La Presse Bisontine 148 - Novembre 2013

ÉCONOMIE 40

La Presse Bisontine n° 148 - Novembre 2013

TRAVAUX PUBLICS

Patrick Robert

“Sensibiliser les élus à la nécessité d’engager des investissements” La Fédération Régionale de Travaux Publics organise le Carrefour des maires et des élus locaux de Franche-Comté. Avant ce rendez-vous, le président de la F.R.T.P., lance un signal d’alerte aux collectivités locales.

Patrick Robert, le nouveau

président de la Fédération des Travaux Publics de Franche- Comté veut être un “aiguillon”.

L a Presse Bisontine :La Fédération Régio- nale desTravaux Publics organise le Car- refour des maires et des élus locaux. Nous sommes en période pré-électora- le. Quel message la profession va-t-elle adres- ser aux élus ? Patrick Robert : Je veux leur rappeler que les travaux publics en Franche-Com- té, c’est 4 500 emplois et autant de contribuables qui vivent ici, consom- ment, s’impliquent dans le tissu asso- ciatif. Ce secteur compte 300 entre- prises. Nous sommes un acteur de l’économie locale. Malheureusement en cinq ans, 40 entreprises ont dispa- ru et 500 emplois ont été détruits ! Ce n’est pas terminé, si les collectivités locales ne réagissent pas. Ce Carrefour qui mobilise des maires et leurs équipes sera l’occasion de leur rappeler que l’investissement public fait vivre nos entreprises. Il génère de l’activité dans nos métiers. L.P.B. :Vous tirez la sonnette d’alarme. La situa- tion économique actuelle est à ce point ten- due dans les travaux publics ? P.R. : Les chantiers importants comme le tramway de Besançon ont un peu caché les difficultés, sachant que sans ces grandes opérations d’aménagement la situation se serait dégradée encore plus vite. Clairement, on constate dans nos entreprises une baisse forte des appels d’offres. L’autre indicateur qui nous inquiète est qu’il y a moins de projets dans les bureaux d’études. Nous avons donc la certitude que les quatre premiers mois de 2014 seront compli- qués sachant que dans une année pos- te électorale l’activité recule déjà natu- rellement de 20 %. Il n’y a pas de lisibilité, les carnets de commandes s’arrêtent à une échéance de trois ou quatre mois, au-delà on ne sait pas, alors oui, la situation est tendue. Je rappelle encore que lorsque nos socié- tés rencontrent des problèmes, c’est toute la filière de l’apprentissage qui est déstabilisée. L.P.B. : Les problèmes s’accumulent… P.R. : Quand on voit le nombre d’entreprises qui ont des difficultés financières et des problèmes d’accès au crédit qu’elles rencontrent, si en plus elles ont un carnet de commandes atone, elles ont peu de chance de s’en sortir. Nous allons au-devant de plans de réduction d’emplois. Ce qui ne sera pas engagé sous forme de commande publique sera traité sous forme de plans sociaux. Or, si la France est attractive, c’est aussi grâce à son réseau d’infrastructures.

nécessitent des travaux d’entretien réguliers. Il faut savoir par exemple que sur les réseaux d’eau, les pertes sont de 27 % en moyenne. Cela signi- fie que sur 100 litres distribués, 27 se perdent dans le transport.Aujourd’hui, le niveau d’investissement sur les réseaux est insuffisant. Car au ryth- me actuel, il faudrait 150 ans pour renouveler l’ensemble du réseau.Quand on nous parle de développement durable, il y a là un levier sur lequel on peut agir. Il est préférable que les collecti- vités investissent régulièrement dans l’entretien de leur réseau plutôt que de devoir assumer plus tard des opé- rations lourdes, curatives et coûteuses. L.P.B. : Pouvez-vous compter sur la comman- de privée pour maintenir l’activité des T.P. ? P.R. : Le secteur privé est confronté à deux problèmes. La lisibilité et l’accès au crédit en est un, lamodification com- plète de la réglementation en est un autre.Nous appelons depuis des années à une pause réglementaire pour libé- rer l’investissement. L.P.B. : Vous venez d’être élu à la tête de la Fédération des Travaux Publics de Franche- Comté. Compte tenu du contexte économique que vous décrivez, quelle orientation allez-

