La Presse Bisontine 98 - Avril 2009

Mensuel d'informations de Besançon et du Grand Besdançon

N° 98

Avril 2009

2 €

Le troisième mercredi du mois

Mensuel d’information de Besançon et des cantons d’Audeux, Boussières, Marchaux, Quingey et Roulans.

Châteaufarine : polémique autour d’un lotissement

Surpopulation, témoignages de détenus, économie souterraine, projets de rénovation…

Nouvelle affaire d’urbanisme contesté à Besançon. Cette fois, ce sont les riverains des futures constructions chemin des Essarts- l’Amour, derrière Châteaufarine, qui s’inquiètent de cette densifi- cation de l’habitat qui selon eux, va modifier de manière irréver- sible ce quartier jusque-là rési- dentiel. Néolia prévoit la construc- tion de 53 logements. p. 14 Des Ovnis en terre comtoise ?… Une récente étude a recensé tous ces phénomènes paranormaux. p. 28 E.Leclerc aura-t-il gain de cause ? Le patron de l’enseigne l’affirme : il y aura un hypermarché Leclerc dans le Grand Besançon. p. 35

PRISON DE BESANÇON : ÉTAT DES LIEUX

Lire le dossier p. 16 à 22

PHÉNOMÈNE L’événement p. 6 et 7 Ces Bisontins prêts à tout pour se nourrir

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Rédaction : “Les Éditions de la Presse Bisontine” - B.P. 83 143 - 1, rue de la Brasserie - 25503 MORTEAU CEDEX - Tél. 03 81 67 90 80 - Fax : 03 81 67 90 81 - publipresse@wanadoo.fr

L’INTERVIEW DU MOIS

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La Presse Bisontine n° 98 - Avril 2009

Indigne Oui, la prison est une sanction néces- saire et doit le demeurer. Cependant, elle doit être utilisée comme ultime recours. Ce credo, cʼest aujourdʼhui Rachida Dati en personne qui le sou- tient alors que sʼouvrent les débats rela- tifs au projet de loi pénitentiaire. Mais pour lʼinstant, les chiffres ne sont pas vraiment à lʼunisson de ces belles convic- tions. Avec près de 64 000 détenus en France - pour 52 000 places environ - les prisons françaises nʼont jamais été aussi pleines quʼaujourdʼhui. En consé- quence du discours sécuritaire et popu- laire ambiant se trame une réalité bru- tale en forme dʼimpasse. Car quiconque a déjà eu lʼoccasion de visiter une pri- son ou de côtoyer des détenus ne peut nier cette évidence : le système carcé- ral français, tel quʼil subsiste, est indigne. Il nʼest autre quʼune fabrique à grande échelle de récidivistes. Le système car- céral qui mélange encore, surpopula- tion oblige, simples prévenus délin- quants routiers et trafiquants récidivistes, lʼétat de vétusté de la plupart des pri- sons françaises, la quasi-absence dʼactions de réinsertion… Cʼest le sys- tème carcéral tout entier qui porte les signes de lʼéchec. Or, lʼétat de droit ne doit pas sʼarrêter pas aux portails des prisons. Vérifions lʼétat de délabrement de certaines cellules de la prison de Besançon - et celle-ci est loin dʼêtre la pire - et pensons un instant à la possi- bilité pour un détenu qui y séjourne dʼentrevoir lʼespoir dʼune vie meilleure après : cʼest quasiment impossible. La hausse générale de la délinquance ne peut trouver de réponse satisfaisante dans la hausse générale du nombre dʼincarcérations. Si pour certaines infrac- tions la prison doit et ne peut rester que le seul moyen de rendre justice et “dʼindemniser” la société, pour une gran- de majorité des cas, elle nʼest pas la réponse adéquate. Plus de la moitié des personnes incarcérées en France le sont pour des peines inférieures à un an. Pour ces petits délinquants, dʼautant plus perméables à la récidive quʼils côtoient en prison leurs semblables, lʼincarcération nʼest pas une solution. Laquelle proposer ? Cʼest tout lʼenjeu de cette prochaine loi. Sans parler - mais pourquoi ne pas le faire ? - du coût social du système carcéral en France où chaque détenu coûte, selon les éta- blissements, jusquʼà 150 euros par jour au contribuable. Le système péniten- tiaire français a vécu. Jean-François Hauser Éditorial

DÉBAT

Il devait se produire à Besançon

Dieudonné : “Il faut rire de toute urgence”

Actuellement, l’humoriste Dieudonné participe à une série de conférences dont le thème est… la liberté d’expression. Critiqué pour ses provocations à répétitions, il répond à nos questions sans tabous. Mais toujours sur le fil… L a Presse Bisontine : Vous participez à des conférences sur la liberté d’expression. Avez-vous le sentiment qu’on ne respecte pas votre liberté d’artiste ? Dieudonné : Je suis pour une liberté d’expression tota- le. Je suis très attaché à cette dimension. C’est un sujet qui me parle car il est au cœur de notre démo- cratie. Mais où s’arrête cette liberté ? Qui déter- mine les limites ? Je ne le sais pas. Le droit doit-il arbitrer tous les débats qui tournent autour de l’humour ? Dans ce cas, nous n’avons pas fini. On me dit parfois que les mots peuvent faire encore plus mal que les coups. Ceux qui pensent cela, je les invite à venir m’insulter et en réponse je leur donnerai un crochet dans le foie comme j’ai pu en recevoir, et nous verrons. L.P.B. : La plupart des médias vous fustigent. S’agit-il selon vous d’acharnement ? Dieudonné : Certains médias ont besoin comme dans des scénarios hollywoodiens de méchants et de gen- tils. Je serais le vilain méchant. J’assume car l’humoriste est le baromètre de cette liberté d’expression. Si l’on s’en prend au baromètre, c’est pour ne pas voir la réalité des choses. C’est un phé- nomène qui doit nous inquiéter car la liberté d’expression est le baromètre de la démocratie. L.P.B. : Cependant, comment doit-on interpréter le fait que vous invitiez sur la scène du Zénith Robert Faurisson, criti- qué pour ses théories négationnistes à qui vous remettez le prix de l’infréquentabilité et de l’insolence ? Dieudonné : C’est une performance humoristique his- torique. Elle est étonnante et remarquable. J’entre dans l’histoire par le vide-ordures. Chaque humo- riste a son style, le mien est contemporain. Je pen- se qu’il fait école. Je reste une référence pour les générations qui arrivent et les précédentes. Il n’y a pas eu de trouble public à l’issue du spectacle au Zénith, mais il y a eu un trouble de la pensée unique.

