La Presse Bisontine 164 - Avril 2015

Mensuel d'informations de Besançon et du Grand Besdançon

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Mensuel d’information de Besançon et du Grand Besançon www.presse-bisontine.fr AVRIL 2015 N° 164

QUAND LES PATIENTS PORTENT PLAINTE CONTRE L’HÔPITAL

LE C.H.U. MINJOZ DANS LA TOURMENTE JUDICIAIRE

L’événement en p. 6 et 7

ÉCONOMIE

LE DOSSIER p. 18 à 26 La menace Front National plane Élections départementales : les enjeux du Grand Besançon

p. 43

Les entreprises bisontines disent stop aux impôts

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Rédaction : “Les Éditions de la Presse Bisontine” - B.P. 83 143 - 1, rue de la Brasserie - 25503 MORTEAU CEDEX - Tél. 03 81 67 90 80 - Fax : 03 81 67 90 81 - redaction@groupe-publipresse.com

LA TWEETOSPHÈRE BISONTINE

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La Presse Bisontine n° 164 - Avril 2015

Discrédit C’est une balle de beau calibre qu’a tiré dans le pied de la droite départementale le sénateur, de droite, Jean-François Lon- geot. En soutenant deux des candidats socialistes au scrutin départemental qui se déroule en cette fin mars, il exerce son droit absolu de liberté, lui qui se met pro- gressivement hors des partis. On ne peut s’empêcher de penser à l’attitude de repli sur soi qu’avait adoptée juste avant lui un autre sénateur, Jean-François Humbert. Même prénom, même moustache, même permanence parlementaire, mêmes colla- borateurs, même individualisme. S’il a entiè- rement raison lorsqu’il affirme que les citoyens n’en peuvent plus des grandes querelles entre partis politiques et qu’ils en ont soupé des décisions d’appareil, sa posi- tion produit l’effet totalement inverse à ses intentions. Il aurait pu, discrètement, sans affichage et beaucoup plus subtilement soutenir ces candidats socialistes dont il dit admirer le travail et contribuer, en sous- marin torpilleur, à leur victoire. Seulement, les citoyens ne sont pas dupes. Ils ont bien compris que derrière cette attitude de faça- de se cache la volonté farouche de nuire aux instances du parti auquel il a appar- tenu pendant les dix ans où il faisait offi- ce d’opposant numéro 1 à la majorité socia- liste du Département. Par cette attitude, M. Longeot nourrit malgré lui ce sentiment de rejet qui touche aujourd’hui la moitié des citoyens qui ne se déplacent plus aux urnes et la bonne part de ceux qui votent par dépit un parti d’extrême droite sans horizon. Ce positionnement qui place une nouvelle fois la droite départementale dans une posture ridicule n’est pas digne d’un parlementaire qui se dit intègre, proche et sincère. Sous couvert de liberté, on ne peut pas se draper dans la déloyauté. M. Longeot se trompe car il flingue son propre camp et s’éloigne de la stratégie d’union qu’avait réussi, pour une fois, à construire la droi- te locale. M. Longeot n’a justement pas compris que ce genre de spectacle est deve- nu obscène aux yeux des citoyens qui sont à mille lieues de ces basses manœuvres. Croyant redonner par son attitude d’homme libre du crédit à l’action politique, M. Longeot obtient l’effet inverse en renvoyant une image catastrophique. Est-ce à fréquenter les ors du Palais du Luxembourg que l’élu ornanais se croit désormais au-dessus de la mêlée ou souffre-t-il à ce point de voir une femme, Christine Bouquin, risquer de prendre le fauteuil de président du nou- veau Conseil départemental ? C’est ainsi que la politique échappe de plus en plus à l’entendement collectif. Le résultat, c’est une abstention record et le discrédit pour la classe politique tout entière. Jean-François Hauser Éditorial

À nos lecteurs Le prix de vente de La Presse Bisontine nʼa pas évolué depuis plus de deux ans et demi. Dans le même laps de temps, les prix du papier, les tarifs de lʼimprimerie et tous les frais liés à la conception de votre mensuel ont poursuivi leur hausse que nous avons tenté de contenir le plus longtemps possible. À partir de ce mois-ci, le prix de vente de La Presse Bisontine subit une augmentation de 10 centimes. Merci de votre compréhension et de votre fidélité.

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PRINTEMPS Le printemps est là. Les carnavals avec. Une vraie tradition qui se perpétue dans les quartiers bisontins. Besançon @villedebesancon Les #carnavals des quartiers de # Besançon ont commencé hier et continuent jusqu’au 28 Mars

CIRCULATION Pas toujours simple de se déplacer à vélo. Encore moins lorsqu’il y a des obstacles... Lionel Croissant @lionelcroissant - 19 fév. Les pistes cyclables a Besançon ... Un plaisir!

FAITS DIVERS L’attaque de deux camions transportant des bijoux à Avallon le 11 mars a eu une conséquence pour une société de montres bisontine. Damien @damienjob Braquage de 9 millions d’euros de bijoux... ils devaient être vendus à #Besancon ... www.parismatch.com

est éditée par “Publipresse Médias”- 1, rue de la Brasserie B.P. 83 143 - 25503 MORTEAU CEDEX Tél. : 03 81 67 90 80 - Fax : 03 81 67 90 81 E-mail : redaction@groupe-publipresse.com S.I.R.E.N. : 424 896 645 Directeur de la publication : Éric TOURNOUX Directeur de la rédaction : Jean-François HAUSER Directeur artistique : Olivier CHEVALIER Rédaction : Édouard Choulet, Thomas Comte, Jean-François Hauser. Responsable publicité :

FAITS DIVERS Qui a dit que la culture ne rapportait rien ? Yohan Rimaud @yrimaud Le peintre-collectionneur Jean-Gigoux faisant, au XIXe siècle, du marketing territorial sans le savoir

François ROUYER au 06 70 10 90 04 francois@groupe-publipresse.com Imprimé à I.P.S. - I.S.S.N. : 1623-7641 Dépôt légal : Mars 2015 Commission paritaire : 0217I79291 Crédits photos : La Presse Bisontine, J. Varlet, S.E.D.D., candi- dats, Verre et prose.

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RETOUR SUR INFO - BESANÇON

La Presse Bisontine n° 164 - Avril 2015

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Bureau pas cher : une solution pour jeunes entreprises innovantes

L’actualité bouge, les dossiers évoluent. La Presse Bisontine revient sur les sujets abordés dans ses précédents numéros, ceux qui ont fait la une de l’actualité de Besançon. Tous les mois, retrouvez la rubrique “Retour sur info”.

