Le Doubs Agricole 33 - Novembre 2018

ACTUALITÉ

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l e N o U V e A U P r é s I D e N t D U C . I . G . C . “On doit toujours être capable d’exaucer la promesse comté”

Producteur de lait à Bief-des-Maisons dans le Jura, Alain Mathieu, 51 ans, a pris la succession de Claude Vermot-Desroches à la tête du C.I.G.C. le 13 juillet dernier. Un passage de témoin dans la continuité avec la volonté de défendre les valeurs collectives d’une filière d’excellence.

conditions particulières de la sécheresse.

'#%7&7'/7 515 .67/$4$6116760-3.67,627*/. 62 ,67).3 .6225307" A.M. : On est aujourd’hui à 65 000 tonnes de comté avec une croissance de 1 à 2 % par an. Le développement en termes de volume passe par l’accueil de nouvelles surfaces, donc de nouveaux producteurs. Il reste encore des terres à comté non valorisées. On a toujours procédé ainsi. Exemple avec la création d’une nouvelle fruitière dans le Valromey. Cette coop est déjà constituée juridiquement. Elle réunira 14 exploi- tations et travaillera avec le seul affineur instal- lé dans l’Ain où il y a déjà six ateliers à comté. '#%7&7 3+27.6246 7,/027+06713 5 +6 ,67,( 613))6*6047*/ 4.52(7" A.M. : Tout à fait, et cette politique se traduit par les nouvelles mesures en cours d’élaboration au niveau du cahier des charges. On souhaite limiter la taille des exploitations à 1,2 million de litres de lait en plafonnant aussi le nombre de vaches par éleveur. De cette maniè- re, l’homme reste au cœur des décisions. Le modèle de la ferme à comté passe par le main- tien des vaches aux champs. Elles devront ain- si disposer de plus de 50 ares de pâturages accessibles autour du point de traite. La réflexion s’applique aux ateliers sachant que la taille moyenne d’une coop avoisine 4 millions de litres de lait. En agissant ainsi, on participe au main- tien de la diversité des terroirs, des savoir-faire. Le comté n’a jamais répondu à une logique de rationalisation de son outil de production, ni de standardisation. On trouve encore des petites et des grosses exploitations. Idem pour les ate- liers. C’est l’une des particularités de la filière qui réussit à faire cohabiter des structures de tailles très variables. '#%7&7'!5046.,5-45307,+7.3 347,674./5467,/02 167-3*4(76247+067 30067,(-525307" % 7& On n’est pas contre l’automatisation qui permet de traire un plus grand nombre de vaches mais on veut des fermes à taille humaine où l’éleveur participe et reste en capacité de maî- triser son cheptel.

L 67#3+ 27% .5-3167&7 +61726045*6047 3+2 502)5.67-64467/..5 (67 71/74 467,!+067 515 $ .67)/.45-+15 .6*6047*(,5/452(67" Alain Mathieu : Le comté est exposé au bon sens du terme. D’un point de vue personnel, c’est plutôt un honneur que d’avoir été porté à cette responsabilité. J’occupais déjà la deuxiè- me vice-présidence du C.I.G.C. depuis 2015. Ce qui rend cette fonction passionnante, c’est d’être dans une filière de passionnés, qui a la culture du faire ensemble en conjuguant les talents de chacun. Cette dynamique s’inscrit dans les origines du comté où il s’avérait néces- saire de grouper le lait pour fabriquer les pre- miers fromages de garde. La magie du collec- tif perdure. '#%7&7 067 515 .6723+ 6047).52676076 6*)16 "

A.M. : Ce modèle de filière répond au besoin des gens d’être ensemble. Le comté, c’est un lien au vivant, avec les hommes, les animaux. On défend de vraies valeurs : le rapport à la nature, à l’alimentation, à la gastronomie. '#%7&7 3**6047167-3*4(72!/,/)467/+7- /0$ 6*6047-15*/45 +67"

A.M. : Le fait d’avoir un modèle agri- cole plus extensif permet de mieux amortir les changements climatiques. Même si certains secteurs géogra- phiques souffrent plus que d’autres. Il faut raisonner sur le cycle de vie

“La magie du collectif perdure.”

d’une exploitation, soit quatre saisons. Pour l’instant, c’est un peu tôt pour dresser un bilan. L’adaptation de la filière à l’été 2018 sera une expérience qui donnera des comtés reflétant les

La filière comté mobilise 14 000 salariés, autant d’emplois non délocalisables.

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