’affaire des empoisonnements supposés dans les cliniques bisontines a fait l’effet d’une bombe dans toute la région. D’autres polémiques surgissent dans le monde de la santé avec notamment cette enquête de l’A.R.S. sur des chimiothérapies présumées “abusives”. Dernière affaire en date : le centre d’études et de recherche sur le tégument (C.E.R.T.) rattaché au service dermatologie, mondialement réputé, risque de faire les frais d’une guerre des chefs au C.H.R.U. et de disparaître.

l C.H.U. Minjoz Sur fond de querelle de praticiens Une enquête de l’A.R.S. sur les chimiothérapies en dermatologie Une inspection diligentée par l’Agence régionale de santé sur la pratique médicale vise le service dermatologie. 66 dossiers de malades sont exa- minés. 18 d’entre eux auraient-ils pu échapper à un lourd et coûteux traitement de chimiothérapie ? Quel intérêt ? Réponse fin mars.

T outes ces affaires sont couvertes par le secret médical. Pourtant, des patients parlent et s’in- terrogent. C’est le cas de cet homme, atteint d’un cancer du crâne dont la maladie a rongé l’intérieur de la boîte crânien- ne. De la chimiothérapie lui a été prescrite mais il “n’a jamais eu de consultation auprès d’un neurochirurgien.” Une autre malade, atteinte d’une volumi- neuse tumeur au ventre, assu- re n’avoir pas vu de chirurgien mais avoir reçu un lourd trai- tement. “La chirurgie aurait pu guérir ces deux patients car la chimiothérapie arrive souvent en deuxième position. On a fait courir des risques au patient” indique un professionnel de san- té sous couvert d’anonymat. Quel intérêt à user et abuser des molécules chimiothérapiques coûteuses ? Pour rémunérer les

laboratoires pharmaceutiques ? Augmenter le volume d’actes pour s’assurer un bon classe- ment national (N.D.L.R. : le ser- vice dermatologie du C.H.R.U. a été classé 3 ème en 2015 par le magazine Le Point avant de reculer à la 11 ème place) ? Enri- chissement de médecin(s) ? Volonté de s’accaparer une noto-

Après les plaintes de patients, l’Agence régionale de santé Bour- gogne-Franche-Comté a en effet conduit une inspection - sur site entre novembre 2016 et jan- vier 2017 - concernant la pra- tique médicale et les conditions d’organisation au sein du ser- vice de la dermatologie. Sollici- tée, l’agence ne souhaite pas en dire plus. Cette enquête fait suite à - déjà - trois enquêtes de l’I.G.A.S. (ins- pection générale des affaires sociales), de l’Ordre des Méde- cins et de l’A.R.S. en 2015-2016. Il avait été conclu une confor- mité des procédures. L’enquête reprend pourtant. La direction de l’hôpital refuse de répondre. Techniquement, ce sont les R.C.P. (réunions de concertation plu- ridisciplinaires) qui sont poin- tées du doigt. Elles sont obli- gatoires pour tous les malades et consistent en la présence de

Une enquête vise la dermatologie et le traitement des mélanomes au C.H.R.U. de Besançon.

prochain rapport définitif de l’A.R.S.” dit-il. Sans le citer, il vise dans ces “dénonciations” le professeur Philippe Humbert. Entre les deux, un point de non- retour est atteint. Guerre de chefs sur fond d’ego ou scandale sanitaire d’État ? L’A.R.S. va trancher. Le servi- ce de dermatologie du C.H.R.U. est plus que jamais menacé. Seu- lement 5 lits sur les 24 du ser- vice sont ouverts. Une partie des patients sont renvoyés vers d’autres hôpitaux, Dijon notam- ment. Si aucun syndicat n’a sou- haité commenter cette affaire, l’un d’entre eux confirme le désarroi du personnel de san- té. n E.Ch.