Dieudonné s’attaque aux tabous et défend une liberté d’expression sans limites.

munautaristes, qu’il s’agisse de catho- liques, de musulmans, sionistes, sans entretenir la haine de l’autre. L.P.B. : Hillary Clinton plaide pour la création d’un État palestinien. Êtes-vous satisfait de cette initiative ? Dieudonné : C’est comme si elle disait que la terre est ronde. J’ai envie de lui dire qu’elle s’occupe d’abord des États-Unis où la situation est explo- sive. Derrière le voile hollywoodien, il y a une situation de crise. Ce pays n’est pas viable à 20 ans. L.P.B. : Mais elle a rencontré le président palestinien Mahmoud Abbas ? Dieudonné : C’est Hollywood. Si elle veut un État palestinien, elle n’a qu’à commencer par travailler avec le

il que jusque dans la mémoire de cette souffrance on ait le droit d’être humilié ? Il y a deux poids deux mesures. C’est un droit de reconnaître un génoci- de. L’État français a reconnu la traite des noirs comme crime contre l’humanité. L.P.B. : La persécution des noirs n’aurait donc pas la même résonance que la persécution des juifs dans l’approche que nous avons de l’histoire. Est-ce cela que vous cherchez à dénoncer ? Dieudonné : Je m’inscris dans une zone d’inspiration qui exerce des pressions sur les tabous les plus pro- fonds. Le danger aujourd’hui est le communauta- risme plus que le racisme. L.P.B. : Pensez-vous que votre message est compris à tra- vers votre travail alors que le public a lui-même du mal à savoir si vous êtes encore humoriste, provocateur, si vous faites de la politique où si vous êtes conférencier ? Dieudonné : Peut-être qu’on n’a pas envie d’entendre ce message. L.P.B. : D’autres humoristes avant vous ont fait rire avec des références dans leurs sketches à des personnages noirs où juifs. Quand vous étiez en duo avec Élie Semoun, vous vous êtes également aventurés sur ce terrain-là. Les humoristes se sont-ils assagis, ou alors faut-il comprendre qu’on ne peut pas rire de tous ces sujets sans heurter ? Dieudonné : Les humoristes sont des citoyens. Ils sont dans la crise qui touche tous les secteurs de la socié- té. Certains se sont embourgeoisés et ont délaissé la scène. Il y en a qui sont très drôles. Mais peu se lancent aujourd’hui dans un travail de laboratoire comme je le fais. Je ne prétends pas détenir la véri- té. L.P.B. : Quelle image pensez-vous que le public a de vous aujourd’hui ? Dieudonné : Un homme de scène ne doit pas s’intéresser à l’image qu’il renvoie. Il doit observer la profon- deur de son travail à travers les réactions et les rires qu’il suscite. Les gens ressortent de mes spec- tacles très enthousiastes. C’est comme devant un tableau ou devant une sculpture, les réactions sont différentes. L.P.B. : Après le Zénith, quel genre de spectacle préparez- vous ? Dieudonné : En 2009, il y aura une performance que j’espère à la hauteur et à la mesure des autres. L’idée est de ne pas être redondant. Je ne pense pas être monomaniaque. Les tabous m’intéressent dans la limite de la légalité. Je provoque tous les com-

Hamas en lui donnant les moyens de se défendre. Toutefois, en tant qu’anti-militariste profond, je ne veux pas croire que l’on puisse trouver une solu- tion au confit israélo-palestinien par les armes. L.P.B. : C’est quoi le monde idéal pour Dieudonné ? Dieudonné : Il viendra après ce que nous vivons actuel- lement. Notre système est en fin de course. Pour moi, le monde idéal est un monde mystérieux. L.P.B. : Et de paix évidemment ? Dieudonné : La paix est la phase ultime de maturité d’une société. L.P.B. : Depuis vos différents démêlés avec la justice, vos amis du show-business ont pris leurs distances avec vous ? Dieudonné : Il y a des gens qui ont peur. C’est com- me dans une société, quand le patron gronde, les employés font profil bas. L.P.B. : Reverra-t-on un jour le duo Semoun-Dieudonné sur scène ? Dieudonné : Tout est possible. Si nous sommes dans une posture où l’on peut faire rire, alors pourquoi se priver. Il faut rire de toute urgence. L.P.B. : Allez-vous écrire un livre dans lequel vous pourriez expliquer clairement votre opinion ? Dieudonné : J’y ai pensé. J’écris beaucoup pour la scè- ne. Un livre prend du temps. Lorsque l’on a une famille de cinq enfants, il faut bosser pour vivre. Je ne suis pas un bourgeois de l’humour. Propos recueillis par T.C.

L.P.B. : Mais vos propos et vos manières de faire peuvent heurter ! Dieudonné : À chaque fois que j’ai pu heurter, je m’en suis excusé. Je l’ai fait de bonne foi. L.P.B. : Reconnaissez-vous que vos pro- vocations peuvent choquer, notamment les juifs ? Dieudonné : Les quelques saillies humoristiques ne s’adressaient pas aux juifs de France, mais aux sol- dats israéliens. On peut toujours penser que des enfants palestiniens brûlés au phosphore sont des agres- seurs, mais on peut penser aussi qu’il s’agit là d’un génocide. L.P.B. : Que cherchez-vous à mettre en exergue ? Dieudonné : Nous sommes dans un système qui voudrait mettre les chambres à gaz comme étant l’élément historique au-dessus de tout alors que d’autres éléments aussi incontestables sont contes- tés. Ce qui est le cas de Gorée, une île classée par l’Unesco. Ceux qui prétendent qu’aucun esclave noir n’est passé par Gorée défendent une théorie que l’on peut qualifier de révisionniste. Comment se fait-

“Je provoque

tous les commu- nautaristes.”

est éditée par “Les Éditions de la Presse Bisontine”- 1, rue de la Brasserie B.P. 83 143 - 25503 MORTEAU CEDEX Tél. : 03 81 67 90 80 - Fax : 03 81 67 90 81 E-mail : publipresse@wanadoo.fr Directeur de la publication : Éric TOURNOUX Directeur de la rédaction :

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Besançon Médias Diffusion - Tél. : 03 81 80 72 85 François ROUYER - Portable : 06 70 10 90 04 Imprimé à I.P.S. - ISSN : 1623-7641 Dépôt légal : Mars 2009 Commission paritaire : 1102I80130 Crédits photos : La Presse Bisontine, Bonnie Production, Cabinet Lamboley, Ecla Théâtre, Nicolas Onimus, Team Suzuki.

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RETOUR SUR INFO - BESANÇON

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La Presse Bisontine n° 98 - Avril 2009

La Ville se dote d’un service d’archéologie préventive

L’actualité bouge, les dossiers évoluent.

