La Presse Bisontine 153 - Avril 2014

Mensuel d'informations de Besançon et du Grand Besdançon

2, € 50

Mensuel d’information de Besançon et du Grand Besançon www.presse-bisontine.fr AVRIL 2014 N° 153

DOSSIER SPÉCIAL IMMOBILIER HAUT DE GAMME ELLES SONT À VENDRE LES PLUS BELLES MAISONS DU GRAND BESANÇON

LE DOSSIER en p. 20 à 25

LES COULISSES DES MUNICIPALES Les derniers bruits de campagne à Besançon POLITIQUE p. 6 et 7

BESANÇON p. 5 Bug informatique : la police perd six mois de procédures

Les Shoes

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Rédaction : “Les Éditions de la Presse Bisontine” - B.P. 83 143 - 1, rue de la Brasserie - 25503 MORTEAU CEDEX - Tél. 03 81 67 90 80 - Fax : 03 81 67 90 81 - redaction@groupe-publipresse.com

LA TWEETOSPHÈRE BISONTINE

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La Presse Bisontine n° 153 - Avril 2014

Discrédit Avec dix listes en compétition, jamais élection municipale bisontine n’aura été aussi ouverte que cette année. Cet- te pléthore de candidatures est-elle bon signe ? Certainement, si on la juge à l’aune de la représentativité démocra- tique. Contrairement aux scrutins pré- cédents qui ne dépassaient pas les tra- ditionnels clivages, on peut dire cette fois que toutes les mouvances, toutes les idéologies, tous les partis, toutes les susceptibilités, toutes les généra- tions et même toutes les utopies sont présents et se sont fait entendre. Si certaines listes attirent parfois le mépris ou les quolibets des élus bien instal- lés, elles sont pourtant le signe d’un rafraîchissant renouvellement des idées, des visions et des hommes. Cette cam- pagne bisontine, même si elle n’a pas fait émerger des idées particulièrement originales pour l’avenir de cette ville ni révélé de visionnaire, aura cependant été l’occasion de voir s’impliquer des dizaines d’hommes et de femmes, sou- vent anonymes, qui ont eu l’audace d’aller à la rencontre de leurs poten- tiels électeurs. Cette fois, si on regar- de cette multiplication des listes et des candidats par l’autre bout de la lor- gnette, on peut y voir tout autre cho- se. Elle peut signifier la vacuité du débat actuel qui laisse béante la porte à toutes les candidatures, aussi farfelus ou insi- gnifiants soient leurs initiateurs. Cette dispersion des idées est sans doute aussi l’illustration éclatante que le mono- pole des idées et des électeurs par les grands partis est bien mort. Le Parti Socialiste d’abord, dont ses partisans historiques s’aperçoivent avec stupeur qu’il est en train de perdre son âme avec la manière dont ses ténors natio- naux conduisent les affaires du pays. En l’espèce, le discrédit du gouverne- ment, hélas, déteint sur les prétentions et la crédibilité du maire actuel. Tout comme le lamentable spectacle que livrent en ce moment les leaders natio- naux de l’U.M.P. déteindra, hélas, sur le crédit de Jacques Grosperrin et de ses co-listiers à l’échelle locale. La mul- tiplication des listes cette année à Besan- çon montre sans doute également que ce n’est peut-être plus dans les grands partis classiques qu’il faut aller cher- cher les idées novatrices en matière de politique locale. Cette multiplication, certes démocratique des listes, cache peut-être paradoxalement une pauvreté de l’offre en matière de vision politique pour Besançon. Jean-François Hauser Éditorial

LES TWEETS DU MOIS

SOCIÉTÉ 20 février. Le Bison Teint rugit... de plaisir.

POLITIQUE

8 mars. Le débat télévisé des municipales animé par France 3 Franche-Comté a permis à 6 candi- dats d’échanger. Des Bisontins restent perplexes. Un twittos fait le bilan. Besval @besval · 8 mars #lvelfc Bizarre, après ce débat, je sais pour qui je vais voter au 2 ème tour mais je ne sais pas encore pour le 1 er … Bidjaille @bidjaille · 8 mars @VBisontine Comme d’habitude ! Débat ni- veau basse-cour. On s’écoute parler, mais on n’écoute pas les Bisontins, ces électeurs… #lvelfc Thomas Croisière @Tom_Croisiere · 8 mars Bilan #lvelfc #mun25000 : + beau costard : @JGrosperrin + belle moustache : @jfhbesancon2014 + pas là : @IsmaelMouv_en + crédible : @Jlf2014 JUSTICE 6 mars. Cette Bisontine réagit à l’a aire «Bi- sonpeint ». Le collaborateur du maire a envisagé une action en justice. Julie Baverel @juliebaverel · 6 mars nous demandons juste que la vérité soit faite RTQ TMD @Ƥ@HQD PTD MNTR Mŗ@UNMR O@R CDL@M - dé à voir surgir dans les débats!

Retweeté 6 fois Bison Teint @BisonTeint 2

Naissance de 3 lions d’Asie à la Citadelle de #besancon. Le sextape des parents dans la Presse Bisontine du mois prochain ? Franck House @Franck_House · 27 févr. Municipales à Besançon : Depuis quand avoir fait du porno avant d’entrer en politique est grave ?

SPORT

C’est ce qui s’appelle prendre de la hauteur.

Paul @keo79 · 3 min T’as peur de la pollution, tu aimerais respirer de l’air pur tout en restant à #Besançon , c’est simple, viens essayer le #parapente !

ORIGINAL

Drôle d’image publiée par un passant devant l’hôtel de Ville. Lucas. @iEiFel · 27 janv. Y a vraiment des gens louches dans Besac !! pic.twitter.com/oOctdbAJtm

6 mars. L’a aire «Bison Peint» suite.

besagora @besagora · 6 mars La véritable question : qui a donc fait ce blog parodique politique ????????????

COMMERCE

est éditée par “Publipresse Médias”- 1, rue de la Brasserie B.P. 83 143 - 25503 MORTEAU CEDEX Tél. : 03 81 67 90 80 - Fax : 03 81 67 90 81 E-mail : redaction@groupe-publipresse.com S.I.R.E.N. : 424 896 645 Directeur de la publication : Éric TOURNOUX Directeur de la rédaction : Jean-François HAUSER Directeur artistique : Olivier CHEVALIER Rédaction : Édouard Choulet, Thomas Comte, Frédéric Cartaud, Jean-François Hauser. Régie Publicitaire : François ROUYER au 06 70 10 90 04 Imprimé à I.P.S. - I.S.S.N. : 1623-7641 Dépôt légal : Février 2014 Commission paritaire : 0217I79291 Crédits photos : La Presse Bisontine, C.A.G.B., J. Varlet.

26 février. L’enquête du magazine Que Choisir vous fera-t-elle revoir vos lieux d’achats ? Bison Teint @BisonTeint · 26 févr. Prix du gros panier de produits chez Inter- marché (Bd Blum) : 307€.

