La Presse Bisontine 186 - Avril 2017

ÉCONOMIE 34

La Presse Bisontine n° 186 - Avril 2017

ENTREPRISE Ils fêtent leurs dix ans Héritage Virtuel voit le marché de la 3D évoluer En 2007, ils ont pris le pari de valoriser le patrimoine par le biais des nouvelles techno- logies. Pierre Rupp et Loïc Thirion-Lopez restituent aujourd’hui partout en France des sites disparus ou invisibles avec des modes de diffusion de plus en plus à la pointe.

À Toulouse, Quimper, Paris ou même en Suisse, le public a déjà pu voir quelques-unes des réalisations de ces deux Francs-Comtois, historiens de formation. Depuis leur premier pro- jet mené avec l’I.S.T.A. (laboratoire d’histoire bisontin) qui visait à recons- tituer une partie de Besançon à l’époque de Vauban et leur passage à l’incuba- teur sur la technopole Témis en 2007, leur entreprise a fait du chemin. “On a été beaucoup sollicité en Franche-

actuellement.” Car il a fallu se diver- sifier. La valorisation du patrimoine historique ne se suffisant pas à elle seule en termes de rentabilité d’après les deux dirigeants et seuls salariés de l’entreprise. “Les commandes sont généralement très variables.” De la simple modéli- sation d’un bâtiment, intégrée dans un projet plus global de rénovation comme pour la conciergerie de Paris dernièrement, à la reconstitution d’une ville entière du Néolithique à nos jours,

Comté et on rayonne désormais un peu partout en France” , note Loïc Thirion- Lopez. Jusqu’à en faire presque le tour si on en croit ses énumérations. Héritage Virtuel s’est ainsi fait une réputation au fil des appels d’offres et des contrats. Si elle travaille sur- tout avec des collectivités, l’entrepri- se bisontine, installée aujourd’hui rue de Belfort, intervient aussi ponctuel- lement à la demande d’associations ou de promoteurs immobiliers. “Nous travaillons pas mal avec Alter Immo

Loïc Thirion-Lopez (ici au travail) et Pierre Rupp misent sur leur double compétence : historique et multimédia.

réalisée pour Quimper en 2008. “À chaque fois, on travaille avec un comité scientifique et des spécialistes.” Leur formation obtenue à l’Universi- té de Franche-Comté, spécialisée pour l’un en histoire médiévale et pour l’autre en antiquité romaine, assure une compréhension générale, “sans connaître tout, pour autant” , concède Loïc Thirion-Lopez. Une double compétence : historique et multimédia, qui a été bien utile ses dernières années pour faire face à une nouvelle concurrence, à commencer par les architectes, puis les agences de communication qui font aussi désor- mais appel à des historiens. “Les outils de modélisation se sont démocratisés.” Et avec eux, les exigences se sont accrues. Les demandes vont aujour-

d’hui au-delà du contenu. “On s’intéresse surtout au conte- nant autour du principe de réalité aug- mentée, de la 3D en temps réel, des espaces immersifs…” Depuis l’appa- rition du smartphone, chaque musée veut son application par exemple. À l’instar de T.I.M.E., développée pour le Musée des maisons comtoises à Nan- cray. Le principe des casques de réa- lité virtuelle, Loïc Thirion-Lopez n’y croit pas encore personnellement mais pour rester à la pointe, lui et son com- père suivent de près l’actualité de toutes les nouvelles technologies. Ils collaborent aussi sur de nombreux projets avec une autre entreprise bison- tine, Livdeo, spécialisée dans la dif- fusion de contenus en mobilité. n S.G.

Parmi ses réalisations, la reconstitution du village de Delémont en 1671, avec une vue depuis la rue, d’autrefois et d’aujourd’hui, consultable sur son smartphone.

ENTREPRENDRE Économie sociale et solidaire Le nombre de S.C.O.P. a doublé en quatre ans La S.C.O.P., un modèle d’entreprise qui profite à tous. Les sociétés coopératives et participatives répondraient davantage aux attentes d’aujourd’hui. Il en existe quatre aujourd’hui à Besançon.

