La Presse Bisontine 106 - Janvier 2010

La Presse Bisontine n° 106 - Janvier 2010

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CONTRÔLE TECHNIQUE AUTO LE FORFAIT “PASS” : contre visite Incluse TARIF UNIQUE ESSENCE OU DIESEL

TRADITIONS PERDUES

“La foire franche” Beaucoup d’agriculteurs n’auraient manqué ce rendez-vous pour rien au monde. Lorsqu’un col- lègue décidait de vendre sa ferme (souvent lors- qu’il faisait valoir ses droits à la retraite et qu’aucun repreneur ne s’était manifesté), une vente aux enchères du matériel et/ou du bétail était organisée. C’était la “foire franche”,moment souvent difficile pour le vendeur qui voyait par- tir “ses bêtes” et l’occasion pour les acheteurs de faire de bonnes affaires. Un “spectacle” organi- sé par un crieur en charge d’organiser la vente de la voiture à foin en passant par la pirouette. Dans le Haut-Doubs, une famille de crieur était spécialisée de père en fils. Il s’agissait de la famil- le “Tutu” originaire de Gilley.

“Faire 4 heures” Un carré de chocolat, un morceau de pain, can- coillotte, saucisse… et le tour est joué. Faire 4 heures est moins répandu dans les familles du Haut-Doubs. Seules les familles d’agriculteurs continuent de perpétuer ce rendez-vous autour d’un bol de café et un morceau de pain. L’école qui se termine après 16 h 30 et surtout les acti- vités extra-scolaires ont eu raison de ce rite. Pire, les différentes campagnes pour contrecarrer l’obésité rabâchent sans cesse aux enfants qu’il ne faut pas grignoter entre les repas… Faire 4 heures a vécu. Sauf peut-être lors des vacances d’hiver où après une bonne journée dans la neige, le chocolat chaud est quasi obli- gatoire !

OUVERT DU LUNDI AU VENDREDI DE 7H30 À 18H30 NON-STOP AVEC OU SANS RENDEZ-VOUS 10, Rue Edouard Belin (Face à l’hopital Minjoz) 25000 BESANÇON Tél. 03 81 41 34 34

Le gras-double La panse de vache, autrement dit le gras-double, s’immisce de moins enmoins sur les tables franc- comtoises alors que ce plat était plus que tradi- tionnel. Confirmation d’un boucher-traiteur ins- tallé rue de la République à Pontarlier. “Si vous ne préparez pas votre gras-double, vous n’en ven- dez pas. Je les fais à la mode de Caen ou en sala- de. On ne peut pas comparer le gras-double aux salaisons fumées qui sont à la mode” explique Georges Bonnet, responsable du magasin créé par son grand-père. La tradition chez les Bon- net, sûr qu’ils en connaissent un étal. D’ailleurs, le père confie que les habitudes culinaires ont changé : “Il y a quelques années, la boucherie était pleine de 8heures à 10heures le dimanchematin… Les cuisinières faisaient mijoter la viande deux à trois heures. Aujourd’hui, c’est de 10 heures à 12 heures On fait moins cuire les aliments. Il faut que tout soit rapide.”

Les veillées entre amis La télé a eu raison de la veillée. Le soir, une fois la soupe terminée, la petite famille ne brave plus le froid et la neige pour se rendre à la ferme voi- sine. Cette mode s’est perdue une fois la télé venue. À proximité de la chaleur du fourneau, les femmes discutaient pendant que les hommes jouaient au tarot. La veillée des morts Disposer le corps d’un défunt dans la chambre familiale pour le veiller est aujourd’hui passé de vie à trépas. Les funérariums ont remplacé le lit conjugal où était soigneusement positionné le corps du défunt. Mains croisées sur le ventre et grains de chapelet bien ordonnés : tout était méti- culeusement préparé. La veillée des morts pou- vait durer jusqu’à trois jours et trois nuits pour la famille.

“Faire 4 heures” est perdu… sauf chez les agriculteurs et en période de vacances.

Le culinaire La tradition culinaire ne se résume pas à la saucisse deMorteau, au Jésus, aumont d’or ou au comté. Il y a aussi le gâteau de ménage, des beignets (à carnaval) et les sèches.On vous donne une recette de sèche : 200 grammes de beurre, un bol de crème, 1/2 verre d’eau,un peu de sel,500 grammes de farine. Mettre le tout dans une terrine et mélanger en faisant une boule. Ensui- te, faire 3 tours à la pâte en espaçant d’1/4 d’heure entre chaque. Cuire à four très chaud pendant 5 minutes. Les sèches doi- vent se “faire” dans une chambre froide. Le Pont’ Dans le Haut-Doubs, notamment du côté du Saugeais, on commande un Pont’ au bar. Point barre.Alcool anisé, le Pontarlier est unemarque de fabrique“made inHaut- Doubs” au point que certains groupes se sont créés pour revendiquer leur goût pour cet alcool à la couleur jaune et blanche. C’est le cas sur le réseau social Facebook sur Internet où les accrocs du Pont’ affi- chent leur amour pour cet apéro incon- tournable. Rien à voir avec l’autre jaune… celui du Sud de la France. Prenez un garçon badigeonné de rouge à lèvre avec une mini-jupe, le torse rasé à nu. Prenez de l’autre une fille déguisée en bonne sœur… et vous obtenez un couple qui va semarier.Non, non, ce n’est pas une blague. Les enterrements de vie de garçon ont retrouvé un certain dynamisme depuis cinq à dix ans mais ont changé de philo- sophie. Ce rendez-vous est nettementmoins brutal qu’il ne l’était auparavant. Fini les roulades dans le tas de fumier ou la douche aux orties. L’enterrement de vie de garçon ou de jeune fille

Georges Bonnet,

traiteur dans le Haut-Doubs, prépare encore le gras-double.

Les grenouilles La culinaire comtoise va de soi. Jésus et saucisse de Morteau, comté… font partie du patrimoine.Tout comme les grenouilles d’ailleurs. Au printemps, les grenouilles atterrissent dans la bouche.Après la four- rure et le foie gras, la Société vaudoise pour la protection des animaux a lancé une cam- pagne cantonale qui appelle au boycott de la délicate gourmandise batracienne. “Une grenouille pèse 125 grammes.Vous lui enle- vez les cuisses, qui représentent 20 % du poids total, et jetez le reste” dit la Société vaudoise. Dans le cas du bœuf (50 %) et du porc (40%) aussi le gaspillage est grand, mais pas à ce point. Les sèches comme le gâteau de ménage (ou de fête) font recette. Elles retrouvent leur place chez les boulangers-pâtis- siers.

La taille pour le tas de fumier

Mesurer la taille du tas de fumier pour savoir si la fille ou le fils était “bon ou bonne” à marier est bien loin. Symbole d’une richesse, un tas imposant traduisait un troupeau avec de nombreuses têtes. L’automatisation a eu raison de ce rite. La fourche et sa brouette servant à “arranger” les bêtes et l’étable ont été rem- placées par un chariot convoyeur.

Plus le tas est haut, plus riche était l’exploitant ?

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