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RETOUR SUR INFO - BESANÇON

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SiliconComté regroupe la fibre des acteurs du numérique

L’actualité bouge, les dossiers évoluent. La Presse Bisontine revient sur les sujets abordés dans ses précédents numéros, ceux qui ont fait la une de l’actualité du Grand Besançon. Tous les mois, retrouvez la rubrique “Retour sur info”.

L’ambition humaniste du

Grand Orient de France

Contact : contact@siliconcomte.fr ou www.siliconcomte.fr

U ne nouvelle association est née poursoutenirledéveloppement de l’économie numérique en Franche-Comté.LesiègeestàBesan- çon. Un de ses objectifs : attirer les business angel . Il suffit, parfois, de se regrouper autour d’une table pour apprendre que le “père” de la camé- ra GoPro - vendue à des millions d’exemplaires - est originaire de Haute-Saône. Il s’agit de Fabrice Barbier, qui est aussi le parrain de la jeune association à but non lucra- tif “SiliconComté”. En Franche-Com- té, comme ailleurs, il y a des cracks de l’Internet, de vrais cerveaux com- me Fabrice Barbier formé à l’E.N.S.M.M. et qui amigré aux États- Unis. La nouvelle association veut fédérer les acteurs du numérique, leur donner une identité. Ils sont une vingtaine de Comtois à avoir créé l’association SiliconComté dont le but est de soutenir le déve- loppement numérique. “Il y a un vrai problème de structuration de la filiè- re”, explique Christophe Boutet,

gérant de Geciade (consulting) et président de l’association. Et Nico- las Guillaume (vice-président pour le secteur Doubs) d’enchaîner : “Il faut savoir qui fait quoi en Franche- Comté… et trouver des business angel pour les attirer.” La mission de l’association est concrète : animer un réseau de pro- fessionnels à travers des échanges en ligne. Si une entreprise rencontre un problème technique, elle pour- ra alors demander de l’aide. Le réseau tentera d’y répondre. Elle organisera également des web- conférences sur des thématiques précises (juridiques, techniques…). Ouverte à tous, spécialistes com- me novice, elle se veut lieu d’échange, aider ses adhérents à détecter de nouveauxmarchés, créer un quartier du numérique (écoles de formation, espace de coworking ). Pas besoin d’être un geek . En Franche-Comté, SiliconComté veut prouver que le métier de l’Internet est branché.

gramme ou un catéchisme. C’est une ambition à caractère humaniste. L’homme est au centre de nos préoc- cupations. Ce travail oblige à remettre sans cesse l’ouvrage sur le métier dans une société qui connaît des tensions et de ruptures.” La cause est noble. Le Grand Orient de France qui la défend a évolué dans sa manière de l’aborder. Au début du XX ème siècle, cette obédience maçon- nique “a été un cabinet de réflexion où se sont mêmes préparées les grandes lois de la République comme la loi de 1905 (séparation de l’Église et de l’État). Le droit du travail a également été pro- posé par la franc-maçonnerie” racon- te Daniel Keller. La place du G.O.D.F. est désormais différente. “Nous avons davantage vocation à animer le débat public à un moment où la politique est de moins en moins porteuse d’idées.” Le débat démocratique, constructif, perd du terrain dans un contexte mar- qué par une résurgence d’intolérance.

L e 14 février, les loges du Grand Orient de France à Besançon ont reçu un invité de marque. Daniel Keller, élu grand maître du Grand Orient de France l’été dernier, s’est déplacé dans la capitale régionale pour ren- contrer cette communauté franc-maçon- ne. La visite a eu lieu en marge du 240 ème anniversaire de l’obédience qui reven- dique 51 000 membres en France et dans le monde dont environ 1 300 femmes. Lors de sa venue, ce chef d’entreprise de 54 ans a rappelé le rôle que joue la franc-maçonnerie dans la société. “Nous travaillons pour l’amélioration matérielle et morale de l’humanité annonce le Grand Maître du G.O.D.F. Ce n’est pas une idéologie ni un parti politique. Cet- te vision ne se décline pas dans un pro-

Daniel Keller, 54 ans, a été élu l’été dernier Grand Maître du Grand Orient de France.

Chaufferie bois : l’étude en cours ne concerne pas Novillars

PUBLI-INFORMATION Roc.Eclerc s’installe àBesançon

Le spécialiste du funéraire a ouvert une agence face àl’hôpital Minjoz. Le magasin de 240 m 2 sera bientôt complété d’un espace comprenant six salons funéraires et une salle de cérémonie. E n France, l’enseigne Roc.Eclerc dispose de près de 500 adresses. Il enman- quait une à Besançon, c’est dés- ormais chose faite au 1 B, rue Édouard-Belin, juste en face du C.H.U. Minjoz. Denis Seve, directeur général et Jacob Antoine, directeur de l’agence bisontine ont ouvert cette nou- velle adresse en début d’an- née. Le magasin de 240m 2 pro- pose un large choix d’articles funéraires, de la sépulture aux croix, en passant par la mar- brerie et les fleurs artificielles. Et bientôt, Roc.Eclerc Besan- çon proposera un complexe funéraire complet sur une sur- face de 1 100m 2 (avec parking) disposant d’une chambre funé- raire de six salons ainsi que d’une salle de cérémonie réser-

Les deux chaudières bois supplé- mentaires (en cours de construction à Planoise) nécessiteront un approvi- sionnement dans un rayon de 100 km (photo Seve).

Denis Seve (àgauche), directeur général et Jacob Antoine, directeur de la nouvelle agence Roc.Eclerc de Besançon.

vée aux familles endeuillées qui souhaitent rendre un der- nier hommage à leur proche. “Nous organisons les obsèques de A à Z, nous proposons éga- lement des contrats de pré- voyance obsèques”

poser aux familles un service de qualité à un coût environ 20 % inférieur à celui pratiqué par les principaux opérateurs du funéraire. “Le prix ne doit pas être un tabou. J’incite les familles à demander des devis et ce, avant même que le décès ne survienne. Chez Roc.Eclerc, nous proposons des études et devis gratuits, personnalisés et sans engagement. Les familles peuvent ainsi comparer” annonce le directeur. Les salons funéraires devraient être mis à la disposition des familles dès la fin du mois d’avril et la salle de cérémonie quelques semaines plus tard.

résume Jacob Antoine, 18 ans de métier. La particularité de l’enseigne Roc.Eclerc qui a contribué à faire tomber le mono- pole sur les pompes funè- bres est de pro-

“J’incite les familles à demander des devis.”

nement pas pour la chaufferie de Novillars” pré- cise l’élu. Pour mémoire, la chaufferie actuelle de Planoise s’approvisionne en bois dans un rayon de 50 km. “Les deux chaudières supplé- mentaires en cours de construction à Planoise seront approvisionnées dans un rayon de 100 km. En ce qui concerne l’approvisionnement de la chaufferie de Novillars, je ne sais pas quelle dis- tance sera nécessaire - elle sera fatalement supé- rieure à 100 km, poursuit Benoît Cypriani. On peut dire que la région Franche-Comté étant la deuxième région forestière, il y a de la place pour beaucoup de chaufferies bois, ce qui créera beaucoup d’emplois locaux. Aux collectivités et aux professionnels de s’organiser pour amélio- rer la filière du bois” ajoute-t-il. Pour l’heure, l’organisation de cette filière est au point mort.

