La Presse Bisontine 106 - Janvier 2010

Mensuel d'informations de Besançon et du Grand Besdançon

CENTRE-VILLE / PÉRIPHÉRIE LA BATAILLE DU COMMERCE Mensuel d’information de Besançon et des cantons d’Audeux, Boussières, Marchaux, Quingey et Roulans JANVIER 2010 N° 106 2 €

L’ÉVÉNEMENT p.6 et 7 Prostitution à Besançon : dernier état des lieux… La capitale régionale compte une trentaine de prostituées en permanence. Il s’agit sur- tout d’étrangères appartenant à des réseaux. p.8 et 9 Paulette Guinchard : “Je vois la vie autrement” Deux ans après s’être retirée définitivement de la vie politique, l’ancienne secrétaire d’État se confie à La Presse Bisontine. CONFIDENCES

- Le palmarès des zones

commerciales

POLÉMIQUE p.35 La “culbute” des prix Une enquête de l’association bisontine U.F.C.- Que Choisir révèle l’ampleur des marges inter- médiaires sur les produits de grande consom- mation. Le rapport est parfois de 1 à 5…

- Les projets d’implantation - Les inquiétudes du centre-ville

Lire LE DOSSIER en p.17 à 21

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Rédaction : “Les Éditions de la Presse Bisontine” - B.P. 83 143 - 1, rue de la Brasserie - 25503 MORTEAU CEDEX - Tél. 03 81 67 90 80 - Fax : 03 81 67 90 81 - publipresse@wanadoo.fr

L’INTERVIEW DU MOIS

La Presse Bisontine n° 106 - Janvier 2010 2

Spiritualité 2009, annus horribilis ? Pour ceux qui ont subi de plein fouet la crise éco- nomique, perdu leur emploi, ou res- tent encore cernés dʼincertitudes quant à leur avenir professionnel, lʼannée 2009 restera en effet comme une année noire. 2010 ne sʼannonce pas vrai- ment sous les meilleurs auspices dʼailleurs. Et si cette crise, avant dʼêtre économique, était dʼabord sociale, voi- re sociétale ? Plutôt quʼau bout dʼun système économique, nʼarrive-t-on pas au bout dʼun modèle de civilisa- tion ? Le moment nʼest-il pas venu, à lʼapproche des fêtes de fin dʼannée, de se recentrer sur quelques valeurs essentielles totalement noyées par les dérives du système actuel où le vir- tuel a remplacé le réel, où Facebook est en train de supplanter le café du commerce ? Plus convivial Facebook ? Certainement pas. Ce qui est censé être un vaste “réseau social” nʼest fina- lement quʼun conglomérat de solitudes. À lʼheure de la mondialisation et de la globalisation des échanges et de la communication, lʼhomme nʼa jamais été aussi isolé… Paradoxe de ce mon- de en quête de lui-même à qui il manque, cruellement, ce petit sup- plément dʼâme. Où le trouver juste- ment ? Dans un regain de spiritualité peut-être. Si elle nʼest pas religieuse, elle peut-être philosophique, faite de méditation, dʼengagement vers les autres ou simplement de poésie ou de contemplation. En ces temps de crise, nʼest-ce pas aussi lʼoccasion de changer un peu son mode de vie en consommant mieux ? Dʼune part par- ce quʼil peut y avoir une jouissance à moins consommer, ensuite et surtout parce que ce contrôle donne plus de valeur aux “achats plaisir”. Cette hié- rarchie plus claire des besoins peut aussi tendre à faire positiver. Se poser, échanger, discuter… Les fêtes don- nent lʼoccasion de quitter la virtualité dʼun monde que lʼon croit avoir tout entier pour soi devant son écran dʼordinateur. Mais cette fenêtre sur le monde sʼapparente peut-être en réa- lité aux grilles dʼune prison pour tous ceux qui croient y trouver lʼeldorado. Ouvrez-vous, ouvrons-nous, consom- mons mieux, moins peut-être mais mieux et bon…Voilà un début de recet- te pour entrevoir différemment 2010. En attendant, excellentes fêtes de fin dʼannée à tous. Jean-François Hauser Éditorial

CINÉMA

Damien Jouillerot

Gérard Jugnot lui a mis le pied à l’étrier dans “Monsieur Batignole”. Son talent a fait le reste. Originaire du Haut-Doubs, Damien Jouillerot poursuit sa carrière d’acteur. On l’a vu au théâtre aux côtés de Jean Piat et Maria Pacôme dans “La maison du lac”, et au cinéma dans le dernier film de Jugnot. à Gérard Jugnot” “Je dois tout

L a Presse Bisontine : La tournée se termine, la pièce “La maison du lac” a été un succès. Pour le jeune acteur que vous êtes, c’est flatteur de se retrouver sur scène avec Jean Piat et Maria Pacôme ? Damien Jouillerot : J’ai eu beaucoup de chance. Entre

D.J. : J’ai toujours aimé le théâtre. Je n’ai fait que deux pièces dans ma car- rière, dont une qui a très bien mar- ché. C’est vrai que j’aimerais qu’il y ait d’autres choses qui se présentent, mais c’est toujours compliqué de mon- ter une pièce de théâtre. L.P.B. :Télévision, théâtre, cinéma, vous navi- guez entre tous ces univers artistiques. Cet- te polyvalence est importante pour vous ? D.J. : Mon métier consiste à jouer. J’ai joué au théâtre pendant un an, entre- temps j’ai fait des téléfilms. Pour le coup, j’ai fait moins de cinéma et plus de téléfilms parce que ce qu’on me

la pièce et la tournée, humainement, ça a été une belle aventure et une belle leçon de vie. L.P.B. : Qu’avez-vous appris au contact de ces deux grands acteurs ? D.J. : Ce qui est drôle, c’est que l’un et l’autre ont chacun une façon de travailler très différente.Maria Pacô- me est plus dans l’exubérance.Alors que Jean Piat, comme dans la vie, est plutôt en retenue. Jeanm’a appris une manière de jouer très calculée où la vanne tombe au bon moment. Maria Pacôme m’a plus appris à jouer sur scène, à prendre du plai- sir, à m’amuser. L.P.B. : Cette participation à la pièce est une belle carte de visite. Vous êtes en attente d’autres projets ?

“Les places sont trop chères dans ce métier.”

