La Presse Bisontine 134 - Juillet-Août 2012

Mensuel d'informations de Besançon et du Grand Besdançon

2, 50 €

JUILLET-AOÛT 2012 N° 134

Mensuel d’information de Besançon et du Grand Besançon

www.presse-bisontine.fr

LA FORÊT DES BISONTINS CHAILLUZ, SPÉCIAL ÉTÉ

SON HISTOIRE SES SECRETS

LA FORÊT-LOISIRS SON EXPLOITATION CHAILLUZ, DESTINATION D’ÉTÉ

La forêt de Chailluz est un des plus vastes espaces forestiers communaux de France. Depuis plusieurs générations, les Bisontins se l’approprient et en font un des lieux les plus fréquentés pour leurs loisirs. (photo Ville de Besançon).

LE DOSSIER en p. 19 à 23

TOURISME

ÉVÉNEMENT Le cahier spécial p. 35 à 39 TOUR DE FRANCE Tout sur la Grande Boucle à Besançon Enjeux, confidences, organisation…

p. 28

À la découverte des hébergements “décalés” du Grand Besançon

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Rédaction : “Les Éditions de la Presse Bisontine” - B.P. 83 143 - 1, rue de la Brasserie - 25503 MORTEAU CEDEX - Tél. 03 81 67 90 80 - www.presse-bisontine.fr - redaction@groupe-publipresse.com

RETOUR SUR INFO - BESANÇON

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La Presse Bisontine n° 134 - Juillet-août 2012

Télé : feu vert pour TicTacTv

Les associations d’anciens combattants attendent la relève l’actualité de Besançon. Tous les mois, retrouvez la rubrique “Retour sur info”. L’actualité bouge, les dossiers évoluent. La Presse Bisontine revient sur les sujets abordés dans ses précédents numéros, ceux qui ont fait la une de

Vertueux Ouf, enfin sortis du tunnel ! Cela fait plus d’un an que l’on est gavé de poli- tique, que l’on nous rebat les oreilles de débats contradictoires, de promesses plus ou moins fumeuses et de projets pour le moins utopistes. François Hol- lande élu, Éric Alauzet et Barbara Roma- gnan à Besançon, Annie Genevard dans le Haut-Doubs, elles sont désormais oubliées les polémiques inutiles entre clans. On entre enfin dans le vrai, débar- rassés des oripeaux de la politique vir- tuelle et des controverses oiseuses. Avant d’être écrasés sous l’impôt à la rentrée - on plaisante… -, l’été est bel et bien là. Alors il est venu le temps de respirer, décompresser et se ressour- cer. Mais peut-être et surtout d’adopter une posture presque oubliée ici en Fran- ce : la “positive attitude”. On annonce force plans sociaux à la rentrée, des usines qui ferment, une réforme fisca- le, un coup de vis budgétaire et tant d’autres raisons de ployer sous la char- ge des mauvaises nouvelles. Donnons- nous justement cette parenthèse de deux mois pour au contraire appré- hender l’avenir autrement que par le petit bout de la lorgnette et tenter de casser ce cercle vicieux né aussi en grande partie d’un état d’esprit bien à la française fait de contestations et de bougonneries, pour s’inspirer de l’esprit de quelques-uns de nos voisins, qui, étonnamment, tirent largement leur épingle du jeu dans le concert écono- mique mondial. Lorgnons un peu, pour voir, à quelques kilomètres de chez nous, côté suisse, et nous nous aper- cevrons que si ce pays, îlot de prospé- rité au milieu d’une Europe à la déri- ve, s’en tire plutôt bien, c’est peut-être qu’ils appréhendent les problèmes autre- ment. C’est tout une culture de l’entreprenariat qu’il faut réinculquer en France, en un mot, de la prise de risque. Autant que du travail et de l’envie. Les nouvelles équipes dirigeantes réussiront sans doute si elles parvien- nent à concilier leurs programmes où l’égalité et le sens de la justice préva- lent, avec ces notions vitales que sont l’audace et l’encouragement à l’esprit d’initiative. Une gageure de transfor- mer un cercle vicieux en cercle ver- tueux ? Inspirons-nous encore une fois de ce qui se passe chez nos proches voisins. Une formule employée à un autre dessein par une éminence récen- te pourrait résumer cette orientation nécessaire : “N’ayez pas peur.” Et d’ici la rentrée, excellent été. Jean-François Hauser Éditorial

ce que dans le cadre du servi- ce militaire” ajoute-t-il. L’U.N.C. du Doubs compte 3 900 adhé- rents dont 2 925 sont des anciens d’A.F.N. “Ce sont des garçons qui ont aujourd’hui entre 70 et 80 ans.” L’âge venant, tous n’ont plus l’énergie suffisante d’agir pour l’association qui a par ailleurs une réelle mission d’action sociale envers ses membres. Ce que redoutent les anciens combattants, c’est que leur his- toire qui appartient aussi à cel- le des nouvelles générations, glisse petit à petit dans l’oubli. Il y a déjà quelques signes. “Dans certaines petites muni-

cipalités qui ont à leur tête de jeunes maires qui n’ont pas connu les affres de la seconde guerre mondiale, ils ne sont pas toujours enclins à célébrer les cérémonies patriotiques. Ce n’est pas péjoratif, mais les jeunes sont moins sensibles” regrette Gérard Mangin. L’idée de n’avoir finalement plus qu’une cérémonie dédiée à la mémoire de tous les conflits plutôt que de multiplier les com- mémorations comme c’est le cas aujourd’hui, permettrait peut-être de donner une dimen- sion nouvelle au souvenir. L’U.N.C. en tout cas n’y est pas fermée.

L’ Union Nationale des Combattants (U.N.C.) du Doubs est confrontée aux mêmes problématiques que les autres associations du même genre. Les adhérents sont vieillissants. La diffi- culté pour elles est d’attirer des jeunes qui se chargeront de perpétuer à leur tour le devoir de mémoire auquel elles consacrent toute leur énergie. “Ils nous faut des jeunes pour reprendre le flam- beau” remarque Gérard Man- gin, le président départemen- tal de l’U.N.C. “Des jeunes qui ont porté l’uniforme ne serait-

La future chaîne de télé régionale TicTacTv émettra sur le canal 20 de la T.N.T., Ici, les dirigeants à leur sortie du C.S.A.

L e C.S.A. (Conseil supé- rieur de lʼaudiovisuel) vient de donner son feu vert à la création en Franche- Comté dʼune nouvelle chaî- ne de télévision, baptisée Tic- TacTv, portée par la société F.J. Médias dirigée par le Bisontin Fabien Jeanney, un ancien de T.D.F. Cette nou- velle chaîne accessible gra- tuitement prendra le canal numéro 20 de la T.N.T. Une convention écrite entre le C.S.A. et la société de M. Jeanney doit être écrite dʼici début juillet et à partir de cet- te date, la chaîne aura six mois pour voir le jour. “La dif- fusion démarrera au plus tard le 1 er janvier prochain. Nous aimerions sans doute com- mencer aux alentours du 20 décembre, avant Noël” commente le porteur de pro- jet. Dʼici là, il reste “ un énor- me travail” confesse le diri- geant de cette future chaîne de télévision régionale, notam- ment du point de vue tech-

nique et financier. La grille des programmes ainsi que la composition des équipes qui feront “tourner” cette télé locale seront pré- sentées à lʼautomne. On sait déjà que cette chaîne a pour ambition de devenir une sor- te de France Info local avec une grande place laissée à lʼinformation régionale. On sait aussi que sur le plan de lʼanimation, la grille sera pilo- tée par le désormais Bison- tin Éric Galliano, rompu à cet exercice depuis les années quatre-vingt-dix, époque où il animait plu- sieurs émissions sur TF1 et France 2. Lʼautre Bisontin Fabrice Barbier, un ancien de Radio France, sera éga- lement de la partie. Si après “quatre ans de préparation” lʼéquipe de TicTacTv a obte- nu lʼindispensable sésame du C.S.A., cʼest aujourdʼhui que démarre véritablement le compte-à-rebours pour elle.