santé. Si ces R.C.P. ne sont pas res- pectées, le médecin en charge du patient devient le seul à déci- der du traitement sans contrô- le. Des faits graves donnant à penser que la loi Cancer mise en place par Jacques Chirac ne serait pas respectée. Cette loi stipule qu’un malade a les mêmes droits et chances en matière de traitement et de sui- vi. À Besançon, c’est le réseau Oncolie qui désigne un seul res- ponsable pour les cancers cuta- nés : il s’agit du professeurAubin. Ce dernier répond : “Il y a eu déjà trois enquêtes sur des dénon- ciations calomnieuses, qui ont déjà conclu en la conformité des procédures. Nous attendons le

différentes disciplines, c’est-à- dire un oncologue, un chirur- gien, un radiothérapeute. Ont-elles été respectées ? Une source du dossier indique que des internes ont signé ces R.C.P. alors qu’ils ne sont pas méde- cins. “Pour être valables, ces R.C.P. doivent se faire en pré- sence d’au moins trois médecins de ces spécialités. Elles permet- tent d’avoir un avis pertinent sur toutes les procédures envi- sagées pour guérir le patient. Dans le cas contraire, le dossier doit être présenté avec le spé- cialiste manquant dans les plus brefs délais. La présence duméde- cin traitant du patient est sol- licitée mais n’est pas obligatoi- re” indique la Haute autorité de

riété ? Pourquoi le C.H.R.U. aurait-il traité autant de chimio (en derma- tologie) que l’Ins- titut Gustave- Roussy àVillejuif ? Autant de ques- tions qui trouve- ront réponse fin mars après l’en- quête diligentée par deux inspec- teurs indépendants de l’Agence régio- nale de santé.

Cette enquête

fait suite à trois autres enquêtes.

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l Recherche

Polémique autour d’un service Le C.E.R.T. “est en train de mourir” Le Centre d’études et de recherche sur le tégument basé à l’hôpital de Besançon est reconnu mondialement dans la recherche en dermatologie. Mais ses conventions de recherche sont bloquées. Un audit demandé par l’A.R.S. est en cours.

I ls redoutent d’être les “victimes collatérales” d’un dossier qui les dépasse. Les chercheurs et ingé- nieurs du C.E.R.T., pour centre d’études et de recherche sur le tégu- ment, basé au C.H.R.U. de Besançon,

s’interrogent. Les conventions de recherche - obligatoires - ne sont plus signées par le C.H.R.U. à cause d’un audit en cours de réalisation, initié par l’Agence régionale de santé (A.R.S.). C’est une affaire qui pourrit le servi-

ce de dermatologie. L’A.R.S. confirme qu’un audit a lieu. “Nous sommes en train de perdre beaucoup de contrats avec les laboratoires parce que nos conventions de recherche ne sont pas signées. Les laboratoires ne peuvent pas attendre. Le C.E.R.T. est en train de mourir. Imaginez que P.S.A. meurt parce qu’il y a un différend entre deux directeurs” explique l’un des docteurs. 10 personnes travaillent dans cette structure informelle basée au sein de l’unité d’explorations fonctionnelles du C.H.R.U. Il a vu le jour il y a 20 ans et développé à l’international des antennes de très haut niveau (Cheng- du-Shanghai en Chine, Téhéran, Thaï- lande, Maroc…). C’est un véritable centre d’investigations cliniques. Il met à disposition des partenaires indus- triels ou institutionnels un savoir-fai- re dans le domaine des études cliniques. Cette équipe est apte àmettre enœuvre des essais cliniques, de la phase I à la

phase IV, des méthodes biométrolo- giques pour le médicament ou pour les cosmétiques, des analyses pharmaco- logiques, ou des études de biologie cel- lulaire. Il rapporte à l’hôpital. Mais cela n’a échappé à personne : le centre est le bébé du professeur Phi- lippe Humbert qui l’a créé “à titre béné- vole” dit-il, et financé grâce aux par- tenariats noués. Est-ce à ce titre que

