La Presse Bisontine 148 - Novembre 2013

La Presse Bisontine n° 148 - Novembre 2013 L’ÉVÉNEMENT L’INSÉCURITÉ

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GAGNE DU TERRAIN

Malaise au centre-ville et notamment à Granvelle. La place et ses alentours cristallisent les peurs. Face aux pressions, menaces, atteintes aux personnes, des réunions ont eu lieu entre le maire et le préfet pour éradiquer ces problèmes grandissants. Est-ce suffisant ? La Presse Bisontine a interrogé ceux qui vivent ou travaillent au centre et dans les quartiers. À l’approche de la fin d’année, période propice aux casses, des commerçants ont décidé de s’équiper. D’autres ont déjà baissé les bras.

AMBIANCE

Des problèmes quotidiens

Granvelle, nouveau repaire de la délinquance Entre le deal, les agressions verbales et physiques, un climat d’insécurité s’est installé square Granvelle.

“C asse-toi sale bâtard !” Square Granvelle, jeudi, milieu d’après-midi. Un groupe de jeunes a pris possession du kiosque. À l’évidence, le passant qui veut y accéder n’est pas le bienvenu. Le comportement agres- sif des individus tournant en rond sous la tonnelle, la tête enfouie dans leur capuche, lui fait rebrousser chemin. “C’est de pire en pire” soupire un poli- cier municipal en patrouille dans le quartier qui ira à leur rencontre. Ce genre de scène est devenu monnaie courante à Granvelle depuis quelques mois. Le square bordé de cafés, qui avait la réputation d’être plutôt tran- quille, est devenu un repaire de délin- quants. Ici, en pleine journée, il est possible de se faire accoster par un dealer , que rien ne semble effrayer, qui

À Granvelle, à l’heure de la sortie de l’école, il est possible de se faire accoster par un vendeur de cannabis.

apaisées depuis quelques jours. “Je ne sais pas si c’est le froid qui fait fuir les groupes, ou si c’est la présence de la police qui tourne un peu plus depuis les agressions, mais il y en a moins. En revanche, à la fin de l’été, j’ai vu des rassemblements de 30 ou 40 individus, parfois plus quand il fait beau” ajou- te encore un commerçant qui deman- de à ce que le parc Granvelle soit mieux éclairé. Jean-Louis Fousseret apporte un début de solutions. “Je suis allé voir les com- merçants de Granvelle dit-il. J’ai deman- dé qu’on renforce immédiatement

l’éclairage. Il y a des questions concrètes, on les traite.” Mais le maire sait aus- si qu’il faudra plus que quelques lumières pour régler la question de la délinquance et rapporter un peu de sérénité au centre-ville en renforçant, par exemple, la police municipale. La délinquance à Granvelle et plus glo- balement au centre-ville a fait l’objet d’une réunion récemment en préfec- ture. En tout cas, à ce rythme, il y a fort à parier que l’insécurité soit une question centrale des prochaines élec- tions municipales. T.C.

Une femme qui s’est fait voler sa bicy- clette a failli se faire cogner en plus lorsqu’elle a demandé aux individus qui étaient là s’ils avaient vu quelque chose. D’après les riverains, les rixes sont fréquentes. “Ce qu’il y a d’hallucinant, c’est que vous pouvez vous faire agresser pour rien. Il suffit que votre tête ne leur revienne pas et c’est parti” déplore un commerçant voi- sin du square. “Personnellement, j’évite Granvelle tant que possible car je trou- ve que ce n’est plus sûr” note Alain, un Bisontin septuagénaire. Pourtant, les choses semblent s’être

Désormais, ce n’est plus le cas” obser- ve un commerçant. Par peur de repré- sailles, ceux qui acceptent d’évoquer les problèmes le font sous couvert d’anonymat. Le trafic de stupéfiant et les agres- sions verbales ne sont qu’une des facettes de cette délinquance qui peut s’avérer beaucoup plus violente. En septembre, le salarié d’un restaurant s’est fait prendre en chasse par un groupe d’individus décidé à lui régler son compte sans raison apparente. Ce même mois, des étudiants ont été agres- sés et ont trouvé refuge au bar de l’U.

vous proposera du can- nabis. “Au quotidien, c’est du deal à ciel ouvert. Avant, c’était épisodique. Tout le monde ne se fait pas accoster, heureuse- ment d’ailleurs.Mais c’est le climat qui est malsain. Ma crainte, c’est qu’un jour un client se fasse agresser. Depuis le début de l’été, c’est vraiment le bordel. Avant, lorsque le square était squatté par des jeunes, c’était festif.

“Person- nellement, j’évite Granvelle.”

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