L a Ville de Besançon vient de créer un service municipal dʼarchéologie préventive. En se dotant de cet outil, la collectivité a la volonté “d’offrir aux aménageurs et entreprises sou- haitant s’installer sur son territoire, l’assurance que le potentiel archéologique de son sous- sol est maîtrisé et n’est pas une difficulté à la tenue de son projet.” Ce nʼest pas un mystère, les fondations de Besançon sont riches. Cʼest un atout pour le patrimoine de la ville, mais cʼest aussi une contrainte lorsquʼil sʼagit dʼaménager le territoire. Les fouilles retardent souvent les délais de réalisation des chantiers. Le rôle de ce service sera justement dʼétudier les dossiers en amont et dʼeffectuer les dia- gnostics sur la commune et si besoin dans la communauté dʼagglomération. “Nous serons plus réactifs. En assurant un rôle de

La Presse Bisontine revient sur les sujets abordés dans ses précédents numéros, ceux qui ont fait la une de l’actualité de Besançon. Tous les mois, retrouvez la rubrique “Retour sur info”.

conseil, on peut aider à ce que le planning de fouille soit bien intégré afin qu’il n’y ait plus de surprises liées à l’archéologie qui peuvent amener un blocage” explique la responsable Gwénaëlle Marchet. Elle est arrivée à Besançon en 2007 dans le but de participer à la mise en place de ce service municipal qui comptera bientôt cinq per- sonnes. Cette unité aura également la com- pétence pour effectuer elle-même les fouilles le cas échéant. Pour ces missions ponc- tuelles, la municipalité se dotera de moyens humains complémentaires. Ce service est le bienvenu à la Ville Besan- çon, une collectivité qui affiche un impor- tant programme dʼaménagements urbain dans les prochaines années, dont le fameux tramway.

LE DOSSIER Prèsde14000m 2 desurfacecommerciale,bureaux, logements,parkingsouterrainde400places,ainsise présentelecomplexeîlotPasteurquin’existequesur lesplans.L’avant-projetsommaireapprouvéenconseil municipaldonneunaperçudecequeserademaincet espace,censéêtrelemoteurdelaredynamisationd’un centre-villeenquêted’attractivité.Lesopinionsdiver- gentsurlebien-fondédel’opération.Certainessont perplexesetdoutentencoredelaréalisationdestra- vauxdanslesdélaisannoncésparlavillepuisquel’îlot Pasteurestauprogrammedepuis5ans.Lespremiers signesphysiquesduchantiersefontattendre.D’autres, enparticulierlescommerçants,craignentquelasur- facecommercialesansprécédentaucentre-villesoità l’origined’undéséquilibredel’activitééconomiquede laBoucle,ouqueleparkingnesoitpasassezgrand. Enfin,ilyaceuxquiattendentsonouvertureavecimpa- tience.Ceshypothèsesseconfirmerontounondèsque lecentreentreraenactivitéen2009selonlecalendrier prévisionnel.Onverraàl’usage.Nousn’ensommes pasencorelà.Desparamètrespeuventretarderlestra- vauxquidoiventdébuteren2004.Onparledesdiffi- cultéstechniquesduterrain,desfouillesàprévoir,de laconstruction,desfinancesetd’uneactionjudiciaire quimetlavilleenporte-à-faux.L’autrefacetted’unpro- jetpharaonique. Îlot Pasteur : le futur visage du centre-ville Ouvertureprogramméeen2009 L’îlot Pasteur : un projet pharaonique 9 le DOSSIER P RÉSENTATION

LeprojetîlotPasteurfaitpratiquementl’unanimitéauseinduconseil municipalquiyvoitunmoyenpourredynamiserlecentre-ville.

concessionderestructurationurbai- ne.Ainsi,souslecontrôledelavil- le,laS.E.D.D.assurelaréalisation desétudes,laconduitedel’évolution duprojetavecl’opérateur,lesacqui- sitionsfoncièresetlalibérationdes locaux.C’estdonclaS.E.D.D.qui alancélesconsultationspourchoi-

duprojet.Lavilledevraaussiveiller auxcommercesquivonts’installer dansl’îlotetqu'ilsnenuisentpas auxenseigneslocalesdéjàenpla- ce.” Leprincipalpointdedivergence estleparkingsouterrainquisera propriétédelaville.Lesujetdivi-

A prèslecomplexeMarché- BeauxArts,leprojetîlot Pasteurestladeuxième matriced’unepolitiquederedy- namisationducentre-ville.Lespre- mièresréflexionsontétélancées dès1990souslamunicipalité Schwintquiatransmisletémoin àl’équipeFousseret.Chargeàelle deconcrétiserdésormaislestra- vauxd’étudesquiontétéeffectués enamont.Cettefois-ci,leprojetest enbonnevoiederéalisation,puisque laphased’expropriationarriveà sontermeetlespremierstravaux dedémolitiondevraientdébuter danslecourantdel’année2004.Si lesopérationss’enchaînentsans retard,l’îlotPasteurdévoilerason nouveauvisageaucœurdelaBoucle “en2009.Àcettedateceserapeut- êtrel’ouverturetotaledel'îlotavec seslogementsetsoncentrecom- mercial,maiscen’estqu’uncalen- drierprévisionnel” souligneVin- centFuster,adjointàl’économie. Lesitedanslequels’apprêtentà démarrerlestravauxestcontrai- gnant.Lesparamètresàprendre encomptesontnombreux,cequi

expliquelesdélaisderéalisation. Entrelerespectdel’urbanisme, desbâtimentsclassésetdusous- sol,pasfaciledeglisserunprojet novateurquiallieàlafoisbâti ancienetmodernité. “Nousvou- lonsrépondreàcinqobjectifs:ren- forcerl’attractivitécommercialedu centre-ville,maintenirunemixité, organiserl’offredestationnement, restructurerunîloturbaindégra- déetenfinvaloriserlarichessedu patrimoine” ajoutel’élu.C’estsur cettebasequ’unavant-projetsom- maireaétéélaboré. “L’îlotPasteur sedécomposeen14000m 2 desur- facecommercialeaveccinqgrandes etmoyennessurfacesetdesbou- tiques.C’estaussi7500m 2 desur- facehabitablesoit90logements dont15sociauxetleparkingsou- terrainde350placesdont250places publiqueset100réservésauxhabi- tantsdel’îlot.Ilestaussiprévule réaménagementcompletdesespaces publicsycomprisdelaplacePas- teur.” Unprojetpharaoniquequipèsera lourddanslesfinancesdelaville pourlesannéesàvenir.Lacapa-

citéd’investissementdoitêtreàla mesuredecetteambition. “Soitun totalde41,6millionsd’euros.Dans ces41,6millionsestinclusuneffort d’investissementdelavillede24mil- lionsd’euros,poursouteniràhau- teur de 12 millions d’euros l’opérateurprivéEiffageImmobi- lier,quiconstruiralesbâtiments. N’importequelleopérationdece typeencentre-villenepeutpasêtre équilibréepourunentrepreneurcar lefoncierestbeaucouptropcher. Unsoutiendelacollectivitéest nécessaire.Les12millionsd’euros restantssontrépartisainsi:5mil- lionsd’eurospourleparking,3,6mil- lionsd’eurosliésàl’achatd’ouvrage pourl’opérationet3millionsd’euros pourlesespacespublics” détaille VincentFuster.Cesmontantsqui donnentlevertigetiennentcomp- tedel’acquisitionparlavillede l’hectaredefoncieràlasociétéWeil en1998,actedenaissancedel’îlot Pasteur. Pourpiloterceprojet,lamunici- palitéaconfiéle1 er avril1999àla sociétéd’équipementdudéparte- mentduDoubs(S.E.D.D.),une

sirunopérateur.Legrou- pe Eiffage réalisera l’ensembledesopéra- tionsdeconstruction. Eiffagecéderaensuite leparkingàlaville,la surfacecommercialeà Ségécé,sociétéspéciali- séedanslaconception etlagestiondecentres commerciaux.Ender-

sedéjàlamajoritémuni- cipaleaveclesVertshos- tilesàlaprésencede véhiculesàl’intérieur delaBoucle. “Selonnous, 400placescen’estpas suffisant. Ça l’est d’autantmoinsque150 placesensurfacevont êtresupprimées.Unecen- tainedeplacessontréser-

