La Presse Bisontine 148 - Novembre 2013

Mensuel d'informations de Besançon et du Grand Besdançon

2, 50 €

N° 148

Mensuel d’information de Besançon et du Grand Besançon www.presse-bisontine.fr NOVEMBRE 2013

SA STRATÉGIE POUR UN TROISIÈME MANDAT

LE DOSSIER en p. 23 à 29 JEAN-LOUIS FOUSSERET LANCE LES HOSTILITÉS

ÉCONOMIE p. 47 IMMOBILIER Recul des prix confirmé

L’ÉVÉNEMENT p. 6 et 7 Les incivilités semultiplient Centre-ville, le nouveau bastion de la délinquance

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Rédaction : “Les Éditions de la Presse Bisontine” - B.P. 83 143 - 1, rue de la Brasserie - 25503 MORTEAU CEDEX - Tél. 03 81 67 90 80 - Fax : 03 81 67 90 81 - redaction@groupe-publipresse.com

RETOUR SUR INFO - BESANÇON

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La Presse Bisontine n° 148 - Novembre 2013

Somega liquidée, une entreprise de Chambéry assure la poursuite d’activité

Championnat de France de cyclisme : trop cher, trop compliqué l’actualité de Besançon. Tous les mois, retrouvez la rubrique “Retour sur info”. L’actualité bouge, les dossiers évoluent. La Presse Bisontine revient sur les sujets abordés dans ses précédents numéros, ceux qui ont fait la une de

Angélisme “Eh bâtard !” Nul besoin d’aller faire de la provocation au cœur du quartier des 408 pour se faire ainsi insulter. Il n’est qu’à traverser la place Granvelle une journée où de jeunes écervelés affalés dans leur désœuvrement sur les marches du kiosque s’en prennent au chaland. Naturellement qu’à côté de villes com- me Marseille, Besançon passe encore pour le monde des Bisounours. Seule- ment, cette petite musique de l’insécurité paraît de plus en plus audible à Besan- çon et c’est désormais le centre-ville qui passe pour la zone la plus agitée de la ville. L’enjeu de la sécurité sera certai- nement au cœur des prochaines élec- tions municipales à Besançon. La droi- te, logiquement, en fera un de ses chevaux de bataille favoris pour dénon- cer le supposé laxisme des socialistes en la matière. Le F.N., s’il confirme sa présence dans la bataille électorale, sur- fera naturellement sur toutes les peurs et les fantasmes. De cette question, et il semble l’avoir compris, le maire sor- tant devra impérativement s’emparer. Non pas seulement pour des raisons électoralistes, mais simplement parce que le temps de l’angélisme est révo- lu. Sur le plan national, la charge sur- réaliste de certains écologistes dont la plus emblématique d’entre eux, Cécile Duflot, contre le ministre de l’Intérieur Manuel Valls ou encore la plainte débor- dant de ridicule qu’a déposé le M.R.A.P. contre ce dernier, montre à quel point une partie de la gauche se voile enco- re la face sur cette question. Hélas, l’angélisme d’un côté conduit en cette affaire à la montée du populisme de l’autre. Et plutôt que d’agiter un dra- peau des Droits de l’homme à chaque intervention qui répondent pourtant aux lois de la République, ces bien-pen- sants pétris d’humanisme devraient sans doute mieux évaluer les résultats de leurs positions laxistes et irrespon- sables. Sous Manuel Valls, on a expul- sé davantage que sous Brice Horte- feux ou Nicolas Sarkozy ministre. Entend-on les cris d’orfraie des alliés verts sur ce point ? Si la question de la sécurité est si clivante aujourd’hui, c’est justement parce qu’on a laissé pendant des années ce débat aux mains des seuls partisans extrémistes de l’ordre, F.N. en tête. Le maire de Besan- çon a compris qu’il devait lever tous les tabous autour de cette question, traiter au plus vite ce lancinant senti- ment d’insécurité pour éviter que d’autres profitent malhonnêtement de ce débat tout simplement républicain. Jean-François Hauser Éditorial est éditée par “Publipresse Médias”- 1, rue de la Brasserie B.P. 83 143 - 25503 MORTEAU CEDEX Tél. : 03 81 67 90 80 - Fax : 03 81 67 90 81 E-mail : redaction@groupe-publipresse.com S.I.R.E.N. : 424 896 645 Directeur de la publication : Éric TOURNOUX Directeur de la rédaction : Jean-François HAUSER Directeur artistique : Olivier CHEVALIER Rédaction : Édouard Choulet, Thomas Comte, Jean-François Hauser. Régie Publicitaire : François ROUYER au 06 70 10 90 04 Imprimé à I.P.S. - ISSN : 1623-7641 Dépôt légal : Octobre 2013 Commission paritaire : 0217I79291 Crédits photos : La Presse Bisontine, Dev’art, Ellipse, B. Ramus, Ville de Lons-le-Saunier.

“C e n’est pas le cœur mais la raison qui a par- lé.” La phrase est de Patrick Bontemps, l’adjoint aux sports à la Ville de Besançon. Pour des raisons “financières” et “techniques”, la Ville de Besançon s’est désistée dans l’organisation des champion- nats de France de cyclisme pré- vus du jeudi 26 juin au dimanche 29 juin 2014 pour lesquels elle avait candidaté. Lot de consolation : elle aura la venue du Tour de France (15 et

16 juillet) pour apprécier les mol- lets des cyclistes du peloton mondial. Saisie par la Fédération Fran- çaise de cyclisme (F.F.C.) mi- juillet en raison du désistement de la ville de Petit-Couronne, la Ville de Besançon et l’Amicale Cycliste Bisontine avaient étu- dié l’opportunité d’accueillir ces championnats. L’Amicale Cyclis- te Bisontine et son président Pascal Orlandi avaient alors pro- posé à la Ville un parcours empruntant la côte de Morre,

sillonnant le plateau puis rejoi- gnant le faubourg Tarragnoz et dont l’arrivée aurait été jugée devant la Cité des Arts. Des dis- cussions ont été engagées avec la F.F.C. afin de vérifier les pos- sibles allégements financiers ou techniques pouvant être pro- posés à l’A.M.C.B., organisa- teur de la manifestation et por- teuse du budget s’élevant à près de 500 000 euros. “Malgré les efforts consentis par la F.F.C., la sollicitation financière restait importante pour la Ville et les collectivités locales, et cumu- lative aux frais d’organisation du Tour 2014” explique Besan- çon, soucieuse de ses deniers. La fermeture de routes same- di 28 juin aurait occasionné un embouteillage monstre… lors du premier samedi des soldes d’été. “À contrecœur” , et pour son porte-monnaie, Besançon se retire. Pour le cycliste bison- tin Arthur Vichot, champion de France en titre, le lieu où il remet- tra son maillot en jeu…demeu- re inconnu. Champion de France 2013, le cycliste bisontin Arthur Vichot ne remettra pas son maillot en jeu dans sa ville.