L’ élu bisontin Benoît Cypriani (Europe Éco- logie-Les Verts) apporte une précision par rapport à l’article relatif à la gestion de la forêt de Chailluz paru dans le précédent numéro de La Presse Bisontine : “Une étude sur le plan d’approvisionnement bois au niveau de l’agglomération est effectivement en cours, reconnaît-il, mais elle ne concerne pas le pro- jet de chaufferie de Novillars.” (N.D.L.R. : où un projet de centrale à cogénération est à l’étude). Cette étude vise uniquement à déterminer quel- le est la ressource en bois au niveau du Grand Besançon, ce qui est actuellement utilisé, et ce qui pourrait l’être et à quelles conditions. “Vous me faites dire que “la ressource en bois est suf- fisante” , ce qui en soi ne veut rien dire. Suffi- sante pour quoi et sur quel territoire ? Certai-

03 81 52 78 58 contact@roc-eclerc-besancon.fr 1 B, rue Édouard-Belin (face à l’hôpital Minjoz) 25000 BESANÇON R O C . E C L E R C

BESANÇON

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POLICE Crash de deux serveurs informatiques Le commissariat de police perd six mois de données En janvier, les deux serveurs sur lesquels étaient stockées les mains courantes ont grillé. Les fichiers enregistrés de juillet à décembre 2013 sont irrécupérables. Le commissariat relativise l’incident. Les avocats grincent des dents.

L a perte de données informa- tiques est fâcheuse. Elle l’est encore plus lorsqu’elle survient dans un commissariat. C’est précisément ce qui s’est produit à l’hôtel de Police de la Gare d’Eau à Besan- çon. En janvier, deux serveurs ont ren- du l’âme, et pas n’importe lesquels. Toutes les mains courantes (procé- dures qui consistent à faire consigner des faits sans porter plainte) ainsi que les procès-verbaux d’intervention des policiers étaient enregistrés dans ce système de stockage. Résultat : “Ce sont six mois de travail qui ont dispa- ru” reconnaît une source policière. L’ensemble des données concernant la période de juillet à décembre 2013 est désormais irrécupérable puisque le serveur de sauvegarde a également grillé, et il n’existe pas d’archives papiers de ces fichiers. Au commissariat, on relativise l’incident. “C’est gênant pour la mémoi- re du service, mais ce n’est pas dra- matique.” Il s’agit en effet d’un fichier d’information et “en aucun cas d’actes de procédures pénales. C’est surtout une gêne pour quelqu’un qui est venu faire une déclaration de main courante

regarde les mains courantes qui peu- vent fournir des renseignements sur un comportement étrange d’un indivi- du. Nous pouvons aussi interroger une personne qui a fait une déclaration de main courante. C’est une banque de données qui n’est pas fondamentale mais qui peut être très utile. Les P.V. d’intervention sont tout aussi impor- tants, puisque c’est la première obser- vation des enquêteurs lorsqu’ils ren- trent au commissariat. Ces pièces sont jointes au dossier dans le cadre d’une procédure” détaille l’avocat. La récur- rence des mains courantes peut éga- lement amener le procureur à ordon- ner l’ouverture d’une enquête. Malgré la perte de ces informations stockées sur les deux serveurs défec- tueux, le commissariat affirme avoir toujours les traces des interventions de police effectuées sur la période concernée. Depuis cet incident, la sécu- rité publique a fait le nécessaire pour remplacer le matériel défectueux. T.C. À l’hôtel de Police de Besançon, on relativise les conséquences de l’incident technique.

entre juillet et décembre, qui n’est pas reparti avec un exemplaire papier, et qui souhaiterait obtenir aujourd’hui un extrait de celle-ci. Une fois encore, ces informations n’ont pas de valeur juridique. C’est une base de rensei- gnements” répète l’hôtel de Police. Lamésaventure a un écho dans le mon- de judiciaire local. Pour les avocats de la place, les conséquences de ce crash technique sont plus graves que le com- missariat le laisse entendre. “Une main courante n’est pas un acte anodin. S’il

ne servait à rien, alors pourquoi existerait-il ?” remarque un avocat bisontin consterné par cette affaire. Dans le cadre d’une pro- cédure pénale, les mains courantes, quand il y en a, sont versées au dos- sier. “Lorsqu’une per- sonne est soupçonnée dans une affaire, on va chercher toutes les infor- mations que l’on peut trouver sur elle auprès du commissariat. Quand il n’y a pas de plainte, on

“C’est gênant pour la mémoire du service.”

L’ÉVÉNEMENT

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LES DERNIERS “OFF” DE CAMPAGNE

C’est la dernière ligne droite avant le scrutin pour les dix candidats à la mairie de Besançon. Derniers bruits en coulisses de ce grand rendez-vous démocratique.

Jean-Louis Fousseret devant Sondage Commandé par France 3 et France Bleu Le maire P.S. de Besançon est selon le

Le grand show se dégonfle ! Bide

L e sondage commandé lundi 17 mars pour France 3 Franche-Comté et France Bleu Besançon donne Jean-Louis Fousseret en tête du premier tour avec 36 % des suffrages. C’est cinq points de mieux que la liste U.M.P.-U.D.I.- MoDem menée par Jacques Gros- perrin, créditée de 31 %. La liste du Front national de Philippe Mougin

est en position de se qualifier pour le second tour avec 11 % des intentions de vote. En cas de triangulaire, Jean-Louis Fousseret serait quasiment assu- ré de l’emporter malgré la division de la gauche avec cinq autres listes. Parmi ces autres listes de gauche, seule celle d’Emmanuel Girod émerge, avec

sondage I.P.S.O.S.- Steria en tête des suffrages au premier et au second tour.

Jean- François Humbert est crédité de 4 %.