“Lavenuede laFNACest unedes données importantes.”

nierlieu,Eiffagesechargerade commercialiserlesappartements. Ce projet fait pratiquement l’unanimitéauseindel’équipe municipale.L’oppositionyestmême “globalementfavorable” indique Jean-PaulRenoud-Grappin. “Mais noussouhaitonsqu’ilyaitunegran- devigilancedelavillepournepas manquerceprojet,sinoncesera unecatastrophe.Leséchecsexis- tent.OnsesouvientducentreSaint- Pierreparexemple.Àmonavis,la venuedelaFNACestunedesdon- néesimportantesdel’aboutissement

véespourleslogements.Cequifait untotalde250placescréées.Àcela, ilfautenleverlesstationnements pourlepersonnelducentrecom- mercial.Auregarddeceschiffres, jecroisqu’onnepeutparlerdevéri- tablecréationdeplaces” déplore Jean-PaulRenoud-Grappin.Ceque dénonceenfinl’opposition,c’estle coûtdeparking,propriétédelavil- le.Unpointdudébatquinesuffit pasàétiolerauseinduconseil municipall’intérêtgénéraldece projet.

Et si le conservatoire devenait un

Gilles Dreydemy relève à son tour le défi du tourisme à Besançon

hôtel de luxe ?

E n poste depuis le 2 mars, Gilles Drey- demy est entré sans attendre dans le vif du sujet. Le nouveau directeur de lʼOffice de Tourisme de

Lʼ hôtellerie bisontine prend un coup de jeu- ne. Rue de la Viotte, lʼhôtel Florel est en travaux. Lʼétablissement deux étoiles, tout proche de la gare, crée vingt-huit chambres sup- plémentaires de bon stan- ding, “qui donnent sur cour, avec 21 places de parking explique le responsable Daniel Houser. Les travaux seront achevés en avril 2010.” Au centre-ville, cʼest lʼhôtel de Paris qui retrouve une secon- de jeunesse avec ses 53 chambres depuis quʼil a été repris. Un peu plus loin, au pied de la Citadelle, lʼancien Cou- vent des Clarisses doit faire lʼobjet dʼun programme de réno- vation pour être transformé en un hôtel de charme de 26 chambres. Tous ces projets sont engagés et devraient être finalisés dans les deux ans.

Besançon, qui succède à Patri- ce Ruelle, a rédigé la feuille de route pour faire de cette structure “un pôle central” de manière à ce quʼelle soit consi- dérée comme un “acteur éco-

nomique.” LʼOffice de Tourisme doit prendre sa place. Il faudra procéder par étapes. Pour les salariés, la consigne est de se concentrer dʼabord sur les prin- cipes de base. “Dans l’immédiat, la priorité est de revenir aux mis- sions “régaliennes” de lʼOffice que sont lʼaccueil et lʼinformation des touristes et des Bisontins. “Nous devons être en mesure de délivrer des messages et des indications fiables” explique Gilles Dreydemy. La qualité de la prestation et les visites de vil- le figurent aussi parmi les prio- rités à caractère urgent, au même titre que la mobilisation des professionnels, des adhé- rents, des partenaires autour de lʼOffice de Tourisme. Plusieurs actions vont se concré- tiser dès cet été comme la mise en place de “brigades volantes” composées de personnes qui iront cueillir les touristes dès

leur arrivée à la gare par exemple ou sur le parking Chamars pour les renseigner et les guider. “Tout ce que nous allons faire en 2009 sera un test. Nous ferons le bilan à la fin de l’année.” À long ter- me, cette fois, un plan de com- munication sera échafaudé. En étant inscrite au patrimoine mondial de lʼU.N.E.S.C.O., Besançon a marqué un essai. “Il faut le transformer. Mais ce n’est pas aussi facile qu’on peut l’imaginer. Il y a des difficultés majeures à surmonter qui sont les moyens financiers et humains limités.” Comme son prédéces- seur, Gilles Dreydemy devra sʼen accommoder dans lʼimmédiat. Pour ce Messin dʼorigine qui a travaillé au déve- loppement du tourisme sur lʼîle de la Réunion et plus récem- ment du Var, Besançon est un nouveau défi quʼil sʼapprête à relever.

Lʼoffre hôtelière pourrait être complétée en ville, dans les prochaines années, par la créa- tion dʼun nouvel établissement place de la Révolution. La muni- cipalité souhaite que le bâti- ment qui abrite le conservatoi- re de musique soit adapté “pour accueillir une activité hôteliè- re de luxe” notent les services de la mairie. Mais avant cela, il faudra attendre que le Conser- vatoire de musique soit trans- féré à la Cité des Arts dont le chantier nʼa pas encore débu- té. Cela nʼempêche pas la muni- cipalité dʼavancer sur le dos- sier. La prospection engagée par les services de la ville les a amenés à nouer des contacts avec des investisseurs helvé- tiques. La plupart de ces ini- tiatives vont permettre à Besan- çon de combler son retard en matière dʼhôtellerie de char- me.

Gilles Dreydemy.

A

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BESANÇON

La Presse Bisontine n° 98 - Avril 2009

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Les Bisontins sur Facebook Johanne Kervella (Miss Franche-Comté) 2 907 amis, Besan- çon plus belle ville du monde : 1 014, Claude Jeannerot (Président du Conseil général du Doubs) 51, Guillaume Aldebert (chanteur) : 5 666 fans, Amaury Leveaux (nageur) : 4 663… Des limites Des informations personnelles sont délivrées. Elles peu- vent concerner vos goûts, vos centres dʼintérêt, et tout ce qui permet à des annonceurs de cibler le client potentiel que vous êtes. Cʼest une énorme source de donnée pour les publicitaires avec la conséquence dʼêtre “bombardé” dʼoffres publicitaires relativement personnalisées puisque vous avez défini tout ce qui vous intéressait. Il faut égale- ment admettre que vous ne savez pas trop où sont stoc- kées toutes les informations et photos que vous mettez de vous, et quelle utilisation pourrait un jour en être faite. Pour les internautes, ce risque est limité puisquʼils ont le choix dʼaccepter ou non de laisser leur profil visible soit par leurs amis ou par lʼensemble des internautes. À surveiller tout de même. Pour celui qui recherche un emploi, de plus en plus de recruteurs utilisent ce système afin de connaître votre vie. Un conseil : ne mettez plus vos images du samedi soir. Facebook, mode d’emploi Site de réseau social, “Facebook” (trombinoscope en anglais), permet de créer autour de soi une véritable com- munauté pour échanger avec ses amis, en retrouver, fai- re des connaissances, partager des photos ou des vidéos. Cʼest un étudiant américain qui a lancé cette idée. Il est aujourdʼhui milliardaire, à 24 ans. “Alors, tʼes sur Face- book ?” Pour y accéder, rien de plus simple, il suffit de se connecter sur facebook.com : lʼinscription est gratuite. Une fois inscrit, lʼinternaute remplit sa page personnelle sur laquelle il met les infos quʼil souhaite (photos, activités, date de naissance, hobbies…), se lie avec des amis, uti- lise et partage des applications, sʼinscrit dans des groupes (ceux qui aiment les fraises Tagada, le triathlon, ceux qui se lèvent tôt…), envoie et reçoit des messages. Comme il sʼagit de virtualité, certains lʼutilisent sérieusement. Dʼautres y délivrent des informations sans rapport avec la réalité.

