Le Doubs Agricole 33 - Novembre 2018

ACTUALITÉ 6

r i g n e y Le premier lait de soja fermier est franc-comtois

David Beudet est le premier producteur de lait de soja en france. son exploitation Doubs céréales, installée

à rigney, inspire déjà d’autres agriculteurs.

L e pari peut sembler osé. Surtout dans une région comme la nôtre, historiquement tournée vers l’élevage laitier convention- nel. Mais ce céréalier l’assure, il ne veut pas voir disparaître nos Comtoises des champs ! Loin de là. Son grand-père, puis son père et son oncle, ayant eux-mêmes commencé par cet élevage avant de se tourner vers les tau- rillons puis les céréales. Il y a vu avant tout une diversification de ses activités après un pas- sage par la culture maraîchère. “Ma femme a acheté un jour des yaourts au soja. Nous avons trouvé ça bon et nous avons voulu en faire nous-

David Beudet transforme le soja qu’il a cultivé et produit aussi outes sortes d’huiles et de farines.

mêmes” , explique-t-il. Bien sûr la culture du soja ne lui était pas étran- gère. “Mon père a été le premier à en mettre il y a 40 ans et on le vendait à la coopérative pour le marché de la nutrition animale.” Restait pour autant à la transformer. “Nous avons cherché une machine, il n’en existait pas en Europe, seulement en Inde ou en Chine, nous nous sommes donc tournés vers un distributeur fran- çais.” Après avoir patienté six mois pour récep- tionner ce nouvel outil, il se lance donc dans la production de lait de soja au début 2018. tivé et consommé depuis des millénaires” , reconnaît David Beudet, mais elle démarre peu à peu. “Cela intéresse surtout les vegans et les personnes souffrant d’intolérance au lactose.” Au point que des jeunes exploitants du Cher ont pris son attache pour se renseigner sur les méthodes de fabrication. David, lui, a choisi d’y greffer rapidement de nouvelles activités. “On s’est dit qu’on pouvait faire de la farine de soja avec la matière res- tante, une fois le lait produit.” L’achat d’un mou- lin en provenance du Tyrol, a entraîné ensuite La consommation reste globale- ment modérée en France, “à l’in- verse de l’Asie où le soja est cul-

d’autres investissements dans une machine pour faire de l’huile, puis une autre pour faire des flocons de céréales. Sur ses 185 hectares, l’exploitant doubien cultive aujourd’hui blé, orge, soja, maïs, colza, épeautre, sarrasin, chanvre, tournesol, seigle, lentille et avoine. Outre son lait végétal, il vend ainsi différents types de farines, d’huiles et de céréales et proposera bientôt des graines décortiquées. “Mon ami boulanger de “La Mi Do Ré” à Besan- çon m’avait sollicité pour faire du pain avec une mandant à son tour des farines, suivie du maga- sin Intermarché à Baume-les-Dames. Aujour- d’hui, les produits Doubs céréales sont référencés dans une vingtaine de magasins, jusque dans les fruitières du Haut-Doubs et chez le primeur Jacoulot à Morteau. En décembre, il intégrera aussi le magasin de producteurs “Esprit pay- san” à Vesoul et fournira en farine la boulan- gerie qui y sera adossée. Pour l’heure, sa pro- duction est axée sur une agriculture raisonnée et certifiée sans O.G.M. mais la conversion bio pourrait être une prochaine étape. n farine locale. Après les premiers essais, il était vraiment conquis par les odeurs et la texture. Et cela a fait boule de neige.” La “Huche à pain” à Rivotte lui com-

185 hectares exploités.

Sa boisson soja est vendue 2 euros le litre.

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