La Presse Bisontine 98 - Avril 2009

La Presse Bisontine n° 98 - Avril 2009

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BESANÇON

878 familles cette année

La fréquentation des Restos du cœur progresse encore de 12 % De plus en plus de personnes sollicitent l’aide alimentaire des Restos du Cœur à Besançon. 2 359 adultes et 112 bébés !

enfant(s). Pour elles, le centre de Besan- çon a créé un espace puériculture où ces mères trouvent des choses pour des bébés de moins de 18 mois. “Nous donnons des couches, du lait, un néces- saire de toilettes, des vêtements. Cela fait six ans que je suis là, c’est la pre- mière année que je vois autant de bébés” indique Ginette, bénévole. L’écoute, le dialogue, l’humanité de l’accueil font aussi partie de ce service gratuit. “Pour la première fois, on propose même un trousseau pour les futures mamans qui vont entrer à la maternité.” Le cœur est grand aux Restos.

“C ’ est la 24 ème campagne. Nous ne sommes pas partis pour nous arrêter. Si tel devait être le cas, ce serait faute de munitions mais pas faute de clients” observe Clau- de Renaud, responsable du centre de Besançon. Le nombre de familles qui font appel aux Restaurants du cœur est en augmentation de 12 % par rap- port à 2008. Les statistiques indiquent que la fréquentation des locaux de l’association rue du Professeur Haag progresse dans des proportions iden- tiques ces dernières années. “878 familles sont inscrites pour cette cam- pagne ouverte depuis 1 er décembre. Ce qui correspond à 2 359 adultes et 112 bébés” précise-t-il. Le nombre d’enfants de moins de deux ans a presque dou- blé ! La raison est qu’il y a plus de familles monoparentales. Quatre fois par semaine, dans l’après- midi, ils sont des dizaines d’hommes, de femmes et d’enfants à attendre devant la porte des Restos du cœur. Des bénévoles (ils sont une centaine au total) les accueillent et les font entrer par groupes de cinq dans le modeste bâtiment transformé en supé- rette de la solidarité. À l’intérieur, munis de la carte nominative qui leur a été délivrée lors de leur inscription, ces gens se voient remettre les pro- duits de première nécessité tels que du lait, des conserves ou du pain. Les Restos à Besançon rentrent 12 tonnes de marchandise par semaine. “Nous sommes dotés à 90 % par Paris préci- se Claude Renaud. Nous avons une petite collecte locale qui nous permet de faire le tampon. Le pain, ce sont les boulangers de la ville qui le fournis- sent par exemple. On distribue l’équivalent de six repas par semaine et par personne. C’est une logistique assez lourde à gérer. Ce sont dix béné- voles qui sont là tous les matins à pied d’œuvre.” La conjoncture qui se crispe ne semble pas affecter l’esprit de solidarité des Français. Le 7 mars, lors de la cam- pagne nationale de collecte des Res- tos du cœur, le cumul des produits don- nés par les consommateurs à la sortie des supermarchés bisontins fut de 20

tonnes. “C’est un sacré coup de pouce. Nous avons même vu des gens nous laisser des caddies entiers. Il y a eu une grande solidarité lors de cette col- lecte” dit Claude Renaud d’un ton recon- naissant. Ces marchandises seront stockées dans le nouveau centre dépar- temental qui quitte la rue Pergaud pour Valentin où les Restos du cœur disposent depuis peu d’un hangar de 500 m 2 . 290 familles en moyenne viennent s’approvisionner chaque jour d’ouverture de l’antenne de la rue du Professeur Haag, de début décembre à fin mars. En dehors de cette pério- de, les Restos ont un service réduit d’inter-campagne qui fonctionne en été et qui ne s’adresse cette fois qu’aux personnes les plus démunies, soit envi- ron un quart de l’effectif d’hiver. “8 à 9 % des personnes qui viennent ici sont retraitées. 6 % des inscrits sont des gens qui fréquentent les Restos depuis plus de 3 ans. Mais ce sont les familles peu nombreuses qui sont le plus représentées.” On croise ici beaucoup de jeunes mamans qui élèvent seules leur(s)

RENCONTRE

Place de la Révolution

Pierre glane d’abord par principe Les maraîchers le connaissent. Régulièrement, ils lui donnent des fruits et légumes dont ce garçon de 24 ans fait bon usage.

en réserve et ne récupère qu’en fonc- tion de ses besoins. Son régime ali- mentaire est dicté par ce qu’il par- viendra à glaner. Qu’importe le résultat, il s’en accommode toujours. “Parfois, je récupère trente courgettes. Depuis quatre ans, je fais de la confi- ture avec les produits du marché même au kiwi et à l’orange. J’en ai d’ailleurs donné un pot au maraî- cher. Auminimum, il y a toujours de quoi faire une soupe.” Depuis le temps, les maraîchers le connaissent. “Ils ont la gentillesse de me laisser un endroit où je peux récu- pérer les produits qu’ils jettent” dit- il en farfouillant dans une grosse poubelle. S’il n’a pas de complexes à procéder ainsi, ce garçon reconnaît que cette démarche puisse en rebu- ter certains. “Ce n’est pas donné à tout le monde de récupérer car il y a toujours cette confrontation au sta- tut social. Le récupérateur est perçu comme un pauvre,même si onme dit parfois que j’ai du culot.” Les rap- ports qu’il entretient avec les maraî- chers sont cordiaux. Il ne demande pas la pitié et eux ne le prennent pas non plus en pitié. Le garçon passe son chemin quand dans sa tournée un commerçant lui lance amicale- ment “Je n’ai rien pour toi mon p’tit.” Une autre fois peut-être. T.C.

I ls ne sont que quelques-uns à fai- re régulièrement le tour des mar- chés de Besançon pour récupérer des fruits et légumes. À 24 ans, les cheveux en bataille et couvert d’une veste de velours clair, Pierre est aux abonnés glaneurs. Mais cet ouvrier

saisonnier agricole globe-trotter , le fait moins par nécessité que par prin- cipe. “J’ai grandi dans une famille qui n’était pas très aisée et où onm’a appris à ne pas jeter la nourriture. Par ailleurs,mon regard sur la natu- re s’est développé avec le temps. Dans cette société occidentale, il y a telle- ment de gâchis et une telle surpro- duction alimentaire, que je récupère par conviction écologique.Tant mieux qu’il y ait cette crise si elle peut per- mettre aux gens d’apprécier la vraie valeur des choses et mesurer la chan- ce qu’ils ont de pouvoir manger. Ma manière de faire me donne la possi- bilité de réaliser des économies. Je mange pour pas cher” sourit-il. Tomates, navets, poivrons, pommes, carottes, et d’autres choses encore, la collecte du vendredi 13 mars lui fut finalement assez profitable. “Les cinq fruits et légumes qu’il faudrait manger par jour, il y est” plaisante une maraîchère. Fraîchement reti- rés des étals, les produits qu’il glis- se dans son filet ont encore un bel aspect.Mais il ne devra pas attendre pour les consommer. Pierre ne fait sonmarché que lorsqu’il n’a plus rien

Pierre ne fait son marché que lorsqu’il en a besoin. “Ce n’est pas donné à tout le

monde de récupérer car il y a

toujours cette confrontation au statut social.

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