INTERNET Facebook à Besançon Facebook, l’ami qui vous veut du bien ? Besançon n’échappe à la frénésie “Facebook”. Le réseau social est devenu un mode de

communication où l’on peut se faire des amis - parfois virtuels - et dénicher de bons plans. Les politiques se prennent au jeu. Et vous, combien d’amis sur Facebook ?

M ême la ville de Besan- çon est inscrite sur Facebook…mais appa- remment pas son mai- re Jean-Louis Fousseret. Igno- rance ou volonté de sa part, toujours est-il que le réseau Face- book a pris une importance folle, au point que certains dénoncent - déjà - certaines de ses dérives. Et notamment son fichage élec- tronique. Il y a pile un mois, Face- book soufflait ses cinq bougies. Du virtuel, le réseau est devenu réel puisque des milliers d’internautes peuvent communi- quer, échanger et désormais se rencontrer. La preuve, le samedi 4 avril, un immense rassemble- ment pour les “facebookeurs” de la région est organisé à Airexpo Andelnans, entre Belfort et Mont- béliard. Toute la Franche-Comté s’y retrouvera. La preuve avec le groupe : “Tu sais que tu es Franc- comtois quand… l’hiver dure de novembre àmai, quand tu dégustes un délicieux roëstis-jambons-sala- de, quand Aldebert, ça fait 10 ans

que tu entends ses chansons, quand tu rigoles des blagues de la Made- leine Proust, quand pour toi, Besan- çon est la plus belle ville du mon- de, quand tu dis : T’as meilleur temps.” Ce groupe regroupe envi- ron 6 000 membres ! Le réseau sert également à connaître la date des soirées bison- tines branchées, à supporter le club de basket (B.B.C.D., 23 membres) ou faire passer des mes- sages idéologiques ou politiques. C’est notamment le cas avec les “Freeze Mob” de l’anglais “geler”. À un endroit donné, pendant quelques minutes, pour une même durée, plusieurs personnes s’arrêtent et “givrent” le paysage. Ce fut le cas place du 8 Septembre à Besançon le 3 janvier à 12 heures. Là, aucun message politique. Jus- te la volonté d’interloquer de créer une fresque humaine gelée. Les étudiants ont utilisé la “Freez- mob” en gelant certaines galeries commerciales. Une manière de protester en silence contre la réfor- me de l’éducation.

book” atteint les 10 000 membres. Preuve que les Francs-Comtois sont attachés à leur région. Un nouveau groupe “contre le rattachement à la Bourgogne” vient de naître (3 320

Les politiques ont mesuré la por- tée de ce formidable outil. Mais avant de s’étaler personnellement sur la toile, ils laissent leur grou- pe s’afficher. C’est le cas de l’U.M.P., inscrite sur Facebook et dérivée à toutes les sauces (union des jeunes, du Doubs…).Alain Joyan- det est inscrit sur Facebook. À l’inverse, la présidente de Région Marie-Guite Dufay n’en fait pas partie. Claude Jeannerot est lui dans la famille facebookeur avec 51 ami(e) s qui sont notamment JeanAuvillain (directeur de cabi- net à la Région), Martial Bour- quin (Sénateur, Parti socialiste), Jean-Christophe Cambadélis (P.S.) ou encore… Johanne Kervella, Miss Franche-Comté… Un grou- pe “Pour que la Franche-Comté ait le plus grand groupe sur Face-

Et vous, êtes-vous Facebook ?

membres). Les politiques ont bien compris que pour tisser des liens… il fallait être sur la toile. D’ici mars 2010 et la désignation du futur président de Région, sûr que nouveaux hommes et femmes - publiques - s’inscriront pour asseoir leur présence sur le devant de la scène. C’est au moment des élec- tions que l’on saura qui a le plus d’ami(e) s ! E.Ch.

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L’ÉVÉNEMENT

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Ils sont souvent pauvres mais ne mendient pas. Ces Bisontins se débrouillent pour trouver de quoi manger au jour le jour. Il y a ceux qui se tournent vers des associations comme les Res- tos du cœur pour demander l’aide alimentaire à laquelle ils peuvent prétendre. Et puis il y en a d’autres qui préfèrent le “système D” pour remplir leur réfrigérateur. Ce sont les gla- neurs. On les croise sur les marchés au centre-ville, à Palente ou à Planoise où ils ramassent des fruits et légumes juste abîmés qui finiront à la poubelle. Ils sont aussi au petit matin à proximité des supermarchés ou ils fouillent les poubelles pleines de marchandises pas toujours périmées, en partance pour la déchetterie. Ces glaneurs-là agissent par nécessité mais aussi par dégoût d’une société de consommation dont les excès se mesurent dans les ordures. Qu’elles soient dis- cutables ou non, la crise actuelle exacerbe ces pratiques qui se développent dans les grandes villes. Le point à Besançon. POUR MANGER, TOUS LES MOYENS SONT BONS !

BESANÇON

Une pratique en augmentation dans les villes

Le commentaire des maraîchers Ils donnent ou ne donnent pas Il arrive que les maraîchers soient abordés par des glaneurs qui leur demandent des fruits et légumes qu’ils jetteraient. Cette manière de faire n’est pas nouvelle. L es glaneurs ? “Il y en a toujours eu sur les marchés. C’est aussi comme cela que mangent les jeunes qui quittent d’un seul coup leur famille” répond Géraldine du tac au tac affairée à ranger ses caisses de fruits et légumes. “Sur Palente, ça fait quinze ans que je vois les mêmes.” Les maraîchers ne sont donc pas surpris lorsquʼun glaneur les approche en “nous demandant si on a des invendus, ou quelque chose qu’on jette” poursuit Géraldine qui reconnaît ne pas donner systématiquement. Ils sont donc quelques-uns, des habitués, à solliciter sa géné- rosité et celle dʼautres de ses collègues à dʼautres étals, comme cette petite dame âgée “qui vient de faire mes caisses. Elle a pris une salade, je lui ai donné” observe Géraldine. Déambulant en tirant derrière elle un chariot, la vielle dame à lʼapparence coquette, repousse toutes les questions, indi- quant seulement “que des gens ici lui gardent quelques petites choses à manger.” Benoît est producteur de céréales. Il vend son pain bio le vendredi matin place de la Révolution. Cʼest plutôt rare quʼon lui réclame du pain au moment de remballer. “Par contre, nous recevons souvent des appels de personnes qui sont prêtes à prendre du pain rassis moins cher. On fait une remi- se de 50 % sur le pain de la veille pour le marché du len- demain” dit-il. À 81 ans, Yves est toujours en activité. La culture de la ter- re, les marchés, cʼest sa vie. Cet homme a vécu. Son expé- rience lui fait dire que notre époque nʼest peut-être pas aus- si sombre quʼon voudrait nous le faire croire. “Quand je vois la précarité d’aujourd’hui et celle que j’ai pu connaître au moment de la guerre, je peux vous dire qu’il ne s’agit pas de la même chose” lance ce solide gaillard à la chevelure argentée. Néanmoins, il laisse assez facilement aux gla- neurs des fruits et légumes abîmés. “Je leur donne. Mais je voudrais pouvoir aller regarder chez eux pour voir dans quel confort ils vivent. Je le reconnais, quelle que soit l’époque ce n’est pas facile de vivre sans argent, mais il faut que les gens se prennent en main.”