Les Passages Pasteur

ouvriront le 9 septembre

T rouver un bureau à louer à la journée ou la demi-journée à Besançon pour recevoir un client lorsque l’on est une jeune entreprise innovante, c’est souvent une gageure. L’association Silicon Comté - présentée dans nos colonnes en avril dernier - qui pro- meut l’emploi numérique a réalisé une enquête d’intérêt auprès de professionnels indépendants, entre- prises établies ou en cours de créa- tion. Résultat : “Elles ont fait part à l’association de difficultés pour trouver des bureaux de diverses superficies mais aussi de salles de réunion, de visioconférence en loca- tion à l’heure, à la demi-journée ou journée entière” rapporte le vice- président de cette structure gérée par des bénévoles. L’équipe a décidé de réagir en lan- çant l’opération baptisée “Je par- tage mes locaux”, initiée avec le site spécialisé Bureaux à partager (BàP) dont la mission est de regrou- per des annonces d’espaces de co-working, d’entreprises sous- louant des mètres carrés inoccu- pés ou même des offres d’agences immobilières proposant des biens

de petite (ou grande) surface à des tarifs raisonnables. “Nous souhai- tons que cette initiative offre la pos- sibilité à de jeunes entreprises inno- vantes de réduire leurs coûts immobiliers durant les premiers mois de leur activité pour se foca- liser sur le développement de leur produit ou service numérique” sou- ligne Christophe Boutet, président de Silicon Comté, qui ajoute que “dans certains cas, ce partage de mètres carrés peut être également une opportunité de rapprocher des jeunes dirigeants et des cadres ou des managers plus expérimentés.” Actuellement sur le site “bureauxà- partager.com” deux offres concer- naient Besançon : un espace rue Xavier-Marmier pour 70 euros par mois par poste de travail ou 25 m 2 pour 400 euros hors taxes par mois boulevard Diderot. La plupart des demandes sont situées dans les zones urbaines de la Région (Besançon, Montbéliard, Belfort, Vesoul, Gray, Dole, Lons- le-Saunier et Pontarlier).

L e dossier aboutit enfin après plus de dix-huit longues années de péripéties. Il faut dire que rien n’aura été épargné aux Passages Pasteur : “Conflit de pro- priété, contraintes liées au plan de pré- vention des inondations, recherches archéo- logiques en milieu pollué. Le tout dans une des plus grands secteurs sauvegardés de France. On aura additionné toutes les dif- ficultés” commente le maire de Besançon Jean-Louis Fousseret. Après toutes ces péripéties, les concepteurs du futur centre commercial des Passages Pasteur voient enfin le bout du tunnel. Le centre com- mercial qui s’étendra sur 15 000 m 2 , entre la Grande rue, les rues du Lycée et Clau- de-Pouillet, ouvrira donc ses portes le mer- credi 9 septembre prochain. 25 boutiques se partageront ces nouvelles surfaces sur deux niveaux avec 20 boutiques en rez- de-chaussée et 5 sur les deux niveaux, dont H et M, Mango et Monoprix qui s’étalera désormais sur 2 500 m 2 . Le centre sera doté de 250 places de parking souterrain, dont 80 réservées aux résidents des loge- ments. À ce jour, 70 % des surfaces com- merciales sont réservées, toutes seront ter- minées fin juin pour un aménagement au cours de l’été avant l’ouverture du centre à la rentrée.

Voilà à quoi ressembleront les Passages Pasteur (image S.E.D.D.).

Renseignements : contact@siliconcomte.fr

Le chantier a mobilisé jusqu’à 150 ouvriers tous les jours.

Quartier des 408 : deux barres seront déconstruites

E n janvier dernier, dans un précédent article consa- cré au quartier des 408 à Besançon, la question était de savoir si l’une des trois barres d’immeubles allait être déconstruite. En quelques semaines, le dos- sier a rapidement évolué. Ce ne sera pas une, mais deux barres qui seront démolies sui- te au vote du conseil d’administration de G.B.H. (Grand Besançon Habitat). L’intention sera transmise à l’État qui tranchera. La troisiè- me et dernière barre subira le même sort, mais plus tard. Dans ce quartier jugé “sensible” et oublié des dernières réno- vations urbaines, la barre dite du numéro 13 (celle en forme de triangle - notre photo) puis celle du numéro 29 (à gauche de l’image) seront démolies les premières. La première opéra- tion pourrait débuter en 2017 pour le numéro 13 après que les personnes qui habitent enco- re là aient trouvé une solution de relogement. Il ne reste d’ailleurs “plus que” 52 familles dans cet espace qui peut en accueillir le double. Ensuite, ce sera à la barre du numéro 29 et enfin à la dernière (celle don- nant sur les voies du tram et actuellement mieux occupée que les autres) de disparaître.

La première déconstruction aux 408 de la barre dite du numéro 13 est prévue en 2017.

Le délai est plus long : mini- mum 10 ans. Bref, une méta- morphose attend les 408 qui bénéficieront du nouveau plan de rénovation urbaine (N.P.R.U.). Une personne a été embau- chée dans le cadre de la Mis- sion des œuvres sociales. Elle doit rencontrer tous les habi- tants pour faire le point et leur proposer un relogement. Des informations sont déjà données aux habitants. “Cette décons- truction du numéro 13 entre dans le cadre de la reconfigu- ration du quartier Brûlard” explique le président de Grand Besançon Habitat Pascal Curie. S’il n’est pas le seul à décider du sort de ce quartier bisontin puisque la Ville et la C.A.G.B. gèrent la politique de la Ville,

la décision de “raser” semblait inéluctable : “En raison du taux de vacance important, G.B.H. perd 425 000 euros par an (en loyer et charges) sur le numé- ro 29, et 330 000 euros sur le 13, explique Pascal Curie. Des personnes souhaitent partir au plus vite du quartier. D’autres non. Elles ont leur vie ici. À nous de leur proposer un reloge- ment…” À terme, les 500 logements dis- paraîtront. Il faudra reconstrui- re : peut-être sur le site mili- taire situé en face du quartier. L’opération sera longue. Les discussions avec les commer- çants, associations, écoles, seront menées avec la Ville qui pilotera cette politique de recon- version.

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La Presse Bisontine n° 164 - Avril 2015

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600 000 euros pour la garde à vue TRAVAUX Commissariat de Besançon L’espace de garde à vue du commissariat de la Gare d’Eau est en chantier. Un des objectifs du projet en cours consiste à mettre aux normes les cellules.