Damien Jouillerot court de la télé au cinéma en passant par le théâtre.

propose en télé correspond mieux à mon âge. Le problème, c’est qu’au cinéma on me cantonne à des rôles d’adolescent alors que je vais sur mes 25 ans. L.P.B. : L’image du jeune garçon qui vous colle à la peau vous dérange-t-elle ? D.J. : Là, j’ai commencé à m’en débarrasser. J’ai pris un bon coup de vieux. Je commence à faire pas mal de rôles de mecs de mon âge et même un peu plus vieux. C’est une transition à passer tout en sachant

que moi, j’ai commencé ce métier très jeune. Il était évident que mon image allait changer. J’ai joué autant de mauvais garçons que des garçons un peu simplets. Ce qui m’intéresse, c’est le rôle. Il n’y a pas de règle. À 23 ans, je jouais au théâtre un mec de 14 ans. L.P.B. : Le dernier film de Gérard Jugnot “Rose et Noir” a été un échec, comment l’expliquez-vous ? D.J. : Le problème est qu’on ne peut pas savoir. Qu’est-ce qui fait que “Bienvenue chez les Ch’tis” fait 20 millions d’entrées, alors qu’il y a des comédies beaucoup plus drôles que ce film-là qui est bien par ailleurs. Des productions qui méri- teraient de réussir se terminent par un flop. Dans “Rose et Noir”, la magie n’a pas fonctionné.

L.P.B. : Vous êtes toujours proche de Gérard Jugnot ? D.J. : Déjà son fils Arthur est un de mes potes. Je croise souvent Gérard Jugnot qui reste mon sau- veur. Je le dis, il m’a sauvé la vie. Je serai toujours là pour lui, jusqu’à mon dernier souffle. Je lui dois tout. L.P.B. : Il arrive de revenir parfois dans le Haut-Doubs, votre région d’origine ? D.J. : J’essaie le plus possible de revenir. Ça a été un petit peu difficile car j’ai eu un petit garçon qui a vingt mois. Je l’emmène dans le Haut-Doubs car je veux aussi qu’il connaisse la Franche-Comté. J’aime bien rentrer. Le problème de ce métier est que dès que vous êtes prêt à partir, un rendez-vous s’intercale. Comme les places sont trop chères dans ce métier, il faut être là. En général, j’ai toujours un casting qui tombe. Mais je n’ai pas à me plaindre, je tourne avec des réalisateurs avec lesquels j’ai déjà travaillé. Je suis perçu comme un comédien. L.P.B. : Outre la télévision, on vous verra au cinéma en 2010 ? D.J. : Je prépare un film avec un réalisateur qui va réaliser son premier long-métrage. Ce sera un très bon film sur l’amitié. J’ai aussi en projet de mon- ter sur scène tout seul. C’est un ami qui a écrit un joli spectacle ponctué d’humour noir. Il m’a propo- sé de l’interpréter. L.P.B. : Vous verra-t-on sur scène à Besançon ? D.J. : Je voudrais bien venir jouer à Besançon. Pour la tournée de “La maison du lac”, j’avais proposé que l’on vienne jouer en Franche-Comté. Mais ça n’a pas pu se faire parce que les décors prenaient beaucoup de place. J’ai commencé le théâtre en Franche-Comté, j’avais envie de me présenter à ce public. Si jamais j’arrive à tourner avec mon one- man-show , j’essaierai de faire étape à Besançon.

est éditée par “Les Éditions de la Presse Bisontine”- 1, rue de la Brasserie B.P. 83 143 - 25503 MORTEAU CEDEX Tél. : 03 81 67 90 80 - Fax : 03 81 67 90 81

E-mail : publipresse@wanadoo.fr Directeur de la publication : Éric TOURNOUX Directeur de la rédaction :

Jean-François HAUSER Directeur artistique : Olivier CHEVALIER Rédaction : Édouard Choulet, Frédéric Cartaud, Thomas Comte, Jean-François Hauser. Régie publicitaire : Besançon Médias Diffusion - Tél. : 03 81 80 72 85 François ROUYER - Portable : 06 70 10 90 04

Imprimé à I.P.S. - ISSN : 1623-7641 Dépôt légal : Décembre 2009 Commission paritaire : 1102I80130

Propos recueillis par T.C.

Crédits photos : La Presse Bisontine, Catherine Agthe, I.N.R.A.P., Slah, Éric Chatelain -Ville de Besançon.

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RETOUR SUR INFO - BESANÇON

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La Presse Bisontine n° 106 - Janvier 2010

Céline et Sarah : libération probable pour Noël

L’actualité bouge, les dossiers évoluent. La Presse Bisontine revient sur les sujets abordés dans ses précédents numéros, ceux qui ont fait la une de l’actualité de Besançon. Tous les mois, retrouvez la rubrique “Retour sur info”. Le C.F.A.I. peine à trouver des contrats d’apprentissage

de Sarah se dit “très heureuse” , mais pour l’instant elle veut rester pruden- te. “C’est un projet. Tant que les filles ne seront pas là sur le sol français, je ne crierai pas victoire” confie-t-elle. Sabrina estime qu’il y a urgence aujour- d’hui à transférer Sabrina qui est “mala- de. Elle a des problèmes d’estomac, elle perd du poids, il faut qu’elle se fas- se soigner. Elle a été hospitalisée en République Dominicaine. Elle a un sui- vi médical mais pour l’instant, person- ne ne sait vraiment ce qu’elle a, et son état de santé ne s’est pas arrangé” s’inquiète Sabrina Zaknoun. Le cas échéant, les deux jeunes filles devraient être transférées de la prison de Rafey située au Nord-Ouest de Santiago en République Dominicaine, à l’établissement pénitentiaire de Dijon.