démission. Autant d’arguments que le spécialiste réfute au motif qu’aucune plainte n’a été déposée à son encontre plaide-t-il. “Il ne s’agit que de décla- rations d’autres praticiens” avance le P r Humbert. Sur le terrain, l’ambiance est morose. Les panneaux conduisant au C.E.R.T. sont régulièrement déchirés et jetés à la poubelle, les chaises disparaissent. Ambiance… “J’ai demandé à rester. Je ne trouve pas très logique de voir com- ment le professeur Humbert, qui a tout donné à ce centre, est traité” déclare Ferial Fanian, médecin des essais cli- niques. L’équipe de recherche vient de publier le livre “Measuring the skin” considéré comme la bible de la bio- métrologie. L’équipe espère obtenir des réponses dans les semaines à venir avec les résultats de l’audit. Il y va de la sur- vie de cette unité de recherche et des emplois qui y sont attachés. n

certains voudraient le voir disparaître ? Le professeur Hum- bert est accusé de maltraitance envers des internes qu’il aurait enfermés dans son bureau ainsi que pour des raisons de management contes- té de ses ex-équipes, quand il était encore le chef du service der- matologie avant sa

Le professeur Humbert est accusé de maltraitance.

Le C.E.R.T. basé à l’hôpital est la victime collatérale des problèmes du service dermatologie.

l Justice Le praticien nie toujours les faits L’affaire qui secoue le monde de la santé et les patients de la région Les soupçons d’empoisonnement prémédité qui pèsent sur un anesthésiste bisontin de 45 ans ont jeté le trouble dans la région. L’affaire pourrait connaître de nouveaux

La vice- procureure au Parquet de Besançon affirme sans détours qu’il “ne pouvait s’agir que d’actes volontaires, de nature à entraîner la

développements avec l’enquête élargie à une quarantaine de cas suspects !

R arement une affaire liée à la santé publique n’aura secoué autant l’opinion car elle dépas- se largement le microcosme dumonde médical. N’importe qui aurait pu, comme ces deux malheureux patients décédés, faire les frais de ces pratiques qui ont conduit à leur mort. Une chose est certaine : on n’a pas affaire en l’espèce à des erreurs de dosage, ou à des négligences : “Il s’agit sans conteste de malveillance” confir- me Christine De Curraize, vice-pro- cureure au Parquet de Besançon. L’anes- thésiste de 45 ans n’avait pas d’antécédent ni de casier judiciaire. Rappel des faits. En janvier dernier, l’A.R.S. (Agence régionale de la san- té) informait le parquet de Besançon de deux “événements indésirables graves” (E.I.G.) survenus les 11 et 20 janvier 2017 sur deux patients de la clinique Saint-Vincent, patients qui avaient pu être réanimés après avoir présenté des arrêts cardiaques en cours d’opération. “Les analyses toxicolo- giques réalisées sur les poches de solu-

té de réhydratation pour le premier cas et de paracétamol pour le second cas permettaient de retrouver de fortes quantités de potassium ou d’anesthé- siques, à dose létale” réaffirme Chris- tine De Curraize. “Au regard de la natu- re et des doses des substances introduites dans ces poches de perfusion, il ne pou- vait s’agir que d’actes volontaires, de nature à entraîner la mort des patients

mort des patients.”

été décidé avec notamment l’interdic- tion de paraître à la clinique Saint- Vincent et à la Polyclinique de Franche- Comté ainsi qu’une interdiction d’exercer la profession de médecin anes- thésiste. Le parquet a fait appel de ce contrôle judiciaire, il aurait souhaité une détention provisoire immédiate pour l’anesthésiste sur lequel pèsent les plus lourds soupçons. “On n’est pas à l’abri que le dossier s’élargisse et que d’autres faits apparaissent” conclut la magistrate bisontine. Une semaine après ces premières révélations, l’en- quête s’élargir à une quarantaine d’autres cas suspects. S’il est reconnu coupable, le praticien bisontin encourt la réclusion criminelle à perpétuité. Si tous ces cas sont avérés, on aurait là la plus grave affaire d’empoisonne- ments collectifs que la France ait jamais connue. n J.-F.H.

