La Presse Bisontine 98 - Avril 2009

ÉCONOMIE

La Presse Bisontine n° 98 - Avril 2009

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CONSEIL

Transmission de savoir

Chef d’entreprise à la retraite, Jean-Claude Lazarris met bénévole- ment son expérience au service des futurs entrepreneurs. Ce qui fonctionne : la reprise d’une société plutôt qu’une création même s’il est difficile de trouver des parrains. Il n’hésite pas à remettre en cause l’efficacité du Pôle emploi ou l’Éducation nationale. Seniors au service des jeunes entrepreneurs “L es jeunes doivent se mettre au travail et pas dans la rue.” Jean-Clau-

Chef d’entreprise à la retraite, Jean-Claude Lazzaris met bénévolement son expérien- ce et ses qua- lifications au service des jeunes avec l’association E.G.E.E. Son aide est concrète. Le retraité recherche de nouveaux partenaires.

les demandeurs d’emploi. Si l’homme dénonce, c’est qu’il possède une certaine légitimité mais ne se considère pas com- me un donneur de leçons. Pré- sident de l’association “Entente des générations pour l’emploi et l’entreprise (E.G.E.E.)”, il met bénévolement son expérience d’entrepreneur au service des jeunes ou desmoins jeunes.C’est un parrain comme huit autres personnes, soit d’anciens cadres ou chefs d’entreprise. “Les lun- dis matins, nous recevons dans les locaux duM.E.D.E.F. les per- sonnes qui souhaitent entre- prendre et nous les conseillons.” De lamanière à rédiger un C.V., à parler lors de l’entretien ou simplement à se comporter… les parrains évoquent tout. Jusqu’à conseiller un domaine d’activité où se lancer : “Nous n’avons pas peur de parler vrai. Il nous est déjà arrivé de déconseiller des personnes car leur projet n’était pas viable. Pour se lancer, il faut rester dans sondomaine d’activité. Cela m’est déjà arrivé de dire à ingénieur d’aller se couper les cheveux et se raser avant d’aller à entretien.Aujourd’hui, il est en C.D.I. dans une entreprise dans le Jura.” En période de crise, la reprise de société semble plus viable qu’une création. “Encore faut-il

avoir les fonds” nuance cet ancien spécialiste de l’industrie, concep- teur notamment du “clips” d’atomiseur pour la bouteille de par- fum Jean-Paul Gaultier. Grâce à son carnet

de Lazzaris n’y va pas par quatre chemins.Ancien chef d’entreprise à la retraite, il ne mâche pas ses mots. L’Éducation nationale et le Pôle emploi en prennent pour leur grade. Selon lui, ces orga- nismes manquent cruellement d’expérience et d’un véritable carnet d’adresses pour aiguiller

d’adresses, il lui arrive de recom- mander à ses amis des candidats. Avec le risque d’être parfois déçu. “Dans une société, il faut placer le salarié au centre, l’écouter.” Jean-Claude Lazzaris fut un des premiers à mettre en place le système du 1/3 bénéfice, c’est- à-dire 1/3 du profit distribué aux salariés, 1/3 aux actionnaires, le dernier 1/3 à l’entreprise. L’entrepreneur doit être un visionnaire. Un principe que M. Lazzaris tente de transmettre avec d’autres. “Nous lançons un appel pour recruter de nouveaux parrains.” Les candidats, acteurs et créateurs d’entreprise, sont les bienvenus.Sûr que les seniors ont de l’énergie, de l’expérience ainsi qu’un carnet d’adresses à revendre. E.Ch. “Aller se couper les cheveux.”

CRISE

Du côté des chauffeurs routiers Le transport en baisse de régime Réduction du temps de travail, moins de primes de couchage ou de repas : les chauffeurs-livreurs du Doubs ressentent les effets de la crise. La fédération natio- nale des conducteurs routiers dénonce certaines dérives, notamment l’absence de tachygraphe pour les engins de moins de 3,5 tonnes.

