La Presse Bisontine 106 - Janvier 2010

La Presse Bisontine n° 106 - Janvier 2010

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BESANÇON

Jérôme Cart

“Le centre-ville s’organise comme un centre commercial” Le président de l’Union des Commerçants estime qu’aujourd’hui le centre-ville a retrouvé des couleurs commerciales, mais il redoute que le projet de tramway ne vienne à nouveau compromettre toutes les initiatives qui ont été prises.

L a Presse Bisontine : Est-ce une bonne nouvelle pour les commerçants que le tracé du tram au centre-ville soit remis en cause ? Jérôme Cart : 82 % des commerçants plé- biscitent le tracé sur les quais. Le tram n’est pas notre projet. Nous ne sommes pas contre, mais pour nous, le tracé au centre-ville va nuire au commerce. Si cette option était validée, les consé- quences des travaux seraient terribles. Il y aura des faillites, c’est sûr. Nous sommes allés voir ce qui s’est passé à Reims, au Mans, la Chambre de Com- merce et de l’Industrie a réalisé une étude dans plus de 15 villes de Fran- ce qui ont le tram. On parle en connais- sance de cause. L.P.B. : L’Union des Commerçants a créé une commission Tram. Ce projet ne peut-il pas être synonyme de dynamisme commercial ? J.C. : Commercialement, ça n’apporte rien de plus. Les gens ne viennent pas au centre-ville pour le trammais pour y trouver de la chaleur humaine. Le tram n’est pas un accélérateur com- mercial, alors que les parkings, les ani- mations comme les braderies, ouVélo- cité en sont. Si la mairie nous écoutait,

pourrons réanimer cet ensemble d’un point de vue social, commercial, arti- sanal. Dès le mois de janvier, les com- merçants de Battant seront intégrés à nos groupes de travail. L.P.B. : Vous attendez donc que la Ville vous associe au projet de tramway ? J.C. : Nous avons des idées à lui sou- mettre, mais encore faudrait-il qu’elle nous écoute. Notre vie commerciale dépend des décisions de la municipa- lité. Nous avons intérêt à travailler intelligemment ensemble. Il y a des choses positives qui se font en parte- nariat avec la Ville. Vélocité et le Free- pass sont des initiatives très qualita- tives. Les gens nous le disent. Mais sur le projet du tram, il y a un manque de dialogue et de réalité commerciale de la part de la municipalité. L.P.B. : Entre les animations, le Free-pass qui permet d’offrir au client une heure de parking gratuite, et le magazine “En ville”, les com- merçants du centre-ville donnent l’impression de prendre leur destin en main ? J.C. : Le centre-ville s’organise comme un centre commercial. L’Union des Commerçants veut le gérer comme tel.

on pourrait lui apporter la preuve de cela. L.P.B. : La municipalité ne vous a donc jamais invité à vous prononcer sur ce dossier ? J.C. : Nous ne sommes pas invités aux réunions alors que nous sommes en première ligne. Nous allons demander à la Ville de nous inscrire à toutes les commissions, dont la commission d’indemnisation qui a pour but d’indemniser les commerçants situés sur le parcours du tram. Cette com- mission est censée indemniser la per- te d’exploitation des commerçants liée aux travaux. Malheureusement, nous avons pu le constater àAngers, la com- mission d’indemnisation n’empêche pas les faillites, puisque les compen- sations sont minimes comparées aux pertes. L.P.B. : En revanche, est-ce que son passage le long des quais apporterait une valeur ajou- tée au commerce ? J.C. : Le passage le long des quais per- mettra de rééquilibrer le quartier Bat- tant ainsi que le secteur d’Arènes et de Madeleine. Mais ça ne se fera pas tout seul. Il faudra voir comment nous

Jérôme Cart est à la tête de l’Union des Commerçants depuis deux ans.

On atteint nos objectifs, en deux ans le changement a eu lieu. Nous avons pris notre destin en main. Ce centre a des atouts extraordinaires que les zones commerciales n’ont pas, à nous de les valoriser. L.P.B. : Actuellement, l’Union des Commer- çants réunit 250 adhérents. Peut-on imaginer que demain elle englobe les commerçants de la rue Bersot, ceux du quartier Saint-Jean comme elle s’apprête à intégrer ceux du quar- tier Battant ? J.C. : La mairie nous pousse en ce sens. Cette démarche nous intéresse car ce sera un pas de plus fait en direction de la constitution d’un grand centre commercial. L’objectif serait d’apporter l’énergie commerciale à ceux qui en ont le plus besoin, à savoir ceux qui sont dans les extrémités de la ville. L.P.B. : Le projet Passages Pasteur aura deux ans de retard. Cela retarde d’autant l’arrivée de la Fnac entre autre. Ça vous dérange ?