P lacée en redressement judiciaire début 2013, l’entreprise bisontine Somega spécialisée dans le photovoltaïque a été liquidée le 23 septembre après décision du tri- bunal de commerce de Besançon. C’est la société “Franc- énergie”, basée à Chambéry, qui a racheté la société qui s’était récemment développée à la zone de l’échange à Vaux-les-Prés, dans un bâtiment flambant neuf. Sur les 23 salariés, 22 ont été repris. “Notre but est de pré- server le personnel. C’est la valeur ajoutée de l’entreprise. Nous allons embaucher un commercial car malheureuse- ment Somega avait pris la décision de licencier ses com- merciaux. Nous allons recréer un service commercial” témoigne Philippe Fournet-Fayard, le repreneur. Somega est passé entre 2010 et 2013 de 38 salariés à 23 Touché de plein fouet par la crise du photovoltaïque, Some- ga n’a jamais pu inverser la tendance en diversifiant son offre même si son métier de départ était l’électricité, spé- cialité née en 1997 non loin de Maty à Besançon. En 2012, son passif était de 443 260 euros pour un chiffre d’affaires de 4,1 millions d’euros alors qu’il était de 10 millions pour un bénéfice de 666 730 euros en 2010. Le repreneur arrive en terrain connu et sait ce qui lui reste à faire pour éviter la mauvaise spirale : “Somega gérait la maintenance de nos installations de méthanisation ou de biomasse. Nous connaissons une partie des salariés. Notre spécialité est dans le chauffage et le thermique. Il faut que nos différences deviennent des forces” explique Franc- énergie. Une interrogation demeure quant au devenir du bâtiment à Vaux-les-Prés. Si rien n’est officialisé, le repreneur pourrait louer une partie des bâtiments à une autre société. Pour Somega devenu SomegaFrance, c’est un nouveau souffle qui actionnera l’éolienne située devant son entrée. Somega liquidée, la société bisontine avait créé le bâtiment Heliopolis à Vaux-les-Prés. Une entreprise de Chambéry prend le relais.

Livre blanc de l’Armée : Besançon respire

B esançon a poussé un “ouf” de sou- lagement à lʼannonce du ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian qui a annoncé le 3 octobre la liste des régiments qui feront les frais de la restruc- turation de lʼArmée. Les multiples visites du maire de Besançon auprès du ministre lui-même, de son directeur de cabinet et de la présidente de la commission natio- nale de la défense nʼauront donc pas été vaines. Pour Besançon, première place française en matière dʼarmée de terre, cʼest donc le soulagement. “Nous avons quasiment 6 000 militaires présents sur Besançon. Cʼest donc 6 000 feuilles de paye, un vrai poids pour lʼéconomie loca- le. Le ministre a bien compris que Besan- çon et les militaires, cʼest une histoire très ancienne et un vrai équilibre entre lʼarmée et la ville. Les militaires sont très

bien intégrés à la ville, les terrains sont déjà là… Nos arguments ont été enten- dus” se félicite le maire Jean-Louis Fous- seret. Besançon ne sera donc pas concerné par une suppression des effectifs mili- taires. Contrairement à dʼautres sites proches du Grand Est comme Luxeuil- les-Bains où sa base aérienne 116 per- dra son escadron de défense sol-air “Ser- vance” et ses 200 hommes. Plus à lʼOuest, lʼactivité aérienne permanente de la B.A. 102 de Dijon sera arrêtée. Elle abrite notamment un escadron dʼentraînement sur Alpha Jet qui sera transféré en Giron- de. Ce déménagement signifie le départ de 350 militaires de Dijon. “Besançon garde ses militaires, cʼest une excellen- te nouvelle pour tous” ajoute M. Fous- seret.

Besançon gardera tout son effectif de militaires.

Rue Paul Eluard / ZAC CHATEAUFARINE BESANCON / TÉL. 03 81 41 11 41 www.cuisinella.com / secretariat@cuisinella-besancon.com

L’INTERVIEW DU MOIS

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POLITIQUE

Jacques Pélissard, le président des maires de France “Les maires ont encore une crédibilité”

Député-maire de Lons-le-Saunier et président de l’association des maires

de France, l’U.M.P. Jacques Pélissard estime que les élus

L a Presse Bisontine : Les 19, 20 et 21 novembre aura lieu le 96ème congrès des maires et présidents de commu- nautés de communes de France. Quelles sont actuellement les principales préoccupa- tions des élus locaux ? Jacques Pélissard : Elles sont de plu- sieurs natures. Il y a notamment des problématiques financières puisqu’on assiste à une baisse des dotations d’État de 840 millions d’euros. Elle se conjugue à une augmentation des charges des communes, ce qui crée un effet ciseau infernal.Mais il y a également d’autres questions qui font débat en matière d’organisation territoriale par exemple et la mise en place des P.L.U.I. (plan local d’urbanisme intercommunal). L.P.B. : Pour quelle raison les maires sont-ils si peu favorables au projet de loi sur les plans locaux d’urbanisme intercommunaux (P.L.U.I.) dont le but est de donner plus de cohérence encore à l’aménagement des territoires ? J.P. : Nous sommes vent debout contre le P.L.U.I. car il est prévu de l’imposer de façon systématique, alors qu’il devrait s’appliquer sur la base du volontariat. Nous sommes franchement hostiles à ce principe d’automaticité. L.P.B. : Nous sommes en période pré-électo- rale. Redoutez-vous que les difficultés à gérer une commune finissent par décourager les élus locaux, voire à engendrer une crise de l’engagement ? J.P. : En général, 40 % des maires ne se représentent pas. On le sait. Cer- tains d’entre nous sont découragés. Certes le contexte est difficile, mais pour l’instant il n’y a pas de “vague” de désengagement. Néanmoins, ceux qui sont candidats à la fonction, ont chevillée au corps une passion pour leur commune. En revanche, si les marges de manœuvre des maires conti- nuent de s’atténuer, alors oui, nous pourrions assister à une crise de l’engagement dans les années à venir. L.P.B. : Vous êtes maire de Lons-le-Saunier. Comptez-vous vous représenter ? J.P. : Je ne le sais pas encore. Je me pro- noncerai sur cette question d’ici la fin de l’année. Pour l’instant, je suis dans l’action. L.P.B. : Parmi les sujets qui préoccupent les élus locaux, il y a la réforme des rythmes sco- laires. L’association des maires de France a envoyé un questionnaire aux 4 000 communes qui ont appliqué la réforme à la rentrée 2013 afin d’avoir un retour sur l’expérience. Avez- vous déjà les résultats de cette enquête ? J.P. : Non, nous n’avons pas les retours. publique doit retrouver ses lettres de noblesse. locaux bénéficient d’une crédibilité que les élus nationaux n’ont plus. Selon lui, la parole