en cours d’opération, l’ensemble de ces procédures étaient jointes à l’instruc- tion et requalifiées en faits d’empoi- sonnements commis avec prémédita- tion.” Les investigations, menées sous le contrôle de deux magistrats instruc- teurs, ont conduit à l’interpellation samedi 4 mars d’un médecin anes- thésiste ayant exercé au sein des deux cliniques pendant les périodes de temps où les sept événements indésirables graves sont survenus. Ce médecin a immédiatement été mis en examen du chef de sept empoisonnements avec préméditation. Il a été ensuite pré- senté au juge de la liberté et de la détention aux fins de placement en détention provisoire, sur saisine des magistrats instructeurs, conformément aux réquisitions du parquet. À l’issue du débat contradictoire, un placement sous contrôle judiciaire a

dés (un homme de 53 ans en 2008 et une femme de 51 ans en 2016). Ces faits avaient fait l’objet de l’ouvertu- re d’informations judiciaires suite à une plainte des familles. Ces cas éga- lement survenus à la clinique Saint- Vincent avaient permis à chaque fois d’établir un surdosage d’anesthésiques locaux. “De même, trois autres événe- ments indésirables graves survenus en 2009, cette fois-ci à la Polyclinique de Franche-Comté, avaient également fait l’objet d’une enquête préliminaire” com- plète le Parquet. L’enquête avait per- mis de déterminer que, dans un cas au moins, des doses inhabituelles de potassium avaient été retrouvées, là encore, dans une poche de réhydrata- tion. “Au regard du nombre de faits, de la certitude que des substances à doses létales avaient été introduites sciem- ment dans des poches de réhydrata- tion ou de paracétamol de ces patients

à qui ces substances étaient destinées” ajoute la magistrate. Une enquête prélimi- naire était en consé- quence diligentée et confiée à la police judi- ciaire de Besançon conjointement à la Sûre- té départementale de la police de Besançon. Un rapprochement était effectué avec deux autres événements indésirables graves survenus en 2008 et 2016, à l’issue desquels les patients étaient décé-

Des substances à doses létales introduites sciemment.

ÉVÉNEMENT

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La Presse Bisontine n° 186 - Avril 2017

l Réaction L’avocat du médecin-anesthésiste “La procureure abuse de ses pouvoirs” L’avocat de l’anesthésiste, M tre Randall Schwerdorffer, s’insurge contre un parquet qu’il juge “intellectuelle- ment malhonnête.” Coup de colère.

Zoom La clinique

Saint-Vincent sous le choc C’ est sans doute une pre- mière cette conférence de presse organisée par la direction de la clinique Saint-Vin- cent et l’avocat du groupe Capio, venu spécialement de Toulouse le 7 mars dernier. Valérie Fakhoury, la directrice de l’établissement de santé bisontin, s’est dite “extrê- mement choquée que de tels évé- nements aient pu se produire au sein de notre établissement. Nos premières pensées vont bien évi- demment avant tout vers les patients et leurs familles. Nous tenons à les assurer de tout notre soutien.” La clinique a décidé de porter plainte contre X. L’avocat de la clinique, Mtre Frédéric Douchez estime éga- lement, comme la vice-procureu- re, que “d’autres dossiers pour- raient déboucher sur d’autres faits.” Depuis l’affaire, toutes les mesures de sécurité ont été renforcées à la clinique, avec des poches de réhy- dratation qui sont désormais scel- lées ainsi que “le remplacement de tous les chariots d’anesthésie qui sont désormais eux aussi dotés de scellés.” n

L a Presse Bisontine : Dans quel état d’es- prit est votre client quelques jours après le déclenchement de cette affaire ? Randall Schwerdorffer : Il est toujours aus- si choqué, mais tout aussi combatif. Et en même temps, il a parfaitement conscience qu’il a les enquêteurs de la P.J. contre lui et le parquet contre lui. Il espère avoir des juges d’instruction impartiaux. Mon client est dans un système qui joue contre lui. Il n’a même pas eu encore accès à son dossier. L.P.B. : Comment expliquez-vous qu’il y ait tous les faisceaux d’indices qui se sont accu- mulés contre lui selon la procureure et cette requalification des faits en soupçons d’em- poisonnement volontaire ? R.S. : Le problème le plus méprisable est que la procureure de la République a tous les droits, y compris celui d’avan- cer des arguments sans même que la défense puisse y apporter une contra- diction. On ne peut pas se battre à armes égales contre une procureure qui abuse de ses pouvoirs en utilisant la possibilité que lui donne la loi pour faire passer un message quasiment de culpabilité.