8 % des suffrages. Les dissidents socia- listes FrankMonneur et Lazhar Hak- kar ne recueillent que 3 % et 2 % des intentions de vote. L’extrême gauche est à 2 % (1,5 % pour Lutte ouvrière avec Nicole Friess, 0,5 % pour le Par- ti ouvrier indépendant d’Apolline Trioulaire). Le sénateur Jean-Fran- çois Humbert est crédité de 4 %. À noter que le jeune candidat sans éti- quette Ismaël Boudjekada est crédi- té de 3 % des voix. 13 % des personnes interrogées, certaines d’aller voter, n’ont pas exprimé d’intentions de vote. D’après ce sondage, l’indice de parti- cipation est de 53 à 56 %. Toujours selon ce sondage, 56 % “seu- lement” des sondés se déclarent satis- faits du “travail accompli” par le mai- re. Un chiffre à mettre en relation avec la moyenne nationale, qui voit 71 % des administrés contents du bilan de leur maire sortant (villes de plus de 25 000 habitants). Dans le détail, 7 % sont “très satisfaits” (18 % en moyenne nationale), 49 % “plutôt satisfaits” (53 %).

Ismaël Boudjekada a tenu sa promesse sur les caricatures, ratées, des candidats aux municipales. Humbert, Fousseret, Grosperrin et Friess ont été croqués par un graffeur. Il manquait les autres têtes, notamment la sienne.

L e candidat Ismaël Boudje- kada avait promis qu’il frap- perait fort pendant cette cam- pagne en organisant un grand événement populaire au centre- ville de Besançon le samedi 1 er mars. Le D.J. Hakimakli était même annon- cé parmi les têtes d’affiche. On ima- ginait déjà une foule de jeunes en délire massée devant la scène. La soirée devait se poursuivre ensuite dans la discothèque à la mode de Besançon. Mais le show attendu place de la Révolution s’est dégonflé comme un ballon de baudruche. En tout cas, il

n’était pas à la hauteur de la pro- messe. Ce jour-là, une scène a bien été montée. Mais elle était place Pas- teur, petite et mal sonorisée. Les pas- sants ont pu néanmoins assister à des battle de breakdance . La soirée ne s’est pas poursuivie dans la discothèque branchée de Besançon comme cela était annon- cé. Lorsqu’on lui demande de s’ex- pliquer sur ce changement de pro- gramme, l’intéressé nous fait comprendre qu’on lui amis des bâtons dans les roues qui sont venus com- promettre les plans à la dernière minute.

Jean-Louis Fousseret en tête de ce sondage.

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Bodin, le fiel et le venin Communication

Le Naour, la caution économie de Grosperrin Profil

D es 550 candidats aux municipales à Besançon, répartis dans les 10 listes en présence, c’est sans doute celui qui susci- te le plus de dithyrambes et d’admiration. Il faut dire que l’homme a un discours percutant qu’on aurait aimé entendre beaucoup plus durant cette campagne où au final, le développement économique n’aura pas beaucoup inspiré les can- didats. Pourtant discret de nature, le BisontinWilfrid Le Naour a su capter ses auditoires à chacune de ses interventions. Ce diplômé de H.E.C. qui est passé à la

A gacé ? Sans doute, que sonmen- tor ait à ferrailler beaucoup plus dur qu’en 2008. Irrité ? Certai- nement, que l’union de la droite ait été un succès – presque – complet à l’ap- proche de ce scrutin où le maire sor- tant aura à combattre, outre la droite, pas moins de six autres listes appa- rentées ou affichées à gauche. Cela explique sans doute le ton, tantôt fiel- leux tantôt condescendant avec lequel Nicolas Bodin, le bras droit de Fousse- ret et le “M. communiqués de presse” de cette campagne, a utilisé dans la plupart de ses communiqués depuis plusieurs semaines. Extraits, au sujet du passage de Jean-François Copé à Besançon : “Heureusement, Jean-Fran- çois Copé soutient l’homme providen- tiel, Jacques Grosperrin qui lui a sûre-

ment fait visiter Besançon.Ils sont même allés, sans aucun doute, à la rencontre des salariés de l’entreprise deM.Gonon, troisième de liste et chantre de la bon- ne gestion des comptes et du dévelop- pement économique…” Toujours aussi sympathique le ton employé par Nicolas Bodin dans un autre communiqué, un peu plus ancien, une nouvelle fois à l’adresse de Philip- pe Gonon, décidément une de ses têtes de Turc : “On comprend qu’après son score de 1,78%aux législatives de 2012, Monsieur Gonon cherche à se refaire une santé en faisant parler de lui.Mais, ce n’est pas avec des formules pompeuses que l’on peut rebondir.” Qui a dit que la politique locale était plus sympa- thique que sur le plan national ?

Wilfrid Le Naour a été très courtisé avant et pendant la campagne.

Jacques Grosperrin a pro- mis de mettre en place. L’histoire ne dit pas com- ment Le Naour occupera ses journées de jeune retrai- té de 62 ans en cas de défai- te de la droite.

Jean-Louis Fousseret him- self l’aurait bien vu sur sa liste… Si la droite réussit son pari, Wilfrid Le Naour préside- ra le conseil de développe- ment économique que

tête de nombreuses entre- prises, dont la plus récen- te, Somfy qu’il a fait pas- ser de 800 à 8 000 salariés, sait de quoi il parle quand il évoque les dossiers éco- nomiques. À tel point que

Marie-Odile Crabbé-Diawara : Mélenchon ne va pas être content Front de gauche Paradoxe

P our Martine, il ne fait aucun doute que Jacques Grosperrin, le candidat U.M.P. pour lequel elle distribue des tracts, va gagner. Savez-vous comment Martine le sait ? “C’est une cartoman- cienne qui me l’a dit. Elle a prédit un grand changement pour Besan- çon” affirme-t-elle dans un sourire déconcertant. La diseuse de bon- ne aventure n’aurait vu “que la droite” dans ses cartes. Le changement, c’est maintenant, ça ne vous rappelle pas quelque chose ? Bref, à quelques jours des élections, tous les moyens sont bons pour croire en la victoire. Espérons pour Martine que Jacques Grosperrin ne s’enlisera pas dans le marc de café. Jacques Grosperrin dans le marc de café La cartomancienne a dit… Jean Rosselot, retour animé dans son village du Territoire-de-Belfort L’ex-conseiller municipal de Besançon (U.M.P.) se présente comme tête de liste à Bermont. Face à lui, un jeune dissident et un autre candidat. Et Si J.R. se (re)trouvait à nouveau dans l’opposition ? De Besançon à Bermont

O n pouvait s’y attendre. À Besançon le 12 mars der- nier, Mélenchon fait du Mélenchon lors de sa visite de soutien au candidat Emmanuel Girod (Front de gauche). Il s’emporte, rappelle à ses “camarades” qu’il faut La veille, la colisitère d’Emmanuel Girod participait au meeting de Mélenchon qui balançait sur la gauche et les “traîtres” de communistes. Le lendemain, au conseil d’agglomération, elle vote le budget. Bizarre.

une abstention, ce qui confirme qu’el- le valide la politique menée par le P.S. et le P.C. qui font front commun.Mélen- chon appréciera. Elle s’explique : “Je suis dans la majorité municipale et je me suis engagée à voter le budget. Je ne dis pas que c’est pratique, mais je le fais” dit-elle tout en rappelant son opposition à certains votes (les déchets notamment). Christophe Lime et le P.C.F. (même s’ils ont obligation de voter le budget pour leur rôle dans la majorité) ont déjà utilisé leur veto dans ce mandat. Ils s’étaient opposés à la mise en délégation de service public du réseau de chaleur. Comme quoi les “traîtres” ne sont pas toujours là où l’on veut bien le dire…

“virer” ce P.S. et ces “traîtres” de com- munistes. Dans la salle, Marie-Odile Crabbé-Diawara, conseillère munici- pale sortante qui roule désormais pour Emmanuel Girod (Parti de Gauche) écoute. Comme tous, elle entend le co-prési- dent du mouvement marteler qu’il ne

faut surtout pas voter comme le P.S. ou les com- munistes. Marie-Odile n’a pas retenu la leçon ? Le lendemain, alors qu’elle rapporte le bud- get de la communauté d’agglomération du Grand Besançon… elle vote “pour”. Même pas

Marie- Odile n’a pas retenu la leçon ?

