La Presse Bisontine 148 - Novembre 2013

LES POINTURES DE LA RECHERCHE

La Presse Bisontine n° 148 - Novembre 2013

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SANTÉ

Une nouvelle alternative

Les cellules mortes soigneront les polyarthrites

et l’infarctus du myocarde

Avec son équipe, Sylvain Perruche travaille depuis 10 ans à la création d’un produit anti-inflammatoire révolutionnaire car “naturel”. Reconnu par ses pairs, le scientifique bisontin espère commerciali- ser un médicament et créer de l’emploi.

S a paillasse de laboratoire, Sylvain Perruche l’a un peu délaissée, à contre- cœur. Lui, le chercheur rompu à scruter les cel- lules dans sonmicroscope doit désor- mais parapher d’innombrables pape- rasses pour assurer le fonctionnement de son laboratoi- re. C’est immensément chrono- phage. Pourtant, Sylvain Perruche le vit bien : le scientifique sait pour- quoi il s’échine.

Sylvain Perruche, chercheur

pour ensuite amener sa découver- te jusqu’aux malades. “Il y a enco- re beaucoup de chemin à parcourir pour mettre le médicament sur le marché. Il faut toutes les autorisa- tions de l’agence nationale de sécu- rité du médicament par exemple” , tempère le jeune homme, conscient du travail qui l’attend. Sylvain a déposé un brevet en janvier der- nier et a créé une start-up visant à exploiter ce brevet et produire ce nouveaumédicament. “Les premiers essais cliniques seront organisés en en lien avec le C.H.R.U. de Besan- çon” précise-t-il. Directeur de l’unité mixte, Philip- pe Saas se réjouit de l’aventure scientifique et humaine menée par son protégé : “C’est l’élève qui dépas- se le maître, lâche le directeur. C’est aussi une publicité pour notre équi- pe et surtout cela indique que nous avons suivi la bonne voie en matiè- re de recherche.” Presque dix ans après avoir sou- tenu sa thèse, Sylvain Perruche espère amener au lit du patient son médicament. Un long chemin, semé d’embûches. Prochaine étape : la publication (en anglais) dans une revue scientifique afin d’authentifier toutes les thèses. Cette découverte, si les essais abou- tissent, est un réel espoir pour le traitement des affections chroniques inflammatoires. Ce sont aussi des emplois à la clé. E.Ch.

Après 10 années de travail, il a éla- boré un processus de santé nova- teur : avec des cellules mortes que chacun produit dans son corps, le Franc-Comtois a développé dans son laboratoire hébergé à l’établissement français du sang de Besançon (E.F.S.) un produit anti- inflammatoire qui soignera la poly- arthrite rhumatoïde, les maladies inflammatoires de l’intestin et l’infarctus du myocarde. Les essais pré-cliniques ont déjà

débuté, preuve de l’avancement de cet immense chantier qui pourrait révolutionner le secteur de la san- té. En effet, pour soigner l’inflammation comme dans la poly- arthrite rhumatoïde, seul le trai- tement par corticoïde associé ou non à une biothérapie est aujour- d’hui utilisé. Souvent, les malades ne le supportent pas toujours. Syl- vain Perruche a donc conçu une alternative : “Nous pourrons pro- poser à des personnes qui ne répon-

dent pas à ces traite- ments (environ 30 %) de se soigner autre- ment. C’est une nou- velle alternative. Notre produit, on le pense, est beaucoup moins toxique et sera moins coûteux. La mort naturelle de nos cellules par apopto- se, éliminées par d’autres cellules “camions-poubelles”, induit la production de facteurs anti- inflammatoires. Lors- qu’on évoquait cette théorie il y a encore

à Besançon, à la base d’une découverte qui pourrait révolutionner la santé.

amener sa découverte jusqu’aux malades

quelques années, on ne nous croyait pas” explique Sylvain Perruche qui a notamment mené une partie de ses recherches à Bethesda (Mary- land, États-Unis), au National Ins- titutes of Health. L’homme avance, petit à petit, avec son équipe au sein de l’unité mix- te (I.N.S.E.R.M. - Université - E.F.S.) U.M.R. 1 098 “Interactions hôte- greffon-tumeur et ingénierie cel- lulaire et génique” installée à l’E.F.S. de Besançon.Au début de l’été, tous viennent d’être récompensés en étant lauréats Oséo du 15 ème concours national d’aide à la création d’entreprises. “Celamontre que nous sommes dans le vrai” se réjouit le chercheur. L’aide financière obte- nue l’aidera à créer son entreprise

L’équipe : Amandine

Clauzon, Mélanie Couturier, Julien Lepou- pon, Adrien Mossu, Fran- cis Bonnefoy (absents sur la photo : Romain Vallion et Anna Daoui).

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