Le Doubs Agricole 33 - Novembre 2018

Hors série de la Presse Pontissalienne

HORS SÉRIE LE DOUBS AGRICOLE NOVEMBRE 2018 - N° 33

DU BIOGAZ DANS NOS FERMES

Le dossier en p. 9 à 17

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SOMMAIRE

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é d i t o De l’eau dans le lait

Page 4 ACTUALITÉ Les 50 ans des Monts de Joux. Page 6 DIVERSIFICATION Du lait de soja Made in Franche-Comté. Pages 9 à 17 LE DOSSIER La méthanisation : 13 installations dans le Doubs et le Territoire-de-Belfort. Le point sur cette nouvelle source d’énergie. Pages 20 INTERVIEW Alain Mathieu, le nouveau président de la filière comté. Page 22 SÉCHERESSE Les impacts sur l’activité agricole. Page 24 FOCUS Les agriculteurs pompiers : une équipe d’experts animaliers. Page 30, 31 TECHNOLOGIE La société Jean-Louis Amiotte investit dans une application

L a sécheresse n’en finit plus de vider les citernes, les rivières et les nappes, et d’ali- menter les conversations, les doutes et les inquiétudes du mon- de agricole qui a tout à craindre d’un changement climatique susceptible de mettre en péril une économie axée autour de la ressource lait. Une ressource déjà mise à mal par les travers d’une urbanisation censée être contenue, maîtrisée, mais qui n’en finit pas de grignoter de belles terres arables. Philippe Louvrier, le directeur des Monts de Joux, - l’en- treprise célèbre son cinquantième anniversaire en 2018 - estime que cela représente une surface néces- saire à la production de 100 tonnes de comté par an. Si cette “menace” est bien identifiée, il en va tout autre- ment des changements climatiques qui bouleversent le rythme des sai- sons et le régime des précipitations habituellement observées dans la région. Si les réserves d’eau accu- mulée au printemps ont permis la récolte fourragère, la sécheresse persistante qui s’en est suivie a sérieu- sement compromis la suite du pro- gramme. Sans eau, plus d’herbe en quantité suffisante. Beaucoup ont dû puiser dans les réserves. Quid de la ressource lait ? Même si la ration peut être complétée, l’apport en farine est plafonné dans les A.O.P. et cela a forcément un coût écono-

mique. Sans oublier aussi qu’une vache peut boire jusqu’à 100 litres d’eau par jour. De quoi mettre à mal les capacités de stockage et de s’in-

terroger in fine sur la manière de s’adapter à l’évolution du climat qui ne laisse en rien présager d’un retour aux sources. n

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ACTUALITÉ 4

B A n n A n s Les Monts de Joux, 50 ans que ça dure Présente sur les quatre A.O.P. fromagères du massif jurassien, la coopérative des Monts de Joux plus en forme que jamais s’engage vers l’avenir en restant fidèle à son modèle économique et aux valeurs de la coopération.

80 millions d’euros de chiffre d’af- faires, 280 exploitations laitières, un effectif salarié qui varie entre 150 et 200 personnes suivant la saisonnalité du mont d’or : les chiffres parlent d’eux-mêmes. “Cette performance économique contribue à renforcer la responsabilité sociale de

L’histoire des Monts de Joux s’écrit en deux cha- pitres de 25 ans chacun. “La première période est liée au développement d’une fromagerie moderne axée sur la fabrication d’emmental qui était à l’époque la principale production froma- gère en Franche-Comté” , rappelle le directeur. Changement de cap à partir des années quatre-

vingt-dix quand la coopérative des Monts de Joux se lance à la conquê- te des A.O.C. comtoises : morbier, mont d’or, comté, bleu de Gex. Elle comprend aujourd’hui 12 ate- liers dans le Haut-Doubs et le Haut-

l’entreprise et sa capacité à répondre aux enjeux environnementaux. Ici, la création de valeur se répartit entre tous les sociétaires. L’avenir s’an- nonce serein si l’on arrive à pour- suivre dans cette voie” , souligne

La création d’une nouvelle fruitière.

gnant la volonté des Monts de Joux de mainte- nir tous ces outils. La taille des Monts de Joux est suffisamment importante pour réunir des compétences tech- niques et commerciales très pointues, ce qui au final permet à l’entreprise de maîtriser tous les maillons, de la collecte du lait à la commerciali- sation des fromages. À l’exception de l’affinage confié à Monts et Terroirs et Seigne-Martin. Les Monts de Joux fabriquent 10 000 tonnes de fromage chaque année, majoritairement en comté. “C’est sur cette A.O.P. que l’on a le plus de marges de progression alors que pour le mor- bier et le mont d’or, on est sur des marchés matures. D’un point de vue stratégique, il fau- dra aussi être en capacité d’assurer la ressour- ce en lait sachant que chaque année l’urbani- sation grignote l’équivalent de 100 tonnes de comté.” D’où la volonté de la coopérative d’être plus active et mieux représentée au sein de la filière. Une réflexion est également en cours sur la créa- tion d’une nouvelle fruitière à comté sur le site de Bannans. “Il s’agit plutôt de réorganiser les volumes dans les coops existantes pour mieux réguler les pics de fabrication du comté. L’étu- de technique est en cours. Elle pourrait être opé- rationnelle en 2021” , conclut Philippe Louvrier en rappelant la médaille d’argent décrochée récemment lors du concours du syndicat du mont d’or. n Réunion présidentielle aux Monts de Joux avec de gauche à droite et de bas en haut, Roger Pontarlier, André Vieille-Mecet, Yves Louvrier l’actuel président, et debout, le directeur Philippe Louvrier et Michel Beuque. Manquent le premier président Paul Charmier, Raymond Bourdin et Claude Bernard.