C éline Faye et Sarah Zaknoun pourraient être de retour en Fran- ce avant Noël où elles termine- ront de purger leur peine. Leonel Fer- nandez, président de la République Dominicaine, a déclaré dans un entre- tien accordé début décembre à l’A.F.P. avoir donné “l’assurance que nous faci- literons la démarche pour qu’elles puis- sent être ici pour Noël” et ce, alors même que l’accord de transfèrement qui conditionnait pourtant ce retour n’a pas encore été ratifié par le congrès dominicain. Il s’agirait d’un “geste huma- nitaire” de la part de Leonel Fernan- dez. La nouvelle réjouit les familles des deux jeunes filles qui ont été condamnées à huit ans de prison en 2008 pour trafic de drogue. Sabrina Zaknoun, la sœur

L’ÉVÉNEMENT

LaPresseBisontinen°105-Décembre2009

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Toutacommencéparunesemainedevacancesentrecopines.CélineFaye, 20ans,etSarahZaknoun,19ans,sesontenvoléesenjuin2008pour laRépubliqueDominicaine.Àleurretour,ellesontétéinterpelléessurce territoire,aprèsquelapolicelocaleaitdécouvertdansleursbagages 6kilogrammesdecocaïne.Bienqu’ellesaientclaméleurinnocence, lesdeuxBisontinesontétéincarcéréesaprèsavoirétéjugées.Celafaitmain- tenantunanetdemiqu’ellessontemprisonnéesetdemandentà revenirenFrance.Ellespeuventdésormaisl’espérerdepuisqu’AlainJoyandet asignéunaccordpréalableàlaConventiondetransfèrementquidevraêtre maintenantratifiéeparlaRépubliqueDominicaineetlaFrance. CÉLINE ET SARAH GARDENT ESPOIR

ENQUÊTE

EmprisonnéesenRépubliqueDominicaine Les deux Bisontines

ne rentreront pas avant 2011

LesdeuxBisontinespeuventespérerquitterla RépubliqueDominicainedansaumoinsunan,unefois quelaConventiondetransfèrementseraratifiée.

I ncarcéréesdepuis518joursau centrededétentiondeRafeyen RépubliqueDominicaine(auNord- OuestdeSantiago),CélineFaye etSarahZeknounpeuventenfin s’accrocheràl’espoirderevoirunjour laFranceoùellesdevrontdanstous lescasterminerdepurgerleurpeine. Vendredi13novembre,AlainJoyan- det,secrétaired’ÉtatàlaCoopération afaitledéplacementàSantoDomin- gooùilarencontréRadhamesJime- nez,procureurgénéraldelaRépu- bliqueDominicaine.Aunomdeleur paysrespectif,lesdeuxhommesont signéunaccordquipermettraauxpri- sonniersdesdeuxÉtatsdepurgerleur peinedansleurpaysd’origine. Dix-neufFrançais,dontlesdeuxBison- tines,détenusdansceterritoiredes Caraïbesdevraientbénéficierdecet- temesurequin’entreraenvigueur qu’àpartirdumomentoùlaConven- tiondetransfèrementauraétérati- fiéeparlesdeuxÉtats.Malgrél’accord préalablequivientd’êtresigné,cela devraitprendreplusieursmois. “Nous sommestombésd’accordpourquele tempsderatificationsoitlepluscourt possible” aindiquéAlainJoyandet. Dansl’entourageduministre,onconfie “qu’avecunpeudechance,celasera faitpourNoël2010.Courant2011,Céli- neetSarahpourraientdoncrentreren France.” CélineFaye(20ans)etSarahZaknoun (19ans)devrontdoncpatienterau minimumencoreunandansleurcel- lule,loindeleursfamilles,avantd’ima- ginerpouvoirêtretransféréesdans leurpays.L’attentes’annoncelongue pourlesdeuxBisontinesquineces- sentdeclamerleurinnocencedepuis ledébutdecetteaffaire. Enjuin2008,partiesenvacancespour unesemaineenRépublicaineDomi- nicaine,lesdeuxBisontinesontécopé

dehuitansdeprison aprèsquelapoliceloca- lelesaitarrêtéespour avoirdécouvert6kg decocaïnedansleurs bagages. Céline et Sarahonttoujoursdit quelesstupéfiants avaientétéplacésdans leursvalisesàleur insu.Cetargumentn’a passuffiàlesinno- center. Lorsdesondéplace- mentenRépublique Dominicaine, Alain Joyandetenrenduvisi- teauxjeunesfilles.Le secrétaired’Étatàla Coopérationademan- déàpouvoirlesren- contrerenaparté. “Il estsortidecetentre- tienbouleversé.Alain Joyandets’estrendu comptequ’ellesétaient humainementaffai- blies” racontel’entou- rageduministre. Plusquejamais,les deuxBisontinesauront besoindusoutiende leurs proches pour

Alain Joyandeta rencontré

Repères Le film des événements

6 -Le14avril,lacourdʼappelde PuertoPlataconfirmeégalement lacondamnationdeSarahZak- nounàhuitansderéclusionpour traficdedrogue. 7 -Le15juin2009,Célineet SarahécriventàCarlaBruni- Sarkozypourquʼelleleurvienne enaide. 8 -Le27juin,nouvellemanifes- tationdesoutienauxdeuxjeunes fillesàBesançon. 9 -Levendredi13novembre, AlainJoyandet,secrétairedʼÉtat àlacoopération,serendenRépu- bliqueDominicainepourfinaliser lʼaccorddʼuneconventiondetrans- fèrementdesdeuxBisontines dansuneprisonfrançaise.

Célineet Sarahen aparté.Illesa trouvées humainement affaiblies. (photoD.R.).

Dessituations àchaquefois difficiles.

1 -Le15juin2008,CélineFaye etSarahZaknounsontarrêtées enRépubliqueDominicaine.La policelocaleatrouvédansleren- foncementdesvalisesdesdeux Bisontinesquirentraientdʼune semainedevacances,5à6kg decocaïne. 2 -Le10décembre,lajustice dominicainecondamneSarah Zaknounàhuitansdeprisonfer- me.Lelendemain,CélineFaye estcondamnéeàsontouràune peineidentique.

3-Le24janvier2009,lesfamilles respectivesdesdeuxBisontines organisentunemanifestationde soutienàBesançon. 4 -Le25février,lajusticedomi- nicaineconfirmeenappel la condamnationàhuitansdepri- sondeCélineFayepourtrans- portdedrogue. 5 -Le30mars,depuisleurcel- luleàlaprisondeRafey,Céline etSarahécriventunelettreau présidentSarkozypourluideman- derdelʼaide.

tenirbondansleurcelluleducentre dedétentiondeRafey.Unefoisenco- re,CélineetSarahnesontpasles seulesdétenuesfrançaisesdansles geôlesdominicaines.Ilyenadix-sept autres.Parfois,lesfamillesontvendu leurappartementenFrancepours’ex- patrierenRépubliqueDominicaine afindesoutenirleurprocheincarcé- ré.Dessituationsàchaquefoisdiffi- cilesquedevraitpermettred’éviter,à terme,l’applicationdelaConvention detransfèrement. T.C.

