La Presse Bisontine 98 - Avril 2009

La Presse Bisontine n° 98 - Avril 2009

DOSSIER

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DU CÔTÉ DU PERSONNEL Trois suicides en 2008 Les gardiens d’un fragile équilibre 90 agents postés travaillent à la maison d’arrêt de Besançon. Leur travail quotidien : gérer les tensions et éviter les débordements le mieux possible.

Q uatrième division, deuxième éta- ge : un seul agent doit surveiller 55 détenus. C’est le point noir de l’établissement bisontin. Au total, ils sont 90 à surveiller les détenus de la maison d’arrêt. L’effectif, a priori impor- tant, n’est pourtant pas pléthorique aux yeux des intéressés. “Quand il y a 400 détenus, c’est carrément chaud” lâche l’un d’entre eux dans un couloir. Selon une source syndicale, l’ensemble du per- sonnel de surveillance a totalisé 15 000 heures de travail en plus l’an dernier. “Chaque mois, je fais 30 heures de plus. Certes elles sont rémunérées mais nous sommes loin d’être en suref- fectifs” commente ChristopheVernerey,

représentant C.G.T. À entendre la plupart des surveillants, c’est leur longue expérience - 20 ans en moyenne - qui leur permet de gérer les tensions, conflits et bagarres qui peu- vent éclater à tout moment au sein de l’établissement. S’ils reconnaissent que la prison de Besançon “est assez propre, bien tenue et fonctionnelle” , “on croise les doigts et on redoute une augmenta- tion du nombre de détenus. 30 de plus, ça change tout” ajoute le représentant syndical. Dans cette même division 4, toujours eu deuxième étage, l’administration est en train d’installer un deuxième lit dans les cellules. En prévision de quoi ? Le

personnel l’ignore. “Alors que M me Dati parle d’encellulement individuel, on va à l’encontre des annonces officielles.” Le dernier point noir que relève le per- sonnel de surveillance, c’est la lutte contre les suicides. Trois détenus se sont donné lamort l’an dernier à Besan- çon. “On est impuissant, ajoute ce sur- veillant. Si on regarde par l’œilleton, le temps de déclencher les secours et de récupérer les clés, c’est toujours trop tard. La seule chose que l’on peut fai- re, ce sont des contrôles toutes les heures des détenus signalés “fragiles”. Alors, la nuit, on les réveille toutes les heures…” J.-F.H.

Les surveillants de prison ont un métier pour le moins difficile.

FAMILLES

9 000 passages

3 NOUVEAUX CATALOGUES g r a t u i t

L’association Familles Pergaud, le sas de décompression Venant souvent de loin visiter leurs proches détenus, les familles font une halte réconfortante dans la petite maison aux volets verts qui fait face à la prison. C’est là que loge l’association Familles Pergaud. A ttendre, souvent au froid, que la lourde porte de la maison d’arrêt s’ouvre, nées par semaine peuvent aus- si garder un enfant quand sa mère ou son père va au parloir, ou encore accompagner un enfant au parloir à la rencontre de sa mère ou de son père incar- céré.

au vu et au su de tout passant, ajoute encore pour les proches ce sentiment incompressible de culpabilité. Pour eux, il existe un endroit discret, à deux pas de la prison, c’est l’association Familles Pergaud. Ses locaux sont ouverts cinq fois par semai- ne, aux horaires des parloirs. “Notre objectif est de permettre aux familles d’avoir un endroit bienveillant pour trouver du ressort avant d’entrer voir leur proche détenu au parloir” résu- me François Lacaille, le prési- dent de cette association créée en 1994 à Besançon. À l’étage de cette petite mai- son de pierre à peine retirée de la route, deux pièces au confort simple. Une douce odeur de café, quelques pâtisseries au milieu de la table et au fond, un cana- pé. Dans une pièce, un homme attend avec une pointe d’anxiété. Dans la cuisine, deux femmes papotent tandis qu’un bébé dort paisiblement dans un transat. Les bénévoles sont là qui se soucient du bien-être de ces gens de passage. Dans quelques minutes, l’heure du premier parloir aura sonné, il est bien- tôt 12 h 30. “Les gens viennent ici pour souffler un peu. Pour qu’un détenu ait une chance de réussir sa réinsertion, on esti- me que parmi les critères, il y a le maintien des liens familiaux. Nous participons à ce maintien et en quelque sorte, nous faisons partie de tous ceux qui luttent contre la récidive” ajoute M. Lacaille. Lui et la trentaine de bénévoles qui se relaient cinq demi-jour-

Si des Bisontins sont incarcé- rés à lamaison d’arrêt de Besan- çon, ils ne constituent pourtant pas la majorité. Beaucoup de détenus sont originaires du Nord Franche-Comté, de Bour- gogne, de Suisse, voire de Paris ou de Marseille. C’est pourquoi les familles en visite viennent souvent de loin, ils prennent leurs dispositions pour arriver bien avant l’heure du parloir, évitant tout risque de rater l’horaire. Le passage par l’association est alors pour elles un véritable sas de décom- pression. L’association remplit aussi un rôle social : colis de Noël à des- tination des détenus les plus isolés, cadeaux aux enfants de détenus…Chaque année, entre 8 000 et 9 000 passages sont comptabilisées à l’association. Ces personnes franchissent dis-

crètement la porte de ce petit havre, mince rayon de soleil avant de rega- gner l’ombre de la visite au par- loir et la réalité d’une famille déchirée. Car il ne faut pas perdre de vue que la famille de celui qui a com- mis un délit est aussi une victi- me. J.-F.H.

Un homme attend avec une pointe d’anxiété.

ZAC CHATEAUFARINE - BESANÇON 0 825 824 125

Horaires : lundi au vendredi 9h30 à 12h et 14h à 18h30 et le samedi 9h à 12h et 14h à 18 h Ouverture aux professionnels dès 8h du lundi au vendredi

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