“Mission frigo” dans les poubelles des supermarchés Des glaneurs se lèvent très tôt pour aller fouiller les poubelles des grandes surfaces au moment où celles-ci renouvellent leur stock de marchandises. Ceux qui cèdent à ces pratiques de consommation le font souvent par nécessité.

I l est six heures du matin à Besançon. Justine attend à l’arrière d’un super- marché que les poubelles soient sor- ties. Une fois dehors, elle pourra com- mencer à les fouiller juste avant le passage des éboueurs. La “mission frigo” peut débu- ter pour cette jeune femme qui vient là une fois par semaine, le lundi matin. C’est le jour des livraisons, le moment où le maga- sin rentre de nouvelles marchandises débar- quées par camion. Les denrées périssables sont donc débar- rassées des rayons et jetées à la poubelle. Il y a de tout : des légumes, des viandes, des poissons, des boissons, des yaourts. La plupart du temps, la date de fraîcheur de ces produits arrive à échéance. Pour Justi- ne, ils sont consommables tout de suite. “Je remplis le frigo gratuitement. Franchement,

partira aux ordures” déplore Pierre. Mais à Besançon, des gérants de supermar- ché tolèrent que les poubelles soient visitées. Les glaneurs qui le savent gardent jalouse- ment leurs “bons plans.” Phil a découvert une adresse par hasard, en rentrant chez lui au petit matin il y a tout juste un mois. “J’ai vu en passant près du magasin ce qui se jetait. J’ai halluciné.” Ce garçon pourrait subvenir à ses besoins en faisant ses courses dans les supermarchés comme tout le monde. Mais pourquoi acheter des marchandises, alors qu’en attendant un peu elles finiront à la poubelle chaque début de semaine ? “C’est inadmissible que l’on jette de la nourriture dans de telles quantités. On trouve des mor- ceaux de viande de premier choix. Franche- ment, on pourrait nourrir tous les gens qui en ont besoin à Besançon” estime-t-il, quali-

quand je fais mes courses, mon budget ne me permet d’acheter que du premier prix. Là je trouve des barquettes de viande à 6,70 euros. Jamais, en temps normal, je ne pourrais m’acheter un morceau de viande à ce prix, pour une seule assiette en plus. Là je fais à manger en fonction de ce que je trouve. J’ai même ramassé des œufs de caille. Je ne suis pas certaine d’en avoir déjà man- gé” dit-elle. Ce matin-là, Justine remplit deux grands sacs. Il n’y a pas de légumes. Un employé du magasin a déversé de l’eau de javel dans la poubelle qui les contenait. Cette pratique courante est censée décou- rager les glaneurs. “Souvent, les grandes surfaces procèdent ainsi quand elles nous voient arriver, ou alors elles cadenassent les poubelles pour qu’on ne puisse pas se ser- vir. Comme ça elles sont certaines que tout

fiant cette situationdedéri- ve de la société de consom- mation. Pour des raisons d’hygiène, Phil ne prend que des produits qui sont sous vide. “Beaucoup de mes amis ont des réticences à l’idée que les denrées vien- nent des poubelles.Moi j’ai dépassé ce stade.” Justine n’est pas devenue glaneuse par plaisir. “C’est la nécessité qui nous pous- se à passer la barrière de principe. La personne qui a les moyens de faire ses courses ne se lève pas à 5 heures du matin pour fouiller les poubelles.” T.C.

Les glaneurs fouillent les poubelles des

supermarchés juste avant le passage des éboueurs.

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BESANÇON

878 familles cette année

La fréquentation des Restos du cœur progresse encore de 12 % De plus en plus de personnes sollicitent l’aide alimentaire des Restos du Cœur à Besançon. 2 359 adultes et 112 bébés !

enfant(s). Pour elles, le centre de Besan- çon a créé un espace puériculture où ces mères trouvent des choses pour des bébés de moins de 18 mois. “Nous donnons des couches, du lait, un néces- saire de toilettes, des vêtements. Cela fait six ans que je suis là, c’est la pre- mière année que je vois autant de bébés” indique Ginette, bénévole. L’écoute, le dialogue, l’humanité de l’accueil font aussi partie de ce service gratuit. “Pour la première fois, on propose même un trousseau pour les futures mamans qui vont entrer à la maternité.” Le cœur est grand aux Restos.

“C ’ est la 24 ème campagne. Nous ne sommes pas partis pour nous arrêter. Si tel devait être le cas, ce serait faute de munitions mais pas faute de clients” observe Clau- de Renaud, responsable du centre de Besançon. Le nombre de familles qui font appel aux Restaurants du cœur est en augmentation de 12 % par rap- port à 2008. Les statistiques indiquent que la fréquentation des locaux de l’association rue du Professeur Haag progresse dans des proportions iden- tiques ces dernières années. “878 familles sont inscrites pour cette cam- pagne ouverte depuis 1 er décembre. Ce qui correspond à 2 359 adultes et 112 bébés” précise-t-il. Le nombre d’enfants de moins de deux ans a presque dou- blé ! La raison est qu’il y a plus de familles monoparentales. Quatre fois par semaine, dans l’après- midi, ils sont des dizaines d’hommes, de femmes et d’enfants à attendre devant la porte des Restos du cœur. Des bénévoles (ils sont une centaine au total) les accueillent et les font entrer par groupes de cinq dans le modeste bâtiment transformé en supé- rette de la solidarité. À l’intérieur, munis de la carte nominative qui leur a été délivrée lors de leur inscription, ces gens se voient remettre les pro- duits de première nécessité tels que du lait, des conserves ou du pain. Les Restos à Besançon rentrent 12 tonnes de marchandise par semaine. “Nous sommes dotés à 90 % par Paris préci- se Claude Renaud. Nous avons une petite collecte locale qui nous permet de faire le tampon. Le pain, ce sont les boulangers de la ville qui le fournis- sent par exemple. On distribue l’équivalent de six repas par semaine et par personne. C’est une logistique assez lourde à gérer. Ce sont dix béné- voles qui sont là tous les matins à pied d’œuvre.” La conjoncture qui se crispe ne semble pas affecter l’esprit de solidarité des Français. Le 7 mars, lors de la cam- pagne nationale de collecte des Res- tos du cœur, le cumul des produits don- nés par les consommateurs à la sortie des supermarchés bisontins fut de 20