L.P.B. : Mais sur les faits ? R.S. : Il existe une cinquantaine de cas d’événements indésirables graves (I.E.G.) recensés sur la période en ce qui concerne les deux cliniques. Sur les 7 pour lesquels mon client est pour- suivi, 3 déjà avaient fait l’objet d’une enquête qui n’avait rien donné. Les 4 autres cas s’étalent de 2010 à 2017 et on en déduit que cet anesthésiste serait un “serial empoisonneur” alors qu’il a pratiqué 2 000 anesthésies durant cet- te période ! Le parquet a une telle faci- lité d’accabler une personne ! Et pour-

M tre Randall Schwerdorffer défend l’anesthésiste qui n’a pas encore eu accès à son dossier.

Vincent a annoncé qu’elle mettait désor- mais en place des mesures de sécuri- té. Cela signifie donc que ces mesures n’existaient pas jusqu’ici. Comment pouvoir alors affirmer qu’auparavant, seul cet anesthésiste aurait eu accès aux poches incriminées alors que tout le monde y avait accès avant. Et pour- quoi ces poches n’auraient-elles pas été contaminées en amont, par le labo- ratoire par exemple ? Il ne suffit pas d’accuser quelqu’un de meurtre pour qu’il soit un meurtrier. J’en suis à mon 11 ème acquittement. Je compte bien faire citer des personnes qui apporte- ront leur témoignage sur le travail de

quoi les anesthésistes impliqués dans les 40 autres I.E.G. ne seraient pas mis en cause ? Il ne faut pas que le parquet oublie qu’il n’est pas un juge, mais qu’une par- tie à ce procès. Pour moi, le parquet ne dit pas la vérité. Son argumen- tation est intellectuel- lement malhonnête. L.P.B. : Qu’est-ce qui vous permet d’affirmer cela ? R.S. : La clinique Saint-

cet anesthésiste.

“Je demanderai qu’il puisse reprendre son activité.”

L.P.B. : Quel est le calendrier judiciaire ? R.S. : L’appel devant la chambre de l’ins- truction sera examiné dans les pro- chaines semaines. Ensuite seulement, mon client pourra enfin avoir accès à son dossier, pour comprendre vraiment les faits qu’on lui reproche. Puis vien- dra le temps des auditions. On part sur une instruction qui va durer entre 12 et 18 mois. Il est clair que la car- rière de mon client à Besançon est finie. Je demanderai qu’il puisse reprendre son activité, ailleurs évidemment. n Propos recueillis par J.-F.H.

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BESANÇON 10

La Presse Bisontine n° 186 - Avril 2017

DÉCOUVERTE La success-story d’un Bisontin Vincent Martin, le “Tsar” de Saint-Trop’ Ce Bisontin, qui a créé dans les années quatre-vingts la discothèque L’Usine bien connue des fêtards bisontins, est depuis plus de trente ans roi des nuits tropéziennes. Son établissement, le “Tsar Folie’s” voit défiler les célébrités, ses “copains”. Portrait d’un autodidacte qui a gravi seul les échelons de la réussite.

À Saint-Tropez, capitale de la fête, le BisontinVin- cent Martin règne en maître sur les nuits tro- péziennes. Son établissement, le “Tsar Folie’s” est devenu le club incontournable des people et de la jeunesse dorée de la Riviera. Ce personnage charis- matique est également bien connu des Bisontins : il a créé,

Né en 1954 à Besançon dans une fratrie de neuf enfants, il quitte très vite le système sco- laire - son seul regret - et com- mence à travailler à 14 ans à l’usine Weil, puis pour le sous- traitant horloger Cheval Frères. Un clin d’œil du destin quand il accueille aujourd’hui dans son établissement tropézien ces grands patrons bisontins. “Je les voyais à cette époque d’un regard émerveillé, raconte Vin- cent Martin. Je me suis toujours dit que je voulais faire “patron” plus tard, et que l’usine était une étape provisoire.” Il enchaîne alors les petits boulots - chauf- feur-livreur, apprenti photo- graphe, V.R.P. -, puis intègre le groupe de spiritueux Martini en qualité de merchandiser. Grâce à un bagout et un talent oratoire hors norme, il franchit tous les échelons et devient direc- teur commercial pour le secteur Est de la France. Sentant le vent de la restructuration arriver, il anticipe et négocie son départ.