Mais où est passé “oui-oui” ? Que fait-il ?

Ancien président du groupe U.M.P. à la Ville, Jean-Marie Girerd retrouve un rôle de simple “militant”. J ean-MarieGirerd paye-t-il sondépart - en septembre dernier - vers Philippe Gonon (U.D.I.) ? Avant que l’union ne soit scellée entre l’U.M.P., l’U.D.I. et le MoDem, Girerd avait pris la décision de se rallier dès septembre à Gonon pour apporter son expérience en matière d’audit. Son choix avait surpris son propre camp d’autant qu’il était encore président de groupe U.M.P. à la ville. Celui que certains de ses collègues ont surnom-

mé“oui-oui” pour sa faculté à approuver les projets de la majorité Fousseret est désormais rallié à la cause Gros- perrin. “J’ai aujourd’hui un rôle de militant” explique-t- il. Est-il déçu de son sort ? “Je n’ai pas d’état d’âme. La politique, ce n’est pas un métier mais il faut le faire avec professionnalisme.” Lorsqu’on lui apprend son “surnom”, Jean-Marie Girerd répond du tac au tac : “Je n’ai pas été “oui-oui” lors de la commission transparence lié au dos- sier Pavé dans la Mare…” Homme de dossier, Girerd gar- de son esprit d’analyse. Il pourra conseiller son épouse, inscrite sur la liste Grosperrin…

Le projet de Jean Rosselot à Bermont.

J amais le village de Bermont n’aura connu autant de dynamisme lors des élections. Est-ce le retour de Jean Rosselot, l’enfant du pays, qui attise les convoitises ? Trois candidats sont déclarés dans ce village de 360 habitants dont l’ex-conseiller municipal de Besançon (U.M.P.) pour succéder au maire Pierre Santosillo. Face à lui, deux autres candidats affichés dont un jeune homme…de l’U.M.P. qui fait dissidence. Jean Rosselot a bien tenté de le rallier à sa cause. Rien n’y a fait. Pour le bonheur des habitants de Bermont, ils ont pu assister aux envolées lyriques de J.R. lors d’une réunion publique. “Il est passé dans toutes les maisons où il s’est présenté. Beaucoup d’habitants le connaissent encore mais si la population a beaucoup changé depuis son départ” relate un conseiller municipal qui ne se représente pas. “Et il a un projet comme mettre à disposition un de ses terrains pour que les habitants cultivent de la vigne” rappelle-t-il. Finies donc les batailles entre Rosselot et Fousseret. Dommage pour les Bisontins. Le professeur de droit qu’il était (en retraite depuis 18 mois) se déclare “disponible et prêt à donner tout (son) temps loin de toute ambi- tion personnelle.” Sera-t-il prophète en son pays, lui l’ancien député du Territoire (1993-1997), conseiller général duTerritoire (1985 à 1998) ?Aux électeurs de trancher. Jean Rosselot le dit : “Nulle part ailleurs, je n’ai trouvé la même profondeur et sincérité des liens d’amitié qu’ici.” À Ber- mont, J.R. devrait, comme son futur vin, se bonifier avec le temps…

I ls se courent après les militants du Front de gauche et ceux de Jean- Louis Fousseret. Au propre, com- me au figuré. Samedi 8 mars vers 21 h 30, alors qu’elle sortait d’une réunion militante du Front de gauche pour fumer une cigarette, une femme interpelle deux jeunes hommes en pas- se de décoller des affiches de la liste pagne. Un jour plus tard, la femme porte plainte contre X au commissa- riat de Besançon mais assure avoir reconnu formellement l’un des colis- tiers de Jean-Louis Fousseret, encar- té au parti communiste, numéro 45 sur la liste. Christophe Lime, repré- sentant du P.C., dément et rappelle que la femme aurait volé les lunettes d’un des deux colleurs. Une confron- tation était prévue entre les deux par- ties. De source policière, l’affaire jugée “bénigne” pourrait être classée sans suite. Le second couteau de la liste Fousseret Faits divers Différents entre colleurs d’affiches Une militante du Front de gauche porte plainte contre un colistier de Jean-Louis Fousseret qui l’aurait menacée avec une lame de cutter. Démenti du groupe. L’affaire pourrait être classée sans suite. “ÀGauche toute, place au peuple”menée par Emmanuel Girod. “Je leur ai dit que c’était illégal. J’ai fait mine de les prendre en photo. C’est à ce moment qu’ils m’ont coursée” dit la militante. L’un des deux individus aurait alors pointé la lame de son cutter à son encontre en la menaçant. De peur, elle se réfugie au local de cam-

L’INTERVIEW DU MOIS

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POLITIQUE Roland Cayrol “On risque d’assister à une sorte d’élection de 2008 à l’envers” Politologue, Roland Cayrol est directeur du centre d’études et d’analyses. Il faisait partie du jury du magazine L’Express qui a classé Besançon à la 9 ème place des villes les mieux gérées de France.