tonnes. “C’est un sacré coup de pouce. Nous avons même vu des gens nous laisser des caddies entiers. Il y a eu une grande solidarité lors de cette col- lecte” dit Claude Renaud d’un ton recon- naissant. Ces marchandises seront stockées dans le nouveau centre dépar- temental qui quitte la rue Pergaud pour Valentin où les Restos du cœur disposent depuis peu d’un hangar de 500 m 2 . 290 familles en moyenne viennent s’approvisionner chaque jour d’ouverture de l’antenne de la rue du Professeur Haag, de début décembre à fin mars. En dehors de cette pério- de, les Restos ont un service réduit d’inter-campagne qui fonctionne en été et qui ne s’adresse cette fois qu’aux personnes les plus démunies, soit envi- ron un quart de l’effectif d’hiver. “8 à 9 % des personnes qui viennent ici sont retraitées. 6 % des inscrits sont des gens qui fréquentent les Restos depuis plus de 3 ans. Mais ce sont les familles peu nombreuses qui sont le plus représentées.” On croise ici beaucoup de jeunes mamans qui élèvent seules leur(s)

RENCONTRE

Place de la Révolution

Pierre glane d’abord par principe Les maraîchers le connaissent. Régulièrement, ils lui donnent des fruits et légumes dont ce garçon de 24 ans fait bon usage.

en réserve et ne récupère qu’en fonc- tion de ses besoins. Son régime ali- mentaire est dicté par ce qu’il par- viendra à glaner. Qu’importe le résultat, il s’en accommode toujours. “Parfois, je récupère trente courgettes. Depuis quatre ans, je fais de la confi- ture avec les produits du marché même au kiwi et à l’orange. J’en ai d’ailleurs donné un pot au maraî- cher. Auminimum, il y a toujours de quoi faire une soupe.” Depuis le temps, les maraîchers le connaissent. “Ils ont la gentillesse de me laisser un endroit où je peux récu- pérer les produits qu’ils jettent” dit- il en farfouillant dans une grosse poubelle. S’il n’a pas de complexes à procéder ainsi, ce garçon reconnaît que cette démarche puisse en rebu- ter certains. “Ce n’est pas donné à tout le monde de récupérer car il y a toujours cette confrontation au sta- tut social. Le récupérateur est perçu comme un pauvre,même si onme dit parfois que j’ai du culot.” Les rap- ports qu’il entretient avec les maraî- chers sont cordiaux. Il ne demande pas la pitié et eux ne le prennent pas non plus en pitié. Le garçon passe son chemin quand dans sa tournée un commerçant lui lance amicale- ment “Je n’ai rien pour toi mon p’tit.” Une autre fois peut-être. T.C.

I ls ne sont que quelques-uns à fai- re régulièrement le tour des mar- chés de Besançon pour récupérer des fruits et légumes. À 24 ans, les cheveux en bataille et couvert d’une veste de velours clair, Pierre est aux abonnés glaneurs. Mais cet ouvrier

saisonnier agricole globe-trotter , le fait moins par nécessité que par prin- cipe. “J’ai grandi dans une famille qui n’était pas très aisée et où onm’a appris à ne pas jeter la nourriture. Par ailleurs,mon regard sur la natu- re s’est développé avec le temps. Dans cette société occidentale, il y a telle- ment de gâchis et une telle surpro- duction alimentaire, que je récupère par conviction écologique.Tant mieux qu’il y ait cette crise si elle peut per- mettre aux gens d’apprécier la vraie valeur des choses et mesurer la chan- ce qu’ils ont de pouvoir manger. Ma manière de faire me donne la possi- bilité de réaliser des économies. Je mange pour pas cher” sourit-il. Tomates, navets, poivrons, pommes, carottes, et d’autres choses encore, la collecte du vendredi 13 mars lui fut finalement assez profitable. “Les cinq fruits et légumes qu’il faudrait manger par jour, il y est” plaisante une maraîchère. Fraîchement reti- rés des étals, les produits qu’il glis- se dans son filet ont encore un bel aspect.Mais il ne devra pas attendre pour les consommer. Pierre ne fait sonmarché que lorsqu’il n’a plus rien

Pierre ne fait son marché que lorsqu’il en a besoin. “Ce n’est pas donné à tout le

monde de récupérer car il y a

toujours cette confrontation au statut social.

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BESANÇON

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ORCHESTRE

Le chef Peter Csaba se confie “J’ai vraiment le sentiment d’un gâchis” Le contrat du chef de l’orchestre de Besançon, que la ville voulait remercier, doit être prolongé d’un an pour dissiper la polémique suscitée par le projet municipal. Il défend son travail et plaide pour le maintien d’un orchestre digne de ce nom dans la capitale régionale.

L a Presse Bisontine : Après la période houleuse que vous traversez, quelle décision avez-vous pris quant à votre maintien ou non à Besançon ? Peter Csaba : Je vais probablement continuer pour un an. Je pense avant tout à l’orchestre. Si je pars en juin, ce serait dramatique car beaucoup trop brusque et tellement rapide. Quelque part, pour les musiciens et l’orchestre, je me sens presque obligé de repartir. C’est le seul espoir pour l’orchestre d’assurer la prochaine saison. L.P.B. : Vous avez été tenté de claquer la porte après que la mairie a signifié son souhait de tout remettre à plat ? P.C. : Bien sûr mais je ne peux pas faire cela, même si j’en ai eu envie. Humainement, c’est très difficile de laisser tomber quelque chose dans lequel vous vous êtes investi depuis près de 15 ans. Pour le public, ce ne serait pas cor- rect non plus. L.P.B. :Vos rapports avec la mairie sont tendus, on le sait, qu’en est-il avec les musiciens de l’orchestre ? P.C. : Excellents, c’est justement ce dont la ville ne s’est peut-être pas rendu compte. Il est fré- quent dans les villes qui ont un orchestre que les rapports soit très tendus entre le chef et son orchestre. À Besançon, on avait la chance que ce ne soit pas le cas. Depuis que je suis là, il y a la paix, l’harmonie entre l’orchestre, le public et moi-même. Je trouve assez bizarre de tout vou- loir remettre en cause. L.P.B. :Vous attendiez-vous à une telle remise en cause ? P.C. : Très honnêtement non. Certes je ne pen- sais pas rester encore 20 ans à Besançon mais j’avais encore des choses àmettre en place, notam- ment structurellement et administrativement, là où ça pêchait jusqu’à maintenant. À cet orchestre, il manquait une bonne administra- tion, c’est désormais chose faite. Mon objectif était d’obtenir une base solide, mais tout le mon- de n’a pas mis toute la bonne volonté qu’il fal- lait. La preuve que ce n’était pas pérenne, c’est qu’on décide du jour au lendemain que tout est fini. Certes, on a eu des périodes de tâtonnement mais je sentais bien que depuis quelque temps, ça ne voulait pas bouger dans le sens d’une vraie dimension régionale pour cet orchestre. Le pro- blème est qu’il n’y a plus cette volonté de la vil- le. L.P.B. : C’est une impression de gâchis, d’échec person- nel pour vous ? P.C. : D’échec personnel non car on a fait beau- coup pour cet orchestre : on a augmenté le niveau,