Les fournisseurs de Sonorama attendent d’être réglés

L’ onde de choc de la cri- se se propage encore dans l’industrie. “Cepen- dant, la situation est moins mau- vaise que prévu” observe Étien- ne Boyer, président de l’U.I.M.M du Doubs. Les P.M.E.-P.M.I. franc-comtoises résisteraient donc assez bien dans une conjoncture incertaine. “Nous redoutions que la trésorerie des entreprises fléchisse totalement, ce qui aurait eu pour consé- quence de faire disparaître une série de sociétés. Elles sont parvenues à provisionner pour passer le cap. Actuellement, les commandes repartent et il y a beaucoup de projets. Mais ce qui domine toujours, c’est cette grande incertitude” ajou-

te-t-il. L’incertitude de la conjonctu- re économique se perçoit aus- si au C.F.A.I. à Besançon (centre de formation d’apprentis de l’industrie). Jusqu’à présent, l’établissement de formation pouvait sans difficultés propo- ser des contrats d’apprentissage à ses étudiants. “Cette année, nous n’avons pas eu suffisamment de contrats à proposer aux jeunes. Nous avons donc dû refuser des dos- siers d’inscription” déplore le directeur Philippe Labouche. Pourtant, un des enjeux de cet- te crise pour les entreprises est aussi de préserver les compé- tences et d’en préparer d’autres.

“O n ne peut pas leur reprocher d’avoir travaillé avec les entre- prises bisontines sur Sonora- ma. Ils ont exploité les compétences locales. Maintenant, il faut qu’on soit payé.” Cet entrepreneur qui a fourni du matériel technique pour la manifestation n’est pas le seul dont la facture n’a pas encore été réglée. Des hôtels, des res- taurants, des fournisseurs de matériel de sonorisation, de vidéo, n’ont toujours pas vu un centime ni de Troisième Pôle, ni d’Orphaz, les deux sociétés qui ont conçu le festival après avoir remporté l’appel d’offres. Après l’échec de la première édi- tion qui n’a pas rencontré le succès escompté, la municipalité se serait bien passée de ce nouveau couac dont elle n’est pas responsable. Jean-Louis Fous- seret, le maire, et Yves-Michel Dahoui, l’adjoint à la culture ont tapé du poing sur

le contentieux. Mais en cas de problème, je sais que nous n’aurons pas beaucoup de recours” poursuit un des prestataires lésés. Le cas échéant, la municipalité pour- rait remettre en cause le contrat qui la lie aux organisateurs pour trois ans.

la table pour que Troisième Pôle et Orphaz qui se rejettent les responsabilités hono- rent leurs dettes. La municipalité a don- né quinze jours aux attributaires du mar- ché pour qu’ils règlent les fournisseurs. L’ultimatum doit donc expirer le 19 décembre. D’ici là, Yves-Michel Dahoui va réunir les créanciers et les organisa- teurs de la manifestation. “Je ne tolérerai pas qu’une seule personne ne soit pas payée” répète l’adjoint à la culture qui “n’envisage pas le pire.” Il ajoute : “Ces deux entreprises ne manquent pas de bon- ne volonté. Elles ont un problème à régler entre elles, mais cela ne doit pas se faire au détriment des entreprises locales.” Le montant du déficit de Sonorama est évalué entre 200 000 et 300 000 euros. Des sommes que doivent en grande par- tie les organisateurs à leurs fournisseurs. “Je fais confiance à la mairie pour régler

A

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L’ÉVÉNEMENT

La Presse Bisontine n° 106 - Janvier 2010

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Christine Boutin a jeté un pavé dans la mare fin novembre en proposant la réouverture en France des maisons closes. Puis la présidente du Parti Démocrate a déclaré qu’elle avait peut-être pris une position “un peu rapi- de.” Toujours est-il que son propos a fait des vagues auprès des associa- tions qui tentent de lutter contre la prostitution, quelle qu’en soit sa forme. De passage à Besançon, Bernard Lemettre, président national du Mouve- ment du Nid s’est dit “horrifié” par la déclaration de l’ancien ministre du Logement. La prostitution est toujours “une souffrance”, le reflet d’une “pauvreté sociale.” Elle est et restera une “forme d’esclavage”, fût-elle cantonnée à des maisons closes. Le point sur la prostitution à Besançon. LA PROSTITUTION SE DÉVOILE À BESANÇON

TENDANCE Des explications complexes La prostitution :

affaire d’argent plus que sexe

Le mouvement du Nid qui va à la rencontre des prostituées observe que les raisons qui poussent les filles à faire commerce de leur corps sont nombreuses.

commerce. Cinq filles sur un trottoir “rap- portent” en moyenne 120 000 euros par an. “Ce n’est jamais une affaire de sexe, mais toujours une histoire d’argent” observe Ber- nard Lemettre, prési- dent national du Nid qui a fait le déplace- ment en novembre à Besançon dans le cadre de la journée interna- tionale des violences faites aux femmes. Il y a des clients, des proxé- nètes, le premier paie, le second encaisse, qu’importe que les filles soient considérées com- me de la marchandise, pourvu qu’elles soient rentables. “Le pouvoir de l’argent va jusqu’à

vail quotidien auprès des prostituées. Les sept bénévoles vont au contact de ces filles originaires pour la plupart des pays de l’Est ou d’Afrique, débarquées le plus souvent à Besançon par l’inter- médiaire de réseaux.Il y a aussi quelques Françaises dont certaines sont contraintes de faire commerce de leur corps pour faire face à des difficultés financières. “Notre travail est de créer des liens pour orienter ces filles vers nos partenaires comme le service point santé à l’hôpi- tal” explique Pascal Lonchampt, res- ponsable du Nid à Besançon, dont le siège est rue Renan. Avec son équipe, ils apportent une écoute, du réconfort, mais de là à sortir une de ces filles de la rue, c’est beaucoup plus compliqué. “Il y a les filles qui sont dans un réseau et qui n’ont pas le choix, et celles qui ont le choix de ne pas se prostituer mais qui le font parce qu’elles subissent la pres- sion économique. C’est rare de sortir une fille de la rue. Nous en voyons une cin- quantaine à Besançon. Il y en a une, voi- re deux, qui n’ont pas réglé tous leurs problèmes mais qui semblent sorties de la prostitution.” Une victoire pour le Nid. Néanmoins, ce piètre constat est aus- si la preuve que les causes de la pros- titution sont souvent plus profondes que le seul souci financier qui n’en est qu’une des facettes. “Il y a une détres- se économique, c’est vrai.Mais très sou- vent, ces filles ont perdu le lien social, elles sont en rupture avec leur famille, ont parfois des difficultés psychiques. C’est toujours dur de savoir où est l’ori- gine du problème” poursuit Pascal Lon- champt. Avec cela, la prostitution est un busi- ness pour les proxénètes qui en font le