J.C. : Pourtant, ce serait une bonne nou- velle qu’il y ait au centre-ville une gran- de enseigne commerciale qui joue le rôle de locomotive. Nous sommes véri- tablement inquiets de la lenteur de certains dossiers à Besançon. Il y a les Passages Pasteur, mais aussi le Plaz- za qui depuis six ans est une verrue au centre-ville. Le comble, c’est qu’il y a un projet bisontin autour du sport pour cette friche. L.P.B. : L’Union des Commerçants chercherait à financer un petit train au centre-ville. Vous le confirmez ? J.C. : Nous avons en effet l’intention de lancer une souscription pour relancer le petit train. Nous voulons trouver les financements pour que ce petit train soit la propriété de l’Union des Com- merçants. Il n’y aurait d’ailleurs pas un, mais deux petits trains. verra pour les projets… Propos recueillis par T.C.

QUARTIER

De l’autre côté de la Boucle

Commerce : Battant doit encore y croire

L es barrières commerciales entre Battant et la Boucle se lèvent. Des commerçants de Battant font le choix d’adhérer à l’Union des Commerçants plutôt qu’à l’association du quartier qui a du plomb dans l’aile. C’est le cas de Stéphane Lucas qui depuis le mois de mai tient Küro, un magasin de vêtements pour homme situé en bas de la rue. “J’ai voulu rejoindre une association dynamique qui me per- met d’avoir des “plus” pour mon commerce, tels que le Free-pass qui est apprécié par la clientè- le” dit-il. Actuellement, 110 enseignes distri- buent ces petits jetons, mais dès l’année pro- chaine l’Union des Commerçants a l’intention

Ce n’est pas nouveau, Battant porte les stigmates de difficultés sociales et commerciales qui ne sont toujours pas réglées. Mais ça pourrait changer… Attentes Ce que souhaiteraient les Bisontins Palmarès des enseignes qui font, aux yeux des consommateurs bisontins, le plus défaut dans la capitale comtoise. Ikéa ............................................26,52 % Fnac ...........................................23,72 % Leclerc ........................................7,59 % Auchan ........................................6,39 % Zara.............................................5,03 % Habitat ........................................4,23 % Cora ............................................2,15 % Étam............................................1,36 % Flunch .........................................1,28 % Virgin ...........................................0,96 % Toy’s r’us .....................................0,80 % Babou .........................................0,72 % Burton .........................................0,72 % Enseigne % de réponses

de faire passer une dotation obli- gatoire dans la cotisation pour que tous les commerçants de l’association aient au moins 200 Free-pass à donner. Le maillage commercial se tisse de part et d’autre des rives du Doubs. Il y a des attentes dans le quartier Battant, un secteur où la vie commerciale est mal- menée. Des professionnels com- me Stéphane Lucas espère pou- voir bénéficier du dynamisme de la Boucle dans le cadre de la bra- derie par exemple qui s’arrête pour l’instant au pont Battant. Peut-être l’enjambera-t-elle défi- nitivement ? Les espoirs sont forts et de son côté, l’Union des Commerçants a la main tendue vers ce quar- tier dans le but de créer une uni- té. Christian Mourey, président de l’association des commerçants de Battant n’est pas convaincu.

Plusieurs pas-de-porte sont fermés à Battant.

“Les pires illuminations de Noël.”

“Des commerçants de Battant ont toujours adhé- ré à l’Union. Ce n’est pas nouveau. Qu’est-ce que l’Union des Commerçants fera pour eux ? Je crois qu’ils seront déçus. Ils peuvent toujours aller mettre un cierge à la Madeleine…” dit-il. Christian Mourey est amer. Cela fait trente ans maintenant qu’il se démène avec quelques autres pour tenter d’animer ce quartier. Les années passent et la situation de Battant semble enco- re se dégrader. L’association de commerçants qui est “encore en vie” ne compte plus qu’une tren- taine d’adhérents qui vont encore se réunir pour envisager des pistes de réflexion et alerter une fois de plus la municipalité sur le contexte du quartier. Le mal est profond et “c’est pas une ker- messe qui va nous sauver” soupire Christian Mourey. Il ajoute : “Depuis 3-4 ans, une vingtai- ne de commerces sont fermés en permanence. Cet- te année, nous avons les pires illuminations de Noël de l’histoire des Bousbots. J’ai une photo-

graphie qui a six ans sur laquelle on peut voir des sapins dans la rue Battant, des illumina- tions dignes de ce nom. Cette fois-ci, moins d’une boutique sur cinq a fait un effort de décoration. Le problème de l’association ce n’est pas tant son nombre d’adhérents. Le plus difficile, c’est de motiver les gens à agir alors que le quartier comp- te 250 entreprises. Nous ne sommes pas les seuls. Tarragnoz, Rivotte, et les commerçants du pied de la Citadelle rencontrent les mêmes problèmes que nous.” Les commerçants veulent remettre à Jean-Louis Fousseret un ultime dossier sur le diagnostic du quartier qui concentre une partie de la misère sociale bisontine sur le trottoir. “En plus, ce qui nous pend au nez, c’est que le parking Battant passe payant.” Une décision qui reviendrait pour Christian Mourey à tirer sur l’ambulance. J.-F.H.

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