La Presse Bisontine 186 - Avril 2017

36 LE GRAND BESANÇON

La Presse Bisontine n° 186 - Avril 2017

INDUSTRIE

L’Alliance pour l’industrie du futur “Les robots développent l’emploi car ils développent la compétitivité” Olivier Bourgeois, le directeur général délégué de la société bisontine R. Bourgeois est aussi l’ambassadeur régional de l’Alliance pour l’industrie du futur. Il participera à ce titre aux Journées Granvelle organisées par le Grand Besançon (voir plus bas).

L a Presse Bisontine : Qu’est-ce que l’Al- liance pour l’industrie du futur ? Olivier Bourgeois : Elle est née d’un pro- jet gouvernemental lancé en 2015 par le ministre de l’Économie de l’époque Emmanuel Macron. L’idée de ce pro- jet est de faire de la France un leader mondial du renouveau industriel. Est née de ce projet cette Alliance pour l’industrie du futur qui regroupe une bonne vingtaine d’organisations pro- fessionnelles, académiques et univer- sitaires qui touchent tous les secteurs de l’industrie, et particulièrement le numérique. Cette Alliance, chargée de déployer son action dans les régions, est animée par des ambassadeurs dans chaque région française. J’occupe cet- te fonction d’ambassadeur pour la région Bourgogne-Franche-Comté, avec l’appui de correspondants techniques. CetteAlliance est àmon sens une excel- lente initiative pour promouvoir l’in- dustrie par rapport notamment à la révolution du numérique. L.P.B. : Cette Alliance, ce n’est pas une struc- ture de plus ? C’est du concret ? O.B. : Oui, car elle est animée par des entrepreneurs. Notre première action fin 2016 a été de porter une contribu- tion au schéma de développement éco- nomique, d’innovation et d’interna- tionalisation porté par la Région. Nous avions organisé auparavant des tables rondes lors du salonMicronora et nous avons contribué au lancement d’une cinquantaine de diagnostics entrepris à l’échelle de la région destinés à aider cette cinquantaine d’entreprises à réflé- chir sur leur stratégie de développe-

automates qui font de plus en plus de contrôle et de détection automatique. L’opérateur est désormais plus un garant de la qualité qu’un simple ouvrier. L.P.B. : Dans l’industrie du futur, faut-il en conclure que la place de l’homme sera de moins en moins importante par rapport aux robots ? O.B. : Il ne faut pas oublier que ce sont nos clients qui nous font vivre. Et quand un client vient visiter un site comme le nôtre qui est de plus en plus auto- matisé, il va tout de suite s’apercevoir de notre compétitivité. Il ne faut pas considérer que les robots détruisent de l’emploi, au contraire. Les robots développement l’emploi car ils déve- loppent la compétitivité. On parle aujourd’hui de “robots collaboratifs” qui sont justement là pour soulager les opérateurs. Cette notion rejoint cel- le de bien-être au travail. Et la robo- tisation va de pair avec l’augmenta- tion des compétences humaines. Ce qui implique des changements de cul- ture et de plus en plus de formations. Les collaborateurs font désormais plus de choses, ils sont sans doute plus épa- nouis. L.P.B. : Malgré la robotisation, l’effectif sala- rié ne baisse pas ? O.B. : Si on prend notre exemple, sur les dernières années, notre effectif est stable, voire en progression. Nous sommes 380 salariés ici à Besançon, plus 150 chez Scoder à Pirey. Cette progression est essentiellement liée au développement des voitures élec-

ment. Parmi les autres actions, nous organiserons début juillet la “carava- ne industrie du futur” qui sillonnera la région et nous participons ce mois- ci aux Journées Granvelle à Besançon pour parler de ce qu’est l’industrie du futur et de ses enjeux. L.P.B. : Justement, qu’entend-on par “indus- trie du futur” ? O.B. : L’industrie du futur a trois com- posantes : la prise en compte du chan- gement d’environnement, l’arrivée des nouvelles technologies et la robotisa- tion, et la place de l’homme dans cet environnement changeant. L.P.B. : Dans quelle mesure les nouvelles tech- nologies bouleversent-elles les métiers indus-

Olivier Bourgeois : “Plus que jamais, nous nous orientons vers l’automatisation et le développement des nouvelles technologies.”