L a prostitution, Jacques la vit tous les jours. Il n’est pas client et ne se prostitue pas lui-même, mais elle se déroule sous ses fenêtres, à l’angle de la rue de Belfort et de la rue Garibaldi. Chaque soir,

c’est la même chose, les voitures tour- nent. Les automobilistes s’arrêtent, embarquent une fille pour une passe, et la ramènent sur le trottoir. “Pour moi qui ai pignon sur rue, il me semble que ce marché est exponentiel. Quand on vit

à côté, c’est sidérant. La question que je me pose est de savoir comment, en tant que citoyen et acteur responsable, je peux agir.” Une interrogation à laquelle des associations telles que le Mouvement du Nid tentent de répondre par un tra-

“Leur copine comme une marchandise.”

des jeunes aujourd’hui dans les quar- tiers qui présentent leur copine comme une marchandise. On s’aperçoit que de plus en plus les jeunes sont des consom- mateurs de sexe” poursuit Bernard Lemettre. Malgré le fait que le racolage et le proxé- nétisme soient interdits en France, nous ne sommes pas à la veille de voir dis- paraître cette pratique. “J’ai dans mon entourage une personne jeune qui habi- te Dijon et qui a une double préoccu- pation le samedi : venir se distraire au Casino Barrière de Besançon et ensui- te d’aller voir les prostituées” raconte Jacques. La virée nocturne se limite à ces deux plaisirs du jeu et du sexe.Mais au final, le système est bien celui d’une soumission et d’une exploitation des corps. Une forme de grande pauvreté, d’une grande violence qui prend de nouveaux visages avec l’avènement d’Internet. Par ce réseau, la prostitution est enco- re plus discrète et incontrôlable. T.C.

Bernard Lemettre, président national du Nid.

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ÉTAT DES LIEUX Viotte, Battant, Helvétie Une trentaine de prostituées sur le trottoir bisontin Le phénomène de la prostitution est peu marqué dans la capitale régionale comparé à d’autres villes, mais il existe.

À Besançon, une tren- taine de prostituées arpentent le trottoir. Elles se trouvent prin- cipalement dans le secteur de la gare Viotte où les filles sont surtout d’origine africaine. Le secteur de Battant est princi- palement occupé par des filles de l’Est, alors que du côté de l’Helvétie, “il y a à la fois des filles de l’Est et des Françaises” observent les services de la poli- ce nationale à Besançon. Fina- lement, dans la capitale régio- nale, la prostitution existe mais elle reste assez marginale com- parée à des villes comme Mul- house où il y a peu de temps encore plus de 200 prostituées étaient recensées. À Besançon, les chiffres sont stables, ce qui n’empêche le “turn over” des filles qui pour la majo- rité d’entre elles ne sont que de passage. Quelles soient Bul- gares, ou Roumaines, il est pro- bable que ces prostituées soient là par l’intermédiaire de réseaux. Il y a deux ans, les services de police bisontins avaient d’ailleurs démantelé un important réseau de filles de l’Est qui s’était sol- dé par l’interpellation à Bruxelles d’un proxénète. Les filles qui se prostituent de façon indépendante sont fran- çaises et se font rares sur le trot- toir bisontin. Leur vie de galè- re les conduit là, comme cette jeune fille de 23 ans qui a été abusée sexuellement dans son enfance, qui se drogue, et qui se prostitue pour vivre mais aussi pour acheter les stupé- fiants dont elle a besoin. La pros- titution est souvent le résultat

çon “où le nombre de boursiers est environ 30 % plus important qu’ailleurs en France. L’O.M.S. observe une aug- mentation de la prostitution chez les jeunes, qu’ils suivent des études ou non. Confrontés à des difficultés, ils sont contraints

d’une accumulation de facteurs dans une histoire personnelle difficile. En revanche, à Besançon, la prostitution dite privée serait marginale. Il s’agit d’étudiantes par exemple, qui pour arrondir leurs fins de mois, passent des petites annonces sur le Net sur des sites de rencontre. Elles ne s’identifient pas comme prosti- tuées, mais finissent par expli- quer à l’interlocuteur qui les contacte que la rencontre sera payante. Sur le Net, la prosti- tution est difficilement identi- fiable. Néanmoins, Annie Ménétrier, conseillère municipale déléguée à la lutte contre les discrimi- nations et les questions huma- nitaires redoute que la paupé- risation des jeunes et des étudiants fasse le lit de la pros- titution. En particulier à Besan-

“Des filles de l’Est et des Françaises.”

de trouver un moyen pour vivre décemment. Ils s’enlisent dans la prostitution.” En France, plus de 4 500 jeunes sont en situation de pauvreté et 225 000 peinent à payer leurs études. “C’est un réservoir impor- tant pour la prostitution” redou- te l’élue. T.C.

RÉACTION Didier Jaffiol “Rouvrir les maisons closes n’est pas la solution” Implanté à Marseille, Trans Faq est un organisme qui regroupe un ensemble d’intervenants qui donnent des outils à des professionnels pour les aider à appréhender la prostitution. De passage à Besançon, un de ses représentants, Didier Jaffiol, répond.

À Battant, les clients ont affaire à des filles de l’Est.