Jacques Pélissard

annoncera d’ici la fin de l’année son intention de se représenter ou non à la mairie de

Lons-le- Saunier.

pris, et il y a eu trop de promesses non tenues. L.P.B. : Vous êtes maire de Lons-le-Saunier, député U.M.P. et favorable au cumul des man- dats. Pourquoi ? J.P. : La réforme sur le non-cumul ne présente pas d’intérêt. Le cumul per- met à un élu d’avoir du poids à Paris. Si nous étions dans un système décen- tralisé, les choses seraient sans dou- te différentes car nous pourrions por- ter notre message à Besançon par exemple, ou à Dijon. Or, ce n’est pas le cas. Pour être audible à Paris, il faut unmandat de parlementaire. Le cumul permet encore d’avoir les élus qui conservent un pied sur le terrain. L.P.B. : N’avez-vous pas le sentiment que le Jura est un peu le parent pauvre le la région Franche-Comté ? J.P. : Nous sommes un peu oubliés en effet.Mais ce n’est pas nouveau. Lorsque j’étais jeune maire j’avais dit à Pierre Chantelat président de Région à l’époque : “Nous sommes les Francs- Comtois du sud. Ne nous transformez pas en sudistes de la Franche-Comté, car on risque de faire sécession.” Nous sommes moins pris en considération que le Nord Franche-Comté. On a sans doute une part de responsabilité. Il faut qu’on affirme davantage notre présence. Propos recueillis par T.C.

gauche pour un mai- re, et inversement. Lors des munici- pales, les électeurs prennent en compte la qualité des hommes et des femmes qui se pré- sentent. Ils tiennent compte du bilan, des projets, c’est avant tout un rapport de confiance. L.P.B. : L’U.M.P. est un parti sous tension depuis plusieurs mois. Que pen- sez-vous des querelles intestines entre François Fillon et Jean-François Copé ?

En revanche, on a des remontées de terrain, sur le taux d’encadrement ou sur le financement, et là, le compte n’y est pas. J’ai obtenu justement que soit mis en place un groupe de travail sur la question de l’encadrement qui est ubuesque. En effet, pour les mêmes enfants, le taux d’encadrement est dif- férent en fonction des heures. C’est absurde. L.P.B. : Récemment vous avez rencontré Jean- MarcAyrault au sujet de la réforme des rythmes scolaires.Vous avez obtenu du Premier ministre une reconduction pour 2014 du fonds d’amorçage…

et demi début janvier et non pas le 15 octobre comme cela était prévu. Ce délai supplémentaire doit permettre aux communes d’organiser la concer- tation. L.P.B. : Êtes-vous personnellement favorable à cette réforme ? J.P. : Les spécialistes disent que le temps idéal pour l’enfant est la semaine de quatre jours et demi. Cela a été dit par Vincent Peillon et par Luc Chatel avant lui. Nous sommes ouverts à cette réfor- me à condition qu’elle s’accompagne de compensations financières et que le principe de liberté des communes soit respecté. Elles doivent pouvoir choisir de ne pas organiser les trois heures de périscolaire qui sont une charge pour elles, au même titre que les familles peuvent décider de ne fai- re participer leurs enfants à ces acti- vités. Cette réforme est beaucoup plus difficile à appliquer dans les zones rurales qu’en milieu urbain. Il faut donc laisser aux communes le choix. L.P.B. : Dans quelle mesure, selon vous, le contexte national peut-il faire basculer de gauche à droite une ville comme Besançon ? J.P. : Je ne connais pas en détail la situa- tion de Besançon. Mais je remarque que les questions politiques ne sont pas essentielles dans le débat muni- cipal. Des communes peuvent voter à droite lors de la présidentielle et à

“Pour être audible à Paris, il faut être parlementaire.”

J.P. : Pour les communes qui appliqueront la réfor- me à partir de la ren- trée 2014, j’ai obtenu qu’elles puissent béné- ficier d’aides identiques à celles versées en 2013. Ces aides, en fonction de la situation de la com- mune, iront de 50 à 140 euros par enfant. J’ai obtenu encore du Pre- mier ministre que toutes les communes qui bas- culeront au nouveau rythme en 2014 puis- sent communiquer aux académies leur calen- drier de retour à la semaine de quatre jours

“Une addition d’appétits personnels.”

J.P. : Il y a des tensions. Un parti poli- tique tel que le nôtre ne devrait pas connaître une addition d’appétits per- sonnels. Il devrait proposer une vision de redressement de notre pays, une vision de société et ne pas faire plai- sir à quelques-uns. Nous avons besoins aujourd’hui de retrouver une crédibi- lité dans la parole publique. Cela vaut pour tous les partis. En revanche, les maires ont encore une crédibilité, car ils sont jugés sur des résultats concrets, sur des projets. Mais au niveau natio- nal, les élus ne sont plus crédibles car beaucoup d’engagements n’ont pas été

BESANÇON

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JEUNESSE

Les jeunes bisontins dressent leur bilan Fin de mandat pour élus en culotte courte

La maire de Besançon n’a qu’à bien se tenir. Dans les traces de Jean-Louis Fousseret, 55 jeunes bisontins ont participé à la vie munici- pale au sein du Conseil Bisontin des Jeunes qui conduit des actions concrètes. Ont-ils tenu parole après un an d’échanges ? Visiblement oui.

I ls adorent débattre. Certes, les 55 jeunes élus duConseil Bison- tin des Jeunes (C.B.J.) n’ont pas examiné le budget 2014 de la Ville. Encore moins voté le nombre de caméras de vidéoprotection à ins- taller. Non, ils ont plutôt débattu sur la taille de l’affiche visant à lut- ter contre le gaspillage alimentai- re dans les cantines des collèges ou encore délibéré sur la couleur du stylo destiné à lutter contre les dis- criminations. C’est sans doutemoins “porteur”, mais tout aussi crucial dans la construction civique de ces garçons et filles : “En une année, les jeunes du conseil ont évolué. Au départ, ils osaient tout juste prendre la parole en séance plénière. Un an après, ils ont parlé sur scène devant le public. Ils ont appris la démo- cratie participative, à mener à bien des projets” se réjouit Béatrice Ron- zi, conseillère municipale déléguée à la Jeunesse qui intervient avec l’adjoint Didier Gendraud. Et c’est vrai qu’ils ont de l’assurance, pour ne pas dire une certaine facon-

