La Presse Bisontine 164 - Avril 2015

SANTÉ

La Presse Bisontine n° 164 - Avril 2015

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BESANÇON Une soirée le 15 avril “La mort fait partie de la vie” La question de la fin de vie est plus que jamais d’actualité avec actuellement de nouvelles discussions autour de ce thème au Parlement. L’association J.A.L.M.A.L.V. Besançon (Jusqu’à la mort, accompagner la vie) agit au quotidien sur le terrain. Rencontre avec Josette Haegel, une bénévole très impliquée, avant une soirée-débat le 15 avril au Kursaal.

L a Presse Bisontine :Comment notre société appréhende-t-elle aujour- d’hui la fin de vie ? Josette Haegel : En occident, les condi- tions de la fin de vie font peur à tous : peur de souffrir, peur d’être victime de l’acharnement, peur de dépendre des autres, peur de ne pouvoir exprimer ses souhaits, peur d’être seul… Ces peurs de mal mourir sont légitimes et par- tagées par tous. À noter Spectacle-débat le mercredi 15 avril au Kursaal à Besançon. “Oser écrire ses directives anti- cipées : un engagement ! Pour qui ? À quoi ?” Organisé par J.A.L.M.A.L.V. pour parler de choses graves avec humour. Spectacle présenté par la Com- pagnie des 3 Sœurs, suivi dʼun débat. Entrée libre. Réservation possible au 03 81 81 48 98 lʼaprès- midi ou sur jalmalvbesancon@orange.fr

un acte euthanasique ou un sui- cide assisté. L.P.B. : La frontière entre ces différents gestes tient donc au but recherché ? J.H. : Dans tout geste posé en fin de vie, c’est en effet l’intention qui prime. Le but est-il de soulager ou de donner la mort ? La sédation en phase terminale s’inscrit dans une démarche de soins et de sou- lagement. Même si elle peut entraî- ner la mort, elle est très différen- te du geste létal. L.P.B. :En tout état de cause,J.A.L.M.A.L.V. propose d’être là dans ces instants ultimes ? J.H. : Quand on pense qu’il n’y a plus rien à faire, il y a encore beau- coup à faire : prendre soin de l’autre. C’est ce dont la personne malade a le plus besoin à ce moment de la vie : être calmée dans sa douleur, être écoutée, être respectée. Il est essentiel aussi de prendre soin des proches, familles et amis…Accom- pagner, c’est maintenir un lien, refuser l’isolement. Ce lien est créa- teur d’humanité pour l’accompagnant et l’accompagné.

L.P.B. : Le législateur essaie donc d’organiser cette ultime étape de la vie… J.H. : La loi Léonetti de 2005 prend largement en compte ces interro- gations avec l’obligation de sou- lager la douleur, le droit pour le malade de refuser un traitement, l’interdiction de subir un achar- nement thérapeutique, ou encore la possibilité d’exprimer ses sou- haits avec des directives antici- pées et la désignation d’une per- sonne de confiance…C’est d’ailleurs le thème de la soirée que nous pro- posons le 15 avril. L.P.B. : Mais aujourd’hui l’opinion publique semble prête à aller plus loin. On parle notamment d’euthanasie ? J.H. : Notre association dit oui à la dignité en fin de vie, jusqu’au der- nier souffle… mais non à l’euthanasie et au suicide assisté qui ne sont pas les réponses. La mort fait partie de la vie, elle est une étape naturelle et nous n’avons pas à exercer notre pouvoir sur elle. En retarder la survenue relè- ve de l’acharnement thérapeutique ou de l’obstination déraisonnable. En accélérer le processus, par un geste létal quel qu’il soit, avec l’intention de donner la mort, est

Josette Haegel vit des moments forts auprès des malades en fin de vie et de leurs proches.

Propos recueillis par D.A.

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