L a Presse Bisontine :Comment réagissez-vous à la proposi- tion de Christine Boutin de rouvrir les maisons closes ? Didier Jaffiol : Nous ne prenons pas parti, même si on peut comprendre que ce n’est pas satisfaisant qu’une personne qui rentre chez elle avec ses enfants trouve une prostituée avec un client dans le hall de l’immeuble. Malgré tout, la maison close n’est pas la solu- tion car ces lieux sont empreints d’opacité. Le cas échéant, il n’y aurait pas de syndicat pour les filles qui y travailleraient. Nous serions également en droit de nous interroger sur qui seraient les investisseurs. L’argent serait probablement d’origine dou- teuse. Enfin, on le voit en Espagne, ces maisons closes n’empêchent pas la prostitu- tion de rue.Toutefois, en Fran- ce, il est temps de clarifier la situation paradoxale des pros- tituées qui ne cotisent pas à la Sécu, ni aux caisses de retraite et qui pourtant paient des impôts sur les bénéfices non commerciaux. L.P.B. : Est-ce que vous redoutez le développement de nouvelles formes de prostitution qui émergent notam-

une vie dite normale.

ment grâce à Internet ? D.F. : Pour nous tout d’abord, la prostitution n’est pas un mal, du moment que la per- sonne qui décide de faire com- merce de son corps le fasse librement. Des personnes se prostituent et le revendiquent. Dans ce cas, il faut que cette personne puisse être recon- nue. Le problème d’Internet est que nous n’avons aucun moyen d’alerter ces jeunes filles et ces jeunes garçons qui se prostituent et qu’on ne ren-

tution touche les jeunes de plus en plus ? D.F. : Ce qui est clair, c’est que les clients vont plus facile- ment vers une jeune fille.Mais j’ai connu aussi des femmes handicapées qui se prosti- tuaient et qui avaient une clientèle importante.Tout sim- plement parce que la prosti- tution répond à un fantasme à un moment donné. Néan- moins en France, les proxé- nètes savent le risque qu’ils courent à prostituer des mineurs par exemple. L.P.B. : La France met-elle vraiment les moyens pour lutter contre la prostitution ? D.F. : Le problème est que les réseaux ont une capacité d’adaptation importante et nous ne sommes pas assez réactifs. Les effectifs de poli- ce ne sont pas en rapport avec l’ampleur du phénomène. Propos recueillis par T.C.

L.P.B. : Vous avez participé à une conférence à Besançon. Avez-vous eu un aperçu de la prostitution ? D.F. : Besançon fait partie de ces villes de taille moyenne vers lesquelles glissent les réseaux de prostitution des grandes villes. Il y a une com- munauté africaine, une com- munauté de filles de l’Est aus- si. En fait, dans les agglomérations importantes, des équipes spécialisées tra- vaillent aux côtés des prosti- tuées. C’est le cas du Nid par exemple qui apporte un accom- pagnement social, et de la poli- ce qui lutte contre le proxé- nétisme. Cette présence sur le terrain pousse les réseaux à s’adapter. Ils font des opé- rations de “testing” dans villes de moindre importance où ils sont plus tranquilles. L’inté- rêt pour le proxénète est que la fille ait le moins de contacts possibles pour éviter qu’elle sorte du réseau.

contre pas dans la rue. Nous pouvons difficilement les mettre en garde par exemple contre le proxénétisme. Or, une per- sonne qui se prostitue a cent fois plus de risques d’être agres- sée qu’une femme qui a

“Les réseaux ont une capacité d’adaptation.”

Renseignements : www.transfaq.fr

Didier Jaffiol, est éducateur spécialisé.

L.P.B. : Il semblerait que la prosti-

BESANÇON

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INTERVIEW Finie la politique Paulette Guinchard : “Je regarde la vie différemment” Plus de deux ans après son retrait définitif de la vie politique, l’ancienne députée bisontine et secrétaire d’État aux Personnes Âgées répond aux questions de La Presse Bisontine. Avec la maladie, la fragi- lité et une pudeur naturelle en toile de fond de ses propos.

L a Presse Bisontine : Comment allez-vous Paulette Guinchard ? Paulette Guinchard : Pour le moment, je me remets dou- cement de la maladie. J’ai repris une vie normale, je vis surtout dans le Haut-Doubs maintenant. J’ai recommencé à faire les choses essen- tielles de la vie :marcher, voir des amis, ma famille, lire…Autant de choses que je faisais plus. La maladie fait bouger tellement de choses que l’on aspire maintenant à retrouver les choses simples. L.P.B. : À quoi ressemble votre nouvelle vie ? P.G. : Je retrouve beaucoup de choses que j’avais apprises quand j’étais peti- te, comme la broderie par exemple, et que je n’avais plus du tout le temps de faire. Et surtout la lecture. Je lis beau- coup alors que je ne le faisais plus du tout quand j’étais députée. Je découvre ou redécouvre les romans et j’ai décou- vert les polars américains, très bien écrits, que je prends beaucoup de plai- sir à lire. L.P.B. : La page de la politique est définitive- ment tournée pour vous ? P.G. : Définitivement. Je recommence seulement à regarder la vie politique nationale et locale, mais avec un peu plus de recul qu’avant. L.P.B. : C’est la maladie qui vous avait fait prendre cette décision de mettre un terme à votre engagement politique il y a deux ans ? P.G. : Pas la maladie, parce que je l’ai su un peu plus tard. Mais c’est la fatigue, une grande fatigue que j’avais en moi. Physiquement, je n’aurais pas pu tenir, je n’aurais pas été à la hau- teur. Par honnêteté vis-à-vis des gens, ce n’aurait pas été possible. Pendant toutes ces années, je n’avais sans dou- te pas fait assez attention à moi, je ne m’étais pas assez protégée alors qu’en fait, j’étais beaucoup plus “abîmée” que je ne le pensais. Mais à aucun moment, je ne regrette cette décision d’avoir arrêté. Si j’avais

continué, je me serais certainement mise en danger. L.P.B. : Vous auriez été réélue pourtant… P.G. : Peut-être. Ça aurait changé un peu la donne sur le plan local, ça n’aurait pas bouleversé le paysage politique national… L.P.B. : Vous venez de passer le cap de la soixantaine. Avez-vous le sentiment d’avoir franchi une étape et être passée du côté des “vieux” pour lesquels vous avez tant travaillé ? P.G. : Certainement, et j’aborde cette période de ma vie de façon plutôt serei- ne. Ce temps-là me permet de retrou- ver les choses que l’on ne faisait plus, et avec du temps. Tant que je n’ai pas de difficultés liées au grand âge, tout va bien. Je vis un peu au ralenti. Mais aujourd’hui, je regarde la vie diffé- remment. L.P.B. : Avec quel regard ? P.G. : Je regarde le monde qui nous entoure, je regarde la nature, l’organisation du monde, les oiseaux, je découvre tous les gens qui sont autour de moi, je privilégie les relations

humaines…Toutes les choses essentielles à côté desquelles on pas- se trop souvent. L.P.B. : Ressentez-vous une vraie fierté d’avoir contri- bué à faire évoluer la façon dont on aborde la question des personnes âgées dans notre pays ? P.G. : J’estime juste avoir eu de la chance de pou- voir participer à lamise en place d’une politique. J’avais certainement cela en moi, c’est pour cela que je parle de chance qui m’a été don- née de pouvoir me retrouver au plus niveau, de pouvoir déci- der des choses et d’avoir

“Je ne m’étais pas assez protégée.”

