La Presse Bisontine 148 - Novembre 2013

36 LE GRAND BESANÇON

La Presse Bisontine n° 148 - Novembre 2013

EN BREF

POUILLEY-LES-VIGNES

“Âge et vie” ouvre une maison

“Âge et Vie” : les anciens font de la colocation 14 personnes âgées ont intégré à Pouilley-les- Vignes la nouvelle résidence “Âge et Vie”. Comme dans une maison de famille, les personnes âgées dépendantes vivent au rez-de- chaussée et le personnel encadrant à l’étage. C’est la 22ème maison du genre en Franche- Comté après celle de Roche-lez-Beaupré. Visite.

Latino Tout nouveau, tout show : le restaurant spectacle Color Latino. Le Color Latino est l’histoire de trois amis venant d’horizons différents, mais animés par une passion commune au 06 62 63 97 31. Train La halte ferroviaire d’École-Valentin a été inaugurée jeudi 10 octobre. Depuis le 3 septembre dernier, elle apporte aux habitants du nord de l’agglomération bisontine un nouveau service de transport. Commencés au printemps 2012, les travaux se sont terminés cet été. La halte aura coûté 3,05 millions d’euros. Depuis la rentrée 2013, les T.E.R. circulant entre les gares de Besançon-Viotte et Besançon Franche- Comté T.G.V. desservent cette halte. 16 arrêts de T.E.R. Par jour dans chaque sens de circulation.

Madeleine présente son “chez soi” dans la Maison Âge et Vie de Roche. Elle a pu amener dans sa chambre ses effets personnels.

M adeleine, “Mado” pour les intimes, a décidé après une mauvaise chute de vivre accompagnée. Elle a quitté, à 80 ans, son domicile de Roche-lez-

Beaupré pour uneMaison “Âge et vie”… située dans ce même village. Elle a fait ses valises et emporté avec elle une partie de ses meubles pour occu- per cet espace au centre-ville depuis

rent de la taxe foncière. Et de l’activité en terme d’emplois non délocalisables. Nos salariés ont des primes d’intéressement. Et les colocataires payent 1 400 euros, soit 30 % moins cher qu’en maison traditionnelle. L.P.B. : Rencontrez-vous des difficultés à rem- plir vos structures ? N.P. et S.V. : Non. C’est d’ailleurs plus facile dans les zones périurbaines com- me Besançon ou Montbéliard. C’est plus dur dans le Haut-Doubs. Il faut encore se faire connaître. Sur nos 22 établissements, nous avons 4 places disponibles. L.P.B. : Pourquoi votre concept n’a pas - enco- re - été copié ? N.P. et S.V. : C’est un métier compliqué où il faut gérer la construction d’un bâtiment jusqu’aux problèmes sociaux. L.P.B. : Vos salariés ne sont-ils pas fatigués de vivre avec les anciens ? N.P. et S.V. : Nous avons beaucoup de respect pour eux. Ce n’est pas simple. un an. Par chance, le déménagement était proche : c’est ce qui l’a motivée à prendre cette décision d’intégrer une maison de retraite finalement diffé- rente des autres. Ici à Roche-lez-Beau- pré, comme à Pouilley-les-Vignes où vient d’ouvrir mardi 15 octobre une maison “Âge et Vie”, rien ne fonction- ne comme ailleurs. La preuve, les per- sonnes âgées ne sont pas appelées des “résidentes” mais des “colocataires”. Ici, tout est à taille humaine. Et sur- tout, “on veut que ce soit une maison comme les autres, une maison qui vit, qui se repose, où les gens partagent les repas mais font ce qu’ils veulent ensui- te” précise Nicolas Perrette, un des trois directeurs de concept “moderne”. Les pensionnaires sont 14 avec cha- cun leur chez-soi. Une table, un lit, des sanitaires. Jusque-là, rien d’original. Là où ça l’est davantage : c’est dans l’accompagnement, le suivi et le prix. Les auxiliaires de vie vivent avec leurs pensionnaires en occupant - le plus souvent à l’étage - des appartements qui leur sont dédiés. La nuit, en cas d’appel d’un résident, c’est l’auxiliaire de service qui prend le relais. Mieux, dans les extrémités du bâtiment, ce sont des appartements loués à des gens

comme vous et moi qui sont proposés. “Nous voulons que ce soit un bâtiment qui regroupe tous les âges de la vie. Ce n’est pas de l’utopie” fait remarquer Nicolas Perrette. Dans cette maison, on rentre, on sort. On discute. Ou pas. “Chacun est libre de faire ce qu’il veut. On prend des risques mais on assume” dit l’un des patrons. Pour les auxiliaires de vie, à la fois salarié(e)s et confidentes, il faut prendre le rythme et faire la part entre affectif et travail. Ce n’est pas toujours simple, la direction l’admet.