Les anciens d’A.F.N. sont près de 3 000 au sein de l’U.N.C.

Quand le Tram et Indibat assurent emploi et formation

la croissance avec 17 % de progression des heures travaillées. L’activité fut sou- tenue grâce aux chantiers d’importance” expliquait le président Jean-Claude Colombani qui avait pour le coup invi- té des salariés à parapher leur contrat avec des entreprises locales, souvent des C.D.D., appelés à se muer en C.D.I. à l’avenir. Indibat a surtout présenté son bus qui sera un espace de formation iti- nérant. “Nous allons pouvoir distiller de la formation ou de l’information au plus près du besoin des hommes et des chan- tiers. 126 jours par an sont déjà plani- fiés pour la sécurité, la remise à niveau, la découverte des métiers.” Alors, prêts à monter dans le bus du B.T.P. ? Un salarié formé par Indibat signe un contrat avec un employeur intervenant sur le chantier du Tram.

A umois de février, La Presse Bisontine avait évoqué le Tram comme loco- motive de l’emploi bisontin pour les cinq prochaines années. 30 000 heures de travail seront nécessaires pour réaliser les 7 km vers l’Ouest et 36 000 heures pour donnernaissanceaux7autreskmvers l’Est. Pour chacune des deux parties, le chantier mobilisera 260 emplois, dont 7 % seront réservésà l’insertionprofessionnelle, condi- tion sine qua non pour être retenu par la communauté d’agglomération du Grand Besançon, maître d’ouvrage. L’agglo esti- me au total à 500 le nombre d’emplois générés par ce chantier. Les chiffres sem- blent se vérifier. Le groupe Indibat, groupement d’employeurs du B.T.P. qui assure le recrutement et la formation, a rappelé lors de son assemblée générale l’intérêt de ce chantier et le rôle qu’il avait à jouer. “En 2011, nous avons enfin renoué avec

est éditée par “Les Éditions de la Presse Bisontine”- 1, rue de la Brasserie B.P. 83 143 - 25503 MORTEAU CEDEX Tél. : 03 81 67 90 80 - Fax : 03 81 67 90 81 E-mail : redaction@groupe-publipresse.com Directeur de la publication : Éric TOURNOUX Directeur de la rédaction :

Jean-François HAUSER Directeur artistique : Olivier CHEVALIER Rédaction :

Frédéric Cartaud, Édouard Choulet, Thomas Comte, Jean-François Hauser. Agence publicitaire : Sarl BMD - Tél. : 03 81 80 72 85 François ROUYER - Portable : 06 70 10 90 04 Imprimé à I.P.S. - ISSN : 1623-7641 Dépôt légal : Juin 2012 Commission paritaire : 1112i80130

Crédits photos : La Presse Bisontine, Bacchus, I.I.N. Médical, Y. Petit, Ville de Besançon.

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12 rue Gambetta - 25000 Besançon - 03 81 25 05 25

L’INTERVIEW DU MOIS

La Presse Bisontine n° 134 - Juillet-août 2012

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LES NOUVEAUX DÉPUTÉS Barbara Romagnan “L’abstention peut être combattue par le comportement des élus” La nouvelle députée P.S. de 38 ans a fait ses premiers pas à l’Assemblée Nationale. Elle reste campée sur sa position concernant le non-cumul, une façon selon elle de réconcilier les électeurs avec le personnel politique.

“J’ai le sentiment d’une continuité dans mon parcours politique” 2 ÈME CIRCONSCRIPTION Éric Alauzet Le nouveau député né de l’alliance P.S.-E.E.L.V. a rejoint l’Hémicycle. Il siégera à l’Assemblée Nationale et à la commission des finances.

L a Presse Bisontine : Comment s’est passée votre “rentrée” à Paris ? Éric Alauzet : Curieusement, je suis resté longtemps avant de ressentir des émotions. La journée du lundi était très agréable. C’est quand je suis entré dans l’Hémicycle à l’Assemblée Nationale que je me suis dit : c’est ici que tout se joue. C’est un moment fort. Pour le reste, j’ai le sentiment d’une continuité dans mon parcours politique. Ce sont les mêmes questions d’organisation qui se posent, de partage des responsabilités, les premières négocia- tions avec la majorité. L.P.B. : Connaissez-vous déjà la commission dans laquelle vous allez siéger ?

nécessaire. Le reste du temps, je serai dans ma cir- conscription. Je cherche encore un local où je pourrais établir ma permanence. Elle se situera à Besançon entre les Chaprais et Palente. Je vais réduire également mon activité de médecin, mais je souhaite continuer à exer- cer. Le tout est de trouver le bon équilibre. L.P.B. : Lesquels de vos mandats allez-vous abandonner ? E.A. : Je démissionne du conseil municipal et donc, par ricochet, de l’Agglo et de la présidence du Sybert. Je démissionne également de l’exécutif du Conseil général dont je suis vice-président. En revanche, je resterai conseiller général de base jusqu’en 2014. L.P.B. : Comment définissez-vous votre mission de député ? E.A. : La mission d’un député est de voter les lois. Je ne suis pas un super-maire ou un super-conseiller général. Il y a cependant dans cette fonction un énorme enjeu de proximité, dans le sens que l’on vérifie les conséquences des lois sur le terrain. J’ai envie de pouvoir en discuter avec les acteurs socio-économiques pour en corriger les effets. L.P.B. : Vous faites partie des 18 élus verts à l’Assemblée Nationa- le. Vous avez pu constituer un groupe. Cela suffira-t-il à peser sur les décisions ? E.A. : Non, on le sait, cela ne suffira pas car globalement dans le monde le mouvement écolo ne pèse pas beau- coup. Il y a donc des moments où nous ne pèserons pas assez et d’autres où nous pèserons un peu plus.

L a Presse Bisontine : Surprise par l’ampleur de votre victoire ? Barbara Romagnan : Françoise Branget a eu ce mot malheureux quand elle a dit, “Hélas pour moi, dans cette cir- conscription, il y a Planoise.” En fait, on constate que nous sommes arrivés en tête dans tous les cantons, à l’exception de Quingey et de justesse. Ce n’est pas Planoise qui a fait l’élection. Ce serait prétentieux de dire que cet- te victoire ne nous a pas surpris, mais le contexte était vraiment favorable pour nous. Notre victoire était en effet plus probable que celle de M me Branget. L.P.B. : C’est aussi la circonscription où les électeurs se sont le moins déplacés… B.R. : C’est vrai. C’est la raison pour laquelle il est fondamental de mener des politiques qui permettent de fai- re prendre conscience aux gens que le fait de voter pour untel ou untel chan- ge quelque chose. Quand les gens constateront qu’il y a plus de person- nel dans les écoles pour s’occuper de leurs enfants, ils verront la différen- ce. L’abstention peut être combattue également par le comportement et l’attitude des élus. Je pense qu’il est nécessaire de s’appliquer les discours

qu’on porte. Quand on est de gauche, on dit qu’il faut partager les richesses, cela passe aussi par le partage des postes. En m’élisant, les gens permet- tent aussi à élire mon suppléant au Conseil général. Je suis très heureu- se qu’un Français issu de l’immigration entre au Conseil général du Doubs à ma place. L.P.B. : C’est aussi une pique à Claude Jean- nerot sur la question du non-cumul ?

