La Presse Bisontine 164 - Avril 2015

A g e n d a

La Presse Bisontine n° 164 - Avril 2015

44

“Notre but est de rendre les habitants acteurs de leur quartier” Le directeur de la Maison de quartier de Planoise fait le point sur le rôle social que joue aujourd’hui cette structure dans ce secteur de Besançon. BESANÇON - ABDEL ILEH RIAHI EL MANSOURI

L a Presse Bisontine : Présentez- nous ce lieu ? Abdel Ileh Riahi El Mansouri : Nous sommes ici dans la Maison de quartier de Planoise, une des trois structures qui constituent le centre Mandela inauguré en 2007. Les deux autres sont l’espace numérique et la média- thèque. Ce lieu est désormais bien identifié, et par les gens du quartier, et par les gens de l’extérieur. Personnellement, je dirige la Maison de quartier depuis dix ans. À mon sens, elle a trouvé sa place. Elle est plutôt bien implantée sur ce territoire. L.P.B. : Vous proposez tout au long de l’année des services, des animations, des activités culturelles et sportives aux habitants de tous âges. Néanmoins, cette Maison de quartier a-t-elle une identité propre qui la différencie des autres Maisons de quartier de Besan- çon ? A.R. : Nous nous adaptons évi- demment aux spécificités de ce territoire, de ses habitants, des infrastructures existantes. Mais à la base, nous sommes un centre social et à ce titre, nous assurons toutes les missions régaliennes portées par les structures de ce genre telles que la création du lien du social ou le travail en par- tenariat avec les acteurs du quar- tier en jouant ce rôle de coordi- nation. Notre particularité est que l’on met l’accent sur la par- ticipation des habitants. C’est notre leitmotiv .

L.P.B. : Qu’entendez-vous pas “faire participer les habitants” ? A.R. : Nous sommes là dans l’éducation populaire. L’idée est de rendre les habitants acteurs de la vie de leur quartier com- me de leur propre vie, car ce sont eux qui maintiennent le lien social. Il faut le développer de façon plus forte encore dans les quartiers qui concentrent les dif- ficultés. L’isolement est ce qu’il y a de pire dans le contexte actuel. C’est notre mission de partici- per à la création d’une commu- nauté de destin. L.P.B. : Concrètement, comment se tra- duit cette implication ? A.R. : Elle est double. Lorsque c’est la Maison de quartier qui met en place une action, nous solli- citons les forces vives de Pla- noise. À l’inverse, si ce sont des habitants qui viennent nous trou- ver pour mettre en place un pro- jet, nous allons intervenir en sou- tien logistique. On apportera des compétences. Nous serons des facilitateurs, mais nous n’allons pas le réaliser pour eux. Nous voulons qu’ils s’impliquent et qu’ils le portent. Ce principe d’échange est essentiel. Il s’agit de faire tout pour les habitants de Planoise mais avec eux. Ain- si un ciné-club a été fondé. Ce sont des gens quartier qui l’animent. C’est la même chose pour l’accueil parents-enfants qui se met en place, dont on sou- haite que la gestion soit assurée par les parents eux-mêmes.

L.P.B. : Défendre l’intérêt collectif est un pari dans une société où prime l’intérêt individuel… A.R. : C’est la valeur même du bien col- lectif qui est en jeu. Il faut réhabiliter cette notion-là dans une société individualiste. Sans la contribu- tion des uns et des autres, nous n’y arriverons pas. Chacun a, à son échelle, dans son îlot, dans son immeuble, les moyens de contri-

Abdel Ileh Riahi El Mansouri, le directeur de la Maison de quartier de Planoise accueille avec enthousiasme la saison II de l’opération “Le musée des Beaux-arts s’invite à Planoise”.