salaire est peut-être moins élevé, elle sera hébergée à l’étage. Et vivra avec (pas tous les jours) les résidents, pré- parera leurs repas. Les soins sont assu- rés par le personnel médical extérieur. Pour intégrer une Maison “Âge et vie” aucune condition de ressource n’est nécessaire mais les dossiers sont exa- minés. Il faut compter 1 400 euros par mois, coût moins élevé que les struc- tures traditionnelles. Si ces maisons ne prétendent pas “rendre plus heureuses les personnes âgées” admet la direction, elles ont le mérite de prouver qu’une autre façon de gérer la question de la dépendan- ce est possible. Âge et Vie n’a rien d’utopique. E.Ch.

Ce concept a séduit Marie- Pierre Venne. Salariée en milieu hospitalier, spécia- lisée dans la gériatrie, elle a quitté son emploi et déci- dé de vivre l’aventure “Âge et Vie” en prenant la res- ponsabilité de la maison de Pouilley-les-Vignes. “Mon rôle est d’assurer l’assistance des personnes âgées au quo- tidien… tout en leur per- mettant de garder leur auto- nomie” dit cette ancienne salariée de la fonction publique qui a choisi un autre style de vie. Si son

Proche de chez elle.

Marie-Pierre Venne, auxiliaire de vie dans la nouvelle maison de Pouilley-les-Vignes, peaufine les derniers réglages.

Coulisse d’une success story ENTRETIEN Des anciens du cabinet de Paulette Guinchard

Ces deux Bisontins ont créé le concept en 2003. Dix ans après, ils sont à la tête d’une centaine de salariés.

L a Presse Bisontine : Comment est venue l’idée de créer une maison de retraite à taille humaine et rentable de surcroît ? Nicolas Perrette et Simon Vouillot (Thierry Morel, 3 ème associé, absent) : Jusqu’en 2003, nous étions conseillers de Paulette Guinchard (secrétaire d’État aux per- sonnes âgées). Paulette visitait beau- coup d’établissements et on voyait tou- jours la même chose. Nous voulions créer un lieu où chacun puisse man- ger autour d’une même table, faire exister l’individu. Après avoir étudié le seuil de rentabilité, nous avons esti- mé que le schéma avec 7 personnes par maison pouvait être rentable. Aujourd’hui, nous construisons les mai- sons avec notre architecte, nous les finançons sans aides publiques, les entretenons, gérons le personnel, accom- pagnons les personnes âgées et ven- dons les programmes immobiliers.

L.P.B. : Comment, sans aides publiques, par- venez-vous à bâtir des projets immobiliers ? Quid de la masse salariale ? N.P. et S.V. : Notre montage permet à chacun de s’y retrouver : nous en tant qu’entrepreneurs, les mairies, nos sala- riés, les personnes âgées, les investis-

seurs privés. En tant que gérants, nous ne gagnons pas sur les personnes âgées.Nous vendons nos pro- grammes immobiliers à des privés à qui nous garantissons la loca- tion de la chambre avec un rendement de 4,3 % nets pour 90 000 euros l’achat d’un appartement. C’est un investissement utile. Les mairies récupè-

“4,3 % nets pour l’investisseur.”

Simon Vouillot (à gauche) et Nicolas Perrette (Thierry Morel est absent) évoquent leur concept qui a déjà séduit de nombreuses communes.

On croyait que les maisons allaient s’auto-réguler. Nous rêvions, il faut un cadre.Aujourd’hui, nous sommes dans le réel. Nous disons à nos salariés qu’ils ne peuvent pas combler tous les vides affectifs. Nous en sommes conscients.

à venir ? N.P. et S.V. : Nous espérons en créer une nouvelle à Besançon et Grandfontai- ne et ensuite se développer en Alsace ou Bourgogne. Surtout, nous avons le projet d’ouvrir un espace pour per- sonnes atteintes d’Alzheimer. Propos recueillis par E.Ch.

L.P.B. : Quelles sont les prochaines évolutions

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