de, ces gamins ! Mardi 1 er octobre, comme un déchi- rement, les “petits” Bisontins ont quitté leur délégation après avoir rendu leurs travaux menés depuis octobre 2012. Jean-Louis Fousse- ret, en personne, est venu les remer- cier clôturant ainsi une année de travail et d’amusement. “Peut-être y a-t-il dans cette salle un de mes successeurs…” s’est-il amusé. Maxime, Amine, Lou-Ann, Marie, Eugénie, Louis, Sammy et les autres, sont allés au bout de leur engage- ment dans quatre commissions diri- gées parNicolasOniscot,l’animateur. À l’inverse de leurs aînés, on n’a pas entendu de noms d’oiseau en com- mission. Encore moins d’éternelles envolées lyriques qui font qu’à la fin du discours, vous n’avez rien compris. Ils se sont montrés prag- matiques. “Dans la commission dis- crimination, nous avons choisi d’apposer un logo sur le stylo qui sera remis aux collégiens de Besan- çon. On s’est dit que chaque élève qui utiliserait ce stylo se sentirait

Zoom Anciens du C.B.J., que sont-ils devenus ? L e conseil municipal des jeunes a été lancé par Robert Schwint, en 1985. Aujourdʼhui, les premiers ont qua- rante ans et certains ont poursuivi la vie publique com- me un homme, désormais élu à Audincourt. Dʼautres, com- me Medhi, au C.B.J. il y a six ans, désirent aller plus loin. Ils veulent poursuivre leur action en créant une association des anciens du C.B.J. pour mener dʼautres actions en faveur de la collectivité.

concerné. Les discriminations, elles sont déjà au collège” évoque Zoé, en classe de 5 ème , plutôt à l’aise pour parler en public. Les autres ont réa- lisé une affiche, placardée dans les cantines des collèges, visant à lut- ter contre le gaspillage alimentai- re. Enfin, la dernière commission a organisé la journée “Villes amies des enfants du Doubs”. Et tout cela avec un budget de 7 000 euros. Attachants, ces jeunes laissent pla- ce - peut-être comme le maire - à leurs successeurs. Et ce pour que la vie municipale bisontine se pour- suive… E.Ch

Comme leurs aînés du conseil municipal, les jeunes élus bisontins sont 55… mais n’ont pas d’étiquette politique, sinon celle d’apprendre la démocratie participative.

La Presse Bisontine n° 148 - Novembre 2013 L’ÉVÉNEMENT L’INSÉCURITÉ

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GAGNE DU TERRAIN

Malaise au centre-ville et notamment à Granvelle. La place et ses alentours cristallisent les peurs. Face aux pressions, menaces, atteintes aux personnes, des réunions ont eu lieu entre le maire et le préfet pour éradiquer ces problèmes grandissants. Est-ce suffisant ? La Presse Bisontine a interrogé ceux qui vivent ou travaillent au centre et dans les quartiers. À l’approche de la fin d’année, période propice aux casses, des commerçants ont décidé de s’équiper. D’autres ont déjà baissé les bras.

AMBIANCE

Des problèmes quotidiens

Granvelle, nouveau repaire de la délinquance Entre le deal, les agressions verbales et physiques, un climat d’insécurité s’est installé square Granvelle.

“C asse-toi sale bâtard !” Square Granvelle, jeudi, milieu d’après-midi. Un groupe de jeunes a pris possession du kiosque. À l’évidence, le passant qui veut y accéder n’est pas le bienvenu. Le comportement agres- sif des individus tournant en rond sous la tonnelle, la tête enfouie dans leur capuche, lui fait rebrousser chemin. “C’est de pire en pire” soupire un poli- cier municipal en patrouille dans le quartier qui ira à leur rencontre. Ce genre de scène est devenu monnaie courante à Granvelle depuis quelques mois. Le square bordé de cafés, qui avait la réputation d’être plutôt tran- quille, est devenu un repaire de délin- quants. Ici, en pleine journée, il est possible de se faire accoster par un dealer , que rien ne semble effrayer, qui

À Granvelle, à l’heure de la sortie de l’école, il est possible de se faire accoster par un vendeur de cannabis.

apaisées depuis quelques jours. “Je ne sais pas si c’est le froid qui fait fuir les groupes, ou si c’est la présence de la police qui tourne un peu plus depuis les agressions, mais il y en a moins. En revanche, à la fin de l’été, j’ai vu des rassemblements de 30 ou 40 individus, parfois plus quand il fait beau” ajou- te encore un commerçant qui deman- de à ce que le parc Granvelle soit mieux éclairé. Jean-Louis Fousseret apporte un début de solutions. “Je suis allé voir les com- merçants de Granvelle dit-il. J’ai deman- dé qu’on renforce immédiatement

l’éclairage. Il y a des questions concrètes, on les traite.” Mais le maire sait aus- si qu’il faudra plus que quelques lumières pour régler la question de la délinquance et rapporter un peu de sérénité au centre-ville en renforçant, par exemple, la police municipale. La délinquance à Granvelle et plus glo- balement au centre-ville a fait l’objet d’une réunion récemment en préfec- ture. En tout cas, à ce rythme, il y a fort à parier que l’insécurité soit une question centrale des prochaines élec- tions municipales. T.C.

Une femme qui s’est fait voler sa bicy- clette a failli se faire cogner en plus lorsqu’elle a demandé aux individus qui étaient là s’ils avaient vu quelque chose. D’après les riverains, les rixes sont fréquentes. “Ce qu’il y a d’hallucinant, c’est que vous pouvez vous faire agresser pour rien. Il suffit que votre tête ne leur revienne pas et c’est parti” déplore un commerçant voi- sin du square. “Personnellement, j’évite Granvelle tant que possible car je trou- ve que ce n’est plus sûr” note Alain, un Bisontin septuagénaire. Pourtant, les choses semblent s’être

Désormais, ce n’est plus le cas” obser- ve un commerçant. Par peur de repré- sailles, ceux qui acceptent d’évoquer les problèmes le font sous couvert d’anonymat. Le trafic de stupéfiant et les agres- sions verbales ne sont qu’une des facettes de cette délinquance qui peut s’avérer beaucoup plus violente. En septembre, le salarié d’un restaurant s’est fait prendre en chasse par un groupe d’individus décidé à lui régler son compte sans raison apparente. Ce même mois, des étudiants ont été agres- sés et ont trouvé refuge au bar de l’U.

vous proposera du can- nabis. “Au quotidien, c’est du deal à ciel ouvert. Avant, c’était épisodique. Tout le monde ne se fait pas accoster, heureuse- ment d’ailleurs.Mais c’est le climat qui est malsain. Ma crainte, c’est qu’un jour un client se fasse agresser. Depuis le début de l’été, c’est vraiment le bordel. Avant, lorsque le square était squatté par des jeunes, c’était festif.