600 000 euros. Un chiffre que l’hôtel de Police de la Gare d’Eau ne confirme pas. En revanche, les syndicats de police sont affir- matifs sur la somme. S’ils ne sont pas opposés à ce projet de rénovation de l’espace de gar- de à vue, ils se sont battus pour que le budget initial d’1,23 million d’euros soit revu à la baisse. “L’investissement nous est apparu à l’époque com- me phénoménal pour refaire des geôles de garde à vue.Nous avons mis la pression et nous avons été entendus” raconte un repré- sentant syndical. Les policiers ont mis en pers- pectives “le coût exorbitant de ce projet” avec le manque de moyens dont ils disposent pour exercer leurs missions quoti- diennes dans de bonnes condi- tions. “C’est à peine si nous avons les moyens de changer la batte- rie d’un véhicule d’intervention” souligne un représentant syn- dical. Le coût du projet n’est pas direc- tement supporté par la Direc- tion Départementale de la Sécu- rité Publique (D.D.S.P.) Il s’agit d’un investissement d’État, pilo- té par le ministère de l’Intérieur. T.C.

D es travaux sont en cours dans les locaux du com- missariat de Police de la Gare d’Eau à Besan- çon. L’opération qui a été enga- gée consiste à réaménager et à mettre aux normes l’espace de garde à vue. Le projet qui est discuté depuis plus de cinq ans, se concrétise enfin. “Si tout va bien, il est prévu que les travaux s’achèvent au mois de juin” apprend-on de source policière. C’est la première fois depuis sa création que cet espace est réno- vé de fond en comble. Les huit nouvelles cellules en cours de construction vont répondre aux nouvelles normes européennes qui s’imposent aux lieux de pri- vation de liberté. Les cellules sont de plusieurs types. “Il y a une cellule collective, quatre cel- lules individuelles et des cellules de dégrisement.” A cela s’ajoute la création d’un bureau dédié aux examens médicaux et aux échanges avec les avocats. “On procède également à une repri-

se intégrale des sanitaires pour les gardés à vue.” Tout cet espa- ce sera équipé d’un nouveau sys- tème de surveillance vidéo. L’opération comprend encore la rénovation du réfectoire pour les fonctionnaires de police et l’aménagement d’un espace de travail pour les hommes de la brigade motorisée. La difficulté du chantier consis- te à réaliser les travaux en site occupé puisque le service de gar-

de à vue reste opé- rationnel pendant toute la durée des travaux. Mais d’ici quelques mois, les prévenus seront gardés à vue dans des locaux flambant neufs (la durée d’une garde à vue varie de quelques heures à 96 heures de l’opération est d’environ maximum). Le coût

“Le coût exorbitant de ce projet.”

Les syndicats de police se sont battus pour le coût du projet soit revu à la baisse. Ils ont obtenu gain de cause puisqu’il a été baissé de moitié.

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La Presse Bisontine n° 164 - Avril 2015 L’ÉVÉNEMENT LE C.H.U. MINJOZ DANS LA TOURMENTE JUDICIAIRE

Chaque année, des patients portent plainte contre le centre hospitalier universitaire de Besançon suite à un problème de prise en charge.

Quand le C.H.U. est attaqué en justice Chiffres De la procédure amiable au tribunal Des patients ont un contentieux avec le C.H.U. de B

la commission qui publiera à la fin du mois de mars son rapport d’activité sur l’année 2014. En 2013, les assu- reurs ont versé 347 000 euros aux plai- gnants et le C.H.R.U. 45 000 euros. Ces contentieux auxquels aucun hôpi- tal en France n’échappe, et qui parfois mettent en évidence la défaillance de l’établissement de soin dans la prise en charge du patient, sont heureuse- ment marginaux. Mais derrière ces statistiques, pour beaucoup de per- sonnes qui estiment être victimes et qui engagent une procédure judiciai- re, le parcours du combattant va durer des années sans qu’elles aient la cer- titude d’obtenir un dédommagement. T.C. - 4 dossiers avec recours déposé en 2011 - 2 dossiers en cours avec une requê- te déposée en 2012 - 2 dossiers concernant des requêtes datant de 2013 - 4 dossiers afférents à des requêtes de 2014 Tribunal de Grande Instance : - 1 requête en 2011 - 3 requêtes déposées en 2013 Dossiers en cours de contentieux qui relèvent de la responsabilité médicale RECOURS PRÉSENTÉS DE 2010 À 2014 : Tribunal administratif : - 15 dossiers sont en attente devant le tribunal pour des requêtes introduites depuis 2010 réparties comme suit : - 3 dossiers en cours pour des recours déposés en 2010

C.H.U. Ces procédures peuvent convenir d’une indemnisa- tion amiable sans passer par la voie judiciaire. “Les indemnisations amiables sont en progression. Elles varient de 10 à 20 par an et représentent un montant de 230 000 euros supportés pour l’essentiel par l’assu- reur du C.H.R.U. qui prend en charge les dépenses supérieures à 15 000 euros.” Selon l’établissement de soin, seuls quelques dossiers, “3 à 6 par an” , font l’objet d’un recours juridictionnel devant les juridictions administratives, “un chiffre relativement stable. Sur ces recours, 2 en moyenne sur les 5 ans écoulés donnent lieu à une indemni- sation” pour des litiges survenus entre 5 et 10 ans auparavant. C’est dire si les procédures sont longues pour les plaignants. Le montant des indemni- sations judiciaires “représente une som- me d’environ 100 000 à 150 000 euros.” Ces chiffres sont des moyennes. Ain- si, à la lecture du rapport 2013 de la commission des relations avec les usa- gers et de la qualité de la prise en char- ge (C.R.U.Q.P.C.), on apprend que 31 dossiers de contentieux médical ont été ouverts contre 27 en 2012. “18 recours ont été engagés devant la com- mission de conciliation et d’indemni- sation contre 12 en 2012. Il y a 4 recours devants les juridictions (contre 5 en 2012) et 9 demandes d’indemnisation amiables contre 10 en 2012” indique “100 000 à 150 000 euros.”