Paulette Guinchard a fait une réapparition publique le 5 décembre pour l’inauguration de la Maison des seniors dont elle est la présidente d’honneur.

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Paulette Guinchard, en dates 1949 : le 3 octobre, naissance à Reugney (canton dʼAmancey). Issue dʼune famille modeste composée de huit enfants. Elle sʼengage très tôt aux Jeunesses agricoles chrétiennes en parallèle de ses études en économie et rejoint en 1969 le P.S.U. de Michel Rocard puis en 1986 le P.S. de François Mitterrand où sont déjà inscrits beaucoup de ses proches. Elle est vendeuse dans une librairie bisontine et membre de la C.F.D.T. Elle se reconvertit dans le métier dʼinfirmière en psychiatrie en établissement spécia- lisé auprès dʼenfants autistes puis responsable de formation pour les soins aux personnes âgées. 1983 : Robert Schwint, maire de Besançon depuis 1977 lui propose un poste dʼadjointe dès son premier mandat. Elle aura ensuite un autre mandat local en devenant conseillère régionale dʼopposition. 1997 : Elle est élue député de la deuxième circonscription du Doubs aux élec- tions législatives. 1999 : Le gouvernement Lionel Jospin la charge du rapport “Vieillir en Fran- ce : enjeux et besoins dʼune nouvelle orientation politique en direction des per- sonnes âgées en perte dʼautonomie”. 2001 : Elle est nommée secrétaire dʼÉtat aux personnes âgées sur proposition de Martine Aubry, ministre de lʼEmploi et de la Solidarité. 2002 : Elle est réélue à son poste de député et élue vice-présidente de lʼAssemblée Nationale. 2005 : Le 8 mars, pour la Journée internationale de la femme, elle a pu, à titre exceptionnel, présider lʼAssemblée Nationale pendant la séance des questions des parlementaires au gouvernement. 2007 : Elle décide de ne pas briguer de nouveaux mandats politiques.

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vraiment participé au lancement d’une politique. En même temps, je relativise. Car je suis persuadée que tout être humain a les capacités en lui et qu’il faut jus- te avoir la chance de les exprimer. Je ne pensais pas qu’un jour je pourrais prendre la parole dans un conseil des ministres. Tout le monde a la capa- cité de s’éveiller. L.P.B. : La prise en charge des questions de vieillissement est-elle aujourd’hui satisfai- sante en France ? P.G. : Cette question est inéluctable car dans la vieillesse il y a une vraie richesse sociale. Mais c’est un vrai poids économique, et actuellement en France, il manque encore la stabili- té financière pour les retraites et la dépendance. C’est une grande diffi- culté qui n’est pas encore résolue. L.P.B. : Vous avez votre solution au problè- me ? P.G. : Si on veut éviter la seule solu- tion des assurances privées, il faut repenser le débat. En ce qui concer- ne les retraites, je soutiens l’idée d’une solidarité intergénérationnelle. C’est- à-dire que les retraites des vieux ne soient plus uniquement payées par les jeunes. Il faut utiliser à mon avis toutes les formes de revenus, y com- pris du patrimoine ou des revenus immobiliers. Pour aboutir à une for- me de C.S.G. qui serait prélevée sur toutes les formes de revenus. Com- me on l’a fait pour l’assurance-mala- die, je pense qu’il faut le faire pour L’ancienne secrétaire d’État aux personnes âgées soutient son ami Jean-Louis Fousseret sur le ramway, et donc le pas- sage du tram au centre-ville.

les retraites.

L.P.B. : Un mot de politique : suivez-vous de près les prochaines élections régionales ? P.G. : J’apporterai tout mon soutien à Marie-Guite Dufay. Si je retrouve mon énergie, je l’aiderai d’une manière ou d’une autre. Si Marie-Guite veut uti- liser mon nom dans la campagne, elle ne devra pas hésiter. L.P.B. : Un pronostic sur ce scrutin de mars 2010 ? P.G. : Le résultat des régionales dépen- dra de la situation nationale. Marie- Guite Dufay a fait ses preuves dans ce qu’elle a engagé pour la région. Elle a agi dans le champ de la formation, de l’économie, du sport… Je pense qu’elle est reconnue dans ce qu’elle fait. Elle a montré que ce n’était pas un élu notable, c’est une femme de ter- rain, une bosseuse. L.P.B. : Elle aura fort à faire face à Alain Joyan- det ! P.G. : Je connais un peuAlain Joyandet. Pour moi, justement, il représente plus le notable. C’est un homme complète- ment impliqué dans les affaires du gou- vernement. Il a la force d’être ministre mais c’est aussi une faiblesse car cet- te élection sera complètement liée à l’état de l’opinion par rapport à la poli- tiquemenée par Nicolas Sarkozy. L’autre élément en faveur de M me Dufay est qu’elle est une femme. C’est tellement important aujourd’hui de voir des femmes qui s’engagent. Les régionales seront un combat difficile mais qui est gagnable pour elle. C’est une bagarre qu’elle mènera avec énergie. L.P.B. : Votre ami Jean-Louis Fousseret fait-il du bon boulot à Besançon ? P.G. : Une fois encore, je regarde ça avec du recul. Ce qui à mes yeux est le plus important, c’est ce qui se passe à