tion à représenter tout une région. Au-delà de la ville, il y a aussi les quatre Départements. Tout le monde devrait être d’accord pour faire un vrai orchestre régional. Seulement, le discours de la ville est de vou- loir faire autrement, plus res- treint, moins ambitieux et moins coûteux. L.P.B. : Qui pourrait sauver cet orchestre ? P.C. : Si le maire de Besançon le voulait, il le pourrait. L.P.B. : Le nom de votre éventuel suc- cesseur avait déjà circulé, qu’en pen- sez-vous ? P.C. : Je ne le connais pas mais je sais seulement que ce n’est pas un chef. C’est peut-être quel- qu’un de très bien mais le confronter comme ça à un orchestre, ça ne peut pas fonc- tionner. Son projet serait de fai- re autre chose, une plus petite formationmais pas un orchestre symphonique.

“Si le maire le voulait, il le pourrait.”

L.P.B. : Vous restez très amer… P.C. : Quand je dirige, ma motivation et la pas- sion pour mon travail sont intactes. Mais j’ai vraiment le sentiment d’un gâchis. Ceci dit, ça fait chaud au cœur de sentir que les gens aiment ce qu’on fait, que l’on est soutenu. En plus, je ne crois pas avoir fait beaucoup de cinéma pour vendre mon travail. L.P.B. :Vous vous dites très attaché à Besançon. Pourquoi ne vous y êtes-vous jamais installé ? P.C. : Je réside à Lyon car j’y suis toujours le direc- teur de la classe d’orchestre du conservatoire national supérieur de musique et de danse. Je prépare les programmes de cette classe et j’y fais des sessions de travail et de direction. L.P.B. : Besançon n’est peut-être pas une ville à votre dimension… P.C. : (hésitation)…On peut discuter de cela. Peut- être que oui…Mais je pensais qu’il y avait vrai- ment des choses à y faire. Dans ma jeunesse, en Roumanie, on parlait déjà du concours des chefs d’orchestre de Besançon. Je pensais que même si ce n’était pas une grande ville, la musique avait ici une certaine importance. Peut-être que je me suis trompé… L.P.B. : Si vous décidez de rempiler d’un an, comment aborderez-vous cette année supplémentaire ? P.C. : Si je prolonge d’un an, je ne veux pas avoir le moindre problème, je souhaite que l’on garan- tisse à l’orchestre un fonctionnement normal, que tout le monde travaille dans les conditions actuelles. C’est le minimum. C’est dans l’intérêt de tout le monde que ça se passe bien. L.P.B. : Et après cette année de “rab” ? P.C. : Je ne sais pas. Si c’est comme maintenant, je pense que ce sera définitivement fini pour moi. L.P.B. : Comment jugez-vous le fait que Besançon semble plutôt vouloir miser sur les musiques de rue ? P.C. : Très honnêtement, ça me choque qu’aumême moment, dans un monde qui évolue tel qu’il évo- lue, on ne fasse pas la différence. Être musicien classique, ce sont des dizaines d’années de tra- vail. Et si 10 ou 15 % des Bisontins souhaitent de la musique classique, il faudrait ne pas en tenir compte ? Le classique, ce ne sont pas des cliques de rue, même si je n’ai rien contre. Les œuvres de Mozart, de Beethoven ou de Monte- verdi seront encore jouées dans 500 ans. Quant au reste… On ne peut pas décréter que le mon- de n’a pas besoin demusique classique. Au contrai- re, on n’en a jamais eu autant besoin.

gagné du public, irrigué le ter- ritoire (selon nos possibilités financières) et tout cela, avec le plus petit budget de France pour un orchestre. L.P.B. : Sur ce point, il y a une petite querelle des chiffres. La mairie dit 1,1 million d’euros. Quelle est votre version ? P.C. : . Le chiffre d’1,1 million est faux. Le budget de l’orchestre de Besançon ne dépasse pas les 700 000 euros par an. La ville donne un peu plus de 500 000 euros, il n’en demeure pas moins que nous avons, et de loin, le plus petit budget de France. L.P.B. : Mais la vraie question est cel- le-là : une ville de 120 000 habitants a-t-elle les moyens de faire vivre un vrai orchestre symphonique ? P.C. : Oui, une ville de 120 000 habitants peut avoir un orchestre, c’est une question de volonté politique et de culture. Regardez ce qui se passe dans des pays voisins de la France où des villes de 20 000 ou 30 000 habitants à peine en ont un. Et qu’une région d’1 million

“Je me sens presque

obligé de repartir.”

Peter Csaba est né en Roumanie en 1952. Là-bas, dans son enfance, il entendait déjà parler du concours de chefs d’orchestre de Besançon.

Dahoui) a des idées mais ce n’est pas toujours en voulant tout changer qu’on trouve la meilleu- re solution. Dans certains domaines, c’est très bien. Mais seulement, des orchestres, ce sont des sujets très délicats, avec ses musiciens, ses sen- sibilités. Ce n’est pas comme des objets que l’on déplace comme on veut. Construire un orchestre, ça prend du temps. Certains des plus réputés dans le monde ont 100 ans, parfois 150 ans, la stabilité est un gage de réussite. Bien sûr il faut faire des ajustements, mais pas tout changer fondamentalement. L.P.B. : À l’heure où les collectivités, et notamment la vil- le, cherchent à faire de nécessaires économies, quelle peut être la solution au problème ? P.C. : J’estime que ça devrait être naturel que le Conseil régional finance un orchestre qui a voca-

d’habitants comme la Franche-Comté ne puis- se pas avoir un orchestre symphonique digne de ce nom paraît étonnant. Besançon a une gran- de tradition musicale, il faut impérativement l’entretenir. On fait ici un des concours de chefs d’orchestre les plus réputés aumonde, c’est quand même bien pour que ces jeunes chefs dirigent ensuite des orchestres ! Par comparaison, le plus petit orchestre, à part Besançon, est celui de Poi- tou-Charente qui dispose d’un budget de 3 mil- lions d’euros environ. Sans parler des plus grands comme Bordeaux, avec 11 ou 12 millions, ni même de Lyon ou Paris. Mulhouse dispose déjà de 5 ou 6 millions. L.P.B. :Vous jugez donc avec sévérité l’attitude de la mai- rie de vouloir tout remettre à plat ? P.C. : L’adjoint à la culture (N.D.L.R. :Yves-Michel

Propos recueillis par J.-F.H.

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