L’intervention d’un médiateur médi- cal permet alors, à l’occasion d’un entre- tien, de régler les situations les plus simples et de “mettre un terme à un malentendu ou à une incompréhen- sion” (20 à 30 par an). Pour les pro- blèmes plus lourd, la commission de conciliation et d’indemnisation (C.C.I.) peut-être saisie. Présidée par unmagis- trat, elle permet “de traiter avec célé- rité les dossiers relatifs aux accidents médicaux et aux infections nosocomiales en diligentant les expertises nécessaires confiées à des experts indépendants. Le nombre de saisines de la C.C.I. oscille entre 12 et 25 actions par an et est plu- tôt en progression régulière” précise le

esançon. Si la plupart des dossiers se règlent à l’amiable, certaines affaires finissent devant les tribunaux. En 2013, 31 dossiers de contentieux médical ont été enregistrés.

C haque année, le Centre Hos- pitalier Universitaire de Besançon prend en charge 55 000 patients environ, pour 120 000 séjours et 500 000 consulta- tions. Si les compétences de l’établis- sement sont reconnues dans le respect de la chaîne des soins, il arrive que des problèmes surviennent et aboutissent à un contentieux entre le patient et

l’hôpital. “Les plaintes et réclamations donnent lieu à 200 courriers dont les motifs portent pour l’essentiel sur l’in- formation du patient et de sa famille concernant l’état de santé et les traite- ments proposés, sur les complications post-opératoires et sur des retards sup- posés de diagnostic” lit-on dans un docu- ment transmis par le C.H.R.U. qui n’a d’ailleurs pas souhaité le commenter.

Les dernières indemnités versées par le C.H.U. faisaient suite à des faits qui remon- taient entre 5 et 10 ans auparavant.

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2 millions d’euros pour une maladie nosocomiale Tribunal Vers une judiciarisation des soins ? Le tribunal administratif de Besançon juge environ 50 affaires de demandes d’indemnisation par an, dont la moitié concerne le C.H.R.U. de Besançon. Lorsqu’il est condamné, l’hôpital paye. Explications avec le rapporteur public.

J.C. : Non, il n’y a pas de graves man- quements ici. Des cas typiques que l’on pouvait voir il y a 5 ans avec par exemple une compresse oubliée dans le corps d’un patient, cela ne se voit plus. Propos recueillis par E.Ch. Une patiente demande une indem- nité de 63 924,64 euros en répara- tion des préjudices qu’elle a subis à la suite de sa contamination par le virus de l’hépatite C et a mis à leur charge solidaire les frais d’expertise ainsi que la somme de 1 500 euros au titre de l’article L.761-1 du code de justice administrative. Elle obtien- dra gain de cause (après appel). Exemples d’affaires Madame D. se rend à l’hôpital de Besançon pour des examens. Elle chute sur un quai de déchargement (interdit au public). Elle demande 16 431,54 euros de dommages. Sa requête sera rejetée. Cette agricultrice est opérée. Suit une infection nosocomiale. Elle doit embaucher un salarié pour pallier son absence. Elle demande 676 260 euros au titre des préjudices subis et 67 626 euros de rente. Sa requête est rejetée. M. X. a subi des préjudices lors d’une intervention chirurgicale en rai- son du fonctionnement défectueux d’un matelas chauffant. Le tribunal administratif de Besançon lui donne raison. L’hôpital fait appel. La cour d’appel de Nancy ira dans le sens du patient. L’hôpital est condamné à lui verser 2 200 euros.

L a Presse Bisontine : jeudi 19 février, le tribunal jugeait une affaire entre le C.H.R.U. et un patient réclamant une indemnisation suite à un préju- dice subi, le tout entre une affaire à la fraude à la T.V.A. et un refus de titre de séjour. À par- tir de quel moment un patient saisit-il le tri- bunal administratif de Besançon ? Jérôme Charret (rapporteur public - en poste au Tribunal administratif de Besançon - char- gé d’exposer les questions de droit de l’affai- re. Il ne juge pas. Il propose des solutions) : Lorsque les patients saisissent le tri- bunal administratif, c’est parce que la procédure amiable qui existe avec l’hô- pital ou la C.R.C.I. (commission régio- nale de conciliation et d’indemnisation des accidents médicaux) n’a pas fonc- tionné. C’est 99 % des cas. Les motifs des patients varient : soit la proposi-

tion du C.H.U. est jugée trop faible, soit il n’y a pas eu de proposition. Il y a deux terrains de responsabilité invo- qués lorsque l’affaire est portée devant le tribunal : le motif de responsabili- té administrative pour faute et le motif de responsabilité admi- nistrative sans faute.

c’est la faute à pas de chance. C’est le type même des maladies nosocomiales. À chaque fois qu’un patient saisit le tribunal, il doit être représenté par un avocat. L.P.B. : Venons aux faits. Combien d’affaires “d’erreursmédicales”sont portées devant votre tribunal ? Et combien pour l’hôpital bisontin ? J.C. : En statistiques bruts par an, les recours en responsabilité hospitalière se montent à environ 50 dossiers, dont 17 cas concernaient le C.H.U. en 2013 et 12 en 2014 (N.D.L.R. : les affaires des cliniques privées sont jugées par un tribunal civil). Cela peut paraître peu. Mais en masse financière c’est assez important…Une indemnisation d’une infection nosocomiale à 1 mil- lion d’eurosmultiplié par 30, cela revient cher aux assurances de l’hôpital. L.P.B. : Donnez-nous un exemple que le tri- bunal de Besançon a eu à traiter et dont les sommes à payer ont été colossales. J.C. : Je me souviens d’une indemnisa- tion de 2 millions d’euros à Besançon. Les sommes sont liées à la gravité et suivent un barème fixé par l’Office natio- nal des accidentsmédicaux.Cet exemple reste un des plus gros chefs mais il faut dire que la personne touchée - par une maladie nosocomiale - restera les 60 prochaines années de sa vie en état végétatif.Nous prenons en compte l’âge, la perte de salaires, le besoin de s’équi- per enmatériel, etc. Nous prenons éga- lement en compte la souffrance mora- le :c’est ce que nous appelons les éléments extra-patrimoniaux. L.P.B. : En revanche, des patients font-ils appel à la justice pour des motifs qui n’ont pas de