E.A. : Oui, je vais siéger dans la prestigieuse commission des finances et du budget. C’est le nerf de la guerre. La mère de toutes les batailles sera la réforme fiscale que nous avons à mener. Elle aura deux objec- tifs : rembourser la dette et répondre des problématiques telles que celle de l’emploi. Je pourrais traiter d’autres sujets qui m’intéressent comme la santé, le logement, les déchets, l’environnement, par le biais d’autres canaux. L.P.B. : Comment allez-vous répartir votre temps entre Paris et Besançon ? E.A. : Je serai le mardi et le mercredi à Paris, avec un prolongement possible si

“C’est ici que tout se joue.”

“M me la députée, ça me

B.R. : En disant cela, je ne tacle pas Claude Jeannerot. Plus de 90 % des députés que j’ai croisé à l’Assemblée le premier jour où j’y suis allée cumulent les mandats. Cette posi- tion vise donc beau- coup de monde. Je n’ai aucune leçon de mora- le à donner mais je continue à croire qu’avec un seul man- dat on a forcément plus de temps de faire ce pour quoi on a été élu.

fait encore tout drôle.”

sur les marchés, auprès des agricul- teurs, des associations, des maisons de retraite… L.P.B. : Une émotion particulière le 18 juin quand vous avez fait votre entrée à l’Assemblée ? B.R. : Bien sûr, c’est très intimidant.

Des gens importants sont passés là, on sent leur poids. Paradoxa- lement, je ne réalise pas encore complète- ment. Quand on m’appelle “M me la députée” , ça me fait encore tout drôle. L.P.B. : Comment appré- hendez-vous ce mandat national ? B.R. : J’ai l’habitude de dire que le député tra- vaille pour l’intérêt général et pas pour des intérêts particu- liers. Il s’agit avant tout de voir comment les décisions qu’on prend au niveau natio- nal s’appliquent sur

L.P.B. : De n’être que députée ne risque-t-il pas au contraire de vous couper du terrain ? B.R. : Cela me donnera au contraire plus de temps pour y être sur le ter- rain. Tout le temps que je ne passerai plus dans les instances du Conseil général, je le consacrerai aux habi- tants de cette circonscription, je serai

“Nous devons être des professionnels de l’espérance.”

le plan local. J’aurai justement à cœur de bien expliquer en quoi consiste mon rôle, ce qu’on peut faire et ce qu’on ne peut pas. Si un jour par exemple on doit légiférer sur la fin de vie, je tiens à discuter d’abord avec les citoyens et les associations locales pour avoir de vrais moments de démocratie. C’est comme ça que je conçois mon rôle de députée et c’est d’ailleurs aussi com- me ça qu’on réconciliera peut-être les électeurs avec la politique. L.P.B. : Visez-vous un mandat dans la pro- chaine municipalité à Besançon en 2014 ? B.R. : Je me vois mal annoncer cela alors que je prône le non-cumul. Je ne vais pas faire le contraire de ce que je pen- se, je m’en voudrais beaucoup. Cette question du non-cumul, je suis per- suadée que c’est une façon de crédibi- liser la parole publique. Pour que je sois candidate à Besançon, il faudrait que je me trouve vraiment de bonnes raisons… Il faut savoir choisir.

Barbara Romagnan a fait connaissan- ce avec l’Hémicycle le 18 juin. Elle postule à la com- mission des affaires sociales.

Propos recueillis par J.-F.H.

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L.P.B. : Votre investiture a créé des tensions au P.S. Avant de vous accorder leur soutien, des socialistes voulaient obtenir des garanties de votre part sur le fait que les Verts ne viennent pas gêner le candidat socialiste aux prochaines municipales à Besançon. Par exemple, vous pourriez ne pas présenter de liste. Y a-t-il eu des tractations en ce sens ? E.A. : J’ai dit à Jean-Louis Fousseret que la dyna- mique de la campagne et la victoire sont de natu- re à cimenter nos relations et notre partenariat en vue de préparer les élections municipales ensemble. J’ai gagné grâce au P.S., forcément que cela ressert les liens. Ne brûlons pas les étapes. L.P.B. : Quel rôle jouerez-vous lors des prochaines munici- pales ? E.A. : Je jouerai un rôle, mais je ne sais pas enco- re lequel. L.P.B. : Paulette Guinchard estime que le P.S. et Les Verts ont un avenir commun. Qu’en pensez-vous ? E.A. : Sur le long terme, il y aura sans doute des compositions qui se feront. “L’écolo démocratie” ou “la Sociale écolo” sont des voies possibles. Les Verts ne resteront peut-être pas les Verts, idem pour les socialistes. Je crois en effet qu’il y a une vocation à rapprocher les partis qui portent la solidarité pour résister au libéralisme. L.P.B. : Quels grands chantiers défendrez-vous pendant ce mandat ? E.A. : Pour moi, le grand chantier prioritaire est celui du logement. Il est colossal et il concerne le quotidien des gens qui doivent pouvoir se loger et avoir un emploi. Beaucoup de personnes ne trouvent pas de logement, d’autres vivent dans un logement dégradé. Ce sujet est ma priorité, ce n’est pas une nouvelle voie ferroviaire, ou un contournement bien que, sur ce dernier point, je suis favorable à ce que l’on achève enfin le tron- çon entre les Tours de l’Amitié et Beure du contour- nement de Besançon.

Éric Alauzet

fait partie du groupe des 18

députés écolos à l’Assemblée Nationale.

Propos recueillis par T.C.

L’ÉVÉNEMENT

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LE MUSÉE DES BEAUX-ARTS FAIT SES CARTONS !

Déménager un musée. L’opération n’est pas banale et pourtant elle est en cours au Musée des Beaux- Arts et d’Archéologie de Besançon. Un vaste chan- tier d’inventaire et de conditionnement des œuvres a débuté. Dans quelques mois, elles seront soi- gneusement déménagées pour laisser place à un autre chantier, celui de la rénovation intérieure du bâtiment culturel qui va durer deux ans. Nous sommes allés à la rencontre des professionnels, passionnés par leur métier, qui interviennent sur le chantier des collections. La peinture et l’archéologie nous ouvrent leurs portes. Découverte.