Philippe Louvrier qui dirige les Monts de Joux depuis 2006. De quoi saluer l’audace des trois mousquetaires Paul Charmier, Raymond Bour- din et Just d’Houtaud à l’origine de ce qui fut au départ la Société Coopérative de la Région de Pontarlier, ou Socorep. Dès le démarrage, le pro- jet se distingue par son ampleur puisqu’il englo- be six fromageries. Un choix stratégique entre- pris pour répondre à une dévaluation du prix de vente du lait fixé par le préfet. L’implantation à Bannans relève purement d’une opportunité fon- cière. Pour la petite histoire, la fromagerie fut inaugurée le 26 septembre 1970 en présence d’Edgar Faure et de Jacques Duhamel alors ministre de l’Agriculture.

Jura dont 10 fruitières à comté, la fromagerie de Mont-Brillant orientée vers le bleu de Gex et la fromagerie de Bannans avec ses lignes de pro- duction en morbier et mont d’or. “Cette organi- sation multi-sites participe à la préservation d’une activité économique et sociale sur les territoires ruraux. Elle s’inscrit aussi dans le respect du cahier des charges des A.O.P. qui relève déjà bien avant l’heure d’une logique de développe- ment durable. De gros investissements ont été réalisés sur le site de Bannans au cours de la dernière décennie. On s’est ensuite concentré sur la modernisation des ateliers à comté. On a construit une nouvelle fruitière à Andelot-en- Montagne” , poursuit Philippe Louvrier en souli-

Les Monts de Joux sont présents sur les quatre A.O.P. jurassiennes.

L A L O n g e v i L L e

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La ferme de l’Étravers en mode circuit court Promis à reprendre le garage familial,

également de la R.D. 437. Ce qui m’évite de chercher des points de vente ou de faire les marchés locaux. Il y a assez de passage” déclare Cédric. Avant de se lancer, Cédric suit une formation professionnelle dans l’élevage à Châteaufarine. Il complétera son bagage à Bourg-en-Bresse avec un autre diplôme axé sur la transformation, les normes et les règles d’hygiène dans l’alimentaire. Encore assez jeune pour bénéficier des prêts à l’installation, Cédric Mainier se met à son compte au 1er janvier 2014 en privilégiant trois élevages : porc, volailles et lapins. Il se diversifie plus tard dans un atelier de poules pondeuses. Histoire de ne pas mettre ses œufs dans le même panier. Bio ou pas bio ? Bourgogne-Franche-Comté. La qualité avant la quantité. Conscient que sa réussite repose avant tout sur sa capacité à séduire les palais, le nouveau transformateur reste dans une logique d’élevage à taille humaine avec le respect des animaux et des saisons. “Dans l’année, je dois faire 1 000 volailles par an. Tous les porcs sont élevés sur paille et foin, et nourris à base de céréales. Dans quelques saisons, je compte plus m’orienter vers des porcs plein air” , poursuit Cédric Mainier qui Lui a fait le choix du circuit court. Toutes ses bêtes sont élevées sur place avec des aliments sans O.G.M., produits pour l’essentiel en

I l en rêvait, il l’a fait et pourtant tout laissait sup- poser qu’il allait suivre une autre voie. Mais tou- te expérience peut s’avérer utile. “Au départ, j’avais une formation en informatique avant d’in- tégrer le garage familial à Morteau où je faisais plu- tôt de la mécanique et de la carrosserie. Au fond Cédric Mainier a laissé tomber un destin tout tracé pour se reconvertir dans la transformation et la vente de produits fermiers. Une reconver- sion réussie au pays du comté.

Cédric Mainier de la ferme de l’Étravers privilégie l’élevage en plein air des poulets de chair, pintades et poules pondeuses.

de moi, j’avais toujours projeté d’exer- cer un jour dans l’agriculture” , explique Cédric Mainier. Le déclic viendra en 2013 à la retraite de ses beaux-parents agriculteurs

La qualité avant la quantité.

pratique ainsi avec ses poulets de chair, ses pintades et poules pondeuses. La saisonnalité à la ferme de l’Étravers, c’est par exemple du boudin et des salaisons fabriqués seulement en hiver ou dans un autre registre, des produits barbecue pour l’été. Le choix de la proximité n’est pas sans contraintes, notamment sur le plan de la disponibilité. Peu de temps libre, des semaines à rallonge, Cédric a quand même la chance de pouvoir accompagner ses petites filles tous les jours à l’école voisine. Pour autant, il ne regrette pas cet engagement vers les produits fermiers et ne doit sa réussite qu’à lui-même. n

installés à La Longeville. L’occasion inespérée de mettre assez facilement la main sur quelques hectares de terre qu’on sait très convoités dans la filière comté et en zone frontalière. Cette cessation d’activité offre aussi l’opportunité de récupérer des locaux dans la partie élevage de la ferme. “On n’a pas trop hésité mais cela impliquait d’investir dans un laboratoire, une salle de découpe et un magasin de vente directe. La ferme est bien située en bord de route entre Montbenoît et Gilley, pas très loin

ACTUALITÉ 6

r i g n e y Le premier lait de soja fermier est franc-comtois

David Beudet est le premier producteur de lait de soja en france. son exploitation Doubs céréales, installée

à rigney, inspire déjà d’autres agriculteurs.

L e pari peut sembler osé. Surtout dans une région comme la nôtre, historiquement tournée vers l’élevage laitier convention- nel. Mais ce céréalier l’assure, il ne veut pas voir disparaître nos Comtoises des champs ! Loin de là. Son grand-père, puis son père et son oncle, ayant eux-mêmes commencé par cet élevage avant de se tourner vers les tau- rillons puis les céréales. Il y a vu avant tout une diversification de ses activités après un pas- sage par la culture maraîchère. “Ma femme a acheté un jour des yaourts au soja. Nous avons trouvé ça bon et nous avons voulu en faire nous-

David Beudet transforme le soja qu’il a cultivé et produit aussi outes sortes d’huiles et de farines.

