La Presse Bisontine 153 - Avril 2014

BESANÇON

La Presse Bisontine n° 153 - Avril 2014

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POLICE Crash de deux serveurs informatiques Le commissariat de police perd six mois de données En janvier, les deux serveurs sur lesquels étaient stockées les mains courantes ont grillé. Les fichiers enregistrés de juillet à décembre 2013 sont irrécupérables. Le commissariat relativise l’incident. Les avocats grincent des dents.

L a perte de données informa- tiques est fâcheuse. Elle l’est encore plus lorsqu’elle survient dans un commissariat. C’est précisément ce qui s’est produit à l’hôtel de Police de la Gare d’Eau à Besan- çon. En janvier, deux serveurs ont ren- du l’âme, et pas n’importe lesquels. Toutes les mains courantes (procé- dures qui consistent à faire consigner des faits sans porter plainte) ainsi que les procès-verbaux d’intervention des policiers étaient enregistrés dans ce système de stockage. Résultat : “Ce sont six mois de travail qui ont dispa- ru” reconnaît une source policière. L’ensemble des données concernant la période de juillet à décembre 2013 est désormais irrécupérable puisque le serveur de sauvegarde a également grillé, et il n’existe pas d’archives papiers de ces fichiers. Au commissariat, on relativise l’incident. “C’est gênant pour la mémoi- re du service, mais ce n’est pas dra- matique.” Il s’agit en effet d’un fichier d’information et “en aucun cas d’actes de procédures pénales. C’est surtout une gêne pour quelqu’un qui est venu faire une déclaration de main courante

regarde les mains courantes qui peu- vent fournir des renseignements sur un comportement étrange d’un indivi- du. Nous pouvons aussi interroger une personne qui a fait une déclaration de main courante. C’est une banque de données qui n’est pas fondamentale mais qui peut être très utile. Les P.V. d’intervention sont tout aussi impor- tants, puisque c’est la première obser- vation des enquêteurs lorsqu’ils ren- trent au commissariat. Ces pièces sont jointes au dossier dans le cadre d’une procédure” détaille l’avocat. La récur- rence des mains courantes peut éga- lement amener le procureur à ordon- ner l’ouverture d’une enquête. Malgré la perte de ces informations stockées sur les deux serveurs défec- tueux, le commissariat affirme avoir toujours les traces des interventions de police effectuées sur la période concernée. Depuis cet incident, la sécu- rité publique a fait le nécessaire pour remplacer le matériel défectueux. T.C. À l’hôtel de Police de Besançon, on relativise les conséquences de l’incident technique.

entre juillet et décembre, qui n’est pas reparti avec un exemplaire papier, et qui souhaiterait obtenir aujourd’hui un extrait de celle-ci. Une fois encore, ces informations n’ont pas de valeur juridique. C’est une base de rensei- gnements” répète l’hôtel de Police. Lamésaventure a un écho dans le mon- de judiciaire local. Pour les avocats de la place, les conséquences de ce crash technique sont plus graves que le com- missariat le laisse entendre. “Une main courante n’est pas un acte anodin. S’il

ne servait à rien, alors pourquoi existerait-il ?” remarque un avocat bisontin consterné par cette affaire. Dans le cadre d’une pro- cédure pénale, les mains courantes, quand il y en a, sont versées au dos- sier. “Lorsqu’une per- sonne est soupçonnée dans une affaire, on va chercher toutes les infor- mations que l’on peut trouver sur elle auprès du commissariat. Quand il n’y a pas de plainte, on

“C’est gênant pour la mémoire du service.”

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