CULTURE

Jusqu’à la fin de l’année 2013 Le chantier des collections a démarré

Cela s’appelle “le chantier des collections”. Jusqu’à la fermeture du musée pour travaux en janvier 2014, des équipes sont chargées de faire l’inventaire des œuvres du musée et de les conditionner en vue de les déménager.

possible de visiter le musée dans son ensemble.“ A partir de 2013 on ne pour- ra découvrir que le rez-de-chaussée ou sera présenté un florilège des collec- tions, les plus belles oeuvres. Toutes les salles du haut seront fermées au public.” Enfin, pendant les travaux, le Musée des Beaux Arts ne sera pas en som- meil. Un certain nombre d’œuvres n’iront pas en réserve mais seront prê- tées à d’autres musées en France et dans le monde dans le cadre de l’exposition “Hors les murs”. T.C.

grammé au début de l’année 2013. “10 000 objets d’art vont déménager, dont 6 000 dessins. À cela s’ajoutent près de 2 400 tableaux et les 80 000 pièces de l’archéologie” annonce le Musée. Des chiffres qui donnent une idée de la tâche entreprise par une équipe de professionnels qui accordent le plus grand soin à ces œuvres, cha- cun dans leur domaine. Une fois les travaux terminés, ces col- lections regagneront leMusée, dumoins celles qui sont destinées à être expo- sées. Les autres resteront stockées en réserve. Pour l’instant il est encore

L e Musée des Beaux-Arts et d’Archéologie de Besançon fer- mera ses portes au public à la fin de l’année 2013. La rai- son ? Des travaux importants pour transformer les lieux en profon- deur et les rendre plus spacieux et plus confortables à la visite.Tout en conser- vant l’ossature en béton imaginée par l’architecte Louis Miquel, la surface d’exposition va augmenter de 2 000 mètres carrés grâce à la place gagnée sur les réserves du Musée qui vont être transférées dans un bâtiment en cours d’aménagement proche de la Cité Universitaire Canot. L’intérieur sera également plus lumineux. La verriè- re centrale sera partiellement déga- gée ainsi que certaines fenêtres. Un

conditionner, les stocker avant de les transférer dans les nouvelles réserves. On l’appelle “le chantier des collec- tions.” L’organisation est méthodique. “Il y a quatre chantiers différents : les sculptures, la céramique, l’archéologie et les peintures” indiquent les services du Musée. Tous ont déjà démarré, à l’exception de celui des sculptures pro-

espace de conférence, un pôle multi- média, un café, une bibliothèque vien- dront enrichir le site. La municipalité investit 10 millions d’euros dans ce chantier qui débutera en janvier 2014 pour s’achever en jan- vier 2016, date de la réouverture au

public de l’établissement culturel. Mais avant de lancer les travaux, le musée doit être vide. Il faut donc déménager toutes les collections. C’est une autre paire de manches. Une opération colossale dans son gen- re a démarré pour inven- torier les œuvres, les res- taurer parfois, les

10 000 objets d’art.

PEINTURE Jusqu’en novembre

Toilettage spécial

pour les tableaux

I l faut prendre l’ascenseur, et monter dans les combles, pour accéder à l’une des réserves où est stockée une grande partie de la collection pic- turale du Musée des Beaux-Arts de Besançon. Les tableaux grand format ne sont pas ici. Ils sont entre- posés au niveau inférieur, dans la salle dite de l’Horlogerie. Chaque jour, on vient chercher là, sous le toit du musée, une quarantaine d’œuvres sur les 1 700 qui dorment dans cet espace borgne. Elles sont décrochées de leur grille mobile, puis acheminées jusqu’à une ancienne salle d’exposition transformée en atelier où s’affaire une équipe de huit restaura- Une salle d’exposition du musée a été transformée en atelier où sont accueillis tous les tableaux stockés en réserve pour un bilan de santé complet.

Une fois les travaux terminés, le musée sera plus spacieux et plus lumineux.

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INVENTAIRE

80 000 objets à traiter

En vue du futur déménagement des œuvres avant l’ouverture des travaux du musée, une équipe est en train d’inventorier et de conditionner tous les objets qui composent les collections archéo- logiques. Un travail méthodique et colossal à la fois est en cours. Branle-bas de combat à l'archéologie

A u rez-de-chaussée du Musée des Beaux-arts, une salle a été organisée en une sorte de cabinet d’inventaire. C’est ici que transitent tous les objets qui ont trait à l’archéologie. Dans quelques mois, ils seront expédiés vers les nouvelles réserves du Musée en cours d’aménagement dans un bâtiment proche de la Cité Canot. “Il y a en a 80 000 environ” annonce Noëmi Dau- cé, conservateur du patrimoine char- gée des collections archéologiques. Il faudra déménager tous ces objets avant le début des travaux de trans- formation du bâtiment culturel qui doivent démarrer en 2014. L’échéance sonne le branle-bas de combat au musée. Un travail méthodique et colossal a commencé il y a six mois pour une petite équipe de trois per- sonnes chargée de recenser, référen- cer dans une base de données infor- matique, dépoussiérer, photographier, numéroter et enfin conditionner cha-

cun de ces objets anciens. “Notre ins- tallation est un peu artisanale, mais elle fonctionne” sourit Noëmi Daucé. Jamais pareil travail d’inventaire n’avait été effectué jusqu’à présent. Céramique, bois, métal, tous les maté- riaux sont distingués. Les objets en mauvais état sont sortis du lot pour être traités de façon prioritaire. Si une céramique est cassée, elle sera confiée à un restaurateur agréé. Les collections les plus fragiles sont soi- gneusement placées dans des écrins sur mesure. “Ce chantier des collec- tions est aussi celui de tous les dan- gers car le risque est de perdre des informations importantes. On garde la moindre étiquette, on la photogra- phie, rien n’est laissé au hasard” ajou- te la spécialiste. Dans l’atelier, les précieuses caisses s’empilent. “Dix mètres cubes de palettes sont déjà prêts à être trans- férés vers les nouvelles réserves.” Ce n'est qu’un début. Car il reste enco- re des milliers d’objets qui attendent

Des peaux peintes amérindiennes d’une grande rareté L e musée des Beaux-Arts et dʼArchéologie conserve deux peaux peintes amérin- diennes exceptionnelles qui ont fait lʼobjet dʼune campagne de restauration en 2011. Entrées dans les collections du musée dès 1853, ces capes en peau de cervidé pro- viennent dʼune collection royale constituée sous lʼimpulsion du Duc dʼArtois, frère de Louis XVI en 1783. Aujourdʼhui, seules douze peaux amérin- diennes subsistent de ces collections royales : neuf dʼentre elles, autrefois présentées au Musée de lʼHomme, sont désormais conser- vées au musée du Quai Branly tandis quʼun autre exemplaire se trouve au Muséum dʼHistoire Naturelle de Lille. Les deux peaux amérindiennes de Besan- çon proviennent toutes deux de la moyen- ne vallée du Mississippi mais se distinguent par leur programme iconographique. La pre- mière (853.50.1) est attribuée au groupe Quapaw. Une scène de chasse sʼy déploie à lʼintérieur dʼun cadre rectangulaire : autour dʼun motif solaire rayonnant sʼaffrontent des couples dʼanimaux (bisons, ours, cervidés et panthères) tandis quʼun archer bande son arc. La scène sʼenrichit sans doute dʼune dimension symbolique dont le sens, faute de documentation, nous échappe. Loin dʼêtre une simple ornementation, les peintures des manteaux et des vêtements, de la même manière que les tatouages et les peintures corporelles, constituent en effet une forme dʼécriture pictographique, mémoire sociale situant lʼindividu à lʼintérieur du groupe. La seconde cape (853.50.2), sans doute plus ancienne, est attribuée au groupe voi- sin des Illinois, dont les terres sʼétendaient dans une région située au Nord-Est des États-Unis. On y reconnaît un oiseau ton- nerre dont lʼextrême stylisation confine à lʼabstraction. Encore hermétique à lʼinfluence picturale occidentale, cette cape est généra- lement datée de la seconde moitié du XVII ème siècle ou du début du XVIII ème siècle. (Sour- ce : Noëmi Daucé).