mêmes” , explique-t-il. Bien sûr la culture du soja ne lui était pas étran- gère. “Mon père a été le premier à en mettre il y a 40 ans et on le vendait à la coopérative pour le marché de la nutrition animale.” Restait pour autant à la transformer. “Nous avons cherché une machine, il n’en existait pas en Europe, seulement en Inde ou en Chine, nous nous sommes donc tournés vers un distributeur fran- çais.” Après avoir patienté six mois pour récep- tionner ce nouvel outil, il se lance donc dans la production de lait de soja au début 2018. tivé et consommé depuis des millénaires” , reconnaît David Beudet, mais elle démarre peu à peu. “Cela intéresse surtout les vegans et les personnes souffrant d’intolérance au lactose.” Au point que des jeunes exploitants du Cher ont pris son attache pour se renseigner sur les méthodes de fabrication. David, lui, a choisi d’y greffer rapidement de nouvelles activités. “On s’est dit qu’on pouvait faire de la farine de soja avec la matière res- tante, une fois le lait produit.” L’achat d’un mou- lin en provenance du Tyrol, a entraîné ensuite La consommation reste globale- ment modérée en France, “à l’in- verse de l’Asie où le soja est cul-

d’autres investissements dans une machine pour faire de l’huile, puis une autre pour faire des flocons de céréales. Sur ses 185 hectares, l’exploitant doubien cultive aujourd’hui blé, orge, soja, maïs, colza, épeautre, sarrasin, chanvre, tournesol, seigle, lentille et avoine. Outre son lait végétal, il vend ainsi différents types de farines, d’huiles et de céréales et proposera bientôt des graines décortiquées. “Mon ami boulanger de “La Mi Do Ré” à Besan- çon m’avait sollicité pour faire du pain avec une mandant à son tour des farines, suivie du maga- sin Intermarché à Baume-les-Dames. Aujour- d’hui, les produits Doubs céréales sont référencés dans une vingtaine de magasins, jusque dans les fruitières du Haut-Doubs et chez le primeur Jacoulot à Morteau. En décembre, il intégrera aussi le magasin de producteurs “Esprit pay- san” à Vesoul et fournira en farine la boulan- gerie qui y sera adossée. Pour l’heure, sa pro- duction est axée sur une agriculture raisonnée et certifiée sans O.G.M. mais la conversion bio pourrait être une prochaine étape. n farine locale. Après les premiers essais, il était vraiment conquis par les odeurs et la texture. Et cela a fait boule de neige.” La “Huche à pain” à Rivotte lui com-

185 hectares exploités.

Sa boisson soja est vendue 2 euros le litre.

P U B L i - i n f O r M A t i O n

La ration fourragère pesée, dosée et livrée automatiquement à la crèche

C haque matin, l’un des quatre associés de l’exploitation vient charger en fourrage le tapis de stockage situé dans la grange au-dessus du bâtiment d’élevage. D’une longueur de 15 mètres, il peut contenir 10 balles rondes, soit de quoi nourrir pour 24 heures tout le cheptel du G.A.E.C. qui compte 300 bêtes dont 150 vaches laitières. Le chargement bascule au fur et à mesure dans une mélangeuse équipée de gros couteaux. “On a dû trouver le bon compromis pour obtenir un mélange homogène, coupé à la bonne taille” , explique Jean-Fran- çois Girard, commercial chez Coste. distribution de fourrage autonome. Gain de temps pour les hommes, ration plus homogène et plus régulière pour les bêtes. Chacun s’y retrouve. Après la pailleuse automatique, le G.A.E.C. du Séquoia à Arçon investit dans un système de

La mélangeuse remplit progressivement le chariot de distribution.

ne peut plus trier. C’est trop homogè- ne. Il n’y a quasiment plus de refus” , ajoute Jean-François Girard. La pesée apporte aussi une précision dans le dosage pratiquement impossible à repro- duire manuellement. “C’est le seul sys- tème qui permet de passer des bottes carrées, des balles rondes ou du foin en vrac. On peut aussi le programmer pour obtenir différents dosages en fonc- tion de l’état des bêtes. La ration ne sera pas la même pour les vaches taries par exemple.” Par rapport aux autres systèmes exis- tants, Jean-François Girard estime qu’on passe “du sandwich à la cuisine” , d’un système de superposition foin-regain à un vrai mélange homogène et bien dosé prenant en compte l’état des bêtes, les conditions climatiques, la qualité des fourrages. Rien ne se perd au G.A.E.C. du Séquoia où l’on ajuste son stock pour passer l’hivernage sans souci. n

D’une longueur de 15 mètres, le tapis d’alimentation peut contenir 10 balles rondes, de quoi alimenter tout le troupeau pendant 24 heures.

“ Le foin, il faut qu’il pique quand on l’em- poigne à la sortie de la mélangeuse, c’est la texture la plus digeste pour la vache” , complète Fabien Henriet qui travaille sur cette exploitation avec son père Séraphin, son cousin Florent et son oncle Jean-Marie. Le bol remplit ensuite le chariot de dis- tribution qui se déplace suspendu à un rail pour alimenter d’un côté les vaches et de l’autre le reste du troupeau. “On retrouve généralement ce système de distribution en zone d’ensilage. Il a fal- lu trouver un constructeur, à savoir G.E.A., pour mettre au point une machine adap- tée au fourrage sec à faible densité ou en poids. C’est la première installée dans le Doubs par les établissements Coste qui répond aux attentes du client en res- pectant le cahier des charges de la filiè- re. Le chariot s’autogère avec un sys- tème de pesage embarqué. Ce qui permet d’ajuster précisément ensuite la ration en régulant sa vitesse de dépla- cement pendant la distribution” pour- suit Jean-François Girard. Tout est contrôlé et programmé par une application dédiée qui définit à la fois le dosage et rythme la distribution. “On essaie de se rapprocher le plus pos- sible du système prairie en répondant au comportement des vaches quand elles sortent (le Gaec ne pratique en aucun cas le hors sol, le système rem- place ce que les associés faisaient à la main auparavant). Le but n’est pas de

remplir le chariot mais d’assurer une distribution régulière pour que les vaches aient toujours de quoi manger. Le cha- riot effectue en moyenne 16 passages par jour.” Le chariot fonctionne sur bat- terie, ce qui lui permet de longs dépla- cements en autonomie et beaucoup de flexibilité. Avec un an de recul, Fabien et ses associés ne voient que des avan- tages dans ce système de distribution automatisé. Plus de confort de travail en évitant ainsi d’avoir à manipuler manuellement l’équivalent de 800 tonnes de fourrage produit sur l’exploitation. L’automatisation limite l’exposition des hommes à la poussière. Elle permet aus- si de gagner du temps. “Cela repré- sente environ 2 heures de travail en moins par jour. Avec la pailleuse, on économise pratiquement le travail d’un homme.” De quoi gagner sur la qualité de vie, passer du temps en famille, avoir des loisirs. Moins d’efforts physiques fournis pour un résultat agricole encore plus perfor- mant avec un système d’alimentation optimisé. “Avec la mélangeuse, la vache

Les couteaux qui homogénéisent le mélange fourrager.