triques et hybrides. Si on se rapporte aux vingt dernières années, il est évident que la concurrence chinoise nous a coûté des emplois. Mais la créa- tivité et l’innovation permettent de conti- nuer à maintenir et à créer de l’emploi. L.P.B. : L’industrie françai- se a donc un avenir ? O.B. : L’industrie fran- çaise a été très mal- menée ces deux der-

ou le Pacte de compétitivité allaient-elles dans le bon sens ? O.B. : Oui, mais il faut aller encore plus loin. Ces réformes étaient des cachets d’aspirine alors qu’il faudrait des anti- biotiques. L.P.B. : Comment se répartit aujourd’hui l’ac- tivité de R. Bourgeois ? O.B. : L’automobile représente 50 % de notre activité. Le reste, ce sont les moteurs pour l’industrie, des moteurs de groupes électrogènes, les moteurs de ventilation, l’énergie, un peu l’éo- lien. Ce qui nous tire vraiment en ce moment, ce sont les marchés pour les véhicules tout électriques ou hybrides. Ce sont les seuls marchés en crois- sance qui tirent l’activité. Tous les constructeurs se mettent à l’électrique, ce qui nous donne de belles perspec- tives. Cette activité a doublé chez nous en 2016. Cette tendance devrait se poursuivre cette année. C’est la raison pour laquelle plus que jamais, nous nous orientons vers l’automatisation et le développement des nouvelles tech- nologies. n Propos recueillis par J.-F.H.

“Notre activité moteurs électriques a doublé en 2016.”

triels, par exemple au sein de votre entreprise R. Bourgeois ? O.B. : Nous ne sommes plus un simple décou- peur de tôles magné- tiques comme avant. Désormais, nous ven- dons une fonction technique à nos clients pour les aider à concevoir les moteurs électriques les plus économiques possible. Notre fonc- tion de concepteurs d’outils de découpa- ge prend de plus en plus d’importance et il est nécessaire de former nos salariés sur les nouveaux

“L’opérateur est désormais un garant de la qualité.”

nières décennies mais elle a une forte capacité de rebond justement grâce à la révolution numérique. Il y a enco- re beaucoup de chemin à faire et nous nous inscrivons dans le long terme. La renaissance de l’industrie française passera aussi par des réformes de fond et notamment l’allégement des régle- mentations qui la brident, mais je suis plutôt optimiste pour la France.

L.P.B. : Les récentes réformes comme le C.I.C.E.

INITIATIVE

Journées Granvelle “En faire un petit Davos régional”

Inscriptions sur : invest@grandbesancon.fr

I l le dit avec le sourire, mais n’en pense pas moins : Jean- Louis Fousseret aimerait fai- re de ces rencontres écono- miques baptisées “Journées Granvelle” “un petit Davos régio- nal” dit-il, en référence au forum mondial qui se tient tous les ans fin janvier dans les Grisons

suisses et où se pressent les grands de ce monde. Évidem- ment beaucoup plus modestes dans la forme,ces JournéesGran- velle sont censées, si le succès de ce premier rendez-vous se confir- me, être renouvelées tous les ans. “L’idée de ces journées est de venir réfléchir à Besançon sur les grands sujets qui font l’actuali- té, comme le numérique, l’intel- ligence artificielle, etc.” ajoute le président de la C.A.G.B. Si le nom de Granvelle a été retenu pour ces journées économiques, c’est parce qu’on fête cette année le 500 ème anniversaire de la nais- sance d’Antoine de Granvelle, le conseiller d’État de l’empereur Charles-Quint. Conférences, ateliers, master- class, ces premières Journées Granvelle sont axées cette année sur le thème “Comment le numé- rique réinvente la société des services et l’industrie ?” L’inau- guration officielle de ces jour-

néesGranvelle a lieu le dimanche 19 mars à 16 h 30 dans la salle des partenaires du Palais Gran- velle. “Une performance son et lumière organisée par un collec- tif d’artistes à partir d’outils numériques aura lieu à 18 heures au Petit Kursaal : l’entrée est gra-

présidente de la F.I.M. (fédéra- tion des industries métallur- giques) interviendra également, ainsi que Harry Heinzelman, expert suisse du C.E.S.M. en nanotechnologies. “La conféren- ce de clôture du mardi soir à 18 heures permettra également d’entendre un panel d’interve- nants de haut vol qui confronte- ront leurs points de vue écono- miques et sociétaux sur la transformation numérique en cours” ajoute l’organisation. “Tous ces temps forts sont gratuits et accessibles dans la limite des places disponibles.” L’idée que voudrait imposer la C.A.G.B. à travers ce premier rendez-vous à dimension régio- nale (et franco-suisse) est bien de “créer un mouvement pour que Besançon soit, au niveau national, estampillé industrie du futur” réaffirme Jean-Louis Fousseret. n J.-F.H.

Le président de l’agglomération Jean-Louis Fousseret veut faire des Journées Granvelle une sorte de mini-forum de Davos sur les questions d’économie et d’innovation. Première édition du 19 au 21 mars.

tuite et c’est ouvert à tous dans la limite des places dis- ponibles” préci- sent les services de l’Agglo. Parmi les confé- rences pro- grammées, une sur le luxe avec notamment l’in- tervention de Philippe Grize, le directeur suisse de la Haute École A.R.C. Sylvie Guinard, vice-

Les journées Granvelle doivent permettre de placer Besançon au cœur de l’industrie du futur selon Philippe Guerder, vice- président de la C.C.I. du Doubs.

Le numérique, l’intelligence artificielle…

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