Tous les objets sont inventoriés et conditionnées.

ment redécouvrir, ce sont des sculp- tures qui étaient un peu dispersées comme cet ensemble de l’île de Kos daté du IV ème siècle avant notre ère.” Moins de 10 % des objets archéolo- giques sont montrés au public aujour- d’hui faute d’une surface d’exposition suffisante dans le Musée et d’une réserve qui n’est pas fonctionnelle pour extraire aisément les collections. Cela va changer une fois les travaux terminés. “L’espace d’exposition dédié à l’archéologie sera beaucoup plus grand qu’il ne l’est actuellement. Nous allons y réserver une vraie place à notre région racontée de la préhis- toire à l’époque romaine” annonce Emmanuel Guigon. Les nouvelles réserves seront elles aussi à la fois plus vastes et fonctionnelles. T.C.

dans l’actuelle réserve du Musée, inadaptée et trop exiguë pour conser- ver ce patrimoine archéologique dans les conditions qu’il mérite. Des tré- sors dorment là, place de la Révolu- tion. Ils n'ont jamais été exposés ou rarement comme ces tissus coptes qui viennent d'être restaurés. “Il peut y avoir des œuvres singulières et un chef-d’œuvre comme ces peaux amé- rindiennes (1) qui seront présentées l'an prochain” remarque Emmanuel Guigon, le conservateur du Musée des beaux-arts. Ce travail d’inventaire est l’occasion “d’exhumer” un certain nombre d’objets rares. “Nous avons redécou- vert en quelque sorte une partie des collections méditerranéennes. Nous les voyons sous un nouveau jour ajou- te-t-il. La collection qu’on va vrai-

Noëmi Daucé et Emmanuel Guigon dans les actuelles réserves du Musée qui seront transformées après travaux en surface d’exposition.

stabiliser afin d’éviter que leur état ne se dégrade un peu plus. Écailles, craquelures, cadre abîmé, il faut soi- gner les petits bobos. Méliné Miguirditchian est restaura- trice de peintures sur toile. “Je contrô- le plusieurs petites choses. Avec une lumière rasante, je vérifie qu’il n’y a pas de soulèvement de la couche pic- turale. Là où je constate ce genre d’anomalie, j’applique un papier de chanvre avec une colle spéciale sur la zone de soulèvement pour la mainte-

teurs, dont deux sont détachés du centre régional de restauration des œuvres d’art de Vesoul. Tous sont spécialisés en conservation préventive. Leur mission : vérifier l’état de santé de tous les tableaux avant le futur déménagement programmé au premier semestre 2014. Quel que soit le dia- gnostic, il ne s’agit pas d’engager une restaura- tion lourde de ces œuvres qui ne sont pas desti- nées à être exposées dans l’immédiat, mais de les

où l’on peignait principalement sur du chêne. On retrouve encore de la peinture sur panneaux au XIX ème et au XX ème ” précise Juliette. Le Musée des Beaux-Arts a en réserve un certain nombre d’œuvres peintes sur du bois. Le problème avec ce maté- riau est qu’il travaille. La restauratrice peste en découvrant le dos d’un de ces tableaux dont les panneaux ont été renforcés au mépris des règles dumétier. “C’est un parquetage mal fait qui empêche le tableau de vivre. Le système de renfort en chê- ne est inepte et contraire au comportement du bois.” Elle trouvera une solution. Ce chantier d’expertise qui a débuté en avril s’achèvera en novembre. L’occasion de compléter l’inventaire. “Toutes les œuvres sont prises en pho- to sous toutes les coutures. On dispose désormais d’une base de données complète et claire sur la col- lection” remarque Sophie Bernard. Une fois toi- lettés, ces tableaux, y compris les grands formats, quitteront le Musée pour être déposés dans les nouvelles réserves extérieures au bâtiment, plus spacieuses et mieux aménagées. Ils y seront conser- vés dans de bonnes conditions. T.C. Le Musée des Beaux-arts compte 2 200 tableaux (1 700 en réserve peinture, 250 exposés, une trentaine de tableaux roulés grand format, et le reste en réserve Horlogerie). Ils ont été peints entre le XIV ème et le XX ème siècle.

Peinture sur bois.

nir” explique-t-elle. Les tableaux sont dépoussié- rés, face et revers, le châssis est contrôlé, le cadre déposé. En cas de déchirure, “on met un panse- ment.” Le traitement ne sera pas différent pour les tableaux qui sont depuis longtemps “à l’infirmerie” au fond de la réserve. “Ils sont encras- sés, très fragiles. C’est pour cette raison que nous les conservons à plat. Dans leur état, ils ne peu- vent pas être accrochés” explique Sophie Bernard, conservateur en charge de la collection des pein- tures. Les 250 tableaux exposés au Musée seront eux aussi vérifiés dans le cadre de cette opération. Juliette Mertens travaille sur la table à côté de Méliné. Sa spécialité n’est pas la peinture. “Moi, je m’occupe du bois des tableaux sur bois.” En France, ils sont une dizaine d’experts dans ce domaine. On l’oublie parfois, mais ce matériau a longtemps servi de support aux peintres “jusqu’au XVI ème siècle en Italie et début du XVII ème en Flandres

Méliné Miguirditchian est restauratrice de peinture sur toile. Elle vérifie l’état de santé des tableaux et procède aux réparations succinctes mais nécessaires.

Cette peau peinte est attribuée au groupe des Quapaw.

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COMMERCE

Les professionnels souffrent

En froid avec les commerçants, le maire fait deux concessions Excédés, les commerçants lancent

L’Union des commerçants demande de

L e premier, adjoint au com- merce, ne parle plus au second, le président de l’Union des commerçants. Jacques Mariot n’a pas appré- cié, mais alors pas du tout, que Jérôme Cart en qualité de pré- sident d’association demande à ses 230 adhérents via un mail de voter pour la droite aux élec- tions. La bisbille ferait sourire si l’avenir de 4 000 salariés du centre-ville n’était pas en jeu. Cela dépasse le cadre de la cha- maillerie. Avec les travaux du Tram, les commerçants disent être pris à la gorge financière- ment. La baisse serait de 40 voi- re 60 % de leur chiffre d’affaires. un ultimatum à la municipalité, qui, consciente du malaise, annonce deux pistes pour aider le commerce en centre-ville avec le stationnement comme levier. La C.C.I. est appelée en arbitre.

l’écoute de la part de la municipalité qui répond à l’ultimatum en offrant la gratuité du bus à ceux qui se stationneront sur les parkings relais.