“Le foin, il faut qu’il pique”, explique Fabien Henriet en évoquant la texture plus la facile à digérer pour la vache.

Tout le système est géré à partir d’une application dédiée.

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DOSSIER

9 LA MÉTHA ARRIVE À LA FERME

Entre le Doubs et le Territoire-de-Belfort, on dénombre aujourd’hui onze installations dont trois en construction. Des unités de méthanisation principalement agricoles, de tailles différentes, valorisées essentiellement en cogénération avec un réseau de chaleur utilisé pour le chauffage des bâtiments et des habitations, le séchage en grange ou pour des

cultures sous serre. Point de situation.

e n J e U x

“La plus-value de la métha doit rester aux agriculteurs”

L’Association des Agriculteurs Méthaniseurs de france (A.A.M.f.) défend les intérêts de la profession. entretien avec francis Claudepierre qui préside la structure depuis deux ans.

L ./ -% +/ ,)!-*./#/ %.* %.+/ -'+/ ./$, +.('&')-(/+%,/* &++-!)&')-(/ ,&(!)+/ *&% .$).,,./# On a commencé à se fédérer à deux agriculteurs-méthaniseurs en 2005 pour se constituer en association en 2010. L’A.A.M.F. rassemble 200 membres, soit environ lamoitié des exploitations engagées dans lamétha- nisation. L’association emploie deux salariés et on devrait en recruter deux autres. Il y a encore beaucoup à faire pour diffuser le retour d’expé- rience, se faire entendre efficacement là où les choses se décident et être acteurs de la construc- tion de la filière. /#/ %.*+/+-('/*.+/.( .% /$-%,/*&/$,- .+ +)-(/& ,)!-*./ " "/# On ne veut pas que les agriculteurs servent de faire-valoir. Beaucoup de projets industriels proposent des partenariats avec des agriculteurs mais on ne souhaite pas l’avènement d’un Lac- talis de la méthanisation. La plus-value de la métha doit rester à l’agriculture. Les industriels veulent utiliser les effluents et les terres pour bénéficier des contrats de rachat. Aux agriculteurs de prendre leur destin en mains. Le problème aujourd’hui, les éleveurs sont écrasés par d’autres priorités. /#/ - ).(/ /& ' )*/ )(+'&**&')-(+/.( ,&(!./ " "/# Entre 450 et 500 d’ici 2019 alors qu’en Alle-

magne on en compte déjà 12 000. La France figu- re parmi les derniers de la classe en Europe. La plupart des installations françaises sont orientées vers la production d’électricité par cogénération avec vente à E.D.F. On est face à un partenariat contraint mais depuis quelque temps, la filière bio- gaz G.R.D.F. nous accueille à bras ouverts. Cet- te formule présente tous les avantages avec une énergie renouvelable, stockable et prévisible. Seul problème : le réseau de gaz n’arrive pas partout donc il n’est pas possible d’injecter tout le mon- de. L’avenir de la méthanisation va vers le bio- méthane car si E.D.F. n’a pas besoin d’électrici- té G.R.D.F. est demandeur, ce qui change tout. La cogénération coûte moins cher mais le ren- dement est double, sous réserve d’avoir un réseau de distribution à proximité. /#/ -',./$-)('/ ./ %./+%,/*&/ ' &()+& ')-(/$&,/ -)./+ ! ./ " "/# Cela fait 10 ans qu’on dit de ne pas faire de la voie sèche contre l’avis des chambres d’agri- culture qui ont aujourd’hui des échecs sur les bras. Vous en avez une à Rahon. Pour certains cas, cela fonctionne mais avec des rendements très moyens. Ils ne gagnent rien. /#/ .+/!*. +/$-%,/, %++),/+-(/$,- .'/ " "/# Les installateurs vendent trop cher les constructions. En Allemagne, le prix du kWh ins-

tallé est de 5 000 euros alors qu’en France on est à 7 000 euros. Ce n’est pas normal. Les sub- ventions, il faut les demander sans compter des- sus. Mieux vaut donc viser l’autonomie financiè- re tout comme au niveau des matières premières apportées. Par expérience, je suggère de ne pas hésiter à partir se former, à faire des stages. C’est comme quand on s’installe en agriculture. /#/ % .(/.+' )*/ %/, *./ ./* '&'/$-%,/.(!-% ,& .,/*./ .*-$$. .('/ ./!.''./ (., ). ,.(-% .*& *./ " "/# La politique du gouvernement n’est pas clai- re du tout avec des services fiscaux qui souhai- tent taxer tous les carburants, y compris sur le biométhane. Bercy veut récupérer tout l’argent possible. On devine le poids des lobbies élec- trique et nucléaire dans la bataille de l’énergie. n ,-$-+/,.!%.)**)+/$&,/ " " Précurseur de la méthanisation, Francis Claudepierre ne veut pas que la profession serve de faire-valoir aux industriels qui ont besoin d’effluents et de terres agricoles.

v i L L e r s - s A i n t - M A r t i n DOSSIER 10 Méthanisation

et spiruline au G.A.E.C.

du Puy de la Ville L’arrivée de florian Jeannot sur ce g.A.e.C. familial est à l’origine de l’installation de méthanisation de 65 kWh dont la chaleur sert à chauffer une serre à spiruline.

