La Presse Bisontine 106 - Janvier 2010

ÉCONOMIE

La Presse Bisontine n° 106 - Janvier 2010

35

CONSOMMATION Le prix multiplié par 5 Haro sur les marges ! Une enquête de l’association locale U.F.C.-Que Choisir révèle les énormes différentiels qui existent entre les prix payés aux producteurs et les tarifs affichés dans les rayons des magasins.

A vec leur petite calculette, les enquêteurs de l’association U.F.C.-Que Choisir ont sillonné 17 enseignes de la grande distribution dans dans le Grand Besançon, à Ornans et à Pontarlier en ciblant,

systématiquement, trois mêmes produits : une brique de lait, un paquet de deux filets de poulet et des côtes de porc préemballées. Le résultat de cette étude menée entre le 26 septembre et le 10 octobre der- nier est sans appel.

Pour un litre de lait ache- té aux éleveurs 0,29 euro, un litre de lait Candia est vendu en grande surface 0,82 euro, soit plus de deux fois et demi plus cher. C’est pire pour le

Les bénévoles de l’association U.F.C.-Que Choisir ont enquêté dans 17 grandes surfaces du Grand Besançon et du Doubs.

poulet : une barquette de deux filets de poulet “Le Gaulois” coûte au kilo 12,23 euros en rayon alors que le même kilo de filet de poulet vaut 2,11 euros au prix agricole. Là, c’est près de 5 fois plus cher. Pour l’échine de porc enfin, le différentiel est qua- si identique : 1,34 euro le kilo pro- ducteur contre 6,85 en magasin. Le constat de l’association de consommateurs est sans appel : “Les prix en magasin ont continué à augmenter alors que les prix agri- coles sont en baisse depuis deux ans” déplore sa présidente Monique Bisson. Exemple avec le prix du lait éleveur qui a baissé de 7 % entre septembre 2007 et sep- tembre 2009 alors qu’en rayon, un lait classique de marque distribu- teur a quant à lui augmenté de 11 % dans la même période. U.F.C.-Que Choisir a cherché à en savoir un peu plus sur les modes de calculs employés dans la grande dis-

tribution pour établir les marges. Sans succès. Les 17 grandes sur- faces ciblées ont été contactées par courrier avec un questionnaire. 9 enseignes seulement ont répondu et aucune n’a apporté de réponse claire : “Contactez la direction de la concurrence…” “La question des marges est confidentielle…” Voilà les réponses. “Il y a encore une gran- de opacité sur les marges” déplore la présidente Monique Bisson. L’association a fait un autre constat, c’est l’augmentation des prix dans les enseignes de hard-discount . Elle illustre le propos : “Nous avons constaté que si certains prix s’étaient stabilisés dans une enseigne comme Casino, le prix des mêmes produits avait sensiblement augmenté chez Leader Price, une enseigne du grou- pe Casino. Tout cela parce qu’en temps de crise, les consommateurs s’étaient rabattus en masse sur les enseignes de hard-discount …”

La principale conclusion de cette enquête est bien que “l’évolution des prix en rayon est sans lien strict avec les prix agricoles.” Pour tenter de réguler un tant soit peu ces dérives, U.F.C.-Que Choisir propose l’application d’un coefficient multi- plicateur tel qu’il existe déjà pour les fruits et légumes. La seulemena- ce de son application avait permis de limiter l’augmentation desmarges dans le secteur des fruits et légumes. J.-F.H.

2,11 euros prix producteur, 12,23 euros prix

Évolution entre 1992 et 2009 des prix agricoles comparés aux prix en rayon Prix agricoles Prix en rayon Lait - 5 % + 22 % Porc - 26 % + 25 % Volaille + 2 % + 41 %

consom- mateur !

Made with FlippingBook Learn more on our blog