La Presse Bisontine 98 - Avril 2009

La Presse Bisontine n° 98 - Avril 2009

18

TRAVAUX

Des pare-feu sur les poteaux Plan de relance : 206 000 euros pour la prison Le plan de relance du gouvernement concerne aussi le

La maison d’arrêt de Besançon bénéficie en outre d’un chan- tier-école mené par le G.R.E.T.A. de Besançon. Suspendu faute de moyens en décembre, ce chan- tier doit reprendre en avril. D’autres chantiers doivent être engagés impérativement : par exemple le nettoyage des combles et des travaux l’isolation dans la division 2, la plus dégradée. “Nous installerons un système de détection incendie” précise M me Lagier. Mais cette opéra- tion, pas encore validée, a un coût : plus d’1 million d’euros. Sans parler de la rénovation complète de l’accueil et notam- ment le changement du portail principal qui donne de sérieux signes de faiblesse. À elle seu- le, cette opération se chiffre…

L’état des cellules est assez déplorable. La directrice espère en rénover au moins une vingtaine par an.

monde carcéral. D’indispensables travaux d’amélioration peuvent être engagés. Mais l’enveloppe est largement insuffisante pour répondre à tous les besoins. Revue de détails.

C es 206 000 euros arri- vent comme un véritable ballon d’oxygène pour Karine Lagier, la direc- trice qui a pourtant dans les cartons tant de projets qu’elle n’a pas encore pu mener à bien, faute demoyens. L’établissement bisontin a beau ne pas être le plus vétuste de France, son ossa- ture date néanmoins de 1885. Le plan de relance pour la mai- son d’arrêt de Besançon per-

mettra d’engager, immédiate- ment, plusieurs phases de tra- vaux : l’amélioration de l’éclairage du chemin de ronde, la mise en conformité électrique, notamment dans les cellules, la mise en conformité des 9 cel- lules du quartier disciplinaire, la réfection de la “salle d’appel”, plutôt vieillotte, ce lieu où les surveillants recueillent les infor- mations nécessaires à chaque début de service, la sécurité

incendie. Ce point avait été mon- tré du doigt par une commis- sion locale de sécurité en visi- te sur les lieux fin 2007. “Il s’agit notamment d’installer des pare- feu sur les poteaux qui entou- rent le point le plus stratégique de la prison. En cas d’incendie, les poteaux pourraient plier et la structure s’effondrer sur ce rond-point central.” L’enveloppe de 206 000 euros permettra enfin de rénover 20 cellules de la division 2.

à 2 millions d’euros. Et le pro- jet dort dans les cartons depuis 10 ans. Pour satisfaire pleinement Kari- ne Lagier, il faudrait certaine- ment des dizaines de plans de relance…Cautère sur une jam-

be de bois, cette enveloppe de 206 000 euros a au moins le mérite de faire avancer des pro- jets indispensables au maintien de conditions de détention à peu près décentes. J.-F.H.

PHÉNOMÈNE

Au quartier dis- ciplinaire, les cellules du “mitard” sont également en réfection. Elles étaient indignes d’une démocratie.

250 euros le portable

Il pleut des paquets sur la maison d’arrêt… La projection de paquets lancés par des individus au-dessus des murs d’enceinte est une scène quotidienne autour de la maison d’arrêt. Cette pratique courante inquiète les autorités.

C haque jour, chaque soir, la même scène. Un individu prend de l’élan dans la rue Octave-David, face à la maison d’arrêt, et dans un geste vif, lance un projectile par-des- sus les murs d’enceinte et les filets de sécurité. À l’intérieur du paquet, on peut trouver de tout : des téléphones portables, des appareils photo, de la viande, des baskets, des stupéfiants… La maison d’arrêt de Besançon est confrontée à ce manège quasi-quoti- dien de projectiles qui atterrissent dans les cours de promenade. Leurs destinataires, quand ils parviennent à réceptionner ces paquets, s’adonnent alors à une véritable économie sou- terraine à l’intérieur même de la pri-

son. Troc, blanchiment de marchandise volée, racket… À cause de ce phéno- mène propre à la mai- son d’arrêt bisontine, le climat se dégrade indéniablement. “C’est devenu un véritable fléau” n’hésite pas à dire la directrice de l’établissement. Récem- ment, la brigade anti- criminalité de Besan- çon a intercepté des “lanceurs” anonymes.

“Dans le paquet, il y avait un appareil photo.”

Mais ils sont tant à passer entre les mailles du filet. “L’autre jour, j’ai par- faitement vu quelqu’un lancer un paquet, hurler à un détenu au moment où il le lançait. Dans le paquet, il y avait un appareil photo, je l’ai enten- du le dire au détenu” témoigne un voi- sin de la Butte. Les complices exté- rieurs n’hésitent pas à recourir à des procédés de plus en plus sophistiqués comme ces “flash-ball” détournés de leur destination première et qui per- mettent de catapulter le projectile sans risque qu’il ne tombe sur le che- min de ronde. L’administration pénitentiaire est impuissante face à ce phénomène propre à la prison de Besançon. “Par rapport à d’autres établissements, la maison d’arrêt de Besançon a un envi- ronnement géographique propice à ce genre de manœuvres. On met tout en place pour déjouer tout cela, avec l’aide de la police, mais on n’arrive pas à stopper ce phénomène” avoue Karine Lagier. La valeur d’un portable en détention peut atteindre 250 euros. Le détenu le monnaye par exemple contre un mandat que sa famille devra perce- voir ou encore contre 5 cartouches de cigarettes. Au dire du personnel péni- tentiaire, ce marché rapporte beau- coup. Et il est à l’origine des violences constatées entre les détenus. J.-F.H.

Sur un des murs d’enceinte, on prévient les contrevenants. À quoi bon ?

Made with FlippingBook Online newsletter