L a méthanisation peut être une opportunité à saisir pour un candidat à l’installation. C’est l’option retenue au G.A.E.C. du Puys de la Vil- le pour accueillir Florian Jeannot. Ce dernier travaille avec ses parents Michel et Colette et son oncle Phi- lippe sur une exploitation à 640 000 litres de lait standard livrés à l’Er- mitage, complété par un atelier d’engraissement de taurillons. Le parcellaire s’étend sur 215 hec- tares de terre dont 60 hectares de petite installation de 65 kWh”, explique Florian Jeannot installé depuis mai 2016. Comment valoriser la chaleur ? La solution est venue en regardant une émission sur la spiruline, cet- te algue aux multiples propriétés très appréciée des sportifs. “Plus on valorise, plus a a de chance de toucher la prime de la chambre d’agriculture” , justifie le jeune agri- culteur. L’installation de méthani- sation du fabricant Agrogaz com- porte un digesteur de 600 m 3 . Elle a été mise en service en janvier et les premières récoltes de spiruline remontent à juin dernier. Le coût global du projet s’élève à 720 000 euros dont 170 000 euros pour la serre abritant 480 m 2 de bassin. “Au bout de 9 mois et demi, on comptabilise déjà 6 000 heures de fonctionnement. Un contrat d’achat sur 20 ans offre bien plus de visibilité que le cours du lait stan- dard. Pour l’instant, toute la cha- leur est transférée vers la serre.” La spiruline est en fait une cyano- céréales. “On n’avait pas assez de surface pour sortir un revenu supplé- mentaire. Après réflexion, on a choisi de partir en méthanisation avec une

bactérie riche en protéines. Elle a besoin de beaucoup de luminosi- té mais pas d’être exposée direc- tement aux U.V. “On récolte tous les jours ou un jour sur deux en basse saison sachant que l’on peut travailler pratiquement toute l’an- née grâce à la chaleur issue de la méthanisation.” La récolte s’effectue par pompa- ge puis séchage entre 35 °C et 38 °C pour obtenir une pâte débi- tée ensuite en spaghetti. Avec 10 kg de pâte, on obtient 2 kg de spiru-

“Le séchage s’effectue à une température qui varie entre 35° et 38 °C pendant 3 ou 4 heures maxi”, explique Sébastien Jeannot.

line conditionnée en sachet de 100 g, vendu 15 euros. Disponible en ligne, la Spiruline du Doubs est surtout com- mercialisée en vente à la

480 m 2 de bassin.

ferme. “Pour l’instant, tout part en direct auprès d’une clientèle loca- le de sportifs et de personnes âgées. On espère produire 500 kg sur une saison complète. Cette culture nécessite de prendre beau- coup de précaution sur le plan de l’hygiène notamment au moment de la récolte. C’est plus intéres- sant que de produire de l’électri- cité même si on y passe aussi plus temps.” n

La serre comprend trois bassins de culture.

Carte des installations de méthanisation en Bourgogne- Franche- Comté à fin 2016.

Source A.D.E.M.E. B.F.C.

P U B L i - i n f O r M A t i O n

Presta Découpe Viande, le “sur mesure” de la découpe

P resta Découpe Viande, prestataire reconnu dans la transformation de viande, est le parte- naire de nombreux éleveurs de la région pour qui cette entreprise “assure une découpe sur mesure” observe Marc Notheisen qui a repris la socié- té avec son fils Guillaume en juillet dernier. L’entre- prise de Boussières, située à un quart d’heure de Besançon, réalise également de la salaison artisana- Dominique Bague poursuit sa croissance, avec deux credo : la proximité et la qualité. Reprise en juillet dernier par Marc Notheisen et son fils Guillaume, l’entreprise créée à Boussières par

Guillaume Notheisen, spécialiste de la découpe.

le, “en suivant une méthode traditionnel- le, bien loin des pro- cess industriels” ajou- te le nouveau co-gérant.

“Nous sommes des artisans, et fiers de l’être.”

Presta Découpe Viande qui propose également, atte- nant à l’atelier de découpe, une boutique de vente directe où sont vendus viandes (bœuf, porc, veau…), salaisons (saucisses, palettes…), produits charcu- tiers (terrines, saucissons…) et autres produits régio- naux de terroir à une clientèle de plus en plus nom- breuse qui ne s’y trompe pas : les prix sont d’ailleurs plus attractifs en moyenne que dans une boucherie classique. Presta Découpe Viande bénéficie de deux agréments garants d’une qualité optimale : la transformation bio et la norme C.E. qui assurent une traçabilité et une hygiène irréprochables. “Nous avons des contrôles sanitaires très réguliers, ainsi que des auto-contrôles et des contrôles surprises.” En reprenant la société en juillet dernier, Marc et Guillau- me Notheisen se sont également appuyés sur le savoir- faire des trois salariés déjà présents, “qui sont tous des bouchers confirmés avec chacun entre 20 et 25 ans d’expérience.” Ils poursuivent ainsi la démarche engagée avant eux dès 2007 par Dominique Bague, tournée vers la qualité. Marc et Guillaume Notheisen se sont également inscrits dans la droite ligne des éleveurs qui leur font confiance, dignes de leur ter- roir et de leur territoire. “Nous sommes des artisans, et fiers de l’être” conclut Marc Notheisen. n

rels que sont les épices et le sel. Nous représentons ainsi un des circuits les plus courts qui puissent exis- ter” ajoute M. Notheisen. Les viandes transformées ici sont d’origine franc-comtoise garantie, avec cet- te maturation qui leur assure tendreté et saveur. La viande préparée dans les ateliers de Boussières est ensuite livrée fraîche, ou sous-vide aux clients, garantie du respect de l’intégrité du produit. Près de 300 éleveurs ont déjà fait confiance au savoir-faire de

Chez Presta Découpe Viande, “on transforme essen- tiellement du bœuf, plus de 500 têtes par an, ainsi que du porc, du veau… Tout ce que l’on transforme, ce sont des bêtes maturées une quinzaine de jours. On n’ajoute aucun additif, mis à part les produits natu-

Marc Notheisen et son fils Guillaume, co-gérants, dans la boutique de vente directe.