“Person- nellement, j’évite Granvelle.”

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PLANOISE Des actions spontanées Dix pétitions pour dénoncer les problèmes du quartier

CLAIRS-SOLEILS

Boulangerie rue Mirabeau

Fermeture définitive pour cause de vandalisme Lorsque la porte de sa boulangerie a été une nouvelle fois fracassée à son retour de vacances au mois d’août, Christophe Gigon a été conforté dans sa décision de quitter le quartier.

Dans le quartier de Planoise, plusieurs pétitions ont été lan- cées en un an par les habitants du quartier. Une manière d’exprimer leur ras-le-bol. C es derniers mois, dix pétitions ont circu- lé ou circulent encore dans le quartier de Planoise. Elles disent l’exaspération des habitants du secteur qui sont las de l’insécurité, des difficultés de stationnement, de la zone piétonne qui n’est pas respectée, des cages d’escaliers squattées, des problèmes de cohabitation, de loyer, de chauffage, des cam- briolages, des carreaux cassés, bref tout y pas- se. “Dans un hall aux Époisses, les vitres ont été remplacées par des tôles percées” s’indigne Jean- Claude, un habitant investi dans le quartier qui a recensé ces pétitions spontanées. Il n’en a

jamais vu autant. Elles ont été transmises au maire, à la préfecture, aux bailleurs sociaux qui ont tous, à leur niveau, des moyens pour amé- liorer une situation qui se dégrade. “Ces péti- tions ne sont pas suivies d’effets. C’est le problè- me” regrette-t-il. Avec le temps, Planoise est devenu un quartier à éviter. Selon nos informations, près de 80 % des gens qui demandent un logement auprès d’un organisme logeur ne veulent plus venir à Planoise. “Des dizaines de logements sont vides. Je suis indigné. Entre s’attaquer aux problèmes et les résoudre ou ne rien faire, nos élus ont choi- si de ne rien faire. Il y a des réunions qui ont un résultat nul” dit Jean-Claude. Il est “abasour- di” lorsque des militants syndicaux qu’il connaît lui confient être prêts à voter Front National lors des prochaines élections. Les habitants de Planoise attendent des réponses concrètes à leurs préoccupations. Le 10 septembre, une réunion publique avait lieu aux Époisses en pré- sence d’élus de la majorité municipale. E.Ch.

Christophe Gigon est dépité. La vitrine de sa boulangerie a été cassée à huit reprises. Le propriétaire des lieux fait installer des rideaux de fer.

L e 15 septembre 2010,c’est plein d’entrain que Christophe Gigon a ouvert une bou- langerie rue Mirabeau dans le quartier des Clairs-Soleils. Trois ans plus tard, l’artisan déchante au point de décider de fer- mer boutique. “Les affaires n’étaient pas flo- rissantes, mais on vivait” explique l’entrepreneur. Le 29 septembre, il a mis la clé sous la porte, découragé par les attaques successives contre son commerce. “Ils sont rentrés quatre fois dans le magasin et ont cas- sé huit fois ma vitrine. La première fois, ils ont volé la caisse. Ensuite, comme je la retirais, ils dégradaient.Ces actes étaient gratuits” explique Christophe Gigon, dépité.

Il y a six mois, l’artisan a rendu son bail. Le boulanger a été conforté dans sa décision lorsque la porte de son magasin a été fracas- sée une nouvelle fois au mois d’août, à son retour des vacances d’été. Début octobre, Christophe Gigon a déména-

gé sa boulangerie pour aller s’installer dans un autre dépar- tement franc-comtois, aspirant à une vie plus tranquille. “Pour moi, le bilan ici est négatif. C’est un échec par rapport aux habi- tants et aux clients avec lesquels je n’ai jamais eu de problèmes. D’autant qu’il y a besoin de ce service ici” soupire l’artisan.Un échec pour lui, mais une vic- toire pour les délinquants du quartier qui semblent prendre la main sur les Clairs-Soleils comme pour y faire régner leur loi.

“C’est un échec par rapport aux habitants”

La configuration même du quartier engendre d’inévitables problèmes.

BRAQUAGES

Les commerçants développent des stratégies Braqués, des commerçants réagissent

Gérant d’une pompe à essence à Besançon, cet entrepre- neur victime de deux vols à main armée se dit prêt à jeter à l’éponge. Il n’est pas le seul dans ce cas. Mais certains ne se résignent pas, à l’image de la boulangerie “La Craquante” à Besançon qui s’est dotée d’un appareil “anti-braquage”.

Zoom Pour Noël, les forces de l’ordre mettront le paquet P olice et gendarmerie disposent de deux personnes qui vont à la rencontre des commerçants ou des industries. Ce sont les “référents sécurité”. Leur métier : donner gratuitement des conseils aux entrepreneurs afin quʼils se protègent des vols ou attaques à main armée. “Il y a les conseils de sécurité passive comme bien fermer les portes, installer des digicodes, la télésurveillance” témoigne le maréchal des logis chef Christophe Pontanier qui intervient dans le Doubs. Cʼest simple mais efficace. De son côté, Stéphane Mallet, brigadier, intervient en zone poli- ce à Besançon. “On sʼintéresse à toutes les activités : bijouterie bien sûr, buralistes, boulangeries…” dit-il. Leur travail paye. Mais personne ne fanfaronne. À lʼapproche des fêtes de fin dʼannée, le risque augmentera. En zone police, le plan anti hold-up sera activé : les patrouilles, plus nombreuses, sécuriseront les espaces les plus exposés. Pour la première fois, lʼopération tranquillité vacances va être prolongée toute lʼannée, indépendamment des vacances scolaires. En zone gendarmerie, des forces (réservistes et mobiles) pour- raient être mobilisées avant noël. Lʼalerte S.M.S. fonctionne tou- jours : elle diffuse rapidement certains faits en alertant les com- merçants sur leur téléphone. De source policière, le nombre de vols à main armée aurait baissé de 40 % à Besançon avec 14 faits (contre 26 en 2012). Un chiffre à relativiser car la période de Noël nʼest pas comptabilisée.