communal dans l’activité des travaux publics ? P.R. : Les travaux publics vivent à 70 % de la commande publique, et le bloc communal représente 50 % de ce volu- me d’affaires. Les chantiers d’État pèsent 4 %. Les 30 % restants sont la commande privée. À l’évidence, si les communes se désengagent, notre pro- fession est remise en cause. L.P.B. : Souhaitez-vous que ce Carrefour des maires et des élus locaux suscite chez eux un déclic et les incite à investir sachant que de nombreuses communes disent que leurs marges demanœuvre financières se sont consi- dérablement réduites ? P.R. : Le Carrefour n’est pas fait pour lancer des projets. Ce rendez-vous a pour but de sensibiliser les élus à la nécessité d’engager des investissements. En effet, ils nous disent aujourd’hui que les collectivités sont confrontées à des difficultés de financement. Nous l’entendons. Mais il faut savoir que beaucoup de communes ont un endet- tement proche de zéro, et qu’elles ont des marges de manœuvre pour inves- tir. les communes sont très réactives. En six mois, elles peuvent faire sortir un projet. L’aspect financier n’est pas le seul frein à mon sens. Je note également que la disparition de l’ingénierie publique (D.D.E.) a perturbé les communes qui ne savent pas où s’adresser pour réa- liser des projets. À cela s’ajoute enco- re une avalanche de mesures régle- mentaires. L.P.B. : En période électorale, les investisse- ments sont ralentis. Redoutez-vous que la réforme des scrutins soit un frein supplé- mentaire à l’engagement de projets ? P.R. : Il y aura beaucoup d’équipes com- posites. Cela risque d’apporter de la lourdeur supplémentaire dans la pri-

P.R. : Un des objectifs est de restaurer la compétitivité de nos entreprises qui a baissé demoitié en quatre ans. Quand on travaille sur des chantiers pour les- quels la rentabilité est d’1,7 %, c’est beaucoup d’énergie pour une rentabi- lité aléatoire. Il faut faire prendre conscience aux donneurs d’ordres,qu’une entreprise, pour qu’elle continue à vivre doit dégager de la marge. L.P.B. : Y a-t-il une différence dans le rythme d’activité entre les zones urbaines et les zones rurales ? P.R. : Il y a ce qu’on appelle les “travaux publics des champs” et les “travaux publics des villes”. La profession souffre plus dans les zones rurales que dans les zones urbaines qui bénéficient des effets des grands chantiers. Problème, quand l’activité ralentit sur les grands chantiers, les entreprises qui y tra- vaillent se replient sur des marchés plus modestes. Cela génère des situa- tions de forte concurrence. Propos recueillis par T.C.

vous donner à votre man- dat ? P.R. : Je me vois comme un aiguillon sur ce mandat. C’est unman- dat de gestion des dif- ficultés de nos entre- prises. C’est aussi un mandat que je veux fédérateur. Je veux pouvoir faire le lien entre tous lesmembres de la F.R.T.P., les

“Des situations de forte concurrence.”

grands groupes comme les plus petites entreprises. Si nous travaillons pour tous nos adhérents, il y a sans doute une attention particulière à apporter aux plus petites sociétés. Je précise que nos entreprises participent à des démarches environnementales, tra- vaillent sur le recyclage, le transport. On améliore la sécurité et la préven- tion. L.P.B. :Quels autres enjeux attendent les entre- prises de travaux publics à court terme ?

Le mensuel qui

vous sort du quotidien

se de décision. En effet, cette réforme peut contri- buer à ralentir l’activité, même si on peut espérer que dans bon nombre de cas, les communautés de communes prennent un relais dans l’investissement. Elles ont plusieurs compé- tences, dont la compé- tence assainissement, un secteur où les collectivi- tés doivent investir. L.P.B. : Faut-il comprendre que les réseaux communaux ne sont pas suffisamment entretenus ? P.R. : Dans les communes, les réseaux et la voirie

“Des plans de réduction d’emploi.”

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L.P.B. :Que représente la part de l’investissement

Repères L a Fédération des Travaux Publics de Franche-Comté organise les 24 et 25 octobre à Micropolis le Carrefour des maires et des élus locaux. Lʼobjectif est de rassembler les élus en un même lieu où ils pourront ren- contrer des partenaires tels que les organismes financiers, qui les accom- pagnent les collectivités au quotidien. De nombreux temps forts sont prévus pendant ces deux jours dont le grand débat public le vendredi de 9 h 30 à 12 heures autour du thème : “Municipales 2014, quelles priorités dʼinvestissement pour demain ?” Il sera animé par le journaliste Jean-Marc Sylvestre. Plu- sieurs invités seront présents dont Yves Krattinger, président du Conseil géné- ral de Haute-Saône, Philippe Laurent, vice-président de lʼassociation des maires de France, Bruno Cavagne, président de la F.N.T.P., lʼéconomiste Marc Touati et Dominique Reynié, politologue.

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