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DOSSIER

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À chacun sa méthanisation La société Bureau d’études Blanchet (B.e.B.) intervient à la demande d’agriculteurs prêts à s’engager dans la méthanisation. retour d’expertise. H U A n n e - M O n t M A r t i n

“Une réflexion est à mener sur le développement de la micro-méthanisation avec valorisation directe sans le souci du moteur”, analyse Patrick Blanchet de la société B.E.B.

A vant de monter son propre bureau d’études, Patrick Blanchet initialement direc- teur technique dans l’in- dustrie automobile allemande s’est formé aux énergies renouvelables. “J’intervenais dans le montage d’installations photovoltaïques en milieu agricole. Je suis passé à la méthanisation par le biais d’un de mes clients, la ferme André à Lan- dresse où j’ai monté ma première installation biogaz en 2015.” Pour ce technicien, difficile de viser la rentabilité sur des installations dont la puissance est inférieure à 250 kWh. Et encore, sous réserve d’être autonome au niveau des intrants car cela coûte de plus en plus cher si l’on s’approvisionne à l’extérieur. “Cela peut représenter jusqu’à un tiers du prix” , averti

Patrick Blanchet, soucieux de pro- poser un accompagnement per- sonnalisé en faisant appel à d’autres spécialistes. Il sollicite ainsi un ther- micien, un géologue pour l’étude des sols et un biologiste pour le démarrage et les analyses. “La bio- logie, c’est le nerf du système.” Il rappelle que les installations de méthanisation relèvent de la régle- mentation des sites classés sou- mis à déclaration, enregistrement ou autorisation suivant leur taille et la nature des intrants. Si la méthanisation reste encore pour 90 % des projets une affaire agricole, c’est avant tout une ques- tion de foncier disponible pour l’épandage du digestat. Un des freins par exemple au développe- ment de la méthanisation dans le Haut-Doubs contraint au niveau du

parcellaire, sans oublier l’absence de cultures. Pour autant, Patrick Blanchet, estime qu’aujourd’hui la méthanisation offre des solutions techniques à pas mal de configu- rations. “On fait des installations sur des fosses à lisier en porche- rie où le biogaz alimente la chau- dière chauffant les bâtiments.” Il estime aussi possible de réaliser des unités de 50 à 60 kWh adap- tées aux exploitations de taille moyenne. L’objectif n’étant plus de viser uniquement la rentabilité éco- nomique mais d’optimiser la ges- tion des intrants. “On pourrait ima- giner monter un réseau de chaleur pour chauffer les habitations et les bâtiments agricoles. Cela permet de valoriser les déchets de façon sécurisée sans avoir à gérer les soucis liés à la cogénération, c’est-

à-dire au moteur. Cette solution représenterait entre 200 000 et 300 000 euros d’investissement facilement amortissables” , suggè- re Patrick Blanchet en insistant sur cette notion d’autonomie. Par expé- rience, il préconise aussi de décli- ner cette autonomie à l’échelle d’une seule et même exploitation. Mieux vaut donc éviter de s’asso- cier. Plus généralement, il confirme l’en- gouement autour de l’injection gaz sur des réseaux de 4 à 16 bars. “Cela fonctionne sur des installa- tions de taille importante avec un rendement supérieur de 20 à 30 % par rapport à l’électricité. On peut même faire de l’injection sur le réseau de transport G.R.T. gaz, mais là on se rapproche de la méthanisation industrielle.” n

Le G.A.E.C. Alix prêt à doubler la mise Cette ferme laitière en A.O.P. morbier a investi dans l’agriculture énergétique avec la bonne surprise d’un séchage en grange particulièrement efficient. L’envie d’aller plus loin. M O n t e n O i s

La première année, l’installation a fonctionné 7 820 heures en cogénération contre 8 680 heures depuis un an. La vente d’électricité génère un pro- duit d’environ 12 500 euros par mois. “Le séchage en grange, je n’y croyais pas. Maintenant je suis convaincu. Il aurait même fallu y passer il y a 15 ou 20 ans. Cela nous permet d’économiser 20 000 euros d’achat d’aliment en année normale et je pense qu’on sera plutôt vers 40 000 euros en 2018. On a une qualité de fourrage indéniable. Grâce au séchage en grange, on a fait les foins la première semaine de mai et une coupe de regain autour du 15 juin avec le même tonnage de fourrage. Les kilos de lait sont dans le séchage. On peut rentrer beaucoup plus de fourrage, on économise de l’engrais. Le digestat per- met de disposer des unités d’azote immédiatement. C’est un ensemble.” L’installation tourne aujourd’hui comme une horloge sans grosse marge de progression, d’où l’idée d’in- vestir dans un second digesteur pour doubler la pro- duction de biogaz. “L’étude est chiffrée. Le projet est calibré pour arriver à une puissance de 200 kWh. Si le projet aboutit, on investira aussi dans une table d’incorporation pour optimiser le chargement et y passer le moins de temps possible.” n

“L’ exploitation n’avait pas besoin d’un reve- nu supplémentaire mais pour moi, l’agri- culture énergétique c’est l’avenir” , explique Xavier Alix, installé en G.A.E.C. avec son épouse sur une ferme en production laitière valori- sée en A.O.P. morbier. Le couple qui emploie un sala- rié soigne un troupeau de 110 laitières sur un par- cellaire de 135 hectares dont 15 hectares destinés à la culture de betterave et de maïs. La ferme Alix a franchi le pas de la méthanisation en 2016 avec une installation de 80 kWh de la marque Valogreen reconnaissable à ses digesteurs en forme de silo à grain. “On a investi 700 000 euros dans la méthanisation avec 20 % d’aide et 200 000 euros dans le séchage en grange qui a fait l’objet d’une extension cette année. Cette installation est adap- tée à la taille de l’exploitation, à la tête du bonhom- me et au volume des intrants. On a mis plusieurs mois à maîtriser le fonctionnement et aujourd’hui j’y passe en moyenne 30 minutes par jour.”