S i le nom “S.C.O.P.” n’est plus inconnu du grand public, son mode de fonc- tionnement reste flou dans bien des esprits. “Ces socié- tés fonctionnent sur un princi- pe démocratique : un associé égale une voix et le capital est détenu à plus de 50 % par les salariés” , explique le directeur de l’Union régionale des S.C.O.P. de Bourgogne-Franche-Comté, Fabrice Azevedo. En clair, dans ce modèle, les

salariés sont maîtres à bord de leur entreprise et participent aux décisions. “Tout le monde ne décide pas de tout pour autant, attention” , il y a bien un dirigeant comme dans n’im- porte quelle entreprise, “mais celui-ci est élu par les salariés associés.” Des concertations sont régu- lièrement engagées en dehors et durant les conseils d’admi- nistration. Au sein du cabinet d’expertise comptable, Syndex,

basée à École-Valentin, on pri- vilégie ce genre de relations “plus constructives. Ce qui est intéressant, c’est le sens et la valorisation donnés au travail. On n’est pas dans une logique verticale descendante” , résume Marc Jeannenez, co-responsable de Syndex en région. En passant en S.C.O.P. à la fin 2011, le cabinet qui compte aujourd’hui 450 salariés, dont la moitié au bureau principal de Paris, a confirmé une orien- tation historique. À l’époque, premier cabinet d’experts-comp- tables à choisir ce statut aux antipodes du fonctionnement plutôt classique du milieu, qui a aussi constitué un “élément différenciant” par rapport à la concurrence. “Dans la tête des gens, une S.C.O.P. est encore sou- vent associée à un truc de soixan- te-huitards où rien n’est calé, régulier… alors que ce n’est pas le cas” , note Marc Jeannenez. Et si on parle plus volontiers de

Un particulier peut aussi prendre des parts à l’image de Céline, qui a choisi de miser sur Citiz.

S.C.O.P., il ne faut pas oublier les S.C.I.C. (d’intérêt collectif) qui fonctionnent sur le même principe. À ceci près qu’elles

taires, mais aussi usagère de ce service. “Nous avons créé un club d’investisseurs Cigales avec quatre autres personnes, pour prendre des parts dans cette coopérative, étant convaincus de son intérêt.” Une à deux fois par mois, elle utilise l’une des 18 voitures du parc bisontin. “C’est une totale liberté, sans contraintes d’assurance, de répa- ration… Avoir sa voiture indi- viduelle en centre-ville est un modèle dépassé qu’il faut repen- ser”, selon elle. Son implication dans la S.C.I.C. lui permet de partager ses

attentes, mais aussi de bénéfi- cier d’un tarif préférentiel sur l’abonnement. C’est aussi l’un des avantages de ce modèle coopératif. Tout comme le par- tage des profits en cas de résul- tats excédentaires ou l’assu- rance d’une implication et d’une certaine pérennité de l’activité dans le cadre d’une transmis- sion. Un cas fréquent de consti- tution en S.C.O.P. et qui devrait trouver un nouvel exemple dans le Biocoop de la zone de Valen- tin. n

Une subvention de la Région C e modèle - “qui n’a rien de nouveau, puisqu’il existe depuis plus de 150 ans” , rappelle le directeur de l’Union régionale - ferait partie des plus viables. “65 % des S.C.O.P. existent encore après cinq ans contre 50 % pour celles de droit commun.” 16 nouvelles créations ont été enregistrées depuis quatre ans pour arriver à un total de 34 S.C.O.P. en Franche-Comté (contre une cen- taine en Bourgogne), aidées notamment par une subvention de la Région “qui va jusqu’à 3 000 euros par salarié associé.” n

intègrent aussi des clients, bénévoles, collectivités terri- toriales…Comme Citiz (ex-Autoci- té) : le service d’au- to-partage mis en place en 2011 à l'initiative de la Ville et du Grand Besançon. Céline Galliot est l’une des socié-

Pour tous types d’activités.

S.G.

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