L a Presse Bisontine : Quels sont les enjeux de ces élections municipales 2014 ? Roland Cayrol : On sait que les municipales traditionnellement sont un mélange assez particulier d’élections locales où on désigne sonmaire qui reste la personnalité politique que les Français préfèrent, et d’élection à enjeu national. Car les municipales sont toujours une élection intermédiaire entre deux élections nationales où les gens expri- ment leur sentiment vis-à-vis de leurs diri- geants et envoient souvent un message de déception. Cette élection 2014 ne faillira pas à la règle. Une partie de l’électorat de gauche fera certainement passer ce mes- sage de déception. Ce n’est pas tant un chan- gement de camp auquel il faut s’attendre mais plutôt mécaniquement une baisse du vote de gauche due à l’abstention. L.P.B. : Vous pronostiquez une vague bleue ? R.C. : On parle moins d’une vague bleue à cause des affaires actuelles et de l’image de l’U.M.P. qui est probablement brouillée.Mais si on prend l’ensemble des communes de France, on assistera tout de même à une bascule de la gauche vers la droite. On pen- se assister à une sorte d’élection de 2008 à l’envers. On voit bien que dans certaines grandes villes, il y a un vrai danger pour la gauche comme àAngers, àMetz ou à Reims. L.P.B. : Et dans une ville comme Besançon ? R.C. : Sur le papier, tout est possible. Ceci dit, les villes les plus menacées sont celles où habituellement l’équilibre est beaucoup plus serré entre la gauche et la droite, ce qui n’est pas le cas de Besançon. Je pense que cette ville, traditionnellement à gauche depuis des décennies, devrait résister. C’est le cas de Paris également. L.P.B. : L’abstention sera une nouvelle fois la gran- de gagnante ? R.C. : Les municipales subissent hélas le sort de toutes les élections en France. La montée de l’abstention depuis 25 ans tra- duit une profonde grogne des Français par

rapport à la politique. Ils se disent que voter ne changera pas grand-chose à leur quoti- dien. Des jeunes en arrivent même à dire que s’abstenir est un devoir civique. Le pro- blème de la relation entre les citoyens et la politique est très profond. Il n’est pas impossible que cette fois-ci l’abstention soit encore plus forte. Il y a l’abstention struc- turelle à laquelle pourra s’ajouter l’abstention de tous les déçus du coupleHollande-Ayrault. L.P.B. : Quelle peut être la solution pour enrayer le phénomène ? R.C. : Il faut que les politiques comprennent qu’ils doivent rendre des comptes à leurs électeurs notamment en organisant des réunions en cours de mandat. Il y a des innovations à tester dans ce domaine et notamment avec les nouvelles technologies et les réseaux sociaux. L.P.B. : Les sondages ont-ils encore une influence sur le vote ? R.C. : Les sondages influenceraient le vote de 5 % des Français, ce qui est loin d’être négligeable quand une élection se joue à quelques centaines de voix près. C’est sur- tout vrai dans une élection où les sondages montrent qu’il y a enjeu fort et où le son- dage est serré. L.P.B. : Et les médias ? R.C. : Le rôle des médias est fondamental dans une élection. Le citoyen est de moins en moins un électeur d’habitude. Aujour- d’hui, l’électeur est moins tenu par les tra- ditions familiales, sa classe sociale ou un attachement à un parti. On le voit dans les familles ou au bureau où on a de moins en moins de conversation politique. C’est donc par les médias qu’on se fait aujourd’hui son opinion.Sur ce point,lesmédias locaux jouent pleinement leur rôle, ce qui est moins vrai des médias nationaux qui se sont aperçus que les émissions nationales sur les muni- cipales nemarchaient pas. Sur le plan natio- nal, la campagne est plus atone que d’habitude.

Roland Cayrol est venu plusieurs fois à Besançon dans le cadre de rencontres économiques et politiques.

L.P.B. : On a le sentiment que la communication joue un rôle de plus en plus grand pour les candidats. Vous confirmez ? R.C. : Elle est absolument essentielle. Les gens sont tellement éloignés de la politique qu’il faut aller les chercher par tous les moyens. Sur ce plan, il y a deux moyens qui se révèlent efficaces. D’abord unmoyen très classique qu’Obama a remis au goût du jour : c’est le porte-à-porte. Cette méthode super- classique revivifiée ces dernières années est payante. On estime qu’une visite sur 19 est transformée en vote. Le deuxième bien sûr, ce sont les réseaux sociauxmais que les can- didats une fois élus feraient bien de conti- nuer à activer. Il y a un troisième élément qu’il ne faut pas négliger, ce sont les pro- fessions de foi électorales qui sont beaucoup plus importantes que ce qu’en pensent les candidats. Les gens les lisent. Enfin, les réseaux associatifs jouent un rôle impor- tant en tant que leaders d’opinion. L.P.B. : Les extrêmes et notamment le Front Natio- nal joueront-ils les arbitres ? R.C. : Pas tant que cela à mon avis. Le F.N. n’est présent que dans un peu moins de 600 communes sur 36 000. Son score sera très modeste au niveau national je pense. Il part pour gagner quelques villes dans le Midi, peut-être dans le Nord. Le F.N. peut faire mieux qu’en 2008 où il avait fait un score pitoyable, mais les municipales ne sont pas une élection pour le F.N.

L.P.B. : Au final, comment réconcilier les électeurs avec la politique ? R.C. : Je le répète, la balle est dans le camp des politiques.Il faut absolument qu’ils repren- nent l’initiative et offrent desmoyens de fai- re participer les citoyens.Les efforts déployés sur les réseaux sociaux doivent être prolon- gés pendant lesmandats. Il ne faut pas hési- ter réunir des citoyens avec des experts dans des conférences de citoyens.Quand ondeman- de aux gens impliqués de faire un rapport, les gens se sentent très concernés. L.P.B. : L’élu local mérite-t-il un vrai statut ? R.C. : Le “métier” de maire est devenu une fonction très prenante si bien qu’il est deve- nu de plus en plus compliqué de trouver des gens qui veulent bien s’investir pour une indemnité relativement faible. Cela tient aussi au fait qu’en France on a énor- mément de communes, autant que 15 pays d’Europe réunis. Le statut de l’élu doit être la contrepartie de l’implication citoyenne. Il est important que l’élu soit considéré comme un cadre avec tout ce que cela implique, c’est-à-dire une rémunération, une protection sociale, une retraite, etc. Le souci est que cela coûterait et qu’en cemoment, tout cela n’est pas très populaire.Mais avec le regroupement des communes, je suis per- suadé que les citoyens seraient d’accord avec l’idée d’instaurer un vrai statut à leurs élus locaux. Propos recueillis par J.-F.H.

Bio express Né en 1941, Roland Cayrol est directeur de recherche Centre de recherches politiques de Sciences Po (Cevipof). Il est également directeur de collections aux éditions Calmann-Lévy et fut directeur de l’institut de sondages C.S.A. On le voit commenter l’actualité politique dans l’émission “C dans l’air” sur France 5. Ses travaux portent sur les médias et leur influence politique, les structures de l’opinion publique et les comportements politiques comparés, en France et en Europe. En 2008, il a cédé ses parts dans l’institut C.S.A. à Vincent Bolloré. Tout en restant “conseiller permanent”, il a quitté ses responsabilités directes chez C.S.A. Il a écrit une dizaine d’ouvrages politiques et trois romans.

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“Vote ou ferme ta gueule !” PLANOISE Au hasard des tables, La Presse Bisontine a rencontré des clients de la brasserie Île-de-France pour mesurer l’intérêt qu’ils portent aux élections municipales. Reportage dans ce quartier populaire où le taux d’abstention avoisine les 40 %.

Ambiance à la Brasserie Île-de-France

À la brasserie Île-de-France, des clients attendent la tournée des candidats.