à seulement 29 ans, une des dis- cothèques les plus embléma- tiques des nights bisontines, L’Usine (devenue plus tard le Queen, puis le Queen-Station, le K.G.B., la 8 ème Avenue, aujour- d’hui fermée). Une trajectoire atypique pour ce fils d’immigrés espagnols, qui revendique ses origines modestes et qui a construit seul son empire.

Vincent Martin, son épouse Cathy, aux côtés de David Ginola.

À 27 ans, un gros chèque en poche, ce noctambule amateur de la fête crée son premier bar à Besançon, “La nuit blanche”. “J’ai appliqué les méthodes de négociation du commerce au

discothèque devenue par la sui- te the place to be à Besançon. Il revend l’établissement trois années plus tard, puis quitte la capitale comtoise pour s’instal- ler à Saint-Tropez. “J’y avais repéré un local vide en face du Papagayo, discothèque mythique de Saint-Tropez. J’y ai monté le premier bar Harley Davidson, Le Locozen. Un de mes premiers clients fut Johnny Hallyday, et Le Locozen est rapidement deve- nu son Q.G. Puis j’ai vite sym- pathisé avec Carlos, Eddie Bar- clay…” Pendant 17 ans, il devient la référence tropézienne des “befo- re”, ces lieux où on boit un ver- re entre l’apéro et l’ouverture

des discothèques. C’est en 2000 qu’il ouvre le Tsar Folie’s. La jeunesse aisée de la Côte d’Azur et ses “copains” comme il les appelle, les célébrités, affluent dans son nouvel établissement. “J’ai noué des amitiés sincères avec Michel Polnareff,Tex, Jean- Luc Lahaye, Christophe et Nico- letta, qui furent d’ailleurs nos témoins de mariage l’année der- nière” raconte le Bisontin, en couple depuis plus de trente années avec une Pontissalien- ne. Aujourd’hui, Vincent Mar- tin a toujours des attaches à Besançon, de la famille, des amis, et revient régulièrement dans le Doubs. n C.G. Moelle osseuse En 2016, 920 nouveaux donneurs de moelle osseuse se sont inscrits pour la région Bourgogne-Franche- Comté. L’objectif cette année est de 930 nouveaux inscrits dans la région. Du 13 au 19 mars, c’est la 12 ème semaine nationale de mobilisation pour le don de moelle osseuse. Renseignements sur dondemoelleosseuse.fr Distinction Le Grand Besançon est lauréat du “Projet Alimentaire Territorial” dans le cadre de l’appel à projets du Programme National pour l’Alimentation. 22 lauréats ont été désignés au niveau national, sur plus de 400 candidatures. Le “Projet Alimentaire Territorial” a pour objectif d’établir un diagnostic de la production agricole locale, des besoins alimentaires du bassin de vie et de proposer un plan d’action concerté pour développer les filières locales. Le travail d’étude, d’animation et de mobilisation de tous les acteurs locaux de l’alimentation s’engage dès maintenant pour l’élaboration d’un plan d’action en 2018. EN BREF

milieu de la nuit, ce qui m’a permis de bien gérer mes affaires. J’ai revendu l’éta- blissement au bout de deux années” poursuit le businessman . Il monte ensuite “L’Usine” dans les anciens locaux du site Rhône-Poulenc,

“Un de mes premiers clients fut Johnny Hallyday.”

Le Bisontin aux côtés de Michou et de Danièle Gilbert.

SANTÉ Débat organisé par la Mutualité La santé fait débat La Mutualité française Bourgogne-Franche- Comté a réuni les représentants des candidats à l’élection présidentielle à Besançon pour décrypter les programmes.

