Le Doubs Agricole 33 - Novembre 2018

DOSSIER

9 LA MÉTHA ARRIVE À LA FERME

Entre le Doubs et le Territoire-de-Belfort, on dénombre aujourd’hui onze installations dont trois en construction. Des unités de méthanisation principalement agricoles, de tailles différentes, valorisées essentiellement en cogénération avec un réseau de chaleur utilisé pour le chauffage des bâtiments et des habitations, le séchage en grange ou pour des

cultures sous serre. Point de situation.

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“La plus-value de la métha doit rester aux agriculteurs”

L’Association des Agriculteurs Méthaniseurs de france (A.A.M.f.) défend les intérêts de la profession. entretien avec francis Claudepierre qui préside la structure depuis deux ans.

L ./ -% +/ ,)!-*./#/ %.* %.+/ -'+/ ./$, +.('&')-(/+%,/* &++-!)&')-(/ ,&(!)+/ *&% .$).,,./# On a commencé à se fédérer à deux agriculteurs-méthaniseurs en 2005 pour se constituer en association en 2010. L’A.A.M.F. rassemble 200 membres, soit environ lamoitié des exploitations engagées dans lamétha- nisation. L’association emploie deux salariés et on devrait en recruter deux autres. Il y a encore beaucoup à faire pour diffuser le retour d’expé- rience, se faire entendre efficacement là où les choses se décident et être acteurs de la construc- tion de la filière. /#/ %.*+/+-('/*.+/.( .% /$-%,/*&/$,- .+ +)-(/& ,)!-*./ " "/# On ne veut pas que les agriculteurs servent de faire-valoir. Beaucoup de projets industriels proposent des partenariats avec des agriculteurs mais on ne souhaite pas l’avènement d’un Lac- talis de la méthanisation. La plus-value de la métha doit rester à l’agriculture. Les industriels veulent utiliser les effluents et les terres pour bénéficier des contrats de rachat. Aux agriculteurs de prendre leur destin en mains. Le problème aujourd’hui, les éleveurs sont écrasés par d’autres priorités. /#/ - ).(/ /& ' )*/ )(+'&**&')-(+/.( ,&(!./ " "/# Entre 450 et 500 d’ici 2019 alors qu’en Alle-

magne on en compte déjà 12 000. La France figu- re parmi les derniers de la classe en Europe. La plupart des installations françaises sont orientées vers la production d’électricité par cogénération avec vente à E.D.F. On est face à un partenariat contraint mais depuis quelque temps, la filière bio- gaz G.R.D.F. nous accueille à bras ouverts. Cet- te formule présente tous les avantages avec une énergie renouvelable, stockable et prévisible. Seul problème : le réseau de gaz n’arrive pas partout donc il n’est pas possible d’injecter tout le mon- de. L’avenir de la méthanisation va vers le bio- méthane car si E.D.F. n’a pas besoin d’électrici- té G.R.D.F. est demandeur, ce qui change tout. La cogénération coûte moins cher mais le ren- dement est double, sous réserve d’avoir un réseau de distribution à proximité. /#/ -',./$-)('/ ./ %./+%,/*&/ ' &()+& ')-(/$&,/ -)./+ ! ./ " "/# Cela fait 10 ans qu’on dit de ne pas faire de la voie sèche contre l’avis des chambres d’agri- culture qui ont aujourd’hui des échecs sur les bras. Vous en avez une à Rahon. Pour certains cas, cela fonctionne mais avec des rendements très moyens. Ils ne gagnent rien. /#/ .+/!*. +/$-%,/, %++),/+-(/$,- .'/ " "/# Les installateurs vendent trop cher les constructions. En Allemagne, le prix du kWh ins-

tallé est de 5 000 euros alors qu’en France on est à 7 000 euros. Ce n’est pas normal. Les sub- ventions, il faut les demander sans compter des- sus. Mieux vaut donc viser l’autonomie financiè- re tout comme au niveau des matières premières apportées. Par expérience, je suggère de ne pas hésiter à partir se former, à faire des stages. C’est comme quand on s’installe en agriculture. /#/ % .(/.+' )*/ %/, *./ ./* '&'/$-%,/.(!-% ,& .,/*./ .*-$$. .('/ ./!.''./ (., ). ,.(-% .*& *./ " "/# La politique du gouvernement n’est pas clai- re du tout avec des services fiscaux qui souhai- tent taxer tous les carburants, y compris sur le biométhane. Bercy veut récupérer tout l’argent possible. On devine le poids des lobbies élec- trique et nucléaire dans la bataille de l’énergie. n ,-$-+/,.!%.)**)+/$&,/ " " Précurseur de la méthanisation, Francis Claudepierre ne veut pas que la profession serve de faire-valoir aux industriels qui ont besoin d’effluents et de terres agricoles.

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