P lanoise, Brasserie Île-de- France, un matin de mars à l’heure du café. Au coin du zinc,un trio d’abstentionnistes papote de tout et de rien. Ils lèvent le nez un instant histoi- re d’étriller les élus sans dis- tinction par un avis tranché. “Voter ? Pour quoi faire ? Ils sont tous pourris de toute manière.” Les trois compères qui depuis longtemps ont perdu tout espoir en la politique sont au moins d’accord sur un point : ils ne se déplaceront pas pour les muni- cipales. Inutile d’insister, ils n’iront pas mettre leur bulletin dans l’urne, ni au premier, ni au second tour. Un choix qui agace Maurice, un jeune retraité des travaux publics. “Je suis un citoyen. je vais aller faire mon devoir. Je considère que celui qui ne vote pas n’a qu’à fermer sa gueule !” lâche le bonhomme en refermant

sa main rugueuse sur son ver- re. Ce Bisontin ne manquera pas son rendez-vous avec la démocratie. Pourtant il a une dent contre un système piqué par l’injustice. “Je perçois 790 euros de retraite pour 45 ans de cotisation et je ne suis pas à plaindre. Je pense encore à ceux qui ont moins que moi.” Ce qui le dérange à côté de ça, c’est le train de vie des collectivités.

où elle se pratique, national ou local, il n’y a plus rien à en attendre. “Le sujet m’intéresse. Je suis l’actualité. Je constate que la politique, c’est un écran de fumée. Ils veulent le pouvoir pour le pouvoir. Ils ne se préoccupent pas de nousmais seulement d’eux- mêmes. Planoise, par exemple, ça n’a pas changé. Cela fait cin- quante ans que c’est comme ça” regrette Moundir. Envahi par le désarroi, il accorde malgré tout un bon point aux élus “pour la création du point public qui est utile dans le quartier.” Assis tranquillement à sa table, Joseph bouquine. Il est absorbé par sa lecture, mais accepte volontiers de donner son point de vue sur la politique locale qu’il suit de près. “Mon choix est fait pour les municipales.” Dans la foulée, il précise : “Je voterai pour la liste Générations citoyennes de Frank Monneur.

devraient faire des locaux pour les jeunes” propose-t-il avant de conclure par un soupir ironique “le rire, il n’y a plus que ça qu’on ne paie pas.” Ce sexagénaire n’a pas toujours été d’accord avec la politique municipale et inter- communale. Néanmoins, l’ancien ouvrier a le cœur à gauche. Par principe, il votera Jean-Louis Fousseret, mais au second tour. “Au premier, je lui mettrai un petit coup de semonce en votant peut-être F.N.” Donner sa voie au Front National, Michel est prêt à le faire aussi, par dépit. “Je vais lire tous les programmes. Mais je voterai sans doute pour le candidat de Marine Le Pen. J’en ai ras-le-bol de voir toujours les mêmes têtes.” Annie, la patronne du café qui s’affaire derrière le bar, s’invite dans la conversation. “Ce qu’il faut, c’est baisser les charges.Avec les travaux du tram, j’ai perdu

25 % de mon chiffre d’affaires.” Une perte qu’elle n’a pas com- pensée. Il est midi, Jean-Claude vient de s’installer à une table pour déjeu- ner. En 2008, il avait voté pour le candidat Fousseret.Mais cet- te fois-ci, il fera différemment, animé lui aussi par une envie de changement. “Il faut une alter- nance, Jean-Louis Fousseret est élu depuis 1983. C’est trop long. Comme l’U.M.P. nem’inspire pas, je voterai plutôt au centre pour la liste de Frank Monneur qui me semble enmesure de défendre le petit commerce, élément essen- tiel à mon sens.” Un peu plus loin, Moundir, 27 ans, employé dans la sécurité, n’a pas d’avis. Ou plutôt si, ce jeune de Planoise a décidé de se ranger du côté des abstention- nistes aux municipales. Il fait partie des déçus de la politique. Pour lui, quel que soit le niveau

C’est une liste qui est modeste dans sesmoyens et dans ses ambi- tions mais qui a des projets.Mon- neur n’est pas non plus un per- dreau de l’année. Si avec sa liste il peut peser dans le débat, alors tant mieux. C’est important à mon sens qu’il y ait une voix sup- plémentaire, qui reste une voix de gauche gestionnaire et pas seulement revendicative.” Sans la présence de cette liste, Joseph avoue qu’il aurait glissé dans l’urne un “bulletin des lapins crétins” composé par ses soins. Il n’exclut d’ailleurs pas de le faire au second tour en cas de désaccord avec les décisions que prendra son candidat, si ce dernier passe la barre des 5 %, seuil au-delà duquel il pourra poursuivre l’aventure électora- le au second tour.

“Quand on décide de faire un tram dans une ville où il n’y en a pas besoin,çam’énerve” peste Maurice qui préférerait que des moyens soient mis sur Planoise. Selon lui, le quartier est courtisé par les candidats pendant les élections et après,plus rien. “Ils

“Un bulletin des lapins crétins.”

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L’H u m e u r

L’énigme Boudjekada Le plus jeune candidat aux municipales intrigue par sa détermination et la maturité de son engagement au point que dans les rangs de ses adversaires, soit on l’ignore, soit on le trouve suspect. Dans tous les cas, il dérange. POLITIQUE Proche des anti-sionistes ?

jeunesse une priorité, tous ceux qui affirment que la jeunesse incarne l’avenir de notre socié- té. Alors qu’on était en droit d’attendre des encouragements, des louanges pour son courage. Ce n’est qu’un concert de cri- tiques. “Comment, ce gosse de 18 ans, candidat ! Mais il n’a rien à dire, rien à proposer.” La politique est cruelle. Il faut détrui- re l’adversaire. La force d’un candidat ne se mesure pas à l’aune du nombre des militants de son parti, mais à son origi- nalité, à la portée de ses idées et de ses propositions, mais aussi à son courage d’affronter même seul les obstacles.” Pour Jacques Vuillemin, Ismaël Boudjekada est légitime, mais il dérange. Être redouté est une qualité en politique. T.C.

A -t-on atteint les limites de la mal- adresse politique ?Alors que nos confrères de France Bleu Besançon n’avaient même pas encore dévoilé les résultats de leur sondage exclu- sif préparé avec l’institut I.P.S.O.S. lundi 17 mars, annoncé à grands renforts de publicité pour 18 heures, Jacques Grosperrin se fendait deux heures avant le dévoilement des résultats d’un communiqué de pres- se qui relativisait par avance la portée de cette enquê- te d’opinion.Alors ou le candidat de l’U.M.P. avait eu connaissance par avance de ces résultats et on a là un bel exemple de déni de démocratie. Ou alors il pressentait un mauvais résultat et a tenté de dégonfler l’effet d’annonce de ce sondage. Qu’a cherché le candidat à travers ces commen- taires d’avant-résultats ? Une chose est sûre, il aurait, pour le coup, été mieux ins- piré de se mettre en sourdine encore quelques heures.