I l entame sa troisième année comme gérant d’une station-service, route de Lyon à Besançon. Trois petites années, et déjà, une forme de lassitude : “Dans moins d’un an, je pense que je serais par- ti” dit Lotfi Belaïd. Ce jeune entrepreneur ne cache pas son ras-le-bol face aux nom- breuses incivilités répétées. Cela commence par la grivèlerie d’essence : “Quand je dépo- se plainte après un vol de carburant en don- nant le numéro de plaque d’immatriculation, il n’y a pas de suite” dit-il. Mais ce n’est pas le plus usant. Victime de trois bra- quages, il est désabusé. Le premier, c’était un vol à main armée en février 2011. Le second en novembre 2011. “Deux personnes sont arrivées encagoulées sur un scooter, sont entrées et ont braqué mon employé qui était à la caisse. Depuis, il est parti. Une autre fois, ils étaient arri- vés à pied” explique Lotfi Belaïd. Puis, on a tenté de lui couper les barres en acier stockant ses bouteilles de gaz. Récemment, le 6 juillet, en fin de journée, c’est la por- te d’entrée de sa vitrine qui a été fracas- sée. “J’aurais presque préféré qu’ils me bra- quent plutôt que de me défoncer la porte. Cela m’a coûté 10 000 euros. J’ai dû prendre

un service de sécurité avant qu’elle ne soit refaite. Je pense que l’année prochaine, j’arrêterai” conclut-il. Toujours à Besançon, cette fois dans une boulangerie, le climat est plus serein après que trois individus armés de couteaux et d’un pistolet ont braqué une des employés. C’était le 1 er décembre 2012, à 18 h 40. Depuis le 29 août, la boulangerie “La Cra- quante” s’est dotée d’un monnayeur. Un investissement important. Concrètement, toutes les pièces ou les billets ne sont plus données à la boulangère mais introduits dans l’appareil qui centralise le numérai-

re dans un coffre-fort qui n’est accessible à personne. “La vie de notre personnel n’a pas de prix. Chez nous, plus personne n’a donc accès à l’argent. Nous avons fait cela pour protéger nos salariés” témoigne Corin- ne Lhomme, épouse du res- ponsable de la boulangerie depuis le 8 mars 2002. La gérante y voit un autre avan- tage : l’hygiène. “On ne touche plus les pièces.” Et, c’est la machine qui gère les rendus.

Les clients le comprennent et s’y habituent. Contrairement à la région parisienne où ce type de procédé est financé, ce com- merçant a investi seul sans aides. Une tran- quillité qui n’a pas de prix… à l’approche des fêtes de fin d’année. E.Ch. aux pièces ni aux billets. Ils sont mis dans cette machine et envoyés dans un coffre-fort. Corinne Lhomme, de la boulangerie La Craquante, ne touche plus

“Nos salariés n’ont pas de prix.”

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INTERROGATIONS Semons l’Espoir répond à l’accusation Maison des familles : 100 000 euros de subvention et une interrogation Au Grand Besançon, un élu se demande pourquoi la collectivité donne “aussi facilement” 100 000 euros de subventions à l’association Semons l’Espoir. Favoritisme ? Éléments de réponse.

Charlyne Dornier (au centre) est à l’origine de la Maison des familles qui sera livrée en 2014

derrière le C.H.R.U. de Besançon.

D’autres béné- voles ont suivi depuis.

P ersonne ne conteste l’immense et remar- quable travail de l’association “Semons l’Espoir”. À vrai dire, qui peut s’élever contre des béné- voles qui mettent leur cœur et leur temps pour offrir aux parents d’enfants malades de l’hôpital Minjoz un lieu où dormir pen- dant que leur enfant soigne un cancer ou une leucémie ? Ce lieu est en construction : il s’appelle la Maison des familles, soit 33 chambres sur 1 500 m 2 . Initié par Pierre Dornier et sa femme Charlyne,couple qui a perdu deux de ses enfants emportés par la maladie, le projet sera terminé à la fin du printemps 2014.Au total, environ 4,5 millions d’euros auront été nécessaires dont “la moitié avec les dons” rappelle l’association. Le Grand Besançon apporte sa

pierre à l’édifice après avoir voté le 26 septembre en conseil une subvention de 100 000 euros. Sept élus se sont abstenus. Pour- quoi ? Plus que le chiffre, c’est la manière dont celle-ci a été attri- buée qui fait réagir Roger Ste- pourjine, vice-président à l’agglomération. S’il loue la qua- lité de ce “beau projet qu’est la maison des familles” , il se deman- de “pourquoi la décision a été pri- se si vite alors que le dossier n’a été reçu qu’en juillet. C’est tout de même une somme de 100 000 euros. Comment répondrons-nous à d’autres sollicitations s’il venait à y en avoir ? , s’interroge l’élu. D’un côté on demande des dos- siers ficelés et de l’autre on accep- te rapidement de donner à une association” ajoute-t-il. Pierre Dornier, président de l’association qui œuvre depuis plus 20 ans pour les autres répond

sans ambiguïtés : “Nous avions depuis longtemps présenté un dos- sier de subvention à Besançon. Mais Jean-Louis Fousseret nous a dit que c’était plutôt l’agglomération qu’il fallait contac- ter car peu de parents bisontins utiliseront cet espace. Nous n’avions pas pensé à cette solu-

qui ont apporté leur contribution en matériel. “Nous n’attendons pas les subventions,rappelle Char- lyne Dornier. Une grande majo- rité de laMaison est financée par les dons des nombreuses mani- festations que nous réalisons.” Une interrogation, de taille, demeure pour l’association : le

taux de T.V.A. “Si nous passons à 19,6 % au lieu de 5,5 %, cela représentera un surcoût de 400 000 euros” calcule le prési- dent. Les bénévoles attendent une réponse. Pas de quoi leur fai- re baisser les bras face à ce chan- tier vecteur d’espoir. E.Ch.

tion et avons donc perdu du temps pour déposer le dossier” explique Pierre Dornier, heureux toutefois de bénéficier de cette aide. Projet désigné “d’intérêt public”, la Maison des familles est sub- ventionnée par la Région, le Conseil général qui a donné le terrain et des entreprises privées

NOMINATION

Après dix ans de ministère

M gr Lacrampe s’en va,

M gr Bouilleret arrive Le père André Lacrampe regagnera ses Pyrénées

natales mi-novembre, remplacé par l’évêque d’Amiens, M gr Jean-Luc Bouilleret, natif d’Arbois.

C’ est un Jurassien d’origine qui remplace le Pyrénéen André Lacrampe au ministère d’archevêque de Besançon.Né en 1953, Jean-Luc Bouilleret était jusqu’à pré- sent évêque d’Amiens. Depuis que le père Lacrampe a fait part de sa déci- sion de renoncer à sa charge d’évêque pour raisons de santé, il reste néan- moins l’administrateur apostolique jusqu’à la “passation de pouvoir” qui aura lieu le vendredi 15 novembre à 8 h 30. C’est à cet instant que la “pri- se de possession canonique” de M gr Bouilleret sera officielle. André Lacrampe rejoindra alors ses Pyrénées natales non sans avoir assis- té le 17 novembre à 15 heures en la cathédrale Saint-Jean à l’installation officielle de son successeur.M gr Lacram- pe qui fut le plus jeune évêque de Fran- ce à 42 ans fêtera auparavant à l’occasion d’une célébration le 20 octobre, ses trente années d’épiscopat, qui font de lui l’évêque à la longévité la plus grande. À partir de la mi- novembre, il sera l’évêque retraité le plus jeune de France.