changement de la signalétique “Besançon Centre” au niveau du Trou-au-Loup qui dévierait 21% des clients vers Châteaufarine ou encore des mesures pour trai- ter le problème d’alcool et les chiens errants place Pasteur. N’ayant obtenu gain de cause, l’ultimatum court toujours : celui de frapper un gros coup lors du Tour de France arrivant lundi 9 juillet à Besançon. “Ce sera quelque chose d’originale que l’on verra, que l’on entendra” dit Jérôme Cart, le président de l’U.C.B. Une menace qui fait grincer des dents l’adjoint au commerce Jacques Mariot : “L’ultimatum est inacceptable. L’Union est dans le “yaka faut qu’on” mais que fait-elle pour dynamiser le centre ? interroge l’adjoint. J’ai bien conscience des problèmes mais les travaux du tramway ne sont qu’un facteur des pro- blèmes. Les autres facteurs sont : le ralentissement économique, le développement du e-commer- ce, l’extension périphérique, les vide-greniers…” dit-il. Réponse de Jérôme Cart : “Que la mai-

rie trouve une Union qui orga- nise autant de manifestations que nous” se défend-il. Sur la rumeur selon laquelle les commerçants ne présentent pas de dossier d’indemnisation à la commission tramway car ils font du “black”, ces derniers s’emportent vivement et contes- tent : “Entendre cela est hon- teux, s’emporte le vice-président de l’Union. Est-ce que ceux qui prétendent cela savent que 80 % de nos ventes sont faites via des cartes bancaires ! Tout est contrô- lé. C’est du grand n’importe quoi.” Méconnaissance ou défiance, le sujet du commerce est houleux. Beaucoup craignent pour leur emploi, leur famille, leur ave- nir. Les annonces du maire sont attendues. Pas seulement pour réconcilier ce petit monde mais surtout pour assurer l’avenir économique aux commerçants de Battant, de la place Pasteur, de la Révolution, quai Veil- Picard… Jean-Louis Fousseret en a-t-il réellement les moyens techniques ? E.Ch.

pants de la voiture. Deux autres actions seront présentées à l’automne dont l’arrivée de chèque cadeau (via l’Office de commerce et d’artisanat prési- dé par Jacques Mariot). “Si rien n’est fait, les commerces fermeront les uns après les autres. Nous sommes en train de mon- ter un dossier pour un commer- çant afin qu’il touche le R.S.A. (revenu de solidarité active).Vous imaginez !” s’exclame Laurent Sifferlin,membre de l’Union des commerçants et responsable d’un magasin d’optique en centre-vil- le. Les professionnels souhai- tent une réponse rapide après que leurs 15 mesures d’urgence n’aient pas été acceptées. Ils ont réclamé par exemple la gratui- té des parkings de 14 heures à 18 heures le samedi, le paiement du stationnement à la minute, le retour de la gratuité de sta- tionnement entre 12 heures et 14 heures, l’attribution de 20 000 Free pass supplémentaires, le

“Les comptages réalisés dans les magasins indiquent une baisse de fréquentation de 40 %” dit Jean-Jacques Voinet, de la bou- tique Aigle et vice-président à l’Union. La municipalité appor- te un autre chiffre en contra- diction : “Le nombre d’entrées de véhicules au parking duMar- ché-Beaux-Arts a augmenté de 8 % entre le premier tri- mestre 2011 et 2012” annonce l’adjointe NicoleWeinman, preu- ve que les visiteurs sont là. Consomment-ils ? C’est une autre histoire. La Ville estime qu’une gratuité des parkings n’inciterait pas davantage les automobilistes à venir au centre.

“La gratuité développe les voi- tures-ventouses” dit l’adjointe à la voirie. Chacun campe sur ses positions. Une première main est tendue par le maire, conscient des pro- blèmes. Jean-Louis Fousseret promettait d’annoncer le 2 juillet deux pistes pour redonner vie au commerce. La première concernera une aide au com- merce via une mesure incitati- ve pour déclencher l’achat.L’autre concerne l’accès au centre-ville. Pour les soldes, les chalands qui se stationneront sur un parking relais (Témis, Micropolis, Casa- mène) auront un aller et retour gratuit en bus pour tous les occu-

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Conséquences des législatives

Jean-Noël Fleury devrait rejoindre le Conseil municipal Les nouveaux députés seront bientôt remplacés dans les assemblées des collectivités locales où ils siégeaient jusqu’à présent. Ainsi Jean-Noël Fleury devrait faire son entrée à la ville, Marie-Noëlle Biguinet à la Région et Saïd Lotfi au Département.

S uite aux élections légis- latives nous verrons appa- raître de nouvelles têtes dans les assemblées des collec- tivités locales. Elles viendront siéger à la place des élus par- tis pour l’Assemblée Nationale ce qui est le cas d’Annie Gene- vard. Le maire U.M.P. de Mor- teau, élue députée de la 5è me cir- conscription, démissionne de sonmandat de conseillère régio- nale. Elle s’apprête donc à quit- ter le banc de l’opposition et par la même occasion sa fonction de présidente du groupe com- posé de douze conseillers. En toute logique, Marie-Noëlle Biguinet, devrait succéder à Annie Genevard et faire son ente à la Région. L’élue deMont- béliard est en effet la prochai- ne sur la liste d’attente depuis les élections régionales de 2010. Alors qu’elle faisait partie de l’équipe d’Alain Joyandet, qui s’est incliné face à la candida- te socialiste Maire-Guite Dufay, elle n’avait pas été élue.

Par la même occasion, l’opposition régionale devra se trouver un nouveau président de groupe. Il semblerait qu’on ne se bouscule pas au portillon. “Nous devrions en discuter le 6 juillet” annonceMireille Péqui- gnot. Annie Genevard souhai- te visiblement rester à l’écart de tout cela. Elle ne veut pas peser sur le choix de celui ou de celle qui lui succédera. “Je veux que le groupe se détermine seul. Je ne veux pas faire d’ingérence dans la vie du groupe” dit-elle. Le nouveau président du grou- pe de l’opposition régionale devrait être élu durant l’été. En attendant, Stéphane Kroemer va assurer l’intérim en tant que vice-président. À laVille de Besançon cette fois, Jean-Noël Fleury devrait faire son entrée au Conseil munici- pal à la place d’Éric Alauzet qui a été élu député de la deuxiè- me circonscription. Issu de la société civile, ce fervent défen- seur du quartier de Planoise où

il vit, en connaît les probléma- tiques sociales, économiques, commerciales, mais aussi d’urbanisation et de logement. Jean-Noël Fleury est prêt à rejoindre la majorité pour la fin dumandat mais pas à n’importe quelles conditions. “Je dis “oui”, mais pour quoi faire ? J’ai tou- jours expliqué que si je devais siéger au Conseil, c’était pour être actif. Mon engagement est pour ce quartier qui est une vil- le dans la ville. Le maire connaît ma position. La balle est dans son camp” explique-t-il. Ce Bisontin n’est pas du genre à manier la langue de bois. Son franc-parler complique parfois ses relations avec Jean-Louis Fousseret. Au Conseil général enfin, Bar- bara Romagnan nouvelle dépu- tée de la première circonscrip- tion sera remplacée par son suppléant Saïd Lotfi. Il siége- ra au Département où il repré- sentera le canton de Besançon- Planoise.

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TOURISME Accès à la Citadelle Et pourquoi pas une télécabine ? La communauté d’agglomération a engagé une étude pour faire un état des lieux des équipements qui permettraient de résoudre l’éternel problème de l’accessibilité à la Citadelle. L’ascenseur et la télécabine sont à l’ordre du jour.

