La Presse Bisontine 134 - Juillet-Août 2012

DOSSIER La Presse Bisontine n° 134 - Juillet-août 2012 CHAILLUZ LA FORÊT DES BISONTINS 19

1 620 hectares : c’est quasiment deux fois plus que le bois de Vincennes, le plus vaste parc boisé de Paris. La forêt de Chailluz, poumon vert de Besançon, est certainement l’espace vert le plus étendu de toutes les grandes villes de France. Cher aux générations successives de Bisontins qui viennent s’y promener, courir, pique-niquer, s’éduquer, s’adonner au V.T.T., chasser ou cueillir des champignons, le bois de Chailluz a une pas- sionnante histoire. Sa gestion actuelle repose sur un savant équilibre entre exploitation forestière et ouverture à des publics qui n’ont pas tous les mêmes centres d’intérêt. Elle est confiée à des passionnés respectueux de ce site remarquable qui fait partie intégrante de la vie des Bisontins depuis des siècles. Petite balade en forêt de Chailluz, c’est le dossier bucolique proposé cet été dans La Presse Bisontine. Finalement, la connaît- on si bien cette forêt à deux pas de la ville ? Pas sûr. Alors suivez le guide…

NATURE

A l’Est de la ville Le poumon vert de Besançon Chailluz a de tout temps été une forêt domestiquée et entrete- nue par les hommes. Aujourd’hui, elle est l’objet de toutes les attentions de la part de la Ville.

Fabienne Bénard est ingénieur.

C’est notam- ment elle qui préside aux destinées de la forêt de Chailluz.

D’où vient le nom “Chailluz” ? C hailluz vient du mot “chailles” qui est le nom donné à cagrégats de matières siliceuses qui traduisent localement la présence de sols plus profonds. En plu- sieurs zones de la forêt, les chailles sont présentes. Il faut sʼéloigner des grandes baraques de quelques centaines de mètres pour atteindre les premières zones de chailles. Les chailles, mélange de calcé- doine et de calcite, ont été utilisées pen- dant la préhistoire , au Paléolithique supé- rieur surtout pour confectionner des petits outils. Les chailles de bonne qualité étant de petites dimensions, ce sont surtout de petits outils com- me des pointes de flèches , des racloirs, des perçoirs et des grattoirs qui ont été taillés. On retrouve le mot dans un autre espace vert de Besançon, le bois de la Chaille aux Tille- royes, qui appartient, lui, au Conseil général du Doubs.

S i Besançon se targue depuis des années de compter parmi les villes les plus “vertes” de France, elle le doit en gran- de partie avec ce qui fait de la capitale comtoise une exception française : la

taille de sa surface boisée. Sur une superficie totale de 6 500 hectares, la ville de Besançon est occupée à hauteur de 1 620 hectares par la forêt de Chailluz, soit un quart de sa surface. “Avec les autres espaces verts de la ville, près du tiers de la surface communale est occupée par des espaces verts et des forêts” résume JohnnyMagne- net, de la direction des espaces verts, sportifs et forestiers à Besançon. La forêt de Chailluz comp- te donc pour beaucoup dans ce ratio inédit en France. À cause de son sol pauvre empêchant toute pra- tique culturale, Chailluz a depuis tous temps été une forêt. Au fil des siècles, elle a abrité des habitants. D’abord une occupation ancestrale avec l’ancien village de Tallenay. Puis des bûche- rons-charbonniers qui vivaient ici. Une auber- ge était même installée en forêt au XVII ème siècle. Aujourd’hui, deux familles vivent encore dans la forêt, dans des logements de fonction appar- tenant à laVille et mis à la disposition de l’O.N.F. qui assure la gestion de la ressource forestière. Un garde-forestier y vit donc à l’année, ainsi qu’un ouvrier forestier. Une troisième maison édifiée au lieu-dit “Les grandes baraques” sert depuis près de vingt ans de lieu d’éducation pour les écoles de la ville qui y viennent tout au long de l’année.

Le peuplement de cette forêt est essentiellement composé de feuillus (hêtres, chênes, charmes, érables, tilleuls, alisiers…). Depuis les années soixante, tout une partie est en résineux, en direction de Marchaux. Particularité de la forêt de Chailluz, elle est coupée par l’autoroute depuis la construction de cette dernière au milieu des années soixante-dix. Autre caractéristique de la forêt, géologique cette fois, plus de 500 dolines, ces cuvettes caractéristiques des reliefs kars- tiques et creusées par l’eau de ruissellement, couvrent son sol. De l’autre côté de l’autoroute, on atteint la côte, la partie la plus haute du mas- sif qui culmine à 619 m d’altitude au fort de la Dame Blanche et domine la vallée de l’Ognon. “Ce qui fait du massif de Chailluz le tout pre- mier plissement de la chaîne jurassienne. Besan- çon est donc vraiment la porte du Jura” précise Fabienne Bénard, chef du service forêts, espaces naturels, pédagogie du vivant et paysages à la Ville de Besançon. Tout l’enjeu pour les gestionnaires de la forêt de Chailluz est de trouver l’équilibre entre les trois fonctions antagonistes que ce poumon vert de Besançon occupe : l’exploitation, les loisirs et la préservation de la biodiversité. Voilà plusieurs décennies que la Ville de Besançon s’y attelle avec succès. J.-F.H.

Johnny Magnenet est responsable des espaces naturels et de la gestion à l’environnement à la Ville. Dans ses mains, les fameuses “chailles” qui ont donné leur nom à la forêt.

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