Une retraite qui ne s’annonce pas de si grand repos pour Mgr Lacrampe qui élira domicile à la Cité Saint-Pier- re, au cœur de Lourdes, où il se met- tra “au service des autres. Je travaillerai avec les groupes qui me solliciteront dit-il. Je ne vivrai pas un ministère en solitaire,mais je le vivrai solidaire avec les gens qui frapperont à la porte de la Cité Saint-Pierre.”

André Lacrampe “s’absente” de Franche- Comté, laissant derriè- re lui une région “dont les acteurs pastoraux m’auront marqué.” Même si l’Église “est en mutation et qu’elle est marquée par une sécu- larisation de plus en plus grande dit-il, elle est bien vivante. Si demain les baptisés se mettaient en grève, on en parlerait dans le lan- derneau” termine-t-il dans un sourire. J.-F.H.

À la Cité Saint-Pierre, au cœur de Lourdes.

Monseigneur Jean-Luc Bouilleret sera officiel- lement instal- lé archevêque de Besançon dimanche 17 novembre à Saint-Jean.

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EN BREF

POLÉMIQUE Le vélo à quai Le Pont de la République sera interdit aux vélos Tollé des usagers de la bicyclette. Le tram en service, ils ne pourront plus emprunter le pont de la République menant à la Boucle. Face à ce point noir, l’Association Vélo Besançon demande officiellement à la mairie d’interdire l’accès aux voitures.

Oratorio Fresque oratorio de Stéphane Delplace avec projection vidéo du plafond le chapelle Sixtine. À l’église de la Madeleine de Besançon samedi 2 novembre à 20 heures. Avec notamment le Bisontin Emmanuel Boulanger au violoncelle. commémorant le sacrifice d’Henri Fertet, héros de la Résistance tombé le 26 septembre 1943 sous les balles des nazis, a été posée sur le groupe scolaire de Velotte où il vivait avec ses parents instituteurs et où il fut arrêté par la Gestapo le 6 juillet 1943. Eau “L’eau, notre bien commun” : une table ronde traitera de la pollution de nos rivières, des moyens pour l’enrayer, de la production de l’eau potable, vendredi 18 octobre à 18 heures au F.J.T. de la Cassotte. Peinture À voir jusqu’au 6 janvier 2014 l’exposition “Les Hubert Robert de Besançon” au musée des beaux-arts de Besançon. Informations au 07 61 66 32 71. Hommage Une plaque

J ean-Louis Fousseret n’a pas apprécié que “sur une table bien propre, on ne remarque que les miettes.” Ce sont ses mots, prononcés le 26 sep- tembre en conseil d’agglomération à l’encontre d’Europe Écologie-Les Verts. Les écolos, inquiets d’apprendre que le pont de la République à Besançon sera interdit aux cyclistes l’ont fait savoir au mai- re… qui l’a - encore - en travers de la gorge. Les fameusesmiettes dont Fousseret parle, ce sont en fait 500 mètres sur les 29 km du tramway qui ne seront pas ouverts aux cyclistes. Ce n’est certes que 2 % du tracé, mais ça, les usagers du vélo ne l’ont pas vraiment digéré même s’ils savaient à quelle sauce le tram

allait les manger : “Cet axe est ultra-important car il permet de relier la Boucle. Pour ceux qui ne sont pas cyclistes, les élus notamment, ça ne choque per- sonne que l’on ne puisse pas emprunter le pont, fait remar- quer Adrien Caillot de l’Association Vélo Besançon. Lors des réunions de concerta-

Ce papa qui conduit sa fille à son cours de danse utilise son vélo. Le tram en place, il devra mettre pied à terre s’il utilise le pont. Les vélos seront proscrits.

attendant, ils demandent d’autres garanties et espèrent que la voie cyclable retirée sur le pont de Bregille enmars 2012 soit rétablie une fois les travaux du tram terminés. Après septembre prochain, ce papa cycliste (notre photo) pour- ra toujours conduire sa fille à son cours de danse mais devra mettre pied à terre s’il veut emprunter le pont. Besançon va tester le duathlon. E.Ch.

cela ne nous convient pas” explique-t-il. Plutôt que se casser les dents sur ces miettes, les cyclistes veu- lent un changement de menu. Officiellement cette fois, l’association Vélo Besançon demande à la municipalité de mettre de l’eau dans son vin en interdisant aux voitures d’emprunter le pont. “Aujour- d’hui, on se rend compte qu’il n’y a pas plus de route directe qui débouche sur le pont (l’avenue

Carnot étant réservée au tram, seule la rue Delavelle donne accès direct au pont). Sachant que le double sens de circulation de l’Avenue Droz fonctionne bien, on demande l’interdiction des voitures pour nous laisser la pla- ce.” Par la voix de son adjointe en charge de la voirie, la Ville de Besançon rappelle qu’elle est contrainte par la place pour ins- taller ces pistes cyclables. Les cyclistes le comprennent. En

tion, on savait que ça allait être com- pliqué. Officieuse- ment, on nous a dit que l’on pourrait toujours prendre le pont en utilisant la voie des voitures (pour se rendre dans la Boucle) et qu’il fallait poser le pied à terre pour le sens inverse mais

“Le double sens fonctionne bien.”

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SANTÉ

Personnel infirmier Quand le C.H.U. a recours à l’intérim Pour pallier des manques temporaires de personnel, l’hôpital de Besançon fait appel à des intérimaires. Cela concerne principalement les infirmiers.

de, ainsi que “le manque de réglementa- tion, ou de respect de celle-ci” engendrent une dérive des coûts. Cependant, tous les hôpitaux n’ont pas recours à l’intérim de la même manière. Le phénomène concernerait d’abord les petits hôpitaux et les établissements situés dans les secteurs moins attractifs, ce qui n’est pas le cas à Besançon. Au Centre Hospitalier Universitaire, le recours à l’intérim est marginal. “Nous n’avons jamais recruté de médecin inté- rimaire” indique la direction des affaires médicales. En revanche, la réalité est tout

L’établissement fait plus rarement appel à des aides soignants (4 jours en 2012) et à des kinés (1 jour en 2012). “Avant d’ap- peler un intérimaire, on cherche d’abord des solutions d’organisation en interne (le C.H.U. emploie 1 200 infirmiers). Le recours à l’intérim nous coûte entre 200 000 et 250 000 euros par an pour le personnel non médical soit 0,1 % de la masse salaria- le” précise encore la direction des res- sources humaines. C’est dans le cadre d’un marché public passé avec une enseigne spécialisée dans le travail intérimaire des professions soi- gnantes type Adecco, que le C.H.U. peut obtenir rapidement du personnel via une plateforme disponible 24 heures sur 24. L’hôpital de Besançon paraît moins concer- né par le phénomène que d’autres éta- blissements où les tensions sur le per- sonnel médical et non médical sont plus fortes. Les agences d’intérim profiteraient de la situation. Selon Olivier Véran, “elles facturent volontiers au-delà de 1 000 euros une journée de travail, jusqu’à 1 500 euros une garde de 24 heures. Les hôpitaux sont obligés de céder à cette pression afin d’assurer la continuité des soins.”