Nous sommes des tisserands. On prend fil par fil, on établit des relations de confiance avec les habitants, avec les associations. On fait de la veille sociale, nous avons mis en place des services à la personne comme les écri- vains publics bénévoles. On pro- pose aussi des permanences emploi où les gens trouvent un conseil sur lamanière de construi- re un C.V. ou de rechercher des offres d’emploi. L’été, nous allons au pied des immeubles faire des animations pour créer du lien social et réinvestir l’espace public. Nous sommes dans le dialogue et l’écoute des habitants. Ces échanges nous permettent d’ajuster nos services aux besoins de la population. Nous sommes en permanence dans l’innovation. Nos actions doivent s’adapter aux gens, au terrain. Pour cela, je suis entouré d’une équipe de 17 collaborateurs dynamiques qui réalisent un travail de fond. Ils sont animés par le plaisir de partager et de transmettre.

L.P.B. :Vous avez proposé des parcours à des jeunes qui les invitaient à tra- vailler sur les thèmes de l’intergénérationnel, de la prévention routière, de la discrimination. Quel écho a-t-il reçu auprès de ce public ? A.R. : Ils se sont investis pendant un an en s’engageant dans la construction d’outils pédago- giques autour de ces questions. Ils sont désormais les meilleurs vecteurs d’information sur ces

Maison de quartier ? A.R. : 2 204 personnes adhèrent aux activités payantes de la Mai- son de quartier. À cela, il faut ajouter toutes les personnes qui viennent chercher les services que l’on propose. L.P.B. : Depuis la fermeture du musée des Beaux-arts pour travaux, Planoise est devenu un des poumons culturels de la ville. Dans le cadre de l’opération “le Musée s’invite à Planoise”, des œuvres sont visibles ici. C’est une vraie opportunité pour le quartier… A.R. : Lorsque leMusée des Beaux- arts est venu à notre rencontre pour nous proposer ce projet, on a dit “banco.” Cela correspondait en plein avec notre travail autour de l’accès à la culture. En plus, il impliquait la médiathèque et le Théâtre de l’Espace. Là enco- re, nous avons associé les gens du quartier à la réflexion en leur proposant une ouverture à l’histoire de l’art par exemple, et des visites commentées. Tout ce travail de connaissance du patrimoine trouve une réso-

“L’isolement est ce qu’il y a de pire.”

buer à faire avancer l’intérêt col- lectif. C’est le fameux contrat social. Lorsqu’on prête une sal- le à la Maison de quartier, on vérifie toujours que c’est pour une action d’utilité publique et pas pour de “l’entre soi”. C’est le principe du don contre don. L.P.B. : Et ça fonctionne ? A.R. : Oui, ça fonctionne. Plus nous sommes dans cette dynamique et plus ça s’étoffe. Par exemple, nous sommes en train de créer un collectif d’animation inter- culturel pour permettre à cha- cun d’être dans l’ouverture à l’autre et d’être dans l’action pour le bien du quartier. C’est un tra- vail de maillage minutieux dans lequel nous sommes engagés.

sujets. Un groupe est allé découvrir l’Assemblée Natio- nale, symbole de la République, où il a été accueilli par les députés Éric Alau- zet et Barbara Romagnan. Cinq de ces jeunes se sont mêmes inscrits pour participer au prochain conseil citoyen. C’est posi- tif. L.P.B. : Combien de per- sonnes fréquentent la

“Regardez- ce qui se fait de bien ici.”

Recevez chez vous la Presse Bisontine Abonnez-vous à un tarif préférentiel Recevez chez vous la Presse Bisontine Abonnez-vous à un tarif préférentiel

au lieu de 31,20€ 1 numéro GRATUIT au lieu de 62,40€ 3 numéros GRATUITS au lieu de 31,20€ 1 numéro GRATUIT au lieu de 62,40€ 3 numéros GRATUITS

28 €60 les 12 numéros 54 €60 les 24 numéros

28 €60 les 12 numéros 54 €60 les 24 numéros

Le journal d’information qui aborde tous les mois les sujets d’actualité de Besançon et de sa région : évé- nements, société, actu, sport, vie associative et culturelle, dossier…

Le journal d’information qui aborde tous les mois les sujets d’actualité de Besançon et de sa région : évé- nements, société, actu, sport, vie associative et culturelle, dossier…

Made with FlippingBook - Online catalogs