J eudi 9 mars, la Mutuali- té Française Bourgogne- Franche-Comté a fait de l’amphithéâtre de laC.C.I. du Doubs une “Place de la san- té”. En vue de l’élection prési- dentielle, elle a organisé dans cette enceinte un débat autour des questions de santé qui pré- occupent la majorité des Fran- çais. Cinq personnalités poli- tiques locales sont venues détailler le volet santé du pro- gramme du candidat à l’élec- tion présidentielle qu’elles sou- tiennent. Ainsi, les députés Barbara Romagnan (P.-S.) et Éric Alauzet (E.E.L.V.) ont appuyé les idées du socialiste Benoît Hamon. ChristianWer- nert a défendu les arguments d’Emmanuel Macron (En Marche !), tandis que le com- muniste Christophe Lime, adjoint au maire de Besançon a porté ceux de Jean-LucMélen- chon. La voix de François Fillon était relayée par le député du Loiret Jean-Pierre Door. À tour de rôle, les invités ont exposé leur point de vue pour

éclairer une assemblée de 150 personnes dont beaucoup ne savent pas encore à qui elles donneront leur voix lors du pre- mier tour de l’élection prési- dentielle le 23 avril. Pendant cet échange de deux heures, ils ont répondu aux diverses ques- tions posées par la salle, inter- pellés sur les déserts médicaux et la façon d’y remédier, sur les dépassements d’honoraires, le trou de la Sécurité sociale, la situation des urgences ou enco- re le maintien du tiers-payant. Des sujets concrets auxquels

La Mutualité Française Bourgogne-Franche-Comté représentée par Bruno Herry (à gauche), président, et Gilles Deschamps (secrétaire général), a organisé un débat sur la santé à Besançon.

les invités poli- tiques ont répon- du différemment selon leur sensi- bilité. Cet exercice démocratique de proximité, piloté par la Mutualité Française Bour- gogne-Franche- Comté a porté ses fruits. “Si 3 Fran- çais sur 4 se déclarent inté-

ressés par la campagne prési- dentielle, 72 % d’entre eux esti- ment que les candidats ne par- lent pas assez de santé et que leurs propositions en la matiè- re sont déconnectées des préoc- cupations des Français, pointe Gilles Deschamps, secrétaire général de la Mutualité Bour- gogne-Franche-Comté qui s’ap- puie sur l’enquête Harris inter- active pour la Mutualité française. Pour ces derniers, le

financement de la protection sociale et l’accès aux soins pour tous sont, en matière de santé, les deux enjeux majeurs de cet- te campagne.” Dans les promesses des candi- dats, Bruno Herry, président de laMutualité B.F.C., voit une nouveauté rassurante : “C’est

la première fois que la préven- tion enmatière de santé est clai- rement affichée comme une prio- rité par beaucoup de prétendants” dit-il. Le curatif a fait ses preuves en France. Il faut désormais insister sur la prévention à l’heure où lesmala- dies chroniques augmentent. n

“3 Français sur 4 se déclarent intéressés par la campagne.”

Renseignements sur les programmes des candidats : www.placedelasante.fr

BESANÇON

11 La Presse Bisontine n° 186 - Avril 2017

EN BREF

SOCIAL

Inquiétudes à l’A.D.D.S.E.A. Une pétition, des interrogations Le syndicat C.G.T. de l’A.D.D.S.E.A. craint

Emploi Un nouveau site Internet intitulé l’Observatoire de l’emploi en Bourgogne- Franche-Comté qui comprend l’ensemble des publications et études statistiques crées par le service Études et Statistiques de Pôle emploi en Bourgogne- Franche-Comté est disponible. Pour le consulter : www.observatoire- poleemploi-bfc.fr Disques Foire aux disques vinyles, C.D., D.V.D. et B.D. dimanche 19 mars de 10 heures à 17 h 30 à Besançon-Micropolis. Entrée : 3 euros. Gratuit aux moins de 14 ans. Téléphonie L’opérateur téléphonique S.F.R. a ouvert la 4G dans 10 nouvelles communes en 2016, ce qui porte à 35 le nombre total de communes ouvertes en 4G dans le Doubs. Avanne- Aveney, Besançon, Beure, Boussières, Busy, Chalezeule, Chemaudin, Dannemarie-sur-Crète, École-Valentin, Franois, Gennes, Grandfontaine, Larnod, Montfaucon, Morre, Nancray, Novillars, Pelousey, Pirey, Pouilley-Français, Pouilley-les-Vignes, Quingey, Roche-lez- Beaupré, Saône, Serre-les-