Xavier Alix peut suivre et ajuster le fonctionnement de l’installation en temps réel grâce à une application dédiée.

r i L L A n s Le G.A.E.C. du Mont du Ciel en phase avec la méthanisation

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“L a première année, on a gagné presque autant avec la méthanisation qu’avec le lait. C’est très rentable. Cela permet aussi de bou- cler le circuit au niveau de la valo- risation des effluents. On fonction- ne en totale autonomie. La métha a radicalement transformé notre façon de travailler” , explique Hen- ri Cuenot, l’un des six associés du G.A.E.C. du Mont du Ciel. À savoir Sébastien Cuenot son frère, Fran- cis Cuenot son fils, Lydie Cuenot sa fille, Dominique Cour, Jean-Marie Cette exploitation en polyculture-élevage a investi en 2016 dans une installation de méthanisation de 250 kWh. Les six associés sont particulièrement satisfaits des résultats économiques et agronomiques. La métha, ça rapporte.

“Aujourd’hui, la méthanisation nous donne envie de travailler” explique Sébastien Cuenot, responsable de l’unité de méthanisation mise en service en 2016 au G.A.E.C. du Mont du Ciel.

Cour. Sans oublier Loïc Cuenot, pour l’instant salarié. Regroupement de trois fermes, cet- te exploitation produit 1,5 million de litres de lait par an, transformés en fromage à raclette à la froma- gerie de Clerval du groupe Ermita- ge. Elle exploite 450 hectares de terre dont 250 hectares en céréales. Le reste est cultivé de ray gras,

luzerne et prairie. “On a commen- cé à réfléchir au projet en 2013. Le montage a pris deux ou trois ans avec à la base un investissement de 1,7 million d’euros dont 9 % de subventions. On a travaillé avec la société AgriKomp qui nous a accompagnés sur le montage du dossier et l’installation. Toute la par- tie construction béton a été réali- sée par l’entreprise alsacienne Wolf avec l’implication de tous les membres du G.A.E.C. Cette ins- tallation, on la connaît bien” , appré- cie Sébastien Cuenot responsable de la vente du courant pour déga- ger du revenu avec un prix garan- ti sur 20 ans. Ce genre de contrat n’existe pas dans l’agriculture” , apprécie Henri Cuenot plutôt hon- nête dans ses intentions. La vente d’électricité rapporte en moyenne 37 000 euros par mois au G.A.E.C. du Mont du Ciel. Sur le plan agronomique, le chan- gement est radical. Sans odeur, le digestat dope la production her- bagère tout en réduisant de façon importante l’achat d’engrais. La chaleur est valorisée dans un petit réseau alimentant une habitation, de la méthanisation avec son neveu Fran- cis Cuenot. Au cœur de la démarche : la rentabi- lité économique. “La priorité s’articule autour

les séchoirs à céréales, luzerne. Elle sert aussi au chauffage des locaux et de l’atelier du G.A.E.C., de l’eau sanitaire et du plancher situé sous les niches à veaux. “On envisage de rallonger ce réseau pour ali- menter les autres maisons du G.A.E.C. On mesure aussi l’impact sur la ration des bêtes. Le fait de pouvoir sécher la luzerne apporte plus de protéines, ce qui limite l’achat de concentré.” Le poste méthanisation représen- te entre 45 minutes et une heure de travail par jour. “ Aujourd’hui, l’ou- til est maîtrisé. Agri- Komp assure le S.A.V. On peut compter sur eux. On vidange le moteur tous les mois.” Une conduite permet d’acheminer le lisier depuis le bâtiment d’élevage situé en contrebas du digesteur. Chaque matin, Sébastien ou Fran- cis viennent recharger en fumier la trémie en y incorporant aussi des restes de coopérative, des refus de pâture, de crèches. “On apporte aussi quelques cultures intermé- diaires pour optimiser la ration. Aujourd’hui, on est sur une instal- lation qui tourne 8 650 heures par an. Le rendement est efficace, ce qui sous-entend une vigilance de tous les jours car on gère une chaî- ne où aucun maillon ne doit être en rupture.” n

Silo de stockage, torchère, trémie, digesteur : l’installation de méthanisation de Rillans est dominée par le nouveau parc d’éoliennes du Doubs central.

Au cœur de la démarche : la rentabilité économique.

Le moteur de l’installation.

DOSSIER

14

r e U g n e y

La méthanisation

au service du comté

“D’ abord le lait. La méthanisation arri- ve en second pour traiter nos propres effluents, à savoir le lisier de l’ex- ploitation et le fumier du voisin. En contrepartie, on valorise nos terres avec le digestat” , résume Jérémie Masson, responsable de l’unité de méthanisation du G.A.E.C. de l’Au- rore à Reugney qui regroupe aujour- d’hui 4 associés, bientôt cinq puis six. L’exploitation livre 900 000 litres de lait à la coop de Bolandoz-Reu- gney. Tout est transformé en com- té puis affiné par l’Ermitage à Guyans-Durnes. Après avoir essuyé les plâtres de l’arrivée en 2011 de la méthanisation dans le Doubs, les pionniers du g.A.e.C. de l’Aurore ont désormais stabilisé leur installation utilisée à des fins énergétiques, agricoles et maraîchères. retour d’expérience.

“La priorité reste la production laitière”, confirme Jérémie Masson, l’associé en charge de la méthanisation au G.A.E.C. de l’Aurore.

