La Presse Bisontine 186 - Avril 2017

L’INTERVIEW DU MOIS

La Presse Bisontine n° 186 - Avril 2017

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ÉCONOMIE

Les deux élus chargés du tourisme “Les touristes sont étonnés et agréablement surpris”

Thierry Morton (adjoint chargé du patrimoine à la ville, à gauche) et Jean-Yves Pralon, vice-président à la C.A.G.B. en charge du tourisme.

En matière de tourisme, Besançon ne chute pas mais ne décolle pas non plus. Le futur schéma touristique, le premier porté par l’Agglomération, se veut ambitieux même s’il débute par une hausse (légère) de la taxe de séjour. Interview croisée de Thierry Morton, Jean-Yves Pralon, les deux chargés du dossier à la Ville et à l’Agglomération et Jean-François Girard le président de l’office de tourisme.

fonction des catégories d’hébergeurs. Nous sommes d’ailleurs bien moins chers que d’autres collectivités. L.P.B. : Quels touristes atti- rons-nous ? T.M. : On a un socle de Belges, d’Allemands, de Suisses mais on sent que commencent à arri- ver des Italiens, des Espagnols. Ils restent en moyenne 2,5 jours. On voudrait faire mon- ter ce chiffre à 3 ou 4. L.P.B. Ne manque-t-il pas encore et toujours un évé- nement de rayonnement national à Besançon ? T.M. : C’est à double tranchant.Vous pouvez avoir un grand événe-

puisque la communauté d’aggloméra- tion a grandi. On veut travailler sur plusieurs niches avec par exemple créer un espace d’accueil touristique dans la zone des Prés-de-Vaux pour répondre à une demande non satisfaite pour l’ac- cueil des bus, pouvoir vendre des pro- duits régionaux… L.P.B. : N’est-ce ce pas une idée reprise à la droite qui avait émis cette hypothèse en 2014 ? T.M. : Non, c’est parti d’un constat. Si les chauffeurs de bus sont mal accueillis, ils reviennent moins facilement. L.P.B. : Victor Hugo, on l’a oublié ? T.M. : Pas du tout. Victor Hugo a une place unique dans la ville. On y a construit une maison : ce lieu doit être un lieu de vie pas seulement autour d’une maison-mémoire - car il n’y a pas vécu si longtemps que cela - mais un lieu où développer les idées, la phi- losophie, et son œuvre. Tout cela doit être montré. On veut le pérenniser avec des expositions, des présentations d’œuvres. L.P.B. : D’autres pistes ? J.-Y.P. : Des offres “packagées” ciblées pourront être mises en œuvre, l’objec- tif sera de proposer des offres sur-mesu- re pour chaque segment de clientèle. Nous allons créer une aire pour les camping-cars à Besançon en plus de celle de Canot. La base multi-activi- tés d’Osselle sera l’un des projets phares. Nous voulons renforcer la profession- nalisation des acteurs du tourisme par la formation. Un label “Qualité tou- risme” sera mis en œuvre à l’échelle du Grand Besançon. n Propos recueillis par E.Ch.

L a Presse Bisontine : Beaucoup d’élus, de professionnels, annonçaient de nombreuses retombées touristiques grâce à l’arrivée de la L.G.V. et l’ins- cription au patrimoine mondial de l’Unesco de la Citadelle de Besançon. Admet- tez-vous que le bilan n’est pas à la hauteur des attentes ? Thierry Morton : On ne peut pas dire qu’il n’y a pas eu d’effet ! Ces retombées, on commence à les sentir dans la durée. L’Unesco nous a permis par exemple de lever des fonds et la progression de visiteurs à la Citadelle est notable avec une moyenne de visiteurs entre 250 000 et 280 000 personnes. La L.G.V. n’a peut-être pas donné toutes les espé- rances mais elle nous draine de nom- breux touristes, notamment dans les périodes de juin, juillet, septembre. Quant à l’image de la ville, elle a beau- coup changé avec le tram. L.P.B. : Le bilan de fréquentation touristique 2016 est tout de même médiocre… T.M. : Il est contrasté, même si le tou- risme rapporte 120 millions d’euros au territoire. On a subi la météo au printemps qui impacte directement l’envie de bouger et ce climat de tor- peur avec les attentats qui ont refroi- di de nombreux touristes étrangers. C’est mitigé car nous n’avons pas per- du tant que cela puisque la fréquen-

risme, des professionnels, on peut enco- remieux faire en développant lamarque “Besançon” comme produit. L.P.B. : Vous dites donc que le prochain sché- ma touristique (2017-2023) doit recréer une marque. N’est-ce pas encore une nouvelle usine à gaz que nous allons créer, coûteuse de surcroît ? T.M. : Je suis clair là-dessus : ce n’est pas une marque au sens création de logo. C’est une marque au niveau mar- keting. C’est une marque de territoi- re que chacun pourra vendre. L.P.B. : L’Agglomération a repris le 1 er jan- vier la compétence tourisme et décide d’aug- menter la taxe de séjour, payée par le touris- te. Un mauvais signe ? Jean-Yves Pralon : Elle augmente, certes, mais de façon mesurée. C’est + 20 cen- times par nuitée pour un hôtel trois étoiles soit 1,20 euro, 50 centimes pour un quatre-étoiles soit 1,70 euro. Cet argent collecté est intégralement réin- vesti dans le tourisme. Je rappelle que la collectivité va investir près de 30 mil- lions d’euros dans les années à venir entre la réfection du Moulin Saint- Paul, la création de l’espace aqualu- dique, la plage d’Osselle, une salle d’es- calade… Il faut comprendre que les collectivités ne peuvent pas tout fai- re. Cette hausse est progressive et en

tation a baissé de 30 %dans les grandes métropoles, de 10 % sur le territoire national et à Besançon de 5 %. On peut être déçu de la saison 2016 car elle est inférieure à 2015 mais elle reste supé- rieure à 2013 et 2014. On est en pro- gression. L.P.B. : Les professionnels du secteur croient au potentiel bisontin ? Jean-François Girard : Oui, j’en veux pour preuve le nombre de chambres d’hô- tels qui se sont créées lors du dernier schéma (2010-2016). Nous sommes passés de 1 400 à 1 850 chambres avec une offre de qualité en trois étoiles à Besançon. Les hôteliers nous font

“Nous sommes pas- sés de 1 400 à 1 850 chambres.”

ment qui vous rapportera sur le moment. Finalement, Besançon, c’est une richesse, pleine d’atouts, une mul- tiplicité d’événements. C’est ça qui est recherché par les tour-opérateurs : pou- voir faire du vélo, du bateau, pouvoir visiter un site patrimonial, visiter une exposition. L.P.B. : Quid de la satisfaction ? T.M. : Il n’y a pas de décalage promes- se-réalité : les touristes sont étonnés et agréablement surpris. L.P.B. : Que nous réserve ce fameux plan tou- ristique 2017-2023 ? T.M. et J.-Y.P. : Nous voulons discuter avec tous les acteurs du territoire

confiance. Je ne connais pas un hôtel qui ait bais- sé. Les nuitées ont aug- menté en passant de 350 000 à 450 000. L.P.B. : Le travail du précé- dent schéma paye, c’est ce que vous dites. On a l’im- pression que Besançon est la meilleure. Autosatisfac- tion ? T.M. : Le travail porte ses fruits. Je suis per- suadé qu’en réunissant les forces de l’agglomé- ration, de l’Office de tou-

“Le secteur pèse 120 millions d’euros.”

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