EN BREF

M.J.C. Palente L’école de musique et de danse de la M.J.C. Palente propose des stages d’été de musique et de danse à partir de 7 ans. Du 9 au 13 juillet et du 16 au 20 juillet, soit 10 jours de stage. Renseignements au 03 81 80 51 50. Dino-Zoo Un brachiosaure au Dino-Zoo : 13 m de haut, 25 m de long pour environ 50 tonnes, soit l’équivalent d’une quinzaine d’éléphants. Le brachiosaure était l’un des plus grands herbivores de la période du Jurassique. Renseignements au 03 81 59 27 05. Vacances La Ville de Besançon vient d’éditer le guide des loisirs de proximité pour l’été. Un large choix de loisirs, des animations tout près de chez vous, Vital’été, Anim’été jeunes, spectacles à la Citadelle, au Palais Granvelle… Tiré à 5 500 exemplaires, il est disponible à Besançon Info’cité (accueil mairie hôtel de ville).

O n reparle de l’accessibilité de la Citadelle. Dans le cadre de sa compé- tence transport, la Communauté d’Agglomération du Grand Besançon a engagé une étude afin de déterminer un nouveau moyen d’accès à la forteresse. Plusieurs scénarios sont évoqués. Parmi eux : un ascenseur, un escalator, ou enco- re une télécabine (transport urbain par câble) dont le départ se situerait aux Prés de Vaux car c’est là que se trouvent les plus grandes possibilités de par- king. “Pour l’instant, le dossier en est au stade de l’inventaire des solutions possibles” annon- ce Philippe Mathieu, le direc- teur général de la Citadelle. “Il n’y a pas de calendrier arrêté. Le projet ne figure ni au plan pluriannuel d’investissement de

l’époque, on parlait déjà d’un ascenseur et d’une télécabine. Le projet qui avait suscité la controverse était finalement res- té dans les cartons. L’accès est toujours le point noir de la Citadelle.Dans les enquêtes de satisfaction, c’est la critique numéro 1 formulée par les visi- teurs. S’il y a nécessité à agir, “il ne faut pas le faire dans la précipitation” estime Philippe Mathieu. Selon lui, le futur mode de transport devra répondre à plusieurs critères. Il devra à la fois permettre d’acheminer dans “les meilleures condition pos- sibles” le public, et “avoir une pertinence en terme d’attractivité avec une articulation bien pen- sée entre la ville haute et la vil- le basse. Il ne s’agit pas non plus d’acheminer les visiteurs jus- qu’au premier porche seulement car il reste après une pente rai-

l’Agglo, ni à celui de la ville” complète Nicole Weinman, adjointe au maire chargée de la voirie. Selon nos informations, quel que soit le scénario rete- nu, le montant de l’investissement serait inférieur à 10 millions d’euros. Si le dossier n’a pas encore dépassé le stade des discussions,

Un des scénarios possibles est une télécabine au départ des Prés de Vaux.

la collectivité semble cette fois décidée à aller de l’avant. Car on se sou- vient qu’il y a une quinzaine d’années, la municipalité Schwint avait avancé plu- sieurs pistes pour améliorer l’accessibilité de la Citadelle. À

“Une douzaine de personnes toutes les minutes et demi.”

c’est 250 000 visiteurs par an. “La question capacitaire est essentielle dans le choix de l’infrastructure” poursuit Nico- leWeinman. La liaison par câble serait sans doute une des plus pertinentes. “Des cabines trans- portent une douzaine de per- sonnes toute les minutes et demi” ajoute l’élue. Le futur équipe- ment devra répondre enfin aux exigences de l’Unesco.

de pour arriver au second. Le problème doit être réglé dans sa totalité. Aujourd’hui, des scé- narios vont jusqu’au premier porche et d’autres jusqu’au second” dit-il. L’équipement devra non seule- ment surprendre les gens et devenir un nouvel outil de pro- motion du site, mais également transporter beaucoup de mon- de rapidement. La Citadelle,

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SPECTACLE

Jean-Louis Tissot

Jean-Louis Tissot quitte la direction de Micropolis après avoir occupé cette fonction pendant 16 ans. Avant son départ en retraite, il dresse son bilan sans langue de bois, fidèle à ses habitudes. “Quand on fait du rentre-dedans, on défonce les portes sans difficultés”

À bientôt 66 ans, Jean- Louis Tissot aspire au calme désormais.

Medtec, le salon des technolo- gies médicales que nous per- dons au profit de Lyon parce que des décideurs locaux vou- laient préserverMicronora.Dans cette affaire, nous avons joué “petits bras”, protectionnistes, et finalement il s’en va.Or, quand on a moins d’atouts que les autres, ce qui est le cas de Besan- çon par rapport à Lyon, il faut être meilleur en terme d’accueil, un point sur lequel nous avons été délibérément mauvais. Il ne fallait pas laisser partir le Med- tec. Ce salon était intéressant pour le pôle médical qui est une réalité du tissu économique local comme le sont les microtech- niques. Au lieu de redouter la concurrence entre deux salons, il fallait au contraire créer les conditions d’un partenariat entre Micronora et le Medtec. Ce que je pressens maintenant, c’est que Micronora sera progressi- vement dépecé au profit d’autres salons spécialisés qui émergent. L.P.B. : La Chambre de commerce et de l’industrie avait imaginé déména- ger le centre des congrès à l’extérieur de Besançon. Cela ne fera pas. Cepen- dant l’idée est-elle intéressante ? J.-L.T. : Ce projet ne tenait pas. Il faut 20 hectares pour un parc comme celui-ci, hors dans le pro- jet de la C.C.I. les réserves fon- cières étaient de 9. L’investis- sement est de 150 millions d’euros au minimum. La solu- tion est donc de garder le parc là où il est. En revanche, il faut régler le problème du station- nement. Nous avons besoin de 1 500 places extérieures sup- plémentaires. C’est indispen- sable. L.P.B. : On dit parfois que Besançon a des complexes d’infériorité vis-à-vis d’autres capitales régionales comme Dijon. Quemanque-t-il à cette ville pour prendre une dimension nouvelle ? J.-L.T. : Les espaces géographiques qui s’en sortiront, sont ceux qui seront transformés par la volon- té forte d’un individu. Georges Frêche a transformé Montpel- lier, qu’on le veuille ou non. Ce n’est pas en procédant à une accumulation de structures, y compris les structures écono- miques qui ne font que diluer les compétences, que nous par- viendrons à créer une dyna-

en fera. La première est de gar- der une neutralité absolue vis- à-vis des gens que l’on rencontre. Il n’y a pas de place dans ce métier pour des considérations politiques, religieuses, etc. La seconde est de se focaliser sur un objectif unique : l’intérêt de la société. Tout doit concourir à cela, et chaque collaborateur doit avoir cet objectif en tête. La troisième est la nécessité d’en- tretenir un climat de respect mutuel en interne quel que soit le niveau de responsabilité de