sens ? Voire pour des affaires futiles ? J.C. : Nous avons eu le cas d’une fem- me qui suite à un accouchement dou- loureux se plaignait après coup d’avoir des flatulences lors d’actes sexuels avec son mari suite à une épisiotomie… Cela prêtait à sourire. Mais finale- ment, la requérante a été indemnisée. L.P.B. : Comme aux États-Unis, se dirige-t- on vers une “judiciarisation” des pratiques ? J.C. : Je ne le pense pas. Certaines per- sonnes dont la requête a été rejetée sont tout de même satisfaites car elles ont eu une réponse. Pour ceux qui ne sont pas d’accord, ils peuvent aller en appel.Nous sommes là pour comprendre là où il y a eu faute. En revanche, on constate que les patients en terme d’in- demnités demandent toujours plus. C’est la dérive à reprocher. L.P.B. : Qui a le plus souvent raison, l’établis- sement ou le patient ? J.C. : Dans 50 % des cas, nous rejetons les demandes d’indemnisation. Nous jugeons dans un délai d’un an lorsqu’il y a déjà une expertise médicale et plus dans le cas où nous devons procéder à une expertise. L.P.B. : Les jugements du T.A. de Besançon sont-ils souvent “remis en cause” ? J.C. : Nous possédons l’un des taux d’ap- pel les plus faibles, de l’ordre de 8 % alors que lamoyenne est de 20%. Quant au taux de réformation, il est seule- ment d’1 %. L.P.B. : Vous avez exercé dans d’autres juri- dictions. Y a-t-il plus ou moins d’affaires au C.H.R.U. de Besançon comparé à d’autres régions ?

“Une dérive à reprocher.”

L.P.B. : Pouvez-vous préciser ? J.C. : Pour la “faute”, c’est ce qui concerne les actes de soins, les actes chi- rurgicaux, à partir du moment où il y a une action chirurgicale. En revanche, la responsabi- lité “sans faute” est celle qui échappe à l’action. Pour parler trivialement :

Jérôme Charret est rapporteur public au tribunal administratif de Besançon.

Montfaucon

Une procédure judiciaire contre l’hôpital

Gabriel Mairot, son combat pour une vie debout

Sportif, Gabriel Mairot a été amputé d’une jambe à la suite d’une infection nosocomiale. Depuis, son combat pour la vie a pris également une forme judiciaire.

C’ est en novembre 2008 que la vie de Gabriel Mairot a basculé.De retour d’un trek dans l’Himalaya, le spor- tif accompli est hospitalisé en urgen- ce au C.H.U. de Besançon alors qu’il présente une grave détresse cardio- respiratoire. Mais lors de sa prise en charge, il va contracter une infection nosocomiale qui nécessitera de l’am- puter de la jambe droite. Un nouveau combat va commencer pour cet hom- me de tempérament âgé aujourd’hui de 58 ans. Un “combat pour une vie debout” comme il l’écrit en titre de son livre paru à la fin de l’année dernière. Dans cet ouvrage, Gabriel Mairot se raconte, de son enfance à La Rivière- Drugeon, à sa passion pour le mara- thon, ses expéditions à travers le mon- de, jusqu’à ce mois de novembre 2008 où sa vie va définitivement changer après avoir frôlé la mort. À la lecture de ce livre, on découvre aussi que son combat a pris une for- me judiciaire. Cela fait six ans qu’il bataille contre l’hôpital de Besançon dans l’espoir d’être dédommagé. “Je n’ai pas demandé à être dans cette situation. J’aimerais que le C.H.U. reconnaisse qu’il y a eu un aléa théra-

peutique (l’infection n’est pas liée à une erreur humaine manifeste N.D.L.R.) et qu’il existe des fonds pour cela. Je ne cherche pas à être indemnisé, mais je voudrais que le centre hospitalier pren- ne en charge ma prothèse” explique Gabriel Mairot qui habite Montfau- con. Le patient veut changer sa pro- thèse actuelle contre une prothèse tech- niquement plus élaborée, qui lui permettrait de continuer à arpenter les sentiers en montagne dans de meilleures conditions comme il n’a jamais cessé de le faire malgré son handicap. “Cette nouvelle prothèse s’ap- proche d’un mouvement naturel de la marche. J’ai l’intention de faire l’as- cension duMont-Blanc avec elle” annon-

Gabriel Mairot a écrit son livre “Mon combat pour une debout” dont les bénéfices doivent lui permettre de financer l’achat d’une nouvelle prothèse.

ce Gabriel Mairot, prêt à relever le défi. Mais voilà, cette jambe arti- ficielle coûte 56 000 euros ! La pro- thèse en question n’est pas prise en charge par la Sécurité sociale, ce que dénonce l’intéressé. Pour l’instant, il se heur- te à un mur avec d’un côté la Sécu qui n’en- tend pas ses arguments

maintenant de lancer également un appel aux dons sur Internet. Peut-être que d’ici là, la justice lui aura donné raison. T.C. “Combat pour une vie debout” Gabriel Mairot et Luc Poirot Pour l’obtenir : 03 81 81 72 40 aventurier- malgre-tout@orange.fr

et de l’autre la procédure judiciaire dans laquelle il est engagé et qui pour l’instant n’a pas abouti. “Il faut se battre en permanence. J’ai accepté ma situa- tion. De toute façon, j’ai très vite com- pris que je ne pourrais pas revenir en arrière. J’ai même le sentiment d’avoir toujours été comme cela. Je suis resté dynamique, je ne me suis pas apitoyé sur mon sort. La vie reste belle malgré tout. Ce qui est usant, ce sont les pro- cédures judiciaires. Depuis 2008, je n’ai

fait que remplir des dossiers. Heureu- sement que j’ai la chance d’être soute- nu par ma famille, car sans cesse vous vous heurtez à desmurs” raconte Gabriel Mairot. Ces murs, il tente de les contourner par ses propres moyens en cherchant des fonds. Le cas échéant, ils pourront lui permettre de financer sa nouvelle prothèse qui n’est pas un luxe ! Il a déjà réuni une partie de la somme grâ- ce à la vente de son livre. Il envisage

“Ce qui est usant, ce sont les procédures judiciaires.”

L’INTERVIEW DU MOIS

La Presse Bisontine n° 164 - Avril 2015

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POLITIQUE

Pascal Perrineau “Le Front National est entré dans la cour des grands”

À l’approche des élections départementales des 22 et 29 mars, le politologue Pascal Perrineau* explique l’inexorable montée du parti de Marine Le Pen qui compte sur l’actuelle vague bleu marine pour conquérir des cantons. Analyse du phénomène.