En 2010, les six associés de l’époque décident d’investir dans la méthanisation avec une installa- tion d’une puissance de 190 kWh mise en route en septembre 2011. En plus des effluents de la ferme, d’autres apports sont effectués sous forme de déchets de céréales et de déchets alimentaires. “ On fonc-

d’être incorporés au digesteur. “Comme au niveau des bêtes, on se tient à une ration assez linéaire. On obtient au final une bonne sou- pe.” L’installation de Reugney tour- ne 8 570 heures par an et accuse donc une toute petite semaine de “repos” annuel. L’électricité pro- duite est vendue à E.D.F. La cha-

tionne avec l’entreprise Coved qui récupère puis apporte les déchets alimentaires des hôpitaux, E.H.P.A.D. et lycées locaux. On collecte sur un rayon de 25 km à la ronde pour res- ter cohérent au niveau de l’em- preinte carbone. On s’est positionné sur ces co-produits pour deux rai- sons, à savoir répondre à une

leur est valorisée pour mettre en tem- pérature la serre et le digesteur. Elle sert au séchage du foin, à l’hygiénisation des co-produits. “Aujour-

demande sur le sec- teur et optimiser le fonctionnement de notre installation” , poursuit Jérémie Masson. Sept ans après la

Ils ont trouvé la bonne carburation.

mise en route du digesteur, les pion- niers de la méthanisation dans le Doubs ont trouvé si l’on peut dire la bonne carburation. Ils ont même accepté d’introduire davantage d’in- trants fournis par Coved sans dépas- ser le plafond autorisé de 40 %. “Au niveau du plan d’épandage, on s’approche des limites.” L’exploi- tation de Reugney a fait confiance à une enseigne allemande perfor- mante. “On peut compter sur un S.A.V. réactif et performant. Mis à part une alerte sur une veille tech- nique, on ne déplore pratiquement aucune panne.” Coved assure une livraison quotidienne. Après broyage, les déchets ali- mentaires sont hygiénisés avant

d’hui, on manque un peu de sur- face sur la serre mais on se refuse d’agrandir car on est toujours sou- cieux de concilier le travail avec la vie familiale.” La production est commercialisée sur place. Jérémie Masson est par- ticulièrement satisfait du bilan agro- nomique. “On épand entre 5 800 à 6 000 m 3 de digestat sur six mois. À la différence du lisier qu’on épand uniquement à l’automne et au prin- temps, on peut lisser les épandages et mieux les ajuster aux besoins de la plante. On travaille sur 200 hec- tares en sachant que les excédents peuvent être valorisés sur d’autres fermes alentour.” Une diversifica- tion concluante. n

Une partie de la chaleur produite alimente la serre maraîchère du G.A.E.C. de l’Aurore.

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DOSSIER 16

J U R A V O I S I N Ils se reconvertissent dans la spiruline, l’algue miracle Florence et Nicolas Sarrazin se sont lancés

dans la culture de la spiruline à Salans,

S ur le terrain familial d’1,5 hec- tare situé à Salans (JuraNord), à trois kilomètres de Saint-Vit, les 8 serres de Florence et Nicolas Sarrazin abritent une cultu- re particulière : la spiruline. Rien ne prédestinait le couple à devenir des agriculteurs. “Tout a commencé par une algue prisée pour ses vertus nutritives. L’exploitant se dit prêt à aider des agriculteurs qui souhaiteraient trouver de nouveaux débouchés.

La première ferme de spiruli- ne de France avec chauffage par panneaux photovoltaïques et récupération d’eau de pluie est à Salans. Ici, Nicolas Sarrazin.

un reportage à la télévision où il était question de spiruline. ça a fait tilt” retrace Nicolas, ancien ingénieur commercial. Pour en arriver à la création d’une

ferme de spiruline paysanne biolo- gique (bien que le label ne soit pas officiellement attribué aujourd’hui), il lui a fallu de la persévérance. La pre- mière année, Nicolas et Florence se forment, apprennent, observent cet- te culture, avec un premier bassin sous serre. Bientôt, un second, puis un troisième bassin sont aménagés. Aujourd’hui, la ferme est composée de huit bassins. “Entre spiruliniers, il y a de l’entraide, des échanges de savoir-faire, des trocs. Mes premières souches ont été récupérées auprès de producteurs. La filière est atten- tive aux opportunistes et aux véri- tables porteurs de projets, mais aus- si à la qualité et à l’hygiène des fermes. se reconvertir car le marché est por- teur. Il n’y a pas de concurrence” , explique le chef d’exploitation. Cette algue d’eau douce pousse naturellement en milieu salin, sous un climat équatorial. Elle a besoin d’une température comprise entre 20 et 38 °C, et un taux d’humidité de 80%pour s’épanouir. Des condi- tions réunies sous les serres. Le choix fut d’investir dans un projet de fer- me totalement autonome en eau et en électricité. Des panneaux photo- voltaïques en autoconsommation Je viens d’aider un agri- culteur qui a vendu une partie de son cheptel pour se financer une ser- re. Je suis prêt à en aider d’autres qui voudraient

produisent une énergie directement consommée par la ferme et le domi- cile du couple. Un système de récu- pération des eaux de pluie apporte l’eau nécessaire aux cultures. Il s’agit là de la première ferme de spiruline de France sur ce modèle. Après la période hivernale de “som- meil” de l’algue, revient la saison de production, d’avril à octobre. Après récolte, il faut 7 à 8 heures de sécha- ge pour parvenir au produit final : la spiruline sèche. Elle est ensuite façon- née sur place en paillettes séchées. Ces dernières ne se cuisent pas, ne se chauffent pas, et se consomment ainsi en s’ajoutant à l’alimentation habituelle : salades, yaourts, sauces, culture paysanne) ou magasins bio. Il vend son produit au Locavore de Besançon. Le prix : 16 euros les 100 grammes. Cet aliment aux extraor- dinaires qualités nutritionnelles pos- sède les plus hautes teneurs en pro- téines, fer, bêta-carotène, vitamine B12, acide gamma-linolénique et phycocyanine. Un élixir pour les per- sonnes carencées, pour renforcer ses défenses immunitaires, lutter contre les stress, accompagner les femmes enceintes ou les sportifs. Et en plus, c’est local ! n plats après cuisson… L’agriculteur privilégie la vente directe ou les inter- médiaires de style A.M.A.P. (association pour lemaintien de l’agri-

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