l’agglomération, c’est là que les men- talités évoluent le plus. Bien sûr en ce moment, Jean-Louis Fousseret a un dossier un peu compliqué à gérer avec le tramway… L.P.B. : Votre avis sur la question ? P.G. : Je pense qu’il a raison de vouloir faire passer le tram au centre-ville. Le faire passer sur les quais signifierait qu’on ne supprime pas les bus au centre- ville, c’est incohérent. Le tram est un beau projet pour l’évolution de Besan- çon. Je pense qu’il faut savoir regar- der les choses avec le recul de plusieurs années, voire décennies. Essayer de prendre de la hauteur. Jean-Louis Fous-

seret est dans une période un peu dif- ficile mais il faut qu’il tienne bon. L.P.B. : Quels sont vos futurs combats Paulet- te Guinchard ? P.G. : Pour l’instant, ce serait pré- somptueux de ma part de parler de projets alors que je suis en train de me remettre sur pied. Ceux qui vivent une maladie comme le cancer s’aperçoivent que c’est quelque chose qui déstabili- se tout, qui bouleverse tout, pour soi et autour de soi. Pour l’instant, je suis encore fragile, il faut que je recons- truise une stabilité en moi. Après, on verra pour les projets… Propos recueillis par J.-F.H.

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BESANÇON

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TRANSPORT

À partir de mars La voiture en libre-service arrive à Besançon Dès le printemps, les Bisontins pourront utiliser Autocité, un système qui leur permettra de louer un véhicule pour une durée déterminée comme ils louent aujourd’hui un vélo.

A près Vélocité, voici Autocité ! À compter du 16 mars 2009, ce ne sont plus seule- ment des vélos que les Bisontins pourront louer sur l’espace public pour se dépla- cer, mais des voitures. Le prin- cipe de fonctionnement est aus- si simple. Les abonnés au service pourront réserver par Internet ou par téléphone un véhicule adapté à leurs besoins (citadines ou utilitaires) 24 heures sur 24 pour une heure ou plus. “Ils accé- deront ensuite aux véhicules en

10 kilomètres déboursera 6,65 euros ! Il peut sortir de Besançon et rouler pendant 150 km, il paiera en fonction de la distance parcourue. Outre des tarifs attractifs, ce dispositif à d’autres atouts. Éco- nomiques tout d’abord car il évi- tera peut-être à des personnes d’avoir à investir dans un véhi- cule coûteux (500 euros par mois en moyenne), qui génère sou- vent des frais de stationnement, et dont elles ne se serviront que ponctuellement. Un véhicule partagé pourra peut-être éviter l’achat d’une seconde voiture pour un couple. La conséquen- ce est écologique. “Il faut chan- ger les comportements. C’est la concomitance de différents outils comme Autopartage qui vont permettre de faire évoluer à la baisse les émissions de gaz à effet de serre” explique l’A.D.E.M.E. qui participe à l’opération. “On considère que la mise en service d’une voiture autopartage correspond à sept places de stationnement gagnées. Donc dix voitures, ce sera 70 places gagnées, ce qui n’est pas négligeable” indique Jean-Louis Fousseret, maire de Besançon. Auto’trement et France-Auto- partage sont partenaires du dis-

positif qui sera géré suivant le principe d’une société coopéra- tive d’intérêt collectif d’autopartage. Au départ, le parc automobile sera composé de dix véhicules à essence (et non électriques à cause de leur autonomie limi- tée) dont ne connaît pas enco- re la marque. Huit stations seront aménagées dans des sec- teurs permettant une complé- mentarité forte avec les bus du réseauGinko et les stationsVélo- cité. Ces points de locations sont annoncés à Madeleine, Saint- Jacques, Gare-Viotte, Liberté, Beaux-Arts, Granvelle, Bersot, City. Le projet de première station régionale d’autopartage a fait sourciller quelques loueurs de véhicules sur la place à Besan- çon. C’est le cas de la société Auto Plus Location qui a déve- loppé depuis 2005 un système ingénieux pour proposer à ses clients une voiture de type Smart à partir de 7 euros par jour. Pour cela, cette enseigne de la rue Denis Papin couvre ses véhi- cules de marques publicitaires qui lui permettent de baisser le prix de la location. T.C.

utilisant une carte qui leur permettra de déverrouiller les portières et de démarrer le véhicule.À leur retour, ils rap- porteront le véhicule emprunté sur l’emplacement d’origine.” L’abonné qui par exemple utilisera une voiture pen- dant une heu- re avec laquel- le il effectuera

“Sept places de stationnement gagnées.”

Jean-Louis Fousseret a défendu avec enthousiasme ce nouveau projet.

SOCIAL

“La santé globale”

Vieillir sans être vieux La “Maison des seniors” a ouvert ses portes au 8, rue Pasteur à Besançon. Sorte de guichet unique pour toutes les questions du vieillissement.

C omme l’a justement rappelé Pau- lette Guinchard, venue couper le ruban le 5 décembre, “il y a quarante ans, on inaugurait partout en France des maisons des jeunes et de la culture, aujourd’hui, c’est une autre problématique que l’on a à gérer, celle de la vieillesse.” La Maison des

seniors est un lieu ouvert aux retraités de tout âge, familles, pro- fessionnels impliqués dans les questions rela- tives au vieillissement, Bisontins qui se posent des questions sur la vieillesse ou celle de leurs proches, bref, “un guichet unique consa- cré à la vieillesse” com- me le résumait Clau- de Jeannerot, le président du Conseil général du Doubs. Et parce que “la santé glo- bale de l’être humain est incontournable d’un

“Inventer un nouvel art de vieillir.”

bon équilibre socio-familial” comme le souligne Martine Iehl-Robert, pré- sidente du réseau gérontologique bison- tin et que l’on doit “inventer un nou- vel art de vieillir car on peut vieillir sans être vieux” ajoute M. Jeannerot, cette Maison des seniors est censée prendre toute sa place à Besançon. C’est Paulette Guinchard dira le der- nier mot pour convaincre du bien-fon- dé d’un tel lieu : “Quelle que soit la longueur de la bougie, la flamme est toujours la même.” Cette Maison des seniors doit faire vivre la citoyenneté en dehors dumon- de du travail et faciliter l’accès aux droits et aux services pour les per- sonnes fragilisées par l’âge et pour leurs familles. J.-F.H.

Martine-Iehl Robert, présidente du réseau gérontologique, a participé activement à la mise en place de cette nouvelle structure.

Rens.: au 03 81 41 22 04

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