L a Presse Bisontine : Le Front National est-il devenu, en 2015, un parti comme les autres ? Pascal Perrineau : Le F.N. est un parti qui vient de loin. Il est né en 1972, à l’époque, à partir de formations d’extrême droite, en particulier “Ordre nouveau”, qui rassem- blaient tout une série de thèmes caracté- ristiques de ce courant de pensée. Et avec le temps, il a connu une évolution sensible, pas en rupture totale avec ses fondements, mais en intégrant des éléments de cultu- re républicaine. Il suffit de comparer Jean- Marie Le Pen avec sa fille. En 1989, le père était très critique vis-à-vis de la célébra- tion du bicentenaire de la Révolution par exemple. Avec la fille, le ton est différent. Depuis 2011, Marine Le Pen a mis en pla- ce une véritable O.P.A. sur les éléments clés de cette culture républicaine avec par exemple la notion de laïcité, avec le rôle de la puissance publique comme puissance correctrice des inégalités sociales, etc. Le parti a récupéré ces thèmes, ce qui en fait un parti proche des autres, mais il y a par- fois un peu de manipulation. L.P.B. : Manipulation de ces thèmes républicains ? P.P. : Oui car sur la laïcité par exemple, le F.N. en a une lecture qui insiste surtout sur la question de l’islam. On choisit uni- quement l’islam et ses dérives dans les défis religieux qu’ils lancent à la laïcité. En même temps, et c’est nouveau, il y a l’incorporation de ces thèmes républicains dans une fibre républicaine classique.Mari- ne Le Pen va défendre la laïcité en disant que la laïcité est aussi là pour défendre la place des femmes dans la société, ou celle des homosexuels. Tout cela est nouveau dans le F.N. L’autre élément du renouveau est bien sûr le renouvellement généra- tionnel. Nombre d’hommes et de femmes du F.N. ne sont plus encombrés par les réfé- rences intellectuelles et historiques de ceux qui entouraient Jean-Marie Le Pen. Enfin, la stratégie de Marine Le Pen est beau- coup plus tournée vers les questions de pouvoir. Elle est prête à certaines conces- sions pour tenter de transformer le F.N. en parti qui tente d’intégrer la logique du pou- voir. L.P.B. : Le F.N. n’est plus un parti contestataire ? P.P. : Il l’est toujours. Depuis 40 ans, ce par- ti a été avant tout un parti d’opposition radicale, de protestation et de rupture avec le système. Tous ces éléments se retrou-

blement des votes d’opposition.

L.P.B. : Il n’empêche qu’au regard des derniers scrutins, le F.N. est devenu le premier parti de France ! P.P. : C’est tout à fait nouveau en effet. Ce parti était puis- sant mais il n’avait jamais acquis le statut de première force électorale de France. Je fais cette nuance entre parti, qui compte des adhérents et des militants, et force électo- rale. Ensuite, au regard des dernières législatives partielles et notamment celle du Doubs en février, le F.N.montre désor- mais sa capacité à éliminer régulièrement une des deux forces de gouvernement. Depuis peu, le Front National est rentré dans la cour des grands. L.P.B. : Les élections départementales reposent souvent plus sur les hommes et les femmes qui se présentent que sur leur étiquette politique. Dans ce prochain scrutin, le F.N. peut-il malgré tout fai- re de bons scores ? P.P. : La donne a changé pour plusieurs rai- sons. D’abord le Front National a déjà mon- tré sa capacité à devenir un Front local. On l’avait déjà entrevu aux cantonales de 2011 où il avait fait des scores honorables. Cette année, on a un nouveau système élec- toral avec les binômes. L’effet “prime au sortant” devrait être par conséquent plus faible et le système de binômes fait que les partis classiques ont dû positionner des candidats pas forcément très connus, pas plus que ceux du F.N. Enfin, le F.N. est qua- siment présent dans tous les cantons cet- te année. Le Front National a donc tous les éléments pour perturber le système à l’occasion de ces élections départementales. L.P.B. : Pourquoi en France ce rejet des partis tra- ditionnels ne profite qu’au F.N. et pas à l’extrême gauche par exemple, contrairement à d’autres pays comme la Grèce ou l’Espagne ? P.P. : Il y a plusieurs raisons à la bonne san- té du F.N. Comme dans beaucoup de pays d’Europe, il y a la question identitaire qui est devenue très présente. Beaucoup d’électeurs se posent la question de leur identité nationale : qu’est-ce qu’être Fran- çais, Danois, Suédois, Suisse aujourd’hui ? Cette question a été ravivée par la globa- lisation. Deuxième élément : en France plus qu’ailleurs peut-être, les effets de la crise économique sont plus importants. Beaucoup de Français, notamment dans les milieux populaires, s’aperçoivent que le fait d’avoir “chassé” Nicolas Sarkozy du pouvoir en 2012 n’améliore pas le bilan économique de la France, qui est peut-être même encore pire aujourd’hui avec les socialistes au pouvoir. Ajoutons à cela les effets de la crise politique : la force du F.N. est d’arriver à politiser le rejet de la poli- tique par les Français. Cela, l’extrême gauche n’arrive pas à le faire car elle semble associée encore à la gauche et deuxième- ment, elle n’arrive toujours pas à se remettre du discrédit qui pèse sur l’idée commu- niste depuis la chute du Mur de Berlin. En plus, la gauche de la gauche est extrême- ment divisée donc difficilement audible. L.P.B. : Commente expliquez-vous l’impuissance des partis classiques à juguler la montée du F.N. ? P.P. : Non seulement le P.S. et l’U.M.P. n’ont pas la réponse, mais ils font la force du F.N. Car la force d’un parti vient aussi de la faiblesse de ses adversaires. Depuis deux “Le spectacle donné par les grands partis a nourri le F.N.”

Pascal Perrineau est politologue, il est l’un des meilleurs analystes de la vie politique française, et particulièrement de l’extrême droite.

ans, l’U.M.P. se déchire dans des combats d’hommes et de stratégies et le Parti Socia- liste donne lui aussi le spectacle de ses divisions. On l’a vu encore récemment avec la loi Macron, les frondeurs, etc. Le spec- tacle donné par les grands partis de gou- vernement a nourri quelque part la dyna- mique du F.N. Enfin, les grands partis sont actuellement impuissants face aux grandes préoccupations des Français et la nou- veauté, c’est que les Français s’aperçoivent que les réponses à ces questions ne dépen- dent plus entièrement de la puissance publique mais de la conjoncture interna- tionale, de l’attitude des chefs d’entreprises, etc. Les gens se rendent compte que le pou- voir n’est plus aux mains de la puissance publique. L.P.B. : Si on se projette un peu plus loin : en 2017, tous les sondages annoncent Marine Le Pen au second tour. Si tel est le cas, pensez-vous que les réactions seront semblables à celles de 2002 où la France était descendue dans la rue pour pro- tester contre le F.N. ? P.P. : En 2017, on devrait assister à un choc, mais différent. En 2002, le P.S. avait été

