La Presse Bisontine 98 - Avril 2009

LE GRAND BESANÇON

La Presse Bisontine n° 98 - Avril 2009

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TRÉPOT Vincent Philippe, champion du Monde face à la crise “Non, je ne suis pas au chômage” Vincent Philippe ne défendra pas son titre de champion du monde d’endurance moto cette saison. La faute à la crise et à une réduction du budget course alloué par Suzuki, son équipe. Le motard natif de Trépot se confie et donne des nouvelles sur son état de santé. À 27 ans, ce garçon est pianiste professionnel. Son registre est celui du classique, un genre musical qu’il “colporte” sur les scènes du monde.

Le motard de Trépot espère que 2010 sera une meilleure année pour lui.

L a Presse Bisontine : Quel va être alors votre programme depuis que Suzuki,votre équipe, a déci- dé de se désengager du mondial d’endurance ? Vincent Philippe : On ne fait pas le championnat du monde d’endurance complet mais seu- lement Le Mans et le Bol d’Or, les deux courses les plus impor- tantes. Je vais faire le cham- pionnat de France de vitesse 1 000 cm 3 qui comprend sept épreuves et quatorze courses. En clair, mon programme est plus important… L.P.B. : Ce programme est néanmoins moins étoffé. V.D. : Au contraire ! Je me bats contre cette idée car les gens pensent que je vais faire moins de courses. L.P.B. :Vous dites que votre calendrier est plus fourni. Il a tout de même per- du en qualité. V.D. : Je ne vais pas m’engager en championnat de France pour me balader. J’avais peur de fai-

V.D. : Non. Je suis vraiment satis- fait de mon programme com- pétition mais très déçu finan- cièrement ! Ça, on peut le dire mais on ne peut pas dire que je suis au chômage (rires). Ça va être compliqué car je dois payer mes engagements et les autres frais. Je suis toujours payé au résultat. Heureusement que des sponsors régionaux (Artmann récupération, Mignotserigra- phie, le C.G. 25) jouent le jeu. Aujourd’hui, c’est l’enfer pour trouver 2 000 euros. L.P.B. : La raison du désengagement de Suzuki est-elle vraiment écono- mique ? V.D. : Complètement. Au mois d’octobre, je pensais bien faire l’intégralité du championnat. J’ai appris la nouvelle à Noël. Le problème, c’est la crise.Toutes les équipes ont serré la vis. Notre budget a été divisé par deux et Suzuki ne voulait plus nous payer.

re très peu de courses cette année et il fallait rester dans le coup, montrer que l’on est toujours présent vu qu’on ne fait pas le championnat du monde. L.P.B. : Pourrez-vous défendre votre titre de champion du monde ? V.D. : C’est râpé (sic). L.P.B. : C’est un coup au moral. V.D. : Non, car j’ai déjà quatre titres. C’est marrant car les jour-

rallye. Cette course me tenait à cœur. Je me suis emmêlé les crayons sur une spéciale. J’ai bien galéré (bassin fracturé à deux endroits). Je suis resté ali- té un mois, perdu 5 kg. Je ne tenais plus debout. L.P.B. :Avez-vous pensé à arrêter votre carrière ? V.D. : Lorsque la douleur est trop forte, tu regrettes. J’ai douté pendant deux mois. Heureuse- ment, en février lorsque je suis remonté sur une moto, je n’ai eu aucune appréhension. L.P.B. : On connaît Vincent Philippe motard. On le connaît moins cycliste. La seconde passion a-t-elle pris plus d’importance sur la première ? V.D. : Je reste à ma place (rires). J’essaye de faire au mieux mais je sais très bien que je ne ferai

pas carrière en vélo.

Suzuki, a tenté de vous débaucher. Pourquoi n’êtes-vous pas parti ? V.D. : J’ai préféré prendre le risque d’attendre. J’ai raté des occa- sions, notamment de rouler en mondial 600 cm 3 de vitesse.Voilà six ans que je suis chez Suzu- ki : je leur faisais et je leur fais toujours. Suzuki m’a assuré que 2010 sera bien meilleure. L.P.B. : Croyez-vous qu’elle le sera ? V.D. : J’y crois à moitié… Je n’ai rien d’écrit et je ne crois pas que 2010 s’arrange d’un coup. Soit Suzuki revient pour un cham- pionnat du Monde, soit je chan- gerai de crémerie. L.P.B. : Vous parlez de votre carrière sportive. Pourtant, tout a failli bascu- ler fin 2008. Racontez-nous ? V.D. : Je suis tombé le troisième jour du moto-tour, épreuve de

L.P.B. : Vous interveniez dans les col- lèges du Doubs pour sensibiliser les jeunes à la sécurité routière. Le Conseil général vous suit-il toujours finan- cièrement ? V.D. : Je continue toujours mon action auprès des collégiens car ça me plaît à moi et aux gamins mais j’attends la réponse finan- cière du Conseil général. L.P.B. : Le projet de créer un circuit moto en Franche-Comté est-il défini- tivement annulé ? V.D. : Non, c’est même en bonne voie (le circuit se situerait à Lure-Malbouhans). Réponse au mois de juillet. Tout est ficelé. Il ne manque que les signa- tures.

nalistes me disent toujours : “Vous n’êtes pas lassé d’avoir quatre titres !” et lorsque l’on fait autre chose, on te dit : “Tu dois être très déçu…” J’aurais quand même préféré faire le mondial en intégralité. L.P.B. :Est-ce unVin- cent Philippe au chômage partiel ?

“Je changerai de crémerie.”

Propos recueillis par E.Ch.

L.P.B. : Yamaha, concurrent direct de

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