“E n période difficile, les employeurs ont tendance à tirer sur le temps de tra- vail” lance Robert Chau- vin. Comme d’autres syndicats, celui des chauffeurs routiers est plus que jamais vigilant à l’évolution des condi- tions de travail dans son secteur. Repré- sentant de la Fédération nationale des chauffeurs routiers (F.N.C.R.) à Besançon, Robert Chauvin explique que les heures de travail des chauf- feurs avoisinent plutôt les 186 heures que les 220 à l’heure actuelle. Concrè-

Le transport est en perte de vitesse et aucun signe ne dit si l’activité va redémarrer d’ici la fin de l’année. Les conducteurs seraient de plus en plus nombreux à venir frapper à la porte du syndicat. “Certains n’arrivent plus à payer leur maison” confie l’ancien chauffeur routier. Sans tomber dans le pessimisme, il est vrai que le sec- teur transport et logistique traverse une période difficile. “Regardez sur l’autoroute, vous ne verrez pas beau- coup de camions immatriculés en Fran- ce” dit Robert Chauvin. Pas tort. “Je comprends que l’on ne va pas faire tourner un camion avec rien à l’intérieur” , nuance celui qui défend les salariés tout en avouant qu’il com- prend les chefs d’entreprise. Selon lui, il faudrait une réglemen- tation des engins de moins de 3,5 tonnes, ces derniers pouvant circuler sans tachygraphe (N.D.L.R. : enre- gistreur de vitesse et de temps de conduite). En clair, leurs heures de

travail ne sont pas contrôlées. “Un chauffeur de camionnette peut tra- vailler toute la journée et repartir le soir faire un express en montant à Paris…” Le tout sans être forcément rémunéré avantageusement. Bien évidemment, cet état de fait pose de sérieuses questions de sécurité si bien que le syndicat souhaite que ce genre de transport rejoigne la conven- tion collective. Aujourd’hui, avec les primes en moins (un repas est payé 12,08 euros, une nuit unique 7,23 euros, une nuit 38,62 euros), les salariés doi- vent s’asseoir sur des “bénéfices”.Tous espèrent que cet état de fait ne soit qu’une simple panne… E.Ch.

Renseignements : Entente des Générations pour l’Emploi et l’Entreprise (E.G.E.E.), délégation Franche-Comté. Contact : www.egee.asso.fr ou jclazzaris@neuf.fr. Tél. : 03 81 58 88 88

tement, les chauffeurs travaillent moins. Du coup, ils gagnent moins. Plutôt logique. S’il com- prend les patrons et les difficultés auxquelles ils sont confrontés, le syndicaliste comprend également ces chauf- feurs qui s’inquiètent de leur devenir.

Au revoir les primes.

La crise en chiffres “75 % des entreprises

Représentant syndical à la fédération nationale des chauffeurs routiers (F.N.C.R.), Roland Chauvin explique que la crise ne doit pas remettre en cause les conditions de travail des chauffeurs.

réduisent leurs effectifs” La fédération nationale des transports routiers (F.N.T.R.) a lancé une enquê- te pour connaître la stratégie des entreprises en matière dʼemploi et de poli- tique salariale face à la crise. Résultat : la plupart des entreprises de trans- port (1 048 interrogées) envisagent de maintenir lʼemploi (67,3 %). Cependant, 65,5 % de ces mêmes entreprises ont décidé de procéder à des aménage- ments : réduction du temps de travail (42,9 %), modulation des horaires (43,7 %), chômage technique (9,1 %) et renégociation des contrats de travail (4,3 %). “Ce sont plus de 40 000 emplois (en France) qui seront vraisembla- blement perdus en 2009 en raison de la baisse d’activité” calcule Jean-Chris- tophe Pic, co-président de la F.N.T.R. Et Patrick Vermot-Desroches, co-pré- sident de la F.N.T.R. dʼavouer que “75 % des entreprises de transport réduisent la voilure (effectif et heures de travail).” Dʼici avril, les entreprises franc-comtoises passeront à lʼétape supérieure en licenciant si la reprise dʼactivité venait à se faire attendre.

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