chacun. Person- nellement, j’ai suivi à la lettre ces trois règles qui ont permis à Micropolis de se développer, et de disposer d’une équipe remar- quable de 36 per- sonnes qui travaillent là en per- manence. L.P.B. : Vous êtes entré à Micropolis en 1996 alors que le parc des expo- sitions était en difficulté. Vous l’avez sorti de l’ornière. Quelle est la situa- tion actuelle ? J.-L.T. : En 16 ans, le chiffre d’af- faires de Micropolis a été mul- tiplié par 3,5. Il était de 1,8 mil- lion d’euros. Il est de 6,3 millions d’euros au terme du dernier exercice. C’est lameilleure année. Cela nous place aumême niveau que Dijon, mais devant Nancy et Mulhouse, des villes dont le parc des expositions était net- tement devant nous il y a quin- ze ans. J’ai une certaine fierté car je n’ai connu aucun résul- tat négatif. L.P.B. : Que représente la part des salons dans le bilan de Micropolis ? J.-L.T. : Les salons représentent 65 % du chiffre d’affaires dont 25 % pour la seule foire-expo- sition. 22 % proviennent de l’ac- tivité bar et restauration qui est une spécificité du parc de Besançon. Les concerts ne repré- sentent que 3,5 % du chiffre. L.P.B. :Y a-t-il une recette “Jean-Louis Tissot” de la réussite ? J.-L.T. : La recette a été pour moi de quitter la fonction publique dans laquelle je travaillais et de prendre, à 50 ans, le risque d’entrer totalement dans le pri- vé. Ce changement m’a donné de la volonté et la détermina- tion car je me suis placé dans une situation où je n’avais pas la possibilité de revenir en arriè- re. Ensuite, j’ai mis en applica- tion les trois principes énoncés précédemment en y ajoutant quelques qualités personnelles comme l’envie de créer. L.P.B. : Vous êtes connu pour votre franc-parler. Cela ne vous a-t-il jamais posé de problèmes ? J.-L.T. : Non, cela ne m’a jamais joué de tours. Quand j’ai des choses à dire, je les dis. C’est d’ailleurs pour cela que je ne fais pas de politique. Je me suis aperçu qu’une personne qui fait du rentre-dedans défonce les portes sans difficultés. Ce qui me frappe aujourd’hui, c’est le manque de courage des gens. On n’ose plus donner son avis, exprimer ses idées, ses senti- ments. Le monde politique est plein de personnes comme cela. L.P.B. :Avez-vous des regrets au cours de ces seize années ? J.-L.T. : J’ai un regret, c’est le “J’ai un regret, c’est le Medtec.”

L a Presse Bisontine :Vous quit- tez la direction de Micropolis à la fin du mois de juin. Qu’al- lez-vous faire une fois en retrai- te ? Jean-Louis Tissot : C’est un peu l’inconnue. Je ne sais pas com- ment les choses vont se passer. J’ai des projets personnels com-

me continuer à pratiquer une intense activité sportive. En revanche, dans l’immédiat, je n’ai pas envie de m’investir dans le milieu associatif. Est-ce le fait d’avoir croisé beaucoup de mon- de dans le cadre de mon métier, en tout cas j’aspire à un peu de solitude. J’ai eu mon compte de

foule, je ne suis pas sûr que cela me manquera. L.P.B. :Votre successeur est Didier Sik- kink. Lui avez-vous donné quelques conseils qui pourraient l’aider dans sa fonction de directeur ? J.-L.T. : Je lui ai laissé trois consignes, je ne sais pas ce qu’il

COMMERCE Un conflit qui dure Manquer la rentrée littéraire pourrait être fatal à Campo Jean-Jacques Schaer, le patron de la librairie du centre-ville affirme être en contact avec deux repreneurs sérieux de la librairie. Une vente pourrait être finalisée dans les prochains jours. Pour les professionnels du livre, il y a urgence car c’est maintenant que se préparent les rentrées littéraires et scolaires dans les librairies. Un rendez-vous vital.

L e suspense pour Camponovo a assez duré. Les 39 salariés sont las. “La seule chose que l’équipe veut, c’est que cette librairie soit vendue et qu’elle vive” soupirent les délégués du personnel. Ils sont éprouvés mais ils ne rendent pas les armes. Ils conti- nuent à se mobiliser pour conserver leur outil de travail, celui que Jean- Jacques Schaer, le P.D.G. de l’enseigne, les accuse d’avoir “cassé.” C’était en décembre 2008, un samedi. Ce jour-là “les Campos” ont débrayé pendant deux heures pour contester la transforma- tion d’une prime en bons d’achat. Le patron suisse de la boutique n’a guère apprécié l’initiative collective. Dans la foulée, il a licencié trois personnes qui se sont défendues aux prud’hommes et qui ont gagné. Le temps n’a pas atté- nué l’amertume de Jean-Jacques Schaer. Au contraire, les rapports entre lui et ses collaborateurs n’ont pas cessé de se dégrader. Récemment, dans l’Est Répu- blicain, il a qualifié la librairie de “nid de gauchos” qui lui ont “chié dans les bottes.” Si ce chef d’entreprise est libre

de vendre sa société aujourd’hui, sans avoir de comptes à rendre à quiconque puisqu’il s’agit d’une affaire privée, ses proposméprisants et insultants à l’égard du personnel donnent à son projet l’odeur nauséabonde du règlement de comptes. C’est l’heure du grand déballage sur la place publique en réponse au débraya- ge de 2008. “Ces propos, je les assume ! Je le répète, ce sont eux qui ont cassé leur outil de travail. Quand on appel- le au boycott d’une société comme ils l’ont fait, il faut en mesurer les consé- quences” déclare, d’un ton posé, Jean- Jacques Schaer qui estime avoir de bonnes raisons d’accabler les coupables tout trouvés. Si Campo rencontre des difficultés économiques, ce serait donc à cause d’eux, les salariés. Pourtant, selon nos informations, il y aurait eu des erreurs de stratégie dans les choix de la direction. Camponovo se serait mis dans une situation délicate en se lançant sur le marché de la ven- te à terme qui consiste à répondre à des appels d’offres lancés par de grandes bibliothèques par exemple qui cher-

chent ainsi des fournisseurs. “C’est un marché spécifique, qui engage des inves- tissements importants pour des marges réduites. Ce développement, s’il est mal géré, plante la gestion quotidienne de la librairie” note un observateur du marché du livre. “C’est n’importe quoi. Ces commentaires sont des âneries de personnes qui n’ont rien compris au métier. La stratégie, c’est que des gens ont décidé de mettre Camponovo par terre, un point c’est tout” s’énerve enco- re Jean-Jacques Schaer qui se dit fati- gué maintenant par toute cette histoi- re. En tout cas, dénigrer ses collaborateurs est une curieuse manière de mettre en confiance un repreneur potentiel. Il y en aurait pourtant trois, “dont deux de sérieux qui veulent continuer la librai- rie. Cela doit être finalisé dans les jours à venir” annonce le patron de Campo- novo. Dans le magasin de la Grande rue, on ne se réjouit pas encore. Cha- cun se méfie des effets d’annonce du boss. “En tout cas, à ce jour, il n’y a pas de signature. Il n’y a pas de licencie- ments non plus. Il nous tient dans le flou” notent les délégués du personnel. Ce qui est sûr, c’est qu’il y a urgence à agir pour que Camponovo reste une librairie. En effet, la situation actuel- le l’empêche de préparer dans de bonnes conditions la rentrée littéraire et la rentrée scolaire de septembre. Le risque est qu’elle ne finisse par passer à côté de ces deux événements, ce qui serait fort préjudiciable. “On réalise environ 50 % de notre chiffre d’affaires sur les quatre derniers mois de l’année !” Man- quer la rentrée pourrait donc coûter la vie à Campo. T.C.

mique. Cet hom- me ou cette femme politique providentiel manque à notre territoire. Nous avons plus ici de “fonctionnaires politiques” qui sont animés par un intérêt per- sonnel. Ce n’est pas avec cela qu’on emmène les foules. Propos recueillis par T.C.

La librairie Camponovo de Besançon devrait être vendue comme celle de Dijon. Des manifesta- tions de soutien ont lieu réguliè- rement place du 8-Septembre.

“Nous avons ici

des “fonc- tionnaires politiques.”

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