M anque d’information ou anti- cipation pour prévenir d’éven- tuelles coupes budgétaires ? Avec sa pétition “Budgets amputés = enfance en danger”, le syn- dicat C.G.T. de l’association Départe- mentale du Doubs de sauvegarde de l’enfant à l’adulte (A.D.D.S.E.A.) tape fort. Il est dans son rôle : dénoncer le manque de moyens, la suppression par exemple de sept places d’internat en Pôle éducatif pour l’accompagnement (remplacés par des placements éduca- tifs à domicile) ou révéler que les pro- fessionnels de l’aide à l’enfance et des services de milieu ouvert dans le Doubs n’ont plus les moyens de “répondre aux besoins de protection de l’enfance.” 60 mesures étaient en attente en 2016 pour accueillir des jeunes en grande difficulté. Face à l’urgence, un poste d’éducateur en C.D.D. a été créé. La pétition circule. Elle demande le maintien de l’enveloppe budgétaire pour les missions de protection de l’en- fance, des garanties sur le dispositif une baisse de moyens dans l’ensemble des dispositifs de protection de l’enfance. Paradoxe : le budget alloué par le Département du Doubs augmente.

Le syndicat C.G.T. de l’A.D.D.S.E.A. se mobilise pour le maintien des services de protection de l’enfance.

“Contrat jeune majeur” pour tous les jeunes qui en ont besoin, sans discri- mination de nationalité, des garanties pour le maintien de tous les services et emplois notamment de la Préven- tion spécialisée, du service insertion et du Relais parental.

on renforce l’action sociale pour l’en- fance, les personnes âgées, le R.S.A.…” répond la collectivité. Une des craintes du syndicat réside dans le contrat plu- riannuel d’objectifs et de moyens (C.P.O.M.) qui fixe une enveloppe finan- cière fermée, non révisable, ni résiliable. “Pour l’année 2017, aucune informa- tion n’a été transmise concernant les financements et les perspectives. Il est question d’une nouvelle négociation, d’un nouveau C.P.O.M. pour les années 2018-2021. On craint des baisses d’au- tant que cela a été cas dans de nom- breux autres départements, et une mar- chandisation du travail social” explique Pascal Descamps, de la C.G.T.- A.D.D.S.E.A. “L’enveloppe pour l’association a été garantie et a même augmenté en 2017, répond le directeur général adjoint du Département. Elle est de 8,183 millions

d’euros (contre 8 millions en 2016) avec une augmentation pour le service de prévention spécialisée à 2,28 millions contre 2,16 un an plus tôt.” Quant à l’une des revendications du syndicat qui consiste à demander une prise en compte du glissement vieillesse tech- nicité (G.V.T.), celle-ci a été acceptée puisqu’un taux directeur de 0,5 % a été attribué offrant 40 000 euros de plus à l’association. Cette augmentation, le syndicat l’igno- rait. “Cela nous rassure” commente la C.G.T. qui n’oublie pas qu’un nouveau contrat sera discuté pour 2018-2021. Sur le terrain, les éducateurs ont besoin de signaux forts. Ce sont eux, chaque jour, qui font face à l’urgence sociale des jeunes. Une véritable mission de service public…malheureusement pas toujours visible. n E.Ch.

Directement visé, le Département avoue ne pas comprendre : “Peut- être est-ce le relais d’une inquiétude nationale, veut croire la collectivi- té. Peut-être les syndi- cats ne savent pas que nous avons voté en décembre 2016 un bud- get en progression à 51,46 millions d’euros contre 50 millions l’an- née précédente. Dans le Doubs, on maintient et

“Cela nous rassure.”

Sapins, Thise, sont désormais couverts.

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