éliminé à quelques dizaines de milliers de voix près. En 2017, le F.N. devrait devan- cer le P.S. ou l’U.M.P. de plusieurs centaines de milliers et même millions de voix au premier tour. Il y aura donc forcément un choc. Mais on sait aussi que le F.N. ne pour- ra pas faire grand-chose seul dans la pers- pective d’un second tour. Le F.N. est une puissance, mais une puissance solitaire. La question des alliances est donc la gran- de question pour l’avenir du F.N. Pour évi- ter ce scénario, il y a urgence que l’U.M.P. et le P.S. se reconstruisent avec des lea- ders incontestables et que ces partis ces- sent d’être introvertis et voués aux délices de leurs divisions. Propos recueillis par J.-F.H. Pour en savoir plus : Pascal Perrineau “La France au Front - Essai sur l’avenir du Front National” (Fayard 2014)

vent d’ailleurs dans son pro- gramme qui est plus un cata- logue d’oppositions et de revendications en rupture avec le système qu’un pro- gramme de gouvernement. C’est pour cela d’ailleurs que toute alliance du F.N. avec un autre parti est impos- sible. La sortie de l’euro, la préférence nationale, le retour de la peine de mort… Tous ces thèmes rendent dif- ficile l’élaboration d’une pla- teforme de gouvernement. Le F.N. reste un parti pro- testataire, c’est d’ailleurs ce qui fait sa force et sa limi- te. Ce qui fait sa force consti- tue un verrou dans un second temps. On le voit aussi dans les plus récents sondages d’opinion où une majorité de Français estiment encore que ce parti a avant tout comme vocation le rassem-

Bio express Pascal Perrineau, né en 1950, est un politologue français et un spécialiste de sociologie électorale. Jusqu’en 2013, il a été directeur du C.E.V.I.P.O.F., le Centre de recherches politiques de Sciences Po Paris. Il est professeur des Universités à l’Institut d’études politiques de Paris où il a la charge de plusieurs cours sur le vote, l’analyse des comportements et des attitudes politiques, la science politique et l’extrême droite en France et en Europe. Il est l’auteur de nombreux ouvrages et articles sur les comportements politiques, les élections, les idées politiques françaises.

“Le Front National

a tous les éléments pour perturber le système.”

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BESANÇON 10

La Presse Bisontine n° 164 - Avril 2015

CYCLISME Morgan Kneisky “Ce titre de champion du Monde est le plus fort” Sacré champion du Monde 2015 de cyclisme sur piste en France, le Bisontin Morgan Kneisky est devenue une référence mondiale de son sport. Un succès qui pourrait lui ouvrir de nouvelles portes. Car la vie de champion n’est pas toujours rose.

La famille réunie autour de son champion. Louison, dans les bras de son tonton Morgan, a un exemple à suivre…

L es deux genoux posés sur le bois, il a embrassé la piste une fois la ligne d’arrivée franchie. Cet- te image d’un Français sacré champion du Monde de cyclis- me sur piste dans l’épreuve dite de l’Américaine a fait le tour des chaînes télévisées et de la presse dimanche 22 février. Pour Morgan Kneisky, rien n’était préparé. C’était une façon pour lui de remercier le Vélodrome créé à Saint-Quentin-en-Yve- lines où il a pu s’entraîner des mois durant avant cet événe- ment mondial. C’est son troi- sième titre de champion duMon- de. Il rentre dans un cercle très fermé. Rentré à Besançon, sa ville, où ses parents habitent,

plus belle épreuve. Le vélodro- me était plein. Cette fois, c’était vraiment émotionnellement le plus fort… L.P.B. :Peut-être parce que vos parents (Martial et Gisèle), votre petite amie, votre sœur, étaient près de vous ? M.K. : Il y avait effectivement ma famille mais aussi les membres de l’Amicale cycliste bisontine (club qui l’a formé) avec le Bel- ge (Pierre-Yves Bordy, son pre- mier entraîneur, Pascal Orlan- di). Toute cette ambiance, cela m’a donné des ailes et cela a fait passer la fin de course plus vite. Quand il a fallu faire l’effort pour faire la différence, ce fut déterminant.

le cycliste formé à l’Amicale cycliste bisontine a retrouvé avant d’enchaîner de nouveaux tours de roues, sur la route cet- te fois. Et peut-être pour les J.O. de 2016. Entretien. La Presse Bisontine : Ce troisième titre de champion du Monde a-t-il une saveur particulière ? Morgan Kneisky : Pour moi, ce titre est vraiment unique.Tous les ans, je me disais qu’il serait toujours plus dur d’être à nouveau champion du Monde. La première année (en 2009 à Pruskow alors qu’il a 21 ans), c’était une surprise. La deuxième fois (en 2013 àMinsk), c’était dans ma discipline pré- férée (l’Américaine). C’était la

portes vers le monde profes- sionnel même si je me sens bien dans mon équipe anglaise. C’est une belle expérience humaine : je me suis rendu là-bas la pre- mière semaine de mars pour fêter avec eux mon titre. Cela fait bientôt trois ans que j’y suis et j’ai ma vie en France. Je ne désespère pas de trouver une équipe pour disputer des courses internationales qui me font rêver.

remercié en vous invitant au conseil municipal. Vous n’oubliez pas qu’il y a toujours ce projet de piste voulu par l’amicale cycliste bisontine sur le site de Témis… M.K. : Si j’ai embrassé le vélo- drome à Saint-Quentin-en-Yve- lines, c’est aussi pour remercier la fédération qui nous a construit une piste. Vu qu’il n’y en a plus à Besançon, je me suis entraî- né exclusivement là-bas. L.P.B. : Un mot à nos décideurs bison- tins ? M.K. : Ma carrière est davanta- ge derrière que devant moi. Pour ma reconversion et aider les jeunes, une piste à Besançon, je l’aimerais bien ! Propos recueillis par E.Ch.

L.P.B. : À demain A 27 ans, ce maillot arc-en-ciel revêt une dimension par- ticulière ! M.K. : Chaque fois que l’on ramè- ne une médaille, on se dit que le travail paye… Tout le mon- de travaille mais disons que j’ai été récompensé pour le mien. Depuis quelque temps, je me posais des questions : jeme disais que je commençais à me faire vieux d’autant que les jeunes poussent. Ce titre m’a remoti- vé. Je n’ai pas eu de difficultés à remonter sur le home-trainer une fois rentré à Besançon. L.P.B. : Il vous a remotivé. Vous ouvri- ra-t-il de nouvelles portes vers des équipes professionnelles de renom ? M.K. : J’espère effectivement que cela m’ouvrira de nouvelles

L.P.B. : Lesquelles par exemple ? M.K. : Les classiques.

