La Presse Bisontine 153 - Avril 2014

ÉCONOMIE

La Presse Bisontine n° 153 - Avril 2014

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RIOZ

Équipements sportifs et de loisirs Abéo, un leader mondial à 20 minutes de Besançon Le Bisontin Olivier Esteves dirige Abéo à Rioz. Spécialisé dans le secteur des équipements sportifs et de loisirs, le groupe est passé en 17 ans de 5 à 90 millions d’euros de chiffre d’affaires. Une success story.

D ans les ateliers de Rioz, les machines tournent à plein régime. La dernière com- mande a rejoint le stade du Paris Saint-Germain : il s’agit de vestiaires. La prochaine, en cours de finalisation, équipera la cen- trale nucléaire de Flamanville. Abéo, ce nom ne vous dit sans doute rien. Et pourtant ! Dans votre vie antérieure d’écolier, il est certain que vous avez accroché votre veste à l’un des porte- manteaux confectionnés dans la zone artisanale de Rioz. Plus récemment, lors des Jeux Olym- piques de Londres en 2012, “les podiums récompensant les médaillés olympiques ont été réalisés par les 53 salariés de notre usine” relate Jean-Baptiste Fre- nois, directeur de production du site. Une fierté. Mieux, une filiale d’Abéo (Gymnova) a obtenu le Graal suprême en deve- nant le fournisseur officiel des J.O. en équipements de gymnastique. “Nous ressentons encore les effets positifs. Cela a apporté de la crédibilité, une image de qualité” commente sans fanfaron-

ner Olivier Esteves, le P.D.G. d’Abéo. À 52 ans, ce Bisontin dirige cette hol- ding basée à Rioz (Haute-Saône). Elle compte 19 sites dont 11 à l’étranger et emploie 650 salariés dont 350 à l’étranger ! Chiffre d’affaires réalisé l’année dernière : 90 millions d’euros (pour l’ensemble du groupe) avec une croissance de 30 % dont 11 % pour le seul site de Rioz. “Nous avons connu

gym et en murs d’escalade mais nous sommes loin d’être hégémoniques” dit- il. Rappel des faits : en 1992, lorsqu’il prend la succession de son père, le pari est loin d’être gagné. Au contraire, le jeune P.D.G. doit ramer fort pour remettre à flot la société jadis spécia- lisée dans la création de tribunes pour stade, marché alors en perte de vites- se. L’ancien nageur du S.N.B. (de bon niveau) qu’il est, choisit la bonne vague. Entre 1992 et 2000, Olivier Esteves recentre les activités autour de la créa- tion de cabines et de vestiaires. En 1997, le chiffre d’affaires se consolide à 5 millions d’euros. “C’est à ce moment que nous avons pu rebondir sur un marché dynamique.” Il rachète coup sur coup trois autres sociétés : Fran- ce équipement, Suffixe etAcman (basées à Besançon) qu’il recentre à Rioz. L’essor se poursuit. “Au début des années 2000, nous avons choisi de sortir de la dépen- dance du marché français et du mono- produit en exportant.” Les difficultés à l’export le rappellent parfois à l’ordre. “Aux États-Unis, on

une forte croissance externe. Notre équilibre financier est bon” explique le responsable qui alterne les voyages entre le Canada, le Royaume-Uni, la Chi- ne, et bientôt le Brésil pour se rendre dans ses unités de production. En l’espace de vingt ans, cet ancien diplômé d’H.E.C. a développé une machine de guerre éco- nomique. Humble, l’homme reste modes- te : “Nous sommes les leaders mondiaux en

Retenus aux J.O. de Londres.

Olivier Esteves, un P.D.G. “pragmatique”.

s’est ramassés… Ce marché est très conservateur. La fibre pour un Améri- cain, c’est d’acheter américain…” com- mente le Franc-Comtois. Conscient que le pays de l’oncle Sam ne veut pas de ses tapis rouges de gymnastique (couleurs gymnova) mais préfère les bleus, Olivier Esteves rachète le lea- der canadien des équipements spor- tifs, qui est aussi le numéro 2 aux États- Unis. Avec ce “concurrent” devenu par la force des choses “partenaire”, Abéo s’ouvre la porte des Amériques. Mieux, Abéo fabrique en France et exporte en Chine où elle leader en gym. Encore une fois, l’export n’est pas une recet- te miracle. Dans certains pays, la Chi- ne ou la Russie notamment, les mar- chés sont gangrenés par la corruption :

“Nous ne voulons pas nous plier à ce genre de pratiques. Nous préférons pas- ser devant la glace.” Abéo préfère perdre le marché. Malgré tout, l’export constitue 50 % des parts de marché de la société. Un phénomène qui pourrait s’amplifier : “La moitié de notre chiffre est encore réalisée en France. Est-ce que cela va durer ?, se questionne le P.D.G., sachant qu’une partie de l’investissement spor- tif est réalisé par l’État ? Notre pari pour l’avenir : c’est rester présents en France et se développer à l’étranger.” Le Bisontin démontre qu’il est possible de gérer une holding depuis la Hau- te-Saône. Joli coup. E.Ch.

À Rioz, le groupe Abéo confectionne des vestiaires et cabines pour les équipements sportifs. Elle a investi 2,5 millions pour moderniser son site. Identité Nombre de sites de production : 9 dont 4 en France et 5 sites aux États-Unis, au Canada, au Royaume-Uni, en Espagne et en Chine. 650 employés. Le capital dʼAbéo est détenu majoritairement par Olivier Esteves, P.D.G., aux- quels se sont joints Gérard Barbafieri, fondateur de Gymnova, et C.M.-C.I.C. Capital Finance, spécialiste du capital développement.

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