C’ est le député socialiste Olivier Véran qui a mis les pieds dans le plat en s’attaquant à la ques- tion de l’intérim hospitalier. L’élu de l’Isère est à l’initiative d’un grou- pe de travail parlementaire qui va émettre prochainement un certain nombre de pro- positions pour mieux réguler ce secteur générateur d’un “surcoût immense” pour les établissements de soins. Selon la Fédé- ration Hospitalière de France le recours à l’intérim a coûté 67 millions d’euros aux hôpitaux en 2012, soit une hausse de 30 % en trois ans. “Si le nombre de médecins hospitaliers a augmenté en France, de plus en plus de postes sont vacants, notamment en anesthésie-réanimation, en pédiatrie, aux urgences, jusqu’à 35 % des postes en radiologie. Désormais, tous les territoires et tous les hôpitaux sont concernés. Face à ce phénomène qui s'amplifie, les hôpi- taux font appel à des médecins intéri- maires” écrit Olivier Véran sur son blog. Selon lui, la loi de l’offre et de la deman-

autre pour le personnel non médical. L’hôpital fait régu- lièrement appel à des infir- miers intérimaires pour pallier “des absences de der- nières minutes. Dans la majorité des cas, on a recours à l’intérim pour les nuits et les week-ends” indique le service des res- sources humaines duC.H.U. Ainsi l’hôpital a eu recours à du personnel infirmiers intérimaire pour 360 nuits et 86 jours en 2012, et 288 nuits de janvier à sep- tembre 2013 et 5 jours.

“1000 euros une journée de travail.”

Le travail intérimaire

pour le personnel non médical coûte à l’hôpital entre 200 000 et 250 000 euros par an.

FORMATION Partenariat G.R.E.T.A.-C.N.A.M. Une nouvelle licence “bâtiment et construction”

SANTÉ Parcours de soins “On aurait pu nous prévenir !” C’est la loi depuis 2005. Pourtant beaucoup de patients consultent encore un spécialiste sans être recommandés par leur médecin trai- tant. Ils seront moins bien remboursés. D ans son cabinet, ce dermatologue bisontin reçoit régulièrement des patients qui ne sont pas adressés par leur médecin traitant. “Il y en a environ 1 sur 5 qui se présente sans la lettre de son géné- raliste” déplore le spécialiste. Pourtant, cela devrait être la règle depuis la loi de 2005 relative aux parcours de soins coordonnés. Mais voilà les habitudes sont tenaces, et le principe n’est pas encore automatique chez tous les patients, ce qui a le don d’exaspérer des spécialistes qui décident de faire preuve de fermeté face à ce qu’ils considèrent com- me de la négligence. “Il m’arrive d’éconduire des patients” assume un spécialiste bisontin qui ajoute : “À la décharge des patients, il faudrait peut-être encore leur demander lors qu’ils prennent rendez-vous s’ils ont bien une lettre de leur médecin traitant. Car souvent ils me disent, surpris, “mais on aurait pu me prévenir !” Les gens oublient que c’est la loi et qu’elle date de plus de cinq ans.” Cette lettre a son importance. Sans elle, un patient ne peut pas pré- tendre être remboursé à hauteur de 70 % par la Sécurité sociale.

C’ est une première qui en appellera certainement d’autres. Le G.R.E.T.A. de Besançon et le C.N.A.M. (Conservatoire national des arts et métiers) ont uni leurs forces pour lan- cer à Besançon une premiè- re formation en commun, la licence professionnelle “bâti- ment et construction”. “C’est la première licence pro- fessionnelle du réseau des G.R.E.T.A. en Franche-Com- té” se félicite Nermina Tour- noux, la directrice du G.R.E.T.A. de Besançon. Cet- te nouvelle formation en alter- nance qui a démarré début octobre avec un effectif de 14 Le G.R.E.T.A. de Besançon et le C.N.A.M. ont lancé conjointement une licence professionnelle. Une première collaboration de ce type en Franche-Comté.

Christophe Decreuse, directeur régional du C.N.A.M. et Guy Flander, proviseur de Jules-Haag et président du G.R.E.T.A. Franche-Comté.

“Lorsqu’un patient est hors parcours de soin, il est rem- boursé à 30 %. Ensuite, il n’est pas certain que samutuel- le couvre les frais à cause de ce défaut de courrier” remarque la Caisse primaire d’assurance-maladie du Doubs. Seuls deux spécialistes peuvent être consultés sans recommandation du médecin traitant : les oph- talmologistes et les gynécologues. La C.P.A.M. du Doubs a établi des statistiques sur le nombre d’assurés qui consultent un spécialiste au C.H.U. de Besançon en dehors du parcours de soins prévu par la loi. De septembre 2011 à septembre 2012, il y en a eu 155 sur 2 681 consultations. L’année suivante, sur la même période ils étaient 151 sur un total de 2 532 consultations soit une évolution de - 2,58 %. Cela s’ar- range, mais peu mieux faire !

“Éconduire des patients.”

jeunes dans la première pro- motion est ouverte aux can- didats titulaires d’un Bac + 2, sortant d’un D.U.T. Génie civil ou d’un B.T.S. Économie de la construction ou encore bâtiment. En un an, soit 580 heures de formation au G.R.E.T.A. et plus de 1 000 heures en entreprise, le jeu- ne acquiert les connaissances pour devenir “économiste de la construction” dans des

grandes entreprises ou des cabinets d’architecture. Durant sa formation il est rémunéré dans le cadre d’un contrat de professionnalisa- tion. Selon NerminaTournoux, “la réussite est le point fort des licences pros. Plus de 8 étu- diants sur 10 obtiennent leur diplôme dans l’année qui suit

leur inscription. L’insertion est une autre gran- de force de la licence pro, qui affiche des taux d’emploi à la sortie compris entre 75 et 95 %. Trois ans après l’ob- tention de ce diplôme, 94 % des diplômés occupent un emploi.” J.-F.H.

Renseignements sur www.greta-besancon.com

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