L.P.B. :Et si on vous demande de lâcher la piste ? M.K. : Tout me dépendra de ce que l’on me propose.

Les phrases-clés des élus Conseil municipal du jeudi 19 février Le replay du conseil Jean-Louis Fousseret rend un hommage appuyé à Roland Billot, le chef du service culture qui part en retraite : “Il avait les pieds dans la glaise, les mains dans le cambouis et la tête dans les étoiles. Cet homme a tout donné à cette collectivité au travers d’un parcours exemplaire.” Sur le budget 2015 et la hausse des impôts à l’agglomération, Pascal Bonnet (U.M.P.), ironique, s’adresse à Jean-Louis Fousseret : “Apparemment, le président de l’agglomération n’était pas informé de vos engagements de campagne.” Réponse du tac au tac du maire : “Comment un homme honnête comme vous peut raconter de tels mensonges ! Il y a en fait deux Bonnet : un Bonnet avec je discute sympathiquement en dehors du conseil et un Bonnet au conseil qui dit des mensonges.” “Bonnet blanc et blanc Bonnet” ajoute l’élu de droite. “Et il y a deux Fousseret aussi…” Aux élus de droite qui fustigent la politique économique du maire, ce dernier répond : “La différence avec vous, c’est que j’ai bossé 33 ans dans l’industrie. Alors me dire que l’économie n’est pas notre priorité…” Au sujet de la fusion des régions et du rapport Besançon-Dijon, Jean-Louis Fousseret hausse le ton : “Il n’est pas question d’accepter que tout aille dans une ville et rien dans l’autre. Jamais je ne l’accepterai. Sur cette question, je peux devenir hargneux si on me pousse.” Au chapitre des impôts locaux au sujet desquels le maire réaffirme son engagement de ne pas les augmenter, l’adjoint Christophe Lime apporte cette utile précision : “On doit avoir de la clarté par rapport à nos citoyens et dire que si nous maintenons les taux, ça ne signifie pas que les Bisontins ne paieront pas plus d’impôts car l’État augmente les bases.” Après l’intervention de Jacques Grosperrin sur la baisse des dotations de l’État, que Jean-Louis Fousseret ne peut que reconnaître : “Même vous vous ne m’énerverez pas. Et Dieu sait si des fois je pourrais m’énerver avec vous !” Jacques Grosperrin au sujet de la vente ratée de l’ancien conservatoire de Besançon : “Nous avons eu la désagréable surprise de voir le conservatoire en vente sur le bon coin : ça ne fait pas très sérieux Monsieur le maire.” Toujours Jacques Grosperrin s’adressant au maire : “En 2014 je m’interrogeais sur votre projet. En 2015, je m’interroge sur vos ambitions. Lancez des dossiers difficiles et nous saurons vous accompagner.” Philippe Gonon (U.D.I.) donne un bon point au maire : “Je ne reviens toujours pas de la grande braderie que Marie-Guite Dufay a lancée l’an dernier. Je reconnais volontiers que vous vous battez plus qu’elle pour défendre les intérêts de la capitale régionale.” L’écologiste Anne Vignot se lance dans une longue - et soporifique - explication sur la politique écologique de la ville. Le maire la coupe sèchement et s’adresse aux autres élus : “Est-ce que vous avez des questions ? Je dis ça parce que personne n’écoute…”

L.P.B. : Besançon votre ville vous a

BOXE

Khedafi Djelkhir, le retour

Avec “Khedou”, Besançon en route pour l’or olympique Le boxeur bisontin Khedafi Djelkhir est le premier athlète français qualifié pour les Jeux Olympiques de Rio en 2016. Il revient sur sa renaissance.

C’ est un retour tonitruant. Au moins aussi rapide que son direct du droit. À 31 ans, le boxeur bisontin Khedafi Djelkhir a obtenu sa qualification pour les Jeux Olympiques de Rio de 2016. Il l’a obtenue fin février en bat- tant l’Argentin Alberto Melian dans la catégorie des moins de 56 kg de l’A.P.B., compétition pro qualificative olympique, au Palais des Sports Marcel-Cer- dan de Levallois (Hauts-de-Sei- ne). C’était alors le premier ath- lète à être sélectionné pour les olympiades. Ce retour, seulement lui et ses amis y croyaient : “Il y a deux ans, quand j’ai décidé d’arrêter ma carrière, oui, j’étais au fond du trou. J’étais oublié” admet le

champion qui a déjà rapporté des J.O. une médaille d’argent. “J’ai su rebondir” dit-il. À l’annonce de la fin de sa car- rière en 2012, il avait choisi à 29 ans de se consacrer à son travail d’éducateur sportif qui le lie à la Ville de Besançon. “Quand Khedafi est venu nous voir à ce moment-là, il m’avait scotché sur samaturité et sa volonté de trans- mettre les valeurs de son sport. Il a sillonné Besançon pour ren- contrer les enfants” se souvient Jean-Louis Fousseret, le maire. Aujourd’hui, c’est un autre che- min qui attend le champion, désormais papa d’une petite fille. Sûr que sa “petite princesse” com- me il la surnomme regardera les exploits de son papa dont le pro- gramme promet d’être chargé

avant cette olympiade. “Il va devoir d’ores et déjà défendre sa ceinture mondiale” rapporte Sté- phane Hadjeras, président du Besançon Ring Athlétique, le club du champion qui dispose d’une salle d’entraînement à Lafayette. Khedafi viendra s’y entraîner lorsqu’il ne sera pas à l’I.N.S.E.P. à Paris ou avec son entraîneur. “Pour notre club, Khedafi est un modèle. Il l’est même pour tous les sportifs : qui peut se targuer de participer à trois olympiades ?” fait remarquer le président du club qui n’a pasmanqué l’occasion de demander une aide en maté- riel de la part de la Ville. Moti- vé comme jamais,“Khedou”répé- tera ses gammes dans la salle bisontine et à Paris.

Khedafi Djelkhir (2 ème en partant de la gauche) ici en présence de Stéphane Had- jeras, Abdel Ghezali (adjoints aux sports) et

Jean-Louis Fousseret.

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