I smaël Boudjekada est-il un imposteur ? Beaucoup de ses détracteurs le pensent. Pour démolir le plus jeune candidat aux élections munici- pales à Besançon, ils s’appuient sur des traces laissées sur le web qui sèment le doute sur la sincérité de sa démarche. La tête de liste de “Besançon autre- ment” serait proche des mou- vances d’extrême droite. En 2011, sur facebook, alors que le môme avait quinze ans tout jus- te (!), un message publié sous son nom invitait à rejoindre “le mouvement anti-sioniste et illu- minati.” Cette proximité sup- posée lui vaut de se faire étriller encore sur divers réseaux sociaux. Ismael Boudjekada qui surprend dans cette campagne par sa maturité, sa repartie et son enga- gement tromperait donc son monde ? Si jeune et déjà mani- pulateur ? Est-il mû par la seu- le envie de se faire remarquer, ou est-il le messager de mou- vements nauséabonds ? En tout cas, pour ses détracteurs, Mon- sieur Boudjekada ne serait pas celui qu’il prétend être. Pourtant, ce côté bidon est dif- ficile à croire à la lumière de récentes prises de position du jeune candidat. Écarté du débat de France 3, il s’est lancé dans

une grève de la faim en signe de protestation. Pour avoir été réduit au silence, il a vécu sous une tente, plantée sur un car- ré de verdure face à lamairie pendant 204 heures (un peu plus de huit jours). Il prétend avoir perdu 8 kg pour défendre la cause qui lui semblait juste mais a gagné, dans le même temps, 1 600 soutiens !

Il s’agirait donc d’un coup mon- té qui n’aurait qu’un seul but : lui nuire dans un environne- ment politique impitoyable. Le candidat n’a plus l’intention de se laisser faire. “On cherche à me salir dans cette campagne d’une manière ou d’une autre. Plutôt que d’essayer de me décré- dibiliser sur quelque chose qui date de 2011, j’aurais préféré que l’on tente de le faire sur les points de mon programme lors d’un débat. Je vais faire une déclaration de main courante par rapport à toute cette histoi- re” annonce-t-il. Selon nos informations, Ismaël Boudjekada est distant des mou- vances anti-sionistes avec les- quelles il a pu flirter lorsqu’il était adolescent, un péché de jeunesse, mais qui n’en a pas ? En revanche, certains de ses amis sur facebook seraient assez proches de ces extrêmes. Cela suffit-il à faire un coupable de ce jeune homme qui a dit dans cette campagne être contre le F.N., et qui a réussi par ailleurs le tour de force de monter une liste et d’élaborer un program- me ? La réponse, c’est un inter- naute, un ancien élu bisontin, qui la donne. Jacques Vuillemin se fait l’avocat Ismaël Boudje- kada. Sa candidature “devrait réjouir tous ceux qui font de la

“On cherche à me salir.”

Lorsqu’on l’interpelle sur ses prétendues accointances avec les anti-sionistes, le fondateur du Mouvement pour l’Éveil National secoue la tête de dépit. Il dément formellement toute implication avec ces mouvances et nie être à l’origine du mes- sage électronique de 2011. À l’écouter, il est victime d’une usurpation d’identité. “Il y a des profils qui se créent sur facebook sous votre nom. Vous ne pouvez pas l’empêcher. Je ne suis pas à l’origine de ce message et je nie avoir des liens avec les anti-sio- nistes” répète Ismaël Boudje- kada, profitant au passage de rappeler qu’il est contre Dieu- donné.

“Le P.S. m’a fait un appel du pied, l’U.M.P. aussi. Si j’avais choi- si de me rallier dès le début, rien de tout cela ne serait arrivé.”

PROJET

Le Doubs, nouveau courant politique Besançon Plage : les candidats se jettent à l’eau

P ersonne de Jean-Louis Fousseret, Jacques Gros- perrin, ou Frank Mon- neur n’envisage de créer

un lieu de baignade de Besan- çon. Leurs projets sont davan- tage portés sur les animations ou la revalorisation des berges, politique entreprise par l’ancienne majorité avec la réfec- tion et l’agrandissement des ports fluviaux du Moulin Saint- Paul et de la Citadelle. Les Bisontins sont liés auDoubs. Et inversement. En 41 avant Jésus-Christ, Jules César van- tait himself ce point stratégique avec le Doubs. 2 000 ans après, voici les axes proposés pour renouer avec le contact avec la rivière. La liste “Tous pour Besançon” conduite par Jean-Louis Fous- seret propose d’embellir les berges des Prés-de-Vaux, de Casamène-Mazagran. La requa- lification de la Rhodia après démolition doit ouvrir la vallée du Doubs de ce côté de la ville. “C’est la seule entrée à Besan- çon où il n’y a pas d’enseignes commerciales. Préservons-la” souffle Christophe Lime, co-lis- tier. Une liaison cyclable et pié- tonne devrait être pensée pour rejoindre Chalezeule (par la rive droite). La liste veut créer une plage publique à Besançon avec création de pontons non loin de Chamars et de Saint-Jacques. Il n’est pas prévu de s’y baigner. Une campagne de propreté des quais sera engagée. La liste “Générations citoyennes”

conduite par Frank Monneur associe sport, plage et culture. Il est question de reconquête des Prés-de-Vaux avec la créa- tion d’un espace aqualudique avec baignade, une fosse de 20 mètres pour les plongeurs, des activités pour le S.N.B., des berges restaurées, la création d’un nouveau pont (côte de Mor- re), de places de parkings. La liste souhaite organiser un Besançon Plage (sans baigna- de dans le Doubs) tout en pro- jetant des films (sur un écran flottant), soit à la Gare d’eau ou sur le quai Vauban. Enfin, le quai Veil-Picard pourrait être le nouveau réceptacle d’un mar- ché d’artisans tous les dimanches. La liste “Besançon il est temps” conduite par Jacques Grosper- rin projette de travailler sur un parcours santé le long de la vélo- route. Autre axe prioritaire lié au “grand projet” : le réaména- gement de la Rhodiaceta avec la création d’un lieu multi-acti- vités, point d’entrée pour y fai- re du kayak, partir en randon- née, enV.T.T… Il y aura un côté touristique avec la création de chalets-hôtels pour permettre à des cyclistes empruntant la véloroute de dormir une nuit. Pour donner de la verdure à ce lieu, “la petite ferme” installée à la Citadelle pourrait être redes- cendue.

Au moins trois candidats veulent reconquérir les berges du Doubs. Pas de montant chiffré ni de baignades prévues.

Dans les projets de plusieurs candidats, une valorisation des berges du Doubs est engagée. Bientôt un Besançon Plage… sans la baignade, sauf pour les canards.

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